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Full text of "Revue de l'Orient latin"

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REVUE 


DE 

L’ORIENT LATIN 


COMITÉ DE RÉDACTION : 

M. le marquis de VOGUÉ, de l’Institut, président. 

M. Ch. KOHLER, secrétaire. 

MM. A. de BARTHÉLEMY, de l’Institut; 

J. DELA VILLE LE ROULX; Paul MEYER, de l’Institut; 
Gaston PARIS, de l’Institut; 

G. SCHLUMBERGER, de l'Institut. 


TOME IX. — N 05 3-4. 


PARIS 

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 

28, RUE BONAPARTE, VI® 


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1902 




SOMMAIRE DES NUMÉROS 3-4 


Page». 


Le Libellus de locis ultramarinis, de Pierre « de Pennis », O. S. D., 
publié par Ch. Kohler 313 

Chronologie de l’histoire du royaume de Jérusalem. Règne de Bau- 
douin I (1101-1118), par H. Hagenmeyer 384 

L’Histoire d’Égypte, de Makrizi, version française d’après le texte 
arabe (suite), par E. Blochet 466 

Bibliographie 531 

Chronique 631 


La Revue de l’Orient latin paraît tous les trois mois en numéros 
de 10 à 12 feuilles. 


Pour tout ce qui concerne la rédaction, s’adresser à M. Ch. Kohler, 
85, rue d’Assas. — Pour ce qui touche l’administration, à M. Ernest 
Leroux, propriétaire-gérant, 28, rue Bonaparte. 

A . 

i— — 


ABONNEMENT : 

Paris, 25 fr. — Départements, 26 fr. — Étranger, 27 fr. 


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LA ROSE D’OR 


DU ROI D’ARMÉNIE LÉON V’ 


Depuis le xi e siècle, la plus haute marque de distinction 
accordée par les papes a été le don d’une rose d’or. Cette rose 
était conférée aux souverains et souveraines qui avaient mon- 
tré leur dévouement aux intérêts de l’Église, ou à ceux dont 
l'Église attendait aide et protection; parfois à de puissants 
personnages, même à des villes ou à des couvents J . La remise 
de la rose d’or était accompagnée d’un cérémonial particulier. 
Le pape officiait lui-même, vêtu de blanc, dans une chapelle 
dont l’autel était orné de roses. Avant d’offrir la rose au desti- 
nataire, il la parfumait de baume et- d’encens; et, si le destina- 
taire n’était pas présent, le pape la lui envoyait après la céré- 
monie par un ambassadeur. Un seul dimanche dans l’année 
était spécialement réservé pour cette cérémonie; c’était le 
quatrième dimanche du carême, dit dimanche de Lætare , parce 
qu’on chantait ce jour-là à Y introït de la messe : Lætare, 
Jérusalem, et conventum facite omnes qui diligitis eam.Ce 
dimanche, où l’office sacré était rempli de sentiments de joie, 


1. Le présent article, traduit en arménien, a paru déjà dans la revue armé- 
nienne Banasêr (ancien Philologus), t. I (Paris, 1899), pp. 131-140. L’auteur 
s’était proposé toutefois de le publier aussi en français, peut-être en le déve- 
loppant sur quelques points, et il avait bien voulu me le remettre à cet effet 
pour la Revue de VOrient latin. Il est mort le 25 janvier 1902 avant que 
l’impression en fût commencée. Je réponds, dans la mesure du possible, à son 
désir, en l’insérant ici sous sa forme première : les additions qu’il y eut faites 
n’en eussent point sans doute modifié les conclusions. — Ch. K. 

2. Voy. Eug. Müntz, Études sur les roses d'or pontificales (Acad, des Inscr.- 
et B. L. f Comptes rendus , 1896, pp. 48-50). — Id., Les roses d'or pontificales 
(Revue de l'art chrétien ,5® sér., t. XII, 1901, pp. 1-11). 

Rev. de l*Or. latin. T. IX. 1 


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.2... REVUE DE L’ORIENT LATIN 

• * • » • * . 

• *"* • • « 

* s’appelait aussi le « dimanche de la rose » (dominica de rosa); 
il inaugurait, dit un ancien commentateur de la messe, « la 
saison des fleurs et les beaux jours du printemps *. » 

L’usage de donner la rose d’or s’est continué à Rome jusqu’à 
nos jours. Mais, de toutes les roses qui ont été conférées pen- 
dant le moyen âge, une seule, paraît-il, est parvenue jusqu’à 
nous, celle que Clément V (1305-1314), le premier pape d’Avi- 
gnon, donna au prince-évêque de Bâle, et qui est maintenant 
conservée à Paris, au Musée de Cluny (n° 5005 du Catalogue). 
Pour l’intelligence de ce qui va suivre, nous reproduisons ici 
la description de la rose de Bâle, telle qu’elle se trouve dans le 
Catalogue du Musée : 

« Ce curieux monument d’orfèvrerie du moyen âge se com- 
pose d’une tige principale montée sur un pied qui présente à 
sa base un double renflement; cette tige porte elle-même six 
feuilles que surmonte la fleur, largement épanouie, et décorée 
à son centre d’un beau saphir. De cette même tige, partent en 
outre cinq branches qui portent ensemble vingt-cinq feuilles, 
trois roses et deux boutons. » 

La rose de Bâle, qui se trouve dans un état parfait de con- 
servation, pèse 305 grammes d’or fin. 

Venons maintenant au dernier roi d’Arménie, Léon V de 
Lusignan, qui, pris à Sîs le 16 avril 1375 ‘ par les troupes du 
sultan d’Égypte, fut conduit au Caire où il resta en captivité 
jusqu’à la fin de l’année 1382. Mis alors en liberté grâce à 
l’intervention des rois de Castille et d’Aragon, il débarqua à 
Venise le 12 décembre de la même année. Léon V fut accueilli 
partout avec les égards et les honneurs dus à un souverain 
malheureux que l’on regardait en même temps comme un 
martyr de la foi chrétienne; mais on ignore généralement 
que peu de mois après son débarquement il fut l’objet de la 
haute marque de distinction dont nous parlions tout à l’heure, 
et qu’il reçut la rose d’or des mains du pape. 

Le roi d’Arménie arrivait à un moment où l’Église, depuis 
quatre ans, était divisée entre deux papes, Urbain VI à Rome, 
et Clément VII à Avignon. Il ne tarda pas à se prononcer, et 

1. Traité de la messe , dédié à Mgr. le Cardinal de Rohan; Paris, 1713, 
p. 488. 

2. Sur cette date, voy. Hist. arm. d. crois., t. II, p. 82, n. 2. 


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LA ROSE D’OR DU ROI D’ARMÉNIE LÉON V 


3 


prit parti pour le pape d’Avignon contre le pape de Rome ; il 
suivait en cela l’exemple du roi de France et celui des rois de 
Castille et d’Aragon, qui l’avaient fait sortir des prisons du 
Caire. C’est donc à tort que Tchamtchian ( Hist . d’Arménie, 
t. III, p. 363) et Dulaurier (Hist. arm. des croisades, t. I, 
p. 723) racontent qu’il alla tout d’abord à Rome rendre hom- 
mage au pape Urbain VI. La vérité est qu’il résista aux 
sollicitations qui l’attiraient de ce côté, et qu’il se rendit direc- 
tement de Venise à Avignon. Le chroniqueur Jean Dardel, 
qui nous donne sur ces faits les renseignements les plus pré- 
cis, mérite ici toute créance. Ce que nous allons rapporter 
sera une confirmation éclatante de l’exactitude de son récit. 

Le 1 er mars 1383 , dit Jean Dardel au chapitre CXXXVIII 
de son livre, notre saint Père donna au roi Léon V la pré- 
cieuse rose d’or , comme au plus noble. Cette affirmation 
étonna beaucoup ceux qui les premiers eurent sous les yeux 
le texte nouvellement découvert * de la chronique que nous 
devons à la plume du chapelain du dernier roi d’Arménie. Il 
en était de môme, du reste, de tout ce que racontait Dardel 
sur l’histoire des rois d’Arménie appartenant à la famille de 
Lusignan ; cette histoire ressemblait fort peu à ce qu’on avait 
admis jusque-là. Aujourd’hui, il faut reconnaître que la vérité 
est du côté de Dardel ; toutes les vérifications qui ont pu être 
faites ne permettent plus d’en douter. Entre autres, l’octroi de 
la rose d’or à Léon V par le pape Clément VII se trouve 
élevé au-dessus de tout doute par le document que nous 
allons maintenant signaler. 

Le fait est mentionné dans les registres de la cour papale 
d’Avignon, conservés aux archives du Vatican. Ces registres 
nous disent non seulement le jour de la remise de la rose d’or 
à Léon V, mais le nom de l’artiste qui la façonna, le poids et 
le titre de l’or qui y fut employé, et la somme que dut débour- 
ser le trésor pontifical. Nous traduisons littéralement : 

« 1383, 2 juin. — Ce jour a été inscrite parmi les dépenses 
la somme déjà payée le 26 février dernier à maître Giovanni 


1. Le texte français, non encore publié, doit paraître prochainement dans le 
second volume des Historiens arméniens des croisades . Mais une traduction 
arménienne, avec une importante préface de M. Esoff, a été imprimée à Saint- 
Pétersbourg dès 1891. 


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REVUE DE L ORIENT LATIN 


Bartoli de Sienne, pour 1 marc 3 onces et 18 deniers d’or â 
20 carats, employé à faire la rose d’or qui a été donnée par le 
pape au roi d’Arménie le dimanche où l’on chante Lætare, 
Jérusalem, ; à raison de 63 florins de la Chambre et 3 quarts 
pour 1 marc, cela fait 78 florins de la Chambre; de plus, au 
même, pour la facture et le travail de ladite rose, 15 florins de 
la Chambre. Total, 93 florins de la Chambre '. » 

La date indiquée pour la remise de la rose est la môme, 
jour pour jour, que celle donnée par Dardel. Le dimanche de 
Lætare est le troisième dimanche avant Pâques. Or, comme 
en 1383 Pâques tombait le 22 mars, le dimanche de Lætare 
correspond bien au 1 er mars. 

L’artiste, qui avait façonné la rose d’or donnée à Léon V, 
Giovanni di Bartolo de Sienne, en a fabriqué plusieurs autres 
qui sont mentionnées dans les registres pontificaux. Son 
œuvre principale fut, semble-t-il, un célèbre reliquaire, con- 
tenant les tètes de saint Pierre et saint Paul, qui a fait pendant 
des siècles l’ornement de la basilique de Saint- Jean de Latran 
et a été détruit en 1799. Certaines pièces d’orfèvrerie signées 
de lui sont encore conservées en Italie a . 

Pour pouvoir apprécier le poids et la valeur de ladite rose, 
je me suis adressé à mon savant ami M. Babelon, membre de 
l’Institut et conservateur du département des médailles à la 
Bibliothèque nationale. Je me borne à transcrire les éclair- 
cissements qu’il a bien voulu me fournir. 

En admettant que le marc pèse 223 grammes 02, un marc, 
plus 3 onces, plus 18 deniers, — poids de l’or employé, — 
égalent 326 grammes 76. 

Nous avons vu plus haut que la rose de Bâle pèse 305 gr. 

Le florin de la Chambre apostolique était taillé à raison de 


1. « 1383. 2 juin. — Die eadem fuerunt scripti in expensis, qui fuerunt soluti 
die XXVI mensis februarii proxime preteriti, magistro Johanni Bartoli de 
Senis argenterio, pro I marcha, III unciis et XVIII den. auri de XX caractis, 
pro Rosa auri que fuit data per dominum papam, dominica qua cantatur 
Letare Jherusalem , domino Régi Arménie, ad rationom LXIII floren. Camere 
et III. quart, pro marcha : ascendunt LXXVIII floren. Cam. Item eidem, pro 
factura et opéré dicte Rose, XV floren. Cam.; in summa XCIII floren. 
Camere » (Reg. 356, fol. 151). — Ce texte a été publié par M. E. Müntz dans un 
article intitulé : Giovanni di Bartolo da Siena ,• orafo délia corte di Avignone 
nel XIV secolo (Archivio storico italiano, 5 me série, t. II, an. 1888, pp. 3-20). 

2. Voir sur ce personnage les articles de Müntz déjà cités. 


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LA ROSE D’OR DU ROI D’ARMÉNIE LÉON V 


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63 au marc d’or de 24 carats. Donc, chaque florin pesait 
3 grammes 54 ; c’est-à-dire que l’on a payé pour le métal de la 
Rose d’or, autrement dit pour les 326 grammes 76 d’or à 
20 carats , 78 florins de la Chambre ou 276 grammes 12 d’or 
fin à 24 carats. 

On a donné en outre, pour la façon, 15 florins (à 24 carats). 

En tout : 93 florins, soit 329 grammes 22 d’or fin à 24 carats. 

Dans notre système monétaire actuel, en France, 0 gr. 32258 
d’or au titre de 0,900 valent 1 franc ; un gramme d’or au titre 
de 24 carats, c’est-à-dire d’or fin, vaut 3 fr. 4444. 

D’où, 329 grammes 22 d’or au titre de 24 carats repré- 
sentent en monnaie actuelle, comme valeur intrinsèque, 
fr. 1133,83°. Mais au xiv e siècle la valeur réelle, le pouvoir, 
d’une pareille somme était beaucoup plus considérable qu’au- 
jourd’hui. 

Maintenant, qu’est devenue la rose d’or du dernier roi d’Ar- 
ménie? A-t-elle à jamais disparu? Pouvons-nous espérer qu’elle 
se retrouvera dans quelque cachette, dans quelque collection 
inconnue? Les chances sont, hélas! pour qu’on ne la revoie 
jamais. Il n’en est question dans aucun des documents que 
nous possédons sur Léon V après son passage à Avignon. 
Son testament est muet à cet égard. La précieuse rose aura 
suivi le même chemin que ses nombreuses sœurs, et, dans un 
jour de gêne, aura été transformée en espèces ayant cours. 

A. Carrière. 


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HISTOIRE D’ÉGYPTE 


DE 

MAKRIZI 

TRADUCTION FRANÇAISE ACCOMPAGNÉE DE NOTES 
HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES 
(Suite) 


Année 579. 

Treizième année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir-Salah- 
ad-Dïn en Égypte. 

Le sultan se trouvait devant Amid dont il s’empara dans les pre- 
Foi. 28 »•. miers jours du mois de Moharram * ; il reçut les ambassadeurs des 
rois des différentes contrées qui venaient solliciter leur par- 
don. — Les Francs firent une invasion du côté de Daroûm 3 et 
mirent le pays au pillage ; un corps de Musulmans marcha contre 
eux par le chemin de Soudour et d'Ilah. Allah donna la victoire 
aux Musulmans; ils massacrèrent les Francs, firent un grand 
butin et s’en revinrent sains et saufs. 

Cette même année, la flotte partit de Misr, et elle captura un 
navire franc sur lequel se trouvaient trois cent soixante quinze 
matelots * ; les Musulmans revinrent au Caire avec leurs pri- 
sonniers, le cinquième jour du mois de Moharram. 

Saad-ad-Din-Kamsaba et ’Alam-ad-Din-Kaisar marchèrent sur 
Dâroum; ils rencontrèrent les Francs près de la mer et les massa- 


1. Voy. Rev. de l’Or, latin, t. VI, pp. 435-489; t. VIII, pp. 165-212, 501-553. 

2. Il donna cette ville en fief à Noür-ad-Dln-Mahmoùd-ibn-Karà-Arslàn-ibn- 
Sokmân-ibn-Ortok, prince de Hiçn-Kalfâ (Djamàl-ad-Dïn-ibn-Wâsil, Mofarradj - 
al-Kouroüby ms. ar. 1702, folio 142 v°). 

3. Yâkoüt dit, dans le Mo'djam (tome II, p. 525), que c’est une forteresse que 
l’on rencontre après Ghaza quand on se rend de Syrie en Égypte, elle n’est 
distante de la mer que de un farsakh ; on dit aussi Dàroün. 

4. Le 10 du mois de Moharram, suivant Djamàl-ad-Dïn-ibn-\Vasil ( Mofarradj - 
al-Kouroüb , ms. ar. 1702, folio 142 v°), ce qui est en contradiction absolue avec 
ce que dit Makrtzî, à moins qu’il ne faille lire dans le texte de ce dernier, le 
quinzième jour de Moharram. 

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histoire d'égypte de makrizi 7 

crêrent jusqu'au dernier. Ils rentrèrent au Caire avec leurs têtes 
le vingt-quatrième jour de ce même mois de Moharram. 

Le sultan partit d’Amid et traversa l'Euphrate se dirigeant vers 
Alep. Sur sa route, il s'empara d’ f Aintàb 1 et d'autres villes 8 . Il 
campa devant Alep à l’aube du samedi vingt-sixième jour de 
Moharram. Le sultan 'Imàd-ad-Din-Zangï-ibn-Mas'oud-ibn-Zangi 
avait détruit la citadelle de cette ville en l’an 578 8 ; Salah-ad-Dïn 
s’empara de la ville, le samedi dix-huitième jour de Safar par 
capitulation, avec cette clause qu’ 'Imàd-ad-Din prendrait en toute 
propriété la ville de Sindjàr. 

Tâdj-al-Moloük-Boüri-ibn-Ayyoüb-ibn-Shàdï 4 mourut le jeudi 
vingt-troisième jour de ce mois à Alep et f Imàd-ad-Din se rendit 
à Sindjàr. — Le sultan Salàh-ad-Dïn donna la charge de kàdi d’Alep 
à Mohyi-ad-Dîn-Mohammad-ibn-Zaki-ad-Dïn- f Ali-al-Karshi, kàdi de 
Damas ; il donna la charge de nâib dans cette ville à Zaïn-ad-Dïn- 
ibn-al-Fadl-ibn-Solaïmân-al-Bànyàsi ; il nomma Yazkoüdj com- 
mandant de la citadelle, et il installa son propre fils, al-Malik-ajh- 
Thàhir-Ghyàth-ad-Din-Ilghàzi 5 comme souverain d’Alep. 

1. Forteresse fortement défendue située entre Alep et Antioche, que Ton 
appelait également Dôloûk (Y&koüt, Mo'djam , tome III, page 759). Hadji Kha- 
lifa dit dans le Djihan-Numa que c’était une belle ville, située à 3 jours au 
nord d’Alep, dont la forteresse était creusée dans le roc, les eaux y étaient 
abondantes et on y voyait de nombreux jardins et des marchés; ce géographe 
distingue la forteresse de Dolouk d’ # Alntâb ; on y cultivait beaucoup d'abricots 
et des pommes dont quelques-unes atteignaient le poids de deux livres et 
demie. 

2. Tell-Khâlid, * Azâz et Kafr-lathâ ; * Azâz avait été démantelée l’année pré- 
cédente par ordre du sultan d’Alep, 'lmâd-ad-DIn-Zângi-ibn-Maüdoûd pour 
lui enlever toute importance au cas ou Salâh-ad-Dln viendrait à s’en emparer. 
Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil (Mofarradj-al-houroùb, ms. ar. 1702, folio 142 v°). 

3. Sur la prise d’Alep, voir l’histoire de cette ville écrite par Kamâl-ad-Din 
(Revue de VOrient latin , tome IV, p. 166). L’assertion de Makrlzl, suivant 
laquelle 'Imàd-ad-Dïn aurait fait raser la citadelle d’Alep est fausse ; elle se 
rapporte à 'Azâz; mais Makrlzl n'a pas compris le texte de l’auteur qu’il abré- 
geait et il a appliqué à Alep ce qui raisonnablement ne doit se comprendre 
que d’*Azâz, car malgré la nullité d’ 'Imad-ad-Dln, il est certain qu’il n’aurait 
jamais eu l’idée insensée de faire raser la forteresse d’Alep. 

4. Tadj-al-Moloük, qui était le frère de Salâh-ad-Dln, mourut devant Alep 
qui était assiégée par le sultan ; il fut tué d’un coup de flèche qui fut tirée de 
la citadelle, et qui lui pénétra dans le genou. C’était un homme généreux et 
excellent, fort instruit et qui faisait de jolis vers; on possède de lui un recueil 
de poésies complet (divan). C’est lui qui était le généralissime de l’armée de 
Salâh-ad-Dln; quant à son conseiller, c’était Takî-ad-Dïn- f Omar-ibn-Shàhan- 
shâh, qui était un homme censé, prudent et fort sage. Les soldats le crai- 
gnaient beaucoup, mais il savait les maintenir dans l’obéissance de façon à 
ne pas être forcé de les punir. Il était né en l’année 556, et n’était par consé- 
quent âgé que de vingt-deux ans. (Histoire des Patriarches d* Alexandrie, 
ms. ar. 302, page 256; Djamâl-ad-Dîn-ibn-Wâsil, Mofarradj-al-kouroüb, ms. 
ar. 1702, folio 144 recto.) 

5. Ce sultan est généralement nommé Ghâzi et non Ilghâzl ; mais ce n’est là 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Le vingt-deuxième jour du mois de Rabï' second Salàh-ad-Dïn 
partit d’Alep *, et il fit son entrée à Damas le troisième jour du 
mois de Djoumàda premier; il resta dans cette ville jusqu’au vingt- 
septième jour de ce mois. II se rendit ensuite à Baisân 3 et fit une 
incursion dans le pays du Jourdaiu \ le neuvième jour de Djou- 
màda second. Il attaqua Baisân, qu’il mit à feu et à sang, et fit 
subir le même traitement à plusieurs autres citadelles. Il tomba 
sur une division importante de l’armée des Francs qui s’étaient 
réunis en nombre considérable à 'Ain-Djâloùt 6 . Les Francs furent 


qu'une variante sans grande importance ; Il-ghâzl signifie le vainqueur du 
monde; ce titre a été porté par plusieurs souverains d’origine turque. 

1. Le samedi, dit Djamàl-ad-Dïn ( Mofarradj-al-kouroùb , ras. 1702, folio 145 v*). 

2. Avant de se rendre à Damas, Salâh-ad-Din s’empara de la forteresse de 
Hârim, qui était alors gouvernée par un ancien mamlouk de Noür-ad-Dïn, 
nommé Mardjàb. Le sultan lui offrit de lui donner en fief la ville qu’il désire- 
rait s’il voulait lui rendre Hârim; le mamlouk écrivit aux Francs pour leur 
demander aide, mais les soldats de la garnison l’ayant appris, craignirent qu'il 
n'eût l’intention de leur livrer la place ; aussi, ils l'arrêtèrent, le mirent en pri- 
son et envoyèrent prévenir Salàh-ad-Dln de ce qui venait de se passer en lui 
demandant sa protection. Le sultan s’engagea à tout ce qu’ils voulurent et se 
rendit à Hârim, le vingt-huitième jour de Safar. Le troisième jour du mois de 
Rabf premier, il en prit possession et la donna en fief à Ibrahim-ibn-Shïrkoüh ; 
quant au mamlouk de Noür-ad-Dïn, il le remit en liberté; mais il ne voulut pas 
le prendre à son service. Après cela il licencia son armée. (Djamâl-ad-Dïn-ibn- 
W&sil, Mofarradj al-kowroüb, ms. ar. 1702, folio 145 recto.) 

3. La petite ville de Baîsân est bien connue des géographes orientaux. Elle 
se trouve dans la contrée arrosée par le Jourdain dans le Ghoûr de la Syrie ; 
on sait que par Ghoûr, les Arabes entendent toute partie déclive du sol d’une 
contrée. Baisân est entre le Haûràn et la Palestine, et les voyageurs qui l’ont 
traversée la représentent comme un pays délicieux. Hadji-Khalifa dit dans le 
Djihàn-Numà qu’elle était voisine de la localité nommée Djlnin; à son époque 
ce n’était plus guère qu'une bourgade sans murs de défense; son territoire était 
arrosé par plusieurs cours d’eau et la ville elle-même était traversée par une 
petite rivière. On y cultivait des dattes, du riz et des cannes à sucre, ainsi 
que la plante dite saman qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Syrie. (Idrisi, 
trad. Jaubert, I, p. 339.) 

Parmi les gens célèbres originaires de cette localité, Yakout cite ( Mo'djatn - 
al-boüldàn , tome I, p. 788) 'Abd-al-Vârith-ibn-al-Hasan-ibn-'Omar al-Kurshï, 
plus connu sous le nom d’al-Tardjumân(l’interprète)-al-BaïsânI qui vint àDamas 
où il étudia les traditions musulmanes sous la direction d’Aboü-Ayyoüb- 
Solalmân-ibn- f Abd-ar-Rahmân et de Hisham-ibn- f Ammàr, de Aboù- r Abd-ar- 
Rahman-'Abd-Allah-ibn-Yazid-al-Makarrï, d’Abou-Hâzim-'Abd-al-Ghaffar-ibn- 
al-Ilasan, d'Ishàk-ibn-Bashir-al-Kâhilî, d’Ismà'ïl-ibn-Owaïs, d’ r Atâ-ibn-Ham- 
mâm-al-Kindl, etc. Un personnage plus célèbre, fut le célèbre kàdl-al-Fadil- 
Aboü-'AlI- f Abd-ar-RahIm-ibn-‘Ali-al-BaIsanI, qui devint le vizir du sultan Salâh- 
ad-Dln et qui excella dans l’art de la correspondance diplomatique. 

4. Arden, ou, comme les Musulmans prononcent quelquefois à tort Ourdoun 
car l’hébreu est Yarden, est non seulement le nom du fleuve bien connu qui se 
jette dans la Mer Morte, mais le nom d’une vaste contrée qui fait partie de 
la Syrie; d’après Yâkoût {Mo'djam-al-bouldai l, tome I, p. 201), c’est même 
un ensemble de territoires comprenant ceux de Tibériade, Baisân, Balt-Ra’as- 
Djadar, Saffoùriyya, Sour, f Akkâ, etc. 

5. La « source de Goliath », petite ville entre Baisân et Naplouse (Yâkoût, 
Mo'djam-al-bouldân, tome III, p. 760). 

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histoire d’égypte de makrizi 


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mis en faite et le sultan leur fit un très grand nombre de pri- 
sonniers. Il retourna après cette victoire à Damas, le 24 du mois 
de Djoumâda second, après avoir rasé les citadelles de Baisan, 
d’ 'Afarbalà 1 et de Zar'ain 2 et dix fortins ou villages. — Cette 
même année, il tomba, dans le district maritime de l’Égypte, des 
grêlons gros comme des œufs d’oie ; ces orages de grêle ravagèrent 
tout le pays sur lequel ils s’abattirent, les récoltes furent anéan- 
ties et un nombre considérable de gens et d’animaux domesti- 
ques périrent. — Le samedi, troisième jour de Radjab, le sultan se 
mit en marche vers Karak, et il l’assiégea durant quelque temps, 
mais en vain. Il retourna à Damas; son frère al- f Malik-al- f Àdil 
vint de Misr auprès de lui, le quatrième jour de Sha'bân, et le sul- 
tan se rencontra avec son frère devant Karak. Al-'Adil était parti • 
pour cette expédition avec l’armée égyptienne le jeudi quinze de Foi. 29 r». 
ce même mois 3 . Al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Din se rendit de 
Karak à Misr pour y remplacer al-Malik-al- r Adil, et il racheta 
à al-Malik-al-'Adii le fief que ce prince possédait en Égypte 
et qui rapportait sept cent mille dinars par an. Ce fut le sultan qui 
donna l’ordre à al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Dîn- f Omar- f Shahan- 
shâh-ibu-Ayyoüb de se rendre en Égypte et il le fit accompagner 
par le kàdi al-Fâclil 4 ; il donna à Taki-ad-Dîn le Fayyoum ainsi 
que ses dépendances avec les villes de f Anât et de Boush B , tout 


1. Petite ville entre Baïsân et Tibériade (Yâkoût, Mo'djam-al-bouldân, 
tome III, p. 988). 

2. Je n’ai pas trouvé de détails sur cette localité dans les géographes ara- 
bes que j’ai pu consulter. 

3. Du mois de Radjab. 

4. Voici comment Djamâl-ad-Din raconte dans le Mofarradj-al-kouvoüb (ms. 
ar. 1702, folio 80 recto), les arrangements qui sc firent alors dans la famille 
ayyoubite. Quand le sultan Salâh-ad-Din s’empara d’Alep, son frère al-Malik- 
al-'Adil, vice-roi d’Égypte, lui écrivit pour lui demander cette ville avec la 
province qui en dépendait ; le sultan lui répondit de marcher sur Karak dont 
il allait faire le siège. Le kâdi al-Fârl il conseilla à Salâh-ad-Din de donner la 
vice-royauté de l’Égypte à al-Malik-al-Mothaffar-Takl-ad-Din et de la retirer 
à al-Malik-ai- f Adil; c’est pour cela que le sultan avait prié al-'Adil de l’accom- 
pagner au siège de Karak...; il donna à al-Malik-al-Mothaffar la vice-royauté 
de l’Egypte avec le Fayyoum et les environs, ainsi que 'Anàt, Koüs, et il lui 
laissa en Syrie la ville de Hamâh avec toutes ses dépendances. Il se rendit 
ensuite à Damas avec son frère al-Malik-al-'Adil, le vingt-quatrième jour du 
mois de Sha'bân et le deux du mois Ramadan de cette même année, il lui 
donna la ville d’Alep en flef. 

5. 'Anât est, d’après Yâkoût ( Mo'djam-al-bouldân , tome III, p. 594), une loca- 
lité du quatrième climat du côté du Maghreb, dont, les coordonnées sont : 
L60°; X34° 20’. Suivant la môme autorité (tome I, p. 758), Boûsh est un district 
et une ville en Égypte dans le Sa'id inférieur à l’ouest du Nil. Yâkoût cite 
comme originaire de cette localité AboiVl-IIasan-'Ali-ibn-Ibrâhlm-ibn-’Abd- 
Allah-al-Boüshi, qui étudia les traditions musulmanes sous la direction 
d’Aboü'l-Fadl-Ahmad et d’Aboû-Abd-Allah~Mohammad-ibn-Aboü’l-Kâsim-'Abd- 
ar-Rahmân-ibn-Mohammad-ibn-Mansour-al-Hadrâml. 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


en lui laissant la ville de Hamâh et toutes ses dépendances. 

Le sultan arriva à Damas le vingt-quatriôme jour du mois de 
Sha'bàn, et il envoya al-Malik-al- f Adil à Alep le deuxième jour du 
mois de Ramadhân. Al-Malik-ath-Thàhir vint trouver son père à 
Ramas accompagné de Yazkoüdj. — Cette même année, le sheïkh 
des sheïkhs Sadr-ad-Din et Shihab-ad-Dîn-Bashïr vinrent, en qua- 
lité d'ambassadeurs, de la part du khalife an-Nàsir, pour rétablir 
la paix entre le sultan et Izz-ad-Din, prince de Maüsil. Ces deux 
personnages étaient accompagnés du kâdt Mohyi-ad-Din-Aboù- 
Râmid-ibn-Kamàl-ad-Dîn-al-Shahrzoürî et de Baha-ad-Din-ibn- 
Shaddad *. Ils restèrent pendant quelque temps à Damas, puis s’en 
retournèrent le septième jour du mois de Dhoü-l-hidjdjah, sans 
avoir obtenu le moindre résultat. 

Cette année, on découvrit dans le village de Boûsir * la maison 


1. Djamàl-ad-Dïn-ibn-Wâsil (Mofarradj - a l-houroub , ms. ar. 1702, folio 81 
recto), affirme que le prince de Maüsil avait sollicité cette démarche du kha- 
life al-Nàsir-li-din-Allah. Le sultan Salab-ad-Dln se rendit au devant des 
ambassadeurs du khalife ; il logea le sheikh des sheiKhs dans le caravansérail 
(ribât) d’Ali et le kàdi Mohyl-ad-Dîn, dans le palais du Jardin (< djoüsk bostàn) ; 
Bahâ-ad-Din et Shihàb-ad-Dln descendirent au palais de l'hippodrome ( âjoüshk - 
al-maidàri). Voici ce qui s'était passé à Maüsil quelque temps auparavant : 
Djamâl-ad-Dln-ibn-Wasil raconte qu’il y avait alors à Maü?il, Zaîn-ad-Dïn- 
Yoüsouf-ibn-Zaln-ad-Din-'All-Koutchek-ibn-Bektikïn ; ce prince était très 
jeune et n’avait aucune autorité ; il avait sous ses ordres un nommé Mo'izz- 
ad-Dln-Sindjar-Shâh-ibn-Salf-ad-Dln-Ghazl-ibn-Maudoüd-ibn-Zangi, qui était 
également un tout jeune homme ; en réalité, tout le pouvoir appartenait à 
Modjàhid-ad-Dïn-Kalmâz qui possédait en outre Shahrzoür et la province qui 
en dépendait, Dou^oükà, et la forteresse de *Afar-al-Hamidiyya, toutes places 
dans lesquelles il avait des lieutenants pour le représenter. 'Izz-ad-Dln-Mah- 
moüd-Zulfandâz et Sharaf-ad-Dln-Ahmad-ibn-Aboü-'l-Khalr, dont le père était 
connu sous le nom de * prince de rirâk », étaient deux des plus grands émirs ; 
ils conseillèrent au prince de Maüsil, 'Izz-ad-Dîn, de faire arrêter Modjàhid-ad- 
Dln-Kàimâz; mais le prince n'osait pas, car il avait peur de lui; ses deux 
conseillers lui représentèrent qu’il était malade et qu’il y avait déjà plusieurs 
jours qu’il n’était monté à cheval et que, de plus, il n’avait plus de relations 
avec ses femmes. En conséquence, le prince de Maüçil fit arrêter Modjâhid- 
ad-Din, le fit enfermer dans la forteresse et s’empara de tous ses biens. Zul- 
fand&z reçut le commandement de la forteresse et Sharaf-ad-Dln-Ahmad, fils 
du « prince de l’Irak », devint grand chambellan; on ne laissa à Modjâhid-ad- 
Dln-Kàîmâz que la ville de Shahrzoür. 

La ville de Doukoükâ, dont il a été question dans cet extrait de Djamàl-ad- 
Dïn-ibn-Wasil, se trouve entre Arbèles et Bagdad (Yâkoüt, Mo'djam-al~bouldân, 
t. II, p. 581) ; je n’ai point trouvé dans ce géographe de renseignements sur 
'Afar-al-Hamldiyya. 

2. Boüsîr est un nom bien connu des géographes de l’Egypte ; il y a quatre 
localités qui le portent : Boüsir-Koürldàn, où d’après al-Hasan-ibn-Ibrahim- 
ibn-Zoul&k, fut tué Marvân-ibn-Mohammad-ibn-Marvân-ibn-al-Hàkim, le vingt- 
quatre de Dhou-l-hidjdjah 132; cette localité dépend d’Ashmoünaïn ; Boüflr- 
Dafdanoû dépend de la province de Fayyoüm ; Boüsir-Banà de Semennoüd. 
(Yàkout, Mo'djam, t. I, p. 720), Aboulféda (trad. Reinaud et Guyard, t. II, 
partie I, page 148), ajoute que le quatrième Boüslr se trouve dans le canton 
de Bqüsh. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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d’Hermôs, on y trouva différentes choses parmi lesquelles des 
béliers, des singes, des grenouilles, des objets étranges et des 
idoles*. — Cette même année, Sharaf-ad-Dïn-Barghoüsh fut tué à 
Karak, le vingt-deuxième jour du mois de Radjab, son corps fut 
transporté à Zar' * et enseveli dans la turbèh qu’il s’était fait 
construire. 


Année 580 . 

Quatorzième année du régne du sultan al-Malik-an-Nasir- 
Salah-ad-Dïn en Égypte 8 . 

Le cinquième jour du mois de Moharram, un convoi de vivres, 
d’armes et d’engins de guerre fut dirigé sur les deux citadelles 
d’Ilah et de Soudour ; on fit partir un certain nombre de valets 
d’armée pour le garder; ils escortèrent ce convoi jusqu’à Ilàh et 
Soudour et s’en revinrent le vingt-cinquième jour de ce même mois. 
A la fin de celle même année, le sultan se trouvait à Damas ; il 
envoya dans les différentes provinces de son empire des officiers 
avec l’ordre de réunir des troupes ; son neveu Taki-ad-Din-'Omar 
vint alors le rejoindre avec l’armée égyptienne; il était accompa- 
gné du kâd\ al-Fàdil. — Le sultan partit de Damas le mardi quin- 
zième jour du mois de Rabi premier et se rendit au Pont de bois, 
pendant qu’al-Malik-al-'Adil, accompagné de Noür-ad-Dîn-ibn-Kar&- 
Arslan, partait d’Alep et se rendait à Damas, le jeudi vingt-qua- 
trième jour de ce même mois; de là ils allèrent à Kisva. — Le 


1. Il s'agit évidemment ici de quelque hypogée pharaonique dans lequel on 
trouva des statues de divinités ou peut-être même des animaux embaumés. 

2. Je n’ai pas trouvé de renseignements sur cette localité ni dans Yakout, 
ni dans Aboulféda, à plus forte raison pas dans Kazwlnl. 

3. On lit dans la Tarikhi-Elfl (Manuscrit du supplément Persan 188, folio 
265 verso), sous la rubrique de l’année 569 de la rihlat , soit de 580 de l’hégire : 

Au commencement de cette année, mourut Pehlevan-Mohammed-lltoukouz, 
qui était prince de Reï, d’Isfàhân, de l’Azerbaïdjan et de l’Arrân jusqu'aux 
frontières du Shirvân ; ses sujets avaient joui durant son règne d’une grande 
tranquillité et avaient été très heureux. Après sa mort, une émeute éclata à 
Isfâh&n entre les Shafeïtes et les Hanéfites et elle arriva à ce point que des 
deux cêtés on compta un nombre considérable de morts. Le chef des Sha- 
feïtes d’Isfàhàn était un individu nommé Ibn-Khodjendi, et les Hanéfites 
relevaient de la juridiction du kàdi d’Isfàhân; le môme jour, une bataille 
s’engagea entre les Sunnites et les Shiïtes et un grand nombre de gens y 
trouvèrent la mort. Du temps de Pehlevan-Mohammed, la prière et la frappe 
des monnaies se faisaient au nom du sultan seldjoukide Toghril-ibn-Moham- 
mad-ibn-Malik-Shàh-Saldjoukl, et quoiqu’il n’y tint pas spécialement, on agit 
de même après la mort de Pehlevàn Mohammad. Son frère Kizil-Arslàn-ibn- 
Iltoukouz lui succéda. 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


sultan partit le deuxième jour du mois de Rabi r second de Ra’as-al- 
Mâ et marcha sur Karak. — Taki-ad-Dîu, accompagné des enfants 
d’al-Malik-al- f Adil et de la famille de ce prince, partit avec l'armée 
égyptienne, le premier jour de ce même mois et marcha sur Ilah; 
le dix-neuf, ils rejoignirent le sultan qui se trouvait devant 
Karak. — Les enfants d’al-Malik-al-'Adil partirent le vingt-et-un 
et rencontrèrent leur père à al-Favar le vingt-cinq; ils amenaient 
Foi. 2ov. avec eux une girafe ; après s’être réunis, ils se rendirent à Alep. 
Ils étaient accompagnés de Tukush ! , fils d’ ' Ain-ad-Daulah-al- 
Yâroiikï, et de f Alî-ibn-Solaimân-ibn-Haïdar. 

L’armée d’Alep vint camper à 'Amman 2 , capitale de la Balkâ, le 
huitième jour du mois de Djoumâda premier. Le douze de ce même 
mois, elle partit pour Karak. — Àl-Malik-al- f Adil et Noiir-ad-Din, 
fils de Karâ-Arslân, arrivèrent le dix-neuf de ce mois; on dressa 
les mangonneaux jusque dans la nuit du jeudi vingt-cinq et on 
commença à lancer des pierres durant cette même nuit. L'armée 
rétrograda ensuite parce qu'on reçut la nouvelle que les Francs 
s’étaient réunis 8 la veille (?) ; elle marcha ensuite du côté de la 
Balkâ et vint camper à Hasbàn 4 en face des Francs jusqu’à la 
moitié du lundi vingt-sixième jour de ce même mois. 

Les Francs s’en retournèrent alors vers Karak et l’armée 


1. Peut être Bektash. 

2. Yâkoüt nous apprend dans le Mo'djam-af-bot'ldân (tome III, p. 710) que 
c’est une localité qui dépend de la Balka et il raconte sur cette ville plusieurs 
légendes que je crois très inutile de transcrire ici. Il no faut pas confondre 
cette localité avec la ville d’*Omân qui se trouve sur le bord de locéan Indien 
et dont le nom s’écrit comme celui de la ville syrienne. Aboulféda (trad. 
Reinaud et Guyard, tome II, p. II, p. 28) donne sur cette localité quelques 
détails qui suppléent au silence de Yâkoüt. Il dit que c’était une ville ruinée 
avant l'Islam, dont il restait à son époque des ruines importantes au pied 
desquelles coule à l’est la Zarkà. Quant à la Balkâ, c’est, au dire de Yâkoüt 
( Mo'djam , tome I, p. 728), un vaste pays qui dépend de Damas et qui se trouve 
entre cette dernière ville et le Wâdl-TKorâ ; il comprend un très grand 
nombre de villages et de cultures; son nom viendrait do Balkâ, fils de Loth. 
Aboulféda (i&td., p. 5) nous apprend que son chef-lieu est Hasbàn, ce qui est 
en contradiction absolue avec ce que disent Yâkoüt et Aboülféda lui-mème à 
l'article 'Amman. 

3. La phrase telle qu’elle se trouve dans le manuscrit de Makrîzï est forte- 
ment corrompue; peut-être « parce que les Francs s’étaient réunis à al-Vàla? ». 

1. Le manuscrit porte llasàn, mais il n’y a pas de doute qu’il faille lire Ilas- 
bàn; il existe bien une ville de Hassan, mais elle se trouve entre Wâsit et 
Dalr-al-'Akoül, c’est-à-dire dans un pays tout différent de celui où manœuvrait 
à cette époque l’armée de Salah-ad-Din (Yâkoüt, Mo*djam % tome II, p. 2(>6). 
Hasbàn dépend de la Balkâ, comme on l’a vu par une note précédente; elle est 
située dans une vallée, qui confine au Ghaûr de Zoghar, c’est-à-dire à la vaste 
dépression dans laquelle se trouve la mer Morte (Aboulféda, Géographie , 
tome II, partie II, page 5). Hadji Khalifa nous apprend que cette ville était 
située à une journée de Jéricho. 

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histoire d'égypte de makrizi 


13 


musulmane les poursuivit jusqu’à Nâbolos *. Le vendredi, dernier 
jour de ce même mois, l’armée donna l’assaut à la ville qui fut 
mise à feu et à sang. — Les Musulmans s’emparèrent de quatre for- 
teresses, et ils allèrent ensuite mettre le siège devant Djînîn 2 ; ils 
minèrent la forteresse jusqu’à ce qu’elle s'écroulât, et plusieurs 
sapeurs périrent écrasés sous ses ruines. Les troupes s’en empa- 
rèrent d’assaut et y firent un butin considérable; elles mar- 
chèrent ensuite durant la nuit sur Zar'în 3 et Djàloüt et les incen- 
dièrent. — Le dimanche, deuxième jour du mois de Djoumàda 
second, l’armée traversa le Jourdain et le quatre de ce même 
mois, elle arriva devant al-Favâr. 

Le sultan fit son entrée à Damas, le samedi, septième jour de 
Djoumàda second, accompagné de toute l’armée; son frère al- 
Malik-al- Adil arriva d’Alep et les armées des provinces de 
l’Orient 4 , celle de Hisn-Kaifâ 5 , et celle d’Amid vinrent se ranger 
autour de lui. Il partit à la tête de ces forces et marcha sur Karak 
dans l’intention de l’enlever aux Francs. Il vint mettre le siège 
devant cette citadelle, le quatorzième jour du mois de Djoumàda 
premier et il dressa neuf mangonneaux pour battre la ville. Les 
Francs ayant reçu des renforts, le sultan ne put continuer la lutte 
et il leva le siège de Karak ; il rétrograda jusqu’à Nâbolos en sac- 
cageant tout ce qui se trouvait sur son passage. 

Il mit Nâbolos à feu et à sang, la saccagea, massacra la popu- 


1. La ville bien connue de Naplouse, à deux journées de Jérusalem. Les Mu- 
sulmans prétendent que non loin de Nâbolos, il y a une montagne sur laquelle 
Adam a fait le sedjd (Yâkoüt, Mo'djam , tome IV, page 721). Hadji-Khalifa nous 
apprend dans le Djihan Numâ que, de son temps, la ville de Naplouse rele- 
vait de Jérusalem, mais qu’auparavant elle était sous la juridiction de l’émir 
du pèlerinage. On y cultivait beaucoup d’oliviers et on y voyait un grand 
marché au milieu de laquelle se trouvait une mosquée djàmi. Kazwîni rapporte 
dans le Athar-al-bilâd (éd. Wustenfeld, page 181) qu’il parut à Naplouse un 
serpent colossal qui enlevait les gens et les dévorait; ce serpent ou dragon 
avait des dents effroyables, et l’on voyait l’une d’elles suspendue dans un 
endroit de cette ville. 

2. Le manuscrit porte Djibnln, ce qui ne correspond à rien ; il faut évidem- 
ment lire Djînîn. Yâkoût dit que c’était une jolie petite ville entre Naplouse et 
Baisân, qui dépendait de la contrée du Jourdain {Mo'djam, tome II, page 180). 
Hadji-Khalifa dit dans le Djihan Numd que cette ville était connue ancienne- 
ment du temps des Israélites sous le nom de Juda et qu’elle est située au 
pied de la montagne d’Ephraïm. 

3. J’ai déjà eu l’occasion de dire dans une des notes précédentes que les 
géographes arabes que j’ai consultés ne donnent point de renseignements sur 
cette localité. 

4. Ce que les historiens et les géographes musulmans appellent « provinces 
de l’Orient » ( bilâd-al-shark ) comprend la partie de la Mésopotamie qui faisait 
partie de l’empire ayyoubite. 

5. Nom d’une citadelle très importante qui dominait le Tigre et qui était 
située entre Amid et Djézireh-ibn-Omar. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


latioa ou la réduisit eu captivité et il mit eu liberté un certain 
nombre de Musulmans qui étaient retenus prisonniers dans cette 
ville. De là, il marcha sur Djïnin et rentra ensuite à Damas. 

Il reçut dans celte ville les ambassadeurs du khalife, le Shelkh 
Sadr-ad-Dîn-'Abd-'ar-Rahim -ibn - Isma'il - ibn - Aboü-Sa'd-Ahmad 
et l'eunuque ( khàdim ) Bashir. Ces deux personnages apportaient 
un vêtement d’honneur pour le sultan Sal&h-ad-Dîn et pour al- 
Malik-al-'Adil ; les deux princes s’en revêtirent. Les deux ambas- 
sadeurs demandèrent au sultan de faire la paix avec 'Izz-ad-Din, 
prince deMaüsil, mais leur intervention n’aboutit pas. Ils parti- 
rent de Damas, mais ils moururent avant d’être rentrés à 
Bagdad. 

Le sultan distribua des vêtements d’honneur à tous ses soldats 
et leur permit de s’en retourner dans leurs foyers après leur 
avoir fait de grandes libéralités. 

Le quinzième jour du mois de Sha’ban, al-Malik-al-Moth-affar- 
Taki-ad-Dîn se mit en marche avec les troupes égyptiennes 
pour retourner au Caire. — Cette année, le sultan arrêta les 
termes de son testament politique par lequel il assurait la souve- 
raineté de l’Égypte à son fils al-Malik-al-'A2îz-'Othman, sous la 
Foi. 30 r*. tutelle 1 de son cousin Taki-ad-Din-'Omar. Il donnait le gouver- 
nement de la Syrie à al-Malik-al-Afdal-'Ali sous la tutelle du 
sultan d’Alep, al-Malik-al-'Adil ; il fixa comme terme de la tutelle 
de Taki-ad-Dîn-'Omar et d’al-Malik-al-'Adil le moment où les 
Musulmans s’apercevraient que ses fils étaient capables de gou- 
verner par eux-mêmes et de régir les affaires de leurs empires. 
Les émirs jurèrent tous de respecter ces décisions du sultan, et 
ce fut le kâdï al-Murtidà-ibn-Koraish * qui donna lecture de l’acte 
impérial. — Cette année, on défendit de prendre à ferme la vente 
de la bière, du vin et des divertissements publics, et le sultan 
renonça à percevoir les recettes que rapportait cette ferme en 
Égypte. — Le sultan partit de Damas pour se rendre dans les pro- 
vinces de l’Orient; mais il demeura à Ham&h tout le reste de 
l’année; il était arrivé dans cette ville le vingtième jour du mois 
de Dhoû'l-Ka'da. — Cette année, le septième jour du mois de 
Moharram, on fit la khotba près du tombeau de Sariyya qui était 
dans une cavité de la montagne sans qu’il y eut de constructions 
quelconques dans cet endroit, ni d’habitants; quelques personnes 
s’y opposèrent si énergiquement qu’on y renonça et que les gens 
allèrent se réunir près du Kabr Mousak ; cela dura deux ans (?). 

1. Au cas où il arriverait au trône avant d’avoir atteint sa majorité. 

2. Il y a après cette phrase une ligne dont le texte me parait très corrompu. 

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histoire d’êgypte de makrizi 


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Cette môme année, le Nil s’éleva à 19 coudées moins 3 doigts; 
cela fut une calamité pour les villages riverains que les habitants 
furent obligés d’évacuer par suite de la chute des murailles de 
leurs maisons, et parce que leurs vergers étaient sous l’eau, ainsi 
que toutes leurs plantations ; les canaux furent détruits et ce fut 
là une calamité comparable à celle de l'année 544. — Cette année, 
moururent le sultan Aboû-Ya’koùb-Yoûsoaf-ibn-'Abd-al-Mou’- 
min-ibn-'Ali, souverain du Maghreb, le .24 du mois de Radjab, — 
Ilbogha-ibn-Alba-ibn - Timo urt&sh-ibn-Ilghazï-ibn - Ortok-Kotb-ad- 
Dînl’Ortokide, prince de Màrdîn ‘, au mois de Djoumada second, — 
Ak-Sonkor, l'échanson (alsakî), gendre de Karâdjâ, à Alep le ven- 
dredi, onzième jour de Radjab. — Le sultan ordonna de charger de 
chaînes les enfants du [khalife fatimite] al-'Adid et ce qui restait 
de ses proches parents. 


Année 581 *. 

Quinzième année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir- 
Salah-ad-DIn en Égypte. 

Le sultan partit de Damas et arriva à Harràn, le vendredi, 
vingt-deuxième jour du mois de Safar, et il fit emprisonner 
Mothaffar-ad-Din-Kôkbourî qui y régnait. Après s’être emparé 
de cette ville, il la quitta, le deuxième jour du mois de Rabi' 
premier. — Il reçut les ambassadeurs du roi Kilidj-Arsl&n, fils 
de Mas'oüd, souverain du pays de Roûm, qui lui déclarèrent, 
d’accord avec tous les rois de la Mésopotamie ( shark ), que leur 
maître se considérerait en état de guerre avec lui s’il n’aban- 
donnait point ses projets contre Maûsil et Màrdïn; cela n’empêcha 
pas le sultan de se mettre en marche avec le dessein bien arrêté 

1. D’après Hadji Khalifa (Djihân Numâ), cette forteresse se trouve à l’oc- 
cident d’Amid, au milieu d’un cirque de montagnes qu’il faut deux heures 
pour escalader. Cette situation rend la place presque imprenable. Le fau- 
bourg de la forteresse est très grand, on y voit plusieurs marchés et des col- 
lèges; les habitants boivent presque exclusivement de l’eau qui leur est four- 
nie par des citernes; les montagnes qui entourent Mardin fourmillent de 
serpents dont la morsure est très dangereuse. Yàkoût ( Mo'cÿam-al-bouldân , 
tome IV, p. 390) nous apprend que cette ville dominait Donalsir, Dàrâ, et 
Nisibîn; il dit également qu’il y avait dans cette ville un grand nombre de 
marchés, de caravansérails, de collèges, d’hôtelleries, de couvents, tout cela 
bâti en amphithéâtre, les rues se dominant les unes les autres. 

2. Cette année, dit l’auteur de Y Histoire millénaire, le Naûroûz persan 
(naürouz-i-Furs) coïncida avec le premier jour de l’année des Grecs et le pre- 
mier Moharram de l’année musulmane. L’auteur de cette partie de la Chro- 
nique millénaire fait remarquer que cette coïncidence est rare ( Tarikh-i-Elfi , 
ms. supp. Pers. 188, folio 265 verso). 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


d’assiéger Maùsil. Il vint l’investir et il commençait les opéra- 
tions du siège quand il apprit que le Shah-i-Armen, Sokmân [II 
Nasir-ad-Din-Mohammad-ibn-Ibrâhim] *, souverain de la ville de 
Khilat a était mort le neuvième jour du mois de Rabi r premier. 
Il partit à la fin de ce môme mois et marcha sur Khilat, mais il ne 
put s’en emparer et il dut s'en retourner ; il s’empara de la ville de 
Foi. 30 v. Mayyafarkin 3 et marcha de nouveau sur Mausil. Il vint camper sur 

1. Le nom de ce souverain est horriblement estropié dans le manuscrit. 

2. La ville de Khilat est l’une des plus importantes de l’Asie antérieure; son 
nom se rencontre sous la forme Khi lût et Ikhlàt, la seule que l’on trouve dans 
l’ouvrage historique de Djamàl-ad-Dîn-ibn-Wâsil intitulé Mofarradj-al-kouroùb. 
Yàkoùt nous apprend dans le Mo'djam-al-bouldàn (tome II, page 457) que les 
coordonnées de cette ville sont L. 64° 50'; 1. 39° 40' et qu’el'e se trouve dans le 
cinquième climat. Elle appartenait à l’Arménie moyenne. Le lac de Khilat ou 
lac de Van était célèbre dans tout l’Orient à cause d’un petit poisson nommé 
tarrikh qu’on ne trouvait que dans ses eaux ; tous les géographes s’accordent à 
dire que le pays qui en dépendait était très fertile et arrosé par beaucoup de 
cours d’eau. La population de cette ville était composée de Musulmans et de 
Chrétiens et on y parlait à la fois l’arménien et le turc. Il y a, en dehors de 
Khilat, à ce que dit Kazwînl ( Athàr-al-bilàd , éd. Wustenfeld, p. 352), un fleuve 
traversé par un pont. Hadji-Khalifa raconte, dans le Djihân-Xumd , qu’à son 
époque ce n’était plus qu’un bourg à l’occident d’ f Abdoul-Djévaz, dans un 
endroit élevé; ses environs sont très cultivés et on y voit une grande quan- 
tité de vignes et de jardins. Un historien nommé Mir Shéref rapporte que 
cette ville est très ancienne et qu’elle fut, à une certaine époque, la capitale 
des rois d’Arménie. C’est là que résida Djamasp, oncle de Khosrav-Anoü- 
shirvàn, qui était gouverneur du pays. On y trouvait une quantité considé- 
rable de fruits très renommés, parmi lesquels les mei’leurs étaient les abricots 
et les pommes; quelques-unes de ces pommes pesaient jusqu’à 100 drachmes; 
on les transportait jusque dans l’Azerbeîdjàn où on les connaissait sous le 
nom do pommes d’ikhlat. Cette ville fut saccagée en 644 de l’hégire par les 
Mongols de Djingiz-Khàn. En 955, le roi de Perse Shàh-Tahmâsp s’en empara 
et fit raser la forteresse, mais Sultan Soleïman en fit rebâtir une nouvelle sur 
les bords du lac. Il y a, dans les environs d’Ikhlàt, plusieurs rivières par 
lesquelles se déverse le lac de Van. — Koùh-î-Seibàn est une grande mon- 
tagne située au midi d’Ikhlàt; son sommet est toujours couvert de neige. — 
Le Shah-i-Armen, Sokman II, avait succédé, en 522 de l’hég., à son oncle 
Zahir-ad-Din-Ahmed, fils de Sokmân-el-Kotbi ; il eut pour successeur Bekti- 
mour-Saïf-ad-Dïn, qui fut assassiné en 589 par Ak-Sonkor-Badr-ad-Dïn-Hazâr- 
Dinâri; ce dernier mourut en 594, et fut remplacé par al-Malik-al-Mansoûr- 
Mohammed-ibn-Bektimour qui fut détrôné en 603 par 'Izz-ad-Dln-Balabân, an- 
cien mamlouk de Sokmàn II ; Balabàn fut tué en 601. La principauté de Khilàt 
passa alors aux mains du prince ayyoubite el-Malik-al-Avhad-Nadjm-ad-Dïn- 
Ayyofib . 

3. Yak o fit [Mo'djam-al-bouldàn, tome IV, p. 703), indique pour le nom de cette 
ville la prononciation Mayyafarkin. Ses coordonnées sont L. 74° 40', 1. 37° 30’; 
d’autres disent 57° 45' et 38°. Elle fut construite par les Grecs, d’après une 
légende que raconte Yàkoùt et qu’il a probablement empruntée à l’histoire de 
Mayyafarkin d’ibn el-Àzrak el-Fariki. Je ne m’attarderai pas à relever les 
invraisemblances de cette histoire. Il y avait, paraît-il, dans l’endroit oii elle 
s’élève aujourd’hui, un gros bourg - où l’on voyait une église chrétienne qui 
remontait à l’époque du Messie, les murs seuls en subsistaient à l’époque de 
Yàkoùt; le gouverneur de cette contrée se nommait Lyoùtà; il épousa la fille du 
chef de la montagne dans laquelle, également du temps du géographe arabe, 
habitaient les Kurdes svriens; cette jeune fille se nommait Marie; elle mit au 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


17 


les bords du Tigre au mois de Sha'bân, et il resta là jusqu’au mois 
de Ramadhàn. Il fut alors atteint d’une indisposition très grave, 
et il partit le dernier jour du mois de Ramadhân. 

Salâh-ad-Dîn arriva à Harran et ce fut dans cette ville qu’il 
signa la paix avec les habitants de Mausil, le jour de 'Arafa. On fit 

monde trois fils : les deux aînés entrèrent au service de l’empereur grec Théo- 
doros et le plus jeune resta dans le pays se livrant à l’étude des sciences; 
quand son père mourut, il lui succéda dans sa charge. A cette époque, l’em- 
pereur grec possédait tout le pays jusqu'aux confins du Diar-Bekr et du 
Djazîrah; le roi de Perse était alors Shâpoür-dhoü f -l-Aktâf. Ces deux souve- 
rains se firent des guerres qui sont bien connues. L’empereur Théodoros avait 
épousé une femme qui se nommait Hélène et qui était originaire de la ville 
d’Édesse (Rohâ); elle eut pour fils Constantin, celui qui bâtit la ville de Cons- 
tantinople. Quand Théodoros mourut, Hélène prit en main les rênes de l’em- 
pire jusqu’à ce que son fils Constantin fut arrivé à sa majorité. 

Le fils de Lyoütâ demeura dans le Diar-Bekr occupé à gouverner les gens 
de sa tribu et à bâtir un grand nombre de couvents et d’églises. 11 conçut le 
projet d’élever une ville dans le pays où se trouve maintenant Mayyâfarkin et, 
dans ce but, il coupa les arbres et toutes les plantes qui se trouvaient dans 
les environs. A cette époque, le roi de Perse avait une fille qu’il aimait beau- 
coup et qui tomba si gravement malade qu’elle en faillit mourir ; les médecins 
persans ne savaient que faire pour la soigner et quelques-uns d’entre eux lui 
conseillèrent de faire venir à sa cour le fils de Lyoütâ, dans l’espérance qu’il 
saurait lui trouver un remède. Le jeune homme s’étant rendu à Médâin fut assez 
heureux pour rendre la santé à la princesse, et comme prix de ses services, il 
demanda à Shâpoür de faire la paix avec l’empereur Constantin pour toute la 
durée de leur règne. Le roi de Perse y consentit volontiers, et même, avant 
que le fils de Lyoütà ne s’en retournât chez lui, il lui fit don de tous les moines 
et des prêtres chrétiens qui avaient été faits prisonniers par les soldats persans. 
Il se rendit ensuite à la cour de l’empereur Constantin à qui il apprit ce qu’il 
avait fait et la paix qu’il avait conclue en son nom avec le Roi des Rois ; il lui 
demanda comme toute récompense de lui faciliter les moyens de construire 
une ville dans l’endroit qu'il avait choisi ; c’est alors qu’il bâtit Mayyafarkïn 
sur les murailles de laquelle il fit graver des inscriptions relatant les circons- 
tances qui lui avaient permis de réaliser son projet. Les gens de ce canton, 
jaloux du succès du fils de Lyoütâ, envoyèrent prévenir Constantin qu’il n’était 
qu'un rebelle et qu’il ne songeait qu’à construire une forteresse assez solide pour 
l’y braver; l’empereur grec envoya quelqu’un pour examiner la situation, mais 
quand cet officier vit le nom de son maître gravé sur les murailles, il comprit 
qu’il n’y avait rien à craindre de ce côté. Cette ville fut nommée Madoürsâlâ, 
ce qui signifie « ville des martyrs », MapTupoir<5Xtç (?). Yâkoüt a l’audace de dire 
que c’est ce nom de Madoürsâlâ qui a été, par la suite, arabisé en Mayyâfarkin ; 
il est vrai qu'il ajoute que cela s’est fait « par suite de la longueur du temps ». 
L’empereur grec aurait, toujours suivant la même autorité, ordonné à chacun 
de ses trois vizirs de bâtir une des tours du mur d’enceinte de la nouvelle ville. 
Le premier construisit celle qui est connue sous le nom de « Tour des Grecs », 
un autre la tour az-Zaviyya que les Musulmans nommèrent ensuite Porte d”AlI- 
ibn-Wahb, et une église, ruinée à l’époque de Yâkoüt, mais dont on voyait en- 
core des débris en face des <c bains des charpentiers »; le troisième construisit 
la « tour de la porte du boulevard », et une église sur laquelle il fit graver une 
inscription avec le nom de son souverain et celui de l’impératrice Hélène. La 
ville avait huit portes. Yâkoüt raconte que l’une des tours de Mayyâfarkin 
portait un miroir qui réfléchissait les rayons du soleil; il paraît que le fils do 
Lyoütâ fit construire dans cette ville un grand monastère dédié à saint Pierre 
et à saint Paul. 

Rbv. i»k l’Or, latin. T. IX. 2 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


la khoiba en son nom dans tout le pays dépendant de Maüsil et 
on cessa de la faire au nom des Seldjoukides ; on fit de même 
la khofba à son nom dans le Di&r-Bekr et le Diàr-Rabia ; dans 
toutes ces contrées on frappa de même la monnaie à son nom. 

— Il ordonna de répandre des aumônes dans toute l’étendue de 
son empire. 

Cette année moururent : al-Malik-al-Kàhir-Nàsir-ad-Dîn-Moham- 
mad-ibn-Asad-ad-Din-Shïrkoüh, prince de Homs, dans la nuit de 
la fête du petit Baïram ; le sultan craignit qu’on ne le soupçonnât 
d’être l’auteur de cette mort, car, lorsqu'il ôtait tombé si grave- 
ment malade, al-Malik-al-Kahir avait répandu le bruit que c’était 
lui qui lui succéderait; — Fakhr-ad-Dîn-Ibràhim-ibn-Mohammad- 
ibn-Ibràhîm-ibn-Ahmad-ibn-Nasr-al-Aswâni-ibn-Oukht-ar-Rashïd; 

— Mohadhdhad-ibn-az-Zobaïr; ce fut lui le premier qui écrivit un 
formulaire épistolaire 1 pour le sultan, il en écrivit un ensuite 
pour son frère al-Malik-al- r Adil. 


1. Ce que les Musulmans appellent un Inshâ. Ces ouvrages qui ne sont pas 
de vulgaires guide-ânes comme leur titre pourrait le faire croire, sont des 
modèles de correspondance diplomatique formés le plus souvent, non de for- 
mules plus ou moins arbitraires, mais de recueils de lettres originales. Hadji- 
Khalifa dit dans son Dictionnaire bibliographique (tome 1, p. 459) que l'inshâ 
est la science qui apprend à écrire en observant toutes les règles de l’élégance et 
de la grammaire. L’auteur du célèbre traité intitulé Divan- al-Insha (ms. ar. 4439, 
folio 9 verso) se borne à dire que c’est l’art de la correspondance diplomatique. 
En réalité YInshd consiste presque uniquement dans la connaissance exacte 
des titres et des mentions honorifiques que l’on devait employer en écrivant à 
un souverain étranger, ou à un fonctionnaire ; on pourrait presque dire que 
c’était ce qu’au point de vue diplomatique on appelle aujourd’hui le service du 
Protocole ou simplement le Protocole. Le directeur du Protocole à la chancel- 
lerie d’Etat, introducteur des ambassadeurs, était un personnage fort impor- 
tant; on se ferait une idée très inexacte des souverains orientaux au Moyen- 
Age si l’on se figurait que ces questions de titres et de qualités avaient moins 
d’importance à leurs yeux qu’elles n’en auraient aujourd’hui pour le tsar 
ou pour l’empereur d’Allemagne. Ils veillaient avec* le plus grand soin à ce 
qu’on leur donnât toutes les qualifications honorifiques auxquelles ils préten- 
daient avoir droit, et une diminution de titres intentionnelle était considérée 
comme une grave insulte et un casus belli. On sait que c’est pour une pareille 
diminution de titres dans la correspondance que la Prusse entretenait avec la 
Russie que la tsarine Elisabeth Petrowna déclara la guerre au roi Frédéric IL 
Les Musulmans font remonter l’institution de Y inshâ à Mahomet lui-même, qui 
fit écrire, comme l’on sait, quatre lettres diplomatiques à l'empereur Héraclius, 
au Makokis gouverneur de l’Egypte, par Khâlid; à Khosrav, roi de Perse par 
r Abd-Allah-ibn-Djouddâka et au négush d’Abyssinie par f Amroü-ibn-Omayya 
(Divân-al- Inshâ, ms. ar. 4439, fol. 10 v°). Le mot divan, dit l’auteur du traité 
d’administration connu sous le nom de kitàb-divàn-al-inshà (ms. ar. 4439, 
folio 9 recto), désigne l’endroit où se trouvent les scribes (kuttdb). Quelques 
auteurs musulmans voulaient que ce mot fût arabe, par exemple le célèbre 
grammairien Sibawaiyyi ; d’autres plus avisés, tels que Djauhârl, l’auteur du 
Sihâh fV-l-loghat, y voyaient un mot persan, mais en donnaient deux étymolo- 
gies également inacceptables. En réalité, ce mot se rattache aux mots persans 

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HISTOIRE D’ÊGYPTE DE MAKRIZI 


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Année 582. 

Seizième année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir - Salah- 
ad-Din en Égypte. 

Quand le sultan fut relevé de maladie, il partit de Harrân et se 
rendit à Alep le quatorzième jour du mois de Moharram ; de là, il se 
rendit à Homs; il mit en ordre les affaires de cette ville et y sup- 
prima les droits d’octroi — Le deuxième jour du mois de Rabi' 
premier, il fit son entrée à Damas et appella auprès de lui son fils 
al-Malik-al-Afdal-'Alî, qui se trouvait en Égypte, à cause de l’aver- 
sion que ce dernier ressentait pour son cousin al-Mothaffar-Takî- 
ad-Din. Le prince arriva auprès de Salah-ad-Din avec sa famille 
et les gens de sa suite le vingt-troisième jour du mois de Djoumàda 
premier. — Le sultan retira la souveraineté d’Alep à al-Malik- 
al-'Adil et la donna à al-Malik-ath-Thàhir-Ghiyâth-ad-Din-Ghàzï, 
son fils; al-Malik-al-'Adil reçut comme compensation la province 
orientale de l’Égypte; en même temps, la vice-royauté de l’Égypte 
fut enlevée à al-Molhaffar-Takl-ad-Dln-'Omar. Cette mesure mit 
celui-ci dans une violente colère et il traversa le Nil avec ses gens 
pour se rendre à Djizah 3 , afin d’aller retrouver son lieutenant Bahà- 
ad-Dïn-Kar&koûsh-al-Takavi * et s’emparer du Maghreb; il envoya 
son mamlouk Boürï 6 en avant [pour aller rejoindre Baha-ad-Dln]. 


de f ter « cahier d’écriture », dibir a scribe », et au mot sanskrit lipi « écriture » 
(yavanàni lipi , l’écriture grecque), vraisemblablement emprunté aux langues 
iraniennes à l’époque ou les Hindous adoptèrent le système graphique ara- 
méen qui leur fut apporté par la Perse. 

1. Le maks est le droit d’entrée qu’on prélève aux portes d’une ville sur les 
marchandises qui y entrent, mais ce mot désigne également les patentes et 
les droits de marché : on désigne également par maks les droits de port et 
de pilotage, ce qui n’est pas le cas ici. 

2. Mamlouk de Takï-ad-Dln. 

3. La ville bien connue de Ghizèh, au sud-ouest de Fostat. Kazwlnl raconte 
dans le Athdr-al-bilad (éd. Wüstenfeld, page 122), qu’il y avait dans cette ville 
un talisman contre le sable et qu’il était constitué par une statue, ce qui em- 
pêchait la ville d’être engloutie par la poussière du désert. 

4. On a vu plus haut, que ce général s’était emparé d’un vaste pays dans le 
Soudan. Le projet de Takï-ad-Dïn-'Omar et de son général rappelle assez 
celui que Salâh-ad-Din et les membres de sa famille formèrent au moment où 
l’atabek Noùr-ad-Dïn-Mahmoûd se préparait à marcher contre l’Égypte et où 
le frère du sultan alla s’emparer du Yémen. 

5. Le nom de cet ofïicier est corrompu dans le manuscrit de Makrlzi que j’ai 
eu sous les yeux; dans l’un des passages on lit Boûrdah, dans l’autre Boüriah 
ce qui ne répond à rien, ni en persan, ni en arabe, ni en turc, tandis que le 
nom de Boürï qui en turc oriental signifie « loup » ou « renard » est assez 
fréquemment employé dans l’onomastique de l’époque des Ayyoubites et des 
Mamlouks; malgré cela, je ne donne cette restitution que sous toutes réserves. 

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20 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Quand le sultan apprit quelles étaient les intentions de Taki-ad-Dîn, 
il lui écrivit une lettre pour lui donner l’ordre de venir le trouver ; 
les grands dignitaires de l’empire conseillèrent à Taki-ad-Dîn de 
ne pas résister. Taki-ad-Din se décida alors à obéir et il se mit en 
marche pour se rendre à Damas où il arriva le vingt-troisième 
jour de Sha'ban. Il garda ses possessions de Hàmâh *, de Ma'ar- 
rat * et de Manbadj et le sultan lui donna en plus la ville de 
Mayyâfârkin. Taki-ad-Din écrivit alors à ses officiers pour les faire 
revenir auprès de lui ; tous lui obéirent, sauf Zam-ad-Dîii-Boari 4 
son mamlouk, qui marcha contre le pays du Maghreb et y con- 
quit plusieurs villes ; mais le sultan de cette contrée s’avança 
contre lui et le fit prisonnier. Il le mit plus tard en liberté et lui 
confia des postes importants dans son empire. 

Al-Malik-al-Afdal-'Ali, fils du sultan Sal&h-ad-Dm arriva è Da- 
mas, venant du Caire, le vendredi dix-septième jour du mois de 


1. Nom d'une très grande ville puissamment fortifiée et extrêmement riche 
en Syrie, où l'on voit des marchés bien achalandés. La grande mosquée de 
cette ville domine l'Oronte. 

2. Il y a deux villes qui portent le nom de Ma'rrat : Ma f rrat-al-No*mân et 
Ma f rrat-Misrïn. C’est de la première, de beaucoup la plus connue, qu’il s'agit ici; 
elle doit son nom à ce fait qu'on y voit le tombeau de No'màn qui en fut un des 
notables. Dans la campagne de cette ville, on voit également le tombeau de 
Josué (Yousha'), qui, suivant d’autres géographes, est enterré dans le district 
de Naplouse, et celui de 'Abd-Allah-ibn-'Ammâr-ibn-Yâsir; elle dépend de la 
province d’Homç (Yâkoüt, Mo'djam*, tome IV, p. 574; Aboulféda, Géographie, 
tome II, partie II, page 42). Idrisi (trad. Jaubert, tome II, page 138), dit que 
cette ville dépend du canton do Rinnisrin et qu’elle est à une journée d’Alep ; 
il parait qu’il n’y avait dans ces environs, ni eau courante, ni fontaine. Kaz- 
wînî dit dans le Athâr-al-bilàd (éd. Wiistenfeld, page 181), qu’on y cultivait 
surtout les figuiers et les oliviers. Hadji-Khalifa nous apprend qu'à son épo- 
que Ma'rrat-an-No'mân était en ruines. Quant à Ma'rrat-Misrîn, qu’ Aboulféda 
appelle Ma'rrat-Nasrln, c’est une petite ville dans les environs d’Alep dont elle 
est distante d’environ 5 farsakhs (Yâkoüt, ibid.). 

3. Les géographes orientaux donnent du nom de cette ville plusieurs éty- 
mologies également invraisemblables; l’une des plus curieuses est la suivante ; 
Manbadj aurait été bâtie par Khosroès quand il s'empara de la Syrie et il lui 
aurait donné le nom de Manba , qui signifie « je suis très bon » et qui plus 
tard fut arabisé en Manbadj. Cela prouve que le géographe auquel Yâkoüt 
emprunte cette extravagance, voyait dans Manba, le pronom men « moi » et 
l’adjectif bèh « bon, très bon ». Cette étymologie est insoutenable pour plu- 
sieurs raisons, dont l’une purement philologique qui a son importance : c’est 
qu’à l’époque de Khosroès, « bon » ne se disait pas bèh, mais bien vèh, d’où 
dérive le mot persan moderne. Néanmoins, elle semble prouver que Manbadj 
n’est que l’arabisation d’un nom pehlvi qui serait Manbak , Manbag , dont 
j’ignore absolument le sens. Cette ville dépendait de la province de Kinnisrîn 
(Yâkoüt, Mo'djam, tome IV, 654; Aboulféda, Géographie, tome II, partie II, 
page 47). Hadji-Khalifa nous apprend dans le Djihàn-Numà que les habitants 
du canton de Manbadj se livraient surtout à la culture du mûrier et qu’on y 
faisait de la soie. Ce canton faisait partie au xvii® siècle du douaire de la sul- 
tane Validèh. 

4. Le même personnage que celui de la note 5 de la page précédente. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Djoumada premier, c’était la première fois que ce prince venait 
dans cette ville; al-Malik-al-'Aziz-Othmàn partit pour se rendre 
dans son gouvernement d’Égypte, accompagné de son oncle al- 
Malik-al-'Adil qui devait remplir auprès de lui, les fonctions 
à’atabek. Al-Malik-al-'Adil partit d’Alep durant la nuit du samedi 
vingt-quatrième jour du mois de Safar, et les deux princes firent 
leur entrée au Caire le cinq du mois de Ramadhân. 

Celte même année, une révolution éclata chez les Francs 
Tarabolos [Tripoli] et le Comte [Raymond] se réfugia auprès de 
Salàh-ad-Dïn qui se conduisit loyalement envers lui *. — Le prince 
[Arn&t], seigneur des Francs à Karak, captura une grande cara- 
vane et fit prisonniers ceux qui la composaient. Il refusa de 
répondre au désir du sultan Sal&h-ad-Dïn qui l’avait prié de les 
remettre en liberté, aussi le sultan se prépara-t-il à marcher 
contre lui, et les troupes des différentes contrées se mirent en 
route pour cette expédition. 

Cette année mourut au Caire 'Abd-Allah-ibn-Aboü-al-Wahsh- 
Bari(t)-ibn-'Abd-al-Djabb&r-ibn-Bari, le grammairien, dans la nuit 
du samedi 27 de Shaw&l ; il était né le cinquième jour du mois 
de Radjah de l’année 499. , 


Année 583. 

Dix-septième année du règne du sultan al-Mauk-an-Nasir- 
Salah-ad-Din en Égypte. 

Le sultan partit de Damas le samedi premier jour du mois de 
Moharram pour aller faire la guerre aux Francs. Il plaça son fils & 
Ra’as-al-Ma * et alla camper à Bosra *, où il demeura pour protéger 
le pèlerinage jusqu’au moment où il fut passé à la fin du mois de 
Safar. 11 marcha ensuite sur Karak à la tète de 12,000 cavaliers ; 
mil le siège devant la place et coupa les arbres qui se trouvaient 


1. C'est-à-dire qu’il ne profita pas de sa situation pour le retenir prisonnier 
ou pour le faire assassiner. 

2. Ni Y&koût ni Aboulféda ne donnent de renseignements sur cette 
localité. 

3. Il y a en Asie deux localités qui portent ce nom : la première, celle 
dont il est question dans le texte de Makrizi, fait partie de la province de 
Damas ; la seconde est un village près de Bagd&d. La Bosra proche de Damas 
est la capitale du Haürân (Yâkoüt, Mo'djam, tome I, p. 604 ; Aboulféda, Géogra- 
phie, tome II, partie II, p. 31); Hadji-Khalifa nous apprend que la forteresse 
de cette ville était bâtie en pierres noires. 

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22 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

autour de la forteresse ; de là il alla à Shaûbak 1 qu’il traita de la 
même façon. 

Le hâdjib Loü'loü' partit de Misr arec l’escadre qui comptait 
quinze navires et fit voile vers Alexandrie. — Al-Malik-al-'Adil 
partit du Kaire, le sept du mois de Moharram et alla camper à la 
Birkat-al-Djubb. De là, il se dirigea sur Karak en passant par 
Ilah et il rejoignit le sultan Salàh-ad-Din à al-Kariatain * . — Le 
sultan revint devant Karak; il assiégea cette place au mois de 
Rabï' premier, et réduisit la garnison à la dernière extrémité. Il 
s’éloigna ensuite de Karak et vint assiéger la ville de Tibériade ; 
près de 50,000 Francs se réunirent dans le pays d”Akkâ; ils éle- 
vèrent au-dessus de leurs têtes la Croix de la Crucifixion, mais le 
sultan s’empara d’assaut de Tibériade’ le vingt-troisième jour du 
mois de Rabi* second. Les Francs furent très marris d’avoir perdu 
cette ville, aussi ils rassemblèrent leurs troupes ; mais le sultan 
Salàh-ad-Din marcha contre eux et leur livra, le samedi vingt- 
quatrième jour du même mois, la grande bataille de Hillin \ dans 
laquelle Allah donna la victoire aux Musulmans. Après une longue 
lutte les Francs prirent la fuite et les Musulmans s’emparèrent de 
la Croix de la Crucifixion. Ils firent prisonniers le prince Arnàl, 

1. Shaûbak, dit Yâkoüt ( Mo'djam-al-bouldân y tome III, p. 332) est une cita- 
delle puissamment défendue qui se trouve sur les confins de la Syrie entre 'Am- 
man, Ilah et Koulzoum, près de Karak; cette citadelle fut bâtie en l’année 509 
de l’hégire sur 1’emplacement d’une forteresse ancienne. On y cultivait des 
fruits qu’on exportait en Égypte. Hadji-Khalifa ajoute, dans le Djihàn-Numà , 
que la montagne du Ghaùr est à l’Orient de cette citadelle qui est bâtie sur une 
haute colline. 

2. Il y a plusieurs localités de ce nom dans l’Orient musulman, ce qui n’a 
rien d’extraordinaire puisqu'il signifie a les deux villages » ; celle dont il est 
question dans le texte de Makrizi est un gros bourg qui dépendait de la pro- 
vince de Homs et qui se trouve sur le chemin allant de la limite du désert aux 
localités appellées Soukhna et Arak ; Yâkoüt dit que tous les habitants en 
étaient Chrétiens; elle est distante de Tadmor (Palmyre) de deux journées de 
chemin (Mo'djam, tome IV, p. 77). La ville d’Arak dont il vient d’ètre ques- 
tion est assez peu connue : elle faisait partie du territoire d’Alep et elle est 
proche de Tadmor; on y cultivait surtout l’olivier et le palmier. Il y a du 
reste, en Orient, plusieurs localités dont le nom, aux voyelles près, s’écrit de 
la même façon. 

3. Djamàl-ad-Din-ibn-Wâsil, dans le Mofarradj-al-kouroub (ms. ar. 1702, 
folio 11 verso), raconte différemment la prise de Tibériade; il dit que lorsque 
le sultan se présenta devant la ville, la Comtesse ( al-koumvsiyya ) qui y régnait 
lui envoya une ambassade pour lui offrir de capituler à la condition d’avoir la 
vie sauve ainsi que tous ses sujets. Salàh-ad-Din y consentit et la Comtesse 
sortit de Tibériade, se rendant à Tripoli qui appartenait à son mari. Le sul- 
tan donna Tibériade en fief à Sârim-ad-Dln-Kaîmâz-al-Nadjml (mamlouk de 
Nadjm-ad-Dln-Ayyoüb). 

4. Nom d’un village qui se trouve entre Arsoüf et Kaisariyya (Césarée) ; 
Yâkoüt dit également (Mo'<ÿam-al-bouldân, tome II, page 291), que cette loca- 
lité est située entre Tibériade et 'Akkâ et qu’elle est distante de deux farsakhs 

• environ de Tibériade. 

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histoire d’égypte de makrizi 


23 


seigneur de Karak et de Shaubak, ainsi que plusieurs autres rois 
et un nombre incalculable de Francs ; le sultan décapita de sa 
propre main le prince Arnât 1 et il fit massacrer tous les cheva- 
liers du Temple et de l’Hôpital qui se trouvaient en sa possession *. 
De Hittin, Salàh-ad-Dïn marcha sur 'Akka qu’il vint assiéger à la 
tête' d’une armée considérable, dans les derniers jours du mois 
de Rabi' second. 

Le savant 'Abd-al-Latif-ibn-Yoûsouf-al-Baghdadi a dit : « Le 

1. « Parmi les prisonniers, dit l’auteur de Y Histoire des Patriarches d'Alexan- 
drie (ms. arabe 302, page 262), se trouvait le prince Arnât, souverain de Karak ; 
le sultan le fit amener et lui reprocha sa conduite en termes d’une extrême 
violence, il le fit saisir par des gens qui le tinrent; il l’égorgea lui-même et 
se plongea la main dans son sang; le comte Djafri, roi des Francs, avait été 
pris également et le sultan l’avait aussi fait comparaître devant lui, de telle 
sorte qu’il avait assisté à l’assassinat du prince Arnât; quand il l’eut vu 
baignant dans des fiots de sang, il fut épouvanté et son visage devint blême. 
Salàh-ad-Dïn lui dit : « Ne crains rien, roi; tu ne mourras pas aujourd’hui, tu 
vivras au contraire; s’il restait encore de tes sujets, je te ferais leur roi ; je 
t’aiderai de mon argent et de mes troupes durant toute ma vie. Je vais te 
raconter l’histoire du prince Arnât et les causes qui m’ont amené à agir 
ainsi. Le chemin qui est le plus souvent suivi par les marchands et par les 
voyageurs passe au pied de Karak ; Arnât enlevait les caravanes et leur fai- 
sait souffrir toutes sortes de violences. Noür-ad-Dln et les autres princes de 
l’Islam ont essayé de faire la paix avec lui pour épargner ces vexations aux 
Musulmans, mais il n’a jamais voulu y consentir et il a refusé mille fois de 
la faire. Quand je suis arrivé au trône, je lui ai envoyé des présents, je lui 
ai fait porter de l’argent, des objets de toute sorte et de riches vêtements. Il 
a juré à mon ambassadeur qu’il ne ferait plus de mal à aucun des Musulmans 
[qui passeraient devant Karak], qu’au contraire il traiterait bien les mar- 
chands, qu’il leur faciliterait tous les moyens de voyager, et qu’il ne per- 
mettrait à aucun de ses soldats d’attaquer les Musulmans, qu’ils fussent 
marchands ou voyageurs. Trois jours après qu’il eut fait ce serment, une 
caravane [passait devant Karak] se dirigeant vers Damas; il l’a forcée à 
monter à la forteresse, tout entière, bêtes de somme et hommes, avec l’ar- 
gent qu’elle portait; il a jeté les hommes dans les fers et les a dépouillés de 
tout ce qu’ils possédaient. Quand j’eus appris cet attentat, j’en fus complète- 
ment bouleversé et je m’engageai devant Allah à agir comme tu l’as vu au 
jour où il me permettrait de le vaincre. Ne me blâme donc point, roi! » En 
môme temps il ordonna qu’on apportât une coupe ; le grand échanson l’ayant 
fait remplir, il la lui prit des mains et la tendit au roi qui en but le contenu. 
Il fit dresser une tente pour le roi et pour ses officiers, et lui donna des sol- 
dats pour le garder; Djafri resta auprès de Salah-ad-Dïn jusqu’au moment où 
il lui eut livré la ville d’*Askalàn. Le sultan lui fit alors présent de riches 
vêtements et le remit en liberté; il se rendit dans l’ile de Chypre dont il 
devint souverain et où il demeura jusqu'à sa mort. 

Kamâl-ad-Dïn-ibn-al-'Adïm raconte d’une façon assez proche de ce récit la 
mort de Renaud de Châti lion. 

2. Djamàl-ad-Dln-lbn-Wâsil raconte dans Mofarradj-al-kouroùb qu’après le 
massacre des Chevaliers du Temple et de l’Hôpital, Salàh-ad-Dïn envoya le roi 
à Damas, avec son frère, Honfroy, le prince de Djoball, le grand maître de 
l’ordre du Temple et d’autres grands personnages ; il distribua le reste des 
prisonniers entre ses troupes qui les vendirent. Ensuite il écrivit au gouverneur 
de Damas, Safï-ad-Dïn-ibn-al-'Abid de faire décapiter tous les chevaliers du 
Temple et de l’Hôpital qui lui tomberaient sous la main. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


marché qui se trouvait dans le camp du sultan devant ’Akkà était 
extrêmement considérable et il occupait une vaste étendue de 
terrain ; on y trouvait cent-quarante boutiques de maréchaux fer- 
rants. Je comptai auprès d’un seul cuisinier vingt-huit marmites 
dans chacune desquelles se trouvaient neuf moulons J’allai 
m’enquérir du nombre des boutiques chez le surveillant du 
marché qui en avait le nombre exact sur un registre ; nous 
p*i. 31 t*. trouvâmes qu’il y en avait 7,000. Ces boutiques ne ressemblaient 
en rien à celles que l’on voit dans les villes, une seule de ces 
boutiques ressemblait plutôt à cent boutiques ordinaires, et 
encore les choses nécessaires à la vie se trouvaient contenues 
dans de grands sacs *. 

« On a dit que le camp avait été contaminé par le long séjour 
que les troupes y firent. Quand l’armée se transporta un peu plus 
loin, un épicier 9 donna comme récompense à ceux qui avaient 
déménagé ses marchandises, la somme de soixante-dix dinars 4 ; 
en résumé, le marché ancien et le marché neuf étaient quelque 
chose qui confondait l'intelligence humaine. Il y avait dans le camp 
plus de mille établissements de bains et la plupart de ceux qui les 
tenaient étaient des Maghrébins. Deux ou trois d’entre eux se réu- 
nissaient pour creuser la terre à la profondeur de deux coudées, 
l’eau jaillissait, ils prenaient de la terre et ils en faisaient un bas- 
sin qu’ils entouraient d’un rebord et ils couvraient le tout à l’aide 
d’une cloison de planches et un toit 6 . Ils allaient couper le bois 
qu’ils employaient dans les jardins qui -se trouvaient autour du 
camp, faisaient chauffer l’eau dans des chaudrons, et les hommes 
faisaient leurs ablutions dans ces bains pour un dirham (sic) ou 
même plus. » 

Le sultan continua le siège d"Akkâ jusqu’au moment où une 
capitulation l'en rendit maître, le deuxième jour du mois de Djou- 


1. Le texte dit « neuf tôtes de moutons »; on sait que le mot ra'as s’emploie 
couramment en arabe devant les noms d’animaux, comme kat'at « pièce » 
devant ceux des objets inanimés sans qu’il faille le traduire ; c’est ainsi qu’on 
dit en français, un troupeau de mille tètes. D’un côté, il est difficile d’admettre 
des chaudières assez grandes pour faire cuire neuf moutons entiers, d’autre 
part neuf têtes de mouton dans une chaudière ne devaient pas faire un 
fameux ragoût. 

2. Ou peut être « dans de grands coffres ». 

3. Litt. « un marchand d’huile », mais ce mot est rapidement arrivé à dési- 
gner celui qui fait le commerce d’épicerie. 

4. A peu près la valeur de soixante-dix de nos pièces de 20 francs. A une 
époque où la vie était à si bon compte, on voit que c’était une somme énorme 
pour des débardeurs ou des commissionnaires et qu’il fallait que le marchand 
eut une quantité prodigieuse de denrées. 

5. Litt. « une couverture ». 

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histoire d’égypte de makrizi 


25 


madâ premier. Il s’empara de toutes les sommes d’argent et des 
marchandises qui s’y trouvaient et rendit la liberté aux Musul- 
mans qui y étaient retenus prisonniers ; ils étaient au nombre de 
quatre mille. Il fit élever dans la cathédrale d’ 'A kkâ un menber 
sur lequel on fit la prière du vendredi *. 

Il donna 'Akkâ en fief à son fils al-Malik-al-Afdal, et il céda 
toutes les possessions qui appartenaient aux Chevaliers du Temple 
ainsi que les villages au juriste (falcih) Ziyâ-ad-Din-Tsa-al-Hakkari. 
Al-Malik-al-'Adil marcha avec l’armée égyptienne sur Madjdal- 
Yâba * ; il l’assiégea, s'en empara et prit tout ce qui s’y trouvait. 

Plusieurs forteresses des environs d”Akka furent conquises : 
c’étaient Nazareth *, Césarée \ Haïfa 5 , Saffoüriyya Ma'liya 7 , 
Shakïf, al-Manzala 8 et al-Thour ’. Les Musulmans pillèrent tout 


1. Ce qui revient à dire qu’il la transforma en grande mosquée. 

2. Le manuscrit de Makrizi porte Madjdal-Myânâ, qui est une faute évidente 
pour Madjdal Yàbâ. Cette localité, d’après Yâkoüt (Mo’djam-al-bouldân, 
tome IV, p. 418), est un village non loin de Ramla, où se trouvait une puis- 
sante citadelle. Ptolémée lui donnait les coordonnées suivantes : L. 78° 45', 
1. 33° 50'. A l’époque d’Aboulféda, cette citadelle était complètement ruinée 
(i Géographie , tome II, partie I, page 60). Djamâl-ad-Dîn-ibn-Wâsil nous 
apprend dans le Mofarradj-al-kouroüb (ms. ar. 1702, folio 13 verso), que ce fut 
sur l’ordre formel de Salâh-ad-Dln qu’al-Malik-al-'Adil alla attaquer Madj- 
dal-Yâbâ. 

3. En arabe, Nàsirah, nom d’un village bien connu, distant de treize milles 
de Tibériade. 

4. En arabe, Kaîsariyya, nom d’une ville située sur le rivage de la Méditer- 
ranée, distante de trois jours de Tibériade, l’une des plus grandes villes de 
l’antiquité. 11 y a, comme on sait, une autre ville qui porte le même nom, 
qui se trouve dans le pays de Roüm; elle fut durant un certain temps la capi- 
tale des sultans Seldjoukides. 

5. D’après Yâkoüt (Mo* djam-aUbouldân, tome II, page 381), Haifa est une 
forteresse sur la Méditerranée, près de Jaffa ; Godefroy de Bouillon l’enleva 
aux Musulmans en l’année 494. Il y a une autre localité de ce même nom près 
de Médine. 

6. Nom d’une petite localité non loin de Tibériade. 

7. Nom d’une petite localité située dans la même région que la précédenté. 
Djamâl-ad-Dïn l’appelle Ma'lnà ( Mofarraâj , ms. ar. 1702, folio 14 r°). 

8. Je n’ai trouvé de renseignements sur cette localité ni dans Yâkoüt, ni 
dans Aboulféda; elle devait n’avoir que fort peu d’importance. 

9. Le Mofarradj-al-kouroub-fi-àkhbàr-moloük-Bani-Ayyoûb, de Djamâl-ad- 
Dln (ms. ar. 1702, fol. 14 r*), donne à ce nom la forme Toül, qui est certaine- 
ment erronnée. Yâkoüt nous apprend dans le Mo'djam-al-bouldân (tome IV, 
page 556), que le mot tour signifie « montagne »; d’autres géographes préten- 
dent que la localité dont il est question dans ce paragraphe a été dénommée 
d’après Toür, fils d’ismaïl, fils d’ Abraham; on sait quelle valeur il convient 
d’attribuer à ces généalogies qui sont une des parties les plus importantes 
de la science des Musulmans ; on raconte môme que c’est sur cette montagne 
qui domine Naplouse et qui est un lieu de pèlerinage pour les Samaritains, 
qu’ Abraham s’apprêtait à sacrifier son fils, quand l’ange envoyé par Jéhovah 
arrêta son bras. Joürest une montagne qui s’élève à quatre farsakhs de Tibé- 
riade; il existe à son sommet une église, et chaque année une grande foire se 
tient en face de cette église. Le prince ayyoubite al-Malik-al-Mo'aththam-'Isà, 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ce qui s'y trouvait, et les femmes ainsi que les enfants furent 
réduits en captivité. 

Les villes de Sabastiyya 1 et de Nâbolos furent également prises. 
Le sultan Salàh-ad-Dîn écrivit au khalife * pour lui apprendre 


fils d’al-Maiik-al-'Adil-Aboü-Bakr y fit construire une citadelle. Le mot tour 
entre dans le nom de plusieurs localités de l’Asie antérieure; Toür-Zilâ, près 
de Ra'as-'Ain, Toür-Slnà (le Sinaï), non loin d'Ilah, Toür-'Abdln, forme 
syriaque que l’on rencontre assez souvent traduite en arabe par Toür-al-'Ibad, 
nom d'une petite ville qui dépend de Nislbln. 

1. Le manuscrit de Makrizï porte la leçon Savsatiyya, qui est une lecture 
médiévale de L£6otuTidt<; avec p=v. D'après un auteur nommé Ahmad-ibn-al- 
Tayyib-as-Sarakhsi qui écrivit un livre dans lequel il racontait l’expédition 
d’al-Mo f tadad contre Khomârouyya, cette Tille est proche de Soùmalsath et 
dépend de sa circonscription politique, mais Yâkoüt ( Mo'djam-al-bouldàn , 
tome III, page 33) nous affirme que c’est une localité distante de deux jours 
de Jérusalem, et qu’elle dépend de Nâbolos. 

Hosâm-ad-DIn, dit Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil ( Mofarradj , ms. ar. 1702, folio 14 
recto) vint à Sabastiyya, où se trouve le tombeau de Zakariyyâ (sur lui soit le 
salut!) et il la prit aux infidèles. De là, il marcha sur Nâbolos, y entra et 
investit la citadelle, dont la garnison demanda à se rendre. Les habitants qui 
étaient Musulmans (sic) y restèrent à condition de payer un tribut, mais on 
leur laissa leurs biens. A cette époque, le sultan fit écrire au khalife an- 
Nâsir-li-dîn- Allah par le Kàtib *Imàd-ad-DIn ; une lettre qui commençait par : 
« Nous avons écrit dans les Psaumes, après l’Invocation: Certes, ce sont 
nos serviteurs vertueux qui hériteront de la terre ! Louanges soient rendues 
à Allah qui a accompli cette promesse et qui a fait triompher notre loi sur 
toutes les religions de jadis et sur toutes celles de l’avenir. » 

2. Voici la traduction d’une lettre écrite par ordre de Salàh-ad-Dïn après la 
bataille de Hittîn au gouverneur de Tinnls ; le texte nous en a été conservé 
par l’auteur de Y Histoire des Patriarches d’Alexandrie (ms. ar. 302, page 263). 

« Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux. 

» Louanges à Dieu qui a éloigné de nous l’affliction ! Certes, notre Dieu est 
miséricordieux et nous devons nous confondre devant lui en remerciements! 
Cette lettre est écrite à l’émir très glorieux, le maréchal ( isfahsàlâr ), notre 
intime, Hosàm-ad-Dîn, le glaive des champions de l’Islamisme, le pilier qui 
étaye le pouvoir des rois et des sultans, le familier du Commandeur des 
Croyants; qu’AUah continue son élévation et protège sa viel Elle contient 
l’exposition de ce que nous a procuré l’aide du Dieu auguste, des victoires 
éclatantes qui ont été remportées et des triomphes par lesquels ont été effa- 
cées les traces des infidèles et fortifiés les cœurs des vrais croyants. Nous 
devons rendre grâce à notre Dieu, implorer humblement son pardon et glori- 
fier sa magnificence. Allah, que son nom soit glorifié et exalté! connaissait les 
intentions du sultan et la fermeté de sa foi, et il l’a aidé; il savait combien 
étaient sincères les desseins qu’il avait formés d’aller combattre les infidèles, 
aussi il lui a donné secours, il l'a protégé et il lui a fait remporter la victoire; 
il a raffermi le cœur de ses soldats contre ceux qui nient qu’il est l’Unique, le 
Seul et qui ne croient pas en lui. Il a fait périr par son glaive le sultan de 
l'infidélité [le prince Renaud de ChàtillonJ et il l’a précipité dans la tombe. 

« La lettre que nous avons reçue du sultan [Salàh-ad-Din], le lundi', quatrième 
jour du mois de Djoumadâ premier, datée du vendredi (précédent), nous 
apprend en abrégé les bonnes nouvelles des victoires qu’Allah a daigné lui 
accorder; elle mentionne le triomphe qui a été fatal aux ennemis de Dieu. Il 
nous énumère les grâces dont Allah l’a gratifié, depuis le jeudi, vingt-troi- 
sième jour du mois de Rabf second jusqu’au jeudi, trente de ce même mois; 
c’est le premier de ces jeudis, qu’il a conquis Tibériade et le vendredi et le 

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histoire d’égypte de makrizi 27 

la conquête de ces villes ; al-Malik-al-'Adil vint mettre le siège 
devant Jaffa et s’en empara d’assaut; il livra la ville au pillage, 
il emmena les femmes en captivité et fit enchaîner les hommes. 
Al-Mothaffar-Takï-ad-Dïn-'Omar assiégea Tibnln * où le sultan 


samedi suivants, l’armée des Francs a été écrasée et mise en déroute, leurs 
villes ont été abandonnées, leurs forteresses ont été arrachées à leurs mains et 
les étendards de l’Islamisme flottent seuls sur leurs murailles; les maudits 
infidèles ont été rendus à l’enfer qui les avait vomis et ils y sont dévorés par 
les flammes. Le dimanche, Tibériade se rendit, et le prince Arnât fut tué 
de la main auguste du sultan; le roi est demeuré prisonnier de guerre ainsi 
que son frère, le grand maître des Templiers, Honfroi flls d’Honfroi, le prince 
de Karak, le prince de Djobeïl et le prince de Tell-al-Sâfltha. Le lundi sui- 
vant, plus de deux cents chevaliers appartenant à l’ordre du Temple et de 
l’Hôpital ont été massacrés à la porte de la tente du sultan. Le mardi, le sul- 
tan décida de se rendre devant 'Akkâ dans l’intention de l’assiéger; le mer- 
credi, il arriva devant cette place et il y mit le siège ; le jeudi, elle capitula et 
l’étendard victorieux (du sultan) fut arboré sur sa vaillante citadelle; l’Isla- 
misme y fut rétabli comme dans sa patrie ; il revint à sa demeure et son dia- 
mant retourna à sa mine. Le vendredi, dernier jour du mois de Djoumâda 
premier, on y fit la khotba de l’Islamisme dans sa mosquée suivant les règles 
établies, l’appel des muezzins y remplaça la sonnerie des cloches et les doc- 
trines des Unitaires furent proclamées par ceux dont la langue était liée et qui 
étaient forcés de se taire. Pendant ce môme laps de temps, Nâsiriyya, Saffoü- 
riyyah, Ilalfa, Foula et Tour étaient conquises; Iskendérounèh et Nâbolos ont 
offert de se rendre; les satans Francs ont abandonné la lutte à Tibnln. 

« La lettre auguste du sultan nous donne les renseignements suivants sur le 
nombre des morts : tous les Francs qui se présentèrent au combat furent tués, 
sauf le Comte qui a échappé à la hart, car saisi d’une crainte épouvantable, il 
s’est enfui vers Tyr avec un très petit nombre de chevaliers et ils sont restés 
quelque temps dans cette ville. La lettre nous dit que le nombre des tués et 
des prisonniers s’élève à plus de vingt mille hommes. Rendons grâces à Allah, 
caron ne connaît pas de pareille victoire dans l’Islam; jamais Allah n’a per- 
mis de pareilles conquêtes et de si grands triomphes, car il n’a même pas péri 
dix Musulmans. Gloire à Allah pour la gloire qu’il a accordée au sultan et qui 
réjouit le visage de ceux qui ont combattu dans cette journée. Nous implorons 
le secours d’Allah, et nous nous sommes décidé à nous rendre devant 'Akkâ 
au camp victorieux du sultan, qu’ Allah lui donne la santé ! Nous écrivons cette 
lettre à l’émir pour qu’il se réjouisse de la bonne nouvelle que nous lui appre- 
nons et qui intéresse tous les Musulmans, étant une grâce accordée à tous, 
grands et petits. » 

1. Tibnln est une petite ville entre Damas et Tyr. Al-Malik-al-Mothaffar-Taki- 
ad-Dln-’Omar, dit Djamâl-ad-Dln-ibn-Wàsil (Mofarradj-al-kouroüb, ms. ar. 1702, 
folio 14 v°), assiégeait la citadelle de Tibnln sans pouvoir s’en rendre maître; 
il écrivit à son oncle le sultan Salâh-ad-Dîn pour le prier de venir à son aide. 
Le sultan partit d’ f Akkà, le huitjème jour du mois de Djoumâda premier et 
arriva devant Tibnln, le onze de ce môme mois ; il l’investit aussitôt et fit don- 
ner l’assaut. Tibnln est une forteresse très fortement située sur le sommet 
d’une montagne. Au bout de quelque temps, les assiégés envoyèrent demander 
au sultan de capituler; il le leur accorda aux conditions qu’il avait l’habitude de 
fixer aux Francs; ils demandèrent un délai de cinq jours pour se retirer avec 
tout ce qui leur appartenait et ils rendirent la liberté à plus de deux cents pri- 
sonniers musulmans, après quoi, ils se retirèrent à Soür; le sultan prit posses- 
sion do Tibnln, le dix-neuvième jour du mois de Djoumàdâ premier. Il avait 
imposé aux Francs la condition d’abandonner leurs munitions, leurs bêtes de 
somme et leur trésor. 

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ol 32 r*. 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 

vint le retrouver et il poussa activement le siège jusqu’au moment 
où il s’en empara par capitulation, le dix-huitième jour du mois 
de Djoumâda 1 er ; les habitants de cette ville se réfugièrent à Soûr. 
Le sultan s’empara des armes et des munitions de guerre, des 
bétes de somme et de l’argent qui s’y trouvait. De là, il marcha 
contre Sarkhad 1 et s’en empara sans coup férir. Il revint ensuite 
sur Saidâ 2 , dont la population s’était enfuie en abandonnant la 
ville. Le sultan s’en empara le vingt et unième jour de ce mois; 
il alla ensuite mettre le siège devant Bairoüt 3 qu’il pressa d’at- 
taques durant huit jours jusqu’à ce que la population demandât 
à capituler; le sultan l’ayant accordée, prit possession de la ville, 
le vingt-neuvième jour du môme mois, puis il s’empara de Djo- 
bail. Le nombre des prisonniers Musulmans qu’ Allah délivra de 
la main des Francs dans le courant de cette année s’éleva à plus 
de vingt mille, tandis que les Musulmans firent prisonniers cent 
mille Francs. 

Cette année mourut le Comte, prince de Taràbolos; le Marquis 
[de Montferrat], l’un des Francs les plus fourbes qui aient jamais 
existé, se rendit à Sour où trouvaient rassemblés un grand nom- 
bre de Francs; il devint leur prince et fortifia la ville. 

Après la conquête de Bairoüt, le sultan se mit en marche et 
alla s’emparer de Ramla, de Khalil (Hébron) et de Betléhem. Il fit 
sa jonction avec sou frère al-Malik-al-'Adil et tous les deux vin- 
rent mettre le siège devant Ascalon, le seizième jour du mois de 
Djoumâda second ; ils dressèrent les mangonneaux contre cette 
ville et la pressèrent tellement d’attaques qu’elle se rendit à la 
fin de ce môme mois. Les Francs, qui habitaient à Ascalon, se 
rendirent à Jérusalem après y avoir dominé durant trente-cinq 
ans. Le sultan s’empara également des citadelles des chevaliers 
de l’ordre du Temple, c’est-à-dire de Ghaza, de Natroün et de 
Beit-Djibril \ 


1. Ville qui dépend de la province de Haüràn; Hadji-Khalïfa nous apprend, 
dans son traité de géographie intitulé Djihàn-Numâ , qu’on y voyait des jar- 
dins et des vignes; les habitants n’y buvaient que de l’eau de pluie. Elle est 
située sur le chemin de Baghdad, et on s’y rend en dix jours en été. 

2. Ces deux villes sont assez connues pour que je me dispense de donner 
sur elles des détails empruntés aux géographes orientaux. 

3. Djoball, qui est le diminutif de djàbal « montagne », est une ville qui 
dépend de Damas ; ses coordonnées sont L. 60®, 1. 34® ; elle est située à huit far - 
sakhs de Belrout. Yâkoüt nous apprend dans le Mo'djam-al-bouldân, tome II, 
page 33, que le sultan Salâh-ad-Din y mit une garnison composée exclusive- 
ment de Kurdes quand il l’eut conquise, et qu’en 593 elle retomba aux mains 
des Francs. 

4. Aussi appelée Balt-Djïbrln ; nom d’une petite ville entre Jérusalem et 
Ghaza, distante de Jérusalem de deux étapes; la distance est un peu moins 

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histoire d'égypte de makrizi 


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Le sultan* fut rejoint devant Àscalon 1 par son fils, al-Malik-al- 
Azïz-'Othmân qui venait d'Égypte et par la flotte qui était com- 
mandée par le hàdjib Loü’loü’. — Avant la prise d’Ascalon, le 
soleil s'était éclipsé en plein jour au point que le firmament était 
devenu tout noir et que les étoiles étaient apparues. Ce phéno- 
mène eut lieu le vendredi, vingt-huitième jour du mois de 
Djoumâda second. 

Le sultan se remit en marche après que les troupes se furent 
réunies autour de lui pour aller s’emparer de Jérusalem. Il y mit 
le siège le dimanche, quinzième jour du mois de Radjah; il y avait 
dans cette place une grande quantité de troupes franques *. 
Les Musulmans dressèrent les mangonneaux contre la ville, et 
des deux côtés on se livra un combat acharné dans lequel furent 
tués un certain nombre de Musulmans; mais Allah vint à leur 
secours, et ils occupèrent le mur de la ville et le minèrent. Ils 
étaient sur le point de s’emparer de Jérusalem quand, au môme 
moment les Francs demandèrent à capituler *; le sultan leur 


grande jusqu’à Ghaza (Yàkoüt, Mo'djam , tome I, p. 774); d’après Hadji-Kha- 
lifa, une partie de cette localité est bâtie sur la pente d’une montagne, l’autre 
partie en plaine ; son faubourg se nomme Daroüm ; on y trouve des carrières 
de marbre. 

1. D’après Djamàl-ad-Dîn-lbn-Wàsil ( Mofarradj-al-kouroûb , ms. ar. 1702, 
folio 16 verso), le sultan Salàh-ad-Dîn fit venir de Damas devant 'Askalân le 
roi des Francs et le grand maître de l’ordre du Temple et sur ses injonctions, 
ils prièrent les Francs de rendre la ville au sultan. Ceux-ci refusèrent abso- 
lument d’agir ainsi et insultèrent le roi et le grand-maître ; cela détermina 
$alàh-ad-Dln à traiter la ville avec la plus grande rigueur. Au bout de quelque 
temps les habitants et la garnison voyant que leur résistance était inutile 
envoyèrent leur prince au sultan pour obtenir une capitulation ; Salàh-ad-Dîn 
la leur accorda et prit possession de la ville après quatorze jours de siège; 
les habitants se retirèrent à Jérusalem. Un des émirs de Salàh-ad-Dîn, l’émir 
Hosâm-ad-Dîn-ibn-Ibrahîm-ibn-Hosaln-al-Hamadhàni fut tué devant cette 
ville. Le sultan resta devant ’Âkkà jusqu’à ce que ses officiers se fussent 
emparés des citadelles des chevaliers de l’ordre du Temple; il se mit alors en 
marche pour Ghazâ. 

2. Les événements qui signalèrent la prise de Jérusalem et les diverses cir- 
constances qui accompagnèrent cette mémorable victoire du sultan Salàh-ad- 
Dîn sont trop connues pour que je croie utile d’extraire du Mofarradj-al- 
kouroüb-fi-akhbdr-moloük-Benî-Ayyoüb le récit qu’en donne Djamâl-ad-Dln- 
ibn-Wâsil. Il ne diffère pas sensiblement de celui que l’on trouve dans le 
Kâmil-fi--t-tawàrihh d’Ibn-al-Athir, le Kitâb-ar-raudatain-fi-akhbar-ad-daû- 
lataîn de Shihâb-ad-Dîn-'Abd-ar-Rahmân-ibn-Isma'Il-al-Mokaddasi, plus connu 
sous le nom d’Aboû-Shàma, et dans le Ouns-al-djalll-bi-ta’arikh-al-Kouds- 
wa-l-Khalil de Modjîr-ad-Dln-Aboü-’l-Yaman-'Abd-ar-Rahmân-ai-'Alîml. Le 
récit de l’auteur de Y Histoire des Patriarches d* Alexandrie que l’on va trou- 
ver dans les pages suivantes offre un intérêt beaucoup plus grand. 

3. Voici comment l’auteur de Y Histoire des Patriarches d* Alexandrie raconte 
la prise de la ville sainte (ms. ar. 302, page 267) : 

L’armée investit Jérusalem de tous les côtés; les Musulmans firent la prière 
sur la montagne qui se trouve près de la ville et ils s’élancèrent au combat 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


accorda ce qu'ils demandaient après avoir fait de grandes diffi- 
cultés, à condition que chaque homme paierait pour sa rançon 


quand elle fut terminée. Un grand chevalier nommé Bâliân, fils de Barizân, 
un des plus estimés parmi les Francs, se trouvait alors dans la ville ; la ville 
de Ramla formait son fief et il était entré le jour même dans Jérusalem. Ce 
fut lui qui prit la direction de la défense et qui répondit aux attaques du 
sultan. Salâh-ad-Dïn lui envoya un message par lequel il lui enjoignait de 
mettre bas les armes, mais il refusa. Il y avait alors dans Jérusalem un 
Chrétien melkite, nommé Joseph el-Bàtït qui était allé à Damas et qui y avait 
demeuré ; il y avait connu Salâh-ad-Dïn et ses frères avant qu’il ne fût 
devenu sultan; il avait également connu son père (Nadjm-ad-Dïn-Ayyoüb) et 
son oncle Asad-ad-Dln-Shîrkoüh qui se trouvaient à Damas au service de 
Noûr-ad-Dïn-Mahmoüd-ibn-Zengï. Quand Salâh-ad-Dïn fut devenu souverain 
de l’Egypte, il les vint trouver pour leuf demander leur protection ; ai-Ma- 
lik-al-’Adil-Aboü-Bakr, frère de Salâh-ad-Dïn le prit auprès de lui et le 
combla de bienfaits; il l’installa chez lui dans le palais du khalife dans le 
vestibule de la Porte d’Or dans le Palais Oriental au Kaire. Salâh-ad-Dïn 
l’avait déjà envoyé plusieurs fois en ambassade auprès des princes Francs, 
de telle sorte qu’il connaissait parfaitement leur situation ainsi que celle de 
leurs états et qu’il avait des relations avec les principaux chevaliers. Quand 
Salâh-ad-Dïn vit que la lutte serait rude et qu’il ne pourrait pas s’emparer 
de Jérusalem, il fit venir Joseph-el-Batït et il s’entendit avec lui pour qu’il 
allât trouver les Chrétiens melkites (de Jérusalem) et qu’il leur promit 
toutes sortes de bienfaits s’ils n’aidaient pas les Francs à défendre la ville, et 
s’ils consentaient à la lui rendre ; il leur fit donner en même temps beau- 
coup d’argent. Quand Bâliàn-ibn-Bârizân apprit cela, comme les Melkites 
étaient en beaucoup plus grand nombre que les Francs, il eut peur qu’ils ne 
livrassent la ville (au sultan) et qu’ils ne tuassent la garnison franque tout 
entière; il se résolut alors à capituler et à payer une contribution de guerre 
pour chaque Franc qui se trouvait dans la ville.... Quand Sâlâh-ad-Dïn se fut 
ainsi emparé de Jérusalem, il écrivit au général qui gouvernait en son nom 
l’Ègypte. Cette lettre était adressée à l’émir Nasïr-ad-Din-Khidr-ibn-Bahrâm, 
gouverneur de la partie occidentale de l’Egypte, qui fut investi de ces fonc- 
tions au mois de Shavvâl de l’année 581, et qui les occupe encore au moment 
où nous rédigeons cette biographie, au mois de Shavvâl de l’an 603 de l’hégire. 
Voici le texte de cette missive : 

« Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux : 

« Nous écrivons au noble émir, le maréchal [al-isf ahsalâr-al-kabir) Nasïr-ad- 
Dïn, la gloire de l’Islamisme, la colonne qui soutient les champions de la Foi, 
l’intime du Commandeur des Croyants, (qu’Allah le gratifie longtemps de ses 
faveurs, qu’il augmente ses dignités, qu’il multiplie ses dons et qu’il rende ses 
projets plus redoutables (à ses ennemis)! 

Nos étendards viennent d’être arborés sur les remparts de la Ville Sainte 
(que Dieu la protège 1) et ce sont nos commandements qui y sont exécutés. Les 
jours de nos ennemis les infidèles sont passés, ce sont les nôtres qui sont 
arrivés, et c’est par l’ordre d’Allah que nos pas ont foulé ce sol (peut-être, s’y 
sont affermis). Le siège a duré treize jours, mais nous n’avons combattu avec 
l’épée que pendant sept jours; le reste du temps, nos balistes ont lancé leurs 
projectiles jusqu'à ce qu’ils aient renversé les murs et qu'ils les aient broyés; 
les créneaux se sont effondrés et se sont réduits en poussière. L’Unité d'Allah 
y a été proclamée définitivement; les rites des Hanéfites y sont devenus 
manifestes et on les y a honorés. Comment une petite pierre pourrait-elle faire 
reculer une haute montagne ? et de quel droit l’erreur prétendrait-elle com- 
battre la vérité? Est-ce que l’on peut comparer le premier essor d’une perdrix 
aux résolutions des héros vaillants? Depuis le jour de l’investissement jus- 
qu’au jour où la ville s’est rendue, les infidèles n’ont fait que se plaindre et 

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histoire d’égypte de makrizi 


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dix dinars égyptiens, qu’il fût riche ou qu’il fût pauvre, que chaque 
femme paierait cinq dinars et chaque enfant, garçon ou fille, 


se quereller en vain. Il ne s’est pas passé de jours qu’il n’y ait eu de leurs 
soldats faits prisonniers, des blessés et des morts ; quand ils ont vu ce spec- 
tacle, leur ardeur s’est éteinte et leurs grandes résolutions se sont évanouies ; 
car déjà les remparts de leur ville s’étaient écroulés, les ailes de leurs bas- 
tions étaient détruites, et les créneaux de leurs citadelles étaient tombés dans 
leurs fossés; leurs lourdes tours ont été ébranlées par le tir rapide de nos 
balistes et par les atteintes de leurs projectiles (litt : par les doigts de leurs 
flèches); ils ont compris devant le rugissement des lions qu’il n’y avait aucun 
espoir de salut, que l’erreur allait être effacée par la Vérité et la vraie direc- 
tion; ils ont vu que leur domination avait pris fin et que les décrets du Ciel 
étaient inéluctables. Leur ville l on y entrait de tous côtés pour fondre sur eux ; 
ils étaient enchainés dans les liens de la famine et de l’investissement; un 
soupçon traversa leur esprit et se confirma; leur ville allait tomber au pou- 
voir des vrais amis de Dieu tandis qu’eux n’étaient plus justiciables que de 
l’épée et des flammes de l’Enfer; la Mosquée Lointaine ( al-masdjid-al-aksâ ) 
avait revêtu sa parure de fête et les bijoux de sa réjouissance, tandis qu’eux 
étaient revêtus des haillons de la misère et de la détresse. Pour faire con- 
traste avec leur triste situation, l’Islam recevait des dons et des faveurs conti- 
nuels; Allah répandait ses grâces sur les Musulmans et l’armée victorieuse 
regorgeait des choses qui lui étaient nécessaires. 

« Le vendredi, sixième jour du combat, et vingt-sixième jour du mois de 
Radjab, la mort fondit sur eux de toutes parts, leurs efforts furent perdus, 
et leur impuissance devint manifeste ; les vrais croyants se précipitèrent à 
l’assaut, les Unitaires s’élancèrent à l’attaque, ils se suspendirent aux cré- 
neaux des remparts. Les Musulmans fondirent sur eux (les défenseurs de 
Jérusalem) et ils tenaient dans leurs mains la coupe de la mort. Ils crurent 
alors que les montagnes s’étaient mises en marche pour les écraser sous leur 
masse et que les murailles s’avançaient pour les anéantir, et la mort plana 
sur leurs âmes. C’est alors qu’ils se décidèrent à implorer une capitulation et 
à offrir de rendre leur ville; ils envoyèrent des ambassadeurs pour proposer 
le paiement d’une rançon et ils demandèrent que l’on en fixât la quotité par 
tète pour se racheter du massacre, bien que cela leur fût très pénible. Ce n’est 
pas volontiers qu’ils ont donné des trésors auxquels personne ne pouvait 
toucher depuis longtemps, mais ils ont préféré choisir ce moyen plutôt que 
de subir le châtiment de l’épée. On a alors fait des conventions qui ont réjoui 
le Prophète. Il a été arrêté que chaque homme paierait dix dinars, que 
chaque femme en paierait cinq, et que tout enfant non parvenu à l’âge de 
puberté n’en paierait qu’un seul. Le nombre des gens qui se trouvaient dans 
la ville était d’environ cent mille ou même plus ; ils ont racheté sept mille 
personnes qui ne pouvaient payer la somme requise et dont la rançon totale 
s’élevait à 30,000 dinars; ils ont fait cela par charité et ils ont donné avec 
empressement de l’argent, jusqu’aux derniers des habitants ! 

« Gloire à Dieu qui a renversé leur fortune, qui a réduit à rien leurs pré- 
tentions; qui a anéanti leur orgueil par l’épée d’al-Malik-an-Nâsir ; louanges 
à Dieu qui a délivré de leurs mains la Mosquée Lointaine ( al-masdjid-al- 
aksâ ) à laquelle il a transporté son Serviteur durant la nuit, à Dieu qui a 
exécuté toutes les promesses qu’il avait faites précédemment. Que l’émir 
prenne sa part de ces bonnes nouvelles qui viennent d’arriver et qui ré- 
jouissent les cœurs, des nouvelles qui remplissent les mains de trésors, des 
conquêtes des provinces et des villes sur lesquelles se lève le soleil de la 
victoire; la trame de nos jours a été tissée de la soie des événements for- 
tunés. Nous t’ordonnons d’annoncer ces nouvelles aux sons des instruments 
et de pavoiser la ville ». 

Le même auteur raconte dans Y Histoire des Patriarches d* Alexandrie 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


deux dinars. Ensuite, il fut convenu que tous les indigents recou- 
vreraient leur liberté contre le versement global d’une somme 
de trente mille dinars. 

Les Musulmans prirent possession de Jérusalem le vendredi, 
vingt-septième jour du mois de Radjab, et ils en expulsèrent les 
Francs qui s’y trouvaient au nombre d’environ soixante mille, 
après en avoir retenu prisonniers près de seize mille, tant hommes 
que femmes et enfants, qui ne pouvaient payer la rançon fixée. 
Les Musulmans prirent comme rançon aux Francs trois cent mille 
dinars misris, sans compter les sommes que les émirs perçurent 
et ce qui n'alla pas dans le trésor par suite de fraudes. 

Les Francs de Jérusalem allèrent chercher un refuge à Çoür f . 
Quand les Musulmans eurent appris la conquête de Jérusalem, il 
arriva de tous côtés des gens, à pied et à cheval, pour visiter la 


(tome II, ms. ar. 302, pages 265 et ssq.) une histoire bizarre sur la façon dont 
un roi Beaudouin se serait emparé de Jérusalem : 

Suivant lui, les Musulmans permettaient aux Chrétiens de venir en pèle- 
rinage à Jérusalem à la condition de payer une rétribution. Beaudoin y vint 
habillé en pèlerin de façon à ne pas être reconnu ; il arriva à Jaffa avec six 
navires de guerre dont chacun portait mille hommes. Le gouverneur de Jaffa 
avertit celui de Jérusalem de l’arrivée de ces six mille pèlerins. Le général qui 
commandait à Jérusalem craignit que ces six mille hommes, entrant à la fois 
dans la ville sainte ne causassent du désordre, aussi il écrivit à son collègue 
de Jaffa de les diviser en deux troupes de trois mille hommes et de ne laisser 
partir la seconde que quand la première serait revenue. Beaudoin dut se rési- 
gner à subir cette mesure et il partit déguisé, avec trois mille hommes; une 
fois arrivé devant Jérusalem, il en fit le tour, examina avec grande attention 
ses murailles et trouva un point qui lui parut plus faible que les autres et par 
lequel une attaque avait des chances d’être couronnée de succès. Il écrivit 
immédiatement au chef des trois mille hommes qui étaient demeurés à Jaffa, 
de tomber, le mardi suivant, sur la population de la ville et de la massacrer 
pendant qu’il en ferait autant à Jérusalem avec les gens qui l’y avaient accom- 
pagné. Tout se passa comme Beaudouin l’avait commandé et, le mardi, les 
deux villes tombèrent au pouvoir des Francs ; l’auteur de l ’ Histoire des Pa- 
triarches d'Alexandrie fait remarquer que c’est également un mardi que les 
Musulmans reprirent Jérusalem aux Chrétiens. 

1. Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil (ms. ar. 1702, folio 16 recto) raconte que cette 
année il arriva sur les côtes de Palestine une escadre franque venant de l’Occi- 
dent; ceux qui la montaient avaient l’intention d’aller faire le pèlerinage de 
Jérusalem et ils ignoraient ce qui était arrivé aux Francs de Syrie. Ils abor- 
dèrent à 'Akkâ, pensant que cette ville leur appartenait, mais ils n'y virent 
rien qui rappelât la manière dont les Francs recevaient les vaisseaux qui 
venaient du large, et ils n’entendirent pas sonner les cloches. Tout ce qu’ils 
voyaient montrait qu'un grand changement s'était produit; ils mouillèrent, 
car le vent avait molli. Al-Malik-al-Afdal-Noür-ad-Dïn, gouverneur d”Akkâ, 
envoya un de ses officiers à bord d’un navire de l’escadre pour les reconnaître 
et voir ce qu’ils voulaient. L’officier leur apprit la déroute des Francs, la 
prise d’ 'Akkâ et de bien d’autres villes, et que Soür et 'Askalàn étaient encore 
en la possession des Francs. Comme le vent était complètement tombé et 
qu’ils ne pouvaient bouger, les Francs demandèrent la permission d’entrer 
dans le port avec leurs bagages, ce qui leur fut d’ailleurs accordé. 

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histoire d’égypte de makrizi 33 

ville, de telle sorte qu'il s’y trouva un nombre incalculable de 
personnes. 

On y fit la prière du Vendredi, le quatrième jour du mois de 
Sha’bân et ce fut le kadi Mohyî-ad-Dîn-ibn-Zakî-ad-Dîn qui r revêtu 
de vêtements noirs, prononça un sermon éloquent dans lequel il 
pria pour le khalife an-Nàsir et pour le sultan Salâh-ad-Dîn. Après 
les prières, Zaîn-ad-Dîn-ibn-Nadjà se leva et harangua la foule; 
le sultan ordonna de recouvrir de marbre le mihrâb d'Omar; on 
transporta son admirable menber (chaire) d'Alep, et on le dressa 
dans la Masdjid-al-aksa. On anéantit toutes les traces du christia- 
nisme que l'on trouva et on lava la Sakhra avec de l’eau de rose. 

On y fit des travaux de menuiserie, on étendit des tapis et on pré- Foi. 32 y. 
posa quelqu'un à la mosquée pour y accomplir les cérémonies du 
culte; on y adjoignit également un collège pour les juristes de la 
secte de Shafé'i et on ferma l'église du Saint-Sépulcre; on la rou- 
vrit ensuite et l'on fixa une somme que devraient payer ceux des 
Francs qui voudraient la visiter. On envoya la nouvelle de cette 
victoire au khalife ainsi que dans tous les pays. Le sultan partit de 
Jérusalem le vingt-cinquième jour du mois de Ramadhàn (atc) pour 
se rendre à f Akkâ, et al-Malik-al- f Azîz- f Othûiàn s'en retourna en 
Égypte. Tel fut le dernier grand triomple de Salàh-ad-Din. — Al- 
Malik-al- f Adil partit avec le sultan et ils arrivèrent à f Akkâ le 
premier jour du mois de Ramadhàn; de là, le sultan se rendit à 
Soür, le neuvième jour de ce même mois; c'était une ville forte- 
ment défendue et les Francs y avaient pris toutes leurs précau- 
tions pour y soutenir un siège. Les troupes vinrent rejoindre le 
sultan qui fit dresser plusieurs mangonneaux contre la ville et 
l'investit; il envoya à la flotte égyptienne l'ordre de venir devant 
Soür. Dix navires arrivèrent et la lutte s'engagea sur terre et sur 
mer; les Francs capturôreut cinq navires. — Sur ces entrefaites, 
le sultan Salàh-ad-Dîn reçut une lettre du khalife qui lui faisait de 
violents reproches et désavouait sa conduite. Le sultan lui répondit 
par une lettre dans laquelle il se justifiait. — Il leva le siège de Soür 
à la fin du mois de Shavvâl et les troupes rentrèrent dans leurs 
foyers. Il demeura à 'Akkà pendant qu'al-Malik-al- f Adil retour- 
nait en Égypte. — Les Francs arrivèrent de nuit à la forteresse 
de Kaükab massacrèrent un certain nombre de Musulmans et 
pillèrent tout ce qui s’y trouvait. — Le sultan reçut à f Akkâ des 
ambassadeurs de l'empereur grec 2 , des rois de l’Trâk et du Kho- 


1. Nom d’une citadelle située sur une montagne proche de Tibériade ; elle 
domine le Jourdain. Yàkoüt ( Mo'djam-al-bouldàn , tome IV, p. 328). 

2. Après la prise de Jérusalem, Saladin avait envoyé à l’empereur Isaac II 

Rrv. db l’Or, latin. T. IX. 3 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ras&n qui lui présentèrent les félicitations de leurs souverains 
pour la prise de Jérusalem. 

Cette année, le Soleil, la Lune, Mars, Vénus, Mercure et Jupiter, 
Saturne et la constellation de l’Ours furent en conjonction dans le 
signe de la Balance à la quatorzième heure. Les astronomes se 
réunirent tous et ils jugèrent qu’il y aurait un ouragan terrible; 
il se produisit, comme ils l'avaient annoncé, et à l’heure qu’ils 
avaient fixée. La surface de la terre fut bouleversée, depuis le 
commencement de ce cyclone jusqu’au moment où il cessa ; 
l’ouragan ne laissa rien sur son passage que des animaux morts, 
il renversa tous les arbres et déracina toutes les plantes; ce fut 
surtout le pays de Roum ( ar-Roam ) qui fut maltraité par ce phé- 
nomène surnaturel ; les hommes crurent un instant que le jour du 
jugement dernier s’était levé; les hôtes des cavernes et des grottes 
s'enfuirent sur les montagnes ou se précipitèrent dans les pièges 
qui leur étaient tendus, par suite de l’épouvante que ce cata- 
clysme leur inspirait. Les gens disaient que les anciens avaient 
prédit des événements effroyables à l’occasion de cette conjonc- 
tion et que c’était la fin du monde. Cela se passa au mois de 
Masori; et en Djoumàda second, le vingt-septième jour de ce mois, 
le mardi, avec la nuit et le jour de mercredi, pas un souffle de vent 
ne se fit sentir et le Nil ne fut plus agité; le fleuve était alors au 
plus haut point de sa crue dans ce mois de Masori; à cette époque 
de l’année, il est régulier que le vent souffle depuis le commen- 
cement de l’après-midi jusqu’à la nuit tombante contre le fleuve, 
de telle sorte qu’il y produit des vagues ‘ ; cette nuit, il n’y eut 
rien de semblable, ni le jour suivant. Les gens montèrent sur la 
Foi. 3j f. terrasse de leurs maisons avec des flambeaux allumés, pour voir 
quel était l’état de l’atmosphère, mais la flamme ne bougea pas; 
les hommes furent dans une grande anxiété par suite de la con- 
jonction de ces astres, mais c’était contre les Chrétiens (ar-Roam) 
qu’ Allah dirigeait les présages de ces étoiles ; ce furent elles qui 
donnèrent la victoire au sultan Salah-ad-Dîn, et ce fut par elles 
qu’il fit prisonniers les chefs des Francs et qu’il les vainquit. A l’Est 


des ambassadeurs pour lui apprendre l’heureux succès de ses campagnes; il lui 
faisait remettre en même temps 190 prisonniers grecs qu’il avait trouvés dans 
les cachots des villes enlevées aux Francs; Isaac les reçut avec les plus grands 
honneurs et lui envoya une ambassade composée d’Avestot, Aspion et Cons- 
tance, pour lui porter une couronne d’or et renouveler le traité d’alliance qui 
avait été conclu avec lui. (Ed. de Murait, Essai de chronographie byzantine, 
Saint-Pétersbourg, 1871, tome I, p. 230.) 

1. C’est-à-dire que le vent souffle du large et refoule les flols du Nil, en pro- 
duisant une sorte de mascaret. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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comme à l’Ouest, la terre fut remplie de captifs ; Jérusalem fut 
prise, et plus d’un de ceux qui avaient été effrayés par ce cyclone 
prit part à cette glorieuse conquête : les uns y furent tués, les 
autres revinrent sains et saufs. — Le seizième jour du mois de 
Djoumada second, la caravane partit de Damas pour le Kaire; 
ce fut la première caravane qui put traverser la Palestine 
(Sàhel) sans crainte d’être attaquée ou sans avoir à payer de 
rançon. — Cette même année, Baha-ad-Dîn-Karakoüsh-al-Takavî 
s’empara de plusieurs villes du Maghreb; le sultan de ce pays 
Ibn-'Abd-al-Moü'min, lui livra bataille sous les murs de Tunis, 
mais il fut écrasé de telle sorte qu’au mois de Rabr premier, on 
récita la khotba dans cette contrée, au nom du sultan Salah-ad- 
Dîn-Yoüsouf ; cependant, Ibn-'Abd-al-Moü'min rassembla ses 
troupes et livra de nouveau bataille à Karakoush; celte fois, il le 
mit en déroute et le força à s’enfuir dans le désert. — Cette même 
année, le sultan ordonna de retirer de la circulation les pièces sur 
le change duquel on ne parvenait pas à s’entendre, ce qui causait 
un grand dommage à la population. Il enjoignit de ne plus frapper 
que des dinars en or égyptien et des dirhems en argent pur, et il 
proscrivit le cours des dirhems noirs parce qu’on était obligé de 
les peser à la balance *. Ces mesures satisfirent pleinement le 
public. 


Année 584. 

Dix-huitièhe année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir- 
Salah-ad-Dïn en Égypte *. 

Cette année, le sultan assiégea durant quelque temps la cita- 


1. Parce que ces pièces d’argent étaient frappées avec des flans de poids 
très inégaux. 

2. On lit ce qui suit dans Y Histoire des Patriarches d’Alexandrie (ms. ar. 
302, p. 271). « Le sultan vint investir la Forteresse des Kurdes et il en fit le 
siège durant près de deux mois, mais il ne put s’en emparer; il se rendit de 
là dans la province d’Antioche où il prit Laodicée, Baghrns et de nombreuses 
forteresses. Il vint ensuite mettre le siège devant la forteresse de Marakiva 
et resta devant cette place pendant quelque temps; Allah lui permit de s’en 
emparer. Il écrivit à ses gouverneurs en Egypte pour leur annoncer cet évé- 
nement. Voici le texte de la lettre qu’il envoya à l’émir Nasir-ad-Dln-Khidr- 
ibn-Bahrâm, gouverneur de la partie occidentale de l’Égypte. 

« Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux! 

« Cette heureuse nouvelle est annoncée à l’émir très noble, le maréchal ( al-is - 
fahsaldr ), notre intime, Nasir-ad-Dïn, la gloire de l’Islam; qu’Allah éternise sa 
gloire par les grandes conquêtes et les victoires précieuses qu’il lui a fixées! 
C’est la prise de la forteresse de Marakiya que doivent célébrer les langues 

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A 



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REVUE DE L ORIENT LATIN 


delle de Kaükab, mais il ne put en venir à bout ; il laissa devant 
cette place l'émir Sârim-ad-Din-Kaimâz-al-Nadjmi 1 avec cinq cents 
cavaliers; il plaça devant Safad l’émir Toghril le Khazindâr avec 
cinq cents cavaliers; il envoya à Karak et à Shaübak, l’émir 
Sa f d-ad-Din-Kamshabà l’Asadi *, et il fit venir d’Égypte l’émir 
Baha-ad-Dîn-Karâkoush-al-Asadi qu’il avait laissé dans cette con- 
trée pour bâtir les murs du Kaire. Ce général rejoignit le sultan 
devant la forteresse de Kaükab qu’il était en train d’assiéger. 
Salàh-ad-Dïn le chargea de reconstruire la ville d’ f Akkà; Bahâ- 
ad-Dîn commença par réédifler les murailles de la ville et par 
en relever les tours à l’aide des prisonniers, des bœufs, des 
machines et des bôtes de somme qu’il avait amenés avec lui 
d’Égypte. 

Le sultan partit pour se rendre à Damas et fit son entrée dans 
cette ville le sixième jour du mois de Rabï f premier; il en avait 
été absent durant une année, deux mois et cinq jours; pendant 
ce laps de temps, il avait battu les Francs et conquis Jérusalem. U 
vint tenir régulièrement séance dans le Palais de Justice eu pré- 
sence des kâdis ; en même temps, il écrivit dans toutes les pro- 
vinces pour appeler les troupes à la guerre sainte (contre les 
Francs) ; au bout de cinq jours, il partit de Damas et se dirigea 
vers Ba’lbek. Le prince de Sindjâr, 'Imàd-ad-Din-Zengi-ibn-Maü- 
doüd, vint rejoindre le sultan dans le pays de H oms et ils carn- 


et pour laquelle on doit s’empresser de rendre grâces à Dieu ; les esprits des 
hommes ont été calmés par sa prise et parles admirables décrets de la Pro- 
vidence. L’année s’est écoulée, et on a pu atteindre ce qu’il avait été impos- 
sible d’obtenir auparavant. 

« Quand nous l’avons investie, nous n’avons pas trouvé qu’il fût possible de 
nous en emparer par ruse, et l’enceinte de ses fortifications ne nous donnait 
pas l’espoir de nous en rendre maîtres. Et cependant Dieu nous a permis de 
la conquérir sans que nous puissions dire comment s’est produit ce miracle ; 
il l’a livrée à notre glaive (litt. il en a fait le gain de nos glaives) et nous 
l’avons enlevée d’assaut, le sabre au poing. 

« Cet événement s’est passé le mardi, vingt-septième jour du mois de Djou- 
màda second de l’année 584, un peu après le lever du soleil. O matin qui as 
répandu les ténèbres sur l’ennemi et dont la clarté s’est changée pour lui en 
une nuit obscure! o matin qui as été la source du bonheur, qui as apporté la vie 
à l’Islam en comblant tous ses désirs! L’émir connait toutes les conquêtes que 
nous avons faites, avant de nous emparer de cette ville et les bénédictions 
qui ont précédé cet heureux événement. Antioche demeure les ailes coupées, 
et ses armes sont tombées à terre ; mais nous espérons qu’ Allah (qu’il soit 
exalté!) nous permettra de nous en emparer et qu’il exaucera notre attente. 
L’émir connait maintenant cette bonne nouvelle et il remerciera Allah des 
bienfaits qu’il a accordés (aux Musulmans) ». 

Ce fut la dernière des conquêtes du sultan Salâh-ad-Din et à partir de ce 
moment il ne conquit plus aucune partie du pays des Francs. 

1. Ancien Mamlouk de Nadjm-ad-Dln-Ayyoüb. 

2. Ancien Mamlouk d’ Asad-ad-Din-Shirkoüh . 

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histoire d’égypte de makrizi 


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pèrent sur les bords du lac de Kods Salâh-ad-Diu envoya son 
fils al-Malik-atfi-Thàhir et sou neveu al-Malik-al-Mothaffar, prince 
de Ham&h, pour surveiller le chemin d’Antioche 9 . Le sultan se mit 


1. Yâkoüt ( Mo'djam-al-bouldân , tome IV, page 516) donne à ce lac le nom 
de Kadas, et dit qu’il est situé non loin de Hoins; sa longueur est de 12 milles 
et sa largeur de 4 milles; il se trouve entre Homs et le Liban ; c’est de ce lac 
que sort le fleuve que les Syriens appellent al-’Asî, « le révolté », et que l’on 
connaît plus généralement sous le nom d’Oronte. Aboulféda ( Géographie f 
tome II, partie I, page 50) dit qu’une jetée occupe son bord septentrional et 
qu’on en attribue la construction à Alexandre le Grand. Au milieu de cette 
jetée qui n’est qu’une immense digue destinée à retenir les eaux du lac, 
s’élevaient deux tours de pierre noire. Hadji-Khalifa nous apprend dans son 
Djihàn-Numâ que cette digue avait 1287 coudées de long sur 18 1/2 coudées 
de large, et que sans elle le lac n’existerait pas, car ses eaux se répandraient 
dans la campagne environnante. Cet auteur ajoute qu’on y péchait un poisson 
unique, mais il n’en donne pas le nom. 

2. Hadji-Khalifa donne sur cette ville, dans le Djihàn-Numà, des détails qu’il 
me parait intéressant de transcrire ici. D’après cet auteur, elle fut construite 
par Antiochus qui, en l’an 21 d’Alexandre, cherchait un emplacement pour y 
élever sa capitale. Les conditions qu’il imposait à ses ingénieurs étaient telles 
qu'ils ne trouvèrent pour y répondre qu’une localité nommée Mardj-ad-Dibadj. 
C’est là qu’ils jetèrent les fondations d’Antioche. La muraille avait 12 milles 
de tour, une partie en était élevée sur la montagne, l’autre en plaine. La forte- 
resse fut bâtie sur la montagne de telle sorte qu’on la voyait de fort loin. Le mur 
d’enceinte portait 370 tours; on éleva dans la ville un temple à Saturne, qui 
était situé à l’orient du « Pont du Poisson », et tous les ans on y célébrait une 
grande fête qui durait pendant trois jours consécutifs; tout près de ce temple 
se trouvaient des bains dans lesquels le peuple pouvait entrer librement à 
l’équinoxe d’automne. Il y avait à Antioche sept portes, cinq grandes et deux 
petites; l’Oronte passait par trois d’entre elles. Au milieu d’Antioche se trouvait 
le temple de Mars, qui, à l’époque à laquelle écrivait Hadji-Khalifa, était de- 
venu une église dédiée à la Vierge Marie; auprès de cette église, se voit encore 
une source d’eau chaude. Ce temple avait quarante portes blindées de lames 
de bronze et les murs en étaient recouverts de plaques d’or et d’argent. Le pavé 
était formé de mosaïques de marbre et on y voyait cent idoles tant en or qu’en 
argent. Le personnel de ce temple se composait de 300 éphèbes et d’un nombre 
égal de prêtres. La statue de Mars, toute en or, était placée hors du temple 
sous une coupole très élevée : le dieu était représenté foulant aux pieds un 
serpent et un scorpion d’airain. Il y avait à Antioche une canalisation souter- 
raine très compliquée qui amenait l’eau non seulement dans les bains, mais 
aussi dans toutes les maisons de la ville : les Osmanlis lui ont donné le nom 
de « Canal de Bolos ». A l’origine de cette canalisation, il y avait deux 
statues représentant le roi et la reine. On voyait dans cette ville, sept mar- 
chés dont trois seulement étaient couverts, et sept sources d’eau minérale, 
dont chacune guérissait une maladie. Non loin de cette ville, se trouvait le lac 
d’Antioche situé entre Baghrâs et Hârim dans le canton d’'Amk; il était 
distant de deux journées d’Alep et recevait trois rivières ; celle qui est le 
plus à l’Orient porte le nom d’Afrïn, celle qui coule à l’occident et qui 
passe au-dessous de Derb-Sak, se nomme la rivière noire, la troisième est 
située entre les deux précédentes et se nomme Bagrah, comme un petit vil- 
lage auprès duquel elle passe et dont la population se compose de Chrétiens. 
Ces trois rivières se réunissent avant de venir se jeter dans le lac d’An- 
tioche; il sort de ce même lac un cours d’eau qui va se jeter dans l’Oronte 
à un mille environ au-dessus d’Antioche après avoir passé sous le célèbre 
« Pont de fer » ( Djisn-al-hadid ). 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ensuite en marche le premier jour du mois de Rabï' second et il 
Foi. 33 t«. envoya des détachements de cavalerie ravager le pays de Safi- 
thà 1 et les forteresses des environs. Il continua sa marche le 
quatrième jour du mois de Djoumada premier, dans l’espoir de 
rencontrer l’ennemi. Il conquit Antarsoüs *, où il s’empara d’un 
butin considérable ; il rasa les fortifications de la ville et abattit 
l’église qui était une des plus grandes qui existassent alors; 
il incendia ensuite la ville qui fut entièrement réduite en cen- 
dres. De là il marcha sur Djibala * qu’il vint assiéger le dix- 
huitième jour du même mois ; il s’en empara sans aucun com- 
bat. Il s’empara ensuite de Laodicée * après un combat, et les 
Musulmans y firent un butin considérable. De là, il marcha 
sur Sahioün \ attaqua la garnison et s’en empara le second 
jour du mois de Djoumàda second. Il s’empara de même de 

1. Je n’ai point trouvé de renseignements sur cette localité, qui est d'ailleurs 
comme la suivante suffisamment connue, dans le Mo r djam-al-bouldân de 
Yâkoüt. 

2. Il en est de môme pour cette ville. D’après Idrisi ( Géogr ., trad. Jaubert, 
tome II, page 130), c’est une petite ville près de la mer, à huit milles de Mar- 
kab; les habitants s’y livrent à un commerce assez actif. 

3. Il y a plusieurs localités de ce nom dans le monde musulman ; celle dont 
il est question dans le texte de Makrizi est une citadelle bien connue dans le 
Sâhel de la Syrie, qui dépendait administrativement d’Alep; elle n’était pas 
très éloignée de Laodicée (Yâkoüt, Mo'djam, tome II, page 24). Hadji-Khalifa 
nous apprend dans le Djihàn-Numà qu’une distance de douze milles séparait 
les deux villes et qu’on y visitait le tombeau du célèbre Soufl Ibrahim Edhem. 
Il y avait près de Djibala un bois de pins, qui était un endroit très dange- 
reux, sans que l’auteur nous dise pour quelle raison ; non loin de cette place 
coulait une petite rivière ; il y en avait une seconde au nord ; enfin, près de 
Djibala, on voyait une colline couverte de narcisses. 

4. Ville qui a d’abord dépendu de Homs, puis d’Alep (Yâkoüt, Mo' djam-al- 
bouldân , tome IV, p. 338), à l’occident de Djibala, elle en est séparée par six 
farsakhs , ce qui prouve que un farsakh de Yâkoüt vaut deux milles de Hadji- 
Khalifa (voir la note précédente). Ptolémée fixait ses coordonnées à L. 68° 20’; 
1. 35° 6'. Cette ville fut visitée par le célèbre Ibn-Fozlân en l’année 446 de l’hé- 
gire. Hadji-Khalifa dit dans le Djihàn-Numà que c’est l’un des meilleurs ports 
de la côte syrienne, et qu’on y voit un monastère nommé Favous. A dix-huit 
milles de Laodicée se trouve la forteresse de Hisn-Herbah; l’une des vallées 
qui avoisine Laodicée porte le nom étrange de « vallée du candélabre » {Wâdi- 
al-kandil) ; il y passe une petite rivière. 

5. D’après le môme géographe, Sahloun est une citadelle très forte bâtie sur 
un rocher, à une journée de marche de Laodicée dans un pays très riche en 
eau; on trouve dans les environs de cette ville des localités où croissent des 
orangers et des citronniers dont les fruits sont meilleurs que partout ail- 
leurs. Les habitants en étaient Ismaïliens. Yâkoüt nous dit dans le Mo'djam 
(tome III, p. 438) que cette localité dépendait administrativement de Homs; 
ses fossés étaient extrêmement profonds et mesuraient près de 60 coudées, 
mais il n’y en avait que d’un seul côté; le géographe arabe fait remarquer que 
ce fossé était creusé en plein roc; les trois autres côtés de la place étaient 
défendus par des murailles extrêmement solides ; deux au-dessous du boule- 
vard extérieur, le troisième au-dessous de la citadelle; cela constituait, comme 
on voit une défense formidable. 

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histoire d’égypte de makrjzi 


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Shoghr 1 , de Bakâs et de plusieurs autres châteaux forts; il fit 
prisonniers les Francs qui s’y trouvaient et il y ramassa un butin 
considérable. 

Quand le sultan eut conquis la ville de Baghrâs 9 , le prince sei- 
gneur d’Antioche lui envoya demander la paix *; il y consentit à )a 
condition qu’il rendrait la liberté aux prisonniers musulmans qui 
se trouvaient dans ses états et dont le nombre s’élevait à mille. — Le 
prince de Sindjar s’en retourna alors chez lui et le sultan se rendit 
à Alep où il demeura quelque temps; puis il en partit * pour aller 


1. Le manuscrit de Makrlzl porte très visiblement Thoghr et ’Akkàs, ce qui 
est une faute évidente, car les deux citadelles de Shoghr et de Bàkâs ne sont 
presque jamais nommées l’une sans l’autre et sont bien connues des géogra- 
phes orientaux. Yâkoüt dit, dans le Mo r djam-al-bouldân (tome III, p. 303), que 
ces deux forteresses sont situées sur deux montagnes qui se font face ; elles 
sont séparées par un vallon qui ressemble à un fossé ; elles ne sont pas très 
éloignées d’Antioche. Aboulféda ( Géographie , tome II, partie II, page 33), nous 
apprend que le vallon qui les sépare a la largeur de la portée d’un trait d’arba- 
lète et qu’une rivière coule au fond; on y trouve des vergers où sont cultivés 
de nombreux fruits et elles sont à peu près à moitié du chemin qui conduit 
d’Antioche à Afâmiyyà (Apamée). Suivant Hadji-Khalifa, l’auteur du Djihdn- 
Numâ , le grand vizir ottoman Kupruli Pacha y fit bâtir à ses frais un 
caravansérail magnifique, une mosquée djâmî\ un établissement de bains et 
une hôtellerie où les voyageurs recevaient l’hospitalité sans avoir à desserrer 
les cordons de leur bourse. Un peu à l’est des deux citadelles, se trouve le 
pont de Kasfahan sur lequel se tient une foire. Ces deux forteresses furent 
renversées par le terrible tremblement de terre de 806 de l’hég. ; toute la 
population fut écrasée sous les ruines, sauf une cinquantaine de personnes; 
il se produisit une crevasse de près de quatre lieues de long depuis le vil- 
lage de Kathva jusqu’à celui de Shalfouham ; ce dernier, qui était situé sur 
le sommet d'une montagne, fut enlevé tout entier et transporté dans la plaine 
sans dommage pour aucune des maisons qui le composaient. Ce fut seule- 
ment quand les habitants voulurent sortir de chez eux qu’ils s’aperçurent de 
ce cataclysme. 

2. Ville située au pied de la montagne de Loukkâm et à quatre milles d’An- 
tioche sur le chemin qui mène de cette ville à Alep (Yâkoüt, Mo'djam-al- 
bouldân , tome I, p. 693). Suivant Aboulféda ( Géographie , t. II, partie II, 
page 36), il y a douze milles de Baghrâs à Antioche, et autant jusqu’à 
Alexandrette . Hadji-Khalifa dit dans le Djihàn-Numà , que la forteresse de 
Baghrâs est très élevée et bâtie sur la montagne de Moüsa-al-Hinî, au nord 
du lac f AfrIn; elle domine Antioche et 'Amk ; l'endroit qui se trouve à l’est 
du chemin se nomme la « croupe de Baghrâs » ; le sultan Soieïman-Khan y 
fit bâtir plusieurs édifices parmi lesquels une grande mosquée, un caravan- 
sérail et une hôtellerie où l’on reçoit les voyageurs qui se présentent, sans 
leur demander de rétribution (959 hég.). Cette ville était très renommée pour 
ses cultures de hyacinthes, on prétend même qu’il y en avait une variété qui 
était jaune. 

3. Djamâl-ad-DIn-ibn-Wasil ( Mofarradj-al-kouroüb , ms. arabe 1702, folio 83 
recto) raconte que la trêve fut fixée pour une durée de huit mois entre le sul- 
tan et le prince souverain d’Antioche ; le sultan avait été poussé à faire la paix 
par l’épuisement de son armée et l’énervement du prince de Sindjar qui ne 
décolérait pas et menaçait constamment de s’en retourner chez lui. 

4. Suivant la même autorité, le sultan partit d’Alep pour Ma'rrat-el-No'man 
et il alla rendre visite à un sheïkh Soufl, auquel ses pratiques religieuses 

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A 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


à Damas où il fit son entrée le dernier jour du mois de Sha'b&n. — 
Durant ce temps, Kamshabà avait continué le siège de la citadelle 
de Karak dont il s'empara ainsi que de Shaùbak, de Sir et de plu- 
sieurs châteaux forts de cette région, au mois de Ramadan. Quand 
les courriers, porteurs de ces heureuses nouvelles, arrivèrent 
auprès du sultan, il partit de Damas, et vint mettre le siège devant 
Safad ; il s’empara par capitulation de la citadelle de cette ville, 
le quatorzième jour du mois de Shavvâl ‘ ; les Francs qui s’y 
trouvaient se retirèrent à Soür. Il vint ensuite devant Kaükâb 
qu’il réduisit à la dernière extrémité; il s’en empara par capitu- 
lation le quinzième jour de Dhoü-'l-Ka'da *, et il envoya les habi- 


avaient acquis un grand renom de sainteté, qui se nommait Aboû-Zakariyya- 
YaJhya-al-Maghribi, et qui habitait à al-Nakira (?), et il alla également en 
pèlerinage au tombeau d’Omar-ibn-Abd-al-'Aziz. De là il alla à Hamâh, et 
monta à la citadelle, accompagné de la princesse de cette ville, la nièce d’al- 
Malik-al-Mothaffar, et de l’émir de Médine 'Izz-ad-Din-Aboù-Folaïta-al-Kàsim- 
ibn-Mohannâ, qui suivait le sultan dans toutes ses conquêtes. Salàh-ad-Din 
constata que la princesse avait fait restaurer la forteresse, qu’elle l’avait for- 
tifiée et qu’elle en avait fait creuser les fossés; cela le réjouit extrêmement. 
De Hamàh il se rendit à Damas, sans s’arrêter à Ijoms, en passant par Ba'lbek ; 
il arriva à Damas un peu avant le commencement du mois de Ramadan. 

Djamàl-ad-Din-ibn-Wàsil raconte dans le Mof arradj-al-kouroüb (Ms.ar. 1702, 
folio 83 verso) que lorsque les Francs de Karak furent réduits à la dernière 
extrémité, ils envoyèrent un ambassadeur à al-Malik-al-'Adil-Saif-ad-Din- 
Aboü-Bakr pour lui offrir de capituler. Ce prince campait alors à Tibnin, avec 
toute son armée et il envoya à Kamshabà, qui était son gendre, l’ordre d’ac- 
corder aux Francs de Karak, de Shaùbak et des forteresses qui en dépendaient 
une capitulation analogue à celle qui avait été accordée aux Francs de Jéru- 
salem. Cet officier prit possession des forteresses vers le quinze du mois do 
Ramadàn. 

1. Quand les Francs apprirent la chute de Safad, dit Djamàl-ad-Din-ibn-Wàsil 
{Mofarradj -al-kouroüb, ms. ar. 1702, folio 84 recto), ils comprirent que leur 
position était fortement compromise; aussi furent-ils tous d’avis d’envoyer 
vers cette ville un corps de troupes de deux cents hommes sous le commande- 
ment d’un de leurs plus braves officiers ; ils partirent durant la nuit par des 
chemins détournés et ils restèrent cachés toute la journée suivante; il arriva 
alors qu’un Musulman qui faisait partie du corps de siège de Kaûkab sortit pour 
aller à la chasse et qu’il rencontra un soldat du détachement franc ; il trouva 
sa présence très extraordinaire dans ce pays et ayant découvert le stratagème, 
il retourna en toute hâte auprès de Sàrim-ad-Din-Kaimâz-al-Nadjmî, général 
de cette armée, avec le Franc dont il s’était emparé et lui raconta ce qu’il avait 
découvert. Le général musulman monta immédiatement à cheval, se rendit à 
l’endroit où les Francs se tenaient tapis et les fit tous prisonniers; il y avait 
parmi eux deux officiers généraux, chevaliers de l'Hôpital. On les conduisit 
au sultan Salàh-ad-Din qui se trouvait à Safad; il les fit mettre à mort comme 
il le faisait toujours quand on lui amenait des membres de ces deux ordres 
à cause de la violente animosité qu’ils montraient contre les Musulmans. 

2. Djamàl-ad-Din-ibn-Wàsil (Mofarradj -al-kouroüb , ms. ar. 1702, fol. 84 
verso) raconte que le siège de Kaûkab fut poussé avec la plus grande énergie 
par Salàh-ad-Din et qu’il fallut miner le bashoura (les ouvrages avancés) 
pour venir à bout de l’énergique résistance de la place; en même temps, les 
archers et les arbalétriers couvraient le haut du bashoura de flèches et de 

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histoire d’égypte de makrizi 


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tants à Soùr, de telle sorte qu’un très grand nombre de Francs se 
trouva réuni dans celte ville. — Les Francs (de Tyr) écrivirent 
aux Francs de Sicile et d’Espagne, tandis que le sultan écrivait au 
khalife an-Nàsir pour lui annoncer ces victoires. Le sultan partit 
ensuite de Kaükab et vint camper dans la plaine de Baisân. 

Cette année, douze hommes appartenant à la secte desSchïites 1 , 
tentèrent de faire éclater une émeute au Kaire; ils crièrent: 
«Vivent les Alides! » s ; ils parcoururent les rues en poussant 
ces cris, dans l’espérance que les gens de la ville répondraient 
à leur appel et les aideraient à une restauration de la dynastie 
Fatimite; mais les troupes sortirent de leurs casernes et occu- 
pèrent la ville militairement, de telle sorte que cette tentative 
échoua complètement; et ces gens se dispersèrent. — Cette même 
année, le sultan se rendit à Jérusalem, où il arriva le huitième 
jour du mois de Dhoü f -l-hidjdja ; il en partit presque immédiate- 
ment après, le 10, pour aller à ' Askâlàn ; il envoya son frère al- 
Malik-al- f Adil eu Égypte, pour y aider de ses conseils al-Malik-al- 
'Aziz, et il lui donna la ville de Karak en place d’ r Askalân. Il vint 
enfin à 'Akkâ. 


Année 585. 

Dix-neuvième année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir- 
Salah-ad-Dïn en Égypte. 

Cette année, le sultan partit d ,f Akkâ et rentra à Damas au 
commencement du mois de Safar 3 . — Le douzième jour de ce 


traits d'arbalète, de telle sorte que les Francs ne pouvaient monter sur le mur 
pour se défendre sans s'exposer à être criblés. Cela les décida à demander à 
capituler, ce que le sultan leur accorda sans difficulté. Il nom ma. gouverneur 
de Kaükab, Sârim-ad-Dîn-Kaimâz-al-Nadjmi. 

1. Djamâl-ad-Din-ibn-YVasil ( Mofarradj-al-kouroüb , ms. ar. 1702, fol. 85 
verso), donne sur cette émeute des détails qui ne diffèrent pas sensiblement 
de ceux qui sont fournis par le récit de Taki-ad-Din-Ahmad-al-MakrîzI. Sur 
les tentatives des Alides pour renverser la dynastie ayyoubite et pour restau- 
rer les khalifes fatimites, on pourra consulter l'excellent travail que M. Paul 
Casanova a consacré à cette question dans les Mémoires de la Mission ar- 
chéologique française du Caire. 

2. Les descendants d’Ali désignent ici les enfants et les proches parents 
du dernier khalife fatimite al-’Adid-li-Dïn-Allah, qui avaient été mis en pri- 
son quelques années auparavant par Salâh-ad-Din. 

3. Pendant qu’il se trouvait à *Akkâ, le sultan Salâh-ad-Dîn reçut l’émir 
Bahâ-ad-Dîn-Karâkoüsh qui venait lui annoncer que la construction des murs 
du Kaire était terminée ; le sultan resta à 'Akkâ durant la plus grande partie 
du mois de Moharram (Djamâl-ad-Dîn-ibn-YVasil, Mofarradj-al-kouroûb , ms. 
ar. 1702, folio 86 recto). 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


même mois, Ziyâ-ad-Din- Abd al-Wahhâb-ibn-Sakina, ambassadeur 
du khalife an-Nàsir apporta au sultan la notification de faire réciter 
Foi. 34 f. la khotba au nom de son fils, son héritier présomptif Iddat-ad- 
dounïà-wà-’d-Dîn-Aboû-Nasr-Mohammad *. Le sultan renvoya l’am- 
bassadeur du khalife et le fit accompagner par Ziyâ-ad-Dîn-al- 
Kasim-ibn-Yahyà-al-Shahrzoürî, qui emporta des présents et des 
cadeaux, destinés au khalife, et qui emmena un certain nom- 
bre de prisonniers francs. Le sultan envoya au khalife la cou- 
ronne du roi des Francs, la croix qui surmontait le dôme de la 
Sakhra à Jérusalem ainsi que beaucoup d’autres objets. On enfouit 
la Croix sous le seuil de la porte Bab-al-Noubï * et tout le monde 
put ainsi la fouler aux pieds. Cette croix était en cuivre doré. 

Le sultan Salah-ad-Dîn partit de Damas, le vendredi, troisième 
- jour du mois de Rabi’ premier 8 , et vint mettre le siège devant 


1. Djamâl-ad-Dïn (ibid., f. 86 verso), dit que l’ambassadeur de Y Imam al- 
Nâsir-li-dïn-Allâh vint pour ordonner au sultan de faire réciter la khotba au 
nom de son fils et héritier présomptif de la couronne; Salâh-ad-Dïn s’empressa 
d’obéir à cette injonction. 

2. Les termes de Makrizi sont assez obscurs pour qu'on ne sache pas si la 
croix fut enterrée au Kaire ou à Bagdad, mais la lecture de Djamâl-ad-Din-ibn- 
Wasll lève tous les doutes à cet égard ; c’est bien dans la capitale du Khalifat 
abbasside que fut exécutée cette cérémonie humiliante pour les Francs que 
l’on avait fait entrer dans Bagdad au son des musiques, leurs drapeaux et 
leurs étendards renversés, portés devant eux. Kazwini nous apprend dans sa 
Cosmographie (éd. Wustenfeld, page 210), que près de la porte al-Noübl se 
trouvait une sorte d'escalier où les rois se prosternaient quand ils arrivaient 
dans la capitale de l'Islamisme. 

3. Salâh-ad-Dïn alla camper d’abord le vendredi à Mardj-Foloüs, le lende- 
main samedi à Mardj-Barghoûth où il demeura avec l’armée jusqu'au 11 do 
ce mois, de là il alla à Bâniâs, puis à Mardj-'Oyoün où il campa ; cette der- 
nière localité est toute voisine de Shakif-Arnoûn. Le prince de Shakïf, qui 
se nommait Renaud (A mât), seigneur de Saldâ, se rendit auprès du sultan; 
c’était un homme très rusé et très déloyal (Djamâl-ad-Din-ibn-\Vâsil, ms. ar. 
1702, folio 87 v°), l’un des meilleurs hommes de guerre des Francs, il savait 
l’arabe et avait même lu les chroniques rédigées dans cette langue; le sultan 
l’invita à diner et le Franc lui persuada qu'il était tout disposé à le recon- 
naître comme suzerain, à lui céder Shakïf pourvu qu’il reçût en échange un 
endroit à Damas où il pourrait habiter, car, quand il aurait ainsi agi, il 
serait forcé d’éviter de se rencontrer avec les Francs dans la crainte qu’ils lui 
fissent un mauvais parti. Le sultan crut que Renaud était sincère, tandis 
qu’il ne cherchait qu’à gagner du temps.; aussi il consentit à ce qu'il lui 
demandait ; il fut convenu que Renaud livrerait la forteresse à Salah-ad-Dtn 
au mois de Djoumadâ second et le sultan resta à Mardj-'Oyoùn attendant 
cette époque. Salâh-ad-Dïn était très inquiet de voir approcher le terme de 
la trêve qui était conclue entre lui et le prince d’Antioche, aussi il ordonna 
à al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Dïn de lui envoyer les troupes qu’il avait 
auprès de lui et celles qui étaient venues de Mésopotamie; la concentration 
des Francs à Soür le tourmentait également beaucoup, ainsi que ce fait 
qu’ils recevaient constamment des renforts par mer. Quand Salâh-ad-Din 
s'était emparé d"Askalàn et de Jérusalem, il avait rendu la liberté à Djafrl, 
roi des Francs, qui, après avoir eu une violente inimitié contre le marquis 

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histoire d'égypte de makrizi 


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Shakif-Arnoun. Il était très inquiet de voir s’approcher le moment 
où expirait la trêve conclue avec le prince d’Antioche, ainsi que 
de la concentration des Francs à Tyr, et des renforts qu’ils rece- 
vaient constamment par mer. 

Les Musulmans livraient aux Francs dans leurs pays du Sahel 
des combats dans lesquels des gens étaient tués de part et 
d’autre. Ces combats coûtèrent beaucoup d’hommes aux Musul- 
mans, et le dommage qu’ils éprouvaient de la part des Francs 
allait toujours croissant. 

Le sultan partit pour se rendre à f Akkâ; mais les Francs le 
devancèrent et mirent le siège devant la ville *. Salâh-ad-Dîn 


(al-markts) [de Montferrat] s’était réconcilié avec lui : les deux princes avaient 
réuni une armée très considérable et étaient sortis de Soür dans l’intention de 
reconquérir les pays que le sultan leur avait enlevés. C’est dans ces circons- 
tances assez critiques pour lui qu’il s’aperçut de la ruse de Renaud, prince de 
Shakif-Arnôun . A partir de ce moment, Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wàsil ne fait que 
copier le récit de l’historien Bahà-ad-Dîn-ibn-Shaddâd que l’on trouvera tra- 
duit dans les Historiens Orientaux des Croisades. On pourra comparer le 
récit de Kamâl-ad-Din-ibn-al-'Adlm dans la Zubdat-al-halab-fi-taarikh-Halab 
(Revue de V Orient Latin , quatrième année, n os 2 et 3 page 192). 

La lutte qui s’engagea autour d’'Akkâ entre les Francs et le sultan Salâh- 
ad-Dîn a été racontée avec les détails les plus circonstanciés par Bahà-ad- 
Dîn ibn Shaddàd, dans le an-navàdir-al-sultaniyyah-ica-'l-mahâsm-al-Yott- 
soufiyyah; on le trouvera traduit dans le Recueil des Historieîis Orientaux 
des Croisades, tome III. Je donnerai ici quelques extraits de Y Histoire des 
Patriarches d' Alexandrie qui a été rédigée dans un esprit tout différent do 
celui des chroniqueurs musulmans et quelquefois plus intéressant. 

1. « Le sultan Salâh-ad-Dîn, raconte l’historien des Patriarches d’Alexandrie, 
s’était emparé de Baït-Djibrîl par capitulation; le prince de cette ville était un 
homme intelligent, courageux, et qui possédait beaucoup d’argent; il occupait 
un haut rang (parmi ses compatriotes). Il s’appelait al-Kastalân [le châtelain], 
dont la signification est, je crois, gouverneur. Il avait dans Baît-Djibril beau- 
coup de richesses, de fortes sommes d’argent et des tonneaux remplis d’excel- 
lente huile et de vin. Quand il demanda à capituler, le sultan lui imposa une 
contribution de guerre énorme; il offrit de ces denrées au sultan en place 
d’argent, et Sâlâh-ad-Din prit comme tribut les tonneaux d’huile et de vin et 
le solde en argent. Après cela, le prince sortit de la ville ayant sur lui une 
forte somme d’argent, et gardant de nombreux biens, des troupeaux, des ser- 
viteurs, des femmes et une suite considérable. Le sultan l’envoya à Alexandrie 
en Égypte et il écrivit au gouverneur de cette ville pour lui faire des recom- 
mandations sur la conduite à tenir à son égard, pour le faire garder et pour 
lui indiquer l’hospitalité qui devait être offerte au captif durant son séjour 
dans la ville. Les dépenses devaient être supportées par l’administration 
(i divân ); le sultan prescrivait de mettre des vaisseaux à sa disposition et de lui 
donner des vivres, ainsi qu’à ses compagnons, le tout à ses frais, afin qu’il 
fût satisfait quand il partirait. Le gouverneur et ses subordonnés agirent 
suivant les instructions du sultan et le Franc alla là où cela lui faisait plai- 
sir. Fakhr-ad-Dln-Karàdjâ était à cette époque gouverneur d’Alexandrie et 
tous les jours, il allait rendre visite au prince franc accompagné de plusieurs 
de ses officiers. Al-Kastalân avait avec lui environ cinq cents personnes, et le 
gouverneur paya leurs dépenses de l’argent du sultan pendant toute la durée 
de leur séjour dans ce pays jusqu’à ce qu’il leur eût fourni des navires et 
qu’il les eût fait partir. Al-Kastalân ne resta pas plus de six mois dans son 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


campa dans le Mardj-'Akkà et assiégea les Francs qui eux-mêmes 
assiégeaient 'Akkà. Les troupes impériales de l’Islamisme vinrent 


pays, il partit ensuite pour Venise ( al-Banadaka, allemand Venedig), Gènes 
{ Djanaviyyin ) et Pise (?). 11 y fit construire cent vaisseaux à ses frais, il 
engagea des hommes pour former leurs équipages et il vint à Tyr où il se 
réunit avec le marquis ( al-markis ), Bàliân, flls de Barzàn [Balian II d’ibelin], 
le flls du prince Arnàt et le prince de Karak ainsi qu’avec les chevaliers 
francs de Palestine qui se trouvaient dans cette ville. L’armée se mit en 
marche par terre, pendant que la flotte prenait la mer. Une nuit, les Chrétiens 
vinrent camper à Tell-al-Mash'oûka en face d’\Akkâ; quand le jour se leva, 
ils avaient déjà creusé autour de leur camp trois fossés et ils y avaient 
amené l’eau du fleuve qui coule dans cet endroit; l’eau y coulait, puis elle 
allait se jeter dans la mer. Ils investirent *Akkâ au mois de Radjàb de 
l’année 585. Le gouverneur d’ 'Akkà était un oflicier qui avait été au nombre 
des ustads du sultan et qui s’appelait Djourdlk ; il ne put repousser les 
Chrétiens et il écrivit au sultan qui se trouvait alors à Damas pour lui faire 
savoir la position dans laquelle il se trouvait. Le sultan arriva et les armées se 
succédèrent et assiégèrent les Francs (dans leur camp) ; de leur côté, les Francs 
arrivèrent de tous les côtés et se réunirent devant 'Akkà, de telle sorte qu’ils 
formèrent une immense armée. Quand le sultan vint à 'Akkà accompagné de 
son frère al-Malik-al-Mothaffar-Takl-ad-Dln, il établit son camp à Saffourlyya; 
quelques jours plus tard, Mothaffar-ad-Dln-ibn-Zain-ad-DIn, prince de Sindjar, 
vint trouver le sultan. Chaque jour Salàh-ad-Dln montait à cheval et se ren- 
dait devant le fossé des Francs avec une forte division et luttait contre 
eux; puis il s’en revenait à son campement de Saffoûriyya après avoir placé 
en face d’eux un corps de 6,000 cavaliers pour déjouer toutes leurs ruses; 
ces cavaliers devaient rester là nuit et jour : trois mille d’entre eux prenaient 
la garde de jour et criblaient les Francs de flèches, les trois mille autres en 
faisaient autant durant la nuit. Un mois ne s’était pas passé que les Francs 
avaient élevé sur le bord du fossé qui se trouvait du côté de l’armée du sultan, 
une muraille de briques; ceux qui étaient retranchés derrière ce mur lançaient 
des traits avec des zenbourak. Les flèches que projetaient ces machines 
étaient de la dimension du gros orteil du pied d’un homme et elles étaient 
longues d’une coudée. La pointe d’acier qu’elles portaient pesait 50 dirhems 
(soit environ 700 grammes) et était quadrangulaire ; elles perçaient tout ce 
qu’elles atteignaient et plus d’une fois, elles traversèrent deux hommes 
quoiqu’ils fussent garantis par leurs boucliers et revêtus soit de cottes de 
mailles, soit de cuirasses ou d’autres armes défensives; et, en plus, elles 
avaient encore la force de s’enfoncer dans la terre. Des hommes qui ont 
vu le tir de ces flèches ont rapporté qu’elles s’enfonçaient dans les pierres 
du mur jusqu'aux plumes dont elles étaient garnies à leur extrémité. Quand 
ils eurent fait cela, aucun des soldats qui restaient de l’armée du sultan ne 
s’approcha plus du fossé. Cette fortification rendit la position des Chrétiens 
inexpugnable ; ils bâtirent une église pour y faire leurs prières et un dépôt 
(litt. étable) pour leurs chevaux. Quand ils eurent bien réglé leurs affaires, 
ils se réunirent pendant une nuit, ils convinrent de faire une sortie au petit 
jour et de se jeter sur l'armée du sultan. [Ils le firent], tuèrent un certain 
nombre de Musulmans, mais ils essuyèrent des pertes sérieuses ». 

Voici le texte de la lettre que le sultan écrivit à son frère al-Malik-al-'Adil 
qui se trouvait alors à Harnàh avec son armée pour lui apprendre la bataille 
que les Francs lui avaient livrée ; cette lettre était de la main môme du sultan : 

« Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux! 

« Si vous aidez Dieu, Dieu vous aidera! il rendra sûrs vos pas; quant à 
ceux qui ne croient pas en lui, il causera leur perte et répandra l’obscurité sur 
leur œuvres! 

« Nous faisons connaitre par cette lettre à la cour ( al~madjlis ) auguste et 

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histoire d’êgypte de makrizi 


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se réunir autour de lui tandis que des renforts arrivaient aux 
Francs par mer. Le sultan ne pouvait pas plus approcher de la 


royale d’al-Malik-al-'Adil (que Dieu fasse durer son bonheur !) que lorsque se 
leva l'aube du mercredi vingt et unième jour du mois de Sha'b&n de l’an- 
née 585, tous les Francs firent une sortie, tant fantassins que cavaliers, et se 
dirigèrent du côté de la mer vers les marais couverts de roseaux et le fleuve. 
Ils portèrent tous leurs efforts contre Taki-ad-Dïn qui commandait les quatre 
régiments (tolb) de l’aile droite, le fakih Isa-al-Hakkari était à la tète d’un 

régiment, et Mohammad, flls de , commandait également un régiment; 

les Mamlouks en formaient un septième. Je marchai à leur rencontre et les 
deux armées vinrent en contact (?) *. Quand nous avons été tout près d’eux, 
tous les Francs ont reflué sur nous, fantassins et chevaliers et nous ont 
chargé ; nos soldats ont couru au devant des Francs et les ont repoussés. 

« Toute leur infanterie a pris part à cette charge, mais nous l’avons forcée à 
reculer. Nous n’avons pas cessé de pousser nos chevaux sur leur infanterie 
pendant que leurs fantassins nous repoussaient, jusqu’à ce que notre cavalerie 
eut écrasé leur infanterie. Kaimaz et Hosàm-ad-Dln sont alors entrés en ligne, 
ils se sont conduits en héros, ils ont écrasé les fantassins des Francs et ont 
poursuivi leur cavalerie, de telle sorte que la plupart de leurs hommes de 
pied ont été massacrés; al-Malik-al-Mothaffar revint alors et les mit dans une 
déroute complète; il en a été de même de Yâzkoûdj, de Kamsabà et de Arslàn, 
les Asadis et les Shihabis (mamlouks de Shihab-ad-Dln) se précipitèrent au 
combat; ils formaient un corps à part; ils montrèrent leur valeur accou- 
tumée et tuèrent un grand nombre de Francs. Les Francs revinrent alors à la 
charge sur nos derrières, mais nous leur avons fait face, nous avons lutté 
contre eux et il ne s’eh est pas sauvé un seul. Louange et grâces à Dieu ! 
Ce ne fut pas une petite affaire; je ne connais pas un seul de nous qui ait 
obtenu les palmes du martyre, sauf al-Mahalll (que Dieu aie pitié de lui!); 
Hosaîn-al-Kurdl, que j’ai vu tomber blessé devant moi, Ismà'ü-al-Makbas 
qui fut blessé, et Salâr-ibn-Djask (?), ce sont tous ceux que je connais, peut- 
être faut-il y ajouter une vingtaine d’officiers subalternes; Sa'd-ad-Din et le 
frère d’Izz-ad-Din se sont très bien conduits ainsi que Hosâm-ad-Dïn que j’ai 
fait citer à l’ordre du jour ( al-mashkoûr ) *, ainsi que Kàlmaz qui était à l’aile 
droite, que Mothaffar-ad-Dln, et Yâzkoûdj. La charge dont je vous ai parlé 
plus haut était dirigée sur ma personne. 

« Dieu est le plus savant. Salut! » 

« Quand les Francs eurent dirigé cette attaque contre l’armée du sultan à Saf- 
fouriyya et que les événements que nous venons de raconter se furent passés, 
Salàh-ad-Dln partit de Saffouriyya et vint camper dans la vallée de Kharroüba. 
Les postes avancés des Musulmans qui étaient forts de 6,000 cavaliers ne 
cessaient de les harceler jour et nuit et de leur lancer des flèches, mais cela 
n’avança à rien. Cet état de choses se prolongea jusqu’au moment où le roi des 
Allemands vint avec une armée de 600,000 lances ; il arriva à al-Rawandan qui 
est un défilé qui conduit à Konlâh et aux autres villes de l’empire de Mas f oüd 
de la dynastie des Seldjoukides de Roum ; le roi des Allemands traversa do 
force l’empire de Mas'oüd et les pays du flls de Làon, le roi d’Arménie, ainsi 
que les états de beaucoup d'autres princes et des contrées nombreuses; il 

avait avec lui une nombreuse armée et il possédait beaucoup d’argent 

11 arriva ainsi à Antioche après avoir marché durant une année entière. Un 
homme qui s’était trouvé dans l’armée du roi des Allemands nous a raconté que 
lorsque celui-ci voulut se rendre par mer à Constantinople, l’empereur grec 

1. Je ne comprends pas cette phrase en détail ; je crois cependant que tel est le 
sens, mais en gros. 

2. Peut-être faut-il comprendre « à qui j’ai adressé plus haut dans cette lettre un 
témoignage officiel de ma satisfaction ». 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ville que les habitants ne pouvaient se rendre vers lui; il combattit 
les Francs avec la plus grande vigueur, depuis le premier jour du 
mois de Sha'bân jusqu’à ce qu’il triomphât de leur résistance; il y 
fit pénétrer des troupes, le huitième jour de ce môme mois, mais 
la lutte ne s’arrêta pas pour cela, et elle se prolongea jusqu’au 
quatrième jour du mois de Ramadhân *. Le sultan se transporta 
alors à Kharroûba *, et les Musulmans qui se trouvaient dans 
' Akkâ en fermèrent les portes . Les Francs creusèrent un fossé 
pour protéger leur camp qui entourait 'Akkâ, en parlant de la 
mer et y aboutissant. Ils s'entourèrent également d’un mur cré- 
nelé avec des meurtrières et recouvert de palissades; ils y pla- 
cèrent des fantassins pour empêcher les Musulmans d’approcher 
d’ 'Akkâ. — Al-Malik-al-'Adil arriva avec l’armée égyptienne, 
au milieu du mois de Shawal, et la flotte arriva également 
d’Égypte devant Akkâ vers le milieu du mois de Dhoü’-l-Ka'da ; 
elle était forte de cinquante voiles sous le commandement du 
hadjib Loü’loü. Un fort coup de vent du Nord avait dispersé l’es- 
cadre franque et l’amiral captura deux de leurs galères. Les 
Musulmans qui se trouvaient dans ’Akkâ au nombre d’environ 
dix mille, furent ravis de l’arrivée de leur flotte et cela redoubla 
leur courage. Le sultan envoya dans toutes les contrées pour 
exciter les populations à la guerre sainte contrôles Francs; et 
il écrivit à son frère Saîf-al-Islâm-Toughatikm, qui se trouvait dans 
le Yémen, pour lui demander des secours pécuniaires ; ainsi qu’à 


mobilisa son armée pour l’empêcher de passer; il trouva sur la terre par 
laquelle il passa des ruines, qu’on lui dit avoir été appelées Constantinople 
dans l’antiquité, et que ce fut lorsque la Constantinople actuelle fut bâtie que 
l’ancienne fut détruite. Lé roi des Allemands y établit son campement, y fit 
élever des constructions et il y resta une année entière en face des Grecs 
jusqu’au moment où il les vainquit; il marcha ensuite sur Constantinople et 
il assiégea l’empereur grec dans cette ville et il perçut les impôts de toutes 
les provinces de l’empire; il prit ainsi tout ce qui était dû pour cette année. 
Cela lui procura de nouvelles ressources, et il partit pour aller attaquer Jéru- 
salem. Il traversa de force les états des Seldjoukides, du roi d’Arménie, des 
Musulmans, des Francs et sa marche ne fut entravée par aucun de ces sou- 
verains. Quand il approcha d’Antioche, al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Din et 
Mothaffar-ad-Dïn-ibn-Zaln-ad-Dïn partirent du campement du sultan et se 
rendirent à*Alep pour avoir des nouvelles de l’armée du roi des Allemands. 
Quand ces deux généraux furent certains que ce souverain assiégeait An- 
tioche, iis traversèrent le fleuve qui se trouvait sur le chemin que l’empereur 
d’Allemagne avait l’intention de suivre pour marcher sur Alep et Damas et les 
autres villes de ce pays; ce fleuve est appelé Nahar el-Kalb (lé fleuve du 
chien). L’empereur connaissait tous les chemins. Quand il apprit cette nou- 
velle, il partit d’Antioche sur sa flotte et vint par mer à 'Akkâ; il campa 
auprès de l’armée des Francs à 

1. Telle est la traduction littérale de ces deux dernières phrases. 

2. Nom d’une petite citadelle, sur le bord de la mer, qui domine 'Akkâ. 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


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Mothaffar-ad-Dîn-Kara-Arslân \ prince de 1’ 'Adjem ; il écrivit éga- - 
lement au khalife. 

Pendant ce temps, les Francs recevaient des renforts, et on 
reçut d’Alep la nouvelle que l’empereur d’Allemagne était parti 
de Constantinople à la tête d'une armée innombrable de plus d’un 
million d’hommes et que ces troupes se dirigeaient vers les pays 
de l’Islam. — Cette nouvelle désespéra le sultan et les Musulmans 
qui se trouvaient autour de lui. 

Cette année moururent : Hosâm-ad-Dïn-Sonkor-al-Khilâti, 
durant la nuit du lundi, vingt-septième jour du mois deRadjab; Foi. 34 y. 
— l’émir Hosam-ad-Dîu-Toümân, le mercredi treizième jour de 
Sha'bân ; — l’émir 'Izz-ad-Dîn-Mousak-ibn-Djalgoû s , au mois de 
Sha'bân; cet émir était neveu du sultan Salâh-ad-Dîn ; — Sharaf- 
ad-Dîn-Aboû-Sa'd-'Abd-Allah-ibn-Aboü-'Asroün, à Damas, le mer- 
credi, onzième jour du mois de Ramadhân; il était né le premier 
jour 3 de l’année 492; — Zihyâ-ad-Dln-'Isa-al-Hakkârl, le mercredi 
neuvième jour de Dhoû’-l-Ka'da, dans la bataille de Kharroûba. 


Année 586. 

Vingtième année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir- 
Salah-ad-Dîn en Égypte. 

L’année commença, tandis que le sultan se trouvait toujours à 
Kharroûba occupé à assiéger les Francs 4 ; les troupes musulmanes 


1. Le souverain de l’Azerbeïdjan était alors Kizil-Arslân-Othman, qui monta 
sur le trône en 582 de l’hég., et qui eut pour successeur Abou-Bekr-ibn-11- 
pehlevan (587 hég.). 

2. Ce nom ne porte aucun point diacritique dans le manuscrit, sa lecture 
est donc incertaine. 

3. Ou peut-être tout au commencement. 

4. J’emprunte à Y Histoire des Patriarches d’ Alexandrie la suite du récit de 
la lutte qui se livra devant Saint-Jean-d’Acre. « Quand Salâh-ad-Din apprit que 
l’empereur d’Allemagne était arrivé pendant la nuit sur sa flotte, il ne fut pas 
épouvanté par les forces qu’il avait amenées et forma le projet de l’attaquer. 
11 s’avança jusqu’aux fossés et livra bataille aux Francs. Après un certain 
temps, l’empereur d’Allemagne mourut et après lui, son fils; la plupart de 
leurs soldats avaient péri par suite du changement d’eau et d’air. Quant à ce 
qui restait de leur armée, la plus grande partie se fondit avec les Francs ; c’est 
ainsique finit l’empereur d’Allemagne, et ce fut comme s’il n’avait jamais existé. 
Louanges en soient rendues à Dieu, le Vivant, celui qui existe éternellement! 
Après que les rois du monde eurent tremblé par suite de la peur que leur 
inspirait l’empereur d’Allemagne, ils retrouvèrent leur tranquillité et ils se 
réjouirent de sa mort. Ce souverain était arrivé à la colline d’*Akkà ( tell-Akkà ) 
au mois de Ramadan de l’année 586. 

« Cette année, les Francs avaient fait trois tours de bois, et ils les poussèrent 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


arrivèrent des provinces orientales et du reste des pays. Le sul- 
tan partit alors de Kharroùba, le dix-huitième jour du mois de 


en avant de leur ligne de combat après les avoir munies de tous les engins 
nécessaires à la lutte, et ils les firent avancer jusqu’à ce qu elles touchassent 
les murs d’ r Akkâ. Salàh-ad-Dîn avait fait partir d’ f Akkâ l’usfàd Djourdïk et en 
avait donné le commandement à un officier qui était également l’un des ustàds, 
nommé Karâkoüsh, qui avait pour surnom Bahà-ad-Din. Ce général s’entendait 
merveilleusement à la guerre et à la fortification ; c’était lui qui avait cons- 
truit les murs du Kaire et qui avait entouré cette ville de son enceinte forti- 
fiée. Il l’avait étendue jusqu’à l’endroit où le Nil se partage en deux branches 
( al-maksam ), de telle sorte qu’il fit pénétrer le Nil dans l'intérieur du mur 
d’enceinte; il prolongea ensuite cette enceinte jusqu’au mont Mokattam qui 
domine Misr, de manière que la ville fût comprise à l'intérieur du mur; il bâtit 
la forteresse qui s’élève au dessus du Kaire sur le sommet de la montagne, 
en dehors de la ville et au sud. Il fit creuser dans cette citadelle un puits; 
on se servit pour cela de sondes ( azmil ) d’acier et on fora depuis le sommet 
du Mokattam jusqu’à sa base où on trouva l’eau ; la profondeur du puits 
ainsi creusé fut de deux cents coudées. Il y fit également une citerne qui se 
remplissait avec l’eau qui provenait d’autres travaux d’art exécutés en dehors 
de la citadelle. Il entoura en peu de temps la citadelle d’un mur d’enceinte, 
de tours et d’autres ouvrages ; le temps est passé et son œuvre n'a point péri. 
C’est par suite de la renommée que ces travaux lui avaient acquis que Salàh- 
ad-Dïn lui confia la ville d’ 'Akkâ et qu’il le chargea de la défendre contre les 
Francs. Quand les (trois) tours furent tout près des murs, les chevaliers y 
montèrent et ils engagèrent le combat en jetant des flèches du haut de ces 
tours; les Musulmans furent alors sur le point de leur livrer la ville. 

« Il y avait alors dans la ville un homme appelé Ibn-ad-Nadjdjàr qui était 
originaire de Bagdad. Il vint trouver Bahâ-ad-Din-Karâkoûsh et lui dit : « Je 
veux venir à l’aide de mon maître Salàh-ad-Dln et brûler ces tours. » Bahà-ad- 
Din lui dit : « Et comment feras-tu? » L’homme lui répondit : « Je préparerai 
du naphte suivant une formule que je connais et je le lancerai sur les tours, de 
telle façon qu’elles seront incendiées ; si je lançais de ce naphte sur une mon- 
tagne d’acier, je la réduirais en cendres ». L’émir lui dit : « Eh bienl fais 
comme tu l'entendras. » 11 lui donna en même temps deux cents dinars; Ibn 
ai-Nadjdjar s’en alla et fabriqua trois obus de naphte qu’il projeta sur les 
trois tours qui furent incendiées : six cents des meilleurs chevaliers francs 
qui se trouvaient sous ces tours revêtus de leurs cuirasses périrent dans les 
flammes. Ce fut un jour de deuil pour l'armée des Francs, et un jour de 
réjouissance et de fête pour tous les Musulmans présents et absents, proches 
ou éloignés, parce que les Francs étaient sur le point de s’emparer de la ville. 

« Quand les trois tours eurent été ainsi incendiées, les Francs placèrent un 
mandjanik sur un navire de guerre de fort tonnage et tout neuf; un grand 
nombre d’entre eux y montèrent; ils avancèrent jusqu'à venir accoster le 
mur d’ 'Akkâ du côté de la mer, et les archers lancèrent des flèches par 
dessus le mur de la ville du haut du pont; ce mandjanik se trouvant tout 
près de la ville, le même artificier Ibn al-Nadjdjâr arriva et incendia le vais- 
seau ; la plus grande partie des soldats qui en formaient l’équipage périrent 
dans les flammes. Après l’incendie de leur vaisseau, les Francs fabriquèrent 
un bélier monté solidement sur une énorme poutre de bois et ils le blin- 
dèrent avec des lames de fer; ils y firent une tète pour défoncer le mur, 
cette tête pesait vingt hintar de fer; ils abattirent ainsi une grande partie 
du mur et ils firent écrouler une grande courtine. Les Musulmans firent alors 
une sortie, ils engagèrent avec les Francs un vif combat, et des deux côtés 
il y eut beaucoup de morts; Ibn-al-Nadjdjàr sortit encore de la ville et incen- 
dia le bélier. 

« La lutte se prolongea devant 'Akkâ entre les Francs et les Musulmans, jour 

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histoire d’égypte de makrizi 


49 


Rabi’ premier et vint s’établir à Tell-Kisan * et les troupes conti- » 
nuôrent à arriver. Les trois tours que les Francs avaient cons- 
truites en face d’ 'Akkâ furent terminées dans un délai de sept 
mois et elles dominèrent la ville; elles étaient occupées par de 
nombreux combattants abondamment pourvus de munitions; en 
même temps, les Francs étaient parvenus à combler la plus 
grande partie du fossé. 

Ils attaquèrent la ville avec une telle vigueur que les Musulmans 


et nuit, sans qu’une seule journée se passât sans combat, depuis que les Francs 
y furent arrivés au mois de Radjab de l’année 585 jusqu’au mois de Djoumada 
second de 587. Le roi de France (melih Afransis) arriva à ce moment avec 
une escadre de cent navires de guerre pour passer l’hiver à ’Akkà; il descen- 
dit à terre et réunit ses troupes à celles des Francs ; le combat recommença 
avec une nouvelle violence autour d’ ’Akkâ. 

« Le sultan Salâh-ad-Dîn avait fait sortir de la place la première armée qui 
s’y trouvait et l’avait remplacée par des troupes fraîches, à la tête desquelles 
se trouvaient en fait de grands émirs, Saîf-ad-Dîn-'Ali-ibn-Ahmad, comman- 
dant des Kurdes, 'Alam-ad-Dîn-Arsal, commandant des mamlouks Sâléhis et 
des Asadîs, le fils de Saîf-ad-Dln-al-Djaoüli, Fakhr-ad-Dln-Ya'koüb-al-Amiri, 
commandant des Turkomans. Le roi de France poussa vigoureusement les 
opérations du siège contre ces généraux durant les deux mois de Djoum&da 
second et de Radjab, il investit complètement la ville et empêcha qu’on y 
pût introduire quoi que ce soit; il s’en empara enfin le vendredi 15 du mois 
de Sha'ban de l’année 589 : le siège s’était prolongé durant deux ans, un mois 
et quinze jours. 

Un homme qui se trouvait à'Akkâau moment ou les Musulmans la prirent aux 
Francs, m’a raconté qu’ils avaient trouvé leurs mosquées changées en églises, 
Quand à leur tour les Francs l’enlevèrent aux Musulmans pour la première fois, 
ils y firent des peintures. Quand Salâh-ad-Dîn s’en empara, les Musulmans 
rassemblèrent tous les prisonniers francs qui se trouvaient en leur pouvoir et 
ils les conduisirent à la grande mosquée, iis leur firent porter de l’eau et leur 
firent laver les murs et les portes, ils les forcèrent à gratter ces peintures et à 
blanchir les murs à la chaux de telle façon qu’il n’en resta plus trace ; quand 
cela fut terminé, iis y firent la prière le reste du vendredi, jour de la conquête 
d’Akkà. Cet homme resta dans la ville jusqu’au moment où le roi de France 
s’en empara : les Francs prirent alors les prisonniers musulmans, les condui- 
sirent à la mosquée, leur firent porter de l’eau, laver les murs, les blanchirent 
et on y repeignit des peintures comme celles qui y étaient auparavant. 

« Quand les Francs se furent emparés d ,f Akkà, ils firent prisonniers tous 
les soldats et les citadins qui s’y trouvaient; Salâh-ad-Dln envoya au roi de 
France un parlementaire pour fixer avec lui le prix de leur rançon, mais ils 
ne parvinrent pas à s’entendre; le roi de France prit alors les grands émirs 
comme Ahmad, Bahâ-ad-Din-Karâkoüsh, Yakoüb-al-'Amiri et d’autres; il les 
sépara du reste des troupes et les fit charger de chaînes. Quant à Arsal et 
Ibn-al-Djaoulî, ils parvinrent à s’échapper au moment où la ville fut prise; 
ils ne sauvèrent que leurs personnes et rien autre chose et ils rejoignirent 
l’armée musulmane abandonnant leurs fortunes, leurs mamlouks et leurs sol- 
dats. Quant au reste des captifs, le roi de France mit à part les Nègres, les 
Kurdes et les Ghozzes de telle sorte que les nationalités fussent bien sépa- 
rées et il les fit tous massacrer. Salâh-ad-Dîn avec toute son armée fut le 
témoin de ce spectacle. Le roi de France prit les captifs qui lui étaient échus 
en partage et retourna avec eux dans son royaume. » 

1. Yâkoüt-al-Hamâv! se borne à dire que c’est une petite localité dans la 
plaine d’ 'Akkâ ( mardj-Akkâ , tome I, p. 868). 

> Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 4 

-i 145 




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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


en furent épouvantés. La lutte continua avec acharnement des 
deux côtés jusqu’à ce que lès trois tours fussent incendiées. Les 
habitants d' ’Akkà firent alors une sortie, déblayèrent le fossé, 
bouchèrent les brèches du mur d’enceinte, s’emparèrent de 
toutes les armes qui se trouvaient dans les tours et se fortifièrent 
dans la ville. Il y eut aussi entre la flotte musulmane et les 
navires francs plusieurs engagements dans lesquels un grand 
nombre de Francs périrent. 

L’empereur d’Allemagne arriva aux frontières des pays de l’Isla- 
misme alors qu’un grand nombre de ses soldats avaient déjà péri ; 
le sultan seldjoukide 'Izz-ad-Din-Kilidj-Arslàn leur livra bataille, 
mais il fut mis en déroute et forcé de se réfugier à.Koniah *. Les 
Allemands attaquèrent cette ville et ils incendièrent ses marchés. 
De là ils marchèrent sur Tarsoûs * dans l’intention de se rendre 


1. La ville de Koniah est bien connue des historiens et des géographes 
orientaux qui ne donnent d'ailleurs sur elle que peu de renseignements; ce 
nom est une transcription d’Iconium avec chute de la voyelle initiale; on peut 
consulter sur cette ville la Géographie d'Aboulféda (tome II, partie II, p. 136). 
Hadji-Khalifa nous apprend dans le Djihàn-Numd qu’elle est située au pied 
d’une haute montagne qui a deux cimes, dans une plaine arrosée par plusieurs 
cours d’eau, et qu’elle possède de solides fortifications. Au sud et au pied de 
cette montagne se trouvent d’admirables jardins connus sous le nom de jardins 
de Meram; les ruisseaux qui les traversent se réunissent en un seul cours d’eau 
qui forme un lac qui entoure la montagne à sa base. La forteresse fut bâtie 
par le sultan seldjoukide Kilidj-Arslân ; le sultan fit également élever dans 
cette ville un splendide palais où l’on voyait une merveilleuse salle du trône 
{ivàn) ; les fortifications de Koniah furent restaurées par le sultan seldjoukido 
'Alâ-ad-Dîn-Kal-Kobâd . Elles étaient élevées de trente coudées au-dessus du 
bord du fossé dont la profondeur atteignait vingt coudées. Il y avait à Koniah 
douze portes défendues par de grandes tours ; l’eau y est amenée du dehors 
par une canalisation souterraine très compliquée. Le territoire qui dépend de 
Koniah produit entre autres choses, du coton, des céréales et beaucoup de 
fruits, particulièrement des abricots excellents qu’on appelle abricots de 
Kamar-ad-Din. On cultive dans les environs de cette ville une sorte de fleur 
très curieuse dont les pétales sont d’un bleu céleste et à laquelle les habitants 
donnent le nom de « fleur de tanneur » ; elle sert, en effet, à ces artisans pour 
teindre des maroquins que l’on exporte ensuite dans tous les pays environ- 
nants. C'est à Koniah que se trouve le tombeau de l’immortel auteur du 
Mesnévi , Dj alàl-ad-Di n-al-Ro ü ml. 

2. D'après Yâkoût ( Mo'djam-al-bouldân , tome III, p. 526), les coordonnées 
de cette ville sont : L. 58° 30', 1. 35° 15' et elle aurait reçu son nom de Tar- 
soûs, fils de Roùm, fils de Yafaz, fils de Sem, fils de Noé. Hadji-Khalifa 
consacre dans son Djihân-Numâ , une notice insignifiante à cette ville qu’il 
dit avoir été le théâtre de l’histoire des Sept Dormants. Un auteur nommé 
Ahmad-ibn-al-Tayyib-al-Sarakhsî nous apprend qu’elle était éloignée de six 
farsakhs d’Adâna; entre ces deux villes il y avait deux caravansérails; Tar- 
soûs était défendue par une triple fortification, consistant en un fossé et deux 
murs d’enceinte ; elle avait six portes. Idrisi raconte dans le Nozhat-al- 
moshtak (trad. Jaubert, tome II, p. 133), qu’on y voyait deux grands bazars 
construits en pierre et qu’elle est séparée de la mer par une distance de 12 
milles ; c’est là que se trouvait le fort d’Arlàsh qui était l’entrepôt de Tarsoûs 
et qui était éloigné de Séleucie de deux jours de marche. 

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histoire d’égypte de makrizi 


51 


à Jérusalem et de reprendre au sultan la ville et les forteresses 
qu’il leur avait enlevées ; leur empereur mourut dans cette ville. 

Son fils lui succéda et marcha sur Antioche; le sultan envoya 
dans cette ville la plus grande partie des troupes qui se trouvaient 
avec lui occupées à la lutte devant 'Akka et une épidémie très 
grave s’abattit sur les soldats qui restaient avec lui. 

Le sultan ordonna de démanteler Tibériade, Jaffa *, Arsoûf *, 
Césarée, Saidâ et Djobaïl. Ces villes furent rasées et on transféra 
les gens qui les habitaient à Bairoüt. Les Francs recouvrèrent 
l’espérance de vaincre le sultan à cause du petit nombre de troupes 
qui restaient avec lui. Ils montèrent à cheval, l’attaquèrent et 
pillèrent la tente ( ôtâk ) d’al-Malik-al-'Adil. Les Musulmans et les 
Francs se livrèrent un combat dans lequel ces derniers furent 
mis en fuite et repoussés jusque dans leur camp ; ils perdirent 
mille des leurs-dans cet engagement. De plus, leurs effectifs dimi- 
nuaient de jour en jour, sans qu’ils reçussent de renforts; malgré 
cela ils dressèrent des mangonneaux contre ‘Akka et le sultan 
se retira jusqu’à Kharroûbah. — Il reçut une lettre de l’empereur 
de Constantinople 3 lui annonçant qu’il avait reçu le menber que 
le sultan avait envoyé, et l’arrivée du khatib et des muezzins; 
il l’informait en même temps que l'on faisait la kholba dans la 
vieille mosquée de Constantinople au nom du khalife an-Nâsir. Foi. 35 r*. 

Le fils de l’empereur d’Allemagne partit d’Antioche et marcha 
sur Tarabolos avec son armée; de là, il se rendit par mer à 'Akka 
où il arriva le sixième jour du mois de Ramadhân. Il y séjourna 
jusqu’au moment de sa mort, le douzième jour du mois de 
Dhoû-T-Hidjdjah après avoir combattu contre les Musulmans et 
sans avoir remporté de succès décisif. 

L’hiver arriva ; la guerre 4 traînait en longueur et les troupes 
étaient fatiguées des combats incessants qu’elles avaient à livrer; 


1. Yâkoût (A to'djam, t. IV, p. 1003) nous apprend que les coordonnées de cette 
ville sont : L. 56° et 1. 33"; suivant Aboulféda ( Géographie , tome II, partie II, 
page 17), elle est située à 6 milles de Ramla. Hadji-Khalifa nous apprend dans 
son Djihan-Numü ce détail curieux qu’il y avait dans cette ville un agent 
consulaire pour chacune des principales villes de Syrie. 

2. Nom d’une ville située sur le bord de la mer entre Césarée et Jaffa; ses 
coordonnées sont : L. 50 50’ ; 1. 32° 46’. Hadji-Khalifa nous apprend que de 
son temps il n’y avait plus que des ruines de ses murailles; elle était déjà 
complètement ruinée à l’époque à laquelle écrivait Aboulféda ( Géographie , 
tome II, partie II, page 18). D’après Yàkout [Mo'djatn-al-boulddn, tome I, 
page 207), plusieurs musiciens célèbres sont originaires de cette ville; parmi 
eux je citerai un nommé 'Aboù-Zakariâ-Yahyâ-al-ArsoûfT. 

3. Je n’ai pas trouvé trace de cette ambassade dans la Chronologie byzan- 
tine de Murait. 

4. Paikâr; ce mot, qui est emprunté au persan, signifie littéralement « action 
de se trouver face à face » ’ pati-kdra. 

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52 REVUE DE, L’ORIENT LATIN 

le prince de Sindj&r, le prince du Djazlrah et le prince de Mausil 
quittèrent l’armée . 

Cette môme année mourut Saîf-ad-Daüla-Aboü-’l-Malmoün-Mou- 
barak-Kâmil-ibn-Mounkid, inspecteur des bureaux au Caire. 


Année 587 . 

Vingt et unième année du règne du sultan al-Malik-an-Nàsir- 
Salâh-ad-Dïn en Egypte. 

Al-Malik-ath-Thahir, prince d’Alep quitta (l’armée) et al-Malik- 
al-Mothaffar s’en retourna à Hamah, de sorte que le sultan resta 
à la tête d’un petit nombre de troupes. 

La lutte continua entre la garnison d”Akkâ, commandée par 
l’émir Bahâ-ad-Dîn Karâkoüsh et les Francs. 

Le printemps étant arrivé, les troupes revinrent auprès du 
sultan ; mais les Francs reçurent également des renforts et rédui- 
sirent 'Akkà à la dernière extrémité ; ils poussèrent le siège avec 
la plus grande vigueur et dressèrent des mangonneaux pour battre 
la ville. Cette lutte se prolongea jusqu’au moment où les Francs 
s’emparèrent d”Akkâ, le vendredi dix-sept de Djoumadâ second *. 


1. On lit dans V Histoire des Patriarches cT Alexandrie (ms. ar. 302, page 278) : 
Vers l’époque où le roi de France s’empara d"Akkâ, arriva le roi a Angle- 
terre, le Franc, qui se nommait Samarnamand (sic); c était un homme res 
brave, qui se connaissait bien à la guerre et qui n’avait aucune crain e e a 
mort; une armée considérable ne lui faisait pas peur et même si 
devant lui des milliers de gens et qu’il eût été seul, il n aurait pas si 

se précipiter sur eux; parmi les souverains francs qui étaient venus, il ny 
avait jamais eu un tel que lui; quand il chargeait l’ennemi, personne n 
tenait devant lui. Le roi de France lui laissa cinq cents chevaliers et lui remit 
le commandement de l’armée ; il lui laissa les troupes, lui donna ses instruc- 
tions et partit. Le roi d’Angleterre s’occupa pendant quelques jours des 
affaires d"Akkâ; il y plaça des troupes pour la garder, puis partit pour 
aller assiéger llaifa; de là, il se rendit à Arsouf. Pendant ce temps, .a . 1 - 
ad-Dïn assiégeait une petite forteresse qui appartenait aux Hospitaliers e 
qui se nommait Shafar'amm; alors le sultan se mit en marche pour a er 
attaquer. 

Le roi d’Angleterre avait imaginé de mettre des archers pour manœuvr 
des zambourak sur des chars couverts; ces chars montés par les tireurs mar- 
chaient sur les deux flancs de l’armée, à droite et à gauche, 1 armée étant 
ainsi au centre; aucun ennemi ne pouvait s’approcher de ces chars sans etre 
tué. Quand Sâlah-ad-Dïn eut rejoint le roi d’Angleterre à Arsouf, U lui nvra 
bataille, mais if ne put le vaincre; comme il craignait qui! ^ ne msrcnw .sur 
'Askalon et qu’il ne s’en emparât, il se dirigea en toute liàte sur cette vi e 
pour y arriver avant lui ; puis il la démantela et 1 incendia de telle so e qu 1 
n’en resta plus qu’un monceau de ruines. . 

Salah-ad-Dln partit ensuite d’ f Askalân et vint à Ramlali. Quand le roi QAn- 

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histoire d'égypte de makrizi 


53 


Ils firent prisonniers tous les Musulmans qui s’y trouvaient, au 
nombre de quelques milliers. Ils firent ensuite une sortie pour 
lutter contre les Musulmans, mais le sultan tomba sur eux et les 
mil en pleine déroute. 

Il y eut alors des pourparlers en vue de la paix et de la mise en 
liberté des prisonniers, mais iis n’aboutirent pas. Le vingt-sep- 
tième jour du mois de Radjab, les Francs sortirent de leurs tentes, 
firent amener les prisonniers musulmans, et se ruèrent tous 
ensemble sur ces infortunés qu’ils tuèrent jusqu’au dernier. Les 
avant-postes musulmans faisaient face aux Francs ; les soldats qui 
en faisaient partie se précipitèrent sur eux et une terrible bataille 
s’engagea dans laquelle les deux partis perdirent du monde. 

Au commencement du mois de Sha'bân, les Francs partirent 
pour se rendre à 'Askalân ; le sultan leva son camp et se mit à 
leur poursuite. Le quatorzième jour du mois, il les rencontra à 
Arsouf; les Musulmans furent mis en déroute, mais Salâh-ad-Dîn 
tint ferme jusqu’à ce que les troupes se fussent ralliées autour de 
lui ; il ramena ses troupes au combat et força les Francs à aller 
se réfugier derrière les murs d’Arsoüf. Le dix-neuvième jour du 
môme mois, Salâh-ad-Dîn décampa, il vint camper à 'Askalân 
dans l’intention de la saccager pour en rendre la défense impos- 
sible; il divisa les tours entre les émirs 1 ; les habitants crièrent et 
pleurèrent de douleur et de rage en voyant détruire leur ville. 
C’était, en effet, une des plus belles cités qui existassent alors, car 
elle était bien bâtie, bien fortifiée, et il était très agréable d’y 


gleterre apprit qu’il avait fait démanteler 'Askalân et qu’il l’avait incendiée, 
il en fut très marri et demeura à Arsouf durant quelques jours dans le but de 
prendre ses dispositions pour venir attaquer l’armée de Salâh-ad-Dîn, mais 
ce dernier était tenu au courant de tout par des espions. Salâh-ad-Dîn, par- 
tit alors de Ramlah, gravit les montagnes et s’arrêta à Natroün, qui est située 
dans les montagnes ; il est très difficile d’y accéder et il n’y a pas d’endroit 
par lequel on puisse attaquer cette place. Le roi d’Angleterre leva son camp 
et vint à Ramlah. Quand il fut venu camper dans cette ville, le sultan quitta 
Natroün dans l’intention de se diriger sur Jérusalem; le roi d’Angleterre 
quitta immédiatement Ramlah et vint camper à Natroün. Quand le sultan fut 
entré à Jérusalem, il s’occupa sans aucun retard de faire creuser les fossés et 
de réparer les tours. Quant au roi d’Angleterre, il resta quelque temps à 
Natroün, puis il redescendit à 'Askalân où il campa; il fit rebâtir cette ville 
et en releva l’enceinte fortifiée ; de là, il se rendit dans une autre ville où il 
fit exécuter les mêmes travaux. 

Shafar amm ou Shafr'amm, dit Yâkoüt dans le Mo'djam (tome III, page 304), 
est un gros bourg distant de 3 milles de 'Akkà. 

1. C’est-à-dire que l’on divisait le mur d’enceinte en un certain nombre de 
sections dont chacune était livrée à un émir, qui devait la faire abattre par 
les troupes placées sous ses ordres. On en usait toujours ainsi aussi bien 
chez les Mongols que chez les Ayyoubites quand on voulait démanteler une 
place forte. 

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à 



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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Fol. 35 t®. 


vivre. La ville fut rasée et incendiée sans interruption jusqu'à la 
fin du mois de Sha'bân. 

Le hàfith 'Abd-al- f Athïm-al-Mundîri 1 dit ce qui suit dans son 
livre intitulé al-Mo' djem-al-Mutardjem : « J'ai entendu l’illustre 
émir Aboü-Zain-ad-Dîn- f Abd-Aliah-Aboü’-l-Mansoûr-al-Banyâsi an- 
Nàsiri 8 , raconter le fait suivant : Quand nous démolîmes la ville 
d ,e Askalàn 8 on me donna à détruire la tour du Couvent ( Bordj - 
az-zaviyyah)\ ce fut Khatlidj al-Mo f izzi (?) 4 qui exécuta cet ordre; 
nous y trouvâmes une inscription relatant l’époque à laquelle elle 
avait été bâtie et l’inscription gravée par ordre de Khatlidj; ce 
fut une des choses les plus extraordinaires qu’il me fut donné de 
vpir. Voici ce que m’a raconté à ce sujet le kàdri Abou’-l-Hasan- 
'AlMbn-Yahyà-aWcàfîô : J’ai vu à f Askalân la tour appelée la 
Tour du Sang ( Bordj-ad-damm)\ ce fut Khatlidj-al-Mo r izzl qui la 


1. Hadji-Khalifa cite cet auteur dans son Dictionnaire bibliographique; il 
lui donne le nom de Zakl-ad-Dïn-Aboü-Mohammad et les titres d'imam et de 
shëihh (tome V, page 630). D’après ce savant bibliographe, l'ouvrage cité par 
Makrlzl sous le titre de al-mo'âjam-al-motardjam serait un dictionnaire per- 
san expliqué en langue arabe; cependant il est bon de remarquer que l’extrait 
donné par Makrlzl ne ressemble guère à ce qu’on attendrait d’un passage tiré 
d’un dictionnaire. Je crois qu’il y a une erreur, soit de Makrlzl, soit de Hadji- 
Khalifa, sans oser décider à qui il convient de l’attribuer. Je serais néanmoins 
tenté de l’imputer plutôt à Hadji-Khalifa qu’à Makrlzl; le bibliographe turc 
qui ne semble pas avoir eu ce volume sous les yeux quand il rédigea sa 
notice, puisqu'il ne donne aucun détail sur lui, aura été amené à y voir un 
dictionnaire à cause du nombre considérable d’ouvrages de ce genre qui 
portent le nom de Mod'jam. On en trouvera une très longue liste dans son 
Dictionnaire bibliographique , de la page 625 à la page 630 du troisième 
volume ; mais parmi ces ouvrages, il y en a plus d’un qui n’est pas un 
dictionnaire linguistique; il y en a de géographiques comme le Mo'djam- 
al-bouldàn de Yâkoût-al-Hamâvi, d’autres biographiques comme le Mo'djam - 
al-Sahàbat d’Ibn-Lâl-Ahmad-ibn-'Ali-al-Hamâdhânl. Je n’ai trouvé cet ouvrage 
indiqué dans le catalogue d’aucune bibliothèque européenne; il m'est donc 
impossible de donner sur lui et sur son auteur des renseignements plus pré- 
cis que ceux que j’ai trouvés consignés dans le Dictionnaire biographique 
d'Ibn-Khallikan traduit en anglais par M. de Slane. Son nom complet était 
Zakî-ad-Dln-Aboü-Mohammad-'Abd-al-'Athlm-ibn-’Abd-al-Kâwl-ibn-'Abd-Al- 
lah-ibn-Salâml ; il naquit en Égypte en Sha'aban 581 et il étudia à fond le 
Koran et ses commentaires, les traditions, la littérature et la jurisprudence ; 
il devint proviseur du collège fondé au Kaire par al-Malik-al-Kâmil, fils d’al- 
Malik-al-'Adil; parmi ses élèves on compte Ibn-Khallikan lui-mème; en plus 
du Mo’djam, il a composé plusieurs ouvrages uniquement destinés à l’étude 
des traditions musulmanes. Il mourut en l’année 656 de l’hégire, soit huit ans 
après la chute de la dynastie ayyoubite (Ibn-Khallikan’s Biographical Die - 
tionary , vol. I, page 89. 

2. Je n’ai pas trouvé de renseignements sur cet officier dans le Biographi- 
cal Dictionary d’Ibn-Khallikan. 

3. Le manuscrit de Makrlzl porte ici le nom de la ville de Balroût, ce qui est 
une faute évidente, comme le lecteur ne manquera pas de s’en apercevoir par 
la lecture de la suite de cet extrait d' 'Abd-al-’Athlm-al-Mondirï. 

4. Le manuscrit de Makrlzl porte la leçon inintelligible Khatlidj Mari. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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rasa au mois de Sha'abân de cette année. J’ai vu sur cette tour 
une inscription qui était ainsi conçue : La construction de cette 
tour fut ordonnée par notre maître très glorieux, l'émir des ar- 
mées, et fut exécutée par son esclave et son officier Khatlidj au 
mois de Sha'abân. » Cet émir des armées est Badr *. Je fus stu- 
péfait de cette concordance, ainsi cette tour avait été construite 
au mois de Sha'ban par un Khatlidj et elle fut détruite en Sha'bàn 
par un Khatlidj. » 

Le sultan partit d' f Askalân quand cette ville eut été complète- 
ment détruite, le second jour du mois de Ramadhàn; il vint cam- 
per à Ramla; il en rasa la forteresse et abattit l'église de Lydda s . 


1. Le célèbre Badr-ad-Djamalî, qui fut maréchal et généralissime ( amîr-al - 
djoyoûsh ) et gouverneur de Damas sous le règne du khalife fatimite, Abou- 
Tamîm-al-Mostansir-billah-Abou-Tamlm-Ma'd. Il mourut en l’année 487 de 
l’hégire (1094 J. -C.‘). 

2. Salâh-ad-Dln partit d’ 'Askalân (Djamàl-ad-DIn-ibn-\Vàsil, Mofarradj-al- 
kouroûb, ms. ar. 1702, folio 124 r°), après l’avoir fait raser, le mardi deuxième 
jour du mois de Ramadan et il alla camper à Yabnâ, puis il se rendit à Ramlah 
le mercredi trois de ce même mois; il arriva à Jérusalem le jeudi suivant; il 
en repartit le lundi huit et alla coucher à Beit-Noubâh; il revint ensuite à son 
camp le mardi neuf. C’est à ce moment que Mo'izz-ad-Dïn-Kaîsar-Shâh, fils 
du sultan seldjoukide du pays de Roûm, Rokn-ad-Dln-Kilidj-Àrslàn, prince de 
Malatiyya, vint le trouver pour lui demander aide et secours contre son père 
et son frère qui voulaient lui prendre sa ville. Le sultan Salâh-ad-Dln fit rece- 
voir le prince turk par son fils al-Malik-al-'Adil; le prince demeura quelque 
temps auprès d’al-Malik-al-'Adil dont il épousa la fille moyennant une dot de 
100,000 dinars; il repartit dans les premiers jours de Dhoü-’l-ka'ada après 
s’étre arrangé avec ses frères. Le 10 du mois de Ramadan, des soldats de 
l’armée de Salâh-ad-Dln s'emparèrent d’un des familiers du roi d’Angleterre, 
qu’ils avaient pris pour le souverain lui-mème, à cause de la richesse de son 
costume; le roi d’Angleterre le racheta au prix de 8,000 dinars et remit en 
liberté dix prisonniers musulmans. Le dix-huit de Ramadan (toujours d'après 
Djamàl-ad-Dïn), il y eut une bataille entre les Francs et les Musulmans. Les 
Francs furent battus et perdirent l’un de leurs principaux généraux. 

Djamàl-ad-Dïn (ms. ar. 1702, folio 124 verso) raconte que le roi d’Angleterre 
envoya une ambassade à al-Malik-al-'Adil, pour lui faire dire qu’il avait une fille 
qu’il aimait beaucoup et qui venait de devenir veuve du roi de Sicile et qu’il 
la lui donnerait volontiers en mariage. Il s’engageait en outre à le reconnaître 
comme souverain dans tout le Sàhel; la princesse devait demeurer à Jérusalem 
et avoir auprès d’elle des prêtres et des moines catholiques. D’après le récit 
de l’historien arabe, al-Malik-al-'Adil aurait volontiers épousé la sœur du roi 
d’Angleterre dans ces conditions, mais le clergé chrétien représenta au roi 
que cette union était impossible au point de vue religieux à moins qu’al-Malik- 
al-'Adil ne se convertit au christianisme. Le prince musulman n’y voulut 
naturellement pas consentir. Ce fut l’historien Bahâ-ad-Dîn-ibn-Shaddâd qui 
fut chargé de ces négociations infructueuses ( al-navoàdir-al-sultaniyyah , Hist. 
orient ., tome III, p. 277 et ssq). On apprit peu de temps après que le roi des 
Francs ( Malik Afransîs) était mort à Antioche. Les événements qui se pas- 
sèrent à ce moment jusqu'au retour de Salâh-ad-Dln à Jérusalem se trouvent 
exposés en détail dans le tome III des Historiens orientaux La ville de Lydda 
ou Ludd est bien connue des géographes arabes. Yàkoüt nous apprend dans 
le Mo'djam-al-bouldân (tome IV, page 354) que c’est un gros village tout près 

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M 



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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


De là il se rendit à Jérusalem avec une petite escorte. Il revint 
ensuite raser la forteresse de Natroün. Durant ce temps, il y eut 
entre les Musulmans et les Francs quelques combats tant sur terre 
que sur mer. Le dernier jour du mois de Dhoü-'l-Ka'da, le sultan 
rentra à Jérusalem et Abou-’l-Hidjâ-as-Samin arriva avec l’armée 
égyptienne; Salâh-ad-Din mit la plus grande activité à réédifier les 
murailles de Jérusalem et à en faire creuser le fossé. 

Cette année moururent : 'Alam-ad-Dïn-Solaimàn-ibn-Haïdar, le 
dernier jour du mois de Dhoü-’l-Hidjdjâ; — al-Malik-al-Mothaffar- 
Takî-ad-Dîn- f Omar-ibn-Noür-ad-Daülah-Shàhânshâh-ibn-Ayyoüb- 
ibn-Shâdî, prince de Hamâh *. C’est lui qui constitua en wakf les 


de Jérusalem ; d’après Aboulféda ( Géographie , tome II, partie II, page 4), elle 
est peu éloignée de Ramla et c’est dans cette localité que paraîtra l’Antéchrist. 
Hadji-Khalifadit dans leDjihân-Numâ que cette ville fut rasée par les ordres 
du khalife Soleïman, fils d’ 'Abd-al-Malik ; il y a près de cette ville un puits 
de mercure. C’est à Lydda que Jésus-Christ tuera l’Antéchrist; toutes les 
semaines il s’y tient une foire; on y voit une très belle église. 

1. Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wàsil ( Mofarradj-al-kouroüb , ms. ar. 1702, folio 126 r # ) 
raconte que Salâh-ad-Din avait donné à ai-Malik-al-Mothaffar-Takl-ad-Dïn 
plusieurs villes situées à l’est de l’Euphrate, mais que cela ne lui avait pas 
suffi et qu’il avait cherché à s’emparer d’autres pays ; il conquit ainsi Sou- 
vaidâ ; il attaqua ensuite le pays d’Ikhlàt et défit l’armée du prince de ce pays 
Saif-ad-Din-Bektimoür, et s’empara de presque toute la contrée ; le prince de 
Ikhlftt, Saif-ad-Din envoya demander secours au khalife al-Nàsir-li-Din-Allah; 
le khalife adressa UDe lettre au sultan Salâh-ad-Din pour désapprouver la 
conduite de Taki-ad-Dîn et pour demander son intercession en faveur d’fïasan- 
ibn-Kiptchàk que Mothaffar-ad-Dîn, prince d’Arbèles, avait fait emprisonner 
(voir à ce sujet le al-navoâdir-al-sultaniyyah de Bahà-ad-Din-ibn-Shaddâd, 
dans le tome III des Historiens orientaux des croisades , page 282). Le khalife 
ordonnait ensuite au sultan Salâh-ad-Din de lui envoyer à Bagdad le kâdi 
al-Fadil. Je ne crois pas utile de traduire ici la réponse que le sultan 
d’Égypte fit à cette note comminatoire, car on la trouvera à la même page du 
tome II des Hist. orient, des croisades. Après ces événements, continue Dja- 
mâi-ad-Din-ibn-'Wasil, al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Din-'Omar-ibn-Shàhànshâh- 
ibn-Ayyoüb marcha contre la citadelle de Malazkerd qui appartenait à Saif- 
ad-Din-Bektimoür et l’investit avec une armée fort considérable. Il était 
accompagné de son fils al-Malik-al-Mansoür-Nâsir-ad-Din-Mohammad; c’est là 
qu’il fut atteint d’une maladie extrêmement grave qui le conduisit au tombeau 
le vendredi, dix nuits manquant du mois de Ramadan. Son fils, al-Malik-al- 
Mansoür cacha sa mort, leva le siège de Malàzkerd et revint avec son corps 
dans ses états. Personne au témoignage du kâdi Ibn-Wâsil n’avait bien 
compris quelles étaient au juste les intentions de Takî-ad-Dln. 

Après la mort d’al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Din, dit Djamàl-ad-Din-ibn- 
Wâsil ( Mofarradj-al-houroub , ms. ar. 1702, fol. 127 recto), son fils al-Malik-al- 
Mansoür-Nâsir^ad-Din prit possession de la ville de Ilamâh et du pays qui en 
dépend, et al-Malik-al-'Adil prit pour lui les provinces orientales. Quand al-Ma- 
lik-al-Mothaffar mourut, son fils écrivit à Salâh-ad-Din pour lui apprendre cette 
nouvelle et pour lui faire savoir qu’étant l’héritier présomptif de son père, il 
entendait régner sur tous les états qui lui avaient appartenu; mais al-Malik-al- 
Afdal demanda à son père Salâh-ad-Dïn de lui donner la partie des états de 
Takl-ad-DIn qui étaient au delà de l’Euphrate. Le sultan ayant fait droit à cette 
demande, ce prince partit de Jérusalem le troisième jour du mois de Safarde 

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histoire d’égypte de makrizi 


57 


belvédères de Maks à Misr pour eii faire un collège. 11 mourut à 
Hamâh dans la nuit du vendredi, neuvième jour du mois de Rama- 
dhân et fut inhumé dans cette même ville ; — Nadjm-ad-Dln- 
Mohammad - ibn-al- Mouvafflk - ibn - Sa'ld-ibn -'All-ibn-Hosain-ibn- 
’Abd-Allah-al-Khorastâni, le juriste shafi'i, le Soufi, le mercredi 
vingt-deuxième jour du mois de Dhoü’-l-Ka'da ; il fut enterré dans 
le quartier de Karâfa. 

Celte même année, le commandement de l’escadre de Misr fut 
donné à al-Malik-al-'Adil et on y engagea tous ceux qui voulurent 
y prendre du service. On perçut comme à l’habitude les revenus 
qui provenaient de la dîme à Misr, des prisons militaires dans la 
Haute et la Basse Égypte, de la fabrication du natroun 1 et de l’im- 
pôt foncier et des autres taxes analogues *, les revenus du 

Delta (sàhiUal-shatt), des vaisseaux appartenant au divan * ; des 
villes d’Esné et Tanbadha *. Al-Malik-al-'Adil eut besoin de quel- 
qu’un qui l’aidât à s’acquitter des fonctions qui lui avaient été con- 
fiées et il plaça au sous-secrétariat d’état de la marine ( divân-al - 
osioûl), Safï-ad-Din-'Abd-Allah-ibn-Shâkir 

Cette année, la crue du Nil fut extrêmement forte, de telle 
sorte que les campagnes environnantes furent complètement 
submergées. Cela fit considérablement renchérir les vivres en 
Égypte. Le blé se vendit trente dinars les cent ardebs, le pain 


l’année 588 et Salâh-ad-DIn lui donna 20,000 dinars sans compter les vêtements 
d’honneur qu’il lui distribua ainsi qu’à ses compagnons. Quand al-Malik-al- 
Mansoür apprit cela, il entra dans une violente colère et écrivit à son oncle 
al-Malik-al-’Adil qui se trouvait à Jérusalem pour protester contre cette me- 
sure. On trouvera dans le tome III des Historiens orientaux des croisades , 
page 296 et 298, la manière dont se termina cette affaire, les termes d’Ibn- 
Wâsil ne diffèrent pas sensiblement dans cet endroit de ceux de Bahâ-ad-DIn- 
ibn-Shaddàd. 

1. Le sel de nitre, c’est le même produit minéral qu’Hérodote nomme Xtxpov 
{ Histoires , II, § 86 sqq.), et qui servait dans les procédés de momification 
usités chez les Égyptiens. Photius et d’autres auteurs nous apprennent que 
le mot Xtepov n’était qu’une prononciation attique et plus spécialement athé- 
nienne du mot de la xoiWj, vfcpov d’où est venu notre mot nitre et l’arabe 
natron ou nitroûn qui n’est qu’une simple transcription du mot grec. 

2. Je soupçonne cette phrase d’être corrompue et je ne puis rien tirer de sa 
seconde partie, que je suis obligé de laisser sans traduction; il semble que 
Makrizi l’ait copiée dans un ouvrage administratif qu’il a peut-être mal com- 
pris, car, en définitive, l’administration des Ayyoubites était assez différente 
de celle de son époque. S’il l’a comprise, il est probable que, suivant son 
habitude, il l’aura abrégée d’une façon qui la rend incompréhensible pour 
moi. 

3. J’ignore en quoi pouvaient consister les revenus de la flotte de guerre ; gé- 
néralement une escadre militaire coûte de l’argent et ne rapporte rien. 

4. Ces deux noms sont mal écrits dans le texte, j’ai donné plus haut quelques 
détails sur la première de ces villes; je consacrerai un peu plus loin quelques 
lignes à la description de la seconde. 

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A 



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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


recuit 1 arriva à valoir un quart de dirhem les six ritls, les 
dates fraîches en grappes et les bananes un dirhem les six ritls; 
les grenades de qualité supérieure un dirhem le cent ; une charge 
de concombres deux dirhems; huit ritls de figues se vendaient 
un dirhem; six ri(ls de raisin un dirhem . Celte crue se produisit 
au mois de Bâbah deux mois après l’époque habituelle 2 ; cinq 
ritls de jasmin se vendaient uu dirhem , dix ritls de fruits de 
Foi. 36 r*. henné un dirhem; les dattes vertes de première qualité valaient 
un dirhem les dix ritls , et celles de second choix un dirhem les 
quinze ritls. — Ou continua à Misr et au Kaire les préparatifs de 
guerre, et l’escadre musulmane s’empara d’un navire de guerre 
dans lequel il y avait vingt-deux mille boucliers (?)... — Cette 
même année, il y eut en Égypte un tremblement de terre, et un 
violent coup de simoun s’abattit sur le pays ; l’ouragan souffla 
pendant trois jours ; cela fit périr toutes les plantes qui avaient 
échappé à l’inondation. Le voile 8 de la grande mosquée de Ma'ks 
fut mis en pièces par suite de la violence du vent et on craignit 
même que la mosquée ne fût renversée; on donna immédiate- 
ment l’ordre d’entreprendre sa réfection. 


Année 588 . 

Vingt-deuxième année du règne du sultan al-Malik-an-Nâsir- 
Salàh-ad-D'in en Égypte. 

Au commencement de cette année, le sultan se trouvait à Jéru- 
salem poursuivant avec énergie la reconstruction de la ville. — 
Le troisième jour du mois de Moharram, les Francs vinrent cam- 
per devant 'Askalân dans l’intention de la rebâtir; mais ils ne 
restèrent pas longtemps dans ce lieu, car une troupe d’Asadis 4 , 


1. Al-khubz-al-bàït , litt. « le pain qui a passé la nuit » : les dictionnaires 
ordinaires traduisent par « pain rassis », mais je ne sais pas si tel est bien 
exactement le sens de cette expression ; on peut voir dans le Supplément 
aux dictionnaires arabes de Dozy (tome I, page 132, col. 2) que l’adjectif 
bdît a le sens de « réchauffé ». Peut-être le al-khubz-al-bâil est-il un pain 
recuit; il semble, en tout cas, d’après les termes mômes de MakrlzT que 
c’était une qualité de pain inférieure. Il n’y faut cependant pas voir du bis- 
cuit dont le nom est tout différent et qu’on appelle souvent « pain grec » 
al-khubs-ar-roftmî . 

2. 11 s’agit évidemment ici de la crue; ce membre de phrase n’est pas à sa 
place dans la phrase; il faudrait le reporter plus haut avant l’énumération du 
prix des différentes denrées en Égypte. 

3. La lecture de ce mot est des plus douteuses, car il ne porte pas de points 
diacritiques. 

4. Anciens mamlouks d’Asad-ad-Din-Shirkoüh. 

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histoire d’égypte de makrizi 59 

parmi lesquels se trouvait Yâzkoûdj et d'autres de ses compa- 
gnons tombèrent sur eux et leur livrèrent plusieurs combats. 

Au mois de Safar, al-Malik-al-Afdal-Noür-ad-Dïn-'Ali, fils du 
sultan, partit pour se rendre dans les Provinces Orientales dans 
le but de prendre possession de la contrée qui avait appartenu à 
al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Dm-'Omar, et il traversa l’Euphrate. 
A celte occasion, le sultan dépensa vingt mille dinars sans compter 
les vêlements d'honneur et les habits de gala; mais, sur ces entre- 
faites, al-Malik-al-'Adil-Aboü-Bakr renonça à tout ce qu’il possé- 
dait en Syrie à l’exception de Karak, de Shaübak, de Sait ’, de la 
Balka et de la moitié de ses domaines en Égypte, et il reçut en 
échange les Provinces Orientales. Il partit de Jérusalem dans les 
premiers jours du mois de Djoum&da premier ; al-Malik-al-Afdal 
fut rappelé et revint auprès du sultan le cœur plein de colère. 
Al-Malik-al-'Adil se rendit à Harr&n et à Édesse, il arrangea les 
affaires de ces villes et s’en revint auprès du sultan à la fin du 
mois de Djoum&da second. 

Durant ce même mois, les Francs s’emparèrent de la forte- 
resse de D&roüm * ; l’armée égyptienne partit pour rejoindre le 


1. Hadji-Khalifa nous apprend dans le Djihàn-Numà que cette localité est 
située à l’est de la montagne de Gliaur, au sud d’'Adjloün, en face de Jéricho, 
et à une journée de distance de cette dernière ville. Elle possède une citadelle, 
au bas de laquelle coule une source qui donne naissance à une rivière. On y 
voit beaucoup de jardins où l’on cultive des grenades (cf. Aboulféda, Géo- 
graphie, tome II, partie II, page 22). Je n’ai trouvé de renseignements sur 
cette ville, ni dans Idrisi, ni dans Yâkoüt. 

2. On lit ce qui suit dans Y Histoire des Patriarches d'Alexandrie (ms. ar. 302, 
page 279). Le roi d’Angleterre marcha sur Deîr. . . [?] qui est la citadelle de 
Dàroûm. Cette citadelle demeura dans la possession des Musulmans jusqu’au 
mois de Djoümàda premier de 588. Le roi s’en empara et massacra ou Ht pri- 
sonnier tout ce qu’il y trouva; il alla ensuite assiéger Beirout. Salâh-ad-Dln 
partit alors de Jérusalem pour aller le combattre et il vint camper devant Jaffa 
avec l’armée, il assiégea cette ville pendant deux jours et s’en empara; il tua 
tous les soldats qui se trouvaient dans la ville, entre le mur d’enceinte et la 
citadelle ; quant aux chevaliers Francs, ils rentrèrent dans la forteresse et s’y 
fortifièrent; ils y résistèrent jusqu’au moment où le roi d’Angleterre arriva 
en vue de la place. Salâh-ad-Dln leva alors le siège et s’en retourna camper à 
Natroün. Ces événements se passèrent au mois de Radjab de l’année 588. 

Quand le roi d’Angleterre fut revenu de Beïrout à Jaffa et qu’il eut délivré la 
place en forçant Salâh-ad-Dln à lever le siège, il s’établit à Jaffa; al-Malik-al- 
'Adil-Aboü-Bakr, frère de Salàh-ad-Dîn, s’était, un peu auparavant, rendu dans 
le Diar-Bekr et dans T'Adjem où il avait rassemblé une armée; al-Malik-al- 
Mothaffar-Takï-ad-Dîn s’était emparé de la ville de Khilât et l’avait enlevée à 
Bektîmour; quand Takï-ad-Dln mourut, il eut pour successeur son fils, Naslr- 
ad-Dln qui y resta avec l’armée de son père. Quant al-Mallk-al-'Adil fut 
arrivé dans ce pays et qu’il eut rassemblé les troupes de toutes les Provinces 
Orientales, Naslr-ed-Din se joignit à lui et lui amena l’armée de son père ; al- 
Malik-al-*Adil, Mothaffar-ad-Din-ibn-Zain-ad-Din, prince d’Arbèles et de la ville 
de Maûsil et d’autres princes, réunirent ainsi une armée considérable, tandis 
que cette année les Francs n’avaient reçu aucun secours ni aucun renfort. Les 

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REYUE DE L'ORIENT LATIN 


sultan, mais les Francs l'attaquèrent en route et lui enlevèrent 
tout ce qu'elle possédait. Les soldats se dispersèrent dans le 
désert; les Francs firent cinq cents prisonniers et s'emparèrent 
d'environ trois mille chameaux; après quoi ils retournèrent à leur 
campement. Les Francs se crurent assez forts pour tenter une 
marche sur Jérusalem, mais la discorde se mit parmi eux; ils 
vinrent camper à Ramla et envoyèrent des ambassadeurs au sul- 
tan pour lui demander la paix. Le sultan Salâh-ad-Dïn partit de 


troupes demandaient à grands cris le combat; mais Salâh-ad-Din contint leur 
ardeur et temporisa. Allah le gratifia de son aide et enfin il se décida à faire 
la paix avec les Francs. La trêve fut fixée pour une durée de quarante mois, 
dont le premier fut le mois de Sha'aban de l’année 588. Cette trêve fut conclue 
avec le roi d’Angleterre et l’armée du Sahel ; il fut décidé que si un souverain 
franc arrivait des contrées qui sont au-delà de la mer avec des forces suffi- 
santes pour rompre la paix, les armées (chrétiennes) du Sahel s’y oppose- 
raient; il était entendu de plus que les Musulmans conserveraient les villes, les 
villages, les citadelles, les forteresses dont ils s’étaient emparés et qui se trou- 
vaient en leur possession ; que tout ce qui se trouvait dans les mains des Francs 
et n’avait pas été conquis par les Musulmans était la propriété des Francs. Une 
personne qui avait assisté à la signature de ce traité a raconté que Beïrout, 
Saidâ, Djibala, Djobaïl et plusieurs autres places fortes dont j’ignore le nom 
furent partagés par moitié entre les deux parties contractantes. Quant à Jéru- 
salem, elle était à cette époque en la possession des Musulmans et elle leur 
resta ; Salâh-ad-Din stipula que les Francs y pourraient venir en pèlerinage à 
la condition de ne pas être armés, mais qu’on n’exigerait d’eux aucun tribut. 
Salâh-ad-Din nomma Saîf-ad-Din-Yazkoùdj, gouverneur de Jérusalem, et l’y 
installa avec trois mille cavaliers, tant mamlouks qu’Asadis; il nomma le kâdî 
al-Fâdil-'Abd-ar-Rahmàn-ibn-'Ali-ibn-al-Baisâni, kadi de cette ville au mois de 
Ramadan ; il envoya des troupes pour abattre les remparts qui entouraient 
'Askalàn et cette ville demeura sans aucune fortification ; cette destruction 
avait été décidée dans le traité de paix. Les Francs et les Musulmans travail- 
lèrent ensemble au démantèlement d’Askalân et après la paix ils se mêlèrent 
et vécurent comme frères ; les princes agirent de même vis-à-vis de Salàh-ad- 
Dîn, qui leur envoya de l’argent et des présents; les princes francs lui offri- 
rent de même des cadeaux, des cheveaux, des boucliers, des épées allemandes 
avec de§ fourreaux en bois et des lances dont l’antenne était de bois verni. 
Quant aux Francs captifs qui se trouvaient au pouvoir des Musulmans et aux 
prisonniers musulmans qui étaient retenus par les Francs, on ne prit aucune 
décision à leur égard et chacun resta chez son maître, mais on leur laissa la 
faculté de se racheter à prix d’argent. Quelques jours après que la paix eut été 
signée, le roi d’Angleterre se rembarqua et s’en retourna dans ses états avec 
son butin et une partie de ses troupes. 

Au mois de Shavval de l’année 588, Salâh-ad-Din partit de Jérusalem pour se 
rendre à Damas après avoir observé, ainsi que tous les Musulmans qui étaient 
avec lui, le jeune du mois de Ramadan. Il avait alors quinze fils en état de 
monter à cheval et de le suivre; c’étaient al-Malik-al-'Aziz-Othmân à qui il 
réserva la souveraineté de l’Égypte, de Jérusalem et de la province qui en 
dépend ; ce prince régna après lui pendant cinq ans et demi ; al-Malik-al-A'azz- 
Ya'koüb, al-Malik-al-Mouayyad-Mas'oüd, al-Malik-Fath-ad-Din-Ishâk, al-Malik- 
al-Djavâd-Ayyoüb, al-Malik-ath-Thâhir-Ghâzi à qui il donna la souveraineté 
d’Alep et de la province qui en dépend, al-Malik-al-Afdal-'Ali qui fut souve- 
rain de Damas, al-Malik-al-Mostamir (ou Moushammer) -Khidr, al-Malik-az- 
Zàhir-Dàoüd ; les autres Toûrànshàh, Shàhànshâh, Malik-Shàh, Ahtnad, Aboû 
Bakr, étaient encore en bas âge. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Jérusalem, le dixiéme jour du mois de Radjab et marcha sur Jaffa 
qu’il vint assiéger. Il attaqua sans discontinuer les Francs qui s’y 
trouvaient et finit par emporter la ville d’assaut, ses troupes y 
firent un butin considérable. Le sultan prit possession de la cita- 
delle et en fit sortir la garnison franque. Sur ces entrefaites un 
renfort considérable de Francs arriva sur une flotte de cinquante 
navires ; les habitants de Jaffa venaient justement de surprendre 
un détachement de Musulmans ; le combat recommença, les 
navires des Francs étant en vue de la côte et n’ayant point encore 
accosté. Les équipages firent force de voiles et débarquèrent; 
les Francs se précipitèrent sur le sultan qui dut reculer jusqu’à 
Yàzoür f . 

Salàh-ad-Dîn ordonna de détruire cette ville et marcha sur 
Ramla, puis sur Jérusalem. Il voulait marcher contre les Francs, 
mais les officiers furent d’un avis tout différent, et quelques-uns 
d’entre eux allèrent même jusqu’à manifester leur opinion d’une 
façon irrespectueuse; cela le détermina à abandonner son projet. 
L’armée égyptienne étant arrivée *, le sultan partit pour Ramla, 
et la paix fut signée entre lui et les Francs le vingt-deuxième du 
mois de Sha'bân. On conclut une trêve générale sur terre et sur 
mer pour une durée de trois ans et trois mois, cette période 
devant commencer le onzième jour du mois de Shavvâl, date cor- 
respondant au premier jour du mois d’Elul 8 . Les clauses en étaient 
que les Francs posséderaient toute la côte depuis Jaffâ jusqu’à 
'Akkâ, Soür, Tarâbolos et Antioche. On fit dans le campement 4 
et dans les quartiers des troupes la proclamation suivante : 

' 1. Le manuscrit de Makrizi porte Yâzoürâ, ce qui est une faute évidente : 
Yakoùt- al-Harnàvi nous apprend, en effet, dans le MocTjam-al-bouldân 
(tome IV, page 1002) que Yâzoür est une petite ville qui dépend de Ramla; c’est 
de cette localité qu’était originaire le vizir de la Haute et de la Basse Égypte, 
le kâdx-al-kudât Aboü-Mohammad-al-Hasan-ibn-'Abd-ar-Rahman-al-Yâzoüri. 

2. L’armée égyptienne, dit Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsii ( Mofarraâj-al-koiiroiib 
ms. ar. 1702, folio 129 verso) s’était mise en marche pour aller rejoindre 
Salâh-ad-Dïn ; le sultan lui envoya de Jérusalem l’ordre de faire bien atten- 
tion quand elle arriverait à proximité des territoires occupés parles Francs. 
Les troupes musulmanes demeurèrent durant quelques jours à Bilbis pour 
y attendre l’arrivée des caravanes et pour avoir ainsi des nouvelles des 
Chrétiens; elles se remirent ensuite en route pour gagner la Syrie, et les 
Francs se mirent en quête de nouvelles pour savoir où elle se rendait; quand 
ils surent bien le chemin qu’elle devait tenir, ils montèrent sur le haut d’une 
montagne, dans l’intention de fondre sur elle quand elle passerait. Le sultan 
ayant appris quel était le plan des Chrétiens envoya les deux émirs Fakhr- 
ad-Dîn-Altoünbogha-al-'Adilî et Shams-ad-Dln-Aslam-al-Nàsirl pour dévoiler 
à ses troupes les embûches des Francs; l’un des officiers généraux de l’armée 
musulmane était Falak-ad-Dîn, frère d’al-Malik-al-'Adil. 

• 3. Nom d’un des mois du calendrier syrien. 

i. Makrizi emploie ici le mot turc oriental ôtdkàt avec le pluriel arabe. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


« La paix vient d’êlre conclue I quiconque voudra sortir de son 
pays pour entrer dans le nôtre, qu'il le fasse! Quiconque voudra 
sortir de nos états pour rentrer dans les siens, qu’il le fasse 
également! » 

Le jour de la conclusion de celte paix fut un jour mémorable, 
et on se réjouit des deux côtés d’être arrivés à cet heureux résul- 
tat, car les Francs aussi bien que les Musulmans étaient fatigués 
de la longueur de la guerre. Les soldats Francs se mêlèrent aux 
troupes musulmanes et plusieurs Musulmans partirent à Jaffé 
pour s’y livrer au commerce. Un grand nombre de Francs entrè- 
rent à Jérusalem pour y faire un pèlerinage ; le sultan les reçut 
avec beaucoup de distinction, les invita chez lui et leur donna un 
grand festin. Les souverains des Francs partirent pour ’Akkâ et 
le sultan partit de Jérusalem pour se rendre à Damas. L’émir 
Bahâ-ad-Din-Karakoûsh vint le rejoindre après avoir accompli ce 
qu’il avait à faire à Tibériade. 

Le vingt-cinqième jour du mois de Shavv&l, le sultan fit son 
entrée à Damas dont il avait été absent durant quatre années, et 
il permit à ses troupes de se séparer et de rentrer dans leurs 
foyers; les soldats se mirent en marche, mais son fils al-Malik- 
al-Afdal et le kadi al-Fâdil restèrent auprès du sultan. — Cette 
année, le prix des fèves passa en Egypte de quinze dinars à trente 
dinars les cent ardebs, parce qu’on en avait acheté cinquante 
mille ardebs rien que pour la consommation de la maison d’al- 
Malik-al-'Adil ’. — Celle année, on apprit l’existence d’un homme 
qui se disait être ’Abd-al-Ahad, le fils d’Hasan, fils du khalife 
fatimite al-Hafilh-li-dîn-Allah. On le mena devant al-Malik-al-’Aziz, 
au Kaire. Le prince lui dit : « Tu prétends être le khalife? » — 
L’individu lui répondit que oui : — « Où étais-tu alors durant cette 
période de temps’? » Il affirma que sa mère était parvenue à 


1. Les deux mots que je traduis « la maison d’al-Malik-al-'Adil », sont 
dans l’original olousiyya-al-adiliyya ; je lis al-olousiyya-al- adiliyya ; je pense 
qu’il faut voir dans le mot oloüsiyya un dérivé du mot oloîis qui, en turc 
oriental désigne la maison, la suite d’un prince avec tout ce qu’elle comporte, 
gens et animaux; les oloüs étaient, en effet, très souvent composés d’un 
nombre de personnes incroyable; je ne crois pas qu’on ait rencontré jusqu’ici 
ce mot appliqué à un prince égyptien. Quant aux princes de Perse à l’époque 
des Mongols, il y en a tellement d’exemples que je ne crois pas utile d’en 
citer. Je ne sais s’il ne faudrait pas mieux lire al-vasiyya-al-adiliyya , les 
« biens communaux appartenant à al-'Adil », ou les biens qui ont la propriété 
exprimée en arabe par le mot ’adil, dont j’ignore complètement le sens dans 
cette dernière interprétation. 

2. Par « cette période », al-Malik-al-’Aziz entend le laps de temps qui s’était 
écoulé depuis la mort du dernier khalife fatimite al-'Atlid jusqu a ce moment; 
cette demande était toute naturelle de la part du prince ayyoubite, car on a 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


63 


le faire sortir du palais et qu’il s’était rendu à Tanbadha 1 où il 
était resté caché. 11 en était ensuite parti dans l’intention de se 
rendre au Kaire ; un homme lui avait donné l’hospitalité et lui 
avait conseillé de réclamer le Khalifat; il s’était alors rendu dans 
différents endroits et avait promis de donner des fiefs à ceux qui 
consentiraient à le reconnaître comme khalife; il fut mis en 
prison. 

On apprit également que plusieurs des membres de la famille 
du vizir avaient essayé de soulever une émeute au Kaire; le vizir 
et ses parents furent jetés en prison. — Celte année on arrêta que 
le divan particulier du sultan serait de 354,444 dinars. — Cette 
année, mourut Djamal-ad-Din-al-Malakî-Mousâ, fils de Mamoun 
al-Bosiandjï (?), qui composa un ouvrage intitulé Sirat-al-màmou- 
niyya, le seizième jour du mois de Djoumada premier au Kaire, 
il était le dernier représentant de sa famille. — On s’occupa acti- 
vement de creuser le fossé entre la Porte des Victoires ( Bàb-al - Pot v r. 
fotouh) jusqu’à Maks. — On écrivit de transférer plusieurs des 
serviteurs de la dynastie falimite qui étaient emprisonnés dans 
l'Iwan 1 et dans l’hôtel connu sous le nom de Dar-al-Mothaffar, à 
Sarkhad pendant la nuit pour que personne ne s'en aperçût. — 

On ordonna également d’évacuer la ville de Tinnis et d’en trans- 
férer les habitants à Damiette, de couper les arbres des jardins 
de Tinnis* et d’en faire sortir les femmes. Tinnis resta sans 
aucune population, sauf quelques soldats. On creusa le fossé de 
Damiette et on fit un pont près de la Tour de la Chaîne. — On 
répandit à plusieurs reprises de fausses nouvelles dans les deux 
villes de Misr et du Kaire, et le prix des denrées s’éleva. — On 
reçut du Yémen une lettre dans laquelle il était écrit qu’il y avait 
en Abyssinie 4 trois fleuves qui se séparaient après avoir traversé 


vu, au commencement de l’histoire de Salâh-ad-Dln, que ce souverain avait 
fait rechercher tous les descendants des Fatimites pour les emprisonner. 

1. Yâkoût nous apprend dans le Mo'djam (tome III, p. 550) que c’est un 
village dépendant de Béhesna dans le Sa’id de l’Egypte. Il y a une autre loca- 
lité de ce même nom dans l’Ifrikiyya. C’est évidemment de la première qu’il 
s’agit ici. 

2. C’était la réponse à la tentative d’Abd-al-Ahad de rétablir à son profit le 
Khalifat fatimite. Sur l’Ivân, le lecteur pourra consulter la Description de 
l'Egypte, écrite en arabe par l’auteur du Kitâb-al-soloük. 

3. Le manuscrit de MakrizT porte ici le nom de Damiette, mais c’est proba- 
blement une erreur; il faut très vraisemblablement lire Tinnis. 

4. Comme pour déterminer exactement quels sont les trois fleuves dont 
parle Makrlzl, il faut savoir ce que les Musulmans entendent au juste par 
Abyssinie, je vais donner une analyse de la notice que Kazwini consacre à ce 
pays ( Géographie , éd. Wustenfeld, page 12). Il est certain que pour cet 
auteur, le terme d’Abyssinie comprend tous les pays situés entre la côte 
orientale de l’Afrique (le pays des Zendjs), au dessous de Khartoüm, et limités 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


un lac ('adéai) ; l’un d’eux était d'eau saumâtre, le second de lait, 
le troisième de sang — Cette année mourut Kilidj-Arslân-ibn- 
Mas'oüd-ibn-Kilidj-Arslân-ibn-Solaimân, prince de Koniyya ; il 
venait d’être battu par le prince de Sivâs et d’Aksarâi 1 ; il mourut 
au mois de Sha'bân et eut pour successeur son fils Ghyàth-ad- 
Dïn-Kaî-Khosrav-ibn-Kilidj-Arslân. Ses frères gardèrent les fiefs 
qu’ils possédaient depuis le règne de leur père ; mais ces princes 
se brouillèrent : Kotb-ad-Din fut attaqué par son frère Rokn-ad- 
Dïn-Solaimàn, prince de Wâkâs, qui s’empara de Sivâs, d’Aksarâi, 
et de Kaisariyya Rokn-ad-Dîn enleva ensuite Koniyya à Ghyâth- 
ad-Dm, qui s’enfuit et se réfugia à Alep \ 


à l’ouest par le pays de Badja et le Darfour (Aboulféda, Géographie, tome II, 
partie I, page 209). La faune de cette contrée répond bien à celles de la par- 
tie équatoriale et sudéquatoriale de l’Afrique : Kazwini cite l’éléphant, la 
girafe, le buffle auquel il donne le nom de bœuf sauvage et le nom persan de 
oushtourgavpeleng , ce qui signifie littéralement « chameau, bœuf et pan- 
thère ». Je crois qu’il y a eu dans ce passage une erreur de Kazwini, mais ce 
n’est pas ici le lieu de la relever. Les naturels du pays se livraient à la 
chasse de l’éléphant sauvage, soit pour fflvoire, soit pour les apprivoiser et 
s’en servir comme animaux domestiques. Comme limite à l’Abyssinie au sud, 
plus bas que l’équateur, Kazwini donne une vaste contrée déserte. 

1. Il me parait plus important de déterminer le pays dans lequel se trouve 
le lac d’où sortent ces trois cours d’eau. Le mot 'adbat signifiant plutôt un 
marécage, une grande surface liquide, couverte de végétation, de nénuphars, 
de lentilles d’eau et autres plantes du môme genre, on pourrait ôtre tenté 
de voir dans ce lac, soit le Tchad d’où sortent le Shari, le Bahr-el-Ghazal 
et dans la direction de l’Ouest, une autre rivière que les Musulmans pre- 
naient pour le commencement d’un fleuve qui n’a jamais existé et dont le 
cours moyen aurait été formé par la boucle du Niger et le cours inférieur 
par le Sénégal. On pourrait également penser à l’interminable marécage du 
Bahr-al-'Arab et du Sobat; mais le Tchad et ce marécage sont situés dans 
des pays que les Musulmans n’ont jamais regardé comme faisant partie de 
l’Abyssinie, et qu’ils appellent le Soudan (Cf. la carte d’Afrique du Djihàn - 
Numâ de Hadjî-Khalifa, ms. supp. Turc. 215, folio 51 recto). Les géographes 
musulmans connaissant parfaitement la partie de l’Afrique qui s’étend au 
dessous de la ligne équatoriale, je suis très porté à voir dans le lac dont il 
est question dans le texte de Makrlzl les grands lacs du centre de l’Afrique, 
l’Albert Nyanza, l’Oukérévé, le Tanganiyyika, d’où sortent une quantité de 
cours d’eau, et en particulier le Nil. C’est évidemment par les marchands qui 
venaient apporter les produits de l’Afrique centrale dans le Yémen que le 
prince de ce pays apprit l’existence de ces lacs qui devaient être bien plus 
considérables qu’aujourd’hui. 

2. Nom de deux villes d’Arménie bien connues sur lesquelles je donnerai 
quelques détails dans la suite de cet ouvrage. 

3. A ne pas confondre avec la ville du même nom qui se trouve en Palestine. 

4. C’est au cours de cette année que le marquis Conrad de Montferrat, 
prince de Tyr, fut assassiné par deux Ismaïliens. Djamàl-ad-Dln-ibn-\Vasil 
raconte que l’évêque de Tyr avait un jour invité le marquis à diner et que 
tous les deux avaient largement bu. Au même moment deux Bathéniens 
(d’Alamoût) entraient dans Tyr dans l’intention d’assassiner le marquis. Ils 
s’étaient déguisés en moines et le guettèrent ; quand le marquis sortit de 
chez l’évêque, les deux hommes se jetèrent sur lui et le frappèrent à coups 
de couteau; l’un deux parvint à s’échapper et se réfugia dans l’église. Le 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Année 589. 

Vingt-troisième année du règne du sultan al-Malik-an-Nasir- 
Salah-ad-Din en Égypte. 

Au commencement de cette année, le sultan se trouvait à Foi- n 
Damas, et al-Malik-al-'Adil se dirigea versKarak. — Al-Malik-al- 
Mo'izz-Isma'ïl-ibn-Saif-al-Islam -Thahir-ad-Din-Toughatikîn arriva 
du Yémen au milieu du mois de Safar, ce qui causa la plus vive 
joie au sultan. — Durant la nuit du samedi, seizième jour du mois, 
il fut atteint d'une indisposition; le samedi, il ordonna à son fils 
al-Malik-al-Afdal d’aller présider le repas à sa place, ce que celui- 
ci fit. La maladie s’aggrava pendant onze jours, et le sultan fit 
prêter serment à son fils al-Malik-al-Afdal ; son état empira encore 
jusqu’à la nuit du mercredi, vingt-septième jour du mois de Safar, 
ce qui était la douzième nuit de sa maladie; il mourut après la 
prière du matin de ce même mercredi. Al-Malik-al-'Afdal monta 
à cheval et alla parcourir les rues pour consoler la population de 
la ville. 

Le sultan Salah-ad-Din (qu’ Allah lui fasse miséricorde !) était un 
homme de la plus grande modestie, se plaisant à fréquenter le 
peuple, doué des plus grandes qualités, affable à l’excès, aimant 
les gens versés dans le droit et la connaissance de la religion, aux- 
quels il témoignait toutes sortes d’égards, et qu’il conviait à ses 
réceptions. Beaucoup de poètes ont chanté ses louanges et vinrent 
à sa cour de tous les pays du monde; il était extrêmement attaché 
à la loi musulmane, et il avait étudié les traditions ( hadïth ) sous la 
direction d’Abou-l-Hasan-Ali-ibn-Ibrahim-ibn-al-Musallam, d'Ibn- Foi. 37 
Bint-Aboû-Sa'd, d’Aboü-Mohammad-ibn-Barl-al-Nahvi, d’Aboü-’l- 
F&th-Mahmoùd-ibn-Ahmad - al-Saboünî, d’ Aboü’-l-Thahir-ibn-al- 
Salifï; d’Ibn-'Aüf et de bien d’autres docteurs. 


Cette année *, fut tué Toghril-ibn-Arslan-ibn-Toghrïl, fils du sul- 
tan Mohammad, fils de Malik-Shâh, fils d’Alp-Arslan, fils de Djagri- 


marquis qui était grièvement blessé demanda qu’on le transportât dans l’église 
et quand on eut obéi à ses ordres, le bathénien qui y était caché lui porta 
encore des coups de couteau et l’acheva; Thistorien musulman affirme que ce 
fut sur l’ordre du roi d’Angleterre que le prince ismaïlien fit assassiner le 
marquis. 

1 . Je passe quelques lignes dans lesquelles Makrlzï ne fait que répéter sur 
les vertus de Salâh-ad-Dîn ce que racontent Ibn-al-DjaûzI, Baha-ad-Dîn et les 
autres historiens de ce prince. 

Rrv. db l’Or, latin. T. IX. 5 

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66 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

beg fils de Mîkail, fils de Saldjoük, le vingt-quatrième jour du 
mois de Rabi' premier ; ce fut le dernier des princes de la dynas- 
tie seldjoukide qui régna en Perse (' Adjarn ) ; le premier avait été 
Toghril-beg, fils de Mikail ; cette dynastie avait duré cent cin- 
quante-huit années. 


Il 

Règne du sultan al-Malik-al-'Aziz-'Iuad-ad-Din-Abou-’l-Fath- 
'Othman, fils du sultan al-Malik-an-Nasir-Salah-ad-Din- 
Yousouf-ibn-Ayyoub. 


Année 589. 

Première année du règne du sultan al-aMalik-al-'Aziz en Égypte. 

Ce prince naquit au Caire le huitième jour du mois de Djoumada 
premier de l’année 567. Quand son père Salah-ad-Dm mourut à 
Damas *, il régnait sur l’Égypte *, et le siège de son gouvernement 
était le Caire. Il avait auprès de lui la meilleure partie de 1 armée 
et les plus distingués des émirs Asadis, des Salihis et des Kurdes *. 
Quant il apprit la mort de son père, il alla assister au service 
funèbre et, prenant immédiatement ses précautions, il régla les 
affaires de son empire. Quand la pompe funèbre eut été ache- 
vée, il distribua des vêtements d’honneur aux émirs et aux grands 
personnages du gouvernement. 

Son frère al-Malik-al-Afdal-Noür-ad-Dîn-'Ah resta à Damas et 
écrivit au khalife an-N&sir pour lui faire part de la mort de son 
père; cette lettre fut rédigée par le kâdrt 'Im&d ad-Din. Nour-ad-Din 


1 l 'auteur de l'Histoire des Patriarches d’Alexandrie, ms. ar. 302, page 285, 
dit • «"salâh-ad-Dtn avait conclu une trêve avec les Francs et, quand il fut mort, 
«•en* ci la respectèrent rigoureusement, et ne firent rien pour s en dégager. 
Ouand les souverains des Francs, le roi d’Angleterre, l’empereur il Allemagne, le 
^ . . .. . p* u, autres furent retournés dans leurs états, ils investirent du 

rol d6 Sent «tensTeSàl.el Ïl-Kondaher (le comte Henri); c'était un vaillant 
hZme^ ™i était Venu avec tant d'autres croisés (mou^dhidin) de l’Occident 
homme qui ^ ôt derrière la mer, de telle sorte que ce fut lui qui dut 

OdreTsoecte? la trêve qui avait été conclue par Salàh-ad-Din et les chevaliers 
du slheî^Quand al-Malik-al-’Aziz devint sultan, cette paix existait toujours 
întrfl^s Musulmans et les Francs et, pendant deux ans, .1 n y eut n. combat, 
ni expédition. » 

3' Le“Asadfc e sont, ( comme on l’a vu plus haut, les anciens officiers d’Asad- 
ad-Dm-Slürkoüh, les Sâlihis sont les officiers de Sâlah-ad-Din. 

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histoire d’égypte de makrizi 67 

fit porter cette missive par le kâdï Dhyâ-ad-Din-AboCi-’l-Fadàil- 
al-Kâsim-ibn-Yahyâ-ibn-'Abd-Allah-al-Shahrzoürï ; il envoyait en 
mâme temps au khalife l’armure de son pôre, ses vêtements, son 
cheval et de splendides présents. 

Al-Malik-al-'Adil partit de Karak pour se rendre en Mésopota- 
mie ; il s’arrêta à la forteresse de Dja'bar 1 et envoya des gou- 
verneurs dans les deux villes de Roha * et de Harràn. Al-Malik-al- 


1. Nom d’une citadelle située sur l’Euphrate entre Bâlis et Rakka près de Sif- 
fïn, qui s’appelait primitivement Dousar (les deux tètes), mais qui ayant été 
conquise par un homme nommé Dja'bar ibn-Malik de la tribu des Banoü-Kos- 
halr, fut ensuite nommée Dja’bar (Yakoüt, Mo'djam-al-Bouldan, tome II, 
page 84). Aboulféda ( Géographie , tome II, partie n, page 52), raconte cette 
même histoire qu’il dit avoir empruntée à Djamâl-ad-Din-ibn-Wâsil ; suivant 
lui ce Dousar aurait été le client du célèbre roi de Hira, No'mân, fils de Moun- 
<lir. Sabik-ad-Din-al-Koshairi eut deux fils qui se firent brigands de grands 
chemins, et le sultan seljoukide Malik-Shàh s’empara de cette puissante for- 
teresse et l’enleva aux Banoü-Koshair; il marcha ensuite sur Alep qui appar- 
tenait au prince Salim-ibn-Mâlik-ibn-Badrân-ibn-Mokallad l”Okailide; ce 
dernier y avait été placé par Sharaf-ad-Daûlah-Mosallam-ibn-Koraish-ibn- 
Badrân-ibn-Mokallad, son cousin. Mosallam ayant été tué, Sâlim livra Alep à 
Malik-Shàh au mois de Ramadan de l’année 499 et le sultan lui donna comme 
dédommagement la forteresse de Dja'bar; Sâlim y demeura pendant de lon- 
gues années et il y mourut. Son fils, Shihâb-ad-Din-Màiik-ibn-'Ali-ibn-Mâlik- 
ibn-Sàlim lui succéda; Vatâbek Noür-ad-Din-Mahmoûd-ibn-Zangi lui enleva 
ladite forteresse; il profita de ce que ce prince était sorti de Dja'bar dans 
l’intention de se rendre à la chasse, pour le faire enlever par les Banoû-Kalb 
qui le lui livrèrent contre une bonne récompense ; les deux princes finirent par 
s’arranger à la condition que Noür-ad-Din resterait maître de la citadelle de 
Dja'bar et que Shihàb-ad-Din recevrait en échange la ville de Saroùdj avec les 
campagnes qui en dépendaient, la saline d’Alep, le Bâb-Bouza'a et vingt mille 
dinars , et encore Shihab-ad-Dîn trouva- t-il qu’il avait été forcé de conclure, le 
couteau sur la gorge, un vrai marché de dupe. A l’époque de Yâkoüt (Mo'd- 
jam, ibid.), la forteresse de Dja'bar appartenait à l’Ayyoubite al-Malik-al- 
Hafith, fils du sultan al-Malik-al-’Adil. — Je ne sais s’il convient de se. fier 
absolument à l’étymologie du nom telle que la donnent Aboulféda et Yâkoüt. 
On verra dans la suite de cette chronique, que c’était dans les environs de 
la forteresse de Dja'bar que les troupes ayyoubites passaient le plus géné- 
ralement quand elles avaient à traverser l’Euphrate : c’est évidemment pour 
cela qu’on avait, dès une époque fort ancienne, construit une puissante for- 
teresse sur les bords du fleuve pour garder ce point stratégique d’une très 
grande importance. Dans ces conditions, je pense qu’il faut voir dans dja'bar 
une troisième personne du présent de ' abara « traverser » avec la formative 
dj au lieu de y qu’on retrouve dans dja'far « torrent » de la racine 'afara. 
Dja'bar signifierait dans ce cas « le gué ». 

2. Hadji-Khalifa consacre à cette ville dans son Djihan-Nüma une notice 
dont voici le résumé : Elle dépendait, sous le régime osmanli, du gouverne- 
ment de Rakka. Suivant quelques historiens, c’est à Rohà qu’Abraham eut 
ses aventures avec Nemrod, d’autres prétendent que ce fut dans une ville 
voisine de Babel. Au bas de la citadelle d’Èdesse, on voit deux sources dont 
les eaux forment un lac qui a sept milles de tour ; les bords du lac étaient 
un endroit délicieux ; on y cultivait d’excellentes grenades. Les géographes 
musulmans racontent sur l’origine de cette ville des fables sans grande 
importance ; ils prétendent que son nom lui vient de Rohâ-ibn-Balandi-ibn- 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


AftJLal choisit comme vizir, Dhyâ-ad-Din-Nasr-Allah-ibn-Moham- 
mad-ibn-al-Athir \ et il lui confia tous les soins du gouvernement. 
Ce personnage lui conseilla d'éloigner les émirs de son père et 
ses principaux officiers et de s'entourer d'autres émirs ; plusieurs 
de ces émirs le quittèrent; parmi eux se trouvaient l'émir Fakhr- 
ad-Din-Tchahârkas, Fâris ad-Din-Maimoün-al-Kasri, Shams-ad-Dïn- 
Sonkor-al-Kabïr, qui étaient les personnages les plus considérables 
de l’empire. lisse rendirent au Caire auprès d'al-Malik-al f Azîz- 
f Imad-ad-Din qui les reçut avec les plus grands honneurs, et qui 
nomma Fakhr-ad-Din-Tchaharkas son ostaddàr, en lui donnant le 
traitement qui était affecté à cette charge. Il plaça Faris-ad-Dïn 
et Shams-ad-Dïn comme gouverneurs à Saida et dans les pays qui 
dépendaient de cette ville. Il ajoula à la possession de cette pro- 
vince la ville de Nabolos et le pays qui en dépendait. 

Le kàdï al-Fadil quitta également Damas et se rendit au Caire. 
Al-Malik-al- f Azïz sortit pour se rendre à sa rencontre, il lui fit une 
réception des plus distinguées et lui prodigua les marques d'hon- 
neur. La population vit dans l'arrivée du kâdi al-Fadil la promesse 
d'un règne fortuné pour al-Malik-al-'Azîz. — Le vizir Ibn-al-Athir 
était d'avis qu'on avait alors besoin d’argent et de troupes pour 
lutter contre les Francs. Cela réjouit extrêmement al-Malik-al- 
f Azïz qui envoya en secret dix mille dinars à f Izz-ad-Dïn-Djoùrdik- 
al-Noürî a , qui était gouverneur de Jérusalem, pour les distribuer en 
gratifications aux troupes qui y tenaient garnison; on fit le prône 
(khotba) dans cette ville au nom d'al- c Aziz. Comme on craignait 
de voir dénoncer la trêve conclue entre ce prince et les Francs, 
on envoya une armée à Jérusalem pour la mettre à l’abri d'un 
coup de main des Chrétiens. — Al-Malik-al-Afdal se décida alors 
à faire rentrer sous son obéissance les officiers qui s'en étaient 
écartés pour embrasser le parti d'al- c Aziz. Cela changea complè- 
tement les sentiments d'al-Malik-al- f Azïz envers son frère al-Ma- 
lik-al-Afdal ; les émirs firent tout ce qui leur était possible pour 
exciter sa rancune et ils lui représentèrent qu’il ne devait pas 
tolérer que quelqu’un partageât la souveraineté avec lui, et qu'il 
lui fallait régner sur l'empire de son père dans son intégrité. 
Al-Malik-al-Afdal ne tarda pas à apprendre les dispositions d'es- 
prit de son frère al-Malik-al- c Azïz. 


Mâlik-ibn-Do'r, ou de Rohà-ibn-Sinbad-ibn-Mâlik-ibn-Do e r-ibn-Hadjar-ibn- 
Djazilah-ibn-Lakhm, ou de Rohâ-ibn-ar-Roüm-ibn-Lanti, fils de Sem, fils du 
prophète Noé. 

1. Le frère du célèbre historien Ibn-al-Athir. 

2. Ancien officier au service de Yatabek Nour-ad-Din-Mahmoud. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Année 590. 

Deuxième année du règne du sultan al-Malik-al-'Aziz- 
'Imad-ad-Din en Égypte. 

Cette année, les deux frères se brouillèrent et leurs dissensions Foi. 3« v 
ne firent que s’accroître. Les émirs Salihis décidèrent à l’unani- 
mité que l’empire dans sa totalité appartiendrait à al-Malik-al- 
’Azïz. C’était la ruine d’al-Malik-al-Afdal. 

Al-Malik-al-’Aziz partit du Caire avec l’armée égyptienne com- 
posée des Salihis, des Asadis et des Kurdes, ainsi que d’autres 
troupes, pour envahir la Syrie et l’enlever à son frère al-Malik-al- 
Afdal. Il avait pour cela plusieurs raisons; voici l’une d’elles : La 
ville de Djoball qui était l’une des cités conquises par Salàh-ad-Dïn 
se trouvait en la possession d’un officier kurde; les Francs lui 
offrirent une certaine somme d’argent contre laquelle il leur livra 
la place. Al-Malik-al-Afdal sortit de Damas pour la reprendre aux 
Francs, mais cela lui fut absolument impossible, et cette expé- 
dition ne servit qu’à montrer à tout le monde son impuissance à 
la recouvrer. Cet échec exaspéra les émirs, qui firent voir à 
al-'Azïz qu’il fallait s’attendre à voir la Syrie retomber sous le joug 
des Francs [par suite de l’incapacité d’al-Afdal]. Al-Malik-al-'Aziz 
partit avec ses émirs; il chargea son frère al-Malik-al-Mouvayyad- 
Nadjm-ad-Dîn-Mas'oüd de le remplacer au Caire, et il laissa dans 
cette ville l’émir Baha-ad-Din-Karakoush-al-Asadi, Sarim-ad-Din, 
Saif-ad-Din-Yazkoüdj et Khatlidj 1 avec neuf cents cavaliers. — 

Sur ces entrefaites, l’émir Sârim-ad-Din-Kâimaz-al-Nadjmi, l’un des 
plus grands émirs Salihis, se brouilla avec al-Malik-al-Afdal parce 
que ce prince lui avait refusé quelque chose qu’il lui avait demandé. 

Cet émir partit alors de Damas, disant qu’il s’en retournait dans 
ses terres; mais en réalité, il se rendit auprès d’al-Malik-al-'Azïz 
qui le reçut avec beaucoup de distinction et qui lui donna un 
grade supérieur à celui qu’il occupait auparavant dans l’armée 
de Damas. Al-Malik-al-Afdal avait le dessein d’écrire à son frère 
al-Malik-al-’Azïz pour chercher à se concilier ses bonnes grâces ; 
mais son vizir Ibn-al-Athîr et plusieurs de ses officiers l’en détour- 


1. On a vu plus haut, que c’était cet officier général qui avait été chargé de 
démanteler une partie de l’enceinte d’'Askalon sous le régne du sultan Salah- 
ad-Din. Il ne faut pas confondre l’émir Baha-ad-Din-Karakoush-uJ-Asadî, l’in- 
génieur qui construisit les murs du Caire, avec le conquérant du Maghreb, 
Baha-ad-Din-Karakoush-al-Takavi qui ne fut jamais qu’un condottiere, 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


nèreni et le poussèrent au contraire à lui déclarer la guerre ; il 
finit par céder à leurs instances et il envoya des ambassadeurs 
demander du secours contre al-Malik-al-'Azîz à son oncle al-Ma- 
lik-al-'Adil, qui se trouvait en Mésopotamie, à son frère al-Malik- 
ath-Thahïr, à Alep, à al-Malik-al-Mansour, à Hamâh, à al-Malik- 
al-Amdjad, prince de Ba'lbek, et à al-Malik-al-Modjahid-Shîrkoüh 
à Homs *. 

Les envoyés de ces princes arrivèrent dans les premiers jours 
du mois de Djoumada premier et ils promirent à al-Malik-al-Afdal 
de marcher avec lui contre al-Malik-al-'Azîz. Al-Malik-al-Afdal 
partit alors de Damas et vint camper à Ra’as-al-Ma. Quand al-'Azîz 
fut arrivé à al-Kasr *, localité du Ghaür, al-Malik-al-Afdal se 
voyant dans une position dangereuse, rétrograda d’al-Fav&r à 
Ra’as-al-Ma. L’avant-garde d’al-Malik-al-'Azîz atteignit l’arrière- 
garde d’al-Afdal et faillit la surprendre; mais al-Afdal rétrograda 
en déroute jusqu’à Damas où il entra le sixième jour de ce mois. 
Al-Malik-al-'Azîz vint immédiatement camper devant Damas à 
la tête de forces imposantes et commença le siège de la ville. 
Al-Malik-al-Afdal s’était préparé depuis longtemps à défendre 
Damas contre son frère, et de plus son oncle al-Malik-al-'Adil, 
son frère al-Malik-alh-Thahir, al-Malik-al-Mansour, al-Malik-al- 
Modjàhid et al-Malik-al-Amdjad arrivèrent devant Damas pour lui 
porter secours. Al-Malik-al-'Adil écrivit à son neveu al-'Azîz pour 
implorer en faveur d’al-Afdal et pour lui demander une entrevue. 


1. Homs ou Hims, comme prononcent quelques-uns des géographes arabes, 
est la ville bien connue d’Emèse. Hadji-Khalifa raconte dans son Djihan-Numa 
qu’on en attribue la fondation à Homs ou Hims, fils de Mihir, l’Amalécite. A 
son époque, la tyrannie des gouverneurs qu’y avait envoyés la Porte Ottomane, 
jointe au brigandage continuel des tribus arabes qui habitaient cette partie de 
la Syrie, l’avait à peu près complètement ruinée. Il y avait dans la forteresse de 
cette ville un Coran qui avait appartenu à Othman, fils de Ivhalid, fils de Valid; 
on ne l’en sortait jamais, parce que lorsqu’on le faisait, il survenait au même 
instant un terrible orage accompagné de pluies diluviennes qui saccageaient 
tout. Les environs de Homs étaient plantés en vignes, en oliviers et en cultures 
maraîchères. La ville s’élève dans une plaine qui offre cette particularité qu’on 
n’y trouve ni scorpions, ni serpents. Les historiens musulmans attribuent 
ce fait à la présence d’un talisman qui est gravé sur l’une des portes de la 
mosquée; il consiste en une figure composite, dont la partie inférieure est celle 
d’un scorpion et la partie supérieure le buste d’un homme. Les habitants do 
Homs étaient tous d’une grande beauté, mais on s’accordait à dire que leur 
stupidité était aussi remarquable. 

2. Il y a dans le monde musulman un grand nombre de citadelles qui por- 
tent le nom de kasr « château » ; Yakoût ( Mo'djam-al-bouldân , tome IV, p. 110) 
connaît un Kasr-Haîfâ, situé entre Césarée et Haifâ, mais je ne crois pas que 
cela soit le Kasr de Makrizl, puisque cet historien nous apprend qu’il faut le 
chercher dans le Ghaür, autrement dit dans la contrée du Jourdain. Il en est 
de même du Kasra d’Hadji-Khalifa, situé à gauche du Pont de Fer quand on va 
d’Antioche à Damas. 

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Al-Malik-al-' Azîz la lui ayant volontiers accordée, al-'Adil vint le 
trouver et se rencontra avec lui; les deux princes étaient montés 
à cheval. Al-Adil proposa à al- f Azîz de conclure la paix et il lui 
demanda de faire cesser le blocus rigoureux qui enserrait la ville. 

Le siège de Damas avait été très rude, les canaux qui amenaient 
l'eau du dehors avaient été coupés, les arbres fruitiers abattus, et 
l’on se trouvait au moment des plus fortes chaleurs de l’été. Al- 
Malik-al-'Azîz se rendit aux raisons de son oncle, s'éloigna de 
Damas jusqu'à Dàryà *, et campa à al-A f raj *. Il envoya l'émir 
Fakhr-al-Dîn-Tchahàrkas, 1 ’ostàdâr, qui était à cette époque le 
plus considéré des émirs Salihis, comme ambassadeur à al-Malik- 
al-'Adil, avec lequel cet émir conclut la paix sous certaines con- F°h3«r». 
ditions; après quoi, Fakhr-al Dln-Tchaharkas revint auprès d'al- 
Malik-al-'Azîz. — Le sultan d'Égypte leva alors le siège de Damas 
et vint établir son campement à Mardj-as-Soffar 8 où il fut atteint 


1. D'après Yàkoüt ( Mo'djam-al-bouldàn , tome II, page 536), c’est le nom d’un 
gros bourg de la Ghoüta de Damas, où se trouve le tombeau d’ ‘ Abd-ar-Rah- 
mân-ibn-Ahmad-ibn-'Atiyya, plus connu sous le nom d’Aboü-Solalmân-al- 
Dârânl. 

2. Je n’ai point trouvé de renseignements sur cette localité dans Yàkoüt; 
peut-être ce nom propre est-il corrompu dans le manuscrit du Soloük. 

3. Yàkoüt se borne à mentionner cette localité sans donner plus de rensei- 
gnements sur elle. — On a vu et on verra plusieurs fois dans cette histoire le 
nom de la Ghoüta de Damas; ce nom qui est aussi célèbre que ceux du Ghaûr 
du Jourdain ou du Soghd de Samarkande, désigne une contrée bien définie par 
les géographes musulmans. Yàkoüt ne lui consacrant qu’un article insigni- 
fiant, Remprunterai les quelques renseignements qui suivent au Djihàn-Numa 
de Hadji-Khalifa. La contrée qui portait le nom de Ghoüta de Damas avait 
trente milles de long sur quinze de large ; elle était tellement riche en arbres 
de toutes sortes qu’il y avait des endroits où leurs branches étaient entrelacées 
au point que le soleil ne parvenait jamais à les traverser. Ces arbres étaient 
principalement des arbres fruitiers, abricotiers, pruniers, etc. Il parait que 
dans la Ghoüta, il n’y avait pas moins de cent trente mille vergers. Le point 
culminant de cette riche contrée est une colline nommée Thaniyyat-al-'Ukâb. 

Les deux principales localités de la Ghoüta sont Kafr-Soussiya, très renom- 
mée pour son huile, et Dàriyâ qui est située sur le chemin de Damas à Jéru- 
salem. Le sultan Noür-ad-Dîn-Mahmoüd légua Dâriyâ aux pauvres et cette 
donation était encore respectée à l’époque d’Hadji-Khalifa, c’est-à-dire après 
que trois dominations se furent succédées sur la terre syrienne. Au mois de 
Moharram de chaque année, le kàdt de Damas faisait distribuer aux veuves 
et aux indigents le revenu que l’on tirait de la vente du blé produit par les 
champs dépendant de ce village; c’est au moins ainsi que les choses auraient 
dù se passer, mais Hadji-Khalifa nous apprend que les fonctionnaires osmanlis 
n’avaient pas honte d’en détourner la plus grande partie, de telle sorte que les 
pauvres ne touchaient pas la dixième partie de ce qui aurait dù leur revenir. 
Ce village est extrêmement fertile et on y récolte beaucoup de coton, d’olives, 
de raisin et des pastèques excellentes. Au sud d"Akraba, on voit le tombeau 
de Zainab, fille d’Ali, et non loin de ce village, se trouve une forêt dans 
laquelle il était absolument interdit de couper du bois, sauf pour l’usage des 
mosquées et des édifices publics; il s’y trouve beaucoup de sangliers. Tout 
près de ce bois est située une localité nommée Sitt-al-Shâm, où l’on voit une 

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d’une maladie très grave. On alla jusqu’à répandre le bruit de sa 
mort ; mais il recouvra la santé. Quand il fut guéri, il ordonna 
de dresser la formule du serment; on y trouvait plusieurs clauses 
qui répondaient aux réclamations de tous les princes [ayyoubites] 
et qui écartaient toute cause de contestation. Il fut convenu 
qu’al-Malik-al-Amdjad-Bahramshah, fils d”Izz-ad-Din-Farrukhshàh, 
et al-Malik-al-Modjahid-Shîrkoüh rempliraient tous les deux les 
fonctions de vizir auprès d’al-Malik-al-Afdal et qu’ils resteraient à 
sa cour; qu’al-Malik-al-Mansoür, prince de Hamah, demeurerait 
dans la principauté d’al-Malik-alh-Thâhir, souverain d'Alep, et 
qu’il serait son premier ministre. Chacun des princes envoya un 
des émirs pour assister à la cérémonie du serment, et ces émirs 
se réunirent le samedi douzième jour du mois de Radjab. — 
Al-Malik-al-'Azîz épousa la fille de son oncle al-Malik-al-'Adil. 
Ce fut le kâdï al-Murtadi-Mohammad, fils du kâdï de l’armée, 
'Abd-al-'Azîz-as-Sa'di qui signa le contrat au nom du sultan, et 
al-Malik-al-'Adil chargea le kâdï Mohyi - ad-Dïn-Mohammad-ibn- 
Sharaf-ad-Dîn-ibn-Asroün de signer en son nom. Ce fut le grand 
kâdï Mohyi-ad-Dïn qui dressa le contrat entre les deux époux, 
et 'Imâd-ad-Dîn l’écrivit sur une pièce de satin; il le lut devant 
al-Malik-ath-Thahir, et ce fut chez ce prince que le contrat fut 
signé. 

Le vendredi suivant, premier jour du mois de Sha'bân, le sul- 
tan al-Malik-ath-Thâhir sortit d’Alep pour faire ses adieux à son 
frère al-Malik-al-'Azîz. Al-Malik-al-'Azîz se rendit à cheval au 
devant de lui, et le fit descendre dans sa tente dans laquelle ils 
prirent leur repas. Les deux frères se séparèrent après s’étre fait 
mutuellement de beaux présents. Al-Malik-al-'Adil viDt ensuite 
avec ses courtisans prendre congé d’al-'Azîz et al-Malik-al-Afdal 
arriva après lui. Ce fut lui qui fit ses adieux en dernier à al-Malik- 
al-'Azîz. 

Le troisième' jour du mois de Sha'ban, al-Azîz partit de Mardj-as- 
Soffar et prit le chemin de l’Égypte. — Le treizième jour du même 
mois, al-Malik-al-Afdal offrit à son oncle et aux autres princes un 
splendide festin et leur fit ses adieux. Le lendemain, les princes 
partirent chacun pour se rendre dans son pays, à l’exception tou- 
tefois d’al-Malik-al-'Adil qui resta jusqu’au neuvième jour du mois 


belle source et une vallée dans laquelle passe la rivière nommée Bérada. 
Kazwînï dans son Athar-al-bilâd (éd. Wustenfeld, pag-e 154), consacre une 
notice à cette contrée et ajoute qu’elle est entourée de montag-nes de toutes 
parts. Abou-Bekr-al-Khvarizmi ne connaissait que trois endroits comparables 
à la Ghoüta, le Soghd de Samarkand, l’ile d’Obolla et le district de Bavvân 
en Perse; toutefois la Ghoüta leur était encore très supérieure. 

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histoire d’égypte de makrizi 73 

de Ramadhan, après quoi il s’en retourna dans ses états de 
Mésopotamie. 

Al-Malik-al-'Azîz arriva au Caire. On a vu que lorsqu’al-Malik- 
al-Afdal avait eu le dessein d'écrire à al-'Azîz pour régler avec 
lui les conditions d’une paix solide, ses courtisans l’en avaient 
détourné et l’avaient au contraire excité contre son frère; ils 
allèrent même jusqu'à accuser plusieurs de ses émirs d’avoir 
entretenu une correspondance secrète avec al-Malik-al-'Azîz. Cela 
exaspéra les émirs contre lui, et comme ils se doutaient de ce qui 
les attendait s’ils restaient auprès de lui, ils quittèrent son service. 

C’est ainsi que l’émir 'Izz-ad-Din-Ousàma, seigneur d”Adjloûn, 
se sépara d’al-Malik-al-Afdal et alla trouver al-Malik-al-'Azîz qui 
le reçut avec beaucoup d’honneurs. 

L’émir 'Izz-ad-Din excita le sultan d’Égypte contre al-Afdal, le 
poussant à marcher sur Damas et à la lui enlever. Il dit à al-'Azîz 
qu’al-Afdal était complètement tombé sous la dépendance du vizir 
Dhya-ad-Din-al-Djazari, qui avait pris sur lui un ascendant consi- 
dérable. Il lui représenta que ce vizir avait perdu les affaires du 
royaume d’al-Afdal par suite de son caractère brouillon. « Il 
« pousse ton frère, lui dit-il, à se brouiller avec toi et il lui 
« conseille de violer la paix. Cette paix a été conclue à la con- Foi. 3#t*. 
« dilion que les princes seraient unis par les liens d’une amitié 
« sincère et qu’ils respecteraient leur serment; or cela n’a jamais 
« existé, et il est bien connu qu’ils ont violé leur parole, à peine 
« l’eurent-ils engagée, de telle sorte que tu es complètement 
« dégagé vis-à-vis d’eux. Attaque-donc leurs pays et rends t’en 
« maître avant qu’il n’y éclate des révolutions qu’il sera impos- 
« sible d’enrayer. » Sur ces entrefaites, l’émir Shams-ad-Din-ibn- 
as-Salar quitta le service d’al-Afdal; il se rendit également auprès 
d’al-Malik-al-'Azîz, et il appuya les attaques de l’émir Ousâma 
contre al-Afdal. Quelque temps après, le kàdi Mohyi-ad-Din- 
Abou-Hamid-Mohammad, fils du sheïkh Sharaf-ad-Din-'Abd-AIlah- 
ibn-Hibat-Allah-ibn-Abou-'Asroun, arriva aussi auprès d’al-'Azîz 
qui le reçut avec beaucoup de distinction, lui donna la charge 
de kâdï de l’Égypte, et le nomma en plus inspecteur des fonda- 
tions pieuses. Pendant ce temps, à Damas, al-Malik-al-Afdal ne 
s'occupait nuit et jour que de divertissements et se livrait tout 
entier à ses plaisirs sans même songer à s’en cacher, s’eu re- 
mettant pour toutes les affaires à son vizir. Mais, au bout d'ùn 
certain temps, al-Afdal renonça sans aucune cause apparente à 
ses divertissements et fil pénitence. Il s’abstint de toute action 
blâmable et ordonna que l’on renversât le vin ; qu’on vidât 
même dans la rue les tonneaux de vin qu’on trouverait chez les 

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débitants *. Il se consacra à la vie mystique, se revêtit d’habits 
grossiers et s'appliqua à copier le Coran de sa propre main. Il se 
fit construire une mosquée dans laquelle il se renfermait tout seul 
pour faire ses prières à Allah; il observait le jeûne avec la plus 
grande rigueur et il faisait sa société des pauvres. Il poussa cette 
mortification jusqu’au point de jeûner toute la journée et de pas- 
ser la nuit en prières. 

Il arriva qu’al-Malik-al-'Azîz priva de sa pension le juriste 
Kamâl-ad-Din-al-Kurdi-ibn-Misr. Celui-ci excita quelques personnes 
à se révolter contre le sultan, et alla trouver les Arabes. Il 
réunit une bande et ravagea Alexandrie 1 ; mais une armée mar- 
cha contre eux, et les troupes de Kamâl-ad-Dîn ne purent tenir 
devant elle. Le sultan relira de même leur pension à al-Djannâh, 
'Ilkan, Madjd-ad-Dîn-al-Fakih et 'Izz-ad-Dîn-Sahr-al-Fakih. Ces 
gens partirent alors du Caire et se rendirent à Damas, où al- 
Malik-al-Afdal leur donna des fiefs. 

Au mois de Ramadhan, on coupa la digue du canal d’Abou-’al- 
Manadja, neuf jours après la fête de l’Invention de la Croix. Les 
gens se livrèrent sans retenue à celte occasion à des actes blâ- 
mables sans que personne protestât contre celte conduite. — A 
cette même époque, une épizootie sévit sur les bœufs, les cha- 
meaux et les ânes et il périt un grand nombre de ces animaux. 
— Ou porta une grande quantité de céréales du canton de Bohaîra 
dans le Maghreb [la province occidentale] à cause de la grande 
famine qui régnait dans ce pays; on avait en effet proclamé 
qu’on reprendrait aux émirs les fiefs qui leur appartenaient dans 
ce pays, de telle sorte qu’ils ne s’étaient pas donné la peine de 
les faire cultiver. — Le prix des denrées augmenta à Alexandrie, 
et l’eau du Nil baissa après avoir atteint une élévation de dix- 
sept coudées moins vingt-deux doigts. Cela causa un renché- 
rissement des vivres, et la contrée souffrit de la sécheresse; le 
prix du blé s’éleva à un dinâr 1 ’ardeb. Le Nil commença à 
croître, mais on eut du mal à se procurer du pain, aussi les gens 
crièrent, firent du bruit et se livrèrent à toutes sortes d’actes 
répréhensibles; le prix du raisin s’éleva considérablement par 
suite du grand nombre de gens qui en faisaient du vin. — Il y eut 
une épidémie produite par la préparation de la farine de hashish 
à al-Mahmoüdiyya ; les cabarets où l’on débitait de la bière furent 

1. Il est vraisemblable, quoique les historiens musulmans n’en disent rien, 
que le prince de Damas s’était ruiné la santé à mener cette vie et qu’il fut 
obligé d’y renoncer subitement. 

2. Je pense qu’il faut entendre les environs d’Alexandrie, car cette ville était 
défendue par une puissante garnison. 

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histoire d’êgypte de makrizi 


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affermés et on mit des taxes supplémentaires sur cette boisson; 
à cette époque les droits qu’elle payait s’élevaient à 16 dinârs ; 
on défendit ensuite de faire de la bière Bref tout le monde se 
livra à d’abominables excès et seuls, les gens de science s’abs- 
tinrent de ces pratiques scandaleuses. 

Cette année arriva l’ambassadeur de l’empereur de Constanti- p ® l * 0r *- 
nople pour demander la croix de la Crucifixion ; on la fit venir de 
Jérusalem ; elle était incrustée de pierres précieuses. On la remit 
à l’ambassadeur à condition que la ville de Djoball serait rendue 
par les Francs. — Une séance fut tenue par devant le sultan, 
à laquelle assistèrent les chefs des différents divans *. — L’émir 
Hosam-ad-Dîn arriva apportant de bonnes nouvelles d’al-Malik- 
al-'Adil et des autres enfants de Salah-ad-Dïn. Le sultan al-Malik- 
al-'Azîz se rendit au-devant de lui avec les émirs; et on transporta 
la table 3 du sultan à l’endroit où l’émir se trouvait. Hosam-ad-Dîn 
demanda au sultan de s’arranger avec tous les membres de sa 
famille. — Le sultan se rendit à cheval à Djizah dans le Sa'id; il 
passa par la porte de Zavilah, et désapprouva qu’on ait placé des 
bancs autour des cabarets dans les rues; il ordonna qu’on les 
détruisit. Ils furent abattus par les soins du mohtésib du Caire; 
étant passé devant des maisons que l’on bâtissait, al-Malik-al-'Azîz 
ordonna que l’on bouchât les fenêtres des maisons donnant sur le 
Nil, ce qui fut exécuté. 

Cette même année on changea les gouverneurs des provinces. 
Al-Malik-al-'Azîz prêta serment à son oncle al-Malik-al-'Adil, et, le 
vingt-troisième jour du mois de Moharram, il revint du Sa'id. — 

Le prix des denrées augmenta, et cent ardebs de blé atteignirent 
le prix de quatre-vingts dinârs. — Faïz-ad-Din-Maimoûn, qui pos- 


1. Il y a ici un adjectif sans aucun point diacritique, dont je ne puis resti- 
tuer la vraie forme avec un seul manuscrit. 

2. C’est-à-dire les titulaires des différents ministères, ou plutôt des sous- 
secrétariats d’état aux affaires étrangères ( divan-al-insha ), à la guerre ( divan - 
al-djouyoush ), à la marine divan-al-ostoul ), etc. J’avais l’intention de donner 
plusieurs extraits du célèbre traité d’administration connu sous le nom de 
Divan- al-insha qui fut composé sous le règne du sultan mamlouk Barasbay, 
aux environs de l’année 841 de l’hégire, mais deux raisons m’empêchent de 
donner suite à ce projet : tout d’abord l’administration des Mamlouks au milieu 
du ix* siècle de l’hégire est plus compliquée que celle des Ayyoubites à la fin 
du vi» siècle et il serait peu scientifique d’annoter l’histoire des descendants 
de Saladin à l’aide de documents qui leurs sont postérieurs de deux siècles et 
demi; d’autre part, ces notes augmenteraient dune façon inconsidérée celles 
que j’ai été obligé de donner en me restreignant à l’histoire et à la géographie. 
Je crois préférable de les remettre au moment où j’aborderai, avec le sultan 
Baibars II, l’histoire des Mamlouks. 

3. Cette phrase signifie que le sultan donna un grand repas en l’honneur de 
l’émir Hosam-ad-Din dans l’endroit où il le rencontra. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


sédail en fief la ville de Saida, Saïf-ad-Din-Sonkor-al-Mashtoüb et 
Shams-ad-Din-Sonkor-al-Kabîr qui possédait Shakif, arrivèrent 
après avoir quitté Je service d’al-Afdal qui les avait dépouillés de 
leurs biens; ai-Malik-al-Azîz donna à Mairnoün cinq cents dinârs , 
à Sonkor quatre cents et à al-Mashtoùb trois cents. — Le quatre du 
mois de Rabf premier, il y eut de graves désordres à cause de la 
cohue des gens qui se pressaient pour avoir du pain, car il y en 
avait très peu sur les marchés, et des incendies éclatèrent dans 
plusieurs endroits du Caire. — Le dixième jour de ce môme mois, 
on sortit la tente du sultan pour un voyage. — Le treizième jour 
de Rabf, le prix des vivres diminua un peu et Ton trouva du 
pain sur les marchés. — Le quinze, on reçut une lettre de [l’émir 
f Alam-ad-Dîn] Kaisar annonçant que le neuf de ce même mois, 
Djourdik lui avait remis la ville de Jérusalem et qu'il avait pris la 
Croix de la Crucifixion [en échange de laquelle] les Francs con- 
sentaient à rendre la ville de Djobail. Le seizième jour de Rabf 
premier arriva Badr-ad-Dîn-Loifloif , avec une lettre d’al-Malik- 
al-Afdal, annonçant que- les Musulmans avaient pris possession 
deDjobaîl; il expliquait dans cette missive pourquoi Maimoün- 
al-Kasri s’était rendu auprès d’al-Malik-al-Azïz, malgré les bontés 
qu’il avait eues pour lui. — Les vivres étaient toujours très 
chers : cent ardebs de blé atteignaient le prix de soixante-quinze 
dinârs, et cela fit redoubler les lamentations des gens qui mou- 
raient de faim. — Le vingt-septième jour du môme mois, la 
Croix de la Crucifixion arriva de Jérusalem. C’était un morceau 
de bois qui portait des pierres précieuses incrustées dans de l’or. 
— Le vingt-huit, Zain-ad-Dîn- f Alï-ibn-Yoüsouf-ad-Dimashkî, fut 
investi de la charge de grand kâdi en Égypte en remplacement 
de Sadr-ad-Dîn-ibn-Darbas, par suite de la protection que lui 
accordèrent plusieurs mamlouks; il fut de plus gratifié d’un vête- 
ment d’honneur. Dans les derniers jours du mois de Rabf pre- 
mier, arriva l’ambassadeur d’al-Malik-al-'Adil. — Le neuvième 
jour du mois de Rabf second, le mohtésib (du Caire) fit démolir 
les cabarets et les baraques qu’avait élevés Sadr-ad-Dîn-Darbas 
devant le portique de la mosquée al-Azhar près de sa maison, et 
Foi. 40 v*. qui s’étendaient jusqu’à sa demeure. — Le sultan ayant décidé de 
partir en voyage, envoya un nommé Bahram pour emprunter de 
l’argent en son nom aux commerçants d’Alexandrie, et il pria 
le kâdi des kâdis , Zaïn-ad-Din, de lui prêter l'argent réservé à 
l’entretien des orphelins 1 ; cela s’élevait à quatorze mille dinârs. 

1. Cet argent n’aurait pas dû être prêté au sultan, quoique les garanties qu’il 
offrait fussent aussi sérieuses que possible. 

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HISTOIRE D'ÉGYPTE DE MAKRIZI 


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Cette somme fat transportée dans le trésor [du sultan]; al- r Aziz en 
donna de sa propre main un reçu qui fut rédigé en présence de 
témoins, et il signa un mandat pour une pareille somme sur le 
trésor public. Quand ce prêt eut été effectué, le sultan ordonna de 
porter ce mandat chez le kâdi Zaïn-ad-Din. On n’avait pas encore 
fini de payer la somme que le sultan Salah-ad-Dïn avait em- 
pruntée à l’époque où il entreprit la campagne contre f Akka ; 
cet emprunt se montait à 30,000 dinâts et on n’en avait acquitté 
qu’une petite partie. 

Le seizième jour de ce même mois, Dja f far-ibn-Shams-al-Khi- 
lafah se rendit auprès des Francs pour traiter de la reddition de 
Djobaïl. — Le jeudi, dix-neuf, le sultan sortit du Caire pour aller 
établir son camp à la Birkat-al-Djubb. Il laissa dans la ville, pour 
gouverner à sa place durant son absence, Baha-ad-Dîn-Karàkoüsh 
avec treize émirs et environ sept cents cavaliers. Vingt-sept émirs 
partirent avec le sultan, à la tête de deux mille cavaliers et mille 
hommes de la garde *. — Le troisième jour du mois de Djoumada 
premier, le sultan se remit en marche et il arriva à Damas le neuf 
du mois de Djoumada second. Il partit de cette ville le vingt-hui- 
tième jour du même mois, à la prière de son oncle al-Malik- 
al- f Adil. Le neuf du mois de Radjab, al-Malik-al-Af(Jal entra 
à Damas après que la paix eut été définitivement conclue, le 
sixième jour de ce môme mois, entre lui et son frère al- f Azîz. 
— Le quatorzième jour du même mois, on battit les tambours au 
Caire en réjouissance de la paix qui venait d’être conclue entre 
les fils du sultan al-Malik-an-Nàsir-Salâh-ad-Dïn ; les marchés 
furent pavoisés et le prix des denrées baissa. — Le dernier jour 
de Sha'ban, le sultan rentra au Caire. — Le septième jour du 
mois de Ramadhan, arriva de Damas al-Malik-ai-Mo f aththam- 
Touranshâh accompagné de ses frères et de leur famille. Le 
divan se trouva dans un embarras extrême, et l’on fut dans l'im- 
possibilité de pourvoir à leurs besoins, de leur fournir tout ce 
qu’il leur fallait pour leurs cuisines et la toilette de leur per- 
sonnel féminin. Ils descendirent dans le palais connu sous le nom 
de al-Dar-al-'Azîziyya ; les vivres augmentèrent un peu à cause de 
la consommation qu’ils en firent. — Cette année, f Izz-ad-Din- 
Ousâma se rendit auprès d’al-Afdal. 


1. Je Iis min al-halha ; le manuscrit porte man lahakahou qui signifierait 
qui étaient venus au*devant de lui. 


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REVUE DE L ORIENT LATIN 


Année 591 *. 

Troisième année du règne du sultan al-Malik-al-'Aziz-'Imad-ad- 

Din en Égypte. 

Al-'Aziz avait toujours le dessein de faire une expédition en 


1. Voici le nom des souverains qui régnèrent en Asie depuis le commence- 
ment de l’année du lièvre, soit le mois de Rabi premier de l’année 591 jusqu’à 
la fin de l’année du cochon, date correspondante au mois de Djoumada second 
de l'année 599 (Rashid-ad-Din, Djami at tavarikh, f. 108 ssq.) : Dans le Khi- 
taï, Souzoun, Hazoun, Djizoun. Dans le pays de Ma-Tchin, Konik-zoun et 
Ning-zoun. — Dans le Khvarizm, une partie de l’Irak et du Khorasan régnait 
le sultan Tukush; ayant voulu faire une expédition contre Ghabir-Khan, sou- 
verain des Ouïghours, il leur livra bataille, mais il fut vaincu. Au mois de 
Rabi premier de l'année 543 {sic) son fils Malik-Shah, l'héritier présomptif 
mourut; après l’avoir longtemps pleuré, Tukush fit venir son fils ainé Hin- 
dou-Khan à Khvarizm, et il nomma Kotb-ad-Din-Mohammad, prince héritier. 
Une violente hostilité éclata entre eux, quand il fut devenu sultan, Hindou- 
Khan prit la fuite et se réfugia chez ses ennemis. A la fin, Kotb-ad-Din 
devint le maitre de tout le Khorasan, et en l’année 594 Tukush l’envoya faire 
la guerre à l’émir des Ouïghours ; ce dernier fut vaincu; au mois de Djoumada 
second de l’année 596, le Khvarimshâh Tukush ordonna à Kotb-ad-Din d'aller 
attaquer le Kouhistan ; ce prince se mit en marche et assiégea la forteresse 
de Tarshiz durant quatre mois. Pendant ce temps, le Khvarizmshah se mettait 
en campagne contre les Ismaïliens; mais il mourut en route près de Sheh- 
ri s tan eh. Kotb-ad-Din l’apprit le dix-neuvième jour du mois de Ramadan de 
l’année 596 et se mit immédiatement en route pour Shehristaneh ; il prit le 
surnom d’Ala-ad-Din et le nom de Sindjar. 

Dans le Ghour et à Ghazna régnèrent les sultans Ghyath-ad-Din et Shihab- 
ad-Din; quand le sultan Ghyath-ad-Din apprit la mort du Khvarizmshah, il fit 
prendre le deuil à sa cour durant trois jours. Hindou-Khan, fils de Malik-Shah, 
fils du Khvarizmshah, avait peur de son oncle, le sultan Ala-ad-Din-Moham- 
mad; il alla se réfugier chez le sultan Ghyath-ad-Din et lui demanda du 
secours, ce que le sultan ghouride lui accorda. Le sultan Ala-ad-Din-Moham- 
mad avait envoyé à Merv, comme commandant de place, Djaghri-beg. Le 
sultan Ghyath-ad-Din envoya Mohammad-ibn-Khar-beg (?) gouverneur de 
Talékan à Djaghri-beg en lui donnant l’ordre de porter à cet officier une lettre 
dans laquelle il l’invitait à faire réciter la prière du vendredi {khotba) et à 
faire frapper la monnaie à son nom. Le gouverneur de Merv lui répondit 
qu’il était tout prêt à jurer fidélité et obéissance au sultan ghouride. Ghyath- 
ad-Din comprit par là que la puissance du Khvarizmshah n’était pas bien 
grande, et il conçut le projet de s’emparer du Khorasan ; il rappela son frère 
Shihab-ad-Din de l’Inde pour aller faire cette campagne avec lui. En atten- 
dant le moment de son arrivée, le sultan Ghyath-ad-Din s’empara de Pandj- 
Dié et de Merv-i-Roud. Au mois de Djoumada premier de l’année 597, les 
deux frères partirent à la tète de leur armée pour aller faire la conquête du 
Khorasan. Djagri-beg tint sa promesse et leur livra la ville de Merv qu’ils 
donnèrent à Hindou-Khan, fils de Malik-Shah ; de là, ils marchèrent sur 
Serakhs, dont ils s’emparèrent par capitulation et ils la donnèrent à l'émir 
Zengi qui était leur cousin; ils lui donnèrent également Nésa et Baverd en 
fief. Ils prirent aussi Tous. Ils envoyèrent alors dire à Ali-Shah, fils du Khva- 
rizmshah, qui se trouvait à Nishapour, d'évacuer la ville; mais il n’en fit rien 

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histoire d’égypte de makrizi 


79 


Syrie. Al-Malik-al-Afdal demanda à ses généraux ce qu’il conve- 
nait de faire; quelques-uns lui conseillèrent d’écrire à al-Malik-al 
’Aziz et de chercher à s’arranger avec lui de façon à lui donner 
satisfaction. Son vizir lui conseilla au contraire de demander aide 
à son oncle al-Malik-al-' Adil et d’implorer son secours contre al- 
'Aziz. Ce fut ce dernier avis qu'il écouta. On n’eut bientôt plus de 
doute sur les prétentions d’al-Malik-al-Aziz, qui exigeait qu’on fit 
la khoiba à Damas, et qu’on frappât la monnaie à son nom. Cela 
jeta al-Afdal dans le plus grand trouble. Il partit de Damas, le 
quatorzième jour du mois de Djoumada premier, et se rendit, 
accompagné seulement d’une petite escorte, auprès de son oncle 
al-Malik-al-' Adil. Ce prince vint à sa rencontre à Siffin *. Quand 


et fit construire un mur très solide. Le sultan Ghyath-ad-Din prit lui-mème 
le commandement de ses troupes avec son fils Mahmoud et engagea la 
lutte; le sultan indiqua à ses soldats le mur comme devant être le but de 
tous leurs efforts; les soldats ghourides s’élancèrent à l’assaut avec une telle 
impétuosité que les Khvarizmiens furent terrifiés et coururent se réfugier 
dans la grande mosquée; mais les habitants de Nishapour les en chassèrent 
et les ghourides en firent un terrible carnage. Ali-Shah fut conduit enchaîné 
devant le sultan Ghyath-ad-Din, à qui il dit : « Est-ce ainsi que l’on traite 
les princes du sang? » Non, lui répondit Ghyath-ad-Din, et l’ayant pris par 
la main, il le fit asseoir à ses côtés. Le sultan confia Nishapour à son cousin 
et gendre, Diya-ad-Din-Mohammad-Abou-Ali ; de là, Shihab-ad-Din se dirigea 
vers le Kohistan, mettant à feu et à sang les pays qu’il traversait. Au cours 
de l’année 598, le sultan Ala-ad-Din-Mohammad-Khvarizmshah vint recon- 
quérir le Khorasan, que les sultans du Ghour avaient arraché aux princes de 
sa famille. 

Dans le pays de Roum, régna le sultan Solaïman-ibn-Kilidj-Arslan ; au 
mois de Ramadhan de l’année 597, il enleva la ville de Malatiyya à son frère 
Mo’izz-ad-Din-Kaisar-Shah, après quelques jours de lutte. De là, il alla à 
Arzan-ar-Roum ; le fils de Moliammad-ibn-Salik sortit à sa rencontre pour se 
soumettre à lui, mais le sultan seldjoukide le fit arrêter, charger de chaînes, 
puis il fit passer au fil de l’épée toute la population d’ Arzan-ar-Roum. 

Dans le Mazanderan et l’Irak, régnait Kutluk-Inandji, fils de Djihan- 
Pehlevan. Quand il mourut, les émirs, les troupes et les officiers de Djihan- 
Pehlevan, se rassemblèrent et choisirent comme chef un nommé Koukdjeh ; 
ils s’emparèrent de Rei et des environs de cette ville, puis ils allèrent attaquer 
Isfahan. Quand ils apprirent l’arrivée de l’armée du khalife, ils députèrent 
quelqu’un à Saif-ad-Din-Toghril, qui était le commandant de cette armée, et 
ils offrirent de se soumettre au khalife. Quand Saif-ad-Din, arriva à Isfahan, 
Koukdjeh sortit à sa rencontre et le général du khalife entra, escorté des émirs 
du prince du Mazenderan, dans Isfahan dont il prit possession. Il envoya 
demander au Khalife la possession de Rei, d’isfahan, de Koum, de Kashan, 
d’Avah, de Savah, à la condition de les considérer comme la propriété de la 
cour de Bagdad. Le khalife lui accorda sa demande et lui fit envoyer un 
diplôme par lequel il lui reconnaissait la souveraineté de ces pays. 

1. Yakout dit, dans le Modjam-al-Bouldan, que la forme primitive de ce nom 
de ville était Sarifln ; elle est située près de Rakka sur la rive occidentale 
de l’Euphrate entre Rakka et Balis. Il y a en Orient plusieurs localités qui 
portent le nom de Sarifln, on en trouvera la liste et la description dans l’ou- 
vrage géographique ci-dessus (tome III, page 384). Kazwini ne donne pas sur 
cette localité de renseignements géographiques plus complets que Yakout 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


tous deux furent descendus de cheval, al-Afçlal pria son oncle, 
dans les termes les plus pressants, de venir avec lui à Damas 
Foi. 4i f. pour le défendre contre son frère al-Aziz. Al- f Adil y consentit, 
et lui donna comme résidence la citadelle de Dja'bar; puis il en 
partit avec lui pour se rendre à Damas, le premier jour du mois 
de Djoumada second, et il y arriva le neuvième jour du môme 
mois. Ensuite al-Afdal se rendit à Alep par le désert 1 pour 
demander secours à son frère al-Malik-ath-Thahir. Ce prince se 
rendit à sa rencontre et lui jura de lui prêter aide. D’Alep, 
al-Afdal se rendit à Hamah, où il fut reçu par son cousin al-Malik- 
al-Mansour-Mohammad, fils d’al-Mothaffar, qui lui fit le même 
serment ; de Hamah, al-Afdal revint à Damas, où il fit son entrée 
le treizième jour de ce même mois. Il y trouva al-Malik-al- f Adil 
à qui il dévoila ses secrets; ce souverain s’aperçut alors de la 
position précaire de son neveu ; il comprit combien il avait mal 
gouverné ses états et quelle conduite indigne il avait tenue. Il 
lui montra qu’il était temps pour lui de changer de vie et combien 
il réprouvait ses actes ; mais al-Afdal ne prêta pas beaucoup 
d’attention aux conseils de sou oncle ; il se contenta de lui prodi- 
guer les plus grands honneurs, à ce point qu’il lui laissa l’éten- 
dard, que, tous les jours, al- f Adil sortait à cheval avec le drapeau 
de l’empire * et qu’al-Afdal prenait rang dans son escorte comme 
un de ses officiers. 

Les choses en étaient là quand, subitement, al-Malik-ath-Thahir, 
souverain d’Alep, se brouilla avec son frère, al-Malik-al-Afdal et 
avec son oncle al-Malik-al- f Adil, et cela parce qu’al-Malik-al- 
Mansour venait d’embrasser le parti d’al- f Adil. Le sultan d’Alep 
écrivit à son frère al-Malik-al- f Aziz pour l’inciter à venir faire la 
conquête de la Syrie, lui promettant de se joindre à lui contre al- 


1. La Berriya , ou, avec Yimalèh, berryèh , est le grand désert qui s’étend 
entre l’Euphrate et la Syrie qu’il borde à une très faible distance de la chaine 
de montagnes qui court parallèlement au rivage de la Méditerranée. C’est au 
milieu de ce désert, qui est connu par les cartographes allemands sous le nom 
de Syrische Wüste, que se trouve la ville de Palmyre. 

C’est ce nom que l’on trouve sous la forme berrie dans les textes du moyen 
âge français (G. Paris, Extraits des chroniqueurs français , 1893, p. 149 note, 
et Romania , tome 27, page 287). Les auteurs musulmans entendent par raml 
« sable » la partie du désert qui s'étend entre la Syrie et l’Égypte. 

2. L’étendard était le principal signe de la souveraineté, comme il l’est 
aujourd’hui dans les pays monarchiques. Al-Afdal avait un drapeau à ses 
armes, que l’on portait devant lui quand il sortait; al-'Adil n’étant pas chez 
lui à Damas ne pouvait faire porter son étendard devant lui; tout au plus, pou- 
vait-il le faire arborer sur le palais où il recevait l’hospitalité pour indiquer 
sa présence. En agissant envers lui comme il le faisait, al-Afdal reconnaissait 
implicitement al-' Adil comme son suzerain. 

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histoire d’égypte de makrizi 81 

Afdal. Rien ne pouvait mieux entrer dans les vues du sullan 
d’Égypte qui sortit alors du Caire à la tête de ses troupes. 

Quand al-Malik-al-'Azïz fut arrivé près de Damas, al-Malik-al- 
'Adil écrivit en secret aux émirs de ce sultan pour les attirer 
dans son parti ; les émirs Asadis en voulaient aux émirs Salihis 
parce qu’al-'Aziz favorisait les seconds à leurs dépens ; al-' Adil sut 
profiter habilement de cet état d’esprit et il parvint à jeter la 
discorde entre ces deux groupes d’officiers au point que les émirs 
Asadis ne voulurent plus rester au service d’al-Malik-al-'Azïz. En 
même temps il écrivait à al-Malik-al-'Azïz pour le mettre en 
garde contre les projets des Asadis et lui conseiller de les chasser 
de son armée, et aux Asadis pour leur montrer qu’ils avaient 
tout à craindre des projets d’al-Malik-al-'Azlz et qu’ils feraient 
bien mieux de se ranger de son côté. Ce stratagème lui réussit 
pleinement ; les émirs Asadis prirent le parti d’abandonner al- 
Malik-al-'Aziz et engagèrent les Kurdes et les Moharranis à agir 
comme eux; les uns et les autres y consentirent. L’officier qui 
commandait les Kurdes se nommait l’émir Hosam-ad-Din-Aboü-’l- 
Hidja-al-Samin ; les Kurdes se réunirent aux Asadis et ils quit- 
tèrent tous le service d’al-Malik-al-'Aziz pour aller se joindre à 
al-Malik-al-Afdal et à al-Malik-al-'Adil, de façon à amener la ruine 
du sultan d’Égypte. En môme temps, ils écrivirent à ceux de leurs 
camarades qui étaient restés au Caire pour leur dire de marcher 
contre al-'Aziz de façon à prendre position entre lui et le Caire, 
à le mettre entre deux ennemis et à n’avoir plus qu’à étendre la 
main pour s'emparer de lui. 

Le soir du quatrième jour du mois de Shavval, l’émir Aboü’-l- 
Hidja-al-Samin partit avec les Kurdes, les Moharranis et les 
Asadis qui emportèrent leur équipement; ils vinrent trouver al- 
Malik-al-'Adil, qui en éprouva une vive joie, car cela renforçait 
considérablement son armée. A l’aube du cinquième jour du mois 
de Shavval, al-Malik-al-'Aziz se mit en marche dans l’intention de 
retourner en Égypte en éprouvant les plus vives craintes au sujet 
des émirs Asadis qu’il avait laissés au Caire. 

L’officier qu’il avait chargé de gouverner l’Égypte pendant son 
absence était l’émir Baha-ad-Din-Karakoush-al-Asadi, qui n’avait 
pas changé de sentiments vis-à-vis de lui, de telle sorte qu'il Foi. « v. 
rentra sans encombre au Caire et s’y installa. 

Al- Adil sortit alors de Damas avec al-Malik-al-Afdal et toutes 
leurs troupes dans l’intention d'aller attaquer le Caire, car il était 
bien décidé à s’emparer des états du sultan d’Égypte. Il fut con- 
venu entre les deux princes qu’al-Malik-al-'Adil aurait le tiers de 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. o 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


TÉgypte et que les deux autres tiers seraient la propriété d’al- 
Malik-al-Afdal. Al-Afdal consentit à cet arrangement et les deux 
sultans partirent de Damas; le prince de Hamah se mit éga- 
lement en campagne, ainsi qu’lzz-ad-Din-ibn-al-Mokaddam et 
Sabik-ad-Dio-ibn-ad-Dayah, seigneur de Shaizar; il laissa à Da- 
mas, al-Malik-ath-Thahir-Khidr. L’émir f Izz-ad-Din-Djourdik-al- 
Noüri, gouverneur de Jérusalem, vint également se joindre à eux. 
Quand ils furent arrivés à Tell-al-'Àdjoül, al-Aftjal distribua des 
vêtements d’honneur à tous les émirs Asadis ainsi qu’aux Kurdes 
afijalîs, et il leur donna des timbales. Al-Malik-al-Aftjal marcha sur 
Jérusalem que lui livra l’émir 'Izz-ad-Din-Djoürdik ; il donna à ce 
dernier Baïsan, Kaukab *, al-Djoulan 2 et al-Masha 8 ; de Jérusalem 
l’armée vint camper devant Bilbeïs 4 , où se trouvaient un certain 
nombre d’émirs Salihis, avec l’émir Hakdari-ibn-Ya'li-al-Hamidi 
à la tête d’un détachement de Kurdes. Al-Malik-al-Af<jal et al- 
Malik-aKAdil les assiégèrent. On se trouvait alors en pleine crue 
du Nil et il était très difficile de se procurer des vivres et du four- 
rage pour les bêtes, de telle sorte que l’armée en éprouva de 
grandes souffrances. Les généraux désapprouvèrent celte opéra- 
tion. Pendant ce temps, al-Malik-al- f Aziz envoyait aux habitants de 
Bilbeïs des navires portant des hommes et du matériel de guerre. 
Les Asadis ayant appris cela équipèrent des bateaux et attaquèrent 
les navires égyptiens ; plusieurs de ces navires tombèrent entre 
leurs mains; ils en coulèrent d’autres et firent leurs équipages 
prisonnière ; huit de ces navires parvinrent à s'échapper et ral- 
lièrent le Caire. Le siège de Bilbeïs continua avec le même achar- 
nement des deux côtés, et la ville fut sur le point de tomber aux 
mains des assiégeants. Al-Malik-al-'Aziz qui se trouvait alors au 
Caire était dans le plus grand embarras, et il n’avait presque plus 
d’argent. Ses sujets l’aimaient beaucoup, car il les traitait très 
doucement et se montrait très généreux à leur égard. Quand al- 
Malik-al-'Adil et al-Malik-al-Afdal furent venus mettre le siège 

1. Nom d’une citadelle bâtie sur une montagne qui domine Tibériade. 

2. Nom d’un village qui dépendait de Damas et qui passa ensuite dans la 
circonscription du Hauran. 

3. Yakout ne donne point do renseignements sur cette localité; elle devait 
évidemment se trouver dans la même région que les deux précédentes. 

4. D’après Yakout ( Mo'djam , tome I, p. 712), cette localité était distante de 
dix farsakhs de Fostat sur le chemin de la Syrie. Idrisi (tome I, page 329) dit 
qu’elle était distante de dix farsakhs de Misr. Abou’-l-Féda (tome II, partie i, 
page 166) donne quelques renseignements plus précis : c’était la capitale du 
Haut, et c’était là que résidaient les gouverneurs de cette province. Il y passe 
un des canaux alimentés par le Nil au moment de sa crue; ce canal porte le 
nom de Canal du fils de Mounedja ( bahr-lbn-al-Mounadja ). On pourra voir sur 
ce canal la Chrestomathie arabe de M. de Sacy, tome II, p. 34. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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devant Bilbeïs, il se trouva dans la nécessité d’enrôler des soldats; 
mais il ne pouvait le faire faute d'argent. Les gens riches lui 
offrirent de fortes sommes, mais il ne voulut point les accepter. 

Le (cddi al-Fadil quitta la direction des affaires et se relira dans 
ses terres quand il vit que tout allait de travers ; ’Abd-al-Karim- 
ibn-'Ali-al-Baisani avait été pendant de longues années chargé 
de la juridiction et des finances dans la province de Bohaira * et 
il y avait fait une grosse fortune ; il se brouilla ensuite avec son 
frère, le kàdï al-Fadil, et cette dispute causa beaucoup de scan- 
dale, car ils jouissaient tous les deux de l’estime publique. 'Abd-al- 
Karim quitta ensuite ses fonctions ; il avait épousé une femme de 
la famille de Misar, qui avait beaucoup de fortune ; il alla s’établir 
avec elle à Alexandrie; ils firent très mauvais ménage à cause de 
son caractère déplorable. Le père de cette femme vint à Alexan- Foi. « r*. 
drie et alla exposer au kàdï de cette ville la malheureuse situa- 
tion de sa fille. Le kàdï se rendit lui-même à la maison qu’habitait 
'Abd-al-Karim, mais il ne put ouvrir la porte de la chambre où se 
trouvait sa femme. Il ordonna alors d’y pratiquer une ouverture, 
il en fit sortir la jeune femme et la rendit à son père, après quoi il 
ordonna de reboucher le trou. Cela mit ' Abd-al-Karim dans une 
violente colère ; il se rendit au Caire et il offrit à l’émir Fakhr-ad- 
Din-Tchaharkas cinq mille dinars mûris, et il s’engagea à verser 
au trésor d’al-Malik-al-'Aziz une somme de quarante mille dinars 
si on voulait lui confier la charge de kàdï d’Alexandrie. Il porta 
tout cet argent à l’émir Fakhr-ad-Din-Tchaharkas qui le fit trans- 
porter chez le sultan. Al-Malik-al-’Aziz se trouvait à ce moment 
dans la plus grande gêne et n’avait pour ainsi dire plus un sou; 
l’émir lui dit : « Voilà de l’argent qui t’est venu sans que tu le 
« demandes et à l’improvisle ». Et il lui expliqua toute l’aven- 
ture ; le sultan regarda longuement le sol, puis relevant la tête : 

« Rends, dit-il, cet argent à celui à qui il appartient, et dis-lui 
« ceci : Voilà ton or et gardes-toi bien de recommencer 1 Tous 
« les souverains ne s’appellent pas al-Malik-al-'Adil. Fais savoir 
« à celui qui l’envoie que si j’accepte ce don de lui, ce sera l’au- 
« toriser à commettre toutes les exactions possibles à Alexandrie ; 

« c’est une chose que je ne ferai jamais ! » Quand Tchaharkas 
eut entendu ces paroles, il en fut stupéfait et son étonnement se 
peignit sur son visage. Le sultan lui dit : « Je vois que tu es tout 


1. Le texte de Makrizi dit textuellement qu’il était mushrif. Ce titre désigne 
plusieurs fonctionnaires dont les attributions étaient différentes quoiqu’elles 
eussent toutes rapport aux finances. Le mushrif était à la fois le surintendant 
des finances et l’inspecteur des douanes. C’est de ce mot que les Espagnols ont 
fait almoxarife . 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


« troublé, et je pense que lu as reçu quelque commission pour 
« t’occuper de cette affaire. » « C’est vrai, répondit l’émir, cinq 
mille dinars. » Al-'Aziz réfléchit quelques instants, puis: « Il l’a 
« fait un présent qui ne te sera guère utile, tandis que moi, je le 
« donnerai bien des fois des choses qui te serviront autrement. » 
En même temps, il lui signa un diplôme d’investiture lui conférant 
la propriété du district de Tanbadha qui rapportait chaque année 
une somme de sept mille dinars. Ses courtisans blâmèrent sa 
conduite et lui conseillèrent d’emprunter de l’argent au (càdt al- 
Fadil. 11 pria ce magistrat de venir s’entretenir avec lui dans un 
des belvédères du Palais du Vizirat qui dominait le chemin que 
le kâdï devait prendre. Quand le sultan aperçut le kâdï al-Fadil, 
il fut vivement troublé et se retira dans ses appartements particu- 
liers ( haram ), par suite de la honte qu’il ressentait d’être obligé de 
lui parler de lui emprunter de l’argent; mais les émirs le contrai- 
gnirent à sortir de ses appartements. Quand il fut entré dans la 
pièce où se trouvait le kâdï, il commença par lui souhaiter la 
bienvenue et lui dit : « Tu sais dans quelle pénible situation et au 
« milieu de quelles difficultés financières je me trouve à l’heure 
« actuelle ; regarde mon état d’un œil favorable et sauve-moi, soit 
« en me donnant de l’argent, soit en me conseillant, soit par toi- 
« même! » Le kâdï al-Fadil lui répondit: « Tout ce que je possède, 
« je le dois à la générosité de tes parents ; commençons d’abord 
« par arranger ta situation, et si ensuite tu as besoin d’argent, le 
« mien t’appartient. » 

II arriva alors qu’al-Malik-al-'Adil voyant combien son armée 
souffrait de la rareté des vivres et des privations envoya prier le 
kadi al-Fadil de venir auprès de lui par un messager qu’il avait 
déjà envoyé à al-Malik-al-'Aziz. On prétend que lorsque la flotte 
qu’al-'Aziz avait envoyée au secours de Bilbeïs eut été défaite, 
comme on l’a vu plus haut, le sultan craignit de se voir arracher 
Foi. a t *. son empire et qu’il envoya en secret quelqu’un à son oncle pour 
lui dire qu’il reconnaissait avoir mal agi et qu’il s’était décidé à se 
retirer dans le Maghreb ; il lui demandait seulement de respecter 
ses femmes et de prendre soin de ses enfants. Al-Malik-al-'Adil 
eut pitié de lui et pria le kadi al-Fadil de venir le trouver. Quand 
ce magistrat arriva auprès de sa tente, il monta à cheval, se 
rendit au devant de lui et le reçut avec les marques de la plus 
grande estime; ils ne se séparèrent pas avant d’avoir arrêté les 
termes d’un accord d’après lequel les Asadis et les Kurdes ren- 
treraient au service d’al-Malik-al-Aziz sans qu’on leur prît n’im- 
porte quoi de leurs fiefs militaires. Al-'Aziz et ces émirs s’y enga- 
gèrent mutuellement par serment; il fut également convenu qu'al- 

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Malik-al- f Adil demeurerait au Caire auprès d’al-Malik-al- f Aziz et 
qu’il prendrait soin du gouvernement de ses états; qu*al- f Aziz et al- 
Afdal feraient la paix et que chacun d’eux resterait en la posses- 
sion de ce qui lui appartenait au moment de la conclusion de ce 
traité. Le kàdï al-Fadil s’en revint alors. Quand les choses furent 
ainsi arrangées, chacun jura d’observer fidèlement les clauses du 
traité, après quoi, al-Malik-al-'Aziz partit du Caire pour se rendre 
à Biibis; son oncle al-Malik-al- f Adil et son frère al-Malik-al-Afdal 
allèrent le recevoir. La paix ayant été rétablie ainsi extérieure- 
ment, al-Malik-al-Afdal se mit en chemin pour retourner en Syrie, 
accompagné de l’émir Abou’-l-Hidja-al-Samin 1 ; tout le Sahel 
devint de la sorte sa propriété. Al-Malik-al- f Aziz rentra au Caire 
avec son oncle al-Malik-al-'Adil auquel il donna comme résidence 
la forteresse de cette ville. Ce prince s’occupa de mettre ordre 
aux affaires de l’Égypte et il ne négligea rien des affaires des 
provinces et des campagnes; il montra la plus vive affection 
pour al-Malik-al- f Aziz et il devint le maître absolu, gouvernant à 
sa guise l’empire de son neveu sans distinguer entre le riche et 
le pauvre. 

Le kàdï Mohyi-ad-Din-Mohammad-ibn-Abou-Asroun fut révoqué 
de sa charge de kàdï de Misr ; on nomma à sa place Zain-ad-Din- 
Abou’-l-Hasan- c Ali-ibn-Yousouf-ibn- f Abd-Allah-ibn-Bandar-al-Di- 
mashki. — Cette même année, al-Malik-al- f Aziz renouvela la 
trêve qui existait entre lui et les Francs. — On reçut une lettre 
de l’empereur grec [Alexis III l’Ange] qui disait que les Grecs 
l’avaient reconnu comme leur souverain et qu’il traitait bien les 
Musulmans; il annonçait qu’il avait ordonné de construire dans sa 
capitale une grande mosquée, qu’on y faisait la prière du Ven- 
dredi, ainsi que la khotba, et qu’il avait fait restaurer à ses frais 
un côté de cette mosquée qui était tombé en ruines, de telle sorte 
que les Musulmans qui se trouvaient à Constantinople pouvaient 
se réunir dans cette mosquée pour y faire la prière. Il demandait 
en retour que l’on prît note de ses recommandations pour le 
patriarche et les chrétiens, de façon qu’ils pussent accompagner 


1. Abou’-l-Mahasin raconte sur ce personnage, dans son Histoire d'Égypte , 
une aventure assez amusante pour trouver sa place ici (ms. ar. 1779, folio 38 
verso). Cet auteur rapporte qu’en l’année 573, la cinquième du règne du sultan 
al-Malik-al-Aziz, l’émir Hosam-ad-Din-Abou-l-Hidja-al-Samin (le gros) se ren- 
dit à Bagdad; il avait, parait-il, une très petite tète et un ventre énorme qui 
s’avançait jusque sur le cou de son cheval; c’est pour cela qu’on lui avait 
donné le sobriquet d 'al-Samin. Un potier s’amusa à faire des vases de terre 
qui représentaient cet émir et il les exposa dans le marché. Abou’-l-Hidja les 
ayant vu ne songea pas à se fâcher et ne fit qu’en rire. Les Bagdadiens firent 
ensuite des vases de cette forme qu’ils nommèrent des Abou’-l-Hidja. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


leurs morts avec des cierges allumés et accomplir en public les 
cérémonies de leur culte dans leurs églises. 11 priait également le 
sultan de rendre la liberté aux Grecs qui étaient retenus prison- 
niers dans ses états. 

Cette année Zain-ad-Din-'Ali-ibn-Yousouf fut destitué de ses 
fonctions de Icàdï, le premier jour du mois de Djoumâda premier, 
et on donna sa place à Mohyi-ad-Din-Abou-Hamid-Mohammad- 
ibn-'Abd-Allah-ibn-Hibat-Allah-ibn-'Asroun. 


Année 592. 

Quatrième année du règne d’al-Malik-al-'Aziz-'Othman en Égypte. 

Dans les premiers jours de cette année, al-Malik-al-Afdal arriva 
à Damas, et ses soldats se disloquèrent pour retourner dans leurs 
Foi. m r*. foyers ; al-Afdal continua à vivre dans les pratiques religieuses 
les plus austères, laissant tout le poids des affaires à son vizir 
Diya-ad-Din-ibn-al-Athir qui gouverna de la façon la plus malen- 
contreuse, de telle sorte que les plaintes s'élevèrent de toutes 
parts. Pendant ce temps, al-Malik-al-'Adil gouvernait l'empire 
égyptien ainsi que les contrées qui lui appartenaient à titre de 
fiefs. C’était lui qui réglait l’avancement, qui s’occupait du gou- 
vernement des provinces et de faire rentrer l’argent dans le tré- 
sor. Il plaça auprès d’al-Malik-al-'Aziz l’émir 'Izz-ad-Din-Shama ’, 
qui devint le dépositaire des secrets du sultan et son chambellan 
et qui servait également d’intermédiaire entre al-Malik-al-'Aziz 
et son oncle. L’émir Sarim-ad-Din-Kaimaz-al-Nadjmi était l’ami le 
plus intime d’al-Malik-al-'Adil qui en faisait le plus grand cas. 

Le samedi, douzième jour de Moharram, on retira l’autorité à 
Ibn-Abi-'Asroun et à ses substituts et on lui ordonna de s’enfermer 
dans sa maison, puis de sortir du Caire. Il ferma sa porte, pré- 
para toutes ses affaires pour partir, mais il demanda la permission 
de demeurer au Caire. Le vingt-sept, on donna un vêtement 
d’honneur à Zain-ad-Din-'Ali-ibn-Yousouf, et on le nomma à la 
place de kàdï qui était occupée auparavant par Ibn-Abi-'Asroun. 

Au commencement du mois de Safar, al-Malik-al-'Aziz attacha 
en vakf à la vieille mosquée djamï de Misr le canton de Djizeh, 
depuis al-Manoufiyya J jusqu’au couvent de Yimam Shafé'i, et il 

1. Quoique Makrizi nomme cet officier général Shama, son vrai nom est 
Ousama, le lion. 

2. Yakout nous apprend dans le Mo'djam-al-bouldan (tome IY, page 672) 
que le village de Manouf était l’un des plus anciens qui se trouvassent eq 

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HISTOIRE D'ÉGYPTE DE MAKRIZI 


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en donna l’administration à Ibn-al-Djizi. — Aux mois de Safar 
et de Rabi f , on jeta une quantité considérable de morts sur les 
chemins; chaque jour leur nombre dépassait à Misret au Caire 
deux cents individus, et il ne resta personne qui prît soin de 
leur donner la sépulture. La plupart de ces gens étaient morts 
de faim : le blé arriva à se vendre 180 dinars les cent ardebs ; 
le pain se vendait un dirhem les trois ritl . Les pauvres gens 
furent réduits à acheter des cruches de terre et à aller sans dis- 
continuer les remplir dans le Nil ; ils voulaient vendre cette eau 
un dirhem la jarre, mais comme iis ne trouvèrent personne qui 
voulût en acheter à ce prix ils crièrent : « Qui nous donnera une 
« aumône contre cette cruche d’eau? » Le prix des vivres monta 
encore, de telle sorte que la misère devint plus affreuse et que 
beaucoup de pauvres périrent, la plupart de faim. Les chariots 
qui servaient au transport des denrées alimentaires furent em- 
ployés pour le transport des cadavres; on ne trouvait pas assez 
de cercueils pour les inhumer, de sorte qu'on les faisait servir 
plusieurs fois 1 ; les gens se mettaient voleurs pour un morceau de 
pain, on les frappait, on les blessait à la tête de façon à répandre 
leur sang, sans les décourager et sans qu'ils lâchassent ce qu’ils 
tenaient à la main. Le blé fit complètement défaut, et il n’y eut 
plus que le shérif Ibn-Thaghlib qui en envoyât; en effet ses vais- 
seaux allaient en chercher et l’apportaient sans discontinuer. 

Le septième jour du mois de Safar, on reçut la nouvelle que le 
cercueil d’al-Malik-an-Nasir-Salah-ad-Din avait été transporté, le 
jour d’Ashoüra, de la forteresse de Damas dans le monument qu’il 
s’était fait construire; on déploya dans cette cérémonie une pompe 
magnifique. 

Le vingt-septième jour de ce môme mois, al-Malik-al-Zahir- 
Daoüd, prince de Birah, arriva, ainsi que Sabik-ad-Din- f Othman, 
prince de Shaizar, et Baha-ad-Din-ibn-Shaddad, kàdî d’Alep ; al- Foi. 43?*. 
Malik-al-'Adil sortit à leur rencontre jusqu’à la Birkat-al-Djubb ; le 
kàtib f Imad-ad-Din arriva également. 

On reçut la nouvelle que les Arabes de la province occidentale 
étaient descendus dans la Bohairah et qu’ils avaient acheté du blé 
au prix d’un dinar la charge d’un chameau. La raison en était 


Égypte ; il possédait un district nommé Ramsis ou Manouf ; ce village était 
situé dans la Basse -Égypte, dans le Rif ; on lui donna plus tard le nom de 
Manouflyya. Idrisi (tome I,pp.322 et 325) connaît deux villages de Manouf, l’un 
nommé Manouf-al-alya est un petit bourg dont le territoire est fertile, et où 
passe un bras du Nil qui prend naissance à Miniyyet-Ghazal. Le second 
Manouf-al-asfli est situé sur le canal oriental du Nil, non loin de Thana, 

Ou qu’on ne pouvait les inhumer que successivement, 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


que les provinces occidentales ( al-gharb ) avaient manqué de blé 
l’année précédente et que, durant l’année présente, il n’avait pas 
plu. Les sauterelles s’étaient multipliées en Syrie d’une façon 
tout à fait inquiétante pendant que les fièvres et les maladies 
similaires 1 augmentaient au Caire et à Misr. Le prix des médica- 
ments s , du sucre, des essences et des épices s'éleva beaucoup et 
il fut difficile de s’en procurer : on vendit une potion 3 jusqu’à 
vingt-quatre dirhams et les poulets devinrent si rares qu’on n’en 
trouva plus à acheter ; le froment atteignit le prix de deux cents 
dinars les cent ardebs; les vivres arrivèrent à des prix exorbi- 
tants : on ne trouva plus rien à manger et on ne vit plus que des 
gens demandant l’aumône; une grande quantité de personnes mou- 
rurent de faim et on se mit à voler du pain sans même se cacher. On 
vit des hommes qui dévoraient de la terre, d’autres qui mangeaient 
des ordures, et les gens s’écrasaient pour ramasser les débris que 
l’on jetait à. la porte des raffineries de sucre. La mortalité aug- 
menta de môme à Alexandrie, et on y jeta aussi un grand nombre 
de cadavres sur les chemins. Les médicaments étant venus à faire 
défaut, les riches comme les pauvres périrent en nombre considé- 
rable; personne ne put cacher sa misère et l’on vit des gens qui 
fouillaient dans les tas d’immondices accumulées depuis longtemps 
pour y ramasser des débris de cuisine, des dessertes de table, et 
dans les balayures des maisons, pour y trouver des débris man- 
geables. Un homme qui était employé dans les bureaux de l’assis- 
tance publique ( divan al-zakat ) écrivit dans cette seule année 
pour plus de 52,000 dinars de mandats sur la caisse de cet éta- 
blissement, et encore n’était-il pas le seul occupé à ce travail. Il 
y avait dans les caisses de cette fondation des sommes destinées 
à être employées dans les calamités de ce genre. On envoya à 


1. Littéralement : les maladies qui donnent la fièvre et les fièvres brûlantes. 

2. Ashrabat, étymologiquement : « les choses qui se boivent»; mais il est 
évidemment question ici de drogues médicinales destinées à soigner les fièvres 
dont il vient d’ètre parlé. M. Dozy ( Supplément aux dictionnaires arabes , 
tome 1, p. 741) donne à ce mot, d’après un Glossaire hispano-arabe, le sens 
d’électuaire, de looch; c’est ce sens qui convient ici. Le mot shirab joint à 
un nom de plante indique la teinture de cette plante. Selon le Mohit-el-Mohit, 
que Botros-el-Bistami a publié à Beyrout en 1870, le mot shirab employé seul 
dans le langage médical désignerait un vin préparé avec une substance végé- 
tale, et pour désigner un sirop il faudrait ajouter un autre mot. Cette affir- 
mation ne parait point reposer sur une base bien sérieuse. Sharaibi désigne 
un apothicaire. 

3. Mitbakhah. Ce mot signifie généralement cuisine, chose cuite; mais mat- 
boukhyîovmè de la même racine, désigne un bouillon de plantes, ou une potion 
qu’il faut faire bouillir pour la préparer (Dozy, ibid., tome 11, p. 21) et plus 
spécialement un rob ou sirop composé de figues ou de raisin. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Ibn-Thaghlib-al-Dja'fari en cette seule année une somme qui 
dépassait 60,000 dinars ; on lui envoya également le tambour et 
l’étendard et on lui donna l’ordre de fournir la maison d’al-Malik- 
al-'Aziz de viande et de pain, de telle sorte qu’il en apporta à 
plusieurs reprises pour la nourriture de ceux qui la composaient; 
beaucoup d’entre eux néanmoins se contentaient de pain. Les 
plaintes des gens redoublèrent, mais on ne put y faire droit. 

Au mois de Rabi' second, Sarira-ad-Din-Khatlidj-al-Ghozzi fut privé 
de sa charge d’inspecteur des finances à l’administration centrale 
(< davavin ), et on la donna à Baha-ad-Din-Karakoush’, en plus de 
sa charge d’inspecteur de l’assistance publique. — Ce même mois, 
la mortalité fut également excessive, à ce point qu’il ne resta pas 
une maison où il n’y eût un cadavre, un agonisant ou un malade. 

La situation fut encore aggravée par ce fait que les médicaments 
vinrent à manquer et que le nombre des médecins fut insuffisant: 
si l’on parvenait à en trouver un, il ne pouvait s’échapper tant les 
gens se précipitaient sur lui. La mortalité devint telle que les 
vivants ne pensèrent plus qu’à la mort, et le jour entier se passait 
à voir sortir des convois dans les rues. On finit par manquer de 
gens pour ensevelir les morts, et, s’il se trouvait un fossoyeur, il 
ne creusait pas la fosse complètement ', de telle sorte que les 
cadavres n’étaient pas ensevelis assez profondément et qu’ils f® 1 - ** »*• 
répandaient des émanations telles qu’il était impossible aux assis- 
tants d’aller prier sur les tombes et de les aller visiter. — Le prix 
des vivres commença à baisser. 

Au mois de Djoumâda premier, on reçut à plusieurs reprises 
des nouvelles qui apprenaient que les choses allaient fort mal 
à Damas, ce qui détermina le sultan à entreprendre une expédi- 
tion en Syrie. On se préoccupa de la question de la solde; on 
paya aux troupes uu seul mois bien qu’il leur fût dû quatorze mois 
d’arriéré, car on n’avait pas eu d’argent pour les payer. On leur 
versa cette somme et on les envoya dans différentes directions. 

Les djandars se refusèrent à prendre le mois qu’on voulait leur 
payer. Quand al-Malik-al-'Aziz fut informé de leur conduite, il 
écrivit à l’émir Khatlaba de les envoyer au camp; le tavashi 
Karakoush fit mettre aux fers ceux qui refusèrent de sortir, et il 
les força à travailler aux murs. Les djandjars sortirent, mais bien 
malgré eux, en maugréant et en sacrant. 

L’argent qui avait été distribué aux troupes avait été emprunté 
aux émirs, et on leur avait donné des garanties pour l’année sui- 

1. Parce qu'il n’en avait point le temps, étant donné le grand nombre de 
fosses qu’il avait à creuser. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


vante. Al-Malik-al-'Aziz sortit pour se rendre au camp, et les 
émirs se mirent en marche avec la plus grande rapidité; il 
envoya des hadjibs 1 dans les différentes villes sous escorte de 
soldats, et les troupes sortirent du Caire. Le départ de la Birkat- 
al-Ojubb eut lieu le huitième jour de ce mois. Le sultan al-Malik- 
al-'Adil et al-Malik-al-'Aziz partirent avec une troupe d’Asadis et 
de Mamlouks. 

Les maladies fébriles se multiplièrent et tout le temps se passa 
à ensevelir les morts ; les médicaments vinrent & manquer, les 
drogues se vendirent jusqu’à trente dirhems et le prix d’une 
potion atteignit cent dirhems. — On apprit qu'à Koûs et dans la 
province qui en dépendait, il y avait eu également beaucoup de 
maladies et que le nombre des morts avait été hors de propor- 
tion avec ce qu’il était auparavant; on apprit également qu’il y 
avait eu une épidémie suivie de beaucoup de décès à Alexandrie. 

A la fin de ce môme mois, les vivres diminuèrent de prix, et les 
cent ardebs de blé, se vendirent quatre-vingts dinars ; le pain 
arriva à un dirhem les sept ritls, de telle sorte qu’il y eut moins 
de mendiants; la mortalité augmenta après qu’on eut apporté de 
Koûs des poulets, qui se vendirent dix pour sept dinars : on 
n’avait jamais vu pareille chose en Égypte. Ce même mois, on 
proclama au Caire et à Misr que le shérif Ibn-Thaghlib était le 
chef du pèlerinage, et les propriétaires fonciers ( arbàb-al-bunyât ) 
firent leurs préparatifs pour partir. — Au mois de Djoumada 
second, la situation fut telle que la maison du sultan manqua 
d’argent pour les besoins de tous les jours et pour la nourriture 
deses femmes et de ses enfants; on en fut réduit à un tel état 
qu’on achetait dans les marchés des objets qui n’avaient pas le 
poids [et qu’on les payait le même prix que si ils l’avaient eu] 
sans se révolter contre ceux qui les vendaient. On en arriva à 
manquer totalement de vivres, et les marchands de denrées ali- 
mentaires voulaient vendre au peuple au même prix que celui 
qui avait été consenti par les gens du sultan ; on fut obligé de tolé- 
Poi.«t*. rer ces gains illicites. La bière et le vin furent affermés au prix 
de douze mille dinars; on permit de les sortir en public et de les 
vendre dans des échoppes et dans des cabarets, et personne ne 
songea à rien dire contre cela. L’argent qui fut produit par ces 
impôts servit à la nourriture du sultan et des gens dont il avait 
besoin pour son service ; les revenus des frontières et des con- 


1. Ce titre désigne ordinairement lçs chambellans, au sens moderne du mot, 
du sultan, et non pas seulement des domestiques ; il n’y a donc rien d’extraor- 
dinaire à ce qu’on les ait quelquefois chargés de missions. 

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histoire d’égypte de makrizi 91 

fins militaires furent dépensés par des gens qui ne s'inquiétaient 
point de savoir d’où venait l’argent. 

Ce môme mois, al-Malik-al-'Aziz et al-Malik-al-'Adil arrivèrent à 
Daroum, et ordonnèrent de démanteler la citadelle de cette ville. 
Les murailles furent réparties entre les émirs et les djândàra. Cette 
mesure déplut au peuple parce que c’était un endroit commode 
pour les gens qui voyageaient. Les deux souverains arrivèrent 
à Damas; al-Malik-al-Afdal s’était préparé à la guerre depuis le 
commencement du mois de Radjab ; ils assiégèrent Damas jusqu’au 
moment où ils s’en emparèrent, le vingtième jour de ce même 
mois, après plusieurs combats dans lesquels al-Malik-al-Afdal fut 
trahi par ses généraux. Quand la ville eut été prise, al-Malik-al- 
Afdal descendit de la forteresse pour se rendre au-devant des vain- 
queurs. Al-'Adil eut honte quand il le vit, car c’était lui qui avait 
engagé al-Malik-al-'Aziz à venir l’attaquer, dans l’intention d’en 
tirer parti pour son propre compte comme cela sera raconté. Les 
deux sultans ordonnèrent à al-Malik-al-Afdal de s’en retourner 
à la forteresse. Il n’y était pas depuis quatre jours qu’ al-Malik-al- 
'Aziz lui envoyait Aibak-Foutis, l’émir djândâr, et Sarim-ad-Din- 
Khatlidj Yostâdàr qui le firent sortir de la citadelle ainsi que sa 
famille et celle de son père et le logèrent dans un endroit quel- 
conque. Al-Malik-al-Afdal paya toutes ses dettes et ce qu’il devait 
aux gens de son service ; cela dépassait vingt mille dinars. Pour 
ramasser cette somme, il vendit ses meubles, ses chameaux, ses 
mules, ses livres et tout ce qu’il possédait; encore cela ne fut-il 
pas suffisant. Son frère et son oncle se conduisirent très dure- 
ment à son égard ; ensuite, son oncle al-Malik-al-'Adil lui envoya 
l’ordre de se rendre à Sarkhad ; il n’eut avec lui personne qui 
accompagnât sa famille, jusqu'à ce que Djamal-ad-Din-[Abou-’l-] 
Mahasin eut envoyé une dizaine de soldats qui l’escortèrent jus- 
qu’à Sarkhad. 

On prit Bosra à al-Malik-ath-Thaür-Mothaffar-ad-Din-Khidr, et 
cette ville fut donnée à al-Malik-al-'Adil ; on ordonna à al-Malik- 
ath-Thafir de se rendre à Alep, où il alla demeurer auprès du 
prince de cette ville, al-Malik-ath-Thahir. On dit qu’ai-' Adil avait 
convenu avec al-Malik-al-'Aziz, alors qu’il se trouvait au Caire, 
que, si al-Malik-al-'Aziz triomphait de son frère al-Malik-al-'Afdal, 
et s’emparait de Damas, il y resterait, pendant que lui, al- 'Adil 
reviendrait au Caire en qualité de vice-roi au nom d’al-Malik-al- 
'Aziz. Quand al-Malik-al-'Aziz se fut emparé de Damas et qu’il en 
eut chassé son frère al-Malik-al-Afdal, ses conseillers lui mon- 
trèrent que son oncle avait l’intention [de s’emparer de l’Égypte], 
11 se repentit alors des conventions qu’il avait fixées avec lui. 11 

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A 



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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


envoya quelqu'un en secret à son frère al-Malik-al-Afdal pour lui 
exprimer ses regrets de ce qui s’était passé et pour lui faire dire 
de ne pas abandonner l'espoir de récupérer le trône de Damas. 
Mais al-Malik-al-Afdal crut que c’était une ruse de son frère et 
il avertit son oncle al-Malik-al-'Adil de celte démarche; al-Malik- 
al-'Aziz fut vivement dépité de cet acte et se mit dans une vio- 
lente colère contre son frère qu’il envoya à Sarkhad en le traitant 
d’une façon très dure. Le vizir [d’al-Afdal], Dya-ad-Din-al-Djézéri, 
alla se cacher dans la crainte d’élre massacré ; puis il se sauva 
à Mausil. 

r*. C’est ainsi qu’al-Malik-al-'Aziz devint souverain de Damas le qua- 
torzième jour du mois de Sha'ban; il régna avec justice et abolit 
un certain nombre de taxes, il défendit de tourmenter et de vexer 
ses sujets. Il quitta Damas la neuvième nuit de ce môme mois, dans 
l’intention de se rendre au Caire, laissant son oncle al-Malik-al- 
'Adil à Damas. Il se rendit à Jérusalem dont il prit possession. 
Cette ville lui fut rendue par l’émir Abou-’l-Hidja, et il la donna à 
l’émir Sharas-ad-Din-Sonkor-al-Kabir. Abou-’l-Hidja se rendit & 
Bagdad. 

Al-Malik-al-’Aziz arriva au Caire, le jeudi quatrième jour du 
mois de Ramadan, et Damas, ainsi que la province qui dépendait 
de celte ville, devint le fief d’al-Malik-al-'Adil. Les seuls signes de 
la souveraineté d’al-Malik-al-'Aziz sur ces contrées furent qu’on y 
faisait la khotbah et la frappe des monnaies au nom de ce sultan. 

Le dix-huitième jour de ce mois, le sultan al-Malik-al-'Aziz sortit 
à cheval et se rendit au Mikyas avec toute sa suite; on proclama 
que le Nil était à l’étiage de trois doigts au-dessus de dix-sept 
coudées. — Le vingt du même mois, on rompit la digue du canal ; 
al-Malik-al-'Aziz monta à cheval pour assister à celte cérémonie, 
mais il s’y produisit des scandales et du tumulte : les gens s’y dis- 
tribuèrent des volées de coups de bâton et se lancèrent des 
pierres; il y eut des yeux crevés, des turbans arrachés. 

L’habitude courante était de se cacher de faire du vin pendant 
le mois de Ramadan et de ne pas acheter ostensiblement du raisin 
et des cruches durant ce temps; on évitait même d’en parler 
pour ne pas dévoiler le secret. Durant ce même mois le prix du 
raisin augmenta considérablement par suite de la grande fabri- 
cation de vin à laquelle on s’était livré ; les fabricants de celte 
boisson se liguèrent pour obtenir du sultan le monopole de cette 
industrie, qui resta dans leurs mains ; l’affermage atteignit soixante- 
dix mille dinars. Une partie de cet argent arriva jusqu’à al-Malik- 
al-'Aziz qui l’employa à faire exécuter des services pour boire. 
Ce même mois il y eut une grande foule de gens, femmes et 

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histoire d’égypte de makrizi 


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hommes, qui se rendirent au canal et sur le Sahel de l'Égypte, 
lorsqu'on rompit la digue. Le Nil resta à un mauvais niveau. 

— Le mardi et le jeudi [de chaque semaine], al-Malik-al- f Aziz 
tenait une séance publique, au cours de laquelle il examinait les 
plaintes qu'on formulait devant lui. — Le second jour du mois de 
Shavval coïncida avec le Naurouz *, et on fit les irrigations habi- 
tuelles; la crue du Nil continua. — Les gens se mirent à tenir 
une conduite indécente sans que personne songeât à les en empê- 
cher s . — Le courtage de l’argent devint stationnaire. — Le 
quatorzième jour de ce mois, le shérif Ibn-Thaghlib partit avec 

le pèlerinage et alla camper à l’abreuvoir de Raidan 3 . — Des Foi. 45 v. 
gens ivres commirent beaucoup de meurtres au Caire, et les 
troubles continuèrent. Il n'y avait pas une seule nuit où des gens 
ne fussent blessés, et les maraudeurs se battaient entre eux. 

Cela alla au point qu'on pillait les comestibles et les denrées dans 
les marchés en plein jour, mais encore bien plus pendant la nuit. 

— On donna au tavashi Karakoush la charge de juger les affaires 
de simple police; son tribunal était situé en face du palais du sul- 
tan (a l-dar-al-8ultaniyya) m , la charge de surveillant du divan et 
d'inspecteur des finances fut conférée à l'émir Fakhr-ad-Dio- 
Tchaharkas, avec le soin de percevoir les impôts y afférents; 
celle d ’ostaddar à Sarim-ad-Din-Khatlidj. — Le dix-neuvième 
jour du même mois on coupa la digue du bras d'Abou-Manadja 4 ; 
ce fut le sultan lui-même qui pratiqua la rupture ; le Nil monta 
encore d'un doigt, qui fut le dix-huitième au-dessous de l'étiage 
de dix-huit coudées; cette hauteur est connue en Égypte sous le 


1. Le Naurouz ou Nevrouz, suivant la prononciation turque, est le premier 
jour de l’année persane, aussi bien à l’époque ancienne, sous les Sassanides, 
qu’après la réforme de Djélal-ad-Din. Ce mot se compose des deux éléments 
nau « nouveau » et rouz a jour ». Le Naurouz est le jour où le soleil entre 
dans le signe du bélier, autrement dit le 21 mars, à l’équinoxe du printemps. 
On distinguait en Perse deux naurouz, le petit naurouz et le grand naurouz qui 
avait lieu le 27 mars, six jours après le premier; c’était à ce jour qu’on offrait 
des présents aux rois. 

2. Il y a ici quelques lignes qui me paraissent corrompues; il est parlé du 
divan de Misr, autrement dit de l’administration centrale. Les passages où 
il est traité de ces questions ne sont déjà pas faciles à traduire quand on en 
a un texte correct ; lorsque les copistes qui n’y comprennent rien l’ont défi- 
guré, il est à peu près impossible de savoir ce qu’ils signifient. 

3. Yakout se borne adiré dans le Mo'djam-al-bouldan (tome III, p. 100) que 
c’est une localité située entre le Caire et Bilbeis; il ne dit rien qui puisse faire 
juger de son importance. 

4. Nom d’un des canaux du Nil. Yakout, qui en compte sept, ne le cite pas 
(Mo'djam, tome IV, page 864); ceux dont il parle sont le canal d’Alexandrie, 
le canal de Damiette, le canal de Menaf, le canal de Manhi, le canal du 
Fayyoum, le canal d’ r Arshi, et le canal de Sardous. On peut voir dans la Géo- 
graphie d’Idrisi (tome I, page 315 et ssq.) la description des bras du Nil. 

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REVUE DE l/0RIENT LATIN 


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nom du « plus haut niveau. » — Le vingt-deux le pèlerinage 
revint. — On s’occupa activement des livres historiques (vakaï) 
des Égyptiens ( Kobt ) dont le souvenir avait disparu ou qu’on ne 
comprenait plus, et qu’on avait retrouvés depuis l'époque du kha- 
life al-Haflth-li-Din-Allah, en l’année 540. C’était grâce à ces livres 
que les anciens Égyptiens parvenaient à commettre leurs malé- 
fices, à détruire les édifices, à construire des hypogées et à se 
rendre maîtres de la volonté des souverains de leur époque. Ce 
fut Ibn-Wahib et le katib Nasirani et d’autres qui réunirent tout 
cela par écrit. As f ad-ad-Din-ibn-Mammati, inspecteur du recense- 
ment et des pétitions, remit cet ouvrage à l’émir Fakhr-ad-Din- 
Tchaharkas. — Au mois de Dhou’-l-Ka f da il y eut beaucoup 
d’agressions nocturnes, et des gens, qui erraient pendant la nuit, 
frappaient à coups de couteau tous ceux qu’ils rencontraient; il 
ne se passait pas de nuit où il n’y eût une ou deux personnes 
assassinées ; et l’on ne pouvait tirer de renseignements des vic- 
times de ces attentats. Le gouverneur du Caire était sur les dents 
et ne pouvait rien faire contre les agresseurs. On trouva dans 
le canal (khalidj) les corps de six personnes appartenant à des 
ordres religieux; maison ne put mettre la main sur les meur- 
triers et par conséquent les punir. — Au mois de Dhou-’l-Hidjdjah, 
al-Malik-al- f Aziz ordonna de démolir les pyramides et d’en faire 
transporter les pierres à Damiette pour construire les murs de 
cette ville. On lui représenta qu’on aurait à surmonter des diffi- 
cultés énormes* pour les démolir ainsi que pour en transporter 
les pierres. Al-Malik-aKAziz renonça alors à faire raser les deux 
grandes pyramides et il se borna à la plus petite qui était bâtie 
en granit quartzeux, et on en entreprit immédiatement la démo- 
lition. — Ce môme mois, al-Malik-al- f Aziz se rendit à Alexandrie; 
il laissa au Caire pour le représenter Baha-ad-Din-Karakoush et 
Fakhr-ad-Din-Tchaharkas. — Cette môme année, mourut le kàdl 
al-Ashraf-Abou-’i-Makarim-al-Hasan-ibn- f Abd-Allah-ibu- f Abd-ar- 
Rahman-ibn- f Abd-AUah-ibn-al-Habbab, fcàdï d’Alexandrie ; sa 
place fut donnée au fakih Abou-’l-Kasim-Sharaf-ad-Din-'Abd-ar- 
Rahman-ibn-Salamah, le vingt-septième jour du mois de Shavval. 
Ibn-al-Habbab était né en l’année 537; il remplit ses fonctions 
juridiques à Alexandrie pendant vingt-huit ans. C’était un homme 
d’une âme noble et qui était capable d’une amitié sincère. Il 
exerça la charge de kàdl à Alexandrie depuis l’année 564 jusqu’à 
f«»i. 46 r°. sa mort, qui arriva le troisième jour de Djoumada second. — 
Le cinquième jour du mois de Dhou-’l-Hidjdjah mourut le kàdl 
Rashid-ad-Din-ibn-Sina-al-Mulk ; le kàdi al-Fadil a dit en parlant 
de ce personnage : « Oui, ce vizir fut un homme tel que les jours 

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k. 


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HISTOIRE D'ÉGYPTE DE MAKRIZI 


95 


«à venir n’en produiront pas un pareil; on ne connaissait per- 
« sonne que l’on pût lui comparer pour la facilité avec laquelle 
« il pardonnait les injures, pour sa connaissance parfaite de la 
« religion et pour l’excellence de ses mœurs. Il connaissait par 
« cœur le Livre d’Allah [c’est-à-dire le Coran], il étudiait les huma- 
« nités et les belles-lettres, et il faisait de nombreuses autiônes. 
« Qu’ Allah lui rende le prix de ses bonnes actions. » 

Cette année le shérif Thaghlib alla au pèlerinage avec une 
foule de monde. — L’escadre de guerre étant partie de Misr cap- 
tura un navire franc, sur lequel se trouvait beaucoup d’argent 
qui fut confisqué. — L’émir Fakr-ad-Din-Tchaharkas construisit 
la halle du Caire. — Il y eut un tremblement de terre en Égypte. 
— 'Alam-ad-Diu-'Abd-AUah-ibn-'Ali-ibn-'Othman-ibn-Yousouf-al- 
Makhzoumi mourut le Vendredi, onzième jour du mois de Djou- 
mada premier; il était né au mois de Ramadan de l’année 549. 


Année 593. 

Cinquième année du règne du sultan al-Malik-al-'Aziz- 
Othman en Égypte. 

Cette année, on fit la khotba à Alep au nom d’al-Malik-al-'Aziz, 
et on y frappa la monnaie à son nom; ce fut la conséquence de la 
paix qui fut conclue entre ce souverain et son frère al-Malik-ath- 
Thahir, grâce à l’entremise du kâdï Baha-ad-Din-ibn-Shaddad et 
de Ghars-ad-Din-Kilidj qui vinrent d’Alep au Caire auprès d’al- 
Malik-al-'Aziz avec des présents. Quand la paix fut rétablie entre 
les deux frères, les ambassadeurs revinrent auprès de leur sou- 
verain al-Malik-ath-Thahir. On fit la khotba à Alep au mois de 
Rabi' premier, et on frappa les monnaies au nom du sultan 
d'Égypte, au cours de ce même mois. — Cette année, les Francs 
entreprirent une expédition pour attaquer les pays de l’Isla- 
misme. Al-Malik-al-’Adil partit de Damas et envoya un corps 
d’armée à Bairoût pour en détruire l’enceinte fortifiée. — Cette 
même année, au mois de Sharval, mourut al-Malik-al-'Aziz-Tba- 
hir-ad-Din-Saif-al-Islam-Thoûghatikin-ibn-Nadjm-ad-Din-Ayyoûb, 
souverain du Yémen ; il eut pour successeur son fils al-Malik-al- 
Mo'izz-Fath-ad-Din-Aboü-’l-Fida-Isma'il. — Al-Malik-al-'Adil, sei- 
gneur de Damas, prit d’assaut Jaffa; il pilla la ville, et y fit de 
nombreux prisonniers, sept mille personnes à ce que l’on dit, 
tant hommes que femmes. Il partit de Jaffa, se rendant à Saida, 
puis à Bairoût, qu’il saccagea toutes les deux; la population 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


de Bairoüt s'enfuit. Il envoya demander des renforts à al-Malik- 
al- f Aziz qui fit partir du Caire une armée, le premier jour du 
mois de Shavval; ses troupes se rendirent à Bilbeis, puis elles se 
révoltèrent contre al-Malik-al- f Aziz et se dispersèrent. 


Année 594. 

Sixième année du règne du sultan al-Malik-al-'Aziz- 
Othman en Égypte. 

Les Francs qui étaient arrivés par mer 1 se répandirent dans 
toute la province maritime de Syrie (Sahel); ils s'emparèrent 
de la forteresse de Bairoüt et massacrèrent une troupe de Musul- 
mans sur les confins du district de Jérusalem; ils y firent un 
grand nombre de prisonniers et remportèrent un butin considé- 
rable. Al-Malik-al-'Adil envoya alors des ambassadeurs au Caire 
pour demander secours à al-Malik-al-'Aziz. Ce souverain lui 
Foi. 40 envoya des troupes du Caire, de Jérusalem et d'autres villes. Al- 
Malik-al-'Aziz partit ensuite en personne avec le reste de l'armée 
égyptienne pour aller combattre les Francs. Il vint camper à 


1. On Ht dans l'Histoire des patriarches d'Alexandrie , ms. ar. 302, page 286 : 
« Au mois de Moharram 594, une flotte franque arriva devant Akka et les 
Francs rompirent la trêve. Al-Malik-al-Adil envoya immédiatement des troupes 
contre eux pour les arrêter avant qu’ils ne fussent venus en plus grand nombre 
et qu’ils ne se fussent emparés des places fortes. Il vint camper devant Jaffa et 
s’en empara après une lutte de trois jours; il y massacra beaucoup de gens et 
en fit prisonniers encore bien davantage. Une nouvelle flotte franque arriva 
et débarqua une armée considérable dans le Sâhel; le plus grand nombre 
des Francs se mirent en marche, et ils vinrent assiéger une citadelle des 
Musulmans qui se nommait Tibnin. Al-Malik-al-Adil écrivit à al- Mali k-al- Aziz 
pour lui faire connaître cet événement et pour le prier de lui envoyer l’armée 
égyptienne. Au mois de Rabi premier de l’année 594, al-Malik-al-Aziz se mit 
en marche avec l’armée et il vint assiéger étroitement les Francs. La pluie se 
mit alors à tomber, les torrents descendirent des montagnes grossis par les 
pluies, et des grêlons gros comme des pierres tombèrent; les Musulmans 
furent alors obligés de se retirer de devant Tibnin après que beaucoup d’entre 
eux curent péri et après avoir perdu un grand nombre de leurs bêtes de 
somme et beaucoup d’équipements militaires et de choses diverses qui furent 
détériorées par l’eau ; ils partirent et vinrent camper dans les environs de 
Sour, d’Akka et d’autres villes qui appartenaient aux Francs. Quant à al- 
Malik-al-Aziz et al-Malik-al-Adil, ils continuèrent le siège avec l’armée (sic); 
dans les dix derniers jours du mois de Djoumada second de l’année 594, 
al-Malik-al-Aziz s’en retourna en Égypte avec une partie de l’armée; quant 
à al-Malik-al-Adil, il continua à assiéger les Francs, et il les combattit pen- 
dant deux mois; les belligérants signèrent ensuite, pour une durée de deux 
années, une trêve qui ne s’étendait qu’aux opérations faites sur terre et non 
à celles de mer. Al-Malik-al-Adil retourna alors à Damas, qu’al-Malik-al-Aziz 
lui avait donné. » 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


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Ramla, le vingt-sixième jour du mois de Safar; les Salïhis et les 
Asadis arrivèrent, sous le commandement de l'émir Shams-ad- 
Din-Sonkor le dévadar , de Sara-Sonkor, de 'Ala-ad-Din-Shakir et 
d’autres officiers kurdes; ils vinrent retrouver al-Malik-al- f Adil 
alors que ce prince se trouvait à Tibpin. Al-Malik-al- f Aziz se mit 
en marche derrière eux. 11 y eut entre ces troupes et les Francs 
des engagements répétés qui aboutirent à la retraite des Francs 
vers Tyr. Al-Malik-al- c Adil et ai-Malik-al- f Aziz se mirent à leur 
poursuite et leur tuèrent beaucoup de monde. Après cela, al-Ma- 
lik-al-'Aziz laissa son armée à al-Malik-al-'Adil et s'en retourna 
au Caire, le huitième jour du mois de Djoumada second avant 
qu'on eût obtenu un succès définitif contre les Francs. Ce fut 
la faute de Maimoün-al-Kasri, d’Ousamah, de Sara-Sonkor, d'al- 
Hadjdjaf, d'Ibn-al-Mashtoüb qui avaient comploté d'assassiner le 
sultan. Quand al-Malik-al- f Aziz en eut été informé, il s'en retourna 
au Caire dont la population sortit pour le recevoir; ce fut un 
jour mémorable. — Une trêve fut conclue entre al-Malik-al- r Adil 
et les Francs pour une durée de trois (sec) années; après cela, 
al-Malik-al-'Adil rentra à Damas. — Cette année al-Malik-al- f Adil 
et al-Malik-al- f Aziz résolurent de nouveau de démanteler Ascalon, 
de raser ses fortifications et de jeter ses maisons par terre. On 
envoya de Jérusalem un détachement pour démolir et raser les 
% tours du mur d'enceinte. C’est ainsi que fut ruinée cette ville qui 
n'avait pas sa pareille et à laquelle on ne pouvait rien comparer 
dans les frontières [du monde musulman]. 

Au mois de Sha'ban, al-Malik-al- f Aziz défendit d’élever des 
constructions dans les localités où les émirs s'étaient mis à bâtir 
le long du Nil en empiétant sur le rivage. Les djandars furent 
envoyés pour contraindre toutes les personnes qui avaient fait 
faire des fondations dans cet endroit à les démolir; cet ordre fut 
rigoureusement exécuté. 

Au mois de Ramadan, al-Malik-al- f Aziz ordonna de couper les 
arbres qui se trouvaient dans le « Jardin de Bagdad » ( bostan-al - 
baghdadiyya), en face d'al-Lou’lou’a, et d'y établir des fortifica- 
tions. — Ce même mois, les gens firent ouvertement du vin et se 
livrèrent à toutes sortes d’actes répréhensibles. Comme on ne fit 
rien pour empêcher cela, les gens cherchèrent à gagner leur vie 
en pratiquant des métiers interdits par la religion, et on en vint 
à regarder comme licites des actes qui étaient sévèrement défen- 
dus, ainsi de se faire justice soi-même ou d’extorquer aux gens ce 
qu’ils possédaient; on fit signer à un individu nommé Ibn-Khalid 
un papier par lequel il se reconnaissait débiteur d'une somme de 

Rrv. db l’Or. latin. T. IX. 7 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


Fot. 47 r«. plus de mille dinars , on employa la même violence envers plu- 
sieurs autres personnes; c’est avec ces procédés qu’on put sub- 
venir aux. dépenses de la table du sultan. Le jour de la rupture 
du jeune, on célébra une grande fête en dehors de la ville ; al- 
Malik-al-'Aziz se rendit à la prière et assista à la khotba ainsi que 
les émirs et les officiers, à qui il distribua des vêtements d’hon- 
neur; on dressa ensuite les tables qui furent abondamment ser- 
vies. Le treizième jour de ce mois, le Nil atteignit l’étiage de seize 
coudées. Al-Malik-al-'Aziz monta à cheval le seize et se rendit 
au Nilomètre; les digues furent rompues le dix-huit, et ce jour-là, 
la populace se livra à toutes sortes d’actes odieux sans que l'on 
fît rien pour l’en empêcher. Le vingt-trois fut le Nauroûz que l’on 
célébra comme à l’habitude. 

Le samedi, dix-septième jour du mois de Dhoü-’l-Ka'da, Ibn- 
Marzoük fut assassiné au Caire par Ibn-al-Manoufi, kâdï de Bilbeis; 
ce dernier le surprit dans la maison qu’il habitait dans al-Fahadin ; 
il creusa dans cet endroit une fosse dans laquelle il l’ensevelit 
ainsi qu’un jeune domestique ; il fil daller le sol au-dessus de la 
fosse et il y fit placer une grille de fer. Ibn-al-Manoufi fut étranglé 
après qu’on l’eut promené, monté sur un chameau, à travers les 
deux villes de Misr et du Caire. 

Cette même année, al-Malik-al- r Adil partit de Damas pour Mar- 
din qu’il assiégea et dont il prit les faubourgs. — Al-Malik-al- 
Kamil-Mohammed-ibn-al-'Adil sortit de Harran 5 et livra bataille 
à l’armée de Maûsil. — Les Francs firent plusieurs expéditions, 
pillèrent le pays et firent de nombreux prisonniers; ils arrivèrent 
ainsi jusqu’à ’Akka. Le sultan al-Malik-al- r Adil revint de Harran 
à Damas au mois de Ramadan ; un mois après il quitta cette ville 


3. D'après Ptolémée, cette ville dont l’ethnique était indifféremment Harnani 
et Harrani, avait pour coordonnées : L 72° 30\ X 27° 30'. L’astronome Abou-' Aoun 
donnait L 77° et X 37°. C’était l’une des principales villes fortiliées du Diyar- 
Modar. Elle était distante de Rolia (Êdesse) d’un jour; de Rakka, de deux jours. 
Les mythographes musulmans racontaient que cette ville avait été construite 
par Harran, frère d’Abraham ; le nom de Harran ne serait pas autre chose 
qu’une arabisation de Baharan; il n’est pas besoin de dire que cette étymolo- 
gie est une simple fantaisie sans aucun fondement. D’autres affirmaient que 
c’était la première ville élevée après le déluge. Quoiqu’il en soit, elle devint 
bientôt le centre des Sabéens, que l’on nommait également Harraniens 
( Harraniyyoun ). Hadji-Khalifa raconte dans le Djihan-Numa que cette ville 
fut bâtie par les Cananéens en l’an 3323. Elle est distante de deux heures de 
chemin d’une colline sur laquelle était situé le temple des Sabéens et qui 
était connue sous le nom de colline d'Abraham. Abou-’l-Féda dit également 
(Géographie y tome II, partie n, page 53) que les Sabéens ont un grand temple 
élevé sur une colline et que la montagne dite de Harran est à deux farsahhs 
au sud-est de la ville. Suivant le même auteur, il parait que l’eau potable était 
amenée dans cette ville par un canal souterrain. 

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histoire d’égypte de makrizi 


99 


pour se rendre dans les provinces orientales, dans le pays de 
Mardin. — Cette même année, al-Malik-al-Mo f zz-ibn-al-Malik-al- 
f Aziz, souverain du Yémen, prétendit qu'il était Dieu pendant la 
moitié de la journée et il écrivit une lettre dans laquelle il pre- 
nait le titre de Dieu. Il renonça ensuite à cette prétention et 
voulut se faire passer pour khalife, disant qu'il était de la famille 
omeyyade; il se fit proclamer khalife dans toute l'étendue de son 
empire et interdit de faire la khotba au nom des Abbassides; il 
revêtit des habits verts et un turban de la même couleur avec des 
garnitures en or; il tyrannisa ceux de ses sujets qui blâmaient 
sa conduite contre l'Islam et fit réciter la khotba en son nom. Il 
conçut le dessein de marcher contre la Mecque, et il y envoya 
des gens pour lui construire un palais, mais le shérif Aboü-'Aziz- 
Kattada les fit arrêter et mettre en prison. 


Année 595. 

Septième et dernière année du règne du sultan 
al-Malik-al-'Aziz-'Othman en Égypte. 

Au commencement de cette année, al-Malik-al- f Adil poussait 
avec la plus grande vigueur le siège de Mardin, et al-Malik-al- 
Mo'izz, souverain du Yémen, s’apprêtait à faire une expédition 
contre la Mecque. Al-Malik-al- f Azîz, sultan d'Égypte était parti 
pour Alexandrie vers la fin du mois de Dhoü-'l-hidjdja. Il y chassa 
jusqu'au septième jour du mois de Moharram. En poursuivant 
un loup, il tomba de son cheval; il se remit en selle, tout gre- 
lottant de fièvre; il rentra ainsi au Caire, le jour d' f Ashourâ, et 
il traîna jusqu'au milieu de la nuit du vingt-septième jour de ce 
mois, où il mourut *. Il fut enterré non loin du tombeau de 
ïtmam Shafeï, dans le quartier de Karâfah; il était âgé de vingt- 
sept ans et quelques mois et il avait régné six ans moins un mois 


1. Les historiens musulmans ne s’accordent pas sur les détails de l’accident 
de chasse qui coûta la vie au sultan d'Égypte. Aboû-’l-Mahâsin dit qu’un jour 
qu’il était occupé à poursuivre un chevreuil, son cheval broncha et que le 
pommeau de sa selle lui perfora les entrailles; suivant d’autres, il le blessa 
au cou. 

L’auteur de l ’ Histoire des Patriarches d’ Alexandrie , page 286-287, raconte 
qu’al-Malik-al-Aziz étant allé chasser à cheval dans le Fayyoum; il pour- 
suivait une gazelle; son cheval marcha sur la queue d’un chien de chasse, qui 
rendu furieux par la douleur, lui sauta au ventre et le mordit cruellement; 
le cheval se renversa sur le sultan d’Égypte ; en tombant la selle tourna et 
son pommeau vint défoncer la poitrine d’al-Aziz, qui expira durant la nuit 
suivante. 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


et six jours. Ce fut un souverain généreux, juste, miséricor- 
Foi. 47 v*. dieux, de bonnes mœurs et très vaillant, mais il voulait qu’on lui 
obéît passivement. Il avait étudié les traditions musulmanes 
( hadith ) avec al-Salfï, Ibn-'Aüf, Ibn-Bam. Ses sujets l’aimaient 
beaucoup. Il donnait [comme un rien] des sommes de dix mille 
dînârs , et il faisait servir de grands festins auxquels il conviait le 
peuple; mais, quand les gens s'étaient assis pour manger, cela le 
dégoûtait à un tel point qu’il en perdait l’appétit et qu’il trouvait 
cette scène insupportable. C’était là un des traits les plus singu- 
liers de son caractère s . Cette année, de grands troubles éclatè- 
rent dans l’armée du sultan ghouride Ghyâth-ad-Dîa-Mohammad; 
la cause en était que le sultan avait comblé de toutes les faveurs 
possibles Ytmâm Fakhr-ad-Din-Mohammad-ibn-'Omar-ibn-ar-Razî 
et qu’il lui avait fait construire un collège dans le voisinage de 
la mosquée d’Hérat. La plus grande partie de la population de 
cette ville étaient des Kirâmîs; ils se trouvaient en conférence 
avec le sultan Ghyâth-ad-Dîn ; le chef de ces gens était le kâdï 
f Abd-al-Madjid-ibn- f Omar-ibn-al-Koudouvvah. L ’imâm s’entretint 
avec Ibn-al-Koudouvvah, le prit de très haut avec lui et lui dit 
des injures; le kàdî ne s’emporta pas; al-Malik-Dyâ-ad-Dîn entra 
dans une violente colère et accusa Yimâm de professer la doc- 
trine des Zendiks et d’appartenir à la secte des Philosophes. Le 
lendemain Ibn-al-Koudouvvah se rendit à la grande mosquée et 
il dit dans le sermon ( khotba ) qu’il y prononça : « Notre Dieu 
« nous a accordé son pardon en nous envoyant le Coran et le 
« Prophète; il nous a donné deux témoins matériels de son pacte, 
« et ce sont eux ; quant à moi, je ne vous parlerai que de ce qui 
« est reconnu comme vrai parmi nous par l’enseignement de l’En- 
« voyé d’Allah : qu’ Allah prie sur lui et lui donne le salut! Quant 


2. Ce prince passait pour ne pas avoir le jugement très sain, mais il semble 
d’après deux anecdotes que raconte Abou-’l-Mahàsin dans son Histoire d’Ègyple 
(Paris, Bibl. Nat., ms. ar. 1779, folio 35 verso) que c’était surtout un excès 
de délicatesse, peu courant chez les Musulmans, qui le faisait prendre pour 
un fou. Le trait suivant en est la preuve : Les Arabes de la Mahallah ayant 
massacré un émir, le gouverneur qui se nommait Ibn-Bahràm les força à 
payer une amende de dix mille dinars qu'il s'empressa d’apporter au Caire. 
Le sultan était comme toujours en proie à cette <« faute d’argent » qui fut la 
plaie de son règne, à tel point qu’lbn-Bahram rencontra aux portes de la 
tente impériale un domestique qui était en quête de deux dinars dont le 
sultan, qui n’avait pas sur lui cette modique somme, voulait faire présent à 
un vieux garde-chasse. Quand lbn-Bahrâm fut entré auprès d’al-Malik-al-Aziz 
et qu’il lui eût offert ses dix mille dinars , le sultan refusa de les prendre 
en alléguant que cette somme avait été extorquée à des gens qui peut-être 
n’étaient pour rien dans le meurtre de l’émir. Le gouverneur insista en vain 
et sortit en disant qu’il n’y avait qu’un fou pour avoir de pareils scrupules 
dans un besoin d’argent aussi pressant. 

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histoire d'égypte de makrizi - /\I. : loi. : : 

« à la science d’Aristote et aux impiétés d’Ibn-Sinâ, à la philo- 
« sophie d’al-Farâbî, je ne veux point les connaître ; et en réalité 
« ce ne sont point des insultes que le Sheikh-al-hlâm a proférées 
« hier, car il s’écarte de la Loi d’Allah et de la religion de notre 
« Prophète. » Il se mit à pleurer et les assistants éclatèrent en 
sanglots; ils sortirent tumultueusement de la mosquée et l’émeute 
gronda dans la ville. Le sultan Ghyâth-ad-Dîn apaisa le 3 esprits 
et il ordonna à Yimâm Fakhr-ad-Dîn de s’en retourner à Hérat; 
ce qu’il fit. Ghyath-ad-Dîn abandonna la secte des Kirâmis et 
embrassa la croyance des Shafe'ites. 


III 

Règne du sultan al-Malik-al-Mansour-Nàsir-ad-Dîn-Mohammad, 
fils d’al-Malik-al-'Azîz-'Imâd-ad-Dîn-Othmân, fils du sultan 
Salâh-ad-Dîn-Yousouf-ibn-Ayyoub 1 . 

Ce prince naquit au Caire au mois de Djoumâda premier de 
l’année 585, et son père mourut alors qu’il avait neuf ans et 
quelques mois. Il l’avait désigné pour lui succéder et il avait 
nommé l’émir Bahâ-ad-Dîu-Karâkoûsh l’Asadi pour diriger les 
affaires de l’État. On le fit asseoir sur le trône de la souveraineté, le 
lendemain du jour où mourut son père, le lundi vingt et un du mois 
de Moharram, et Karâkoüsh al-Asadi devint atâbek . Tous les émirs 
prêtèrent serment de fidélité au nouveau sultan, à l’exception de 
ses deux oncles al-Malik-al-Mouvayyad-Nadjm-ad-Dîn-Mas f oud et 
al-Malik-al-Mo'izz, car tous deux voulaient que la dignité à! atâbek 
leur fût conférée, et leur conduite fut la cause de querelles; néan- 
moins ils finirent par lui prêter serment. Il y eut aussi des dissen- 
sions entre les émirs s . Un certain nombre d’entre eux préten- 


1. Aboul-'l-Mahàsin fait remarquer dans son Histoire d’Égypte (ms. ar.1779, 
folio 40 recto) que les chroniqueurs ne s'entendaient pas tous sur la question 
de savoir qui avait succédé à al-Malik-al-Aziz-Othman, et que plusieurs admet- 
taient à tort que c’était al-Malik-al-Afdal. 

2. Le sheikh Shams-ad-Din-Ycmsoûf-Ibn-Kizoghloù raconte dans sa chronique 
(Aboù-’l-Mahàsin, Histoire d'Égypte, ms. ar. 1779, folio 36 recto) que les chefs 
des émirs Sâlihts étaient Fakhr-ad-Din-Tchaharkas, Asad-ad-Din-Sarà-Sonkor 
et Zain-ad-Din-Karàdjà qui furent tous d’avis d'élever au trône le fils d'al- 
Aziz; le général commandant les Asadis était. Saif-ad-Din-Azkash qui se trou- 
vait alors à Asouan. Quand il fut revenu au Caire, il approuva le choix de ses 
collègues, tout en faisant remarquer qu’il était impossible de laisser le sultan 
gouverner lui-mème à cause de sa trop grande jeunesse. Ce fut lui qui pro- 
posa de donner la charge d 'Atâbek à al-Afdal et qui lui écrivit pour la lui 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 



Foi. 48 r». dirent queKarâkoush n'avait point l’esprit sain et qu’il ne pouvait 
pas exercer les fonctions d 'atâbek. Un autre parti le défendait, 
pensant qu'il était plus capable que n'importe qui de les remplir. 
La dispute des émirs s'étant envenimée, ils se rendirent chez le 
kâdi al-Fâdil pour lui demander son avis; mais celui-ci ne voulut 
point leur donner de conseils. Ils le quittèrent alors et restèrent 
durant trois jours sans savoir quel parti prendre, jusqu'au mo- 
ment où les émirs convinrent d'écrire à al-Malik-al-Afdal pour lui 
demander de venir exercer les fonctions d 'atâbek à la place de 
Karâkoüsh, aux conditions suivantes : il ne pourrait faire flotter 
l’étendard 1 {sandjak) au-dessus de sa tête; il ne ferait pas men- 
tionner son nom dans la khotba et ne le ferait pas imprimer sur 
les monnaies; de plus, il ne gouvernerait le royaume d'al-Malik- 
al-Mansour que pendant sept années; au bout de ce temps, il 
devrait remettre les rênes de l'État à al-Malik-al-Mansoûr. Ils lui 
envoyèrent un ambassadeur pour lui faire ces propositions. On 
chargea al-Malik-ath-Thâfir-Mothaffar-ad-Dîn-Khidr, fils du sultan 
Salâh-ad-Dîn, de prendre l'intérim de la vice-royauté jusqu'au 
moment où arriverait al-Afdal. Al-Malik-al-Afdal partit alors de 
Sarkhad, avec dix-neuf personnes, deux nuits restant encore à 
s'écouler dans le mois de Safar. Il s’était déguisé, par peur d’al- 
Malik-al- f Adil. Quand les émirs égyptiens se furent décidés à 
s'adresser à al-Afdal, et qu’ils lui eurent écrit pour le prier de 
venir, l'émir Fakhr-ad-Din-Tchahârkas en conçut du dépit, et il 
écrivit à l'émir Fâris-ad-Din-Maîmoûn-al-Kasrî, seigneur de Nâbo- 
los, pour lui conseiller de ne pas faire cause commune avec les 
émirs et de ne pas tolérer qu’al-Malik-al-Afdal devint atâbek . 
Al-Afdal tomba sur le courrier qui portait cette lettre et la lui 
confisqua ; il prit connaissance de son contenu et lui dit : 
« Retourne-t-en, tu n’as plus besoin de t'inquiéter de ta mission! » 
Al-Afdal continua sa route, ayant avec lui le courrier de Tcha- 
hârkas et il arriva ainsi à Bilbeis. Les émirs sortirent pour se 
rendre à sa rencontre, le cinquième jour du mois de Rabi f second. 
Al-Afdal descendit dans la tente de son frère al-Malik-al-Mou- 
vayyad. L'émir Fakhr-ad-Din-Tchahârkas aurait voulu qu'al-Afdal 


offrir. Les émirs Sàlihis ne purent s’y opposer; mais ils écrivirent aux officiers 
qui étaient en garnison à Damas pour leur apprendre que les émirs Asadis 
avait choisi al-Afdal comme atâbek et pour les prier de le retenir prisonnier 
s’ils le pouvaient. 

1. Comme on l’a vu plus haut, le droit de faire porter le sandjak ou livà, 
en persan direfsh, devant soi, était l’apanage exclusif du sultan. Ce drapeau 
était évidemment chargé des armes du souverain régnant et était par consé- 
quent sa propriété exclusive. 

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histoire d’égypte de makrizi 


103 


descendît dans la sienne et il fut très fâché de voir qu'il ne 
l’avait pas fait; néanmoins, le prince ne put faire autrement que 
de lui rendre visite. Tchahârkas le reçut avec les plus grands 
honneurs, et al-Malik-al-Afdal fut obligé de lui rendre ses poli- 
tesses. Quand il eut fini de manger avec son frère, il se rendit à 
la tente de Fakhr-ad-Dîn et il se mit à table avec lui. L’émir 
aperçut alors le courrier 1 qu’il avait envoyé jusqu’à Nâbolos ; 
cela le surprit au plus haut point et il craignit qu’al-Malik-al- 
Afdal ne cherchât à tirer vengeance de son hostilité; aussi il lui 
demanda la permission de partir chez les Arabes révoltés, pour 
rétablir la paix parmi eux. Al-Afdal le lui ayant permis, il se leva 
immédiatement ; il alla trouver Zaîn-ad-Dîn-Karâdja et Asad-ad- 
Dîn-Sarâ-Sonkor, avec lesquels il partit en toute hâte vers Jéru- 
salem. Shodja-ad-Dîn-Toghrîl, le silahdâr, se rendait alors en 
Égypte; ils le rencontrèrent, le dissuadèrent d’entrer au service 
d’al-Malik-al-Afdal et ils l’emmenèrent avec eux à Jérusalem. 
L’émir Sârim-ad-Dîn-Sâlih, gouverneur de Jérusalem, embrassa 
leur cause, ainsi que les émirs 'Izz-ad-Dîn Ousâma et Maîmoûn-al- 
Kasri, qui se rendirent également à Jérusalem. Maîmoun avait 
avec lui sept cents cavaliers d’élite. Ces officiers écrivirent à al- 
Malik-al-'Adil pour lui demander de prendre la charge d 'atâbek 
d’al-Malik-al-Mansoür. 

Quant à al-Malik-al-Afdal, il se rendit de Bilbeis au Caire, et al- 
Malik-al-Mansour sortit pour se rendre à la rencontre de ce 
prince, le sept du mois de Rabî second. Il y avait alors deux mois Foi. 
qu’il était monté sur le trône. Al-Afdal prit la direction du gouver- 
nement, et quand il fut installé au Caire, il écrivit à son oncle al- 
Malik-al-'Adil pour lui notifier qu’il était arrivé en Égypte dans le 
but de prendre soin du royaume de son neveu et qu’il ne s’écarte- 
rait pas des ordres qu’on lui avait donnés. Al-'Adil lui répondit que 
si al-'Aziz l’avait désigné pour cette charge dans son testament, 
il fallait obéir à ses dernières volontés, mais que, si al-'Aziz était 
mort intestat, il serait bon de faire voter les notables de l’empire 
sur son nom, pour voir quel était l’avis de la majorité. — Al-Ma- 
lik-al-Afdal exerça le pouvoir en Égypte dans toute sa plénitude, 
et il ne resta à al-Mansoûr que le titre de sultan. Al-Afdal conçut 
alors le projet de faire emprisonner ce qui restait des émirs 
Sâlihis. Un certain nombre d’entre eux s’enfuirent et allèrent 


1. Aboû-’l-Mahâsin raconte dans son Histoire d'Égypte (Paris, Bibl. Nat., 
ms. ar. 1779, folio 40 verso) que l’émir Tchahârkas (quil appelle toujours 
Sarkas), ayant aperçu son courrier au milieu des soldats d’al-Malik-al-Afdal, 
lui demanda comment il se faisait qu’il fût aussi vite revenu; le courrier lui 
dit ce qui s’était passé et comment il avait été intercepté par al-Afdal. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


rejoindre Fakhr-ad-Dîn-Tchahârkas à Jérusalem. Al-Afdal en fît 
emprisonner d’autres, parmi lesquels se trouvaient les émirs 
f Alâ-ad-Dîn-Shakîr, f Izz-ad-Din-Albakî-al-Fâris, f Izz-ad-Dîn-Aîbek- 
Fatîsh et Khotloubâ, et il confisqua leurs biens. Après cela, il se 
rendit à la Birkat-al-Djubb, où il y resta quatre mois. Les émirs 
et les troupes lui prêtèrent serment. 

Al-Afdal apprit alors que son frère, al-Malik-al-Mouvayyad, 
avait le dessein de l’attaquer, de se saisir de lui et de le jeter en 
prison. En même temps, al-Malik-ath-Thâhîr envoya des officiers 
à son frère al-Afdal pour le presser de quitter l'Égypte, de venir 
à Damas et de saisir l’occasion qui lui était offerte de s’en empa- 
rer. Les émirs Sâlihis interceptèrent le courrier, mais ils ne 
jugèrent pas utile de le garder et ils lui rendirent sa liberté. Il se 
rendit auprès d’al-Afdal et lui remit la dépêche de son frère ath- 
Thâhir. Al-Afdal quitta la Birkat-al-Djubb le troisième jour du 
mois de Radjab, accompagné d’al-Malik-al-Mansoûr ; il vint à 
'Abbâsa 1 , où il séjourna pendant cinq jours et il laissa au Caire 
l’émir Yazkoûdj. Il se dirigea ensuite vers Damas, où il arriva le 
treizième jour du mois de Sha'bân. 

Al-Malik-al- f Adil avait appris son départ d’Égypte alors qu’il se 
trouvait occupé au siège de Mârdin 8 ; il laissa le soin de continuer 
le siège de cette place à son fils al-Kâmil-Mohamraad et il marcha 
avec deux cents cavaliers sur Damas ; il y arriva n’ayant plus avec 


1. Yakout dit dans son traité de géographie ( Mo' djam-al-bouldan , torne III, 
p. 600) que c'est une petite ville, la première que l'on rencontre quand on se 
rend de Syrie en ^gvpte; elle dépendait officiellement de ce dernier pays. On 
y trouvait un très grand nombre de palmiers ; le sultan al-Malik-al-Kamil, 
fils d'al-Adil en fit un lieu de plaisance pour son usage particulier et il allait 
y demeurer quand il voulait faire une saison de chasse, parce qu’elle était 
toute voisine de la Berriya (le désert de Syrie) où l'on trouve beaucoup 
d'oiseaux. Elle n’était éloignée du Caire que de 15 farsakhs. Cette ville fut 
dénommée d’après Abbasa, fille d’Ahmad-ibn-Toùloùn et tante de Katr-an- 
Nida. Quand Khoumàrouyya donna sa fille Katr-an-Nida en mariage au kha- 
life al-Mo'tadad, il se rendit d'Égypte dans l’Irak avec elle. Abbasa fit cons- 
truire un palais ( Kasr ) dans cet endroit, et c’est là qu'elle prit congé de sa 
nièce; il ne tarda pas à s’y fonder une ville relativement importante, car 
c’était le premier poste égyptien où les voyageurs de Syrie pouvaient se 
reposer. On commença par l’appeler château d'Abbàsa, puis Abbasa tout 
court. Kazwini dans le Athàr-al-bilad (éd. Wüstenfeld, p. 116) raconte la môme 
chose que le précédent géographe. 11 ajoute que c'était une très jolie petite 
ville, et qu’al-Malik-al-Kàmil s'y rendait très souvent. 11 en est de même 
d'Abou-’l-Fédâ (tome 11, partie i, page 149). 

2. Aboü’-l-Mahusin ( Histoire d'Égypte , ms. ar. 1779, folio 10 verso) rapporte 
qu'al-Malik-al-'Adil tenait Mârdln assiégée depuis dix mois et que la reddition 
de cette ville n’était plus que l’alîaire de quelques jours quand les habitants 
apprirent la mort tragique du sultan d’Egypte. Cette nouvelle leur rendi 
quelque espoir et ils refusèrent de livrer la ville à al-Malik-al- f Adil qui dut 
lever le siège en toute hâte pour retourner à Damas. 

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histoire d’égypte de makrizi 


105 


lai que huit personnes à cause de l’extrême rapidité avec laquelle 
il avait marché pour arriver avant qu’al-Afïlal n’y fût parvenu. 

Ses compagnons le rejoignirent et al-Afdal continua sa route et 
il vint camper à Sharfin 1 et occupa l’Hippodrome Vert. Quelques- 
uns de ses soldats se précipitèrent dans la ville et en parcou- 
rurent les rues en criant: « Vive al-Afdal 1 vive al-Mansoûr! » 

La foule cria comme eux parce qu’elle avait de l’inclination pour 
al-Afdal. Al-'Adil les fit charger et expulser de la ville, et il se 
prépara à une vigoureuse résistance. Un certain nombre des 
émirs d’al-Afdal prit la fuite, ce qui détermina ce prince à 
reculer de Damas jusque dans les environs d’al-Kisvah. Al-'Adil 
envoya dire à un certain nombre des émirs qui étaient restés 
avec al-Afdal : « Je veux m’en retourner en Orient et laisser la 
Syrie et l’Égypte aux enfants de mon frère ! » Ces émirs empê- 
chèrent al-Afdal de combattre al-'Adil, et ce dernier leur donna de 
l’argent; tout ceci fut le résultat du stratagème qu’il avait em- 
ployé vis à vis d’eux. Ces émirs causèrent la ruine des projets 
d’al-Afdal en lui conseillant de différer les hostilités jusqu’à ce 
qu’al-Malik-ath-Thâhir fût venu d’Alep; aussi ce prince s’abstint de 
continuer la gueare durant un certain temps et al-'Adil en pro- 
fita pour écrire aux émirs et les gagner les uns après les autres. 

Ils répondirent à ses avances et il leur donna de l’argent; il con- 
tinua ce manège jusqu’à ce qu’ath-Thâhir fût arrivé d’Alep à la Foi. « r*. 
fin du mois de Sha'bân *. La venue de ce dernier mit al-Afdal en 


1. Je n ai rien trouvé dans Yakoüt, Abou’-I-Fidà, Kazwïni et Idrisi sur cette 
ville, ni sur les variantes paléographiques qu’on peut tirer de ce nom. 

2. Je ne crois pas inutile de compléter le récit de Makrizi par ce que raconte 
Aboü’-I-Mahâsln dans son Histoire d'Égypte (ms. ar. 1779, folio 40 verso) : 
« Après l’arrivée des renforts d’Alep, vinrent les contingents de Hamâh et de 
Homs, de Banlâs, et les troupes envoyées par le prince de Safad, Sa'd-ad-Dîn- 
Mas'oüd. Les assaillants mirent en pièces la porte Bàb-al-Salàmah et vinrent 
ensuite à la porte Bàb-al-Faràdis : al-Malik-al-'Adil se trouvait alors dans la 
citadelle, avec plusieurs Égyptiens auxquels il avait permis de demeurer à 
Damas malgré les hostilités. Quand il apprit que Ibn-al-HanbalT et son frère 
Shîhàb-ad-Dln avec leurs troupes avaient défoncé la porte Bàb-al-Faràdis , 
il sortit sur le champ pour aller les combattre. Il fut rejoint par Djîroün et 
Madjd-ad-Dîn, fils du fakih 'Isa; il était à ce moment à cheval et buvait un 
verre de bière ; il s’écria : « Allons, les ouvriers, les tâcherons, venez par 
ici ! » Quand les ennemis entendirent sa voix, ils s’enfuirent. Al-Malik-al- 
'Adil fit clore la porte Bâb-as-Salàma et s’en vint à la porte Bàb-al-Faràdis , 
dont la serrure avait été mise en pièces à coups de marteau. Il demanda 
qui avait fait cela; on lui répondit que c’étaient les Hanbalites; et il garda 
le silence. Al-Malik-al-Mo'aththam-'Isâ, fils d’al-Malik-al-'Adil, raconta ce qui 
suit à l’historien Aboü-’l-Mothaffar : « Nous revenions de la porte Bàb-al- 
Faràdis à la porte du collège des Hanbalites quand l'on jeta à la tète de 
mon père une cruche à huile d’olive; le coup avait été mal visé et le projec- 
tile atteignit le col du cheval qui tomba raide mort; mon père sauta sur une 
autre monture sans dire un seul mot. » 

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106 REVUE DE L'ORIENT LATIN 

état de combattre, et il se rendit à la Mosquée du Pied ( Masdjid - 
al-kadam). 

Les deux princes commencèrent les hostilités contre al- f Adil et 
ils l’assiégèrent, de sorte que les vivres commencèrent à manquer 
dans Damas par suite de la rigueur du blocus. Les émirs Sâléhis 
vinrent alors de Jérusalem pour renforcer al-'Adil, et leur arrivée 
fut du plus grand secours pour ce prince; il envoya des troupes 
à Jérusalem pour empêcher les convois de vivres qui partaient 
d'Égypte de parvenir à al-Afdal. Ces troupes rencontrèrent l’émir 
Yâzkoüdj S qui était parti du Caire à la tête de sept cents soldats de 
l’armée égyptienne pour venir renforcer al-Afdal. Les troupes 
d’al- f Adil les attaquèrent, les mirent en fuite et leur enlevèrent 
ce qu’elles avaient avec elles. Pendant ce temps, la population de 
Damas continuait à souffrir de la disette. Al-Afdal fut contraint de 
recourir à des emprunts et de demander de l’argent aux commer- 
çants. La détresse arriva à un tel point dans la ville qu’elle faillit 
être prise. Al-Malik-al- f Adil allait se rendre quand une discorde 
éclata entre ath-Thahir et son frère al-Afdal. 


Année 596. 

Deuxième année du règne du sultan al-Malik-al-Mansour- 
Nasir-ad-Dïn-Mohammad en Égypte. 

Les deux frères 2 étaient occupés à assiéger leur oncle al- f Adil 
dans Damas; les vergers et les habitations étaient ravagés, les 
conduites d’eau coupées et les moissons incendiées. Les vivres man- 
quaient dans la place, et al- f Adil songeait à capituler par suite du 
grand nombre de ses soldats qui l’abandonnaient et qui passaient 
à l’armée d’al-Afdal. Il écrivit à son fils al-Malik-al-Kâmil pour lui 
ordonner de venir à son secours 3 ; il écrivit également au gouver- 


1. On trouve généralement le nom de cet officier général sous la forme que 
nous donnons ici, toutefois le manuscrit du Soloùk présente dans ce passage 
la forme Ayàzkoüdj, avec un élif prosthétique. 

2. Le sultan d’Alep, al-Malik-ath-Thàhir, et al-Malik-al-Afdal. 

3. On a vu que l’année précédente. al- f Adil avait laissé à son fils al-Kàmil le 
soin de continuer le siège de Mârdîn et qu’il était revenu précipitamment à 
Damas qui se trouvait menacée par al-Afdal. « L 'àtabek de Maüsil, Arslàn-Shàh, 
dit Aboù’-l-Mahàsin dans son Histoire d’Égypte (ms. ar. 1779, folio 41 recto), 
avait obligé al-Kfimil à lever le siège de Mârdln ; al-Kâmil se dirigea alors vers 
Damas, à la tète d’une troupe considérable deTurkomans, de l’armée de Ilarràn 
et de Roliâ. Al-Afdal recula alors jusqu’à 'Akbah-Sadjoûr, le dix-septième jour 
du mois de Safar et al-Kâmil arriva le dix-neuf. Il descendit dans le palais 
( djoùshk ) de sen père. » C’est alors qu’al-Afdal et ath-Thâhir se séparèrent. 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


107 


neur de la citadelle de Dja'abar pour que cet officier donnât à al- 
Kàmil tout l’argent qu’il lui demanderait, car les trésors d’al-'Adil 
se trouvaient dans cette citadelle Al-Kàmil se rendit avec son 
armée à la citadelle de Dja'abar, et il y prit quatre cent mille 
dinârs, puis il se remit en marche pour aller rejoindre son père. 
L'arrivée d'al-Kàmil procura à al-'Adil un renfort considérable, 
tandis que l’armée d’al-Afdal et d’ath-Thahir s’affaiblissait par 
suite du grand nombre de ceux qui les trahissaient. Cela décida 
al-'Adil à user d’un stratagème pour tromper ses neveux ; voici 
en quoi il consistait: Ath-Jhahir avait un mamlouk nommé Aïbek 
pour lequel il avait la plus vive affection ; il le perdit et se figura 
qu’il était entré à Damas et qu’on l’y avait pendu. Al-'Adil apprit 
cela et il envoya quelqu’un dire à alh-Thahir : « C’est Mahmoûd- 
ibn-as-Sakri qui a détourné ton mamlouk de ses devoirs et qui 
l’a conduit chez al-Afdal ». Ath-Thàhir fit immédiatement arrêter 
Ibn-as-Sakrî et l’on découvrit le mamlouk chez lui; comme le 
prince d’Alep ne doutait pas de la vérité de ce que son oncle lui 
avait dit, il en conçut une vive colère contre son frère, et il ne 
voulut plus se rencontrer avec lui *. 

Le froid étant devenu extrêmement vif, les deux princes rétro- 
gradèrent sur al-Kisva; puis ils gagnèrent Mardj-as-Sofar, d’où 
ils se rendirent à Ra’as-al-mà. Les vivres étant venus à manquer, 
tandis que le froid redoublait, ath-Thahir se rendit à al-Kariataïn, 
et al-Afdal partit pour retourner en Égypte. Ils abandonnèrent les 


1. Les sultans Ayyoubites et Mamlouks n’avaient pas l’habitude de garder 
leur trésor dans leur capitale, de peur sans doute de le voir piller, au cours 
d’une insurrection toujours possible en Orient, ou de se le faire enlever par 
leurs compétiteurs. Ils le déposaient dans des places assez éloignées, très 
fortement défendues et en dehors des routes fréquentées; il était relative- 
ment en sûreté dans ces petites villes qui ne consistaient guère qu’en une 
citadelle bâtie dans un point stratégique, et dont la population civile ne 
dépassait guère quelques centaines d’âmes. Les Mamlouks d’Égypte de la 
dynastie bahrite avaient déposé leurs trésors dans la puissante citadelle de 
Karak. 

2. Aboü-’l-Mahâsin donne dans son Histoire d’Égypte (ms. ar. 1779, folio 41 
recto) des causes différentes de cette querelle, et elles me semblent plus plau- 
sibles que celles qui ont été rapportées par Makrizi. Voici ce qu’il raconte : 
« Quand le siège eut réduit Damas à la dernière extrémité, que les arbres 
eurent été coupés, que les canalisations d’eau qui alimentaient la ville eurent 
été détournées et que les vivres furent épuisés, la garnison songea à se 
rendre. Mais al-Malik-al- f Adil envoya un officier à son neveu, al-Malik-ath- 
Thâhir, prince d’Alep, pour lui dire : « Je te livrerai Damas à la condition 
que tu en deviennes sultan et que cette ville t’appartienne à toi seul, et non 
à al-Afdal. » Cela mit ath-Thâhir en goût, et il envoya dire à al-Afdal : « Toi, 
tu es le souverain de l’Egypte, laisse-moi Damas mais al-Afdal lui répliqua : 
« Damas m’appartient et je tiens sa propriété de mon père, on me l’a enlevée 
de force, mais je ne l’ai cédée à personne. » Cela fut l’origine de la dispute 
qui éclata entre les deux frères. » 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


bagages qu’il leur fut impossible de transporter et les brûlèrent ; un 
grand nombre de leurs mamlouks périrent, et ils perdirent aussi 
beaucoup de leurs bôtes de somme. Al-Afdal arriva à Bilbeis 1 le 
vingt-cinquième jour du mois de Rabî' premier, et on lui conseilla 
de s’arrêter dans cette ville. Sur ces entrefaites, on reçut la nou- 
velle qu’al-Malik-al-’Adil était sorti de Damas, qu’il était venu 
camper à Tell-al-'Adjoûl et qu’il avait écrit aux Arabes pour qu’ils 
lui envoyassent des vivres. Al-Afdal rassembla les émirs, monta 
FoL 48 à cheval et fit le tour des murailles de Bilbeis *, puis ordonna à 
Karakoûsh, de mettre en état de défense la Citadelle de la Mon- 
tagne et de faire creuser les fondations pour le reste du mur d’en- 
ceinte de Misr et du Caire; il lui enjoignit de creuser jusqu’à ce 
qu’on eût atteint le roc, de faire porter les déblais dans l’intérieur 
de la ville, sur les bords du fossé, pour faire des sortes de bas- 
tions, et d’employer les bœufs s à ce travail *. Il lui ordonna enfin 
d’exécuter ces travaux dans la partie qui est entre le fleuve et la 
citadelle de Maks de telle façon qu’on ne pût plus entrer dans la 
ville autrement que par ses portes. 

Le deuxième jour du mois de Rabî' premier, al-'Adil vint 
camper à Katiâ 6 et al-Afdal pensa à incendier Bilbeis [de peur 

1. Quand al-Malik-al-Afdal fut arrivé au Caire, dit Aboü-’l-Mahâsin ( Histoire 
d’Egypte, ms. ar. 1779, folio 41 recto et verso), al-Malik-al-'Adil lui envoya son 
fils Nadjîb-ad-Dïn pour lui dire de ne rien craindre de lui, d’ètre assuré qu'il se 
conduirait toujours à son égard comme un père et qu’il ferait tout ce qui pour- 
rait lui être agréable; Al-Malik-al-Afdal lui dit que si les paroles de son oncle 
étaient sincères, il n’avait qu'a chasser de son service les émirs Sàlihis qui 
étaient ses ennemis. Ces émirs ayant appris cet entretien résolurent de se 
venger d'al-Afclal; ils allèrent trouver Al-'Adil, et lui dirent : « Qu’est-ce que 
nous faisons ici? Pars avec nous », et ils se mirent à la poursuite d’al-Afdal. 
Ainsi, d’après Aboü-’l-Mahasin, al-'Adil aurait eu la main forcée par les émirs 
Salihis et il n avait pas primitivement l’intention de s’emparer de l’Ègypte et 
d’enchâsser son neveu. Il est beaucoup plus vraisemblable qu’une nouvelle 
ruse se cachait sous la démarche assez bizarre d’al-'Adil, et qu’il se laissa 
faire une douce violence, sans beaucoup résister aux objurgations des émirs 
Sàlihis. La conduite qu’il tint dans la suite le montre suffisamment. 

2. Pour les inspecter et pour voir si la ville serait en état de soutenir un 
siège, au cas où al-Malik-al-'Adil la viendrait assiéger. 

3. al-cibkàr , sans doute pour transporter la terre. Je ne pense pas que le 
texte soit corrompu et qu’à la place de ce mot il faille lire le pluriel dVzf- 
hakkâr ce qui signifierait alors « d’employer à cette œuvre les ouvriers qui 
travaillent le fer ». 

4. Cela revenait à faire dans l’intérieur de la ville une seconde ligne de forti- 
fications, en arrière du fossé et du premier mur d’enceinte, de telle sorte que 
l’ennemi fût arrêté quand il aurait réussi à enlever les premiers ouvrages. 

5. Katia est, d’après Yâkoüt (Mo'djam-al-bouldân, tome IV, p. 144), un village 
qui se trouve sur la route d’Égypte (à Damas) au milieu du désert de sable; 
elle est voisine de Farmà. Les maisons de ces deux localités sont faites de 
rameaux de palmier désséchés ; les habitants boivent de l’eau de puits qui 
est saumâtre et puante, et le pain qu’ils mangent est aussi déplorable et on y 
trouve du sable. Ils ont du poisson, à cause de leur proximité de la mer. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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qu’elle De tombât entre les maiDs d’al-'Adil ] 1 ; mais on com- 
mençait à se lasser de lui. Il avait supprimé les gratifications que 
le sultan donnait habituellement aux gens qui se rendaient à la 
Mecque et à Médine, ainsi qu’aux fakihs et aux docteurs, pour 
payer la solde des troupes. Mais celte mesure n’em pécha pas les 
soldats de se plaindre, et elle souleva une émeute dans la popu- 
lation civile *. Al-'Adil étant alors arrivé, al-Afdal lui livra 
bataille, mais il fut battu et prit la fuite; al-'Adil poursuivit les 
fuyards jusqu’à la Birkat-al-Djubb, et dressa son camp dans cet 
endroit, où il demeura durant huit jours. Al-Afdal arriva au Caire 
où il entra, le mardi septième jour du mois de Rabî’ second ; plu- 
sieurs de ses officiers le trahirent et passèrent à l’armée d’al- 
'Adil ; al-Afdal se vit alors réduit à envoyer des parlementaires à 
al-'Adil, et à lui demander de lui céder Damas en échange de 
l'Égypte. Mais ce prince refusa et dit : « Je voudrais ne pas me 
voir dans l’obligation de violer le Caire et n’avoir pas à l’enlever 
d’assaut. Pars pour Sarkhad et ne crains rien pour ta vie * ! » 
Al-Afdal fut bien obligé de lui livrer la ville, car ses troupes 
l’abandonnaient. Al-'Adil prit possession du Caire et il y fit son 
entrée, le samedi dix-huitième jour du mois de Rabî' second ; al- 
Afdal partit en toute hâte du Caire ce même jour. Le vizir Dyâ-ad- 
Dîn-ibn-al-Athïr ‘ était venu en Égypte et avait pris la plus grande 


1. En effet al-'Adil, en s’y installant, menaçait le Caire. 

2. Le texte porte mosâktn qui signifie, si la leçon est exacte, « des pauvres 
gens ». 

3. Litt. : « Je ne voudrais pas avoir besoin de déflorer l’honneur du Caire. » 
Par ces paroles, al-Malik-al-'Adil voulait dire qu’il considérait comme un crime, 
qui retomberait sur al-Malik-al-Afdal, d’entrer l’épée à la main dans la capi- 
tale du sultan Salâh-ad-Dîn, qui était vierge en ce sens qu’aucun ennemi ne 
s’en était emparé. Aboü-’l-Mahâsin raconte dans son Histoire d'Egypte (ms. 
ar. 1779, folio 41 verso), qu’après la défaite d’al-Malik-al-Afdal qui rendait al- 
Malik-al-'Adil maître de l’Egypte, un officier, nommé Saîf-ad-Dln-Azkash s'en- 
tremit entre les deux princes pour chercher à tirer al-Afdal de la pitoyable 
situation dans laquelle il se trouvait. Il fut convenu qu’al-Malik-al-'Adil lui 
donnerait Mayyâfârkln, la montagne de Djoüdl et Diyâr-Bakr en échange de 
l’Égypte. Quand al-'Adil fut entré au Caire, il traita Saïf-ad-Dïn-Azkash avec 
la plus grande considération et il dit à al-Afdal que tous ses officiers lui 
avaient écrit pour le presser de venir s’emparer de l’Égypte, à l’exception de 
Saîf-ad-Dln-Azkash. Il donna un avancement important à cet officier pour 
lui montrer l’estime qu’il avait pour son caractère. Il donna la charge de 
kâfiï à Sadr-ad-Dîn-'Abd-al-Malik-ibn-Darbas-al-Kurdi; il nomma le grand 
shtikh Ibn-Hamaviyya, supérieur du collège des Shafe'is et du Meshhed d’IIo- 
sain, ainsi qu’inspecteur du couvent ( khànikâh ) des Soüfis. Le vizir Safl-ad- 
Dïn-'Abd-Allah-ibn-'Alï-ibn-Shakir tint ses audiences dans le palais royal, 
dans les appartements du kàdi al-Füdil, et il fut investi de la charge d’ins- 
pecteur des bureaux. 

4 . On a vu plus haut que ce personnage avait été de tout temps le mauvais 
génie d’al-Malik-al-Afdal. 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


autorité sur al-Aftlal. Quand al- f Adil se fut emparé du Caire, le 
vizir prit la fuite et se rendit à Sarkhad. La durée de la domina- 
tion d’al-Afdal eu Égypte avait été d'une année et trente-huit jours. 
Après ces événements il se rendit dans les provinces orientales 
et se fixa à Soumaîsal *. Durant le temps de sa souveraineté en 
Égypte, ni jour ni nuit il ne put se trouver seul, les émirs l'empê- 
chaient même de rester en tête à tête avec une seule personne et 
il était bien forcé d’en passer par où ils voulaient. 

Al- f Adil se fixa au Caire 2 comme atabek d'al-Malik-al-Mansoür ; 
les émirs lui prêtèrent serment et s’engagèrent à faire tous leurs 
efforts pour l'aider dans sa tâche jusqu’au moment où le sultan 
atteindrait l'âge où il pourrait gouverner seul son empire. Mais cela 
ne dura pas, et les choses changèrent de face le vingt et unième 
jour du mois de Shavvàl. Al-'Adil fit venir plusieurs émirs et leur 
dit 3 : « N'est-ce pas une chose honteuse pour moi qui suis un vieil- 
lard d'être Y atabek d'un enfant? les honneurs de la royauté ne 
doivent pas s'acquérir par héritage ; elles appartiennent à celui 
qui a la force. J’aurais dû succéder à mon frère, al-Malik-an-Nàsir- 


1. Soumalsàt, dit Yàkoüt ( Mo' djam-al-bouldàn , tome III, p. 151), est une ville 
qui se trouve sur le bord occcidental de l’Euphrate du côté du pays deRoùm, 
avec une puissante citadelle. Les coordonnées de cette ville étaient, d’après 
Ptolémée, L 54° 40', X 36° 20'; l’astronome Aboû-'Aoün donne L 32° 40 (lire 
52° 40); X 36° 20'. Parmi les personnages célèbres qui ont vu le jour dans 
cette localité, Yâkoüt cite Aboü’-l-Kâsim- f Alï-ibn-Mohammad-al-Soumaisâtï- 
al-Salmï, connu généralement sous le nom d’al-Djamlsh, qui mourut à Damas 
au mois de Rabi f second de l’année 453; il fut inhumé dans sa maison, située 
près de la porte Bâb-al-nâtafàniyyin qu’il avait constituée en vakf, ainsi 
que la plus grande partie de ses biens, au protlt des pauvres musulmans et 
des Soufls. Il était né en 377. Hadji-Khalifa dit dans le Djxhan-Numà que 
cette petite ville est située à l’ouest de Kala't-ar-Roüm et au nord de Ilisn- 
Mansoùr. Aboü’-l-Fidâ nous apprend dans son traité de Géographie (tome II, 
partie 2, page 43) que cette ville et Djisr-Manbidj, autre nom de la Citadelle 
de l’Etoile, sont deux petites villes fortifiées entourées de champs très bien 
cultivés. Il donne pour leurs coordonnées : L 62°, X 37° 30\ 

2. Quand al-Malik-al-'Adil se fut emparé de l’Égypte, il écrivit à son fils al- 
Malik-al-Kâmil de venir le retrouver. Ce prince partit de Damas, le vingt- 
troisième jour du mois de Sha'b&n, et il prit congé de son frère al-Malik- 
al-Mo'aththam à Ra’as-al-Mâ. Il arriva au Caire le dixième jour du mois de 
Ramadan. Son père alla le recevoir à 'Abbàsa et lui donna pour demeure le 
Palais du Vizirat. 

3. Aboü-’l-Mahâsin raconte dans son Histoire d*Egypte (ms. ar. 1779, folio 41 
verso) qu’al-Malik-al-'Adil réunit un jour les juristes ( fakîh ) et leur dit : «Con- 
vient-il que le petit possède le pouvoir à l’exclusion du grand? » Ils lui répon- 
dirent: « Le petit qui est maître a un maître au-dessus de lui ». — « Convient- 
il, continua al-'Adil, que le grand soit le lieutenant du petit? » — « Certes non, 
dirent les juristes, car si l’autorité n’est pas réelle chez le prince, comment 
le serait-elle dans la main de son lieutenant?» Cela décida, parait-il, al- r Adil 
à renverser al-Mansoür; en réalité, il y avait longtemps que telle était son 
intention, et il est à présumer qu’il n’avait guère besoin de ce fetva pour 
être bien décidé à s’emparer de la couronne. 

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HISTOIRE D'ÉGYPTE DE MAKRIZI 


111 


Salâh-ad-Dïn à Texclusioa de toute autre personne; j’ai abandonné 
ce rêve par respect pour la mémoire de mou frère 1 et pour éviter 
des malheurs à ses sujets. Mais des dissensions que vous connaissez 
m’ont fait craindre que la royauté ne m’échappât ainsi qu'aux 
enfants de mon frère, et qu'elle ne passât aux mains d’étrangers. p®i. 50 r*. 
J'ai cru que les choses ne pouvaient s’arranger si je n'en prenais 
la direction et si je ne me décidais point à en assumer le fardeau. 

Mais, quand j’eus pris le gouvernement de ce pays et que je me vis 
atabékàe ce jeune homme jusqu'à sa majorité, je me suis aperçu 
que la révolution n'était point entièrement terminée et que les 
troubles n'avaient point pris fin. Je ne suis pas bien certain que 
quelqu’un ne recommencera pas la tentative d’al-Afdal et qu’un 
parti ne se formera pas pour demander qu’on mette un autre à 
ma place. Comment tout cela finirait-il? Mon avis est qu’il faut 
que cet enfant aille s'instruire et qu’on lui donne quelqu'un pour 
faire son éducation; quand son esprit se sera formé et qu’il 
aura atteint l’âge d’homme, je verrai ce que j'aurai à faire à son 
égard a . » 

Tous les émirs Asadis furent de l’avis d'al-'Adil, et leurs adver- 
saires ne purent rien faire pour détruire leur accord ; ils lui prê- 
tèrent serment de fidélité et déposèrent al-Mansoür, le jeudi. Le 
lendemain, vendredi onzième jour du mois de Shavvâl, on fit la 
khotba au nom d'al-'Adil. Al-Mansoür avait régné un an, huit mois 
et vingt jours. 

1. Pour comprendre ces paroles d’al-Malik-al-'Adil, il faut se rappeler que 
Çalâh-ad-Dïn avait laissé ie trône d’Égypte et la suzeraineté sur tous les 
membres de sa famille à son fils al-Malik-al- Azlz. Il est certain que si al- 
’Adil avait cherché à s’emparer du trône à la mort de son frère, une révolu- 
tion désastreuse aurait immédiatement éclaté. On sait que beaucoup de tribus 
vivent en Orient sur une organisation patriarcale suivant laquelle l’autorité 
ne se transmet pas directement, c’est-à-dire des ascendants aux descendants, 
mais bien dans une direction collatérale, le chef étant toujours le plus âgé, 
l’ancien de la famille, le frère généralement du chef défunt. C’était l’organi- 
sation des grands duchés de Moscou avant que les Grands Princes eussent 
acquis le titre impérial, et c’est encore l’organisation de la famille d’Othmàn. 

2. Al-Malik-al 'Adil fit partir al-Malik-al-Mansoûr du Caire le vingt-cin- 
quième jour du mois de Rabf second de cette année avec sa mère et ses 
frères sous la garde d’une escorte; il les envoya à Édesse où ils restèrent 
durant un certain temps, de là, ils se rendirent à Alep auprès d‘al-Malik-ath- 
Thâhir. Ce prince, quand il se vit près de mourir, nomma al-Malik-al-Main- 
soür son héritier présomptif, au cas où son propre fils al-Malik-as-Sâlih vien- 
drait à mourir. 


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112 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


IV 

Règne du sultan al-Malik-al-'Adil-SaIf-àd-Dïn-Abou-Bakr- 
ibn-Ayyoub 1 . 

Quand les émirs eurent prêté serment de fidélité à al-Malik-al- 


1. Cette année, dit l'auteur de la Tarikh-i-elfi ou Histoire de mille ans (ms. 
supp. persan 188, folio 276 recto), la guerre éclata entre le sultan seldjoukido 
Toghril et Koutlough-Inandji, fils de Pehlevan ; ils se livrèrent un combat à 
Hamadân. Koutlough-Inandji ne put tenir devant Toghril et il s'enfuit à Reï. 
Hamadân et la province qui dépend de cette ville tombèrent entre les mains 
du sultan Toghril. Koutlough-Inandji envoya alors un officier au Khvârïzm- 
Shâh, 'Alà-ad-Dîn-Tukush, pour lui demander de le débarasser du sultan 
Toghril. Le Khvârizm-Shâh accéda à cette demande et il se dirigea avec une 
armée considérable vers Reï; quand il arriva dans les environs de cette ville 
Koutlough-Inandji se repentit amèrement de l'avoir appelé à son secours; 
il fut terrifié des conséquences de son action et il courut se réfugier dans la 
forteresse deTabrak, qui est une citadelle bien connue de ces contrées. Lorsque 
le Khvârizm-Shâh apprit ces événements, il se dirigea vers la citadelle de 
Tabrak qu’il enleva en deux jours. Quant à Koutlough-Inandji, il s'était enfui 
vers les montagnes. Lorsque le sultan Toghril apprit la conquête de Reï, il 
envoya un officier au Khvârizm-Shâh dans cette ville pour l’assurer de son ami- 
tié. 'Ala-ad-Dïn-Tukush s’occupa de mettre de l’ordre dans l’administration de 
Reï et il plaça comme gouverneur un de ses émirs qui était connu comme un 
homme sage et juste. Après cela, il se dirigea en toute hâte vers Khvàrizm; 
voici quelle était la cause de ce départ : à l’époque où il fit la conquête de 
Reï, il reçut une lettre dans laquelle on lui disait : « Ton frère Sultan-Shàh 
a assiégé la ville de Khvàrizm et il fait tout ce qu’il peut pour arriver à s’en 
emparer. » C’est cela qui détermina le Khvârizm-Shâh à s’en retourner en 
passant par Ilghàr. Quand il arriva dans le voisinage de cette ville, il apprit 
que les habitants de Khvàrizm n’avaient pas voulu reconnaître l’autorité de 
Sultàn-Shâh (frère du Khvârizm-Shâh) et qu’ils l’avaient forcé à renoncer à 
ses projets. Le Khvarïzm-Shàh passa l’hiver de cette année à Khvàrizm. Cette 
même année, Sultàn-Shâh mourut et r Alà-ad-Dln-Tukush réunit les états de 
son frère aux siens. 

Le sultan Toghril, ayant réuni une armée très nombreuse, partit d’Hamadan 
et marcha vers Reï; les troupes du Khvârizm-Shâh ne pouvant songer à lui 
résister, prirent la fuite, et Toghril s’empara de Réi. Quand Koütloûgh-Inandjl 
apprit cet événement, il envoya de nouveau un officier auprès du Khvârizm- 
Shâh pour le supplier de venir à son aide et de lui pardonner l’injure qu’il 
lui avait faite la première fois. Sur ces entrefaites, un envoyé du khalife de 
Baghdâd arriva auprès du Khvârizm-Shâh, et il se plaignit amèrement de 
Toghril. Il apportait un diplôme du khalife au nom du Khvârizm-Shâh, par 
lequel le khalife faisait don à ce dernier des états de Toghril. Le souverain du 
Khvàrizm se prépara aussitôt à la guerre. 

A la fin du mois de Safar de cette même année, le Khvârizm-Shâh partit de 
Nishâpoûr et marcha vers Reï. Dès que Toghril eut connaissance de ces évé- 
nements, quoique son armée fût dispersée, et sans prendre le temps de rassem- 
bler ses troupes, il se mit en route avec un petit nombre de soldats qui se 
trouvaient alors autour de lui, et il marcha contre le Khvàrizm-Shàli, malgré 
les récriminations de ses émirs qui lui disaient qu’il lui fallait prendre le 

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histoire d’égypte de makrizi 


113 


'Adil, ce prince s’assit sur le trône de la souveraineté, le vingt 
et an du mois de Shavv&l, et l’on fil la khofba en son nom dans 
toute l’Égypte, en Syrie, à Harr&n, à ar-Roha, à Miyâfârkïn. Les 
populations de ces pays lui prêtèrent sonnent, et on frappa la 
monnaie à son nom. Il manda son fils, al-Malik-al-Kâmil-N&sir-ad- 
Dîn-Mohammad et lui ordonna de venir au Caire huit jours restant 
du mois de Ramadhân (le 22). Il le nomma son lieutenant en 
Égypte et lui donna & titre de fief les Provinces d’Orient, qui 
avaient été son propre apanage sous le règne de son frère, le sul- 
tan Salâh-ad-Din ; il le nomma héritier présomptif du trône et les 
émirs lui prêtèrent serment. 

Cette même année, on fit la khofba au nom d’al-Malik-al-' Adil à 


temps de mobiliser son armée. Le sultan ne voulut rien entendre et il s'avança 
avec sa petite armée jusqu'aux frontières dé la province de Reï. Le vingt- 
quatrième jour du mois de Rabr premier, les deux armées prirent contact et 
se livrèrent bataille. Quand le sultan Toghril eut aperçu le centre de l’armée 
du Khv&rizm-Shâh, sans réfléchir, il fondit sur lui, et fit un grand massacre 
des soldats qui s’y trouvaient; mais des troupes se précipitèrent sur lui de 
tous les côtés et il fut désarçonné; on lui trancha la tète et on la porta au 
Khvârizm-Sh&h qui l’envoya immédiatement à Baghdâd. Elle resta accrochée 
durant quelques jours à la porte de cette ville qu’on appelle Bâb-al-noubî. 

Après la mort de Toghril, le Khvârimz-Shâh marcha sur Hamadân; le khalife 
Nàsir-li-Dln-Allah envoya son vizir Mouvayyad-ad-Din-ibn-Kassâb pour lui 
porter un vêtement d’honneur. Quand Mouvayyad-ad-Dln fut arrivé à un fer - 
seng d’Hamadân, il envoya quelqu’un dire au Khvàrizm-Shah : « Comme le kha- 
life a envoyé un vêtement d’honneur au roi, celui-ci doit sortir à la rencontre 
de son ambassadeur, car tous nos sultans agissent ainsi à l’égard du Comman- 
deur des Croyants. » Plusieurs personnes représentèrent au Khvârizm-Shâh 
qu’il y avait sous ce message une ruse de Mouvayyad-ad-DIn, qu’il voulait s’em- 
parer de lui, et que s’il était venu uniquement pour lui apporter un vêtement 
d’honneur, il n'aurait pas eu besoin de l'armée qu’il avait amenée avec lui. 
Cela fit que le souverain s’abstint de sortir à la rencontre du vizir; il y eut 
entre eux deux, à ce sujet, une série de pourparlers. Mouvayyad-ad-Dln répon- 
dit qu'il avait amené une armée avec lui parce que le khalife l’avait envoyé 
en ambassade avant que le sultan Toghril eut été tué et qu’elle était destinée 
à renforcer celle du Khvârizm-Shâh ;il ajouta qu’il n’avait appris la fin tragique 
de Toghril qu’en arrivant à Hamadân. Après de nombreuses explications, 
le Khvârizm-Shâh se rendit à cheval au campement du vizir Mouvayyad-ad- 
Dïn-ibn-Kassâb ; mais plusieurs des familiers du prince qui étaient liés avec 
le vizir lui firent dire que le Khvârizm-Shâh avait l’intention de se saisir de sa 
personne. A peine Mouvayyad-ad-Dln eut-il entendu ces propos qu’il décampa 
et se retira dans les montagnes de cette province pour se garder des mauvais 
desseins du Khvârizm-Shâh. Le sultan donna Hamadân à Koütloügh-lnandjt 
et donna des fiefs dans ce pays à plusieurs de ses officiers. Mouvayyad-ad-Dln 
revint àBaghdâd, et, au mois de Sha'abàn, il exposa au khalife que le Khorasan 
était resté sans souverain, car le Turkoman Shoumlah, qui le gouvernait était 
mort et ses frères se disputaient pour savoir qui lui succéderait. Le fils de 
Shoumlah demandait du secours offrant de se considérer comme l’un des 
esclaves du khalife. Nâsir-li-Dïn-AUâh lui accorda ce qu’il demandait et Mou- 
vayyad-ad-Dïn partit à la tète d’une armée nombreuse pour se rendre dans 
le Khorasan ; il livra bataille aux fils de Shoumlah et les battit. 

B«v. dk l’Or, latin. T. IX. 8 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Hamàh et à Alep et on y frappa la monnaie à son nom. — La crue 
du Nil s’arrêta et les eaux du fleuve ne dépassèrent pas treize cou- 
dées moins trois doigts; la plus grande partie de l’Égypte resta 
au-dessus des eaux et les vivres augmentèrent beaucoup de prix. 

Cette année, al-'Adil nomma son lieutenant à Damas, son fils 
al-Malik-al-Mo’aththam-Sharaf-ad-Dîn-'Isà, et dans les Provinces 
d'Orient, son fils al-Malik-al-Fàiz; il laissa à Alep al-Malik-ath- 
Thâhir, et à Hamâh al-Malik-al-Mansoûr. 

Cette année, al-Malik-al-'Adil fit sortir d’Égypte son neveu al- 
Malik-al-Mansoûr-Mohammad-ibn-aI-‘Azîz-'Olhmân-ibn-Salàh-ad- 
Din et avec lui ses frères et ses sœurs. Ils allèrent en Syrie ; après 
cela, il les envoya à ar-Rohâ; ils quittèrent cette ville et allèrent à 
Alep ; al-Malik-al-Mansoûr resta à ar-Rohâ jusqu’à sa mort, qui 
survint en l’an 620; il était émir dans l’armée du prince d’Alep. 

Foi, ov. Celte année moururent : Ibrahï m-ibn-M ansoûr-ibn-al-Mosal- 
lam-Aboû-Ishak, connu sous le nom d’al-’Irâkï, khalib de la 
vieille mosquée à Misr, le vingt et unième jour du mois de Djou- 
mâda premier de l’année 596; le kadi al-Fâdil-'Abd-ar-Rahîm-'Alï- 
ibn-al-Rasân-ibn-Ahmad-ibn-al-Faradj-ibn-Ahmad-al-Lakhmi-al- 
'Askalânï-Aboù-'Ali-Mohyï-ad-Dîn ; il était né à Baisân, le sept du 
mois de Rabi' second. — L’émir, maitre des deux juridictions, 
Aboû-ath-Thâhir-Mohammad, fils du maître des deux juridictions, 
Aboü-’l-Fadl-Mohammad-ibn-Biyân-al-'Anbàri dans la troisième 
nuit du mois de Rabi’ second; il était né au Caire en l’an 507. — 
Cette année naquit au Caire un enfant qui avait un seul corps et 
une tête avec deux visages, chacun de ces visages avait deux yeux 
et deux oreilles, un nez et des sourcils. Il naquit également dans 
cette ville un être qui portait au front une tache blanche comme en 
ont les chevaux ; ses mains et ses pieds portaient également des 
taches blanches comme celles que l’on voit aux pieds des chevaux. 
Il naquit aussi un enfant qui avait les cheveux tout blancs *, et une 
brebis qui avait quatre pattes de devant et quatre pattes de der- 
rière; on la trouva dans le ventre d’une brebis qu’on venait 
d’égorger, elle avait les mamelles pleines de lait et son visage 
était celui d’un être humain. Dieu seul sait ce que signifiaient ces 
monstruosités. 


1. Ces albinos sont considérés dans une partie de l’Orient comme des êtres 
démoniaques; il est raconté dans le Livre des Rois de Ferdousi que Sàm 
ayant eu un fils qui avait les cheveux complètement blancs, crut que c’était 
un enfant de div et le fit exposer sur le mont Alborz; le Simourg, le prototype 
de l’oiseau Rokh des Mille et utxe Nuits le recueillit dans son nid et le nourrit 
avec ses petits. L’enfant, sauvé miraculeusement comme Œdipe, devint l'un 
des héros les plus glorieux de la légende iranienne. 

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histoire d’égypte de makrizi 


115 


Année 596. 

Première année du règne d’àl-Malik-al-'Adil-Aboü-Bàkr 
en Égypte 

Cette année, al-Malik-al-'Adil fît emprisonner les enfants de, 

1. On lit ce qui suit dans la chronique persane intitulée Tarikh-i-elfl 
(ms. supp. persan 188, folio 276 recto) : Cette année, une guerre éclata entre 
K outloügh-Inàndjï et Kabatchek, général du Khvàrizm-Shâh; ils se livrèrent 
bataille près de Zendjân ; Koutlough-Inândjï fut battu et alla se réfugier 
auprès du khalife Nàsir-li-Dïn-Allah qui le reçut d’une façon très affectueuse ; 
il lui conféra V émirat et lui donna le cheval, la tente et les autres parties de 
l’équipement qui sont les marques de ce grade. Il ordonna à Mouvayyad-ad- 
Dïn de partir avec Koutloügh-lnandjl et d aller arracher Hamadân à la domi- 
nation du Khvârizm-Shâh ; Mouvayyad-ad-Dïn et Koutloügh-lnandjl partirent 
du Khouzistàn et marchèrent sur la ville de Kirmànshàhân, puis de là ils se 
dirigèrent vers Hamadân. A cette époque, il n’y avait dans cette ville que le 
fils du Khvârizm-Shâh et son mamlouk Kabatchek avec un petit corps de 
troupes; ils ne pouvaient dans ces conditions résister à Mouvayyad-ad-Dïn. 
Aussi, quand ils apprirent l’arrivée des troupes du khalife, ils évacuèrent Ha- 
madan et se retirèrent à Reï. Au mois de Shavvâl, Mouvayyad-ad-Dïn et 
Koutlough-InândjI s’emparèrent d’Hamadan, puis ils se mirent à la poursuite 
des Khvârizmiens. Les villes de Savàh et d’Avâh ayant chassé les gouverneurs 
et les préfets qui y résidaient au nom du Khvàrizm-Shâh, ces officiers se diri- 
gèrent vers Reï ; quand les Khvârizmiens apprirent que les troupes du khalife 
se trouvaient dans les environs de Reï, ils évacuèrent également cette ville et 
se replièrent sur Dameghan ; Mouvayyad-ad-Din et Koutloügh-Inàndjï ne s’at- 
tardèrent pas à Reï et gagnèrent Bakhar i Reï (ou Nadjar i Reï). 

Il arriva alors que Mouvayyad-ad-Din et Koutloügh-lnandjl se livrèrent 
bataille ; Koutlough-InândjI n’ayant pas pu tenir devant le vizir, prit la fuite 
et se réfugia à Reï. 

Mouvayyad-ad-Din laissa des gouverneurs à Reï et se rendit à Hamadan ; 
il reçut en route la nouvelle que Koutlough-InândjI avait pris le chemin 
d’Avah ; le vizir se mit immédiatement à sa poursuite, et quand Koutlough en 
fut informé et que le gouverneur d’Avah eut refusé de le recevoir, il se rendit 
dans la plus grande détresse à Kardj . Il arriva à une localité qui est connue 
sous le nom de « Défilé de Kardj », où campait Mouvayyad-ad-Dïn ; ils se 
livrèrent une seconde bataille et le vizir fut de nouveau victorieux; Koutlough- 
InândjI fut réduit à prendre la fuite. Mouvayyad-ad-Din rentra en triomphe à 
Hamadân ; à ce moment, un ambassadeur envoyé par le Khvârizm-Shâh arriva 
à Hamadân pour protester contre les conquêtes de Mouvayyad-ad-Din. Il dit 
à celui-ci : « Une pareille attaque de ta part est absolument injustifiable, il 
convient maintenant que tu témoignes du regret de tes actes en évacuant les 
pays que tu as conquis et en retournant à Baghdâd. Sans cela tu n’auras qu’à 
t’en prendre à toi de ce qui t’arrivera. » Le vizir fut très contrarié de cette 
aventure, mais il répondit que le Khvârizm-Shâh s’étant montré grossier dans 
ses réclamations, il n’en tiendrait aucun compte. Quand le Khvârism-Shâh eut 
reçu cette réponse, il se mit en marche pour aller attaquer Hamadân ; mais, 
au commencement du mois de Sha'bân de l’année suivante, Mouvayyad-ad- 
Dïn mourut, et au milieu de ce même mois le Khvàrizm-Shâh arriva devant 
Hamadân. Une terrible bataille s’engagea devant la ville entre l’armée du 
Khvàrizm-Shâh et les troupes du khalife Nâsir-li-Dïn-Allah. Les Baghdâ- 
diens montrèrent la plus grande valeur dans ce combat, mais la plupart 

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M 



116 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


son frère, al-Mouvayyad, Mas'oûd et al-Mo f ïzz, dans la maison de 
Bahà-ad-Din-Karàkoûsh, au Caire; l’émir Fakhr-ad-Dîn-Tchaharkas 
prit Bâniâs à l’émir Hosâm-ad-Din-Bishara après un siège et plu- 
sieurs combats. 

Cette même année, une querelle éclata entre al-Malik-al- f Adil 
et les émirs Sâléhis à cause de la déposition du sultan al-Mansoür, 
fils d’al-'Azîz. L’émir Fâris-ad-Din-Maîmoün-al-Kasri écrivit de 
ÈNâbolos à al- r Adil pour le blâmer d’avoir déposé al-Mansoür ; al- 
Adil lui écrivit une belle réponse et ils correspondirent plu- 
sieurs fois entre eux ; Maimoun écrivit aux émirs Sâléhis pour 
les pousser à se révolter contre al- f Adil, mais il ne les trouva pas 
disposés à écouler ses exhortations. 

Sur ces entrefaites, une dispute éclata entre ath-Thàhir, prince 
d’Alep, et son oncle al- f Adil; ath-Thahir lui envoya son vizir' Alam- 
ad-Din-Kaîsar et Nitham-ad-Din, mais ai- Adil ne voulut pas les 
laisser venir au Caire et il leur ordonna de rester à Bilbis : les deux 
ambassadeurs chargèrent le kàdi de cette ville des dépêches qu’ils 
apportaient, et s’en retournèrent vivement irrités de ce procédé ; 
ils allèrent trouver Maïmoün-al-Kasri à Nabolos; ils restèrent 
auprès de lui [et le pressèrent de leurs instances] jusqu’au moment 
où cet émir 1 se déclara pour ath-Thahir et al-Afdal. Quand ils 
arrivèrent à Alep, ath-Thahir fut très mécontent de la façon dont 
son oncle avait agi envers lui, et il écrivit aux émirs Sâléhis 
pour les exciter contre al- f Adil ; il écrivit également à Maimoün- 

d’entre eux furent tués et le reste s’enfuit à Baghdâd. Le Khvârizm-Shâh 
reprit possession d’Hamadân... Quand Isfahân fut livrée au joug des Khvà- 
rizmiens, elle était gouvernée par Kotb-Khodjendî qui était l’un des docteurs 
shaféites les plus distingués de cetic ville. Les habitants d’Isfahân allèrent le 
trouver et se plaignirent à lui de la brutalité et de la violence des soldats du 
Khvârizm; le fils du Khvârizm-Shâh était investi du commandement suprême 
dans cette ville, mais comme il était tout jeune, il n’avait en réalité aucune 
autorité et son dtabek se livrait à toutes les violences. Quoique Sadr-ad-Dln- 
Khodjendl désapprouvât cette conduite, comme il n’obtenait aucun résultat, 
il envoya un rapport à la cour de Baghdâd, demandant que si le khalife témoi- 
gnait quelque bienveillance à la population d’Isfâhàn, il voulût bien nommer 
un gouverneur juste et humain. Le khalife répondit favorablement à la 
demande de Sadr-ad-Dïn, et il choisit l'un de ses officiers, connu pour sa bra- 
voure et sa bienveillance, qui se nommait Salf-ad*Daùlah-Toghril ; il l'envoya 
à la tète d’une nombreuse armée, à Isfâhân.... Les troupes du khalife entrè- 
rent dans la ville que les Khvarizmiens évacuèrent, se dirigeant vers le Kho- 
rasan; Salf-ad-Daûlah-Togliril fit son entrée dans Isfâhân et envoya un déta- 
chement de son armée à la poursuite des Khvârizmiens ; les troupes s’étant 
emparées de tout ce que ces derniers possédaient, revinrent en arrière. 

1. Thâra ilâ , ce verbe signifie généralement « s’insurger contre », mais ce 
sens ne convient évidemment pas ici, comme on le voit par la suite de ce 
récit ; il se peut qu’il y ait une erreur dans le texte du Sotdouk, ou que thâra 
ait aussi bién le sens de « se jeter dans les bras de quelqu’un » que celui de 
« se jeter contre lui ». 

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histoire d’égypte de makrizi 


117 


al-Kasri, et al-Af<jal qui était alors à Sarkhad leur écrivit aussi. 
L’émir 'Izz-ad-Din-Ousàma, prince de 'Adjloün et de Kaùkab, alla 
trouver al-Afdal et lui prêta serment de fidélité. Al-'Adil ayant 
appris ces événements, prit immédiatement ses dispositions : il 
écrivit à son fils al-Mo'aththam, prince de Damas, pour lui ordon- 
ner d’aller assiéger al-Afdal dans Sarkhad. Ce prince rassembla Foi. si i- 
son armée et sortit de Damas. Al-Afdal laissa alors dans Sarkhad 
son frère al-Malik-ath-Thafir-Khidr et se rendit auprès de son 
frère ath-Thahir à Alep, le dixième jour du mois de Djoumada 
premier; al-Mo'aththam vint camper à Bosrà et écrivit à Fakhr- 
ad-Dîn-Tchahàrkas ainsi qu’à Maîmoün-al-Kasri pour leur ordon- 
ner de venir le rejoindre, dans le but d’aller assiéger Sarkhad ; 
ils refusèrent et rassemblèrent leurs partisans. Ils se rendirent 
ensuite auprès d’ath-Thafir à Sarkhad et écrivirent à ath-'J'hahir à 
Alep pour l’inciter à se mettre en route et à s’emparer de Damas. 

Les lettres des émirs lui arrivèrent alors qu’al-Afdal se trouvait 
chez lui ; il rassembla ses troupes et se mit en marche. Al-Man- 
soûr, souverain de Hamàh, n’ayant point voulu embrasser son 
parti, il assiégea ce prince durant un certain temps, puis il leva 
le siège sans avoir obtenu aucun résultat; il vint ensuite devant 
Damas ayant avec lui al-Afdal. Al-'Adil sortit d’Égypte avec son 
armée en laissant au Caire son fils, al-Malik-al-Kâmil-Moham- 
mad, et il s’avança jusqu’à Nâbolos où il campa; il envoya en 
avant une partie de ses troupes, qui s’avancèrent jusqu’à Damas 
et qui s’emparèrent de cette ville avant qu’al-Afdal et ath-Thahir y 
fussent parvenus. Les deux princes arrivèrent après cet événe- 
ment et mirent le siège devant Damas, le quatorzième jour du 
mois de Dhou-’l-Ka'da; ils poussèrent activement la lutte, au point 
qu’ils faillirent s’emparer de la ville; mais la discorde éclata entre 
eux par suite d’un stratagème qu’avait machiné al-'Adil 1 et 
la lutte diminua de violence. Voilà quelle était cette ruse : al-'Adil 
écrivit en secret à al-Afdal et à ath-Thahir en disant à chacun de 
ces deux princes : « Ton frère ne veut Damas que pour la garder 
pour lui tout seul. » Au fond, leur armée était sur ce point de 
l’avis du sultan d’Égypte. Cette affirmation les leurra tous deux et 
chacun des deux princes demanda à l’autre que Damas lui appar- 
tînt à lui seul; chacun d’eux opposa sur ce point un refus à 
l’autre. Al-'Adil envoya alors quelqu’un en secret à al-Afdal pour 
lui promettre les villes des Provinces Orientales qui lui avaient 

1. Àl-Malik-al-'Àdil ne manquait certainement pas fie talents militaires, 
mais sa principale force consistait plutôt dans scs ruses, dont on a vu plu g 
haut un exemple curieux. 

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118 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


été données en apanage, à savoir : Ra’as-'Ain \ al-Khâbo&r *, 
Myâf&rkln et d’autres encore ; il lui offrit de plus de lui faire en 
Égypte une pension annuelle de cinquante mille dinârs; al-Afdal 
fut complètement dupé par ces offres et il dit aux émirs Sàléhia 
ainsi qu’aux soldats qui étaient venus le rejoindre : « Si vous êtes 
venus pour moi, je vous autorise à retourner auprès d’al-Malik-al- 
'Adil ; mais si c’est au service de mon frère que vous ôtes venus, 
c’est à vous de savoir ce que vous avez à faire! ». Les émirs 


1. Yàkoüt ( Mo'djam-al-bouldân , tome II, pagre 731) nous apprend que Ton 
disait Ra’as-'Ain en langue vulgaire et Ra’as-al-'Ain en poésie. En réalité, la 
première de ces formes est syriaque, tandis que la seconde seule est réelle- 
ment arabe. C’est une grande ville du Djazlrah, située entre Harràn, Nisibe 
et Donalsir; elle est éloignée de Nisibe de 15 farsakhs; elle est distante de 
Harr&n d’un nombre à peu près égal de farsakhs ; elle est plus rapprochée 
de Donalsir et à environ dix farsakhs de cette dernière localité. On y trouve 
un très grand nombre de sources dont toutes les eaux se réunissent en un 
même endroit et donnent naissance au cours d’eau connu sous le nom de Khâ- 
boür. Les quatre principales de ces sources portent les noms de : source 
principale, source des célibataires ( ain-al-sirâr ), source al-Riyàhiyyah % source 
al-Hashimiyya. Il y a également dans cette localité une source qui porte le 
nom de « Bassin du Salut », dans laquelle se trouve un poisson énorme, à tel 
point que lorsqu’on regarde dans cette source, on croit voir ce poisson à la 
distance d’un empan, quand il se trouve à une profondeur égale à dix fois la 
taille d’un homme. La source des célibataires est celle dans laquelle le khalife 
abbasside al-Moutavakkel fit jeter dix mille pièces d’argent, les gens de la 
ville plongèrent dans cette source et l’eau en est tellement claire que pas une 
seule pièce ne leur échappa. Ahmad-ibn-Tayyib rapporte qu’il y a dans cette 
localité une source nommée ' Aîn-al-Zahiriyya, autour de laquelle le khalife 
al-Moutavakkel fit élever une construction avec des sortes de nacelles ( zoùràk ) 
qui servaient aux gens à se transporter jusqu’à la source al-Hashimiyya 
et dans d’autres endroits. Près de la source al-Zâhiriyya y il y avait une source 
sulfureuse qui se dégorgeait par un ruisseau, lequel allait se joindre à celui 
qui sortait de la source al-Zàhiryya et de là ils allaient se jeter dans le Khâ- 
boûr. Aboü’-l-Fidà ( Géographie , tome II, partie n, page 55), nous apprend qu’il 
y a dans cet endroit plus de 300 sources dont la réunion forme le Khâboûr et 
que cette ville portait également le nom de 'Aln-Wardah, « la source de la 
Rose », Hadji-Khalifa se borne dans le Djihan-Numà au peu que rapporte 
Aboû’-l-Fidâ. Idrisi ne mentionne même pas cette ville. Je ne sais pourquoi 
Kazwlnl lui donne le nom étrange de Ra’as-al- f Aïs ( Athàr-al-bilàd , éd. Wus- 
tenfeld, page 249). 

2. Le Khâboûr, dit Yàkoüt ( Mo'djam-al-bouldân , tome II, page 388), est le 
nom d’un grand fleuve formé par la réunion des sources de Ra’as-al-'Aîn 
(voir la note précédente), mais c’est également une localité connue sous le 
nom de Khâboûr- al -Housniyy a qui dépend administrativement de Maüsil. 
Hadji-Khalifa donne des renseignements plus précis dans le Djihan-Numà 
et il nous apprend qu’il y a deux forteresses situées sur une montagne entre 
Ra’as-al-'Aln et l’Euphrate. Sous la domination ottomane, le livd de Khâboûr 
comprenait, en plus de ces deux citadelles, les villes de Mâksln, Sàroùdj, 
Harràn, Rahbah, Rakka, Ra’as-al-'Ain, Karkisiyya et la citadelle de Dja'bar ; 
sur le fleuve du Khâboûr, on peut voir la Géographie d’Aboü-’l-Fida (tome I, 
première partie, page 66; 2« partie, pp. 55, 57, 58, 60). Ce géographe nous 
apprend qu’à son époque la ville de Madjdal était la plus belle ville du district 
de Khâboûr. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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aimaient al-Afdal parce que ce prince avait un caractère doux. 

Tous lui dirent : « Nous ne voulons personne d’autre que toi et 
al-'Adil; nous vous aimons tous les deux plus que ton frère ». Al- 
Afdal leur permit de s’en retourner vers al-'Adil; l’émir Fakhr-ad- 
Din-Tchah&rkas, l’émir Zaîn-ad-Dîn-Karâdja, 'Alâ-ad-Dîn-Sakiz 
(Sonkor), al-Hadjdjàf, Sa’ad-ad-Dîn-ibn-’Alam-ad-Dîn-Kais&r se 
rendirent alors vers ce prince. La lutte diminua d’intensité après 
que l’armée assiégeante eut été sur le point de s’emparer de 
Damas. L’année se termina, al-Afdal et ath-Thahir étant toujours Foi. si v. 
occupés au siège de Damas. 

Cette année, il y eut une disette en Égypte, et le prix des den- 
rées augmenta considérablement; la pénurie arriva à un point tel 
que la population mangea des cadavres, et que les hommes en 
vinrent à se dévorer les uns les autres : une mortalité considé- 
rable en résulta. Celte famine débuta au commencement de 
l’année, et chaque ardeb de froment atteignit le prix de cinq 
dinar*. La disette dura trois années consécutives, presque sans 
aucune interruption, par suite de la faible crue du Nil, et les 
vivres finirent par faire complètement défaut. Beaucoup de gens 
sortirent d’Égypte avec leurs familles et leurs enfants pour se 
rendre en Syrie, mais ils moururent de faim sur les chemins. La 
mort frappait indistinctement les riches et les pauvres, et le 
nombre des morts qu’al-Malik-al-’Adil fit inhumer atteignit envi- 
ron deux cent vingt mille personnes; tous les chiens furent man- 
gés et l’on mangea aussi une quantité considérable d’enfants. Les 
pères faisaient rôtir leurs enfants quand ils étaient morts et ils 
les mangeaient, et ce fait était tellement répandu qu’on finit par 
ne plus s’en indigner. Les gens en vinrent à user de ruse les uns 
envers les autres et à s’emparer de ceux qu’ils pouvaient prendre, 
après quoi ils les mangeaient. Quand le plus fort avait eu raison 
du faible, il l’égorgeait et le dévorait. On manquait de médecins 
par suite du grand nombre des gens qui les demandaient; quand 
un médecin venait dans une maison, on le tuait et on le dévorait. 

Il arriva qu’une personne vint chercher un médecin qui eut grand 
peur et qui ne l’accompagna qu’avec la plus grande crainte. Tout 
le long du chemin celte personne ne fit qu’implorer le nom du 
Dieu Très-Haut et il ne passait point de pauvre qu’elle ne lui remit 
une aumône. Ils arrivèrent tous les deux à une maison en ruines, 
le médecin fut stupéfait de ce qu’il voyait : au moment où il 
voulut y entrer, il sortit un homme de celte masure, qui dit à la 
personne qui était allée le chercher : « C’est toute la chasse que tu 
nous rapportes aujourd’hui? » Le médecin fut épouvanté et s’en- 
fuit ; sans l’aide de Dieu et la ranidilé de sa fuite, il eût été pris 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


par ces gens. Les villes du Caire et de Misr perdirent la plus grande 
partie de leur population. Il y eut tant de morts qu’on ne trouva 
pas assez de monde pour jeter de la terre sur leurs cadavres et 
cette situation se prolongea pendant des mois; on les dévorait 
ou bien ils pourrissaient à l’air. Sur ces entrefaites, la crue du Nil 
s’arrêta, les habitants furent terrifiés et un grand nombre de 
campagnards et de paysans vinrent au Caire et à Misr. Quand le 
soleil arriva dans le signe du Bélier, un vent se mit à souffler qui 
amena la peste. La famine augmenta encore et les vivres man- 
Foi. 52 r*. quôrent à tel point que l’on mangea de jeunes enfants; le pôre 
mangeait son fils rôti ou cuit, et la môre en faisait autant. Les 
magistrats s’emparèrent de quelques-uns de ces misérables et les 
firent torturer pour faire cesser ces abominables pratiques. La 
situation ne fit que s’aggraver : on découvrit des femmes qui 
cachaient dans leur sein des épaules et des cuisses d'enfants; les 
hommes agissaient de même : plusieurs d’entre eux entraient dans 
une maison voisine où ils trouvaient la marmite sur le feu, et ils 
attendaient que ce qui y était contenu fût cuit pour en manger; 
c’était de la chair d’enfant qui s’y trouvait ; c’était surtout dans les 
grandes maisons que l’on agissait ainsi. On trouvait les femmes et 
les hommes dans les marchés et dans les rues portant de la viande 
d’enfant. On brûla en moins d’un mois trente femmes sur lesquelles 
on avait trouvé de cette chair. On en arriva à s’accoutumer à 
déjeuner et à dîner avec de la chair d’enfants; il était bien rare 
qu’on l’empôchât, car on ne trouvait ni blé, ni graines, ni légumes. 
Quelques jours avant la crue du Nil, en l’an 596, au mois de 
Barmoûdah, le fleuve était tellement desséché qu’il n’y avait point 
d’eau entre le Nilomètre (le Mikyâs) et l’île [de Raudah], et le peu 
d’eau qui s’y trouvait avait un goût et une saveur exécrables. Il 
était à l’étiage de deux coudées, quand il se prit à monter un petit 
peu jusqu’au seizième jour du mois de Masori; il monta d’une 
coudée, puis s’arrêta ; après quoi la crue recommença d’une façon 
plus marquée : le plus était d’une coudée à la fois. Le fleuve 
atteignit quinze coudées et dix doigts, mais il baissa le jour même 
de telle sorte que cette crue ne servit à rien . La mortalité avait 
été telle en Égypte que sur la population d’un village qui comptait 
500 personnes, il n’en restait plus que deux ou trois. Il n’y avait 
plus personne pour se tenir sur les digues et pour les surveiller, et, 
dans les villages, personne ne s’occupait plus des travaux de la 
terre. On manquait de bœufs; un bœuf quand il était gras se vendait 
soixante-dix dinars, et un maigre soixante. Les rues de Misr et du 
Caire étaient vides, ainsi que les villages voisins. Les vers mangèrent 
ce qu’on avait semé et l’on ne récolta que ce qu’ils avaient épargné. 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


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Année 597. 

Seconde année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Aboü-Bakr 

en Égypte. 

Au commencement de cette année, les hommes se nourris- 
saient de chair d'enfants. On s’était habitué à se nourrir de cette 
façon et les juges étaient las de châtier ceux qui agissaient ainsi. 

Le blé que l’on trouvait atteignait le prix de huit dinars, l’orge et 
les fèves atteignaient sept dinars ( l'ardeb ). Les poules manquè- 
rent en Égypte; un homme en apporta do Syrie et il vendit 
chaque poulet au prix de cent dirhams, et deux œufs pour uu 
dirham. On chauffa les fours avec le bois des habitations jusqu’au 
commencement de l’année 598. Beaucoup d’hommes honorables 
sortaient de nuit, prenaient le bois des maisons abandonnées et 
ils le vendaient le jour ; on ne trouvait dans les rues de Misr et du 
Caire que peu d’habitants de ces villes, et il n’y avait à Misr de 
peuplé que les rives du fleuve. Les habitants des villages sortirent 
pour se livrer au labourage, mais les hommes périssaient sans Foi . m »•. 
avoir mis la main à la charrue. — Cette année mourut Karàkoüsh 
l’Asadi, le vingt du mois de Radjab, au Caire, il fut enseveli au 
pied du mont Mokattam *. 


Année 598. 

Troisième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Aboü-Bakr 

en Égypte. ‘ 

Au commencement du mois de Moharram, al-Afdal et ath-Thâ- 
hir levèrent le siège de Damas ; alh-Thahir s’en retourna à Alep, 
accompagné de plusieurs émirs Sàléhis, parmi lesquels se trou- 
vaient Fàris-ad-Dln-Maimoûn-al-Kasrï, Sarà-Sonkor et Fâris-ad-Din 
al-Baki. Ce prince leur donna des fiefs et les combla de marques 
d’honneur. Al-Afdal se rendit à Homs, où sa mère et sa famille se 
trouvaient auprès d’al-Malik-al-Moudjhahid ; al-'Adil entra à 


1. C’est, dit Yâkoüt ( Mo'djam-al-bouldân , tome IV, page 507), la montagne 
qui domine le quartier de Karâfa, où se trouve le cimetièro du Caire et de 
Fostât. Cette montagne s’étend depuis Asvân et l’Abyssinie et elle vient se 
terminer sur les bords du Nil. Dans chacun de ses tronçons, elle porte un nom 
particulier. 

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REVUE DE LORIENT LATIN 


Damas et alla loger dans la citadelle. 11 quitta ensuite cette ville 
se dirigeant sur Ram&h où il vint camper avec ses troupes ; al- 
Malik-al-Mansoûr pourvut à toutes les dépenses de l'armée. Il 
montra son intention de se rendre à Alep, ce qui effraya ath- 
Thahir; toutefois, ce dernier se disposa à se rendre au devant du 
sultan d’Égypte. Il écrivit à al-'Adil, lui envoya des présents 
agréables et le flatta. La paix fut conclue entre les deux princes 
aux conditions suivantes : al-'Adil posséderait l'Égypte, Damas, 
les côtes de la Syrie, Jérusalem, toute la partie des Provinces 
d’Orient qui était en sa puissance ou qui appartenait à ses enfants; 
alh-Thahir aurait Alep et les dépendances de cette ville; Ham&h et 
sa province appartiendraient à al-Malik-al-Mansoùr; Homs, Rah- 
bah \ Tadmor * seraient la propriété d’al-Malik-al-Moudjhàhid ; 


1. Il y a en Orient plusieurs localités du nom de R&hbah : celle dont il est 
question ici est Rahbah-MâlIk-ibn-Taük, qui est séparée de Damas par une dis- 
tance de huit jours de marche et éloignée d’Alepde cinq jours. Elle est à une 
distance de cent farsakhs de Baghdâd, de vingt farsakhs et demi de Rakka. 
Elle se trouve entre cetto dernière ville et Baghdâd, sur la rive de l'Euphrate, 
plus bas que Karkisiyya. On n'y trouvait, au dire de BéladorI, aucun monu- 
ment qui fût antérieur au règne de Mftlik-ibn-Taûk-ibn-’Attâb-al-Tha'libï qui 
vivait sous le Khalifat de l'abbasside al-Ma’moun. L’auteur des Tables astro- 
nomiques souvent citées par Yâkoüt lui attribue les coordonnées : L 60® 15', 
\ 33°. D’après Yâkoüt, on trouve dans le premier livre, dans le second djous y 
de la Bible ( Tôriyya ), que Rahbah a été construite par Nemrod, fils de Koush. 
Ce Màlik-ibn-Tàük était l’un des officiers du khalife abbasside Hàroün-ar- 
Râshid. La ville fut rebâtie, à quelque distance de son ancien emplacement, 
par le prince ayyoubite Shïrkoüh-ibn-Mohammad-ibn-Shîrkoüh-ibn-Shâdl, sul- 
tan de Homs, à quelque distance de l’Euphrate ; c’était une station pour les 
caravanes de l’Irak et de la Syrie ; elle était approvisionnée d’eau par un 
aqueduc dérivé du canal creusé par Sa'ld, fils du khalife omayyade r Abd-al- 
Malik (Yâkoüt et Aboü-’l-Fida, tome II, partie n, page 58). Hadji-Khalifah 
n’ajoute rien d’intéressant sur cette ville. 

2. Dans le Modjam (tome I, page 828), Yâkoüt consacre une longue notice à 
cette ville à laquelle il assigne, sur l’autorité de Ptolémée, la longitude de 
71* 30'; l'auteur des Zidj donne L 63° 15', X 34® 40'. Elle serait nommée d’après 
Tadmor, fille de Hassan, ffls d’Adhlnah, fils de Somaida*, fils de Mazîd, fils 
d’ r Amallk, fils de Loth, fils de Sem. La population de cette ville, qui n’est autre 
que l’ancienne Palmyre, croyait que les innombrables ruines qui se trouvent 
sur tout le sol de cette contrée étaient les restes d’édifices antérieurs à Salo- 
mon et qu’ils avaient été édifiés par les génies. Un nommé Isma'ïl-ibn- 
Mohammad-ibn-Khàlid-ibn-'Abd-Allah-al-Kasrl raconte qu’il se trouvait avec 
l’omayyade Marvân, fils de Mohammad, quand on jeta à bas le mur de Palmyre ; 
on trouva une pierre sur laquelle était représentée une femme assise sur 
un trône; elle était vêtue de sept robes et ses cheveux étaient divisés en sept 
nattes qui étaient attachées aux bracelets d’or qui lui enserraient les chevilles. 
La dimension de cette figure était à peu près d'une coudée. A l’une de ses 
tresses était attachée une feuille d’or sur laquelle étaient gravés ces mots : 
« En ton nom, ô Allah! Je suis Tadmor, fille de Hassan. Qu’AUah fasse tom- 
ber toutes les calamités sur celui qui pénétrera dans cette maison qui est 
mienne ! » Le prince omayyade ordonna d’emporter cette stèle, et Isma’U attri- 
bue à cet ordre la mort de Marvân qui survint très peu de jours après la défaite 
de son armée et la ruine de sa dynastie. Aboû-’l-Fida rapporte dans sa 

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histoire d’égypte de makrizi 


123 


Ba'albek et la province dépendante de cette ville à al-Amdjad ; al- 
Afdal posséderait Soumaîsat ainsi que le pays qui en dépendait, 
et rien d’autre; de plus, al-'Adil serait le sultan de tout le pays *. 
Les princes lui jurèrent d'observer ces conditions, et on fit la 
khofba au nom d’al-'Adil, à Alep, le onzième jour du mois de Djou- 
mada second de cette année. Ce prince donna à al-Afdal, à titre 
de fief, la forteresse de Nadjm *, ainsi que Saroüdj 3 et Soumaîsat; 
puis il envoya son fils al-Malik-al-Ashraf-MothafTar-ad-Din-Moüsa 
pour prendre possession de Harrân, d’ar-Rohâ et des dépendances 
de ces deux villes. Ce prince demeura dans Djazïra *. Al-Malik- 
al-Avhad-Ayyoüb, son frère, s’établit à Myafarkln. Le sultan 
nomma gouverneur de la citadelle de Dja'bar, son fils, al-I.lafith- 
Noür-ad-Din-Arslan ; il installa à Damas son autre fils, al-Malik-al- 
Mo'aththam-Sharaf-ad-Din-'Isâ. Al-'Adil s’en retourna ensuite de 
llamah à Damas, et tous les Ayyoubites se trouvèrent vivre en 
bonne intelligence '. — Cette année, mourut al-Mo'izz-Isma'il-ibn- 
Saif-al-Islam-Thahir-ad-Dïn-Toghatikïn-ibn-Nadjm-ad-Din-Ayyoûb; 
voici quels furent les événements qui amenèrent la mort de ce 
prince : quand il fut devenu souverain du Yémen après son père, 
le shérif 'Abd-AIlah-al-Hosainî se révolta contre lui; 800 de ses 
mamlouks environ se soulevèrent également contre lui et se 
retranchèrent à Sana'â 6 dans l'intention de lui résister. 11 les 


Géographie (tome II, partie i, page 118) que cette localité est à trois étapes 
d’IIoms et de Salamiyya et qu’elle était défendue par une forteresse. On y cul- 
tivait des palmiers et des oliviers. Hadji-Khalifa ne raconte rien de bien inté- 
ressant sur cette ville, mais il nous apprend que son terroir était très nitreux. 

1. Cela revient à dire que tous les princes ayyoubites se considéreraient 
comme les vassaux du sultan d’Égypte ; c’étaient les intentions mêmes de 
Salàh-ad-Dln. 

2. Abou-’l-Fida (tome II, partie n, page 12), raconte que la forteresse de 
Nadjm est tellement élevée qu’elle se perd dans les nuages; elle est très voi- 
sine du pont de Manbadj et distante de Manbadj de vingt-cinq milles. Elle 
s’appelait d’abord forteresse de Manbadj et son nom fut changé dans la suite; 
elle fut construite par le sultan Mahmoüd-ibn-Zangl. Il y a une autre localité 
nommée Nadjm sur le chemin de la Mecque à Sana'â (Idrisi, tome I, page 143). 

3. Yâkoüt ( Mo'djam , tome III, page 85) dit que c’est une ville du Diyâr- 
Modar, et qu’elle est voisine de Harrân ; ses coordonnées sont L 62® 45', X 36®. 
Aboü-’l-Fidà (tome II, partie n, page 52) donne pour coordonnées : L 62° 4# 
ou 62° 15', X 36° 50’ ou 37° 40', et il ajoute qu’elle n'était éloignée d’Harràn et de 
Blra que d’une journée de marche. Elle était en ruines à son époque. Aboü-’l- 
Fidà et Hadji-Khalifa s’accordent pour vanter les productions horticoles de 
Saroüdj : grenades, poires, coings et prunes. 

4. Le Djazïra des géographes musulmans correspond à la Mésopotamie et 
comprend en plus quelques localités situées sur la rive syrienne de l’Euphrate. 

5. Pas pour bien longtemps, comme on ne tardera pas à le voir. 

6. IJ y a plusieurs localités nommées Sana'â en Asie, celle dont il est parlé 
dans le texte de Makrizi se trouve dans le Yémen, elle est distante d”Aden 
de 68 milles. Yâkoüt nous apprend dans le Mo'djam (tome III, page 121) que 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


• 33 r*. battit et les chassa de celte ville. Il prétendit alors se faire adorer 
comme Dieu et il ordonna qu'on écrivît sa correspondance en lui 
donnant ce titre ; il écrivit une lettre qu’il disait envoyée par « Sa 
Divinité ». Il craignit cependant que le peuple ne se souleyât 
contre ces prétentions et il se borna à se faire passer pour kha- 
life ; il affirma qu’il descendait des Omayyades ; il prit des armoi- 
ries vertes et s’habilla avec les vêtements du Khalifat; il fixa la 
longueur des manches à vingt-cinq empans et leur largeur à six. 
Il supprima dans la khotba la mention du nom des Abbassides et 
la fit faire à son propre nom, le vendredi, sur tous les menbers 


cette ville s'appelait primitivement Azâl, d’après ce que disent al-Kalbl et 
Abd-al-Mo'nim. Quand les Abyssins vinrent dans ce pays, ils trouvèrent que 
cette ville était bien bâtie et solidement défendue, et ils dirent : « Elle est 
san'at », ce qui dans leur langue signifiait « c’est une forte place ». Ce serait 
de là que viendrait le nom de Sana'â. 11 ne faut évidemment prendre cette éty- 
mologie que pour ce qu’elle vaut, c’est-à-dire pour peu de chose. D’autres 
étymologistes prétendent qu’elle a reçu son nom de Sana’à-ibn-Azâl-ibn-Yak- 
tân-ibn-Abir-ibn-Shâlikh. C’est la plus grande ville du Yémen et les géogra- 
phes orientaux lui donnent pour coordonnées : L 63° 30', X 14® 30'. On disait 
que ses habitants ont dans la môme année deux hivers et deux étés, tout 
comme ceux de Farân, de Mâribet d’Aden. Quand le soleil entre dans le signe 
du Bélier, la chaleur devient excessive jusqu’à ce qu’il entre dans le Cancer, il 
y a alors une température plus fraîche qui passe dans le Yémen pour un hiver. 
Quand le soleil arrive dans la Balance, il y a un second été, et quand il passe 
dans le Capricorne un second hiver. La ville de Sana'â avait neuf portes et 
aucun étranger ne pouvait les franchir sans permission. Les princes qui 
régnaient à Sana'â avaient pris de grandes précautions pour cela ; il y avait 
à la porte nommée bâb-al hakl des cloches dont le son pouvait s'entendre des 
parties les plus éloignées de la ville. Il y avait une chaîne d’or qui allait depuis 
la porte de la ville jusqu’à l’appartement du chambellan, et quand quelqu’un 
se présentait à la porte, le gardien tirait la chaîne et le chambellan allait aver- 
tir son maitre qui voyait ce qu’il avait à faire. Hadji-Khalifa, dans le Djihàn- 
Numâ , et Kazwlnï, dans le Athar-al-bilad , donnent des renseignements très 
curieux dont j’extrais ce qui suit : on faisait dans cette ville des robes de laine 
à raies blanches et jaunes, des turbans et toutes sortes detolTes pour les 
habits ; le cuir qu’on y préparait était très supérieur à celui qu’on tirait 
d'autres localités. Le palais du roi hymïarite Gamrân se voyait dans les envi- 
rons de Sana'â sur une colline; il avait été bâti par Yahsab l’Himyarite ; il 
était carré, l’une de ses faces était rouge, un côté blanc, un vert, et un jaune. 
Il avait sept étages et on le voyait de trois milles à la ronde. Ce souverain fit 
bâtir tout en haut de ce palais un belvédère de marbre de toutes les couleurs, 
dont le plafond était formé d’une dalle d’une seule pièce; aux quatre coins de 
cette salle, il y avait quatre lions qui rugissaient quand le vent soufflait. Quand 
Osman, troisième khalife des Musulmans, voulut faire démolir ce palais, on 
lui dit qu’il y avait une inscription qui promettait la mort à celui qui agirait 
ainsi ; mais ce prince ne voulut rien écouter. 

Le célèbre Abràha avait fait construire à Sana'â une église splendide, qu’il 
nomma Kalis [ixxXeaîa] et qu’il orna de pierres précieuses et d’or. Il écri- 
vit au roi d’Abyssinie et lui fit savoir qu’il avait bâti cette église pour lui, et 
qu’il avait l’intention de forcer les Arabes à s’y rendre en pèlerinage au lieu 
d’aller au temple de la Mecque. C’est pour venger la profanation de cetto 
église par un Arabe, qu’Abràha entreprit, sa fameuse expédition contre la 
Mecque. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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du Yémen. Quand son oncle al-Malik-al-'Adil apprit ce qu’il fai- 
sait, il lui envoya quelqu’un pour le blâmer d’agir ainsi; mais 
al-Mo’izz ne voulut poiQl écouter les remontrances de son oncle; 
il joignit à cela une conduite répréhensible et professa des 
croyances détestables. Les Mamlouks de son père, indignés par 
ses mœurs, par ses prétentions et par sa cruauté se précipitèrent 
sur lui et le massacrèrent. Ils plantèrent sa tête au bout d’une 
lance et la promenèrent dans les différentes villes du Yémen. Ils 
livrèrent Zabid au pillage durant neuf jours. Ce prince fut mas- 
sacré le quatorzième jour du mois de Radjab de l’année 598. Son 
frère lui succéda ; il se nommait al-Malik-an-Nàsir-Ayyoûb (ou sui- 
vant d'autres Mohammad). Saif-ad-Din-Sonkor fut élevé à la dignité 
d ’Atabek de l’armée de ce prince ; il arriva ensuite au trône. 

Cette année, la disette régnait toujours en Égypte, mais quand 
le Nil monta, le pays fut irrigué et les vivres diminuèrent de prix. 


Année 599. 

Quatrième année du règne du sultan àl-Malik-al-'Adil-Abou- 

Bakr en Égypte \ 

Cette année, les Francs arrivèrent à 'Akka, et les Siciliens se 
mirent en mouvement pour venir attaquer l’Égypte; cinq cents 
cavaliers et cent hommes de pied (sic) arrivèrent d’ Alep pour porter 
secours à al-'Adil, qui se trouvait en ce moment à Damas. Sur ces 
entrefaites, arriva une lettre de Nâsir-ad-Dîn-Mankoüviresh, fils de 
Khoumârtikîn, prince de Sahioûn ; il annonçait que le prince d’Ar- 
ménie était venu camper au Pont de Fer dans l’intention d’aller 
attaquer Antioche; il disait encore que le plus grand nombre des 
Francs était partis d’ 'Akka par mer, qu’il ne restait plus dans la 
place que ceux qui étaient dans l’impossibilité de supporter la tra- 
versée et que les vivres y étaient à un prix fort élevé. 

Cette même année, al-Ashraf-Moûsa, fils d’al-’Adil, mit le siège 
devant Mardin ; il était accompagné d’al-Afdal *. Après quelque 


1. Cette année, dit le kadi Djamàl-ad-Dîn-ibn-Wâsil (Mofarradj-al-kouroub, 
ma. ar. 1702, folio 146 recto), le prince de Ilamâh, al-Malik-al-Mansoür, reçut une 
lettre d’un de ses courtisans, qui était gouverneur de la campagne de Ilamâh 
et qui était parti pour faire le pèlerinage de la Mecque en l'année 598. Cet 
officier lui apprenait l’assassinat d’al-Malik-al-Mo'izz-Ismâ'il-ibn-Salf-al-Islâm- 
Thahîr-ad-Din-Toughan-Tikin-ibn-Ayyoüb et les événements qui s’étaient 
passés dans le Yémen après les tentatives folles de ce prince. Le récit de 
Djamàl-ad-Dln ne diffère pas de celui que l’on vient de lire dans le Soloùk. 

2. Djamâl-ad-Din-ibn-Wasil (ms. ar. 1702, folio 147 recto) dit que l’armée de 
Maüsil vint retrouver les deux princes ayyoubites devant Màrdln, mais qu’ils 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


temps, la paix fut conclue, à cette condition que l’on payerait à 
al-'Adil cent cinquante mille dinars souris , que l’on ferait la 
khofba en son nom dans celte ville et que la monnaie serait frap- 
pée à son chiffre. Al-Ashraf s’en revint ensuite à Harran. 

Cette même année, al-'Adil envoya al-Malik-al-Mansoûr, fils 
d’al-'Azîz, du Caire à ar-Rohâ avec sa mère et ses frères *, à cause 
de la crainte que lui inspiraient les partisans de ce prince — 
Al-'Adil fit construire une ligne de fortifications avancées [uu 
avant-mur] entourant les murailles de Damas, en pierres reliées 
avec du ciment ; il ordonna de creuser le fossé de cette ville et de 
le remplir d’eau. — Un détachement de troupes quitta al-'Adil 
se rendant au Caire pour protéger Damiette contre les attaques 
des Francs. 

Cette même année, les Francs de Tar&bolos, de la Citadelle des 
Kurdes 8 et d’autres villes se mirent en campagne pour tenter un 
coup de main contre Ramâh. Al-Malik-al-Mansour marcha contre 
eux, le troisième jour du mois de Ramadhân et leur livra combat 8 . 
Il les mit en déroule et leur fit des prisonniers et du butin; puis il 
s’en revint victorieux. — On reçut la nouvelle que les Francs 


ne purent s’emparer de cette place importante malgré ce renfort. Ce fut, d’après 
le môme auteur, le sultan al-Malik-ath-Thàhir qui négocia la paix entre les 
deux princes et le seigneur de Mardïn. Al-Malik-ath-Thâhir se fit payer 
ses services 10,000 dinars. 

1. On a vu plus haut qu’Abou’-l-Mahâsin, dans son Histoire d*Egypte inti- 
tulée al-nodjoùm-al-sahirah-fï-moloük-Misr-ica'-l-Kâhirahi place ce fait à une 
date un peu antérieure. Ces divergences ne sont point rares, malheureusement, 
entre le récit de Makrlzt et celui d’Abou’-l-Mahàsin, sans que l’on sache au juste 
auquel des deux historiens il convient d’accorder le plus de confiance. 

2. D’après Djamâl-ad-Din-ibn-Wâsil (ms. ar. 1702, fol. 147 verso), ce fut le 
vingt-cinquième jour du mois de Rabi* second qu’al-Malik-al-Mansoür quitta le 
Caire. Il resta à Edesse avec sa mère et ses frères durant quelque temps, puis 
il se rendit à Alep auprès d’al-Malik-ath-Thâhir qui, au moment de sa mort, lui 
laissa la couronne. 

3. Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil (ibid., folio 148 recto) dit que al-Malik-al-Man- 
soùr alla assiéger la citadelle de Ma'arïn et qu’il demanda à al-Malik-al-'Adil 
de lui envoyer des renforts. Ce souverain ordonna à al-Malik-al-Amdjad-'lzz- 
ad-Din-Bahrâm-Shâh-ibn-Farrouk-Shâh, prince de Ba'lbek, et au prince de 
Homs, al-Malik-al-Modjàhid, d’aller renforcer l’armée d’al-Malik-al-Mansoür. 
Cet historien donne un extrait d’une lettre du sàhib Safî-ad-Dïn-ibn-Shâkir qui 
écrivit à al-Malik-al-Mansoür pour lui annoncer que le sultan d’Égypte avait 
donné ordre aux deux princes de Ba'lbek et de Homs de se rendre auprès de 
lui avec leurs contingents. 

4. Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil (ibid., folio 148 verso) dit que les pertes des 
Francs furent considérables et qu’une partie des prisonniers qu’on leur fit 
furent amenés à Hamàh; leur entrée produisit une joie immense dans la 
population de cette ville. Al-Malik-al-Mansoür écrivit immédiatement à son 
oncle al-Malik-al-*Adil pour lui faire part de cet heureux événement, et le 
souverain égyptien lui répondit par une missive qui lui arriva le dix-huitième 
jour du mois de Ramadan. 

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histoire d'égypte de makrizi 


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étaient arrivés à 'Akkà, par mer au nombre d'environ soixante- 
dix mille et qu'ils voulaient faire alliance avec les Arméniens pour Foi. 53 
lutter contre les Musulmans. Un parti de Chevaliers de THôpital 
sortit de la citadelle des Kurdes * et de Markab 3 dans ce même 


1. D’après Djamâl-ad-Din-ibn-Wâ§il (ibid., folio 149 recto) al-Malik-al-Man- 
$oür, prince de Ham&h, reçut cette nouvelle par un envoyé des chevaliers de 
l’Ordre du Temple; l’objectif des Francs était Djibala et Laodicée ; les Grands- 
Maîtres des Templiers et des Hospitaliers avec le roi des Francs, avaient l’inten- 
tion d’aller trouver le roi d’Arménie, et de rétablir la paix entre lui et le prince 
d’Antioche, dans le but de faire la guerre aux Musulmans. D’après le même 
auteur (folio 149 verso) il y eut une grande bataille entre les Francs et le roi 
de Hongrie; une grande ville fut emportée d’assaut et la population fut passée 
au fil de l’épée; mais on ne tarda pas à apprendre que ces dissensions s’étaient 
apaisées et que les Francs étaient définitivement partis pour la Syrie le jour 
de la fête de la Croix. Les Templiers voulaient, en annonçant ces nouvelles 
à al-Malik-al-Mansoûr, obtenir plus facilement la paix de ce prince, mais il 
n’en fut rien. Presqu’en même temps, le souverain de Hamàh recevait une 
lettre d’al-Malik-aKAdil qui lui annonçait officiellement la marche des Francs. 

2. Nom d’une citadelle très fortement défendue qui domine le rivage de la 
Méditerranée et qui est au-dessus de Boulounyâs. L’historien Aboü-Ghàlib- 
Homân-ibn-al-Mohaddab-al-Ma f arrï raconte dans sa Chronique , qu’en l’année 454, 
les Musulmans construisirent une forteresse nommée Markab ouMorakkab sur 
le rivage de la mer près de Djibala. Tous ceux qui l’avaient vue attestaient qu’il 
n’en existait nulle part une que l’on put lui comparer. Yakout ( Mo'djam - 
al-bouldân , tome IY, page 500). La garnison musulmane offrit aux Grecs ( Roüm ) 
de la leur vendre moyennant le paiement d’une somme considérable. Les Grecs 
envoyèrent à Antioche un homme accompagné de ses deux fils pour toucher 
cette somme, puis la garnison refusa de rendre la place (Yâkoüt, Mo* djam-al- 
bauldàn , tome IY, page 500; Kazwini, Kitàb-athàr-al-bilàd, page 173). Abou’- 
1-Fidà (tome II, partie n, page 32) ajoute qu’elle est à un farsahh environ 
de Boulounyâs et que cette dernière localité est séparée de Tarjous par 
douze milles. 

3. La Citadelle des Kurdes (Ilisn-al-Akrâd), dit Yâkoüt ( Mo*djam~al~boulddn^ 
tome II, page 279), est une forteresse bâtie sur la montagne qui domine Homs 
du côté de l’Occident; cette montagne est une branche du Liban. Elle est située 
entre Ba’lbek et Homs. Un émir syrien avait élevé à cette place une tour 
dans laquelle il avait mis une garnison de Kurdes de façon à en faire un poste 
avancé pour surveiller les Francs, et on permit à ces Kurdes d’y faire venir leurs 
familles. Ces gens trouvèrent qu’ils étaient insuffisamment défendus et ajou- 
tèrent des constructions à ce donjon, de telle sorte que la place ne tarda pas à 
devenir une citadelle imposante. Cependant les Francs étant venus l’assiéger, 
les Kurdes la leur rendirent contre une forte somme et s’en retournèrent dans 
leurs montagnes. Yâkoüt ajoute, dans ce même passage, que le kddi Aboü-’l- 
Hasan-’AlI-ibn-Yoüsouf-al-Shaïbânl rapporte qu'entre Bâlis et Manbadj il 
existait une forteresse nommée Hisn-al-'Adls et une autre nommée Hisn-al- 
Dàviyya, « la citadelle des Templiers », entre Rakka et Alep. Hadji-Khalifa 
donne dans son Djihàn-Numâ une notice qui diffère très sensiblement de celle 
de Yâkoüt et dont j’extrais les quelques renseignements que l’on va lire : 
Cette ville était la capitale de la Syrie avant que cette contrée passât sous la 
domination musulmane. Il parait qu’il y avait, dans un vallon qui en était 
voisin et que l’on nommait Vadi-ar-Rabïl, des fourmis grosses comme des moi- 
neaux. Les Turkomans qui habitent ce pays attachaient sur la tète de leurs 
enfants des tètes de ces fourmis pour les préserver du mauvais œil. Il coulait 
dans le fond de ce vallon une rivière, dont le cours était ombragé par des 
arbres dans lesquels nichaient des rossignols que les habitants capturaient et 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


mois de Ramadhan. Al-Mansoûr marcha contre eux, leur tua beau- 
coup de monde, il leur fit de nombreux prisonniers et le reste prît 
la fuite 1 . 

Cette même année, al-'Adil apprit çu’al-Malik-al-Afdal-'Ali, son 
neveu *, avait écrit aux émirs ; il ordonna alors à son fils al- 
Ashraf d’enlever à ce prince Ra’as-’Ain et Saroûdj. Il écrivit 
ensuite â ath-Thahir de lui prendre la citadelle de Nadjm.Les deux 
princes exécutèrent ces ordres, de telle sorte qu’il ne resta plus 
à al-Afdal autre chose que la ville de Soumaisât. Ce prince envoya 
sa mère à al-’Adil pour intercéder en sa faveur a ; elle vint trou- 
ver le sultan d'Égypte à Damas, mais il ne voulut point écouler 
ses prières et il la renvoya déçue dans ses espérances. C’est un 
événement dans lequel la main d’Allah est bien visible. Lorsque 
Salàh-ad-Dîn vint assiéger Maûsil, deux princesses de la dynastie 
des atàbeks se rendirent auprès de lui, l’une d’elles était la fille 
de Noûr-ad-Dîn-Mahmoûd-ibn-Zengï ; elles le supplièrent de lais- 
ser Maûsil à ’Izz-ad-Dîn-Mas’oud. Mais Salàh-ad-Dîn refusa de leur 
accorder ce qu’elles imploraient de lui et il les renvoya sans 
prendre pitié de leur douleur. Son fils al-Afdal subit le môme 
traitement, et sa mère dut quitter al-'Adil sans en avoir rien pu 
obtenir. Quand al-Afdal apprit que son oncle avait refusé d’accor- 
der ce que lui demandait sa mère, il défendit de faire désormais la 
khofba au nom d’al-'Adil et il substitua à son nom celui du sultan 
Rokn-ad-Din-Solaimàn-ibn-Kilidj-Arslân, le Seldjoukide, prince 
du paysdeRoûm. 

Celte môme année, le Nil subit une très forte crue de telle sorte 
que les denrées baissèrent beaucoup do prix. 

Cette année la dynastie des Hashimites s’éteignit à la Mecque. 


qu'ils allaient vendre à Damas. Près de ce vallon, du côté de Tar&bolos, il y 
a une grotte dans laquelle jaillit une source intermittente dont l'eau coule 
depuis le coucher du soleil jusque vers 8 ou 9 heures du matin; elle diminue 
ensuite jusque vers le coucher du soleil, où elle s’arrête complètement. 

1. Le vingt et unième jour du mois de Ramadhan, dit Djamàl-ad-Din-ibn- 
Wâsil dans le Mofarradj-al-houroüb (ms. ar. 1702, folio 150 recto), les Hospita- 
liers allèrent faire une incursion du côté de Ba'arïn ; ils étaient 500 cavaliers 
et 1400 fantassins, sans compter les turkopouls ; ils avaient en plus avec eux 
des arbalétriers et des tireurs de zambourak. Le chef des turkopouls fut tué 
dans cette bataille ainsi qu'un comte; les Hospitaliers perdirent un grand 
nombre de frères. Les captifs furent conduits à Ham&h. 

2. Al-Malik-al-Afdal avait été, comme on l’a vu t plus haut, Yatabek du 
sultan al-Malik-al-Mansoùr et s’était vu chasser d’Égypte par al-Malik-al- 
*Adil. 

3. Djamâl-ad*Dîn-ibn-Wâsil ( Mofarraâj-abkouroÜb , ms. ar. 1702, folio 150 verso) 
dit que lorsqu'al-Malik-al-Afdal envoya sa mère à al-Malik-al-Mansoür pour 
demander à ce prince d’intercéder en sa faveur auprès du sultan al-Maiik-ai- 
'Adil, cette princesse était accompagnée du kâdi Zaïn-ad-Din. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Khantala-ibn-Kaltada-ibn-Idris-ibn-Moutà se rendit dans celte 
ville venant de Yanbo' *. Mokalhlhar-ibn-'Isâ-ibn-Fala en sortit 
et se rendit à Nakhlah *, où il se fixa et où il mourut en l’an 600. 

Après ces évènements, Mohammad-ibn-Mokaththar se rendit à 
la Mecque, qui fut saccagée et livrée au pillage. Kattada-Aboû- 
’Azîz-ibn-Idris marcha ensuite sur la Mecque où il demeura, et 
son fils après lui, pendant de longues années. 


Année 600. 

Cinquième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Aboü- 
Bakr en Égypte 3 . 

Cette année, la paix fut signée entre al- f Adil et les Francs ; une 

1. Nom d’une ville bien connue du Tihâmah. Hadji-Khalifa dit dans le 
Djihàn-Numâ que c’est une forteresse autour de laquelle se trouvent des champs 
ensemencés ; on y trouve cent soixante-dix sources. Au temps de ce géographe, 
Yanbo f était gouverné par un lieutenant du shérif de la Mecque. C’est là 
qu’étaient Axés les descendants d’Ali, fils d’Aboü-Taiib. On tire de la mon- 
tagne de Ridoua, qui se trouve à l’est de cette localité, et dans laquelle est 
caché le Mahdi des Keïsanis, une pierre qui sert à repasser les rasoirs 
(Aboù’-l-Fidà, Géographie, tome II, partie i, page 119). 

2. Il y a plusieurs localités de ce nom en Asie : Nakhlat-al-Shamiyya, qui 
consiste en deux vallons à deux journées de chemin de la Mecque; Nakhlat- 
Mahmoad, dans le Hidjdjàz, non loin de la Mecque; c’est la première station 
que l’on rencontre quand on sort de cette ville ; enfin Nakhlat-al-Yamâmah 
près de la Nakhlat-al-Shamiyya (Yakoüt, Motif jam-al-bouldân, tome IV, 
page 770-771). 

3. Voici, d’après Rashïd-ad-Din (Djâmi- al-tavàrihh, ms. supp. persan 209, 
folio 116 recto et ssq.), l’histoire résumée des souverains de l’Asie depuis le 
commencement de l’année de la souris, c’est-à-dire le mois de Djoumada 
second de l’année 600, jusqu’à la fin de l’année du cheval {moürin) date cor- 
respondante au mois de Sha'bân 606. 

Dans le Khitai régnait Djîzoün, dans le pays de Mâ-Tchin, Ning-Zoûn; dans 
le Khvârizm, une partie du Khorasân et de Tlrâk, le sultan était 'Alà-ad-Dîn- 
Mohammad-Khvârizmshâh ; son neveu Hindou -Khân se révolta contre lui 
pendant que les souverains du Ghoür l’attaquaient également. Il perdit ainsi 
la plus grande partie du Khorasân, mais à ce moment, la fortune cessa de sou- 
rire aux sultans ghourides, et Shihâb-ad-Din étant venu à mourir, la puissance 
du sultan Mohammad s’en trouva augmentée et il se prépara à reconquérir le 
Khorasân ; il s’empara du Mazenderân et du Kirmàn, et il fit une incursion 
dans le Kiptchâk. En l’année 606, il devint maître de la Transoxiane et il 
conquit Balkh ainsi que la contrée qui environne cette ville. Quand il arriva 
à Hérat, 'Izz-ad-Dîn-Kharmil, qui en était gouverneur, sortit à sa rencontre 
et se rendit sans essayer la moindre résistance. Ghyàth-ad-Dîn-Mahmoüd, 
fils du sultan ghouride Shihâb-ad-Din, ayant voulu attaquer le Khvârizm- 
shàh, fut défait et son armée fut anéantie. 

Quand f Alâ-ad-Dln-Mohammad arriva à Balkh, les gouverneurs des citadelles 
se rendirent auprès de lui et lui en remirent les clefs ; il reconquit ainsi le 
Khorâsân et il donna sa fille en mariage au sultan Othmàn de Samarkande. 

R*v. db l’Or, latik. T. IX. 9 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


trôve fut conclue entre les deux partis et les armées se dislo- 
quèrent. Le fils de Laon [Léon I* r , roi de la Petite Arménie], vint 


Le sultan du pays de Roûm était Rokn-ad-Dîn-Solaîmân-ibn-Kilidj-Arslàn. 
Il assiégea durant un certain temps son neveu, le prince d’ Angora, dans la 
citadelle de cette ville, mais il ne put arriver à s’en emparer ; à la fln, il fut 
convenu qu’il donnerait à son neveu une autre ville en échange, et il devint 
ainsi maître d’Angora; mais à peine en eut-il pris possession qu’il envoya une 
armée à la poursuite de son neveu qui fut tué, ainsi que tous ses frères et ses 
fils. En punition d’une telle violation de la foi jurée, au bout de cinq jours il 
fut pris d’une maladie d’intestins, et il mourut le septième jour. Les émirs pla- 
cèrent sur le trône son fils Kilidj-Arslân, et, au mois de Radjab de l’année 602, 
Ghyàth-ad-Dîn-Kaî-Khosrav-ibn-Kilidj-Arslàn déposséda son neveu Kilidj- 
Arslân-ibn-Solalmân. Voici quelle en fut la cause : avant cette époque la ville 
de Kôniah appartenait à Ghyàth-ad-Dîn et Rokn-ad-Dîn-Solaïmân la lui avait 
enlevée. Le prince dépossédé s’enfuit en Syrie et se réfugia auprès du sultan 
d’Alep, al-Malik-ath-Thàhir, auquel il demanda secours. Le sultan le lui ayant 
refusé, il se rendit à Constantinople dont le souverain le reçut avec les plus 
grands honneurs et lui donna un fief dans son empire. Ghyàth-ad-Dîn se fixa 
dans ce pays, et il demanda en mariage la fille d’un des grands dignitaires. 
Quand les Francs se furent emparés de Constantinople, il prit la fuite et il 
demeura dans une forteresse qui se trouve en Asie-Mineure. Après la mort de 
son frère Rokn-ad-Dîn-Solaîmân-ibn-Kilidj-Arslân, lorsque les émirs eurent 
prêté serment au fils de celui-ci, Kilidj-Àrslân, un des émirs des Oüdj se révolta 
contre le nouveau souverain et envoya un message à Ghyâtli-ad-Dîn, dans 
lequel il lui disait : « Si tu veux venir, je m’emparerai de l’empire pour ton 
compte ». Ghyàth-ad-Dîn vint et attaqua Kôniah avec une armée considérable. 
Le fils de Rokn-ad-Dîn se trouvait dans cette ville; il en sortit pour livrer 
combat à Ghyàth-ad-Dîn, qui fut battu. Mais les gens d’Akséraî chassèrent 
leur prince et reconnurent Ghyàth-ad-Dîn comme souverain ; ils persuadèrent 
à ceux de Kôniah qu’il serait plus avantageux de l’avoir pour sultan que 
Kilidj-Arslân. Quand il fut monté sur le trône, il s’empara de son neveu et 
de ses partisans et les fit emprisonner. Son frère Kaîsar-Shâh était prince 
de Malatiyya, et Rokn-ad-Dîn lui avait enlevé sa principauté ; il s’était enfui 
à Damas, où il avait épousé la fille d’al-Malik-al-'Adil. Quand il apprit les 
succès de son frère, il vint se joindre à lui; mais ce prince ne lui rendit pas 
Malatiyya. Ghyâth-ad-Dïn étendit ses conquêtes jusqu’à Êdesse et al-Malik- 
al-Afdal, prince de Soumaisat, et le prince de Khartapirt faisaient réciter la 
prière du vendredi ( khotba ) en son nom. 

Dans le Ghoür, à Ghazna et dans une partie de l’Hindoustan régnait le sul- 
tan Shihàb-ad-Dln. Au mois de Moharram de l’année 602, il livra combat aux 
Benl-Koükar. Voici quelle en était la cause : quand Shihàb-ad-Dln s’enfuit 
devant les troupes du Kara-Khitâî qui étaient venues au secours du sultan 
Mohammad Khvârizmshâli, on répandit partout le bruit qu’il était mort. Le 
fils de Danyàl, qui était prince de Kohdjoüdï, près de Sérendib (Ceylan), et qui 
avait été musulman, était ensuite retourné à l’idolâtrie ; les Béni-Koûkar qui 
étaient les vassaux de Danyàl l’imitèrent, se révoltèrent contre le sultan 
ghouride et se livrèrent au brigandage le plus éhonté. Quand Sliihàb-ad-Dîn 
fut parvenu à soumettre l'un de ses officiers, Aïbek, qui s’était emparé du 
Moultân, il donna la vice-royauté de Lahore et du Moültân à Mohammad-ibn- 
Aboü-'Ali en le chargeant de lui envoyer deux années du revenu de ces pays 
pour qu’il pût attaquer le Khitàï. Ce général l’avertit que les Béni-Koùkar 
infestaient les routes et qu’ils se livraient au brigandage, de telle sorte qu’il 
était absolument impossible d’envoyer de l’argent de Lahore et du Moultân. 
Le sultan Shihnb-ad-Dïn envoya alors contre eux l’un de ses officiers Kotb-ad- 
Dîn-Aïbek, commandant de l’armée de l’Hindoustan, mais ils l'empèchèrcnt 
de passer, de telle sorte que le sultan ne put entreprendre, faute d’argent, son 

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histoire d’égypte de makrizi 


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mettre le siège devant Antioche; il livra plusieurs assauts à la 
place et bloqua le prince dans sa citadelle ; al-Malik-ath-Thahir 
sortit d’Alep pour marcher à son secours, et le fils de Laon leva 
le siège. 

Cette même année, al-Ashraf tomba sur l'armée de Mausil, 


expédition contre le Khitâï. Le cinquième jour du mois de Rabï f premier de 
l’année 602, il se mit lui-même en route pour aller combattre les Béni-Koùkar; 
le vingt-cinq du mois de RabT second, il arriva sur eux et un violent combat 
s’engagea, qui dura depuis l’aurore jusqu’à la seconde prière. Soudain Kotb-ad- 
Din-Aïbek tomba sur eux avec son armée et les culbuta; ils se débandèrent et 
un grand nombre d’entre eux furent tués. Les Hindous se réfugièrent près 
d’une haute montagne, ils y allumèrent de grands feux et quand les Musul- 
mans s’approchèrent, ils s’y jetèrent, de telle sorte qu’ils périrent tous brûlés. 
L’armée musulmane fit un si grand butin que cinq prisonniers hindous se 
vendaient pour un dinar. Quand le fils de Koükar vit que ses frères et ses 
sujets s’étaient brûlés vifs, il prit la fuite; mais le fils de Danyâl, prince de 
Djoudi, se rendit à discrétion à Kotb-ad-Dïn. Le sultan resta àLahore jusqu’au 
onzième jour de Radjab, après quoi, il s’en retourna à Ghazna; il envoya 
quelqu’un à Bahâ-ad-Dïn-Sâm, prince de Bamiyân, pour le prier de mobiliser 
son armée dans le but d’aller attaquer Samarkand. Le sultan Shihâb-ad-Din 
s’étant rendu sur les bords du Sind, dans une localité que l’on appelle Damil, 
y fit élever un pavillon dont une moitié était bâtie sur le fleuve ; il y fut assas- 
siné par des Hindous qui sortirent tout à coup du fleuve, au moment où il 
faisait la sieste et qui lui lancèrent près de vingt poignards. La mort du sul- 
tan ghouride fut cachée le plus longtemps possible, et, quand il n’y eut plus 
moyen de la dissimuler, les émirs se disputèrent pour savoir qui mettre sur 
le trône. Les uns proposèrent Bahà-ad-Dïn, prince de Bamiyân, d’autres 
Ghyàth-ad-Dïn-Mahmoüd, fils du sultan Ghyàth-ad-Dln... Bahâ-ad-Dîn-Sâm, 
prince de Bamiyân, était fils de Shams-ad-Dïn-Mohammad-ibn-Màs'oüd, cou- 
sin des deux sultans Ghyâth-ad-Din et Shihàb-ad-Din qui lui avaient donné 
leur sœur en mariage avec Bàmiyàn comme fief; il en eut un fils qu’il nomma 
Sâm et qui reçut le titre de Bahà-ad-Dïn; ce prince eut pour successeur un 
autre fils, f Abbàs, qu’il avait eu d’une femme turque. Cela déplut aux deux 
sultans qui déposèrent 'Abbas et qui donnèrent à leur neveu, en même temps 
que le titre de Bahà-ad-Dïn, la principauté de Bâmiyàn. A la mort de Shihàb- 
ad-Dïn, plusieurs princes ghourides se déclarèrent pour lui et le choisirent 
comme sultan de Ghazna, tandis que les esclaves turcs donnaient leur préfé- 
rence à Ghyâth-ad-Dïn-Mahmoûd, fils du sultan Ghyâth-ad-Din. Les Ghourides 
envoyèrent chercher leur candidat, mais quand il fut arrivé à deux jours de 
marche de Ghazna, il se sentit atteint de telles douleurs dans la tête qu’il 
comprit qu’il était perdu. Il fit venir ses deux fils 'Alà-ad-Dïn et Djalàl-ad-Dïn, 
et il leur dit : « Allez à Ghazna, c’est Alà-ad-Din qui doit me succéder, arran- 
gez-vous avec Ghyâth-ad-Din-Mahmoud, de telle sorte qu’il soit maître du 
Ghoür et du Khorâsàn, tandis qu’ f Alâ-ad-Dïn régnera à Ghazna et dans l’Inde. » 
Après la mort de Bahà-ad-Dïn, Karadja s’empara du Sind, de Lahore et du 
Moûltân; Tâdj-ad-Din-Yoüldoûz se rendit maître du Zavoulistan. Hérat et 
Fïroüzkoûh devinrent sujettes de l’émir Mahmoud, fils du sultan Ghyâth-ad- 
Dïn; quant à l’émir 'Izz-ad-Din-Hosaïn-Kharmil, gouverneur de Hérat, il 
passa au service du sultan Mohammad-Khvârizmshâh. 

Dans rirâk-i- f Adjam, régnait Koukdjèh, à Reï et Hamadhàn ; Djihân-Pehlc- 
vân avait eu un autre esclave, nommé Itgamish, qui réunit une armée et livra 
bataille à Koukdjèh ; ce dernier fut tué et Itghamish s’empara de ses états; il 
mit sur le trône Euzbek, petit-fils de Djilian-Pehlevan, mais il garda tout le 
pouvoir pour lui. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


la mit en déroute et vint assiéger la ville *. Le sultan Noür- 
ad-Dîn-Arslan-Shah-ibn - Mas'oûd-ibn-Maudoûd-ibn-'Imad-ad-Dîn- 
Zangî, Yaîàbek, fils d’Ak-Sonkor, entra en campagne et mit le 

pays à feu et sang * ; 

il envoya annoncer cette bonne nouvelle à son père al-'Adil. 
Cette victoire enorgueillit le sultan et lui inspira une grande joie. 

1. Voici d’après Djaraâl-ad-Dïn-ibn-Wasil ( Mofarradj-al-houroüb , ms.ar. 1702, 
folio 151 verso) le récit do ces événements : Kotb-ad-Dïn-Mohammad-ibn- 
'Imàd-ad-Dïn-ibn-Zangï se querella avec Noür-ad-Dïn-Arslân-Shàh-ibn- 
Mas'oud, prince de Maüsil; mais au bout de quelque temps, il se remit avec lui, 
Cette même année, al-Malik-al-'Adil envoya une ambassade à Kotb-ad-Dïn 
pour le flatter. Kotb-ad-Dïn fit réciter la hhotba au nom d’al-Adil et se mon- 
tra prêt à se considérer comme son vassal; cela mit Noür-ad-Dïn-Arslân-Shâh- 
ibn-Mas'oud dans une colère impossible à décrire et il marcha immédiatement, 
dans les derniers jours du mois de Shavval, sur Nisïbîn; il s’empara de la 
ville et assiégea la citadelle durant quelques jours. 

Pendant qu’il était occupé au siège de cette place forte, il apprit que Mo- 
thaffar-ad-Dïn-Koukboürï-ibn-Zaïn-ad-Dïn-'Alï-Kutchuk, prince d’Arbèles 
(Irbil), venait de faire une expédition contre la ville de Maüsil et qu’il avait 
brûlé toutes les récoltes des campagnes environnantes. Dès qu’il eut reçu 
cette nouvelle, il rentra à Maüsil, dans l’intention d’aller attaquer Arbèles; 
cette nouvelle n’était pas exacte sous cette forme; dès qu’il fut arrivé à Maü- 
sil, il repartit pour aller attaquer Tell-'Afar qui faisait partie des états de 
Kotb-ad-Dïn et il l’assiégea pendant trois jours, au bout desquels il s’en em- 
para. Il régla les affaires de cette ville, et après y avoir demeuré pendant dix- 
sept jours, il s’en retourna à Maüsil. Kotb-ad-Dïn, prince de Sindjâr, envoya 
demander du secours à al-Malik-al-Ashraf. Ce prince partit d’Harrân pour se 
rendre vers lui; Kotb-ad-Dïn fit alliance avec Mouvaffik-ad-Dïn, prince d’Ar- 
bèles, et avec les princes d'Amid et de Djézireh. Al-Malik-al-Ashraf arriva 
devant Nisïbîn, et il fut rejoint sous les murs de cette place par son frère al- 
Malik-al-Avhad-Nadjm-ad-Dïn, prince de Miyàfârkïn, et par le prince de Dârâ. 
Les princes se mirent en marche dans l’intention d’aller attaquer Maüsil. Le 
sultan qui régnait dans cette ville, Noür-ad-Dïn, marcha contre eux avec son 
armée et les rencontra près d’un village qui se nomme Boushira. Noür-ad-Dïn 
fut écrasé, son armée anéantie et il se réfugia dans Maüsil n’ayant plus avec 
lui que quatre personnes. Al-Malik-al-Ashraf continua sa route vers Maüsil et 
vint camper près d’une localité appelée Kafarraân ; son armée mit tout le pays 
environnant à feu et à sang. 

Parmi les princes qui se trouvaient dans l’armée d’al-Malik-al-Ashraf, il y 
avait le souverain d’Alep, al-Malik-ath-Thàhir et al-Malik-az-Zâhir-Nadjm-ad- 
Dïn-Dâoüd-ibn-al-Malik-al-Nâsir-Salâh-ad-Dïn, prince de Blrah. Al-Malik-al- 
Ashraf et Noür-ad*Dïn-Arslàn-Shâh échangèrent plusieurs ambassades pour 
conclure la paix, mais al-Malik-al-Ashraf n’y voulut point consentir à moins 
que Tell-'Afar ne revint à Kotb-ad-Dïn, prince de Sindjâr. Noür-ad-Dïn fut 
obligé d’en passer par cette condition. 

2. 11 y a certainement ici une lacune dans le texte du Souloûh , ce qui rend 
cette phrase incompréhensible et ce qui pourrait faire croire que Noür-ad-Dïn 
était fils du sultan d’Égypte, il faut évidemment restituer : « fils d’Ak-Sonkor, 
entra en campagne, al-Malik-al-Ashraf l’attaqua, le battit, mit le pays à feu et 
à sang... ». On sait en effet que Kotb-ad-Dïn-Mohammad, fils de Zengi, et 
prince de Sindjâr, ayant fait faire la hhotba dans ses états au nom du sultan 
d’Égypte, fut attaqué par son cousin Noür-ad-Dîn-Arslàn-Shâh qui lui enleva 
Nisibe. C’est alors qu’al-'Adii envoya à Kotb-ad-Dïn une armée sous le com- 
mandement de son fils al-Ashraf et que Noür-ad-Dïn fut tellement battu qu’il 
rentra à Maüsil avec quatre hommes. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Cette année, les Francs prirent la ville de Constantinople aux 
Grecs. — Les Francs se réunirent de tous les côtés à 'Akkà dans 
l’intention de s'emparer de Jérusalem ; al-'Adil partit de Damas 
et écrivit aux autres rois pour leur demander des secours. Il vint 
camper prés de Tour, localité située à une faible distance d’’Akkâ. Foi. hc. 
L’armée des Francs était à Mardj-'Akkâ ; ils allèrent faire une 
expédition contre Kafr-Kià, firent prisonniers tous ceux qui s’y 
trouvaient et saccagèrent cette localité. L’année se termina sur 
ces entrefaites, les choses se trouvant dans cet état. 

Cette année, mourut Rokn-ad-Din-Solaim&D-ibn-Kilîdj-Arsl&n- 
ibn-Mas'oûd-ibn-Kilidj-Arslan-ibn-SoIaiman-ibn - Kotloûmish-ibn- 
ArsIân-ibn-Saldjoük, souverain du pays de Roûm, le sixième jour 
du mois de Dhou’-l*Ka'ada *. Après lui, régna son fils Tzz-ad-Din-Ki- 
lidj-Arslan, qui était en bas âge et qui ne fit que passer sur le trône. 

Cette même année, al-Ashraf, fils d’al-’Adil retourna à Harrân 
sur l’ordre de son père ; al-’Adil avait l’intention de s’en retour- 
ner en Egypte ; son fils, al-’ Ashraf vint alors le trouver, puis il 
s’en revint à Harrân *. 

Cette année, la flotte des Francs fit une campagne contre 
l’Égypte, et elle entra dans le Nil du côté de Rashid 3 ; elle arriva 
à al-Fouvva 4 où elle séjourna durant cinq jours occupée à tout 
piller; l’armée (musulmane) se trouvait en face de la flotte 
franque, mais elle ne pouvait arriver jusqu’à elle pour la détruire. 

— L’émir Baha-ad-Dîn-Karâkoùsh-al-Mothaffari attaqua le pays du 
Maghreb, il fut fait prisonnier et on le conduisit à Ibn-’Abd-al- 
Mou’min. — Il y eut un violent tremblement de terre qui s’étendit 
à la plus grande partie de l’Égypte, de la Syrie, du Djazirah, du 


1. Djamàl-ad-Din-ibn-\Vasil dit dans le Mofarradj-al-kotiroüb (Bibl. Nat., 
ms. ar. 1702, folio 153 recto) que ce prince mourut des suites d’un dérange- 
ment d’entrailles qui lui dura pendant sept jours consécutifs. 

2. Al-Malik-al-Mansoür, dit Djamâl-ad-Dln (ms. ar. 1702, folio 154 r*). avait 
demandé des secours àal-Malik-al-Mo'aththam-*Isâ, fils d’al-'Adil, qui se trou- 
vait à Damas et qui gouvernait cette ville au nom de son père ; il lui envoya 
une armée. A plusieurs reprises, al-Malik-al-Mansoûr et les Francs s’envoyè- 
rent des plénipotentiaires pour traiter de la paix; sur ces entrefaites, al-Man- 
soûr se rendit en Égypte ; il avait très grand peur d’al-Malik-al-'Adil, mais, 
quand il arriva au Kaire, le sultan le reçut très bien et le retint auprès de lui 
pendant un mois. 

3. La ville moderne de Rosette, dont Yâkoüt ( MocTjam-al-boulddn , tome II, 
page 781) dit que c’est une petite localité située sur le bord de la mer et du Nil 
près d’Alexandrie. Aboü-’l-Fidâ, plus complet (tome II, partie i, page 159), dit 
qu’elle est à dix-huit milles de la mer et à trente-six d’Alexandrie. D’après 
Idrisi (tome I, page 326), c’était une ville très commerçante et dont la cam- 
pagne produisait beaucoup de légumes. 

4. Nom d’une petite ville éloignée de cinq ou six farsahhs de la mer, sur le 
Nil. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


pays de Roûm, de la Sicile, de Chypre, de Maüsil, de T'Irâk, et 
qui atteignit Ceuta dans le Maghreb. 


Année 601. 

Sixième année du règne du sultan al-Màlik-al-'Adil- 
Abou-Bakr en Égypte. 

Celte année, la paix fut conclue entre al-Malik-al-'Adil et les 
Francs, et la trôve fut fixée pour un certain temps. Les Francs 
stipulèrent que Jaffa leur appartiendrait et que Lydda et Ramla 
seraient partagés par moitié entre les Musulmans et eux. Al- 
Malik-al-'Adil y consentit et les armées se disloquèrent. Al-'Adil 
partit pour le Caire et il descendit dans le Palais du Vizirat ; son 
fils al-Kâmil resta au Château de la Montagne et continua à 
s’occuper du gouvernement de l’Égypte. — Cette année, mourut 
l’émir 'Izz-ad-Din-Ibrahîm-ibn-al-Djouvaïni, vàtï du Caire, à la fin 
du mois de Djoum&da premier. — On reçut la nouvelle que les 
Francs s’étaient emparés de Constantinople \ — Les Chevaliers 


1. L’historien persan Rashid-ad-Dïn raconte ce qui suit dans la Djamf-at - 
tewarikhy ms. supp. Persan 205, fol. 118 verso : « A cette époque, les Francs 
s’emparèrent de Constantinople dont ils firent prisonnier le roi, qui était un 
descendant des anciens Césars. Voici quelle avait été la cause de ce conflit. 
L’empereur grec ( malik-ar-Roùm ) avait épousé la sœur du roi de France 
(malik-i-Ifrânsisi) qui est l’un des plus grands souverains des Francs ( moloük - 
i-Frànk) et en avait eu un fils. Quelque temps après, le frère de l’empereur 
grec, qui était par conséquent l’oncle de cet enfant, fit prisonnier l’empereur, 
le fit aveugler et le jeta dans un cachot. Le fils de l’empereur prit la fuite et 
alla trouver son (autre) oncle (le roi de France, fils de celui qui avait marié 
sa fille à l’empereur Grec). A cette époque, la plus grande partie de l’armée 
franque était assemblée pour aller faire la conquête de Jérusalem, de la 
Syrie et de l’Égypte. Quand les Francs apprirent ce qui s’était passé, ils réso- 
lurent d’aider le jeune prince et le conduisirent à Constantinople. Quand ils 
arrivèrent devant cette ville, son oncle sortit avec son armée, mais les Grecs 
furent complètement défaits et l’empereur grec se réfugia dans sa capitale. 
Les Francs mirent alors le siège devant Constantinople, et des partisans du 
jeune prince qui s’y trouvaient mirent le feu dans la ville, de telle façon que 
les gens furent occupés à éteindre l’incendie. Pendant ce temps, ils ouvrirent 
l’une des portes par laquelle les Francs pénétrèrent. L’empereur grec prit 
la fuite et son neveu monta sur le trône, après quoi son père fut délivré. 
Pour prix de leurs services, les Francs demandèrent de telles sommes d’argent 
qu’on leur donna jusqu'aux ornements des églises et que, malgré cela, ils ne 
furent pas contents. 

Les Grecs tuèrent ensuite le jeune empereur, chassèrent les Francs et fer- 
mèrent les portes de Constantinople. Les Francs commencèrent le siège de 
cette ville, et les Grecs envoyèrent demander du secours au sultan du pays de 
Roûm, Kilidj-Arslàn ; mais celui-ci ne put leur en envoyer et leur situation 
devint désespérée. Comme Constantinople est une très grande ville, il y avait 
près d’un millier de Francs qui y habitaient. Ils s’entendirent avec les Francs 

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histoire d’égypte de makrizi 


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francs de l’Hôpital, dont la trêve venait d’expirer, firent une 
incursion contre Hamàh, en très grand nombre ; ils mirent le pays 
à feu et à sang, puis ils s’en retournèrent chez eux. — Al-Malik- 
al-Mansoûr, prince de Hamàh, vint trouver son oncle al-Malik-al- 
'Adil au Caire; ce prince fut très content de la venue de son 
neveu et le combla d’honneurs. Après quelques jours, al-Mansoûr 
s’en retourna. — Les Francs firent une expédition contre Homs, ils 
y tuèrent et firent prisonniers beaucoup de personnes; al-Malik- 
al-’Adil sortit du Caire et vint à la Birkat-al-Djubb ; puis il s’en 
retourna au Caire. — Les Francs de Taràbolos allèrent faire une 
expédition contre Djibala et Laodicée; ils y tuèrent un grand 
nombre de Musulmans et s'emparèrent de nombreuses dépouilles 
ainsi que d’un butin considérable. 

Cette année, le sâhib Safi-ad-Dîn-'Abd-AUah-ibn-Shâkir com- 
mença à exciter al-Malik-al-’Adil contre Aboû-Mohammad-Mokh- 
tar-ibn-Abï-Mohammad-ibn-Mokhtar, connu sous le nom de A-âcfi de 
Dàrà, vizir d’al-Malik-al-Kâmil, dans l’espérance d’attraper sa Foi. 54 v. 
place ; al-Kàmil prit peur de son vizir et lui donna l’ordre de quit- 
ter l’Égypte avec ses deux fils Fakhr-ad-Dîn et Shihab-ad-Din. Ils 
se rendirent à Alep, où al-Malik-ath-Thahir les reçut en leur 
témoignant beaucoup d’honneurs. Le vizir reçut ensuite une 
lettre d’al-Malik-al-Kâmil le rappelant au Caire. Il partit alors 
d’Alep et il s’arrêta è la « Source Bénie », en dehors d’Alep ; on 
était alors dans la vingt-quatrième nuit du mois de Dhoü-’l-Ka'ada. 

Il fut tout à coup, en pleine nuit, entouré par près de cinquante 
cavaliers qui l’attaquèrent et qui le tuèrent. Ces brigands crièrent 
à ses domestiques : « Gardez votre argent, car ce n’est qu’à votre 
maître que nous en voulons! » Al-Malik-atb-Thâhir apprit cet 
événement et en fut abasourdi. Il monta à cheval pour aller 
voir de ses propres yeux le lieu où le drame s’était passé; il 


qui en faisaient le siège et mirent le feu à la ville, de telle sorte qu’un quart 
brûla; en même temps, ils ouvrirent les portes et les Francs entrèrent; ils 
livrèrent la ville au pillage pendant trois jours. Un certain nombre de Grecs 
se réfugièrent dans une grande église ; les Francs l'ayant attaquée, les évê- 
ques, les prêtres, les moines s’avancèrent avec les Évangiles et la Croix pour 
implorer leur pitié, mais ils ne voulurent rien entendre et les massacrèrent 
tous. Il y avait trois rois des Francs, le duc (duks) prince de Laodicée, qui 
commandait la flotte et qui était aveugle, de telle sorte que quand il montait 
à cheval quelqu’un tenait les rênes de l’animal pour le diriger; le marquis, 
lieutenant du roi de France (markis mokaddam-i-malik-i-fransï$i) et le comte 
Efkend. » — Il s’agit ici du doge de Venise, Henri Dandolo, et nullement du 
prince de Laodicée dont le nom est cependant bien lisible dans le manuscrit; 
à la place de Làdakla, il faut évidemment lire Bandakïa; Efkend est certaine- 
ment une déformation paléographique, d’ailleurs difficilement explicable du 
nom de Beaudouin. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


envoya des soldats sur tous les chemins, mais on ne put découvrir 
les meurtriers. Cette aventure est l’une des plus extraordinaires 
qui soient connues. 


Année 602 *. 

Septième année du règne d’àl-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr 
en Égypte. 

Celte année, on emprisonna Yousiàd Aboü-’l-Makàrïm-ibn- 
Mohaddï-ibn-Mammàtï, sahib-divàn, au mois de Djoumada second 
et on le pendit parles pieds. — Cette même année on emprisonna 
l’émir 'Abd-al-Karim, frère du kàdï al-Fadil, et on lui fit signer une 
obligation de vingt mille dinars, qu’il fut obligé de payer ; on prit 
à Ibn-Koraish cinq mille dinars. — Cette année, Tadj-ad-Din-ibn- 
Ka aki remplit les fonctions de chef du divan de l’armée. — Cette 
même année, le sâhib Çafi-ad-Dïn-'Abd-Allah-ibn-'AU-ibn-Shakir 
fut destitué des fonctions qu’il remplissait dans le divan. 


1. L’auteur de la Tarikh-i-elfi raconte ce qui suit sous la rubrique de 
l’année 591 de la rihlah (ms. supp. persan, 188 folio 278 recto) : 

Cette année, parut un Alide, nommé 'Abd-Allah-ibn-Hamza-'Alavi, qui réunit 
un fort parti autour de lui et qui prétendit à la souveraineté; il s’empara de 
plusieurs provinces et les cavaliers de son armée étaient au nombre de 
12,000, quant à ses fantassins ils étaient en nombre incalculable. Lorsque le 
souverain du Yémen, al-Mo’izz-ibn-Isma'il-ibn-Salf-al-Islâm-ibn-Toghatikîn- 
ibn-Ayyoüb, apprit cela, il fut saisi d’une vive frayeur et il craignit de perdre 
la couronne, car la plupart de ses émirs avaient envie d’embrasser le parti de 
cet Alide. Les choses en arrivèrent à ce point que les armées de Mo'izz-ibn- 
Isma'il et celles de l’Alide se trouvaient distantes de trois étapes, quand une 
nuit, un orage terrible éclata, tel que pas un soldat de l’armée de l’Alide ne 
put se sauver. A peine Mo'izz-ibnrlsma'il en eut-il été informé, qu’il monta à 
cheval et qu’il se rendit au camp de l’ Alide, où il vit six mille cadavres qui 
avaient été foudroyés. Il s’en retourna ensuite dans ses états et fut délivré 
de la crainte de se voir déposséder. 

Cette môme année, dit Djamâl-ad-Dln (ms. ar. 1702, folio 154 v°), le sultan 
d’Alep, al-Malik-ath-Thâhir, envoya une. armée à Markab sous le comman- 
dement de Moubâriz-ad-Dln-Akdjâ ; les troupes du prince d’Alep étaient sur 
le point d’emporter la ville quand leur général fut tué, elles s’en revinrent alors 
à Alep. — Le onzième jour du mois de Shavval, un enfant naquit à al-Malik- 
ath-Thàhir, prince d’Alep; il reçut le nom d’al-Malik-as-Sàlih-Ahmad. Un peu 
avant, un autre enfant lui était né; il fut nommé Yoüsouf; sa mère était la 
cousine d’ath-Thâhir, Ghàzyat-Khâtoün, fille d’al-Malik-al-'Adil. Cet enfant 
mourut jeune et sa mère, Ghàzyat-Khâtoün, ne tarda pas à le suivre au tom- 
beau. — Al-Malik-al-Modjàhid-Asad-ad-Dïn, prince de Homs, fit une expé- 
dition contre les Francs et poussa jusqu’à la citadelle des Kurdes (Hisn-al- 
Akrad ); ses troupes y firent un butin considérable. 

Les événements importants de l’année 602 s’étant presque tous passés à 
Alep, on en trouvera le récit dans l’Histoire d’Alep de Kamàl-ad-Din. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Année 603. 

Huitième année du règne d’al-Malik-àl-'Adil-Abou-Bàkr 
en Égypte. 

Cette année, les incursions des Francs dans les pays musulmans 
se multiplièrent. Al-Malik-al-'Adil se rendit à 'Abbasa et s’en 
revint ensuite à Damas. Après cela, il se rendit à Homs, et les 
troupes vinrent le rejoindre de tous côtés, de telle sorte que des 
dizaines de milliers d’hommes se trouvèrent réunis autour de lui. 

On comprit alors qu’il voulait marcher sur Tarâbolos. Quand le 
mois de Ramadan fut terminé, il se dirigea du côté de la Citadelle 
des Kurdes et vint mettre le siège devant celte place ; il y fit cinq 
cents prisonniers et beaucoup de butin ; il s’empara également 
d’une autre citadelle. Il vint ensuite mettre le siège devant Taràbo- 
los, et les troupes allèrent piller les villages qui dépendent de 
cette ville; il y resta jusqu’au mois de Dhoû’-l-Hidjdjah et s’en 
retourna ensuite à Homs. Les troupes ayant trouvé le temps long, 
il envoya à Tarabolos des députés pour traiter de la paix avec les 
Francs ; il envoya de l’argent, trois cents prisonniers et un grand 
nombre de présents. La paix fut conclue le dernier jour du mois 
de Dhoû-’l-Hidjdjah. 

Cette année, al-’Adil et son neveu al-Mâlik-ath-Th&hir, prince 
d’Alep, se brouillèrent; les deux princes échangèrent des ambas- 
sades jusqu’à ce que leur querelle fut apaisée; chacun d’eux prêta 
serment à l’autre. — Durant ce temps, al-Malik-al-'Adil fit plu- 
sieurs expéditions contre les citadelles des Francs. 

Cette année, le sultan destitua le sâhib Ibn-Shakir-al-Badri-ibn- 
al-Abiad, kâdt de l'armée et il donna cette place à Nadjm-ad- 
Din-Khalil - ibn- al-Masmoüdi-al-Hamavî-'Abd-ar-Rahman-ibn - Sa- 
lama, fcâdï d’Alexandrie, le mercredi huitième jour de Safar. 

Celte année on expulsa d’Égypte al-Ashraf-ibn-'Othman, et son p 0 i. 55 r*. 
frère 'Alam-al-Moulk fut mis en prison. La mère d’al-Malik-al- 
Mo'aththam, fils d’al-’Adil, mourut à Damas, le vendredi ving- 
tième jour du mois de Rabi' premier, et elle fut enterrée au pied 
du mont Kasyoün *. 

1. Cette année, dit l’auteur de l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie (ms. 
arabe 302, page 291), Allah empêcha le Nil de monter sur la terre d’Egypte, de 
telle sorte que tout fut brûlé depuis la tour d’Asouan jusqu'à la tour de 
Damiette. La hauteur mesurée au nilomètre ( mikias ) fut seulement de treize 
coudées et huit doigts. Le pays fut desséché, la famine éclata et les gens 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Année 604. 

Neuvième année du règne d’al-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr 
en Égypte. 

Cette année, al-Malik-al-'Adil s’en retourna à Damas, après 
avoir conclu la paix avec le souverain des Francs à Tarabolos. Il 
envoya son grand uatàddàr ainsi que le kâdî de l’armée Nadjm-ad- 
Dïu-Khalïl-al-Masmoudi-al-Hanafi-al-Hamâvï au khalife pour lui 
demander les vêtements d'honneur et le diplôme d’investiture 
pour les provinces d’Égypte, de Syrie, de Mésopotamie et de 
Khilat. Quand les deux envoyés du sultan arrivèrent à Bagdad, le 
khalife an-Nasir-li-Din-Allah les reçut avec grands honneurs et les 
combla de bienfaits. Il leur accorda l’objet de leur demande et il 
envoya le sheikh Shihab-ad-Din-Aboü-Dja'far-'Omar-ibn-Moham- 
mad-ibn-'Abd-Allah-ibn-Mohammad-ibn-'Amoùyyah-al-Shahrzoüri 
avec les vêlements d’honneur du Khalifat et le diplôme d’investi- 
ture. Il donna également des vêtements d’honneur pour le sàhib 
Safi-ad-Din-ibn-Shakir, ainsi que pour les fils d’al-'Adil, à savoir, 
al-Malik-al-Mo'aththam, al-Malik-al-Ashraf et al-Malik-al-K&mil. 
Quand l’envoyé du khalife fut arrivé près d’Alep, al-Malik-ajh- 
Thahir sortit avec son armée pour se rendre au devant de lui 
et lui rendre les honneurs. 

Le troisième jour après son arrivée, l’envoyé du khalife 
ordonna qu’on lui dressât un trône; on en dressa un, et il s’y assit 
pour faire un discours. Al-Malik-ath-Tbahir et les grands person- 
nages de son royaume vinrent assister â cette cérémonie. Le sheïkh 
prononça un discours qui remua profondément les cœurs et qui fit 
couler les larmes des assistants. Il leur apprit que le khalife avait 
distribué dans Bagdad et dans d’autres villes des vivres et de l’ar- 
gent pour une somme qui atteignait 3,000,000 de dinars. 


moururent en foule ; les habitants se dispersèrent et une foule de personnes 
sortirent d'Égypte pour aller en Syrie, emportant avec elles leur argent et 
emmenant leurs enfants. Les Arabes les assaillirent en chemin, les massa- 
crèrent et les firent prisonniers, de telle sorte qu’ils moururent de froid et de 
faim, ou qu’ils furent massacrés par les Arabes qui leur enlevèrent leurs biens. 
Si un de ces malheureux mourait, son fils, son frère ou ses amis, l’abandon- 
naient sans même prendre la peine de l’ensevelir dans le sable; ils s'enfuyaient 
sans même regarder derrière eux. Un homme qui avait été témoin oculaire 
de cette calamité m'a raconté avoir vu depuis la porte de Bilbis jusqu'à la 
porte de Ghaza des gens morts, avec leurs bêtes de somme et leurs troupeaux 
également morts et couchés les uns à côté des autres. Cette année, Allah 
frappa les Egyptiens de trois plaies, la famine, la mortalité et la peste, et 
tout cela pour punir leur sultan et son vizir. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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L’ambassadeur partit d'Alep accompagné du kâtfi Bahà-ad-Dîn- 
ibn-Shaddàd ; al-Malik-ath-Thâhir lui avait remis une somme de 
3,000 dinars pour employer dans la guerre contre les Tatars, [et 
son oncle al-'Adil se revêtit des habits du Khalifat]. Al-Malik-al- 
Mansoûr envoya de même de Hamàh une somme d’argent pour 
contribuer à la lutte contre les Tatars et l’armée sortit de Damas 
pour se rendre à la rencontre de l’ambassadeur. Al-'Adil sortit 
avec ses deux fils, al-Ashraf-Moüsâ et al-Mo'aththam-Tsa, et tout 
le peuple sortit de même pour voir cette cérémonie. Ce fut un 
jour splendide. Quand il fut rentré dans la ville, al-'Adil s’en vint 
tenir séance dans le Palais de Rodvàn, où on lui remit les vêle- 
ments d’honneur envoyés par le khalife. C’étaient une robe de 
satin noir, dont les manches étaient larges et couvertes de brode- 
ries d’or, un turban noir également et brodé d’or, un collier d’or 
orné de nombreuses pierres précieuses; le shelkh lui ceignit un 
sabre tout incrusté d’or. Il monta un étalon gris, qui avait des 
étriers d’or. On fit flotter sur sa tête un étendard noir sur lequel 
étaient écrits en lettres blanches tous les titres du khalife, et dont 
la hampe était d’or. Le (càdï Ibn-Shaddad marchait devant lui en 
jetant des pièces d’or ; on portait devant lui cinquante vêtements 
d’honneur; les ambassadeurs des autres rois jetèrent de l’or après 
le kâdi. 

Al-Ashraf et al-Mo'aththam revêtirent ensuite leurs habits Foi. 55 
d’honneur qui consistaient en un turban noir, une tunique égale- 
ment noire et à larges manches; puis le kâcli remit au sàhib Sâfi- 
ad-Dm-ibn-Shakir le vêtement d’honneur qui lui était destiné. 
Al-'Adil monta à cheval avec ses deux fils et son vizir, tous por- 
tant les vêtements d’honneur que leur avait envoyés le khalife ; 
toute la ville fut pavoisée. Les princes retournèrent ensuite à 
la citadelle, et la ville resta pavoisée durant huit jours. Le sàhib 
Safï-ad-Dîn lut le diplôme d’investiture, assis sur le trône, et al- 
'Adil fut invité à y venir prendre place et salué des titres de 
« Grand Roi, Roi des Rois *, ami du Prince des Croyants ». Pen- 
dant tout le temps que dura la lecture du diplôme d’investiture, 
le vizir se tint debout sur le trône; al-'Adil et tous les assistants se 
tenaient également debout par respect pour la majesté du kha- 
life. Shihftb-ad-Din-al-Shahrzoürï se rendit ensuite en Égypte, où 
il remit à al-Malik-al-Kamil les vêtements d’honneur envoyés par 
le khalife avec la même pompe que celle qui avait été observée à 
Damas, après quoi il s’en revint à Bagdad . 

1. Le texte de Makrizi donne ici le titre très rare en arabe de forme persane 
shàkanshdh et sous la forme arabe malik-al-moloûk. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Cette année, al-'Adil ordonna de reconstruire la citadelle de 
Damas, il répartit les différentes tours entre les rois, qui les cons- 
truisirent à leurs frais *. L’empire d’al-'Adil s’était considérable- 
ment augmenté; aussi, quand il vil que toutes ses affaires étaient 
réglées, il divisa son empire entre ses enfants : il donna à son fils 
al-Malik-al-Kâmil-Nàsir-ad-Dîn-Mohammad, le royaume d’Égypte, 


1. Cette année, dit Djamàl-ad-Dïn-ibn-Wàsil dans le Mofarradj-al-kouroüb 
(ms. ar. 1702, folio 157 r°), al-Malik-al-Avhad s’empara de la ville d’Ikhlàt et de 
tout le pays qui en dépend; nous avons raconté plus haut, d’après cet auteur, 
qu’après avoir appartenu au Shâh-i-Armin lbn-Sokmân, cette ville était passée 
en la possession de Saif-ad-Dïn-Bektimur ; après l’assassinat de Bektimur, en 
l’an 589, son fils en devint souverain ; mais Salf-ad-Dîn-Balabàn (ce nom est 
à peine lisible dans le manuscrit), l’un des mamlouks du Shàh-i-Armin Ibn- 
Sokmân, s’empara du pouvoir. Le père d’al-Malik-al-Avhad, al-Malik-al-'Adil, 
avait conquis Meyyâfàrkïn et le pays qui en dépendait. Quant à al-Malik-al- 
Avhad, il s’était emparé de la ville de Moüsh et d’autres cités qui en étaient 
voisines; cela lui donna envie de se rendre maitre de Khilàth. Saïf-ad-Dïn- 
Balabân marcha immédiatement contre lui et le battit. Al-Malik-al-Avhad 
rentra à Meyyâfàrkïn, mais cette défaite ne lui fit abandonner aucun de ses 
projets ; il s'occupa de réunir une armée, et écrivit à son père al-Malik-al- 
'Adil pour lui demander du secours. Le sultan d’Égypte lui envoya une armée 
avec laquelle il marcha une seconde fois contre Khilàth. Saïf-ad-Dln-Bala- 
bàn sortit de Khilàth pour lui livrer bataille, mais cette fois, il fut complète- 
ment battu et forcé de s’enfuir. Al-Malik-al-Avhad s’empara du pays et con- 
tinua sa marche sur Khilàth, où Saïf-ad-Dln-Balabân se disposa à lui résister; 
en même temps, ce dernier envoyait une ambassade au prince seldjoukide 
Moughïth-ad-Dïn-Toghril-Shâh-ibn-Kilidj-Arslàn, souverain d’Arzan-ar-Roüm, 
pour lui demander de venir à son secours et de l’aider à se débarrasser d’al- 
Malik-al-Avhad. Le prince ayyoubite fut obligé de battre en retraite. Les deux 
princes, Balabân et Toghril-Shâh, vinrent assiéger la forteresse de Moüsh ; ils 
étaient sur le point de s’en emparer quand Toghril-Shàh se tourna contre 
Salf-ad-Din-Balabân et le tua, dans le dessein de s’emparer des états sur les- 
quels il régnait. Il leva immédiatement le siège de la forteresse de Moüsh et 
marcha sur Khilàth, mais la population de cette ville lui résista énergique- 
ment; il leva alors le siège, et alla investir Malâzkerd dont il ne put pas 
mieux venir à bout. Il s’en retourna alors chez lui. Les gens de Khilàth écri- 
virent à al-Malik-al-Avhad pour le prier de venir les gouverner; ce prince 
se rendit à leur désir. Une partie des troupes de Khilàth ne voulut pas le 
reconnaître comme souverain; elles s’emparèrent de Vàn qui est l’une des 
principales forteresses de cette contrée, et se révoltèrent contre l’autorité 
d’al-Malik-al-Avhad; elles s’emparèrent également de la ville d’Ardjis. Cela 
détermina al-Avhad à écrire à son père al-Malik-al-'Adil pour lui faire con- 
naître les difficultés au milieu desquelles il se débattait. Le sultan d’Egypte 
lui envoya son frère ai-Malik-al-Ashraf-Moüsà avec une armée considérable. 
Ce prince assiégea la citadelle de Vàn et s’en empara par capitulation. Après 
ces événements, l’armée égyptienne rentra au Kaire ; néanmoins une émeute 
ne tarda pas à éclater à Khilàth (Djamàl-ad-Dïn-ibn-\Vàsil, Mofarradj-al-kou- 
roub , ms. ar. 1702, folio 158 recto). Al-Malik-al-Avhad ayant quitté Khilàth 
pour aller voir ce qui se passait à Malâzkerd, la population se souleva contre 
ses soldats et les expulsa. Elle assiégea ensuite la citadelle qui était défen- 
due par les officiers d’al-Avhad, en criant : « Vive le Shâh-i-Armin ! » Or, ce 
prince était mort quelque temps auparavant. Quand al-Avhad apprit cela, il 
revint en toute hâte à Khilàth, après avoir emprunté des troupes à son frère 
al-Malik-al-Ashraf. Il mit le siège devant Khilàth, s’en empara et fit massacrer 
la plus grande partie de la population ; le reste fut déporté à Meyyâfàrkïn. 

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histoire d’égypte de makrizi 


141 


et il mit auprès de lui le kàdï al-A'azz-Fakhr-ad-Din-Mikdâm-ibu- 
Shakir; à son fils al-Mo'aththam-Sharaf-ad-Din-'Isâ, tout le pays 
compris entre al-'Arîsh et Homs, en faisant entrer dans le 
royaume de ce prince les villes du Sahel qui appartenaient alors 
aux Musulmans, le pays du Ghaur, la Palestine, Jérusalem, Karak, 
Shaûbak, Sarkhad ; à son fils, al-Ashraf-Mothaffar-ad-Din-Moüsa, 
les villes d’Orient, autrement dit ar-Roha, et ce qui dépendait de 
cette ville, Harrân et les autres villes; à son fils, al-Avhad-Nadjm- 
ad-Dîn-Ayyoûb les villes de Khilat, de Miyyâfarkïn et la province 
voisine. La population de Khilat avait déjà écrit à al-Avhad pour 
lui offrir la royauté de cette ville; ce prince se rendit alors à 
Meyyàfârkin, et en prit possession. — Cette même année, al- 
Malik-al-Kamil termina la construction du Château de la Mon- 
tagne; il quitta le Palais du Yizirat au Caire et s’installa dans ce 
château. Ce fut le premier souverain de l’Égypte qui y demeura; 
il y transféra les enfants du khalife al-'Adid et ses parents, dans 
une maison qui avait l’apparence d’une prison. Ces personnes y 
demeurèrent jusqu’au moment où on leur rendit la liberté, en 
l’année 671 *. 


Année 605. 

Dixième année du règne d’al-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr 
en Égypte. 

Cette année, les Kurdjs [Géorgiens] vinrent piller la province 
de Khilat; ils y firent nombre de prisonniers et en enlevèrent 
du butin a . Al-Malik-al-Avhad n’eut pas le courage de sortir de 
Khilat et de les aller combattre. Quand al-Malik-al-'Adil apprit ces 
événements, il fit ses préparatifs pour aller lutter contre les 
Kurdjs. Al-Ashraf quitta Damas se dirigeant vers les Provinces 
d’Orient. — Cette même année, le roi Mo'izz-ad-Din-Sîndjâr-Shâh- 
ibn-Ghazi-ibn-Maüdoüd-ibn-Zengï-ibn-Ak-Sonkor, 1 ’atabek, prince 
du Djazira, fut tué par son fils Mahmoud, qui lui succéda s . 


1. Cette année (Djamâl-ad-Din, ms. ar. 1702, folio 157 r“), mourut l’émir Zaîn- 
ad-Din-Karâdjâ, le Saléhi. 

2. Les Kurdjes (Djamàl-ad-Dîn-ibn-Wâsil, ms. ar. 1702, folio 159 v°) s’em- 
parèrent d’Ardjis qu’ils mirent à feu et à sang. Djamâl-ad-Din dit, comme 
Makrizi, qu’al-Avhad n’osa pas marcher contre eux à cause de leur grand 
nombre. 

3. Djamâl-ad-Dîn-ibn-Wâsil (Mofarradj-al-konroüb, ms. ar. 1702, fol. 161 r°) 
raconte que Vatàbeh Sindjâr-Shâh menait une conduite répréhensible et qu’il 
se plaisait à répandre le sang; il était d’une férocité sans nom et, sous les 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


Foi. 5#r*. Cette même année, l’émir Saîf-ad-Dîn-Sonkor, Yatabek du 
Yémen, envoya 10,000 dinars misris à al-Malik-al-'Adil ; ces dinar» 
étaient frappés an nom du sultan d’Égypte. 

Cette année, moururent le kâdi Makin-ad-Din-Mouthahhar-ibn- 
Hamd&n, dans la citadelle de Bosra, au mois de Radjab ; — Halal-ad- 

Daulah ibn-Razîn, vàli du Caire. — L’émir Salf-ad-Dïn-'Alï-ibn- 

Kahdân [sic] fut destitué du gouvernement de Misr, et As'ad-ibn- 
Hamdan de la charge de vàlï de la province orientale de l’Égypte; 
on la donna à Hasan-ibn-al-Varrak. — Cette même année, mourut 
le kàdi-al-kodat, Sadr-ad-Din-Aboû-’l-Kâsïm-'Abd-al-Malik-ibn-'Isa- 
ibn-Darbas-al-Maranï, le mercredi, cinquième jour de Radjab. Il 
était venu en Égypte le quatre du mois de Radjab de l’an 565 et y 
avait habité pendant quarante années. 


Année 606. 

Onzième année du règne d’al-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr 
en Égypte. 

Celte année, al-’Adil sortit de Damas pour aller lutter contre 
les Kurdjs; il était accompagné des rois *. Il arriva à Harràn où il 


prétextes les plus futiles, faisait couper la langue, le nez ou les oreilles, à 
ses malheureux sujets. Il ne traitait pas ses enfants avec beaucoup plus de 
douceur. Le kâdi de Ilâmah dit en effet qu’il avait expulsé ses fils Mahmoud et 
Maüdoûd de sa capitale, et qu’il les avait fait enfermer dans une citadelle. 
Un autre de ses fils, Ghâzl, fut emprisonné dans la capitale, et Yatabek avait 
chargé des gens de le surveiller étroitement pour l’empècher de s’enfuir. La 
maison où le jeune prince était ainsi détenu se trouvait prés d’un jardin qui 
appartenait à un homme de la ville; il parvint à correspondre avec ses amis 
qui allèrent implorer sa grâce, mais cela ne fit que rendre plus rigoureuse 
la surveillance que son père avait ordonnée à son égard. A partir de ce 
moment, Ghâzl fit tout ce qu’il put pour se tirer de cette maison, où il était 
soumis à une captivité aussi dure. Il parvint, grâce à une ruse dans laquelle 
l’aida un de ses amis, à s’évader et il se cacha dans le palais de son père; un 
soir que ce dernier rentrait ignoblement ivre, Ghâzl le frappa de quatorze 
coups de poignard et lui trancha la tête. Il entra ensuite dans les bains et 
se fit prêter serment par les émirs et par les grands officiers ; mais plusieurs 
des eunuques allèrent prévenir le grand chambellan de ce qui s était passé, 
et, quand tout le monde connut la mort de Sindjâr-Shâh, on ferma les portes 
du palais et on prêta serment à son frère Mo'izz-ad-Din-Mahmoüd. Ghâzl fut 
immédiatement assassiné ; son corps fut jeté à la porte de la ville où les 
chiens le dévorèrent On voit que le récit de Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil dif- 
fère de celui de Makrizi, en ce sens que Makrizi donne pour meurtrier de 
Sindjâr-Shâh, Mahmoüd, tandis que l’assassin, d’après le kâdi de Hamah, est 
Ghâzl. 

1. C’est-à-dire des princes ayyoubites. Ce fut sur les instances de son fils 
al-Malik-al-Avhad, qui lui écrivait lettres sur lettres, qu’al-Malik-al- r Adil entra 
en campagne; il se rendit d’abord à Kafartâb et une fois arrivé dans cette 

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histoire d’égypte de makrizi 


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fut rejoint par des renforts. Il s'empara de Nisibin et vint assié- 
ger Sindjar. Kotb-ad-Dïn-Mohammad-ibn-Zangï se trouvait dans 

localité, il écrivit aux rois pour leur demander de lui envoyer des troupes. Il 
fut rejoint par al-Malik-al-Mansoür, prince de Hamâh, al-Malik-al-Modjâhïd, 
prince de Homs, al-Malik-al-Amdjad, prince de Ba'lbek ; le sultan d’Alep, al- 
Malik-alh-Thâliïr-Ghâzï, lui envoya une armée. Quand il arriva à Harrân, ses 
fils, al-Malik-al-Avhad, prince de Khilàt et de Miyâfarkîn, et al-Malik-al-Ashraf 
vinrent le retrouver, ainsi qu’al-Malik-as-Sâlih-Mahmoüd-ibn-Mohammad-Karâ- 
Arslân l’Ortokide, prince d’Amid et de Hisn-Kaïfâ, les princes de Souvaïdâ 
et de Dàrà. Quand ses effectifs se trouvèrent ainsi au complet, il écrivit à 
Kotb-ad-Dïn-Mohammad-ibn-'Imâd-ad-Dïn, prince de Sindjâr, qui ne s’était 
pas rendu auprès de lui, et il lui ordonna de lui livrer la ville dans laquelle il 
régnait. D’après Djamâl-ad-Din-ibn-Wàsil(Mo/arra(?j-af-/i 0 wr 0 ü&, ms. ar. 1702, 
fol. 162 recto), Kotb-ad-Dïn était assez décidé à en passer par où voulait le 
sultan d’Égypte ; mais l’un de ses officiers, qui était son mamlouk et qui 
avait également été celui de son père s’y opposa absolument ; il se nommait 
Ahmed-ibn-Narifls (?). L’année précédente, al-Malik-al-'Adil avait envoyé une 
ambassade au prince de Maüsil, Noür-ad-Dïn-Arslàn-Shâh, et lui avait demandé 
la main de sa fille pour l’un de ses fils. Cette demande avait été agréée par le 
souverain de Maüsil, et il avait été convenu que les deux princes se partage- 
raient les états de Kotb-ad-Dïn, ainsi que le Djazirah-ibn-'Omar qui appar- 
tenait à Mahmoüd-ibn-Sindjar-Shâh. Les pays sur lesquels régnait Kotb- 
ad-Dïn devaient revenir à al-Malik-al-'Adil, et le Djazirah avec le reste à 
Noür-ad-Dïn. Cela fit que Kotb-ad-Dïn refusa de joindre ses troupes à celles 
d’al-Malik-al-'Adil quand le sultan d’Égypte l’en pria. Quand al-Malik-al-'Adil 
se fut mis en marche vers les provinces orientales, Noür-ad-Din ne fut pas tran- 
quille, et il fit venir plusieurs de ses officiers dans le jugement desquels il 
avait toute confiance. Ceux-ci lui montrèrent combien il avait été imprudent 
en agissant ainsi et ils lui conseillèrent de se mettre sur la défensive et de ras- 
sembler son armée. Noür-ad-Dïn ne savait comment faire et il leur dit : « Mais 
c’est nous qui avons fait cela, c’est nous qui avons écrit à al-Malik-al-'Adil 
de venir dans ce pays! » « Eh bien! lui répondirent-ils, pour quelle raison 
as-tu écrit à ton ennemi de venir vers toi? » Sur ces entrefaites, al-Malik-al- 
'Adil ayant appris que les Kurdjes s’étaient enfuis dès qu’ils avaient eu con- 
naissance de sa marche, détacha un corps d’armée sous le commandement 
d’al-Malik-al-Mansoür, prince de Hamah, et d’al-Malik-al-Ashraf, pour aller 
faire le siège de Nisibïn; cette ville appartenait à Kotb-ad-Dïn; quant à lui, 
il continua sa route jusqu’à Sindjâr, et il mit le siège devant la ville. Kotb-ad- 
Din sentant que sa situation était très compromise, envoya ses épouses sup- 
plier le sultan d’Égypte de leur laisser Sindjâr. Al-Malik-al-'Adil se conduisit 
dans cette circonstance comme une brute et il ordonna qu’on chargeât de 
fers ces malheureuses princesses jusqu’à ce qu’elles eussent consenti à lui 
livrer la ville. Kotb-ad-Dïn, craignant pour la vie de ses épouses envoya à 
l’Ayyoubite les clefs de Sindjâr et déclara qu’il était tout prêt à se rendre, à la 
condition qu’on lui assurât la propriété de Rakka, de Saroüdj et de quelques 
parcelles de terre qui dépendaient de Harrân. Al-Malik-al-'Adil rendit la 
liberté à ses femmes et ordonna que l’on arborât son étendard sur les 
murailles. A peine furent-elles rentrées dans Sindjâr, que Kotb-ad-Din faisait 
arracher le drapeau des Egyptiens des murailles do sa forteresse, le faisait 
jeter dans le fossé et ordonnait de fermer la porte; il envoya ensuite dire au 
sultan d’Egypte : « Ruse pour ruse, et c’est celui qui a commencé qui est le plus 
canaille! » Al-Malik-al-'Adil, furieux d’avoir été ainsi joué, poussa le siège 
avec la dernière rigueur. C’est à ce moment que Kotb-ad-Din écrivit au kha- 
life abbasside pour lui demander du secours. Un peu avant ces événements, le 
prince de Mausil, Noür-ad-Dïn, avait rassemblé une armée pour aller renforcer 
al-Malik-al-'Adil, et il en avait donné le commandement à son fils al-Malik- 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


celte place; ils se livrèrent plusieurs combats. Sur ces entre- 
faites, le prince de Sindjâr envoya implorer le secours du kha- 
life al-Nàsir et des autres rois contre al-'Adil. Plusieurs se décla- 
rèrent contre al-'Adil et se décidèrent à venir è son aide. Un cer- 
tain nombre de ceux qui étaient occupés avec le sultan d’Égypte 
au siège de Sindjâr, l’abandonnèrent. Ils corrompirent en secret 
une partie de ses troupes, de telle sorte que la situation d’al-'Adil 
devint très précaire. L’ambassadeur du khalife arriva sur ces 
entrefaites pour lui enjoindre de lever le siège de Sindjâr et lui 
dit de la part de 1 ’imâm an-Nàsir : « Par ma vie! ô mon ami M 
lève le siège de Sindjâr ! » 

Al-'Adil s’en retourna alors à Harrân, et ses troupes se dislo- 
quèrent. Une dispute éclata entre ce prince et le sàhib Ibn-Shakir ; 


al-Kâhir-Tzz-ad-Dïn-Mas’oüd. Un ambassadeur vint alors le trouver de la 
part de Mothaffar-ad-Dïn-Kokboürï et lui offrit de faire alliance avec lui 
contre al-Malik-al-’Adil; voici quelle était la cause de cette démarche de 
Kokboürï : Kotb-ad-Dïn, prince de Sindjâr, lui avait envoyé son fils pour 
le prier d’intercéder en sa faveur auprès du sultan d’Egypte, al-Malik- 
al-’Adil, et d’obtenir qu’il lui reconnût la possession de Sindjâr. Mothaffar 
-ad-Dln fit ce que Kotb-ad-Dïn sollicitait de lui; mais le sultan d’Egypte 
n’en voulut point tenir compte, parce qu’il soupçonnait Mothaffar-ad-Dïn 
et Kotb-ad-Dïn de s’ètre entendus pour lui jouer quelque vilain tour. Cela 
fâcha vivement Mothaffar-ad-Dïn, qui envoya son vizir à Noür-ad-Dïn, prince 
de Maüsil, pour conclure une alliance avec lui. Mothaffar-ad-Dïn se rendit 
ensuite d’Arbèles à Maüsil, où il eut une entrevue avec Noür-ad-Dïn. Les 
deux princes envoyèrent une ambassade à al-Malik-ath-Thâhir, souverain 
d’Alep, pour lui demander de s’unir à eux contre al-Adil; ils demandèrent 
la même chose au sultan seldjoukide, Ghyâth-ad-Dïn, souverain du pays de 
Roüm et à son frère Moughith-ad-Dïn-Toghril-Shâh, prince d’Arzan-ar-Roüm. 
Al-Malik-ath-Thâhir consentit sans difficulté à ce que lui demandaient 
les deux alliés et il rompit sur le champ les engagements qu’il avait envers 
al-Malik-al-’Adil. De plus, al-Malik-ath-Thâhir possédait dans la province 
de Mârdïn un village nommé Farâdi; al-Malik-al-’Adil en disposa pendant 
qu’il assiégeait Sindjâr et le donna en flef à al-Malik-as-Sâlih-Mahmoüd 
l’Ortokide. Cela amena la rupture complète entre les deux souverains. 

Al-Malik-ath-Thâhir se prépara immédiatement à la guerre, et alla camper à 
Bankoüsâ; il envoya Nithâm-ad-Dïn-al-Hosaïn et son frère al-Malik-al-Mou- 
vayyad-Nadjm-ad-Dïn-Mas’oud à al-Malik-al-’Adil avec des présents très nom- 
breux et une lettre dans laquelle il implorait sa bienveillance en faveur du 
prince de Sindjâr. Le sultan refusa d’écouter les conseils d’al-Malik-ath- 
Thàhir et se mit dans une violente colère. Quand les deux officiers d’ath- 
Thàhir virent les dispositions d’esprit du sultan, ils ordonnèrent au contingent 
de l’armée d’Alep de quitter immédiatement le service d’al-Malik-al-’Adil, et ils 

travaillèrent à ameuter ses officiers contre lui Quand arriva la lettre du 

khalife, al-’Adil refusa d’abord de se soumettre aux remontrances du Com- 
mandeur des Croyants. Il finit par lever le siège de Sindjâr qui resta à Kotb- 
ad-Dïn et en échange reçut Nisïbïn et le Khâboür. 

1. L’ambassadeur du khalife se sert ici du mot khalil; on a vu plus haut 
que le pontife de Bagdâd avait donné au sultan d’Egypte le nom d’ a Ami du 
Commandeur des Croyants » khalil émir el-mouminin. C’était donc, en quelque 
sorte, l’appeler par son nom que de lui adresser cette parole. 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 145 

la violence avec laquelle le sultan agit à l’égard du sàhib déter- 
mina celui-ci à s’enfuir par le désert. Le prince de Hamâh, al- 
Malik-al-Mansour, et Fakhr-ad-Dîa-Tchahârkas, seigneur de 
Bânîâs, montèrent à cheval, rejoignirent le sàhib à Ra’as-'Ain et 
le ramenèrent à al-Malik-al-'Adil. Ce prince lui pardonna, mais 
sa position devint difficile à partir de ce moment. 

Cette môme année, mourut al-Malik-al-Mou vayyad-Nadjm - ad- 
Dïn-Mas'oüd-ibn-Salah-ad-Dîn-Yoüsouf-ibn-Ayyoüb, à Ra’as-'Ain. 
On a prétendu que ce prince avait été empoisonné. On trans- 
porta son corps à Alep pour lui donner la sépulture dans cette 
ville. — Al-'Adil retourna à Damas. — Cette môme année, l’émir 
al-Mokarram-ibn-al-Lamti fut investi de la charge de gouverneur 
de Koûs, au mois de Dhoü’-l-Ka'ada. 


Année 607 ‘. 

Douzième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr 

en Égypte. 

Cette année, al-Malik-al-Avhad, fils d’al-'Adil, battit le roi des 


1. Depuis le commencement de l'année du mouton, c’est-à-dire du mois de 
Sha'bàn 607, jusqu’à la fin de l’année de la panthère, date correspondante au 
mois de Dhoü-’l-Ka’da de l’an 614, les souverains du reste de l’Asie étaient, 
d’après Ràshîd-ad-Dln ( Djàmï-at~tèwarikh , ms. supp. persan 205, folio 127 
et ssq.) : 

Dans le Khitâî, Djizoün; dans le pays de Mâ-Tchîn, Ning-Zoün; dans la Tran- 
soxiane ( Ma-vara-n-nahar ), le Koûr-Khân. Koüshloük, fils de Tàyânk-Khân, 
souverain des Nàlmân, avait demandé à ce dernier sa fille en mariage, puis il 
lui enleva son royaume. Le Khoür-Khân mourut sur ces entrefaites et Koüsh- 
loük fut tué, de telle sorte que toute cette contrée ne tarda pas à tomber au 
pouvoir de Djingiz-Khan. 

Le sultan du Khvârizm était alors le célèbre Djélal-ad-Din, dont les luttes 
avec Djingiz-Khan sont racontées avec suffisamment de détails, dans Y Histoire 
des Mongols de M. d’Ohsson, pour qu’il n’y ait pas lieu d’y insister ici. 

Dans le Mazendérân, régnait Shâh-Hosâm-ad-Dïn, qui mourut vers cette 
époque, laissant trois fils dont l’ainé lui succéda; aidé de son plus jeune 
frère, il chassa son autre frère de ses états ; celui-ci alla se réfugier auprès 
d’ f AH-Shâh, frère du Khvàrizmshah, et il lui demanda de l’aider à s’emparer 
du trône. Sur l’avis du Khvàrizmshah, 'Ali-Shâh partit avec son armée pour 
envahir le Mazendérân; quand ces troupes eurent passé le Goürgân, l’ainé 
des frères qui était sultan mourut, et le plus jeune lui succéda. f Alî-Shâh sac- 
cagea le Mazendérân, détrôna le nouveau roi, et mit le prétendant sur le 
trône; ce dernier se reconnut comme le vassal du Kvârizmshâh et fit faire la 
khotba, ainsi que la frappe des monnaies, au nom de ce prince. 

L’*Irâk était gouverné par Itghamish et Menkéli, qui avaient été les esclaves 
de Djihân-Pehlevân. Comme Itghamish reconnut la suzeraineté de Bagdad, le 
khalife lui donna un diplôme par lequel il lui conférait la souveraineté 
d’Isfahàn et d’Hamadan; Itghamish marcha alors contre le pays gouverné 
Rbv. DS l’Or, latin. T. IX. 10 

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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Kurdjs ; ce prince se racheta moyennant une rançon de 100,000 di- 
nars et la mise en liberté de 5,000 prisonniers musulmans, à la 
condition qu'il garderait la neutralité pendant 30 années, et qu’il 
épouserait la fille d’al-Malik-al-Avhad, sans que cette princesse 
changeât de religion. Al-Avhad le mit en liberté sous ces condi- 
tions et le roi des Kurdjs rendit encore quelques citadelles aux 
Foi. w t*. Musulmans. — Cette même année, al-Avhad mourut et son frère 
al-Ashraf régna après lui à Khilat. — Les Francs se mirent en 
marche vers le Çàhel et se rassemblèrent à f Akkà. Ai-Malik-al- 
f Adil partit de Damas, et la paix fut conclue entre ce prince et les 
Francs. — Al- f Adil commença la construction de la citadelle d’ath- 
Thoûr près d’ f Akkà; il se rendit ensuite à Karak où il demeura 
durant quelques jours, après quoi il s’en retourna en Égypte; il 
fit son entrée au Caire et alla descendre au Palais du Vizirat. 

Cette même année, mourut l’émir Fakhr-ad-Din-Tchahârkas. — 
Les Francs s’étant mis en mouvement, al- c Adil partit pour la Syrie. 
— Le sâhib Safï-ad-Dïn-ibn-Shakir fut destitué de ses fonctions. — 
Cette année, mourut le sultan Noûr-ad-Dîn-Arslân-Shàh, fils du 
sultan Mas'oüd, 1 ’atàbek, prince de Maüsil, au mois de Radjab; la 
durée de son règne avait été de 17 années et 11 mois. Après lui, 
régna son fils, al-Malik-al-Kàhir- f Izz-ad-Din-Mas f oüd, et l’émir 


par Tardjam et attendit l’arrivée de l’armée du khalife. Le khalife avait ôté 
à Solalmân-ibn-Tardjam la charge d’émir des Turkomans et avait donné 
cette charge à son frère cadet. Solaîmân avertit Menkéli de ces événements 
et le pria de lui envoyer un corps d’armée en toute hâte. Itghamish fut fait 
prisonnier, on lui coupa la tête et on l’envoya à Menkéli. Cela accrut consi- 
dérablement son pouvoir ; il réunit une armée importante et s’empara de tout 
le pays. Voici ce qui arriva entre ce prince et Euzbek, fils de Djihan-Pehlevan, 
qui régnait dans l’ Azerbaïdjan : le khalife envoya un message à l’atabek Euz- 
bek pour lui ordonner de déclarer la guerre à Menkéli ; il ordonna en même 
temps à Djalâl-ad-Dïn-Mohammad, qui était souverain des forteresses des 
Ismaïliens, d’aider Euzbek, par cette raison que lorsqu’ils auraient détrôné 
Menkéli, une partie de ses domaines reviendrait à l’Atabek, une partie au 
khalife et une partie à Djalâl-ad-Dïn-Mohammad. Le khalife envoya Mothaf- 
far-ad-Dîn-Kokboürî (le loup bleu), prince d’Arbèles et de Shehrzour, avec 
une armée pour attaquer Menkéli dans Hamadhan. Ce dernier alla se réfugier 
dans une montagne qui se trouve sur les frontières de la Géorgie ; mais les 
troupes le cernèrent durant la nuit. Menkéli s’enfuit à la faveur de l’obscurité, 
son armée se débanda et les troupes du khalife s’emparèrent de tout le pays, 
lequel fut divisé suivant ce qui avait été convenu; l’atabek Euzbek confia la 
partie qui lui était échue à un officier de son frère, nommé Oughoulmish, à 
cause de la bravoure dont il avait fait preuve dans cette campagne. Menkéli 
s’enfuit jusqu’à Savah, dont le gouverneur était son ami; il lui demanda la 
permission d’entrer dans la ville; le gouverneur la lui accorda et le logea dans 
sa propre maison, mais il lui prit ses armes et voulut le faire enchaîner pour 
l’envoyer à Oughoulmish. Menkéli s’étant aperçu de son dessein, le supplia de 
le tuer plutôt que d’agir ainsi. Le chef de police lui trancha la tête et l’envoya 
à Oughoulmish. 

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histoire d’égypte de makrizi 147 '; 

Badr-ad-Din-Lou’lou’, Yatàbek, mamlouk de son père, se chargea 
de la régence. 

Cette année, les princes des différentes parties de l'empire 
reçurent les insignes de l’Ordre de la Noblesse qui leur fut con- 
féré par le khalife an-Nasir; ils burent dans la coupe de la 
Noblesse et revêtirent les caleçons de la Noblesse. Le khalife leur 
envoya des ambassadeurs pour les affilier à cet ordre; il leur 
ordonna en môme temps de faire boire leurs sujets à la coupe 
et de leur donner à porter les vêtements de la Noblesse pour 
leur inculquer une haute idée de la royauté et leur inspirer un 
grand attachement pour elle. Ils firent ce qui leur était commandé. 
Chacun des rois fit venir les fcàdîs de son royaume, les juristes, 
les émirs, les grands officiers, les revêtit des insignes de cet ordre 
et les fit boire à la coupe de la Noblesse. Ce fut le khalife an-Nâsir 
qui institua cet Ordre, et il ordonna aux rois de s’exercer au tir 
de l’arbalète, comme il le faisait lui-même 1 2 . 

Cette même année, arriva au Caire un marchand génois nommé 
Kiliam (Guillaume! le Franc ; il vint trouver al-Malik-al-'Adil et 
lui offrit des présents magnifiques. Ce prince en fut stupéfait et il 
voulut attacher à sa personne ce Franc, qui au fond n’était qu’un 
espion envoyé par ses coreligionnaires pour qu’il les renseignât 
sur l’état du royaume. On le dit à al-'Adil, qui refusa de croire 
ce qu’on lui rapportait au sujet de ce personnage. 

Cette année, mourut au Caire, Yoûsouf-ibn-al-As'adi-ibn-Mam- 
mati au mois de Rabî' premier, et l’émir Shâhrokh le 25 de 
Radjab; — Ghyath-ad-Dln-Kal-Khosrav-ibn-Kilidj-Arslân, prince de 
Konia, fut tué cette même année ; il était revenu dans ses états 
après s’être enfui à Alep et il s’était rendu maître de Konia une 
seconde fois, après de nombreuses vicissitudes. La population de 
cette ville avait mis en prison Kilidj-Arslàn-ibn-Rokn-ad-Din. 
Ghyâs-ad-Dïn fut tué ensuite, après avoir désigné pour lui succé- 
der son fils Kai-Kaous. Cette même année, il y eut à Mina * un 
engagement entre le pèlerinage de P'Irak et la population de la 
Mecque; le serviteur du shérif Kattada, nommé Bilàl, y fut tué. 

1. Le défaut de place m'empêche d’entrer dans quelques détails sur cet 
ordre de chevalerie qui a peut-être été le prototype des ordres européens. On 
trouvera dans le Supplément aux Dictionnaires arabes de Dozy, au mot Fou- 
touwat, l'indication des principaux ouvrages à consulter sur ce sujet. 

2. Nom d'une petite localité sur la route de la Mecque au mont ’Arafa, à 
trois milles de la Mecque (Aboü’-l-Fidâ, Géographie, tome II, partie i, 
page 108). 


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REVUE DE L ORIENT LATIN 


Année 608 

Treizième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr 

en Égypte. 

Cette année, al-Malik-al-'Adil fit arrêter l’émir 'Izz-ad-Dln- 


1. L'auteur de Y Histoire des Patriarches d’Alexandrie raconte ce qui suit 
(ms. ar. 302, pages 297 et S9). Le lundi, quatorzième jour du mois de Pashonsh 
de l’année 927 des Saints Martyrs, date qui correspond au vingt-quatrième 
jour du mois de Dhoü'-l-Ka'da de l’année 607, une escadre composée de dix- 
huit navires francs se présenta devant Damiette ; les Francs descendirent 
au couvent d’Armina qui appartenait aux Melkites, et qui était distant de 
Damiette d’un farsakh du côté du bras occidental, le bras de Djizeh et de 
Boura. Il y avait dans cette division un grand navire de guerre dont l’équi- 
page était de mille hommes, tant matelots que combattants, deux vaisseaux 
qui servaient au transport des chevaux, chacun d’eux pouvant en porter cin- 
quante; sept croiseurs et huit navires incendiaires; ils avaient été armés à 
*Akkâ et venaient de ce port; cette escadre jeta l’ancre en face du couvent 
dont nous venons de parler. Le commandant des Francs était nommé le 
comte Aflank; cent chevaliers et mille hommes de pied débarquèrent et se 
divisèrent en deux troupes, comprenant chacune cinquante chevaliers et 
cinq cents fantassins; la première marcha sur Djizèh; les cinquante chevaliers 
et les cinq cents fantassins qui la composaient tuèrent ou firent prisonniers 
les habitants de cette localité, hommes et femmes, et la mirent à feu et à 
sang; les autres marchèrent sur Boûra à laquelle ils firent subir le même 
traitement; ils s’emparèrent de beaucoup de choses, en particulier d’un magni- 
fique troupeau qui appartenait au sultan et qui valait cinq mille dinars ; ils 
pillèrent également les biens d'un kàdi nommé 'Ali qui, à ce qu'on disait, 
demeurait dans cette localité depuis plusieurs années ; il y avait monté des 
usines et il se livrait à une exploitation industrielle que l’on évaluait à dix 
mille dinars et môme plus. Quant aux habitants de la ville, je ne sais la quan- 
tité de ce que les Francs leur prirent en fait de toutes sortes de choses, 
meubles, sacs pleins de pièces d’or que les femmes portent à leur ceinture. 
Parmi celles qui furent ainsi dépouillées, on cite l'épouse du kàdi *Ali, kàdi 
de Boûra, qui portait à sa ceinture un réticule dans lequel se trouvaient milie 
dinars. Quand les Francs eurent pillé la ville, massacré les habitants et 
emmené en captivité tous les gens qu’ils purent, ils mirent le feu à ce qui 
restait. Tout cela se passa le lundi. Ils débarquèrent de leurs navires des 
tentes qu’ils dressèrent sur le rivage en face de leur ligne d'embossage ; 
parmi ces tentes, il y en avait une qui était rouge et qui était destinée au 
prince qui était avec eux. Ils restèrent dans cet endroit le lundi, le mardi et 
le mercredi, pillant, massacrant et faisant prisonniers tous ceux qu’ils trou- 
vaient, et durant ce temps aucune armée ne marcha contre eux, parce que 
l’armée égyptienne se trouvait alors en Syrie avec al-Malik-al-'Adil. Le gou- 
verneur de Damiette, Djaldak, n’osa pas marcher contre les Francs et leur 
livrer bataille parce qu’il n’avait avec lui qu’un petit nombre de soldats ; il 
se borna à fermer les portes de Damiette et à réparer les murs avec l’aide 
de la population de la ville qui se joignit aux soldats. Il y avait à Damiette 
une division de six croiseurs, sous le commandement d’al-Mansour; elle 
n’appareilla pas non plus pour aller les attaquer. Quand les Francs virent que 
personne n’osait marcher contre eux, ils s'enhardirent et comme ils savaient 
qu’il n'y avait pas dans Damiette de force qui put leur résister, ils envoyèrent 

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histoire d’égypte de makrizi 


149 


Ousâma, le Saléhi , ncnb de Kaükab et cTAdjloün ; il le fit empri- Foi.57r«. 
sonner et lui confisqua toute sa fortune *. 11 l’envoya à Karak où 
il fut détenu ainsi que son fils. Al-Malik-al-Mo'alhtham s’em- 
para de la citadelle de Kaükab et la rasa. — Cette année» al- 
Malik-al- f Adil se rendit à Alexandrie pour se rendre compte par 
lui-même de ce qui se passait dans cette ville. — Le kâdi Baha-ad- 
Dïn-ibn-Shaddàd vint d’Alep au Caire pour négocier le mariage 
de Safiyya, fille d'al-'Adil et sœur d’al-Malik-al-Kâmil, avec son 
cousin al-Malik-ath-Thahir ; la demande fut accordée et le kàdx 
s en retourna comblé de marques d’honneur. — Cette môme année» 
mourut la mère d’al-Malik-al-Kâmil, le Dimanche, vingt-cinquième 
jour du mois de Safar ; elle fut inhumée près du tombeau de 
l’imam Shâfe'ï. Son fils établit auprès du mausolée des lecteurs du 
Coran et distribua des aumônes; ce prince amena l’eau depuis 
la Birket-el-Habs jusqu’au monument de l’imam Shàfe'ï, ce qui 
n'existait pas avant lui. — Cette même année, les gens transfé- 
rèrent les maisons du [quartier du Caire connu sous le nom de] 

Grand Karâfa au Karâfa d’aujourd’hui, et ils y élevèrent des cons- 
tructions. — Cette même année, al- f Adil partit du Caire et se 

un détachement avec leurs navires incendiaires vers le rivage sur lequel 
s’élève cette ville. Ils attaquèrent la place, sans aucun succès d’ailleurs, et 
s’en retournèrent à leur mouillage. Le vent étant devenu favorable, ils mirent 
à la voile pour regagner leur pays avec le butin dont ils s’étaient emparés. 

Sous le règne de ce même patriarche (Anba Yohanna) les Francs étaient déjà 
venus faire de semblables agressions en Égypte du côté de la bouche de 
Rosette ( Famm-Rashid ), ils y avaient commis, ainsi qu’à Fouvvah, les mêmes 
actes de déprédation que ces deux fois à Djizeh et à Boüra; ils s’en étaient 
également retournés chez eux en emportant beaucoup de butin. Le chef de 
l’expédition dont il est parlé dans ce passage de l 'Histoire des Patriarches 
d'Alexandrie se nommait Gautier de Montbéliard; la lecture Aflank du 
man. 302 ne fait point de doute et l’on ne voit pas, même en changeant les 
points diacritiques, que ce mot soit une déformation de Gautier; d’autre 
part, il est presque certain que Aflank n’est point davantage une corruption 
de al-Frank « le Franc ». 

1. Cette année, dit Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil ( Mofarradj-al-kouroüb , ms. ar. 

1702, fol. 168 r°), le # sultan al-Malik-al-Mo*aththam-Sharaf-ad-Dîn-*Isà vint 
trouver son père en Égypte. 'Izz-ad-Dïn-Ousâma eut peur de lui ; il sortit sous 
prétexte de se rendre à la chasse, mais il prit la fuite; al-Malik-al-Mo'aththam 
se mit à sa poursuite. Les mamlouks qui accompagnaient Ousàma l’abandon- 
nèrent dans le désert de sable et l’émir se réfugia tout seul dans ses châ- 
teaux. Quand il fut arrivé dans le canton de Dàroûm, il voulut monter à cheval 
pour continuer sa route, mais il ne put le faire par suite d’une attaque de rhu- 
matisme articulaire dont il souffrait depuis déjà quelque temps. Un individu 
l’ayant vu, alla en informer al-Malik-al-Mo'aththam qui était arrivé non loin 
de l’endroit où se trouvait l’émir Ousàma; il s’y rendit et le fit prisonnier. 

Voici quelle était la cause de cet évènement : al-Malik-al-Mo'aththam avait 
demandé à l’émir Ousâma de lui céder les deux citadelles de Kaükab et 
d’Wdjloün, mais l’émir n’avait pas voulu y consentir et il avait été soutenu par 
un certain nombre d’émirs, en particulier par ceux qui avaient été au service 
d*al-Malik-al-Sàlih-Nadj m-ad-Din-Ay.voüb . 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


rendit à Damas ; il se dirigea ensuite vers le Djazira, mit de 
l’ordre dans cette province, puis il s’en retourna à Damas ayant 
avec lui Kili&m le Franc. — L’influence des émirs Saléhis fut 
détruite par suite de la disgrâce de l'émir Karâdja, de l’émir 
Ousama et de l’émir Tchaharkas; les citadelles qu’ils possédaient 
revinrent à al-'Adil et à son fils al-Mo'alhtham. — Cette même 
année, on transféra les enfants d’al-'Adid et ses parents au Châ- 
teau de la Montagne, le Jeudi, vingt-deuxième jour du mois de 
Ramadhan ; l’émir Fakhr-ad-Dîn-Altoünbogha-Abou-Sha'ra-ibn- 
al-Davinàn [I] *, gouverneur (vâl ï) du Caire fut chargé de leur 
mettre les fers aux pieds. Ces personnes étaient au nombre de 63. 

1 — Cette môme année, «il y eut en Égypte un violent tremblement 
de terre, qui ruina un grand nombre de maisons au Caire et à 
Misr. Karak et Shaubak furent également atteints par ce cata- 
clysme. Un nombre considérable de personnes périt sous les 
décombres, et les tours de plusieurs citadelles s’écroulèrent. On 
vit au Caire une fumée qui descendait du ciel sur la terre, entre 
le déclin du jour et deux ou trois heures après le coucher du 
soleil, près du canton du Ka$r-aU'àtika. — Celte année, mou- 
rurent Mouvaffik-ad Din-ibn-Abou'-l-Karim-al-Tinnisi, le dimanche 
27 du mois de Rabi' premier ; — et Th&flr-ibn-al-Arsoüki. à Misr, 
le trente du mois de Radjab. — Trois mille marchands et com- 
merçants francs se réunirent dans Alexandrie, il y avait avec 
eux deux princes Francs ; al-'Adil se mit en marche, fit prison- 
niers les marchands, s’empara de leurs biens et mit les deux 
princes en prison. 


Année 609. 

Quatorzième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Abou- 
Bakr en Égypte. 

Cette année, al-'Adil vint camper avec son armée autour de la 
citadelle de Thour ; il fit venir des ouvriers de toutes les villes et il 
employa tous les émirs de l’armée à la construction de cette for- 
teresse; il fit transporter des pierres dans cet endroit. Il y avait 
cinq cents ouvriers architectes employés à celte construction sans 
Foi. st y. compter ni les manœuvres ni les valets de maçon ; al-'Adil ne s’éloi- 
gna pas avant que cette forteresse fût terminée. — Cette môme 
année, Ibn-Shaddâd vint d’Alep à Damas avec une somme d’argent 


1. Peut-être faut-il lire comme à la pag-e suivante al-Mihr&nt. 

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histoire d’êgypte de makrizi 151 

considérable et des vêlements d’honneur pour la célébration du 
mariage de Safiyya, fille d’al-'Adil, avec son cousin le prince 
d’Alep. Un grand nombre d’émirs et de notables se rendirent au 
devant de lui. Le contrat fut signé au mois de Moharram et la dot 
fut fixée à 50,000 dinars. On jeta des pièces d’or aux personnes 
qui se trouvaient dans la citadelle de Damas; on fit ensuite partir 
la jeune princesse à Alep avec un bagage considérable de ballots 
d’étofifes, de meubles, et toutes sortes d’objets qui formaient la 
charge de 50 mulets, 200 chameaux à deux bosses, 300 droma- 
daires; elle emmenait des jeunes esclaves montées sur cent cha- 
meaux; parmi elles se trouvaient cent musiciennes qui jouaient 
de toutes sortes d’instruments, et cent autres qui savaient exécu- 
ter toutes sortes de travaux merveilleux. Le jour où la princesse 
entra à Alep fut un jour de liesse. Al-Malik-alh-Thahir lui fit des 
présents, parmi lesquels cinq colliers de pierres précieuses 
valant 150,000 dinars, un diadème de pierreries d’une beauté telle 
qu’on n’en avait jamais vu un pareil, dix rivières d’ambre ornées 
d’or, cinq autres en ambre sans ornements d’or, cent-soixante-dix 
objets divers d’or et d’argent, vingt cofifres d’habits, vingt esclaves 
et dix eunuques. — Cette même année, Homam-ad-Dïn-ibn-Halal- 
ad-Daûlah fut destitué de la charge de vàli (gouverneur) du Caire, 
et on donna cette place à Fakhr-ad-Din-Altoûnboghâ-Aboü-Sha’ra, 
le mamlouk al-Mihram. — Cette année, al-Malik-al-'Adil prit 
ombrage du vizir Safi-ad-Dïn-ibn-Shakir ; il lui enleva sa charge 
de vizir, en lui laissant cependant ses biens ; il l’envoya ensuite 
Amid *. Le vizir resta dans cette ville jusqu’au jour où mourut 
al-'Adil. — Cette même année, al-’ Adil confia le gouvernement de 
l’Égypte, l’inspection des finances et des affaires de ce pays à son 
fils al-Malik-al-Kamil, et il nomma le kàdï al-A'azz-Fakhr-ad-Dïn- 
Mikdam-ibn-Shakir inspecteur des bureaux *. — Cette année, al- 
'Adil partit de Damas dans l’intention de se rendre à Khilat ; il 
arriva dans cette ville où se trouvait son fils al-Ashraf qui avait 
fait main basse sur tout l’argent qui s’y trouvait *. 

1. Nom de la plus grande ville du Diyàr-Bakr, située dans le cinquième cli- 
mat aux coordonnées suivantes : L 75° 40', X 35* 15'; elle est entourée d’une mu- 
raille de pierres noires si dures que le fer n’a pas de prise sur elles et que le 
feu ne peut les entamer; le cours du Tigre l’enserre comme un croissant 
(Yâkoût, Mo'djam-al-bouldàn , tome I, page 66). Aboü’-l-Fidâ donne pour ses 
coordonnées L 67° 20* ou 65* 50' et X 37* ou 37° 52* et ajoute qu’elle est située à 
l’occident du Tigre. 

2. Je lis nâzir-al-davàvin; le man. porte nâzir-al-daülatatn , ce qui, si la 
leçon est exacte, signifie « inspecteur des deux Égyptes, de la haute et de la 
basse Egypte ». 

3. L’auteur de V Histoire des Patriarches d* Alexandrie, ms. ar. 302, page 299, 
dit en racontant les événements de l’année 609 de l’hégire : Le sultan s’en revint 

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152 REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Année 610 . 

Quinzième année du règne d’al-Malik-al-'Auil-Abou-Bakr 
en Égypte. 

Cette année, ath-Thàhir, prince d’Alep, craignit quelque entre- 

en Egypte en 608 et y demeura. Au mois de Radjab de l’année 609, le sultan se 
rendit à lâchasse à Djizèh, accompagné de son fils al-Malik-al-Kâmil ; il se 
rendit ensuite par une route pierreuse à Alexandrie dont il inspecta les forti- 
fications et dont il régla les affaires; il y passa une vingtaine de jours, puis il 
en partit; il se dirigea vers la provinco occidentale qu’il traversa en exami- 
nant les chaussées et les digues; de là, il passa dans la province orientale et 
se rendit à Damiette; il inspecta avec soin les fortifications, les citadelles et 
les tours; il donna des récompenses aux architectes et aux ingénieurs; puis 
il alla à Ashmoün où son fils al-Malik-al-Mo'aththam vint le trouver pour lui 
demander d’enlever la citadelle de Kaûkab à 'Izz-ad-Din-ibn-Ousàma. Voici 
pourquoi : al-Mo'aththam avait acheté cette forteresse à un mamlouk d’Ousâma 
qui la commandait, pour la somme de dix mille dinars, et il avait été bien 
entendu que ce mamlouk la lui livrerait; le mamlouk d’Ousâma apprit ce mar- 
ché à sa femme tel qu’il avait été conclu et il lui dit : « Je prendrai cette 
grande somme d’argent et nous vivrons avec elle ; j’achèterai, grâce à elle, 
des biens fonciers et des immeubles; al-Malik-al-Mo'aththam m’a juré qu’il 
ne me ferait point sortir d’ici, mais que je continuerais à la gouverner ainsi 
que ses autres forteresses; il m’a aussi promis qu’il me donnerait une trom- 
pette (bouk) et un étendard et que je serais son lieutenant (■ ustâd ). » Sa femme 
lui répondit : « Fais comme tu voudras. » Cette femme savait écrire, elle prit 
immédiatement son parti et écrivit sur le champ à 'Izz-ad-Dln-ibn-Ousâma qui 
demeurait alors dans la citadelle de Safad pour l’avertir de ce qui s’était 
passé; elle lui. disait dans cette lettre : « Pars en toute hâte et arrive à la 
forteresse, qu’al-Mo'aththam n’y arrive pas avant toi ! » Au reçu de cette mis- 
sive, l’émir se mit aussitôt en marche, et il monta à la citadelle; il fit charger 
son mamlouk de fers et ordonna qu’on le jetât dans la prison de la citadelle. 
Le surlendemain, à l’aube, al-Malik-al-Mo'aththam se présenta devant la 
place; Ibn-Ousâma le salua du haut des murailles et lui dit : « Notre Seigneur 
veut bien nous faire honneur en passant sur notre domaine. » — « Je veux 
chasser, lui répondit al-Mo'ath{ham. » — « Eh bienl tu reviendras bredouille », 
lui cria Ibn-Ousâma, en riant aux éclats. Al-Malik-al-Mo'aththam se rendit 
immédiatement en Egypte pour avoir une entrevue avec son père et il lui fit 
savoir ce qui s’était passé. Quand *Izz-ad-Din-ibn-Ousàma apprit ce qu’avait 
fait al-Mo'aththam, il prit le commandement de son armée; quelques per- 
sonnes disent qu’il partit de Kaûkab avec trois autres émirs et qu’il fit une 
èxpédition en Syrie avec deux mille cavaliers; d’autres prétendent qu’il alla se 
renfermer dans ses forteresses, d’autres affirment au contraire qu’il marcha 
sur Alep pour aller se joindre à al-Malik-ath-Thâhir; ces événements se pas- 
sèrent au mois de Sha'bân de l’année 609. On dit qu’al-Malik-al-Kamil partit 
(d’Egypte) avec une armée et des mandjanik pour l’assiéger dans ses forte- 
resses. Quand al-Maiik-al-’Adil fut certain de la route qu’il suivait, il partit 
d’Ashmoün et vint camper à al-'Abbàsa ; il fit proclamer aux troupes de faire 
leurs préparatifs et de prendre leurs dispositions pour une expédition en 
Syrie. Ibn-Ousâma se mit en marche avec les Arabes, mais ces derniers le 
trahirent et le livrèrent à al-Malik-al-Mo'aththam, celui-ci le livra à son père, 
al-Malik-al-'Adil, qui s’était mis en marche pour aller le châtier comme nous 

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histoire d’égypte de makrizi 


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prise de la part de son oncle al-'Adil et, en conséquence, il se pré- 
para à la lutte. Les deux princes s’écrivirent plusieurs lettres et 
l’accord se rétablit entre eux. 

Cette même année, Safiyya, fille d’al-'Adil, donna un fils à ath- 
Thahir; l’enfant fut appelé Mohammad et reçut les titres d’al- 
Malik-al-'Aziz-Ghyas-ad-Dîn. Il naquit le cinquième jour du mois 
de Dhoü’-l-hidjdja de cette année. La ville d’Alep fut toute pavoi- 
sée, ath-Thahir convia une foule innombrable à ces fôtes et il 
ordonna qu’on fit à son fils un grand nombre de poupées en or et 
en argent, leur poids fut de 100 kintârs; il fit faire dix berceaux 
en or et en argent, sans compter ceux d’ébène, de santal et de bois 
d’aloôs. Il lui fit faire trois tuniques brodées de perles ; sur cha- 
cune de ces tuniques, il y avait quarante rubis ou émeraudes. Il 
lui fit faire aussi deux cuirasses, deux casques, et une armure de Foussrs 
cheval, le tout garni de perles, trois tuniques brodées de pierres 
précieuses ; sur chacune des selles il y avait plusieurs gemmes, 
diamants, rubis ou émeraudes; trois sabres dont la garde et le 
pommeau étaient en or incrusté de toutes sortes de pierreries ; il 
fit faire aussi, à son intention, plusieurs lances d’or ornées de 
pierres précieuses. 

Cette môme année, ath-Thahir-Khidr, fils de Salah-ad-Din-Yoü- 
souf-ibn-Ayyoûb, partit d’Alep pour aller faire le pèlerinage. 

Quand il fut arrivé près de la Mecque, des exprès envoyés par 
al-Malik-al-Kamil-Mohammad, fils d’al-'Adil, l’obligèrent à rebrous- 
ser chemin et à abandonner son projet. Ils dirent à ce prince : 

« Tu n’es venu que dans l’intention de t’emparer du Yémen. » Il 
leur répondit : « Attachez-moi, mais permettez-moi d’accomplir 
les cérémonies du pèlerinage. » — « Nous n’avons pas d’autre 
ordre que celui dote faire retourner », dirent les courriers. Ath- 
Thahir s’en revint donc en Syrie sans avoir pu faire le pèleri- 
nage, ce qui fâcha le peuple. 

Cette année mourut l’émir Fakhr-ad-Din-Isma’il, gouverneur de 
Misr ; il mourut dans cette ville. — Celte même année, la famille 
Mérinide ', qui était l’une des tribus des Zenata, entra dans le 

venons de le dire. Après cette victoire, le prince ayyoubite marcha vers la 
citadelle de Kaukab et l'assiégea; un des mamlouks d’Ibn-Ousâma qui se trou- 
vait dans la place la lui rendit; il enleva tout ce qui s’y trouvait en fait 
d’argent, de provisions, d’armes et il la fit démolir; il en fit transporteries 
pierres à la forteresse qui s’élève sur la montagne de Natroün pour la réédi- 
fler. lise rendit à Damas en l’année 609, après s’ètre ainsi emparé d’Ibn-Ousâma 
et avoir pris possession du reste de ses forteresses, à savoir Safad, la cita- 
delle d’'Adjloün et d’autres dont je ne connais point le nom. » 

1. Les souverains almohades régnèrent au Maghreb de 1128 à 1269 de l’ère 
chrétienne; les attaques des Benou-Mérin ou Mérinides commencèrent dans les 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


'Maghreb par le désert ', ils attaquèrent le royaume des Almohadea 
et les mirent en complète déroute ; le commandant en chef des 
Mérinides était à cette époque 'Abd-al-Hakk-ibn-Aboû-Bakr-ibn- 
Hamâh-ibn-Mohammad-ibn-Varsis-ibn-Nakoûs-Kâdmat-ibn-Mérin. 

Cette année, moururent Shihab-ad-Dîn-ibn-Thàhir-ad-Dîn-ibn- 
al Kattân, au Caire, au mois de Radjab, et al-Malik-al-Avhad, à Khi- 
lat. — Cette môme année, on creusa le fossé de la ville d’Alep; on 
y trouva des dalles de pierre noire sur lesquelles se trouvaient 
gravées des inscriptions en caractères syriens; on les fit traduire 
en langue arabe; voici ce qui y était contenu : « Comme le monde 
est un éternel renouveau, il est clair que c’est la Divinité qui le 
renouvelle constamment ! » Ces inscriptions étaient datées de cinq 
mille ans à très peu de chose près ; quand on voulut enlever ces 
dalles, on trouva au-dessous d’elles, dix-neuf pièces d’or et 
d’argent et deux figurines représentant un lion. On pesa ces divers 
objets : les pièces d’or pesaient chacune soixante-trois rifl suivant 
la métrologie d’Alep et celles d’argent vingt-quatre rifl. On 
trouva également un anneau en or du poids de deux rifl et demi. 
Les statuettes pesaient dix rifl et demi; le tout pesait un kintàr 
dans la métrologie d’Alep *. 


premières années du xm e siècle. Ces derniers quittèrent le désert où ils habi- 
taient, traversèrent la Molouïa, et vinrent se Axer du côté de Taza, où ils ne 
tardèrent pas à s'allier avec les débris des Miknasa et des Benou Iman. C'était, 
d’ailleurs, bien la faute des Almohades si les Mérinides avaient pris si rapide- 
ment une attitude aussi nettement hostile. Les Mérinides leur avaient en effet 
rendu les plus grands services au cours de leurs guerres d’Espagne ; mais, au 
lieu de les en récompenser, ils les avaient cantonnés dans la vallée de la Molouïa; 
en 1216, les Mérinides s’avancèrent jusque dans les environs de Fez, puis dans 
le Rif, et ils mirent en déroute une armée que les Almohades avaient envoyée 
contre eux. A partir de cette époque, les attaques et les invasions des Méri- 
nides se succédèrent presque sans interruption, jusqu’au règne de l'almohade 
Ishak. Le 8 septembre 1269, l’émir mérinide s'empara de Marrakesh; tous les 
partisans des Almohades s’enfuirent à Tinmelel, dans les montagnes, et pro- 
clamèrent khalife, Ishak, frère d’al-Mourtida. Les Mérinides régnèrent de 
1269 à 1554 et furent remplacés par les Shérifs Saadiens. 

1. Kafr , plaine sablonneuse et vide, mais qui, fécondée un moment par les 
pluies de l’hiver, se couvre d’herbes au printemps, et où les tribus nomades, 
vont alors faire paître leurs troupeaux (Daumas, Le Sahara algérien , Paris, 
1845, page 3. On trouve également ce mot avec la vocalisation kifr. 

2. Le texte de ce passage est sûrement très corrompu dans le manuscrit du 
Soulouk que j’ai utilisé; je n'ai obtenu ce sens qu'en lui faisant subir 
quelques corrections, dont je ne garantis nullement la certitude : ce qu’il y 
a d'évident, c’est que le copiste du manuscrit n’a rien compris à ce qu’il 
écrivait. 


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histoire d’égypte de makrizi 


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Année 611. 

Seizième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Abou- 

Bakr en Égypte. 

Celte année, al-Malik-al-Mansour-Mohammad, fils d’al-'Azîz, s’en- 
fuit de la prison dans laquelle le tenait renfermé l’oncle de son 
pôre, al-Malik-al-'Adil, et il alla se réfugier avec ses frères auprès 
du prince d’Alep, ath-Thahir, qui les reçut bien. — Cette même 
année, les Francs de Chypre, d”Akkà, de Tarabolos et d’Antioche 
s’assemblèrent, ainsi que l’armée du fils de Laon, roi d’Arménide, 
pour aller attaquer le pays des Musulmans. Les Musulmans 
furent terrifiés de leur projet; leur première expédition fut dirigée 
contre le pays des Isma’iliens ; ils vinrent assiéger al-Khavvabi *, 
puis ils s’en retournèrent à Antioche. — Cette année, le sultan du 
pays de Roam, 'Izz-ad-Dïn-Kai-Kàoüs-ibn-Kai-Khosrav-ibn-Kilîdj- 
ArslAn, le Seldjoukide, remporta une victoire complète sur Lasca- 
ris, empereur des Grecs s . — Cette même année, al-Malik-al-'Adil f«<- s« v 
quitta Damas pour se rendre en Egypte ; il arriva au Caire et 
descendit au Palais duVizirat; son fils, al-K&mil, resta au Château 
de la Montagne, et al-'Adil se fixa avec Kiliâm le Franc au Palais 
du Vizirat. — Cette année, on reçut la nouvelle de la mort de 
Sonkor, Vatdbek du Yémen; après lui, al-Malik-an-Nàsir devint 
maître du pays et Ghazi fut son atàbek. — Al-Malik-al-'Adil s’oc- 
cupa de faire carreler la grande mosquée des Omayyades à 


1. Djamâl-ad-DIn-ibn-Wâsil dit, dans le Mofarradj-al-kouroüb (ms. ar. 1702, 
folio 172 verso), que les Francs allèrent assiéger cette place forte pour venger 
la mort d’un de leurs princes, le souverain d’Antioche. Quand le sultan d’Alep, 
al-Malik-ath-Thâhir-Ghâzï, apprit cette expédition des Francs, il partit d’Alep 
avec une armée se dirigeant vers le pays des Ismaïliens, pour les en chasser. 
Quand les Francs eurent connaissance de la marche des troupes d’al-Malik- 
ath-Thâhir, ils battirent en retraite. 

2. Makrizi nomme le sultan seldjoukide sàhib-bilâd-ar-Roüm et l’empereur 
grec malik-ar-Roüm ; Lascaris fut fait prisonnier par *Izz-ad-Dïn et n’obtint 
sa liberté qu’en promettant de payer une forte rançon et de céder plusieurs 
villes aux sultans sedjoukides. Il ne tint jamais sa parole, mais il fut obligé de 
payer un tribut. Quelque temps après, 'Izz-ad-Dîn s’empara de Sinope (E. de 
Murait, Essai de chronologie byzantine , t. II, p. 315). 

Cette même année, dit Djamâl-ad-Dîn dans le Mofarradj (folio 172 verso), 
moururent l’émir Badr-ad-Dln-Dildérim-ibn-Yàroûk, prince de Tell-Bâshir; il 
eut pour successeur son fils Fath-ad-Dîn, — et le sheïkh Takl-ad-Dln-'Ali- 
ibn-Aboü-Bakr-al-Haravi (natif de la ville de Hé rat), qui était l’un des favoris 
du sultan d’Alep, al-Malik-ath-Thâhir, il fut également, durant un certain 
temps, le familier du prince de Hamàh, al-Malik-al-Mansoür. D’après Djamâl- 
ad-Dln-ibn-Wasil, le tombeau de ce personnage se trouve en dehors d’Alep. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Damas, dont le sol était en terre battue ; il chargea de cette opéra- 
tion le vizir Safi-ad-Din-ibn-Shakir. — On se servit comme mon- 
naie courante à Damas et dans d’autres villes [de Syrie] des sous 
noirs [el-karàüs-el-aaüdà] ’adilis ', puis ces pièces furent reti- 
rées de la circulation. — Cette même année, Sahm-ad-Din-Isâ fut 
nommé vàli du Caire au mois de Shavvàl et Djamâl-ad-Dln-ibn- 
Àboü-Mansoûr fut nommé délégué au trésor public. 

Sa'ad-ad-Dîn-ibn-Sa'ad-ad-Dîn-ibn-Koükiâ mourut le vingtième 
jour du mois de Rabi' deuxième. — Cette même année, al-Malik- 
al-Mo’aththam-'Isâ-ibn-al-’Adil partit de Damas pour aller faire le 
pèlerinage. Le shérif Salim-ibn-Kâsim-ibn-Mohanna-al-Hosainl, 
émir de Médine, fit le pèlerinage avec lui. Le shérif Kattada, émir 
de la Mecque, conçut alors le projet de s’emparer de sa personne. 
Son entreprise échoua et l’émir de Médine s’en retourna sain et 
sauf à Damas avec al-Malik-al-Mo'aththam. Ce prince l’envoya à la 
tête d’une armée pour s’emparer de la Mecque, mais il mourut en 
route avant d’arriver dans cette ville, et son neveu, Hammad-ibn- 
Kàsim, se mit à la tête de l’armée. Kattada réunit alors ses troupes 
et marcha sur Yanbo' ; mais il fut mis en pleine déroute. 


Année 612 . 

Dix-septième année du règne d’al-Malik-al-'Adil*Abou-Bakr 

en Égypte. 

Cette année, les Francs vinrent mettre le siège devant Khav- 
vâbi, et combattirent les Bathôniens, puis les deux partis firent la 
paix *. Le khalife al-Nasir envoya en Syrie, en Égypte et dans 
d’autres pays, un ouvrage qu’il avait composé et qu’il avait 
nommé « l’esprit de ceux qui sont arrivés à la connaissance éso- 
térique * », pour qu’on l’étudiât dans les cours de traditions. — 
Cette même année, les Francs s’emparèrent d’Antioche et massa- 


1. Frappés au nom d’al-Malik-al-'Adil, sultan d’Égypte. 

2. D’après Djamâl-ad-Dîn-ibn-Wâsil ( Mofarradj-al-kouroüb , ms. ar. 1702, 
folio 175 v*), les Francs ne firent la paix avec la garnison de la forteresse 
ismaïlienne de Khavvabi, que grâce à la médiation du sultan d’Alep, al- 
Malik-ath-Thàhir. 

3. Ha’dji-Khalifa mentionne cet ouvrage, sans donner de détails sur son 
contenu, dans son Kashf-al-sanoün (Lexicon bibliographicum, éd. Fluegel, 
tome III, p. 482-483, n° 6551) ; il se borne à dire que Taftâzânl le cite dans 
son célèbre commentaire sur le Miftâh. Djamàl-ad-Din-ibn-Wâsil nous 
apprend dans le Mofarradj-al-kouroüb (ibid, folio 175 verso), que cet ouvrage 
était un traité de traditions musulmanes. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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crèrentles Musulmans qui se trouvaient dans cette place; elle 
appartenait alors à al-Malik-al-Gh&lib-'Izz-ad-Dïn-K&i-Kàoüs 1 ; ils 
prirent ensuite aux Arméniens la forteresse de Loüloüh *. — Al- 
Malik-al-Mo'aththam-Aboû-’l-Hasan-'Ali, fils du khalife an-Nàsir, 
mourut celte année; quand les souverains des provinces (de 
l’empire ayyoubite) reçurent la nouvelle de son décès, ils firent 
célébrer des services funèbres, et ils’y assistèrent, revêtus d’ha- 
bits de deuil, pour rendre hommage à la majesté du khalife. 

Al-Malik-al-Kàmil envoya son fils al-Malik-al-Mas'oûd-Salàh-ad- 
Dln-Yoüsouf dans le Yémen. Ce prince partit d’Égypte à la tête 
d’une nombreuse armée et se dirigea vers ce pays dont il s’em- 
para. Il y vainquit al-Malik-ath-Mothaflar-Taki-ad-Dïn-'Omar- 
ibn-Shâhanshah-ibn-Nadjm-ad-Din-Ayyoûb, le fit prisonnier, et 
l’envoya sous bonne garde en Égypte. Al-Malik-al-Mothaffar resta 
au Caire jusqu’en l’an 647, époque à laquelle il alla combattre à 
al-Mansoüra et il y fut tué devant l’ennemi. Al-Malik-al-Mas'oûd 
resta souverain du Yémen. — Al-Malik-al-'Adil revint de Syrie 
au Caire. Quand on lui dit comment al-Malik-al-Maso'üd était allé f® 1 - s» r». 
faire une expédition dans le Yémen, ce prince blâma son fils al- 
Kâmil de l’y avoir envoyé, parce qu’il avait agi sans avoir reçu 
aucun ordre de lui. — 11 ordonna de bâtonner et d’enchaîner le fcâdï 
al-A'azz ; ce personnage fut emprisonné dans la citadelle de l’He 
(de Raùdah), puis on le transféra dans la citadelle de Bosra, où il 
fut détenu. — Cette même année, al-Malik-al-'Adil envoya ses 
biens, ses trésors et ses enfants à Karak. — On abolit la ferme 
des vins et du kiyàn (?) — Le shérif Kattâda, émir de la Mecque, 
vint assiéger la ville de Médine et coupa un grand nombre de 
palmiers; l’émir de Médine était à cette époque en Syrie auprès 
d’al-Malik-al-'Adil. Le sultan d’Égypte envoya une armée sous 
son commandement, et l’émir de Médine se mit en marche, mais 


1. Suivant Djamâl-ad-Din ( Mofarradj , ibid., folio 175 v°), au mois de Shavval 
le roi d’Arménie Ibn-Laon s’empara d’Antioche et traita bien la population 
de cette ville; le prince qui y régnait auparavant était un homme violent et 
injuste. Le roi d’Arménie rendit la liberté à un grand nombre de prisonniers 
musulmans qui y étaient détenus et les renvoya à Alep. Cela détermina le sul- 
tan al-Malik-ath-Thâhir à faire la paix avec lui. Djamâl-ad-Din dit que ce fut 
le sultan seldjoukide 'Izz-ad-Dln qui prit la forteresse de Loulouh aux Armé- 
niens. Le flls de Laon donna Bagliras aux chevaliers de l’ordre du Temple et 
installa son neveu comme gouverneur à Antioche ; il retourna ensuite chez 
lui par crainte du seldjoukide Tzz-ad-Dïn-Kai-Kàoüs. 

2. Les géographes orientaux ne donnent pas beaucoup de renseignements 
sur cette localité. Yâkoüt se borne à dire que c’est une citadelle voisine de 
Tarsoüs et qu’elle a été conquise par Mâmoun ( Mo’djam , tome IV, page 371) ; il 
y avait d’autres localités de ce nom, une près de Samavât et l’autre surnommée 
Lou’lou’ah la grande, qui était un quartier de Damas. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


il mourut en route, et son neveu Rammâd-ibn-Kâsim prit le com- 
mandement de l’armée, marcha sur la Mecque et livra bataille 
aux habitants de cette ville. Katlàda s’enfuit à Yanbo', tandis que 
Hamraâd s’emparait d’un butin considérable; il poursuivit ensuite 
Kattâda et l’assiégea dans Yanbo’. 

Cette même année, moururent Taki-ad-Din-al-Kabîr, sheïkh du 
monastère Sa'îd-as-So’ada,' au mois de Moharram, et Anba- 
Soüroüs-ibn-Abî-Ghalib, patriarche des Jacobites, le Jeudi, jour de 
la fête de l’Épiphanie de l’année 732 des Martyrs, date correspon- 
dante au 14* jour de Ramadhàn ; il avait exercé le patriarcat 
durant 26 ans, 11 mois et 13 jours. Ce personnage commença par 
faire du commerce dans le Yémen et un jour il fit naufrage ; on 
apprit qu’il n’avait pu sauver que sa personne. Il avait alors en sa 
possession une somme d’argent qui appartenait aux enfants d’al- 
Habbâb, et ces personnes considérèrent leur bien comme perdu 
(quand ils apprirent celte nouvelle). Quand Anb&-Soarous [revint 
en Égypte] et qu’il se retrouva avec eux, il leur apprit que leur 
argent avait été sauvé, parce qu’il l’avait placé dans des pièces de 
bois creuses qu'il avait clouées dans le navire, et il le leur rendit. 
Les Bis d’al-Habbab en conçurent un vif attachement pour lui. Au 
bout d’un certain temps, le patriarche Markos, fils de Zar'a, étant 
venu à mourir, Anbâ-Sourous parla d’élever au trône patriarcal 
Aboü-Yasir (î), qui demeurait à 'Adaviyya * ; mais les fils d’al- 


1. Le patriarche Marc, fils de Zar a, mourut le sixième jour du mois copte 
de Touba, date qui correspond à l’an 583 de l’hégire ; le nom de son succes- 
seur était Abou-’l-Mâdjid-ibn-Aboü-Ghâlib-ibn-Sourous et il prit le nom de 
Jean en arrivant au trône patriarcal ; il fut le 74* pontife de l’église d’Alexan- 
drie depuis l’évangéliste saint Marc. L’auteur de Y Histoire des Patriarches 
d’ Alexandrie donne aux protecteurs d’Ibn-Sourous le nom de fils d’al-Djabbàb ; 
telle est du moins la leçon d‘un des manuscrits de cet ouvrage; elle ne diffère 
de celle qui se lit dans le texte de Makrizi que par un seul point; ces deux 
personnages, l’un d’eux surtout, jouissaient d’une grande influence auprès du 
sultan d’Ègypte ; ils se nommaient le kàdi al-Murtadi et al-Râili. Cet Ibn-Sourous 
était séculier, mais il fut choisi de préférence à un moine parce qu’il n’avait 
jamais été marié. 

L’auteur de l 'Histoire des Patriarches $ Alexandrie rapporte que lorsque 
le patriarche Jean fut mort, il se forma plusieurs partis qui prônaient chacun 
leur candidat. Les uns voulaient un nommé Paul, surnommé al-Boûshi, 
d’autres David, fils de Jean, qui était originaire de Fouvvah, d’autres enfin, 
l’archidiacre de l’église al-Mo f allaka, nommé Aboü’-l-Karïm. Tels furent les 
premiers candidats. Mais dès que le vizir eut été instruit de la vacance qui 
venait de se produire, il donna la préférence à Sani-ad-Daülah-Aboü’-l-Fadâïl 
qui était son secrétaire. Les partisans du prêtre David tenaient extrêmement à 
voir passer leur candidat et ils mirent tout en œuvre pour arriver à ce résul- 
tat. Al-Malik-al-Kamil avait pour médecin un nommé Aboü-Shakir-ibn-Aboü- 
Solaïmàn qui demeurait avec lui à Fâkoüs ; de son côté, al-Malik-al-'Adil 
avait un secrétaire nommé Nisv-ad-Daülah-Aboü-’l-Foutoüh qui l’accompa- 
gnait dans ses voyages de Syrie en Égypte. Ces deux personnages jouissaient 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Jlabbâb l’engagèrent virement à se mettre sur les rangs ; Anba- 
Sourous en parla à ses amis qui l’encouragôrent dans cette inten- 
tion ; c’est ainsi qu’il arriva à cette dignité. Quand il fut nommé 
patriarche, il avait une fortune de dix-sept mille dinars égyp- 
tiens, qu’il dépensa tout entière pendant son patriarcat en 
aumônes aux pauvres, et à refréner les abus des moines et des 
prêtres; pendant ce temps aucun de ces gens ne mangea le pain 
des Chrétiens, qu’il fût petit ou grand, et n’en tira de présents. 

Le prêtre David (Dàoüd), fils de Jean (Yohanna), surnommé Ibn- 
Laklak, qui était originaire du Fayyoum, était lié avec Nasv-al- 
Khilafah-Aboü’-l-Foutoüh-ibn-al-Mikât, chef des bureaux des ser- 
vices de l’armée [Kâiib-al-djouyoush] d’al-Malik-al-'Adil; il 
accompagnait le patriarche dans ses voyages et vivait dans son 
intimité. Quand mourut Anba-Sourous, Aboü’-l-Fotoûh demanda 
à al-Malik-al-'Adil de nommer patriarche le prêtre David; le sul- 
tan consentit à cela et lui écrivit un diplôme d’investiture sans 
qu’al-Malik-al-Kamil le sût. — Au mois de Djoumada premier, al- Foi. 59 »•. 
Malik-al-'Adil destitua Zaki-ad-Dïn-ath-Thâhiri-ibn-Mohyi-ad-Din- 
Mohammad-ibn-'Ali-al-Karshi de la charge de kàdx de Damas, 
et il chargea Djamal-ad-Dîû-'Abd-as-Samad-ibn-Mohammad-ibn- 
Aboü’-l-Fadl-al-Khorastâni de la suppléance de la charge de kàdl 
de cette ville ; ce personnage avait alors 92 ans. — Cette année, 
un individu vint d’Orient au Caire avec un âne qui avait une bosse 
comme un chameau. Cet animal dansait en rond et obéissait à 
tous les commandements de son maître. 


Année 613 *. 

Dix-huitième année du règne du sultan al-Malik-al-'Adil- 
Abou-Bàkr en Égypte. 

Cette année, Bahà-ad-Din-ibn-al-Homaizï fut investi de la 

auprès de leurs maitres respectifs de la plus grande influence et ils disposaient 
des meilleures places en faveur de leurs amis. Il serait trop long d’entrer ici 
dans le détail de cette interminable affaire, au cours de laquelle al-Malik- 
al-Kàmil fut toujours du côté des adversaires du prêtre David, contre son 
père qui voulait avoir celui-ci comme patriarche dans l’espérance d’en tirer 
de l’argent autant qu’il en voudrait et peut-être d’affaiblir la communauté 
chrétienne en lui imposant un patriarche que beaucoup de gens, à tort ou à 
raison, considéraient comme un mauvais prêtre, en tout cas comme un ambi- 
tieux. 

1. Djamâl-ad-Dln-ibn-Wasil raconte, dans le Mofarradj (ms. ar. 1702, 
folio 176 recto), que le sultan seldjoukide du pays de Roùm, al-Malik-al-GM- 
lib-'Izz-ad-Dln-Kal-Kâoüs, envoya une ambassade au sultan d’Alep al- 

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REVUE DE L ORIENT LATIN 


charge de khàtib (prédicateur) du Caire, le treiziéme jour du 
mois de Moharram, et Abou’-l-Thàhir-al-Mahalii de la charge de 
khàtib de Misr. — Le deuxième jour du mois de Çafar, al-Malik- 
al-'Adil se rendit du Caire à Alexandrie, il régla les affaires de 
cette ville, puis il s’en revint au Caire. — Cette môme anuée, Baha- 
ad-Din-ibn-Shaddâd arriva au Caire, venant d’Alep, en qualité 
d’ambassadeur d’ath-Thàhir accrédité auprès d'al-'Adil. Le sul- 
tan d’Égypte se trouvait alors au Caire; ath-Thahir tomba malade 
le vingt-cinquième jour de Djoumâda premier et mourut au cours 
de la vingt-troisième nuit de Djoumâda second ; il était âgé de 
44 ans et quelques mois et il avait régné à Alep durant trente 
et un ans. Ce prince avait étudié les traditions et il les avait 
enseignées à Alep. Il aimait à répandre le sang et était violent. 

Foi. «O f. Il gouvernait fort bien son royaume et il a laissé de très bons vers. 


Malik-ath-Thâhir pour le prier de venir le retrouver à Mar'ash et de marcher 
ensuite contre le fils de Laon dans le but de lui reprendre la ville d’Antioche. Al- 
Malik-ath-Thâhir saisit avec empressement cette occasion d'abattre la puis- 
sance du roi d’Arménie et il fut convenu que le sultan 'Izz-ad-Dïn envahirait 
ses états par Mar'ash pendant qu’al-Malik-ath-Thàhir l’attaquerait par Darbsâk 
avec les troupes de Damas, de Hamàh et de Homs. Le sultan d’Alep réunit ses 
hommes d’armes, leur distribua de l’argent et fit porter son acquiescement à 
'Izz-ad-Dïn par 'Abd-ar-Rahmân-al-Mandji. En même temps, il envoyait des 
officiers à son oncle al-Malik-al-'Adil, le sultan d’Egypte, pour lui demander 
ce qu’il convenait de faire dans cette occurrence. Le sultan lui conseilla* de ne 
point unir ses troupes à celles du prince du pays de Roüm, en lui montrant 
quels ennuis il se créerait en agissant de cette façon; il l’engageait en même 
temps à se tourner de préférence de son côté. Cette réponse jeta le sultan 
d’Alep dans une très grande perplexité, d’autant plus qu’al-Malik-al-Ghâlib- 
'Izz-ad-Dïn-Kai-Kâous lui envoyait dépêches sur dépêches pour lui rappeler 
ses engagements et le presser de venir. Sur ces entrefaites, al-Malik-ath- 
Thâhir reçut une lettre du roi d’Arménie, Ibn-Laon, dans laquelle ce dernier se 
disait son mamlouk et lui rappelait qu’il n’avait jamais agi d’une façon hos- 
tile envers lui et qu’il avait toujours résisté aux conseils de ses ennemis qui 
l’exhortaient à profiter de ses embarras pour lui en créer de plus grands 
encore. En même temps que cette lettre, le prince arménien lui envoyait des 
cadeaux très précieux. Cette démarche inspira à al-Malik-ath-Thâhir des senti- 
ments moins malveillants envers Ibn-Laon. Le sultan du pays de Roum ayant 
appris cela envoya à Alep son kàdi de l’armée, qui était en même temps kàdl 
de la ville d’Aksérâ,pour apprendre au sultan d’Alep qu’il se trouvait à Mar'ash, 
qu’il n’attendait plus que lui pour commencer les hostilités et que ses troupes 
avaient massacré un certain nombre d’Arméniens qui vivaient dans des vil- 
lages dépendant d’Alep. Cette ambassade eut un résultat tout différent de 
celui qu’en attendait 'izz-ad-Dïn, et cette nouvelle irrita vivement al-Malik-ath- 
Thâhir qui se résolut à suivre les conseils de son oncle, le sultan d’Egypte. 
C’est alors qu’il lui envoya son ministre, le kâdï Bahâ-ad-Dïn ; il lui avait 
déjà envoyé quelque temps auparavant le substitut de ce magistrat, le kâdï 
Nadjm-ad-Din-ibn-al-Hadjdjâdj. Le sultan d’Egypte le reçut très bien et consen- 
tit à tout ce que lui demandait son neveu, à savoir de reconnaître son fils al- 
Malik-al-'Aziz-Mohammad comme l’héritier du trône d’Alep, de donner en 
mariage à ce jeune prince la fille de son fils, le sultan al-Malik-al-Kàmil et de 
n'avoir tous les deux qu’une seule convention avec les Francs. 

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histoire d’égypte de makrizi 


161 


Sou fils, al-Malik-al-'Azîz-Ghyalh-ad-Dïn-Mohammad régna après 
lui; il avait à cette époque deux ans et quelques mois. Al-Malik- 
al-'Adil, dès qu’il apprit la grave maladie dont était atteint al- 
Malik-ath-Thahir, envoya un courrier du Caire à Alep pour avoir 
de ses nouvelles ; c’est ainsi qu’il reçut la nouvelle de sa mort 
avant tout le monde. Il fit alors venir lbn-Shaddàd et lui dit : 
« Kâdî, ton maître est mort tel jour, à telle heure » ; Ibn-Shaddad 
s’en retourna alors à Alep . 

Cette année les Tatars commencèrent à sortir de leurs pays 
qui avoisinaient l’Iran. — Le shérif Kâsim sortit de Médine et alla 
faire une expédition contre Djedda. Le shérif Kattada, émir de 
la Mecque, marcha contre lui et le battit, le dixième jour du mois 
de Dhoü-’l-hidjdjah. 


Année 614 *. 

Dix-neuvième année nu règne du sultan al-Malik-al-'Adil-Abou- 
Baer en Égïpte. 

Cette année, le sheïkh Sadr-ad-Dîn-ibn-Hamaviyya vint de Bag- 
dad ’ pour répondre à une ambassade qu’al-Malik-al-'Adil avait 
adressée au khalife an-Nâsir. — Cette même année, des renforts 
envoyés par les Francs de Rome et * d’autres pays arrivèrent suc- 


1. Oq lit dans V Histoire des Patriarches d' Alexandrie (ms. ar. 302, page 320), 
que cette année, on fit un pont de bâteaux depuis File (de Raudhah) jusqu’à 
Djizeh; il fut commencé par les meilleurs ouvriers du Caire, le nombre des 
bateaux dont il se composait était de cinquante-trois, il fut terminé le jeudi, 
neuvième jour du mois de Ablb de l’an 933 des Martyrs ; les gens eurent le droit 
d’y passer sans qu’on leur demandât de rétribution; le sultan désigna des 
ouvriers pour le tenir en état, pour y faire les réparations nécessaires et pour 
ouvrir les portes aux vaisseaux qui montaient et qui descendaient le fleuve ; 
on y avait en effet ménagé des ouvertures pour permettre la navigation sur le 
Nil; on pouvait se rendre à Djizeh ou en revenir à pied ou à cheval, ce qui 
causa un très vif plaisir aux habitants, et ils bénirent le sultan de l’avoir 
fait construire; il y avait de chaque côté des garde-fous en bois pour empê- 
cher les gens de tomber à l’eau. 

2. Djamàl-ad-Dîn-ibn-Wasil nous apprend dans le Mofarradj -al-kouroüb 
(ms. ar. 1702, folio 183 verso) que le père du sheïkh Sadr-ad-Dïn se nommait 
f Imâd-ad-Dln et qu’il était venu en Syrie sous le règne d’al-Malik-al-'Adil- 
Noür-ad-Dln-Mahmoüd qui l’avait nommé supérieur du couvent des Sofls à 
Damas; il lui avait également confié la charge d’inspecteur de tous les monas- 
tères à Damas. Son fils Sadr-ad-DIn jouissait d’un grand crédita la cour du 
sultan al-Malik-al-'Adil. 

3. Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil (ms. ar. 1702, folio 183 r°) est plus explicite que 
Makrizi ; il dit que les Francs venaient de Rome la grande ( Roumiyya-al-kou - 
brâ) où régnait l’un de leurs plus puissants souverains, qui était connu sous le 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 11 

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162 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


cessivement à f Akkà; parmi ces renforts se trouvaient plusieurs 
rois des Francs. Ils violèrent la trêve et résolurent de s’emparer 
de Jérusalem, ‘ainsi que de toutes les villes du Sahel. Al-Malik-al- 
'Adil marcha sur Nabolos et vint camper à Baîsan 1 . Son fils al- 
Malik-al-Mo f aththam lui demanda dans quel but il s'était mis en 
marche. Son père l'injuria et lui dit : « Tu as distribué en fief 
la Syrie à tes Mamlouks et tu as délaissé tous ceux qui m’ont 
servi. » Les Francs marchèrent contre lui, mais il n’osa pas se 
porter à leur rencontre à cause du peu de gens qui se trouvaient 
avec lui. Il recula devant eux jusqu’au défilé de Fik *, puis il écrivit 
aux troupes qui étaient en garnison à Damas de transporter des 
vivres 8 de Daria à la citadelle, et d’envoyer de l’eau dans les can- 


nom de Pape ( bdbâ ). Dès qu’al*Malik-al- f Adil eut appris qu’ils étaient débarqués 
à'Akkâ, il partit du Caire et vint à Ramlah, de Ramlah il se rendit à Ludd 
(Lydda); c’est alors que les Francs sortirent d”Akkà et que le sultan d’Égypte 
marcha sur Nabolos, puis sur Baisân. Les Francs se dirigèrent vers lui pour 
lui livrer bataille; l’armée d’al-Malik-al-'Adil n’était pas, à cette époque, à 
effectifs complets et il avait grand peur d’ètre battu s’il rencontrait les Francs. 
Aussi il se déroba devant eux et gagna le défilé de Flk où il se trouvait en 
sûreté par suite de la proximité de Damas. Cette marche rétrograde à laquelle 
al-Malik-al-'Adil avait été obligé de se résoudre, livra tout le pays qu’il aban- 
donnait aux Francs qui le mirent à feu et à sang; ils y firent un butin immense 
et s’emparèrent d’un grand nombre de prisonniers ; toute la contrée qui s’étend 
entre Baisân et Bànlâs fut ainsi ravagée ; ils envoyèrent des escadrons de 
cavalerie dans tous les villages. 

1. L’historien des Patriarches d’Alexandrie raconte dans sa Chronique que 
cette année, le sultan se rendit en Syrie et vint camper à Baisân avec toute 
son armée ; il resta fort longtemps devant cette ville. Un peu avant cette 
époque, un roi des pays qui sont situés de l’autre côté de la mer était arrivé 
(au secours des Francs) il s’appelait Melik-el- Hangar. On dit que les Francs 
(qui étaient sous le commandement de ce prince) étaient au nombre de 
4,000 chevaliers et 100,000 fantassins. Ils vinrent attaquer l’armée de l’Islam à 
Baisân ; les chefs des Musulmans ne purent tenir devant eux et ils prirent la 
fuite ; les Francs les poursuivirent pendant quatre ou cinq jours, de telle sorte 
qu’ils les repoussèrent loin du Sahel ; ils leur prirent leurs provisions et leurs 
armes, et ils en tuèrent ou firent prisonniers un nombre immense. Ils s’en revin- 
rent ensuite et campèrent devant Tabarriyya pendant quelques jours, puis ils 
retournèrent devant 'Akkâ et ils restèrent préparant tout pour un siège. De 
là, ils allèrent à Toür, qui est une grande citadelle qui fut rebâtie par al- 
Malik-al-'Adil et non loin d’'Akkà, ils l’attaquèrent durant dix jours et 
tuèrent le commandant de la place. Ils levèrent ensuite le siège sans cause 
apparente et s’en retournèrent à f Akkâ avant la fête de la Sainte-Nativité. — 
A cette même époque le sultan d’Égypte ordonna que l’on fit une enquête sur 
les gens qui étaient détenus en prison; on fit comme il l’avait commandé. 

2. Aboü-Bakr-al-Hamadhànl, cité par Yâkoüt ( Mo'djam-al-bouldân , tome III, 
page 933), rapporte que Fïk est une ville de Syrie entre Damas et Tibériade que 
l’on nomme aussi Afik. Par le défilé de Flk, qui domine Tibériade, l’on des- 
cend dans le Ghaür du Jourdain. Aboü’-l-Fidâ nous apprend que Flk est 
distant d’une journée de Tyr (Géographie, tome II, partie n, page 15). 

3. Il y a un très grand nombre de localités nommées Kasr en Syrie ; celle dont 
il est question dans le texte de Makrizi est vraisemblablement le Kasr- 
Çadjdjâdj qui est un quartier très important en dehors de la porte Bâb-al- 

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histoire d’égypte de makrizi 


163 


tons de Dârià, de Kasr-Hadjdjadj 1 et de Shâghoür a . Les habi- 
tants furent épouvantés, ils implorèrent l’assistance d'Allah, et 
remplirent les mosquées de leurs supplications. Les Francs mar- 
chèrent sur Bâïsàn dont les habitants étaient bien tranquilles 
parce qu’ils pensaient qu’ai-' Adil viendrait camper près d'eux. 
Les Francs saccagèrent cette ville ainsi que toute la province qui 
en dépendait, et la mirent à feu et à sang. Ils y firent de nombreux 
prisonniers et s’emparèrent d’un butin si considérable qu’il est 
impossible de le décrire. Ils envoyèrent des patrouilles de cavale- 
rie dans toutes les directions et certaines d’entre elles arrivèrent 
à Noua *. Les Francs vinrent camper à Banias où ils demeurèrent 
pendant trois jours, après quoi ils rétrogradèrent. 


Dj&biyya à Damas; c’est dans cet endroit que Bakhtiyar-ibn-Mo'izz-ad-Daü- 
lah-ibn-Boüyah fut assassiné par son cousin f Adad-ad-Daülah (Yâkoüt, Afo'd- 
jam, tome IV, page 110). Il y a près de Damas d’autres endroits dans le nom 
desquels entre le mot kasr; je citerai en particulier, le kasr-Oumm-Haklm 
(ibid. y page 108); le kasr-banï-'Omar {ibid. y page 110). 

1. Je n’ai pas trouvé de renseignements dans Yâkoüt sur cette localité. 

2. Yâkoüt nous apprend dans le Mo'djam-al-boiddân ftome II, page 236) que 
c’est un quartier situé à la « Petite Porte » à Damas, en dehors de la ville et 
dont était originaire le grammairien Shihâb-ad-Din-al-Fatyàn-ibn-'Ali-ibn- 
Fatyân-al-Asadi, que Yâkoüt vit à Damas alors qu’il était arrivé aux limites de 
la plus extrême vieillesse. 

3. C’est une petite ville qui dépend de la province de Haürân (Yâkoüt, Mo'd- 
jam, tome IV, page 815), elle est éloignée de deux étapes de Damas. Ce géo- 
graphe affirme qu’on y montrait le tombeau de Sem, fils de Noé. Il y a 
une autre localité de ce nom à trois farsakhs de Samarkand. 


(A suivre.) 


E. Blochet. 


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LES MÉMOIRES 

DE 

PHILIPPE DE NOVARE 1 


Le livre II des Gestes des Chiprois * s’ouvre ainsi : « Ci 
comence l’estoire et le droit conte de la guerre qui fu entre 
l’empereor Federic et messire Johan de Ybelin, seignor de 
fiaruth. Et par quey l’on peusse meaus entendre cornent 
mut et comensa et flna cele guerre, et cornent avint que par- 
tie des Chiprois se tint vers l’empereor et la plus grant partie 
vers le seignor de Baruth, Phelipe de Nevaire, qui fu a tous 
les fais et les conseils, et qui mainte fois a esté amés des bons 
pour le voir dire et haïs des malveis, vous en dira la vérité, 
aucy corne en touchant les homes et les grans fais. » 

1. Cette notice est destinée à entrer dans V. Introduction , qui paraîtra pro- 
chainement, du tome II des Historiens arméniens des Croisades publiés par 
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Cette Introduction , qui devait 
être faite par MM. Schefer et de Mas Latrie, éditeurs du volume, m’a été 
confiée après la mort de nos deux regrettés confrères. Je me serais trouvé 
fort embarrassé pour l’écrire si je n’avais eu l’aide de M. Charles Kohler, 
beaucoup plus versé que moi dans l’historiographie des Croisades. Je n’étais 
sérieusement préparé que pour les Gestes des Chiprois , texte à l’édition 
duquel j’ai pris la plus grande part, aidé par les excellentes notes que 
m’avait remises mon savant ami Ad. Mussafia. La compilation désignée sous 
ce titre, et que je crois pouvoir attribuer à Gérard de Montréal, comprend 
trois livres. Je détache ici, en la modifiant légèrement sur quelques points, 
la partie relative au livre II, qui se compose essentiellement d'un extrait des 
Mémoires de Philippe de Novare. Cette partie sera remaniée et, sans doute, 
quelque peu abrégée pour figurer dans l 'Introduction définitive. Je la publie 
à part et d’avance telle que je l’ai écrite il y a plus d’un an, tant parce 
qu’elle forme en elle-même un tout complet que pour appeler sur les idées 
qui y sont émises la critique des juges compétents. 

2. Ce titre, donné à la compilation par les éditeurs modernes, ne lui con- 
vient qu’assez imparfaitement, comme on le verra plus loin et comme je l’ai 
expliqué plus au long dans la première partie de ma notice. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 165 

Il faut rapprocher de cette annonce le renseignement très 
précis et très intéressant que nous donne le même auteur 
dans l’épilogue de son Livre des Quatre âges d’homme ‘ : 
« Phelipes de Novaire *, qui flst cest livre, en fist autres deus. 
Le premier fist de lui meesmes, une partie, car la est dit dont 
il fu, et comment et por quoi il vint deçà la mer et comment 
il se contint longuement par la grâce Nostre Seignor. Après 
i a rimes et chançons plusors que il meïsmes fist, les unes des 
granz folies dou siecle que l’on apele amors, et assez en i a 
qu’il fist d’une grant guerre qu’il vit a son tens antre l’ampe- 
reor Fredri et le seignor de Barut, mon seignor Jehan d’Ibe- 
lin 1 2 3 4 5 6 le vieil. Et un moût biau compe i a il de cele guerre 
meïsmes dès le commancement jusques a la fin, ou queil 3 sont 
devisé li dit et li fait et li grant consoil des batailles et des 
sieges atiriez ordeneement, car Phelipes fu a touz. Après i a 
chançons et rimes qu’il fist plusors en sa vieillesse de Nostre 
Dame et des sains et des saintes. Celui livre fist il por ce que 
ces troveüres, et li fait qui furent ou pais a son tens, et les 
grans valors des bons seignors, fussent et demorassent plus 
longuement en remembrance a cels qui sont descendu de lui 
et des autres amis et a touz ces qui les vorront oir *. » 

Il résulte de ce passage que le premier des trois livres dont 
Philippe de Novare se déclare auteur (le second est son 
Traité de forme de plait ) devait s’intituler Li livres Phelipe 
de Novaire et se composait de quatre parties : 1° récit de la 
jeunesse de Philippe, de son arrivée en Orient et des premiers 
temps de sa vie dans sa nouvelle patrie ; 2° chansons d’amour 
composées par lui à cette époque; 3° récit en prose* de la 


1. Les Quatre Ages de l’homme , traité moral de Philippe de Navarre, 

publié par Marcel de Fréville. Paris, Didot, 1878 (publication de la Société 

des Anciens textes français). 

2. Le manuscrit qui a seul conservé cet épilogue porte de Navarre (voyez 
plus loin). 

8. Le manuscrit porte de belin. 

4. L'éditeur a imprimé ou que il . 

5. Ce passage si précieux ne figure malheureusement que dans un seul 
(B. N. fr. 12581) des cinq manuscrits qui contiennent le traité des Quatre âges , 
et ce manuscrit a été exécuté en France et non en Syrie. Les leçons n’en sont 
donc pas tout à fait assurées, et celle-ci paraît assez douteuse. On lirait plus 
volontiers : et a ses autres amis. 

6. C'est ce que veut dire le mot conte ou compe (forme dialectale), clai- 
rement opposé aux « chançons, rimes » et « troyeüres » mentionnées avant 
et après. 


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166 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


guerre des lbelin contre l’empereur Frédéric, dans lequel 
étaient intercalées des chansons de circonstance 1 ; 4° chan- 
sons pieuses composées par Philippe dans sa vieillesse. La 
perte de cet ensemble est infiniment regrettable; heureuse* 
ment, grâce au manuscrit conservé des Gestes , grâce aussi à 
la chronique dite d’Amadi, nous possédons, entièrement pour 
le fond et presque entièrement pour la forme, la plus impor- 
tante, au point de vue historique, des parties dont il se com- 
posait *, le récit de la guerre des lbelin contre les impériaux, 
à laquelle Philippe prit une grande part. Avant d’examiner 
ce récit, tel qu’il nous est parvenu, aux divers points de vue 
qui sollicitent l’attention, il nous faut exposer en quelques 
mots ce que nous savons de l’auteur, soit par lui-même, soit 
par des documents ou témoignages contemporains. . 

Philippe nous apprend, au début de son traité des Quatre 
âges , qu’il avait écrit ce livre à soixante-dix ans passés. S’il 
fallait en croire Beugnot, qu’a suivi M. de Mas Latrie dans 
son Histoire de Chypre *, il serait mort avant 1263 ou 1264, 
car, à cette époque, il est cité comme n’existant plus. Mais c’est 
une erreur, qu’il faut rectifier. En 1263, ou peut-être en 1264, 
Hugues de Brienne cite, comme précédent, un jugement de 
droit féodal, et, ajoute-t-il, il fallait que le perdant eût tort, 
« que il ot a son conseil sire Phelipe de Nevaire, que l’on tent 
au meillor pledeour deçà mer ». Hugues d’Antioche répond 


1. Philippe s’est exprimé sur ce point avec peu de clarté : il semblerait 
que les chansons relatives à la guerre fissent corps avec les chansons d’amour 
et se trouvassent précéder comme elles le « conte » de la guerre ; mais, dans 
le fragment que nous ont conservé les Gestes , ces chansons sont intercalées 
dans le « conte », et il est visible qu’elles l’ont été dès la composition de celui- 
ci. Mais Philippe s’était sans doute borné d'abord à recueillir ses chansons 
politiques, qu’il a plus tard insérées dans son récit en prose, et en écrivant 
son épilogue, il a songé à ce recueil primitif, qui avait été réparti plus tard 
en divers endroits du « conte ». 

2. Beugnot, interprétant mal le passage des Quatre âges (qu’il a eu le 
mérite, en 1840, de faire connaître d’après le ms.), s’est imaginé que Philippe 
avait composé six ouvrages, trois en prose, — Mémoires, traité de droit. 
Quatre âges , — et trois en vers, à savoir deux recueils de chansons et un 
poème sur la guerre de Frédéric contre les lbelin (Bibl. de VÉc. des Chartes , 
t. II, p. 16-18). Cette erreur a été souvent répétée depuis; elle est cependant 
évidente. Elle a été signalée par M. Raynaud (p. xv) et réfutée par M. Rich- 
ter dans le mémoire dont il sera parlé plus loin. 

3. Ass. de Jér ., t. II, p. 404, n. a; Mas Latrie, Hist. de Chypre , t. I, p. 403. 
Précédemment (.4ss. de Jér., t. I, p. 476), Beugnot avait supposé avec plus de 
raison que Philippe était mort vers 1270. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


167 


que « moût meillour plaideor de sire Phelipe de Nevaire a l’on 
vebu souvent faillir a dire ce que mestier li estoit en plait, et 
il est chose certaine que messire Phelipes de Nevaire failli lors 
a bien plaidoier 1 2 3 4 5 6 ». Beugnot a compris tent comme « tint » 
et en a conclu que Philippe n’était plus de ce monde; mais tent 
est le présent « tient », et ce passage prouve au contraire que 
Philippe vivait encore en 1263 ou 1264, en même temps qu’il 
atteste la grande renommée dont il jouissait comme plaideor. 
C’est la dernière mention de lui que nous ayons, et nous ne 
pouvons dire la date exacte de sa mort; mais nous pensons 
qu’elle doit avoir été postérieure à 1265. 

C’est en effet vers 1195 qu’il faut probablement placer sa 
naissance : en 1218, il était au siège de Damiette, et la position 
subalterne où il se trouvait, accompagnant Pierre Chappe, 
baron chypriote, nous montre qu’il était encore très jeune. 
D’autre part, son fils Balian était chevalier en 1243 *, et devait 
donc être né vers 1222 au plus tard *, en sorte que Philippe 
s’était marié vers 1221, âgé d’environ vingt-six ans. Puisqu’il 
a écrit son dernier ouvrage à soixante-dix ans passés, on voit 
qu’il doit l’avoir écrit après 1265. 

Philippe est appelé de Navarre dans le seul manuscrit des 
Quatre âges qui en ait conservé l'épilogue \ di Navarra dans 
la version italienne de son Histoire de la guerre de Chypre , 
deNavaire dans une charte française de 1251 \ — de Nevaire 
dans le manuscrit chypriote des Gestes , dans le Livre des 
lignages d’outre mer *, dans l’abrégé des Assises de Jéru- 
salem 7 8 9 , dans les discours prononcés en 1263 ou 1264 par 
Hugues de Brienne et Hugues d’Antioche, dans Yincipit, propre 
au ms. B, du Livre de forme de plait •, de Nevarre dans le 
ms. A de ce même livre une des fois où il y est nommé *, — 

1. Am. de Jér., t. II, pp. 406, 408. 

2. Voy. Gestes des Ch., § 226. 

3. En tout cas, il était né avant 1229, puisque, à cette date, Philippe traite de 
compere Balian d'Ibelin, qui était le parrain de son fils (§§ 143, 226). 

4. Voy. ci-dessus, p. 165, n. 5. 

5. Voy. Rflhricht, Regesta regni Sierosolymitani (Innspruck, 1893), n* 1200. 
On peut soupçonner une faute de lecture, de copie ou d'impression. 

6. Ed. Rey, II, 472, 473. 

7. Am. de Jér., II, 318, 337, 341. 

8. Am. de Jér., I, 475. 

9. Ass. de Jér., 1,571. 


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168 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


enfin de Novaire dans des chartes françaises de 1237, 1253 et 
1261 1 2 3 4 5 6 7 et dans le second des passages où le ms. A de la Forme 
de plait le nomme J . Cette dernière forme est sûrement la 
bonne, et elle est attestée par trois documents latins où notre 
auteur est nommé Philippus de Novaria \ Il s’appelait lui- 
même Phelipe de Novaire , et nous devons l’appeler Philippe 
de Novare ‘. Il était, en effet, originaire de la ville lombarde 
(dans le comté de Blandrate) qui portait en latin le nom de 
Novaria , d’où en ancien français Novaire, et qui porte aujour- 
d’hui le nom italien de Novara , en français Novare. Il se 
désigne deux fois lui-même comme Lombard dans un passage 
altéré en partie dans le manuscrit, mais qu’on a restitué avec 
certitude *. Il était de famille noble *. Il racontait, on l’a vu, dans 
la partie perdue de ses Mémoires, pourquoi et comment il avait 
quitté son pays pour venir en Orient. Il était sans doute arrivé 
d’abord en Chypre, et s’était mis, suivant l’usage des jeunes 
nobles, au service d’un haut baron du pays, Pierre Chappe, 
qu’il accompagna au siège de Damiette en 1218 : il charmait 
son patron par son talent de lire à haute voix des romans, et 
gagna ainsi l’amitié de Raoul de Tabarie, qui passait pour 
l’homme de son temps le plus versé dans le droit féodal, et qui 
inculqua au jeune homme, d’abord un peu récalcitrant, les 
premiers principes de cette science où il devait exceller \ 
C’est sans doute aussi devant Damiette qu’il se lia avec les 
lbelin, dont il resta toute sa vie le client et l’ami dévoué. Il se 


1. Rôhricht, n°» 1078, 1208, 1307. 

2. Ass, y I, 536. C’est donc par distraction que M. Raynaud (p. xni, n. 2) dit 
qu’on trouve Novaire « dans la plupart des manuscrits du Livre de forme de 
plait ». On ne connaît que deux manuscrits de cet ouvrage. 

3. Rôhricht, n 01 1049 et 1156. Il faut y joindre le bref d’Alexandre IV cité en 
note au n° 1200. 

4. La forme Navarre, Navarra, ne se trouve que dans un texte écrit en 
France à la fin du xm e siècle et dans les versions italiennes; elle a été long- 
temps, mais à tort, adoptée de nos jours, et on a môme cherché à montrer 
que Philippe était bien Navarrais. — Nevaire est une forme altérée qui a évi- 
demment été courante en Chypre à la fln du xm® et au xiv® siècle. 

5. Gestes des Ch. y §§ 143, 144. La restitution de ce passage à sa vraie forme 
et de Philippe à sa vraie patrie a d’abord été faite dans la Romania , t. XIX, 
pp. 99-102. 

6. Voy. § 140 (Romania, l. c., p. 101). — On trouvera exprimée au môme 
endroit l’idée que Philippe pouvait avoir le surnom ou nom de famille de 
VAsne; mais ce n’est qu’une conjecture. 

7. Voy. le charmant récit que Philippe fait de ce souvenir de jeunesse dans 
le Livre de forme de plait (Ass. de Jêr., I, 525). 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


169 


maria vers 1221 1 2 3 4 5 et perdit sans doute sa femme de bonne heure, 
après en avoir eu un fils, dont Balian d’Ibelin fut le parrain *. 
Soit par son mariage, soit par l'amitié des Ibelin, il acquit des 
fiefs en Chypre, et c’est pour quelque affaire les concernant qu’il 
y était venu en 1229 *, quand il fut arrêté, puis assiégé, comme 
il le raconte dans son livre. Il avait des dettes à cette époque 
(§ 141), et il ne régularisa pas sa situation, car en 1243 nous le 
trouvons encore endetté de la somme considérable de mille 
marcs d’argent (§ 227). Il paraît avoir mené d’ailleurs une vie 
peu austère, comme l’indiquent les chansons qu’il avait com- 
posées de ces « granz folies dou siecle que l’en apele amors ». 

A partir de 1229 jusqu’en 1243 nous connaissons la vie 
publique de Philippe par son livre, et nous y reviendrons plus 
loin. La part qu’il s’attribue dans les événements est sans doute 
quelque peu exagérée, — comme il arrive aux auteurs, même 
les plus sincères, de mémoires, — car le consciencieux rédac- 
teur de la partie correspondante du Livre de la Terre Sainte 
(1. 33 et 34 de l’édition de l’Académie) ne le mentionne pas 
une seule fois, non plus que Marsilio Giorgio, le « bail » des 
Vénitiens de Syrie, dont le récit, en ce qui touche les événe- 
ments de 1243, s’accorde d’ailleurs si parfaitement avec celui 
de notre historien. Il est certain néanmoins que le rôle de 
Philippe, comme combattant et négociateur, dans la guerre de 
Chypre, dont son arrestation injustifiée avait été le point de 
départ, fut brillant, et qu’une fois la guerre terminée il occupa 
en Chypre et en Syrie, dans le parti des Ibelin, un rang 
élevé *. Nous le voyons en 1233 et 1236 associé au roi Henri 
et aux plus hauts barons de Chypre dans des pactes conclus 
avec les Génois ou les Marseillais *. 

1. On ignore le nom de sa femme (voy. Romania , l. c., p. 102, n.). 

2. Il ne parle jamais de sa femme et semble n’avoir eu qu’un enfant, en sorte 
qu’on peut croire qu’elle mourut en couches de son premier-né. 

3. Il y venait certainement de Syrie, et non d’Occident, comme le dit M. G. 
Raynaud (p. xvi). 

4. M. Raynaud a résumé (p. xvi-xvii) ce que Philippe nous apprend dans son 
livre de sa vie pendant ces quatorze années (le passage cité à la fin du troi- 
sième alinéa de la p. xvi (§ 149) doit être restitué dans sa forme). Je relèverai 
seulement une expression qui prête à l’équivoque : Philippe, dit M. Raynaud, 
« dut aller outremer en ambassade »; il faut entendre qu’il dut y aller, mais 
qu’il n’y alla pas (voy. § 152), et, dès lors, il n’y a rien d'étonnant à ce que ce 
soit là « un fait que seuls nous relatent les Gestes ». 

5. Rôhricht, n°» 1049 et 1071. 


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170 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Il avait sans doute, dès avant 1229, commencé à cultiver 
cette science du droit et cet art de plaidoier dont Raoul de 
Tabarie lui avait enseigné les premiers éléments, car déjà en 
1229 il soutenait contre les cinq baus de Chypre une discus- 
sion de droit fort serrée. Il reprit cette étude après la guerre 1 2 3 4 
et y devint bientôt passé maître. Nous avons vu qu’à la fin de 
sa vie il avait la réputation du meilleur plaideor * d’outre- 
mer, et le Livre de forme de plaît, qu’il composa vers cette 
époque, nous prouve qu’il était initié à toutes les finesses du 
droit féodal. Ces finesses avaient été poussées dans le monde 
français d’oulre-mer plus loin que partout ailleurs, et les 
« plaids » y avaient pris une importance excessive, qui nous a 
valu de très précieux livres juridiques, mais qui a été un des 
éléments de destruction du royaume de Syrie. Philippe recon- 
naît lui-même que la pratique habituelle de ces subtilités, qui 
ont surtout pour but de tendre des pièges à la partie adverse, 
n’est guère conciliable avec les scrupules de l’honnêteté 
rigoureuse. Il confesse que dans ce métier on met « son âme 
derrière la porte », trop heureux si Dieu vous permet de la 
délivrer plus tard *. Dans le Livre des quatre âges il déclare 
qu’il se repent d’avoir écrit son traité de droit, « por doute 
que aucunes males gens nan ovrassent malement de ce qu’il 
avoit ansaignié por bien et leaument ovrer * », avouant ainsi 
que dans cet enseignement il y avait bien des périls pour la 
conscience. Dans la pratique, il est certain que lui-même il ne 
résistait pas à la tentation de faire un usage plus habile que 
parfaitement légitime des subtilités juridiques qu’il possédait 

1. Beugnot va trop loin (Bibl. de l'Êc. des Ch., I. c., p. 14) en disant qu'il 
« abandonna la carrière des armes pour se livrer tout entier à l’étude et à la 
pratique des lois ». Un chevalier était toujours en même temps un juriscon- 
sulte, surtout en Orient. Rien ne prouve d’ailleurs que Philippe n’ait pas, 
comme son compere Balian d’Ibelin, pris part à l’expédition de saint Louis 
en Egypte ; la seule preuve que Beugnot en donne, c’est que « Joinville n’au- 
rait pas manqué de signaler la présence, dans l’armée française, d’un guer- 
rier aussi renommé ». Au reste, à cette époque, Philippe avait environ 53 ans, 
et il serait bien naturel qu’il eut en effet renoncé à faire la guerre. 

2. Ce mot ne désigne pas seulement un avocat, mais en général un homme 
qui s’occupe de plaids, soit pour y défendre une cause, soit pour y donner des 
consultations juridiques, soit pour y juger. 

3. Ass. de Jér ., I, 564. 

4. Il ajoute : Et de ce s*escuse il au commancement et a la fin dou livre. 
Ce n’est pas absolument exact. Il n’y a aucune escuse à la fin du livre, et la 
crainte qu’il exprime au commencement, c’est la crainte que, instruits par 
lui, d’autres ne tournent contre lui-même la science qu’il leur aura apprise. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


171 


si bien. A propos de l’affaire de la reine Aélis, dont j’aurai 
tout à l’heure à parler longuement, affaire dans laquelle il 
avait dicté à la reine ce qu’elle devait dire, avait ensuite 
plaidé sa cause devant les barons, et enfin avait été chargé par 
eux de donner leur réponse, il dit gaiement (§ 226) : « Adonc 
ly avint ce que l’on ly sot 1 2 dire a gas, que il meïsmes fist le 
claim et le respons et l’esgart. » C’était là une de ces plaisan- 
teries dont il dit que le plaideor ne doit tenir aucun compte *, 
mais qui montrent bien qu’il passait pour plus habile que 
scrupuleux. 

La guerre de Chypre était terminée en 1234, par la prise de 
Cerines et la victoire définitive de Jean d’Ibelin ; en Syrie 
même, il ne restait aux Longuebars que le « mauvais nid » de 
Sur, où Richard Filangieri tenait encore ; entre les deux partis 
il existait d’ailleurs une trêve de fait. En 1236, Jean d’Ibelin 
mourut à Acre, en baisant le crucifix que tenait devant lui 
Philippe de Novare (§ 212). Son fils Balian, le compère de 
Philippe, lui succéda comme chef du parti des « Poulains ». Il 
déjoua en 1241 un complot que Filangieri avait ourdi pour 
s’emparer d’Acre, et cette même année Filangieri, mandé en 
Italie par l’empereur, qui n’était pas satisfait de sa conduite, 
laissa son frère Lotier, maréchal du royaume de Jérusalem, 
à sa place comme gouverneur de Sur. Les bourgeois de Sur, 
hostiles aux impériaux, offrirent à Balian de lui livrer la 
ville : c’était fort tentant, mais il fallait trouver un prétexte. 
C’est alors que Philippe de Novare s’apensa une nuit (§ 225) 
que Conrad, le fils de Frédéric et d’Isabel de Brienne, le roi 
légitime de Jérusalem, venait d’atteindre sa majorité, et que, 
par conséquent, la régence exercée par Frédéric avait pris fin. 
Les barons de Syrie étaient prêts à se soumettre à leur roi ; 
mais le droit du royaume de Syrie était que le gouvernement 
appartînt à l’héritier le plus proche, présentdans le royaume: 
or, Conrad était absent, et ne pouvait donc gouverner eflfec- 


1. La correction soloit , que la nouvelle édition a empruntée à la première, 
est superflue. 

2. « Le soutil plaideor covient que il ne face conte de mal que Ton die de 
lui, et face semblant aucunes feis que il n’ait oï ce que l’on en dit ou qu’il nel 
tienge neent a honte, et laist dire a chascun ce que il voudra et porsieve 
outreement a desreinier sa querele et parfaire son gré, quels qu’il soit (4$$. de 
Jér II, 564). » 


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172 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


tivement ; mais le plus proche héritier après lui était Aélis, 
fille du roi Henri (de Champagne), veuve du roi Hugues I er 
de Chypre et femme du chevalier français Raoul de Sois- 
sons ; or, cette dame était précisément à Acre : il fallait faire 
attribuer la régence à elle et à son mari jusqu’à l’arrivée pro- 
blématique de Conrad, ce qui permettrait de s’emparer très 
légitimement de Sur, où Lotier Filangieri exerçait l’autorité au 
nom de Frédéric, lequel n’avait plus aucun droit. Ce projet plut 
aux Ibelin et ravit Aélis et son époux, quand Philippe le leur 
communiqua. On convoqua les barons du royaume, plus les 
représentants des Pisans, Génois, Vénitiens, et des puissantes 
« frairies » ; Philippe dicta aux prétendants ce qu’ils devaient 
dire ; les barons le firent venir et s’en remirent à son avis, 
qui naturellement fut conforme, et on proclama Aélis et son 
époux régents du royaume. Puis on somma Lotier Filangieri 
de rendre Sur, et, sur son refus, on s’empara de la ville, 
grâce à la connivence des bourgeois ; Lotier se réfugia dans 
le château, qui aurait été difficilement pris; mais une aventure 
de mer extraordinaire livra aux Syriens Richard Filangieri : 
pour délivrer son frère, Lotier rendit le château (10 juillet 
1243), à des conditions dont Philippe de Novare fût le stipu- 
lateur : ainsi « fh desraciné et araché le pesme ni des Lon- 
guebars, si qu’onques puis n’orent pooir en Surie ni en Chipre 
(§ 226) ». Pour prix de son heureuse intervention, Philippe 
avait obtenu de la reine Aélis le paiement de ses dettes et une 
rente féodale de « mil sarazinas ». — Philippe ne raconte pas 
(nous verrons que les §§ 230 et ss. des Gestes ne sont pas de 
lui) que, quand Raoul de Soissons et sa femme réclamèrent 
la ville de Sur et le reste du royaume, les barons d’outre 
mer leur rirent au nez, si bien que « messire Raous vit lors 
que il n’avoit pooir ne comandement, et qu’il estoit aussi 
corne une ombre; dou despit et de l’engaigne qu’il en ot 
guerpi tout, laissa sa femme la reïne *, et s’en ala en son 


1. Ce sacrifice-là ne lui fut peut-être pas très pénible. Aélis, mariée d’abord 
à Hugues I or de Chypre, puis à Boémond d’Antioche, de qui elle avait été 
séparée pour cause de parenté, devait avoir une cinquantaine d’années, et 
Raoul, beaucoup plus jeune, n’avait pas fait par amour ce mariage contracté 
sous les auspices de Tibaud de Champagne. Aélis étant morte en 1246, il se 
remaria en France, mais retourna en Orient avec saint Louis, fut fait prisonnier, 
puis délivré, et finit ses jours en France, échangeant avec Tibaud de Cham- 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 173 

pais 1 ». Mais le tour était joué : les Ibelin avaient Sur et le 
donnaient à Philippe de Montfort ; Philippe de Novare avait 
payé ses dettes et gardait sa bonne rente de mille ducats sar- 
rasinois. 

Ce trait de la vie de Philippe, qui est le dernier qu’il nous 
raconte, et qui peint bien son caractère et son rôle, a donné 
lieu, de la part d’un critique fort distingué et fort attentif, 
M. Paul Richter, à des observations qu’il est bon d’examiner 
ici, parce qu’elles ont une importance considérable pour 
l’appréciation de l’œuvre historique de Philippe de Novare. 
D’après M. Richter, Philippe n’a pas seulement exagéré l’im- 
portance de son rôle dans cette affaire : il a sciemment dissi- 
mulé des faits qui l’auraient convaincu d’imposture. En effet, 
le Livre de la Terre Sainte (1. XXXIII, ch. 13) raconte que 
déjà en 1229 Aélis de Champagne avait essayé d’obtenir des 
barons de Syrie le royaume de Jérusalem, comme étant la plus 
proche héritière du roi Amauri (son grand-père) ; la démarche 
n’avait pas abouti, les barons ayant déclaré Conrad leur roi 
légitime; mais quand Raoul de Soissons, devenu le mari 
d’ Aélis, la renouvela en 1243, il fit valoir les mêmes raisons 
qu’ Aélis avait invoquées en 1229, et qui sont celles que Philippe 
prétend avoir trouvées en 1243 et formulées pour elle ; or 
Philippe connaissait ce texte historique, dont il a fait usage 
en composant son livre : donc « Philippe peut bien avoir ravivé 
cette idée, qui en vérité n’avait plus dû disparaître de l’ordre 
du jour depuis la première tentative de 1229-1230; il ne l’a 
certainement pas inventée. Mais, tout rempli encore de l’activité 
qu’il avait déployée dans cette affaire et du succès qu’il y avait 
obtenu, il s’est considéré lui-même comme l’auteur de toute 
l’entreprise, et n’aurait pour rien au monde renoncé à une 
conviction si flatteuse. C’est ainsi qu’il est devenu infidèle à la 
vérité et qu’il a tout simplement passé sous silence des faits 
qui étaient connus de lui et qui avaient une importance capitale 
dans le développement des événements *. » A cela on peut 


pagne des chansons où il le raillait sur son embonpoint, tandis que Tibaud se 
moquait de la goutte et des potences de son ancien compagnon de croisade. 

1. Livre de la Terre Sainte (Uist. occid. des Crois., t. II. p. 420; cf. 428). 

2. Beitrâge sur Historiographie in den Kreuzf dhrerstaaten, vomehmlich 
fürdie Geschichte Kaiser Friedrichs II, von Paul Richter (extrait des Mittei- 
lungendes Instituts für Gsterreichische Geschichtsforschung , t. XIII, pp. 255- 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


répondre : 1° qu’il n’est rien moins que prouvé, comme on le 
verra plus loin, que Philippe ait connu le Livre de la Terre 
Sainte ; 2° qu’il n’est pas vrai de dire qu’Aélis, en 1243, sou- 
tînt exactement la môme cause qu’en 1229. En 1229 elle pré- 
tendait que ses droits passaient avant ceux de Conrad : elle 
voulait être reine; en 1243 elle ne réclamait que la régence en 
qualité de plus proche héritière après Conrad : celui-ci étant 
devenu « d’âge », la régence de son père avait pris fin ipso 
facto , mais il fallait en instituer une nouvelle pour cause 
d’absence, et cette régence revenait à Aélis suivant la coutume 
du royaume. C’était là la finesse de l’idée de Philippe, qui con- 
ciliait le respect apparent des droits de Conrad avec l’exclu- 
sion effective de ses représentants en Syrie. Il n’avait donc, en 
parlant de la requête adressée par Aélis, d’après ses conseils, 
en 1243, aux barons de Syrie, aucun besoin de rappeler la 
démarche faite par elle en 1229. Qu’il se soit étendu avec 
quelque complaisance sur son rôle dans cette affaire, où il se 
montra un plaideor digne de l’admiration des plus fins et un 
serviteur dévoué des Ibelin, on l’accorde; mais c’est aller trop 
loin que de dire qu’en la racontant il a trahi la vérité et sciem- 
ment omis des faits indispensables. 

Terminons maintenant, à l’aide des rares documents qui 
nous permettent d’en avoir une idée, la biographie de Philippe 
de Novare. 

En 1246, il eut la douleur de perdre son ami, patron et com- 
père Balian d’Ibelin *. Il resta en relations intimes avec le frère 
de Balian, Jean d’Ibelin ; nous le voyons témoin, en février 1248, 
dans un acte important concernant celui-ci \ En 1252, il fut 
témoin, à Acre, d’une concession faite aux Hospitaliers par le 
roi Henri, qui gouvernait depuis 1246 la Syrie aussi bien que 
Chypre *, et à Nicosie, en octobre 1253, d’une confirmation de 
fief à Jean d’Ibelin ‘. Ce qui montre mieux encore le haut rang 

310), pp. 308-310. — Ce mémoire est une seconde édition, revue et très amé- 
liorée, de la dissertation de docteur de M. Richter, parue sous le môme titre 
en 1890, et sur laquelle on peut voir Romania , t. XIX, p. 365. Je ne citerai que 
l’édition des Milteilungen . 

1. D’après les Annales de la Terre Sainte ; d’après les Gestes (g 259), ce fut en 
1247. 

2. Rôhricht, n° 1156. 

3. Rôhricht, n« 1200. 

4. Rôhricht, n° 1208. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


175 


qu'il occupait, c’est que, le roi Henri étant mort en 1253, il fut, 
avec Gui d’Ibelin et Robert de Montgisard, un de ses exécu- 
teurs testamentaires, et en cette qualité recevait en mai 1255 
une semonce du pape Alexandre IV Le 16 décembre 1261, 
nous le voyons encore témoin d’une confirmation de privilèges 
faite par Jean d’Ibelin en faveur des chevaliers teutoniques 
d’Acre *. En 1262, Philippe était en Chypre parmi les barons 
qui décernèrent la régence à Hugues d’Antioche \ Nous avons 
vu qu’il était cité en 1263-1264 par Hugues de Brienne et ce 
même Hugues d’Antioche, comme vivant encore, dans une 
discussion très importante de droit public, et qu’il a dû écrire 
le livre des Quatre âges après 1265. Passé cette date, nous 
ne trouvons plus sa trace, et ce n’est que par conjecture que 
nous le supposons mort aux environs de 1270. 

Occupons-nous maintenant de l’œuvre dont les Gestes des 
Chiprois nous ont conservé au moins une partie. 

C’était, comme on l’a vu plus haut, une partie du Livre 
Phelipe de Novaire; ce Livre contenait d’abord l’histoire de 
la jeunesse de Philippe, à laquelle faisait suite le recueil de ses 
chansons d’amour. Il est probable que les derniers paragraphes 
du livre I des Gestes sont déjà empruntés à ces mémoires \ 
Le livre II des Gestes est essentiellement le « beau conte » de la 
guerre entre l’empereur Frédéric et le seigneur de Barut, mon- 
seigneur Jean d'Ibelin, depuis le commencement jusqu’à la fin. 
Le commencement se place en 1218, la fin en 1243, sept ans 
après la mort de Jean d’Ibelin, dont le fils, Balian, termina la 
guerre par la prise de Sur. En effet, le livre II des Gestes 
débute ainsi : « Ici comence l’estoire et le droit conte de la 
guerre qui fu entre l’empereor Federic et messire Johan de 
Ybelin, seignor de Barut. » Puis vient le récit de la mort du 
roi Hugues I de Chypre, le 10 janvier 1218, et des arrange- 
ments auxquels donna lieu la régence exercée au nom de son 
fils en bas âge Henri I (§ 98). Et le récit de Philippe se termine 
bien probablement par les derniers mots du § 229 : « Ensi fii 
prise la cité de Sur et le chasteau, en l’an M.CC. et XLII[I]. » 

1. Rôhricht, p. 316. 

2. Rôhricht, n« 1307. 

3. Assises de Jèr. y II, 406; Mas Latrie, Hist. de Chypre , I, 389. 

4. C’est ce que nous avons essayé de montrer en étudiant cette partie de 
la compilation. 


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176 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Ce que nous avons à nous demander, c’est si la compilation 
de Gérard de Montréal reproduit complètement le « conte » de 
Philippe, si elle le reproduit fidèlement, et si elle n’y sgoute pas 
d’éléments étrangers. 

Nous avons un précieux élément de contrôle dans la chro- 
nique dite d’Amadi, écrite en italien, au xv® siècle, en Chypre, 
et qui, de la p. 117 à la p. 192 de l’édition due à M. René de 
Mas Latrie *, reproduit le conte de Philippe. Laissons pour le 
moment de côté la question de savoir si l’auteur a travaillé sur 
le livre même de Philippe ou sur une rédaction des Gestes 
antérieure à celle du manuscrit de Jean le Miège, et comparons 
les deux textes. 

En général, celui d’Amadi est une traduction exacte de 
l’autre, sauf quelques omissions de mots et la suppression des 
poésies que Philippe a intercalées dans son récit. Par un sin- 
gulier hasard, le prosateur italien a conservé la mention et 
même le refrain d’une chanson de Philippe qui n’a laissé 
aucune trace dans les Gestes *. Voilà déjà un indice qui nous 
montre que notre manuscrit n’est pas une reproduction abso- 
lument exacte du texte de Philippe. En d’autres endroits, la 
comparaison d’Amadi a permis aux nouveaux éditeurs de 
corriger des fautes ou de combler de petites lacunes du manus- 
crit de Jean de Miège. Mais ce ne sont là que de légères diffé- 
rences, comme il en existe d’ordinaire entre deux copies d’une 
même œuvre. Les remarques qui suivent sont plus impor- 
tantes. 

M. Paul Richter, qui n’avait à sa disposition qu’un frag- 
ment manuscrit de la Chronique d’Amadi, a constaté que la 
fin du § 190 des Gestes (à partir des mots : Et une chose y 
ot), et les §§ 191, 192, 193 et 194 sont empruntés textuellement 
au Livre de la Terre Sainte (ch. 35-37 du 1. XXXIII), tandis 
que dans Amadi on lit (p. 171-172) un récit plus court, mais 
plus détaillé sur certains points, et tout à fait dans la manière 
de Philippe. Le morceau en question des Gestes est donc cer- 
tainement étranger à Philippe de Novare et a été introduit là 


1. Chroniques d* Amadi et de Strambaldi , publiées par M. René de Mas Latrie. 
Première partie, Chronique d’Amadi, Paris, Impr. nat., M DCCC XCI, in-4° 
(Collection des Documents inédits). 

2. Voyez dans l'édition de l’Académie la note du § 162. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 177 

par le compilateur à la place du morceau correspondant de 
l’original, conservé par Amadi *. 

Une interpolation de même origine et plus considérable a 
été signalée par le même critique pour les §§ 213-219 des 
Gestes , qui racontent la croisade de Tibaud de Navarre et 
celle de Richard de Cornouailles. De prime abord, on devait 
soupçonner ces paragraphes d’interpolation, car Philippe ne 
s’occupe que de son sujet, la guerre entre les Ibelin et les 
impériaux, et ne prétend nullement écrire une histoire de la 
Terre Sainte. Mais l’interpolation est matériellement établie : 
1° par le fait qu’elle n’est que la reproduction textuelle (sauf 
quelque abréviation) des ch. 44-51 du 1. XXXIII du Livre 
de la Terre Sainte ; 2° par le fait qu’elle manque dans 
Amadi. Mais, contrairement à ce qui a lieu dans le cas pré- 
cédent, Amadi ne nous donne pas en échange un morceau, 
supprimé dans les Gestes , du livre de Philippe. Ce qu’il 
intercale entre le § 212 et le § 220 n’est certainement pas de 
Philippe : on y trouve des notices annalistiques de différents 
genres, une histoire très abrégée des deux croisades en ques- 
tion, et des détails biographiques sur un cousin des Ibelin, 
Philippe de Montfort, auquel l’interpolateur avait quelque rai- 
son de porter un intérêt particulier *. Le livre de Philippe 
de Novare passait sans transition du récit de la mort de Jean 
d’Ibelin (§ 212) à celui des intrigues réciproques des impé- 
riaux pour s’emparer d’Acre et des Poulains pour s’emparer 
de Sur (§ 220). Ainsi le rédacteur de la chronique d’ Amadi n’a 
pas travaillé, au moins uniquement, sur le livre de Philippe : 
il a suivi un original qui, comme les Gestes , contenait déjà 
des morceaux interpolés *. 

1. M. Richter remarque fort bien que l’interpolateur a laissé machinale- 
ment subsister une trace de son travail de découpage dans les mots qui ter- 
minent le § 194 : « Ci endroit lairons a parler des Longuebars et des Chiprois 
tant que tans yert. » Cette formule, à sa place dans le Livre de la Terre Sainte , 
où la guerre de Chypre n’est qu’un épisode, n’a pas de sens dans les Gestes des 
Chiprois, qui continuent naturellement à s'occuper du même sujet. En outre, 
Philippe ne l’emploie jamais. 

2. Quelques-uns de ces détails sont aussi donnés par Philippe (§ 220), mais 
en passant, et sans qu’il attache à ce personnage autant d’importance. Phi- 
lippe de Montfort, devenu seigneur de Sur, joue un grand rôle dans le livre 
de Gérard de Montréal, et c’est à celui-ci qu’on peut sans doute attribuer 
l’extension et la place à part données ici à ce qui le concerne. 

3. M. Richter (p. 295) pense que ce rédacteur a pu compléter le livre de Phi- 
lippe à l’aide des Gestes ; mais c’est une hypothèse assez compliquée, et 

Rbv. db l'Or, latin. T. IX. 12 


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178 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


En dehors de ces deux passages, où il est visible que le 
compilateur des Gestes a introduit dans le livre de Philippe 
des morceaux empruntés au Livre de La Terre Sainte , 
M. Paul Richter a signalé d'autres coïncidences entre le texte 
de Philippe de Novare, tel qu'il résulte de la comparaison des 
Gestes avec Amadi, et le Livre de la Terre Sainte ou 
comme il l'appelle d'ordinaire, YEstoire d’Eracle. Mais ici 
il ne s’agit plus de récits étrangers à l’objet unique du livre 
de Philippe : la coïncidence se présenterait au contraire dans 
des passages qui font partie essentielle de ce livre. Pour la 
faire bien comprendre, je vais, à l’exemple de M. Richter, 
mettre en regard le texte des Gestes et celui du Livre de La 
Terre Sainte. Pour le premier passage, j'étendrai davantage 
cette citation parallèle. Il s'agit du discours que tint, en 1231, 
à Nicosie, Jean d’Ibelin au jeune roi Henri, quand il apprit 
que sa ville de Barut, en Syrie, était assiégée par les impé- 
riaux. Il me parait inutile d’imprimer en regard le texte 
d' Amadi, qui n'est que la traduction abrégée de celui que 
donnent les Gestes ; je signalerai seulement en note les omis- 
sions ou variantes principales. 


Gestes des Chiprois, § 160. 

Los novelles vindrent ©n Chipre 
que en cel point estoit le chasteau 
de Baruth assegiê, et river estoit 
ja entré mont fort. Le seignor de 
Baruth vint en la court devant le 
jeune roy Henry, son seignor et son 
nevou. La court estoit si pleniere 
que tous i estoyent, amis et enemis. 
Il se leva en estant, et il avoit une 
coustume, que il cruisoit ses jambes 
quant il demoroit en estant a ; il le 
ûst ainsi corne il sot bien, et parla 


Livre de la Terre Sainte, 1. XXXIII, 
ch. 27 *. 

Quant il entendi le fait d’Acre et 
dou royaume en la maniéré que 
vous avez oï, il en Ai moût liez, et 
li sembla bien que ce li estoit grant 
aye a son fait maintenir. Lors vint 
au roy Henry, qui estoit encores 
menres d’aage, et li dist devant ses 
homes qu’il ot fait assembler : 


d’ailleurs ce n’est pas dans les Gestes, tels que nous les avons, qu’il aurait pu 
trouver par exemple les détails sur Philippe de Montfort. 

1. Éd. de l’Académie, p. 392. Je prends dans les variantes données au bas 
du texte les leçons qui me paraissent préférables, et je modifie çà et là légè- 
rement la graphie ou la typographie. 

2. Amadi ajoute un détail qui devait être dans l’original : « crescendo 
( l . crociando) le sue gambe con le ponte di piedi. » 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


moût haut et a trait, et dist : a Sire, 
je ne reprochai onques le mien ser- 
vice et de tout mon lignage a vostre 
pere ni a vous; mais or le m’esteut 
faire ; si contreferay Guillaume d'Au- 
renje, ja soit ce que je ne le vaille, 
quant il ot mestier de secourre ses 
neveus a Candie : il reprocha a son 
seignor le roi Loys tout le servise 
que il [li] avoit fait 4 . Et je puis bien 
dire, et assés en ai garantie, que par 
mey et par mon lignage fu vostre 
pere seignor et tint terre; et se nous 
ne fussions il eüst esté deseritê ou 
mort. Et quant Deu fist son coman- 
dement de luy, vous n’aviés que 
neuf 2 mois d’aage, et nous vous 
avons norry et gardé, vous et vostre 
terre, Deu mercy, jusques au jour 
de huy; et se nous n’eüssiens pris 
grant conroy, le duc d’Osteriche 
vous eüst dezerité 3 ; et deus fois 
avés esté en auci malvais point ou 
en piour; et se nous vosiciens guer- 
pir vous et le royaume de Chipre et 
celuy de Surie, de legier nous eüst 
soufert l’emperere a tenir Baruth en 
pais. Or est ensi avenu que les Lon- 
guebars ont prise ma ville et assegô 
mon chasteau si prés que il est en 
péril de perdre 4 , et nous et toutes 
les bones gens suriens dezerité. Dont 
je vous pri,pour Deu, et pour vostre 
henour et por nos grans servises, 


179 

« Sire, vous savez que je suis vos 
hons; 


si vos faz assavoir que gent es- 
trange m’ont fait et font encore 
grant otrage et grant tort; car il 
ont prise et saisie ma cité de Barut 
et ma terre entor, et ont mon chas- 
tel de Barut assis. Dont je vos pri, 
si corne a mon seignor et a celui 


1. Cette intéressante allusion à Foucon de Candie est naturellement omise 
dans Amadi. 

2. L’édition de l’Académie corrige .ta?, en .xi, parce qu’il y a .ti. au § 98; 
mais c’est là qu’il fallait corriger .u. en .ta?., d’accord avec Amadi, Bustron, 
et le Livre de la Terre Sainte (p. 360). 

3. Aucun autre document, que je sache, ne fait de mention précise de* cet 
incident, qu’il faut placer, probablement, tout de suite après la mort du roi 
Hugues I, en 1218. Léopold VI, duc d’Autriche, se trouvait alors en Terre 
Sainte. Nous savons seulement que, lors de la mort du roi Hugues, des 
ambitieux songèrent à enlever la couronne à son fils Henri encore au ber- 
ceau. Voy. en particulier la Lettre d'Honorius III au légat Pèlage, du 
12 juillet 1218, publ. dans Mas Latrie, Histoire de Chypre, t. III, pp. 610-611. 

4. Amadi ajoute ici, certainement d’après l’original : « e se quello si per- 
derà, posso dire che li doi reami sono persi. » De même Bustron, p. 83. 


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180 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


et pour ce que nous soumes d’un 
sanc et d’une naïté norris, et estes 
ensemble o nous, et pry ausy a tous 
les autres quy saens sont, corne mes 
freres et mes chers amis, que vous 
venés en persone, a tout vostre pooir, 
o moy, secorre mon chasteau. » A 
tant se taisit le seignor de Baruth, et 
s’agenoilia devant le roy et devant 
les autres, et flst semblant de baiser 
les piês dou roy. Le roy sailiy en 
piés, et tous les autres s’agenoille- 
rent, et distrent le roy et tous les 
autres que il s’acorderoyent volon- 
tiers et meteroyent lor cors et lor 
avoyrs a bandon. Le seignor de 
Baruth les en mercia moût. Adonc 
se leva, il et tous les autres, en 
piôs,car il estoient encore a genoils. 


qui m’e[n] estes tenus, que vous me 
aidés a délivrer et a rescorre ma cité 
et mon chastel et ma terre et que vos 
meïsmes i viegnés et y amenés vos 
homes. Et pri a toz vos homes qui 
ci sont, si corne a mes amis et a 
mes pers *, que il i metent conseil et 
aye. » Li rois ûst respondre que il 
iroit volontiers et menroit tant corne 
il porroit de ses homes. Et li home 
dou roi qui la estoient respondirent 
que il estoient prest d’aler. 


On conviendra que la ressemblance est légère et peut très 
bien être fortuite. Le caractère du discours de Jean d’Ibelin 
n’est pas du tout le même dans les deux textes, et s’ils ont une 
ou deux tournures en commun, il faut songer que ce discours, 
dont les effets furent si considérables, dut impressionner pro- 
fondément ceux qui l’entendirent, et qu’ils purent en retenir 
des morceaux, qui furent transmis par eux au chroniqueur de 
Terre Sainte. 

Dans un autre passage allégué par M. Richter le rapport 
est un peu plus compliqué. Ici nous devons mettre le texte 
d’Amadi, représentant plus fidèle de Philippe, entre celui du 
Livre de la Terre Sainte et celui des Gestes : 


L.de laT. S., XXXIII, 
33. 

Dedens le chastel 
de Deudamors estoient 
deas serons dou roi, da- 
moiseles Marie et Ysa- 
bel, et si y avoient 
chastelein Felippe de 


Amadi, p. 162. 

...il castel de Diode 
Amor, nel quale erano 
le sorelle del re et 


Gestes des Ch., § 177. 

Laens s’estoint re- 
cuilly les deus suers le 
roy, [dameiseles Ma- 
rie et Ysabeau], et sire 


1. Deux manuscrits donnent freres au lieu de pers , ce qui se rapproche 
plus de Philippe ; mais la bonne leçon doit être pers . toute la requête de Jean 
d’Ibelin ayant ici un caractère purement féodal et non sentimental. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


Caftan ; et y esteit 
Arneïs 1 de Gybelet, 
que li sires de Barut 
avoitlaissié chevetaine 
de la terre, qui moût 
poi i mist de conseil, si 
que neïs le chastel ou 
les serors dou roi es- 
taient et il meïsmes ne 
garni il mie ; ains dut 
estre perdu por sof- 
fraite de viande; et a 
grant mesaise et a 
grant meschiefse tin- 
drent tant que il tarent 
rescos. 


M. Amao *, che era 
bailo délia secretta, et 
M. Pbelippo deCaffran, 
che era castellan di 
quel casteilo. Vi erano 
etiam alquanti cava- 
glieri et zintildonne et 
damisele che si redus- 
seno la, et altri povo- 
lani ; el quai era molto 
mal fornito de victuarie 
et altro che li biso- 
gnava. 


181 

Arneïs 1 de Gibeleth,qui 
estait au jour bailly de 
la secrete, [que le sire 
de Baruth avoit laissié 
chevetaine de la terre, 
quy moût poy i mist de 
conseil], et si avoit 
Phelippe de Caffiran, 
qui adonc estait chas- 
telain. Laens se rece- 
terent un poy de che- 
valiers et de dames et 
de damoiseles, que 
moût se recuillirent 
sur saut, et d’autre 
gent, qui moût estaient 
mau garny de vitaille 
et de ce que mestier 
lor estait, [qu’a poi 
qu’il ne ta perdu par 
soufraite de viande, et 
a grant mesaise et a 
grant meschef se tin- 
drent tant qu’il tarent 
rescous] . 


Il est évident que les morceaux du texte des Gestes que j'ai 
mis entre crochets et qui manquent dans Amadi sont des inter- 
polations du compilateur, empruntées au Livre de la Terre 
Sainte : si on les retranche, on se trouve en présence de deux 
récits qui se ressemblent et diffèrent comme le font naturelle- 
ment deux récits indépendants d'un même fait. Je ne com- 
prends donc pas que M. Richter ait écrit : « Le texte d' Amadi 
montre au même degré que celui des Gestes sa parenté avec 
celui de YEstoire ; si elle apparaît moins fréquemment chez 
Amadi, comme par exemple à la fin de ce passage, cela doit 
s’expliquer simplement par le remaniement qu’a pratiqué 
l'Italien. » Amadi n'a pratiqué ici aucun remaniement : son 


1. La vraie forme de ce nom, <4mcï$, n’est conservée que dans le Livre 
de la Ten*e Sainte (encore un manuscrit donne-t-il Hemns) ; le manuscrit 
des Gestes porte Jlernis (ms. D du L, de la T. S . : Herneis ), quon a eu tort de 
corriger en Henris . 


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182 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


texte représente le texte original de Philippe, qui est indépen- 
dant de celui du Livre de la Terre Sainte. 

Le troisième passage cité par M. Richter se comporte 
encore un peu autrement. Ici, comme l'a d’ailleurs remarqué 
le critique allemand, le compilateur des Gestes a pris pour 
base la version du Livre de la Terre Sainte et y a ajouté 
quelques détails empruntés à Philippe, qui se retrouvent dans 
Amadi. Mais est-il exact de dire : « Celui-ci môme a incon- 
testablement, comme le montre la comparaison du passage 
en question, des relations étroites avec le texte de YEstoire; 
donc ces relations existaient dans l’original »? C’est ce que le 
lecteur pourra décider en lisant à côté l’un de l’autre le texte 
d* Amadi et celui du Livre de la Terre Sainte . Il s’agit de la 
mort de la reine de Chypre, femme de Henri I er , mais dévouée 
au parti des impériaux, et enfermée avec eux dans Cerines, 
qu’assiégeait son mari : 


Amadi, p. 174. 

La moglie del re era dentro, che 
si chiamava « la regina Longo- 
barda », perche i’haveva data l’im- 
perator, et lei tegniva da la parte di 
Longobardi ; la quai morite là den- 
tro, et quando fu morta fu portata 
difora et ditto che quella era la re- 
gina et era morta. Il re et el signor 
de Barutho la receveteno,et li spiac- 
que délia morte; la quai feceno 
portar a Nicossia honoratamente 
da cavaglieri, che la portavano in 
spale a piedi ; e poi feceno venir la 
procession, et tutto el populo de Ni- 
cosia incontra, et accompagnarla 
fin dentro a la madré chiesia de Ni- 
cossia, dove fh sepolta. 


Livre de la T. S., 1. XXXIII, 
ch. 37. 

En tant comme li sieges estoit de- 
vant Cherines, la roïne Aalais, 
feme dou roi Henri, et fille dou mar- 
quis de Monferrare, qui se estoit 
mise dedens Cherines ovec ceaus de 
Puille, acocha malade ou lit d’une 
maladie dont ele morut. Quant ele 
fu trespassee, cil qui estoient dedens 
Cherines l’atomerent si corne Ton 
doit atorner et vestir reine, et puis 
firent demander fiance de envoier 
un home parler au roi, etc. (négo- 
ciation, trêve). Lors la mistrent cil 
de Cherines hors dou chastel, et cil 
de la herberge [le roi] la receurent, 
et fii portée a Nicossie a grant com- 
paignie de gent, et fu enterree ho- 
noreement en la mere iglise de 
Sainte Sophie, et l’enterra l’arceves- 
que Estorgue. 


Il est bien évident que ces deux textes n’ont en commun 
que leur sujet et sont parfaitement indépendants l’un de l’autre. 
Dans les autres rapprochements qu’institue M. Richter 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NO V ARE 183 

entre le texte des Gestes et celui du Livre de la Terre Sainte , 
il reconnaît lui-même que les emprunts à ce dernier sont le 
fait du compilateur. Mais, sous l’empire de son appréciation 
erronée du rapport d’Amadi avec le Livre de la Terre Sainte , 
— rapport qui n’a aucune réalité, — il conclut ainsi (p. 301) : 
« Que le texte original de Philippe eût, aussi bien que le texte 
des Gestes , un lien avec celui de YEstoire, c’est ce qu’appuie, 
comme on l’a vu, la constitution du texte d’Amadi. Mais l’ap- 
pui principal de cette opinion est fourni par tout le caractère 
de l’œuvre historique de Philippe, qui ne laisse aucun doute 
sur l’existence et sur le genre de ce lien. » 

Ce « caractère de l’œuvre historique de Philippe » est celui 
que le critique a imaginé, et qui ne devient pas plus réel parce 
qu’il le proclame à plusieurs reprises « incontestable » et « au 
dessus de tout doute ». J’y reviendrai par la suite. J'ai seule- 
ment voulu tirer ici, de la comparaison du texte d’Amadi avec 
celui des Gestes et du Livre de la Terre Sainte , — comparai- 
son qui m’a été facilitée par celle qu’avait faite M. Richter, — 
la conclusion qu’il n’y a aucun lien entre l’ouvrage de Philippe 
et le Livre de la Terre Sainte. Et cette comparaison nous 
montre en outre que la chronique d’Amadi est une reproduction 
de l’ouvrage de Philippe plus fidèle que celle des Gestes ; seu- 
lement la traduction a enlevé à l’œuvre originale beaucoup de 
sa valeur de forme, elle a souvent abrégé l’original, elle a omis 
les poésies que les Gestes nous ont si heureusement conser- 
vées, et enfin elle contient elle-même, comme on l’a vu, quel- 
ques interpolations qui semblent indiquer qu’elle a été faite, 
non pas directement sur le Livre Phelipe de Novaire, mais 
sur une rédaction des Gestes des Chiprois antérieure à la 
nôtre et, généralement, plus voisine de l’original et moins 
interpolée. 

Une question analogue à celle du rapport prétendu de 
l’œuvre de Philippe avec le Livre de la Terre Sainte se pose 
pour les notices de caractère annalistique qui, dans le texte 
des Gestes , se trouvent mêlées au récit de Philippe. Ces 
insertions se présentent d’ordinaire de la façon la plus mala- 
droite, troublant le cours du récit, auquel elles sont étran- 
gères, et l’interrompant quelquefois au beau milieu d’un épi- 
sode. 11 est donc naturel a priori de les considérer comme des 


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184 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


interpolations du compilateur. Ce n’est pas cependant ce que 
fait M. Richter, égaré sans doute par le désir de réfuter l’hy- 
pothèse, insoutenable en effet, de M. Rôhricht, l’éditeur des 
Annales de la Terre Sainte , d’après laquelle les Gestes des 
Chiprois seraient une des sources de ces Annales. De ce que 
c’est l’inverse qui est vrai, il ne s’ensuit pas, naturellement, 
que ce soit Philippe et non le compilateur des Gestes qui les 
a insérées dans le « conte de la guerre des Ibelin », avec 
lequel elles n’ont ordinairement rien à faire. M. Richter veut 
que ce soit Philippe, et il en donne des preuves qu’il déclare 
« irréfutables ». Voyons-en quelques-unes. 

La notice de l’an 1219 (§ 102), ainsi conçue : « Et en cel 
an fh coronné a empereor de Rome Federic, roy de Sezile, 
en l’iglise de Saint Pierre, de pape Honoire le tiers », est 
suivie d’un portrait de Frédéric où M. Richter reconnaît la 
haine passionnée que Philippe exprime envers lui à d’autres 
endroits. Si ce portrait était de Philippe, on pourrait con- 
clure qu’il a été détaché, par le compilateur, de la première 
partie du Livre Phelipe de Novaire, comme je l’ai conjec- 
turé pour certains morceaux du livre I er des Gestes. Mais 
il n’est certainement pas de lui : il n’est pas de son style ; il 
a bien plutôt une empreinte cléricale : on sait quelles haines 
Frédéric avait provoquées dans le monde ecclésiastique. Le 
morceau en question nous fournit lui-même la preuve qu’il 
n’appartient pas à l’ouvrage où il a été inséré : « Il empri- 
sona », y lit-on, « son fils Henri, roi d’Alemaigne, dont il 
morut en prison, si com vous le troverés sa ariere (/. après) ». 
Or il n’est plus nulle part fait la moindre allusion à cet évé- 
nement \ 

A la fin d’une notice annalistique (§ 121) est ajouté : « Et 
sire Gauvain, quy avoit servy l’empereor un tens, si corne 
il est dit devant, revint lors desa mer en Chipre. » Cette 
notice, dit M. Richter, émane visiblement de Philippe : c’est 
vrai, et nous la retrouvons dans Amadi, qui ne connaît pas 
l’interpolation annalistique à laquelle elle est ici cousue ; mais 


1. La notice sur Frédéric se termine par une autre annonce : « A la fin l’es- 
comenia le devant dil pape Honoire, et le guerroya moût, si con vous orrés 
dire sa après. » Elle ne se vérifie pas davantage dans les Gestes , où on ne 
parle plus d'Honoire que pour annoncer sa mort. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 185 

ce fait même prouve qu’il n’est nullement « impossible de l’en 
séparer ». 

Les regrets joints (§ 123) à la « notice annalistique » sur la 
mort de Philippe d’Ibelin sont certainement « sortis du cœur 
de Philippe » ; mais le fait que la mention d’un événement tel 
que celui-là est accompagnée de la date ne suffit pas à en faire 
une « notice annalistique ». Tout le paragraphe en question 
se retrouve dans Amadi, qui, au moins pour cetle partie de 
l’ouvrage, n’admet pas d’interpolations annalistiques. 

« Montrons encore », dit M. Richter, « par quelques détails 
l’irréfutabilité de notre conclusion. » Les Gestes placent en 
1218 la prise de Damiette, qui est de 1219 : « On ne trouve à 
cela qu’une seule explication satisfaisante. » Elle est si subtile 
que je ne la saisis pas bien, mais il est clair que celle-là ou 
une autre s’applique à un interpolateur aussi bien qu’à Phi- 
lippe, et mieux, puisque celui-ci, qui avait lui-même pris part 
au siège de Damiette, devait se rappeler la date dont il s’agit. 
— L’autre preuve consiste à noter une différence de texte entre 
une notice dans les Anna/es de la Terre Sainte et la notice 
correspondante des Gestes (§ 211) : cela montre simplement 
que l’interpolateur avait sous les yeux un texte des Annales 
meilleur que le nôtre. — « Mais voici une observation plus 
décisive que toutes les autres. » Les Gestes rapportent une 
première fois, mal à propos, à 1229, une notice qui appartient 
à 1234 et qu’ils répètent à cette date : « Il n’y a qu’une explica- 
tion possible : l’œil de Philippe a glissé d’un paragraphe des 
Annales à l’autre, et il a oublié, en retrouvant la notice plus 
tard, qu’il l’avait déjà enregistrée. » Ici encore, naturelle- 
ment, nous attribuerons ce lapsus au compilateur. 

Sur ces bases plus que fragiles, M. Richter a édifié un 
système très compliqué auquel il attache une grande impor- 
tance. Il croit avoir découvert que Philippe écrivit d’abord, 
vers 1246, la première partie de son ouvrage (§§ 97-134), sans 
connaître ni le Livre de la Terre Sainte , ni les Annales ; 
puis, pour un motif quelconque, il laissa là l’œuvre commencée. 
Il la reprit beaucoup plus tard, peut-être après 1254, et alors 
il se guida sur les Annales et YEstoire, empruntant à celle- 
ci certains morceaux (nous avons vu qu’il n’en est rien), fai- 
sant, en général, entrer dans son récit, tout en les transformant, 


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186 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


les renseignements fournis par celles-là. Mais en même temps il 
reprenait sa première partie, abandonnée depuis longtemps, et 
il y insérait un certain nombre de notices annalistiques, non 
plus digérées et transformées, mais toutes crues, et placées 
souvent de façon à interrompre le récit aussi gauchement que 
possible. Au reste, ce procédé mécanique se retrouve aussi, 
bien que plus rarement et d’une manière moins choquante, 
dans la seconde partie. — On se demande vraiment pourquoi 
un tel amoncellement de subtilités et de conjectures, quand 
la véritable explication, — l’interpolation des notices anna- 
listiques par le compilateur, — semble si simple. 

Le principal moyen de contrôle pour l’authenticité du texte 
de Philippe, ici comme dans la discussion précédente, est la 
comparaison du texte d’Amadi. Cette comparaison, M. Richter 
ne poüvait la faire pour la première partie du « conte », parce 
que la copie d’Amadi qu'il avait à sa disposition ne commen- 
çait qu’au § 135 (Amadi, p. 132). S’il avait pu étudier cette 
première partie, il aurait probablement modifié sa manière 
de voir. En effet, les §§ 99-109, 116, 118-121, 124-125, c’est-à- 
dire tous ceux qui contiennent des notices annalistiques, sont 
absents du texte d’Amadi, et cela suffit à prouver qu’ils sont 
étrangers au texte de Philippe de Novare. 

Mais j’ai tort sans doute de supposer que la connaissance de 
cet état de choses aurait modifié l’opinion de M. Richter, 
puisqu’il se retrouve à peu près identique dans la deuxième 
partie d’Amadi, et que M. Richter, qui l’a connue, y a vu la 
preuve que « Philippe a, dans la seconde partie de son ouvrage, 
utilisé les Annales , mais non en forme d'interpolations ». Et 
il cite deux passages où le texte des Gestes , appuyé par 
Amadi, contient des renseignements qui se retrouvent en effet 
dans des Annales , mais qui sont intimement unis au texte de 
Philippe, n’ont aucunement le caractère d’emprunts à des 
notices annalistiques, et sont assez importants en eux-mêmes 
pour que l’on comprenne très bien qu’ils se retrouvent dans les 
Annales de la Terre Sainte *. En revanche, il juge inutile de 


1. Le premier concerne les trois villes, dont Jérusalem, que le Soudan Malik 
al Quemel rendit à Frédéric. Le deuxième, qui parait à M. Richter tout à fait 
important, se trouve au milieu du récit de la bataille de Nicosie en 1229. « In 
que lia battaglia », dit Amadi (p. 141), « fu morto per messer Gavan il vechio 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


187 


relever le fait que, dans cette deuxième partie comme dans la 
première, les interpolations réelles de notices annalistiques 
qui se trouvent dans les Gestes (§§ 157, 203-4, 210-11, 220) 
font complètement défaut dans Amadi *. Il ne saurait être dou- 
teux que toutes ces interpolations appartiennent non à Philippe, 
mais au compilateur des Gestes. 

Si j’ai discuté un peu longuement l’hypothèse compliquée de 
M. Richter, c’est qu’elle aboutirait, si elle n’était pas absolu- 
ment écartée, à fausser toute l’idée qu’on doit se faire de 
l’œuvre si remarquable, et vraiment unique en son genre, de 
Philippe de Novare. C’est se méprendre complètement sur le 
caractère de cette œuvre que d’y voir une chronique comme 
une autre, composée à l’aide de documents antérieurs fournis- 
sant une carcasse chronologique sur laquelle l’auteur jette 
ensuite ses souvenirs personnels. L’œuvre de Philippe est un 
récit tout entier (sauf la distinction qui va être faite) de pre- 
mière main, écrit de verve pour fixer le souvenir de cette 
époque de guerre où les passions avaient été si ardentes et les 
aventures si dramatiques, pour exalter les amis et ceux 
que l’auteur regarde comme défendant la bonne cause, pour 


signor de Cesaria , ch'era contestabile de Cypro , e socero del signor de Barutho ; 
fu morto etiam messer Girardo, ch’era nepote de li doi raaestri. » Ce que je 
mets en italique manque dans le texte des Gestes , qui porte simplement : « En 
celle bataille fu ocis messire Giraut(L Girart) de Montaigu, qui fu neveu des 
deus maistres dou Temple et de l’Ospitau. » Que l’omission des mots soulignés 
soit purement graphique, c’est ce que prouve, comme le remarque M. Richter 
lui-même, la mention faite plus tard par Philippe (§ 152) du jeune seigneur de 
Césaire, « Ül de seluy quy avoit esté ocis a la bataille des cinc baus devant 
Nicossie ». Les deux seigneurs tués à Nicosie étant de très puissants barons, 
il n’y a rien d’étonnant à ce qu’on trouve la mention de leur mort dans les 
Annales de la Terre Sainte en 1229 : « Li sires [de] Baruth desconflst les cinc 
baillis, et fu ochis Gautier, signor de Cesaire, et Girart de Montaigu. » Tout 
cela est bien simple; mais M. Richter déclare qu’«on ne peut raisonnablement 
douter » qu’ Amadi ait complété sa notice en recourant aux Annales. « Ce qu’il 
contient en plus [per messer Gavan , je suppose] ne peut se séparer de l’em- 
prunt fait aux Annales et en môme temps ne peut émaner que d’un contempo- 
rain », etc. Le plus surprenant, c’est qu’il ajoute qu’il faut évidemment, pour 
avoir le texte original de Philippe, compléter les Gestes par Amadi. Alors, si 
Amadi (ce qui est incontestable) reproduit le texte original de Philippe, que 
devient ce prétendu recours d’Amadi aux Gestes , puis aux Annales ? 

1. Un fait plus singulier, qui a déjà été indiqué, doit être noté ici. Il y a dans 
Amadi, p. 183, un petit paquet de notices annalistiques, fort en désordre, dont 
on retrouve dans les Gestes la première (aux §§ 203-204) et le commencement 
de la dernière (au § 210) : les autres, plus nombreuses, sont inconnues aux 
Gestes . Je ne sais comment expliquer cette interpolation, unique en son genre 
dans cette partie de la chronique ; mais on voit qu’elle ne saurait rien prouver 
pour le texte de Philippe. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


railler et flétrir les autres, et aussi pour conserver, dans le 
cadre qui seul pouvait les expliquer, les poésies composées 
par Philippe en telle ou telle circonstance *. 

Ce « conte », ainsi conçu et exécuté, se divise en deux 
parties, comme l'a reconnu M. Richter, mais non pour les rai- 
sons qu’il a imaginées. Ce qui fait la différence entre la pre- 
mière partie (§§ 97-139) et la deuxième (§§ 140-229), c’est que 
dans la première Philippe raconte des événements où il n’a joué 
aucun rôle, auxquels il n’a même pas assisté * : il était très pro- 
bablement en Syrie lorsqu’eurent lieu en Chypre, entre l’empe- 
reur et Jean d’Ibelin, les incidents qui, avec leurs antécédents 
purement « chiprois », remplissent les §§ 110-134 (les §§ 97-110 
sont en grande partie étrangers à Philippe, les §§ 135-139 sont 
de transition). Avec le § 140, — « Phelippe de Nevaire estoit 
adonc en Chipre por une soue besoigne, » — commence le véri- 
table récit de la guerre, récit dans lequel Philippe va jouer 
tout le temps un rôle sinon prépondérant au moins central. 
Dés le début, c’est, après son arrestation momentanée, le siège 
qu’il soutient dans le château de l’Hôpital à Nicosie qui amène 


1. J’avais écrit tout ce qui précède avant d’avoir lu le dernier article de 
M. Ricliter sur l’historiographie des Croisades ( Mitteil. des Inst, fur Ôsterr. 
Geschichtsforsch., XV, 561-599), consacré au Livre de la Terre Sainte , mais où, 
dans un appendice, il revient sur la question du livre de Philippe. Ayant eu 
sous les yeux le texte imprimé d’Amadi, il n’a pu ne pas reconnaître qu'il s’était 
trompé en imputant à Philippe les interpolations annalistiques qui figurent 
dans notre texte des Gestes , et il qualifie môme par les termes les plus durs la 
façon dont le méprisable scribe auquel on doit ce texte (Jean le Miège sui- 
vant lui, ce qui n’est pas prouvé) les a exécutées. Devant cette rétractation, 
j’aurais pu supprimer la réfutation ci-dessus, qui semble n’avoir plus d’objet. 
Si je la maintiens, c’est que M. Richter, bien qu’il ait abandonné successive- 
ment d'importantes parties de son système (dans son premier travail il attri- 
buait à Philippe les emprunts textuels au Livre de la Terre Sainte qu'il a 
reconnus dans le second lui être étrangers), ne peut se résoudre à l'aban- 
donner tout entier. Dans cette troisième étude il dit encore (p. 594) : « Les 

Annales ont déjà été utilisées par Philippe et de môme VEstoire a été 

indubitablement mise à profit par lui. » J'ai essayé de montrer que la partie 
de l'opinion de M. Richter à laquelle il tient encore n’est pas moins erronée 
que celle à laquelle il renonce, et il ne me serait pas commode de séparer 
les deux parties de ma discussion, engagées l’une dans l’autre. 

2. M. Richter a donc tort de supposer (p. 271) que dans la première partie 
des poésies ont pu être « verarbeitet » (tandis que dans la seconde elles sont 
insérées telles quelles), et d’ajouter : « Du moins la vivacité de la peinture et 
l’ampleur souvent épique du récit font penser à des sources poétiques. » 
Philippe n’a fait aucun récit épique (sauf la « branche de Renard »); il 
n’a composé que des poésies lyriques inspirées par les circonstances, et la 
première partie de son récit, dont il est absent, ne comportait pas de telles 
poésies. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


189 


les Ibelin en Chypre. Dans la bataille qui suit leur débar- 
quement, Philippe, sorti de sa citadelle, fait une importante 
diversion (§ 145). Il est chargé de traiter la capitulation de 
Cerines et d’en conduire les défenseurs sains et saufs hors de 
Chypre (§ 146). Il prend ensuite une part active au siège de 
Deudamor, où il est blessé (§ 149 ss.). Il est prêt à partir pour 
porter « au pape et au roy de France et au roy d’Angleterre et 
as cinc roys d’Espaigne » les doléances des Chypriotes, quand 
la paix se fait, paix à laquelle il ne se résigne qu’à contre-cœur 
(§ 152). Mais bientôt Jean d’Ibelin apprend que Barut est pris 
et le château assiégé par les impériaux ; il s’embarque pour 
la Syrie, et Philippe le suit (§ 161). Arrivé devant Barut, 
Philippe excite par ses chansons le courage des combattants. 
Plus tard (§ 161), il accompagne Balian d’Ibelin à Triple 
pour négocier le mariage de la sœur du roi Henri avec le fils 
du prince Boémond, et, témoin de la mauvaise foi de celui-ci 
et de son changement d’attitude envers les Ibelin qu’il croyait 
perdus, lui renvoie fièrement le don d’un fief qu’il en avait 
reçu (§ 167). En 1232, étant retourné en Chypre avec Jean 
d’Ibelin, il négocie la reddition de la Candare et de la tour 
de Famagouste (§ 186). A la bataille de la Gride, il est seul, 
avec quatre autres chevaliers, à tenir compagnie à Balian 
d’Ibelin, excommunié pour son mariage (§ 189). Après la 
bataille, étant allé faire un message à Nicosie, il apprend que 
des « sergents » du parti adverse approchent de la ville : il 
rassemble une troupe, marche à leur rencontre, les bat, et 
punit cruellement ceux qui avaient déserté la cause de leur 
seigneur (§ 195). Pendant le siège de Cerines, il aide Jean 
d’Ibelin à arrêter Martin Rousseau, qui préparait une trahison 
(§ 199). Jean d'Ibelin, quand il quitte le siège de Cerines pour 
aller déjouer à Acre les machinations des impériaux, veut 
emmener Philippe ; mais Balian le garde auprès de lui (§ 205). 
C’est Philippe qui est chargé, cette fois encore, de négocier 
les conditions de la capitulation qui termine le long siège de 
Cerines (§ 209). La guerre de Chypre est finie, mais reste en 
Syrie le mau ni des Longuebards, à Sur. En 1236, Philippe 
assiste, à Acre, aux derniers instants du vieux Jean d’Ibelin 
(§212). En 1241, il conseille à Balian d’Ibelin, devenu seigneur 
de Barut, de s’entendre avec les bourgeois de Sur qui lui 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


offrent de l’aider à prendre la ville (§ 224). Qnand arrive la 
majorité du roi Conrad, il conçoit et fait réussir le plan ingé- 
nieux (qui a été raconté plus haut) d’attribuer la régence à la 
reine Aélis de Champagne (§ 225 ss.). Présent au siège de Sur, 
en 1243, il est chargé de traiter avec Lotier Filangieri de 
l’échange du château contre son frère et son fils faits prison- 
niers, et règle tout à la commune satisfaction : « Adonc fu 
desraciné et araché le pesme ni des Longuebars, si qu’onques 
puis n’orent pooir en Surie ni en Chipre (§ 229). » 

Ces paroles sont, comme nous l’avons dit, les dernières qui, 
dans les Gestes des Chiprois, soient de Philippe, et elles 
pourraient très bien avoir formé la conclusion de son livre *. 
Cependant, il est probable qu’il faut encore lui attribuer le 
paragraphe qui suit immédiatement dans Amadi : « Le roi de 
Chypre et le lignage d’Ibelin vécurent ensuite longtemps en 
grand honneur, et gouvernèrent et maintinrent les deux 
royaumes de Jérusalem et de Chypre en bon état, au plaisir 
de tous, comme ceux qui savaient maintenir chacun dans son 
droit par leur loyauté, bonté et libéralité ; mais parce que ce 
serait une trop longue histoire si on voulait conter ce qu’ils 
ont fait dans leur vie, je m’en tais, vous assurant que dans la 
chrétienté il n’y a pas de lignage qui vaille mieux que celui 
d’Ibelin *. » 

Ces lignes, si elles sont bien de Philippe, suffisent à indi- 
quer qu’il a rédigé son « conte » un certain temps après 1243, 
année où se termine son récit. D’autres passages se dénon- 
cent avec évidence comme sensiblement postérieurs. M. Rich- 
ter a relevé les différentes mentions qu’on y trouve, à propos 
de tel ou tel personnage, de faits postérieurs à la date où elles 
sont intercalées dans le récit. Ainsi en parlant de Jean d’Ibe- 
lin, fils de Philippe d’Ibelin et neveu du « vieux seigneur de 


1. Ce qui suit dans Ju fcvce II des Gestes comprend cinq paragraphes : le 
troisième (232) est emprunté en partie au Livre de la Terre Sainte (v. pp. 420, 
423) et n’est donc pas de Philippe. Les quatre autres donnent des renseigne- 
ments intéressants sur le sort ultérieur de Richard et Lotier Filangieri. Ils 
pourraient bien avoir été ajoutés par Philippe à son livra comme une sorte 
d’appendice, mais ils peuvent aussi être de tout autre, et le fait fa’ils ne sont 
pas dans Amadi rend cette dernière opinion plus vraisemblable. 

2. Amadi, p. 197. Ce qui suit dans Amadi n’a plus qu’un rapport assez vagua 
avec le texte des Gestes ; ce n’est pas ici le lieu de le rapprocher de ce qui 
constitue dans les Gestes l’apport de Gérard de Montréal. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


191 


Barut », qu’on nous montre d’abord « enfant » (§ 136), puis 
« nouveau chevalier » (§ 173), puis chevalier accompli (§§ 181, 
196), on remarque qu’il « fût depuis comte de Jaffe », ce 
qu’il devint en 1247 ; à propos 'de son cousin Jean d'Ibelin, 
dit de Foges, et plus tard seigneur d’Arsuf (§§ 164, 220) ', 
on nous dit qu’il « fût depuis connétable du royaume de Jéru- 
salem et bail plusieurs fois » ; or, s’il fut peut-être connétable 
avant 1251 (date où on le trouve pour la première fois men- 
tionné comme tel), il fût bail après son frère Balian en 1247- 
1248, puis de 1249 à 1254, et enfin de 1256 à 1258, année 
de sa mort : cette notice parait donc avoir été écrite après 
sa mort, c’est-à-dire après 1258; le frère de Jean, Gui, est 
aussi mentionné (§ 173) comme futur connétable de Chypre, 
ce qu’il ne put être avant 1247, date de la mort de son 
frère Balian; un autre frère, Baudouin, est annoncé comme 
devant être sénéchal de Chypre, ce qu’il était en 1247, mais 
peut-être déjà quelques années avant. Ce que M. Richter 
signale avec raison comme surprenant, c’est que de Balian lui- 
même, l’alné des fils du vieux Jean et son successeur en 1236 
comme seigneur de Barut, le compère et l’ami le plus cher de 
Philippe, celui-ci ne dise pas qu’il fut bail de Jérusalem en 
1246 et qu’il mourut en 1247. M. Richter en conclut que la 
première partie du récit, où se trouvent simplement annoncées 
pour Balian la seigneurie de Barut et la connétablie de Chypre, 
a été seule écrite avant 1246, tandis que la seconde l’a été 
beaucoup plus tard et sans doute même après 1258. Je ne 
crois pas que ces observations imposent une conclusion bien 
nette : il ne s’agit là que de remarques faites en forme de 
parenthèses, et qui ont fort bien pu être ajoutées par Philippe 


1. Sur ce personnage M. Richter fait une remarque très juste, et dont il 
aurait dû être tenu compte dans la nouvelle édition des Gestes, Au § 164 Phi- 
lippe dit de lui, dans le texte imprimé, qu il fut plus tard seigneur de Sur, 
mais nous savons qu’il fut seigneur d'Arsur ou Arsuf (la première forme 
s’emploie sans cesse pour la seconde), et il faut corriger ainsi. — Au § 221, par- 
lant des circonstances qui favorisaient les entreprises de Richard Filangieri 
en 1241, Philippe remarque que les Ibelin étaient dispersés et que Jean de 
Foges était à Sur; mais c’est une absurdité, puisque Sur appartenait aux impé- 
riaux : encore ici il faut corriger Arsur (Amadi, dans les deux passages cor- 
respondants, a correctement Arsuf). Il est à noter que M. Rôhricht, dans son 
Histoire du royaume de Jérusalem, ordinairement d’une si admirable exacti- 
tude, a suivi par distraction la mauvaise leçon des Gestes , et a fait séjourner 
Jean d’Ibelin ou de Foges à Sur en 1241 (p. 855). 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


lors d’une ou peut-être lors d’une première et d’une deuxième 
révision de son livre. 

Le livre lui-même me paraît avoir été écrit d’un jet, entre 
1243, date du dernier événement qu’il raconte, et 1247, date 
de la mort de Balian d’Ibelin, à laquelle il est difficile de 
croire que Philippe n’eût pas fait, si elle avait déjà eu lieu 
quand il écrivait, une allusion quelconque. C’est un récit con- 
tinu et complet, restreint aux seuls faits qui concernent la 
guerre que l’auteur prétend raconter. C’est, on peut le dire, 
un petit chef-d’œuvre, qu’il faut mettre à côté des meilleurs 
morceaux du même genre dans toutes les littératures. Il est 
d’abord d’une admirable clarté : dans le préambule sont expo- 
sées les origines de la haine que conçoivent contre les Ibelin, 
maîtres de Chypre et de la Syrie, cinq jeunes seigneurs chy- 
priotes ; puis surviennent des incidents qui augmentent cette 
haine; les ennemis des Ibelin préviennent contre Jean de 
Barut l’empereur Frédéric, qui revendique l’autorité dans les 
deux pays en qualité de suzerain de Chypre et de régent (pour 
son fils Conrad) de Jérusalem . Un premier conflit éclate (1228) 
entre l’empereur et le seigneur de Barut, mais il est apaisé ; 
Frédéric conclut, peu après, une paix avantageuse avec les Sar- 
rasins, mais il excite par son arrogance et sa violence la haine 
générale en Syrie et retourne bientôt en Europe (1 er mai 1229). 
Les cinq « baus », — les ennemis des Ibelin, — auxquels il a, 
moyennant finance, remis la régence de Chypre, entrent en 
lutte avec Jean de Barut, qui les défait à Nicosie. La paix se 
fait (juillet 1229), et Jean de Barut redevient le vrai maître de 
Chypre sous le nom du jeune roi Henri. Mais, en 1231, l’empe- 
reur envoie en Orient, pour y rétablir son autorité, son maré- 
chal Richard Filangieri. Richard s’empare de la ville de 
Barut, mais le château résiste; Jean d’Ibelin, accouru de 
Chypre avec le roi, ne peut faire lever le siège et s’éloigne de 
Barut; mais les impériaux à leur tour s’en retirent : ils sur- 
prennent à Casai Imbert, non loin de Sur, l’armée des Ibelin, 
mal gardée, et lui infligent une défaite sanglante (3 mai 1232); 
après quoi ils passent en Chypre. Jean d’Ibelin, qui a rassem- 
blé de nouvelles forces, les y suit, les bat complètement à la 
Gride (15 juin) et reconquiert peu à peu toute l’île. Les impé- 
riaux sont évincés de Chypre; en Syrie, il leur reste Sur; 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 


193 


Acre, là plus importante des villes syriennes, est partagée 
entre des factions contraires ; à Sur môme un parti nombreux 
appelle les Ibelin. Ceux-ci somment Lotier Filangieri, que 
son frère Richard y a laissé, de rendre la ville à l’ex-reine 
de Chypre, Aélis de Champagne, mariée à Raoul de Sois- 
sons, qui gouvernera le royaume en attendant que Conrad 
vienne en prendre possession. Lotier, après des incidents 
divers, est obligé de rendre le château et d’évacuer la Sy- 
rie; ainsi la guerre est finie par la victoire complète des 
Ibelin, — dont le chef depuis 1236 est Balian, fils de Jean, 
— et l’éviction des « Longuebards » aussi bien de Syrie que 
de Chypre. 

On peut considérer ce récit comme un drame en trois actes 
précédé d’un prologue. Le prologue, — qui n’est pas la partie 
la moins dramatique, — est constitué par le séjour de Frédéric 
en Chypre (1228) et en Syrie et ses relations avec les Ibelin. 
Le premier acte est la guerre des cinq « baus » en Chypre, 
terminée par la victoire des Ibelin en 1229. Après un intervalle 
de deux ans, l'acte le plus long et le plus fécond en péripéties 
émouvantes se déroule, en Syrie et en Chypre, de 1231 à 1233 
et finit encore cette fois par le triomphe du « vieux seigneur de 
Barut ». Enfin, le dernier acte, très court, ne s’ouvre que près 
de dix ans après la fin du second ; il se termine par un vrai 
coup de théâtre, la capture de Richard Filangieri dans le port 
de Sur, qui a pour suite la reddition du château et le départ 
définitif des impériaux. 

Dans cette longue période, qui va de 1228 à 1243, bien d’au- 
tres événements ont agité ou intéressé l’Orient latin, qu’ils 
se soient accomplis en même temps que les faits de la guerre 
entre impériaux et Poulains ou dans les intervalles qui en 
séparent les périodes. Citons seulement la croisade de Tibaud 
de Champagne (1239-1240) et celle de Richard de Cornouailles 
(1240-1241). De ces événements parallèles, Philippe, strict 
observateur de l’unité d’action, ne dit rien; c’est à peine s’il 
mentionne en passant la restitution de Jérusalem aux chré- 
tiens obtenue en 1229 par Frédéric. Une seule chose l’inté- 
resse et le passionne, et cette tension constante dans un même 
sens donne à son livre un caractère bien différent de celui 
d’une chronique ordinaire, racontant année par année les 

Rbv. db l'Or, latin. T. IX. 13 


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194 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

événements de toute nature qui viennent à la connaissance du 
rédacteur. 

Dans ce récit, si vivant et si personnel, Philippe a-t-il su se 
montrer véridique ? Il ne faut pas lui demander d’être impar- 
tial : dès le début et tout le temps il proclame lui-même son 
dévouement sans bornes à Jean et à Balian d’Ibelin, et son 
aversion pour les membres du parti adverse. Il est bien certain 
qu’une histoire des mêmes événemènts écrite par un parti- 
san de l’empereur aurait une tout autre physionomie, et nous 
ne pouvons que regretter qu’une telle histoire n’existe pas. 
Toutefois, la véracité générale de Philippe de Novare semble 
ne pouvoir être contestée : les faits qu’il raconte sont présen- 
tés sensiblement sous le même jour par l’auteur du Livre de 
la Terre Sainte, qui n’est pas animé des mêmes passions, 
bien qu’il soit plutôt, lui aussi, favorable aux Ibelin et hostile 
à l’empereur. Les admirables traits du caractère de Jean 
d’Ibelin, qui, réunis, forment le portrait accompli d’un « pru- 
d’homme », ne peuvent être de l’invention de Philippe : pour 
avoir pu être loué de cette façon par ses partisans, il faut que le 
« vieux seigneur de Barut » eût réellement excité leur admi- 
ration par sa prudence, sa modération, sa magnanimité, sa 
bonté, sa courtoisie, son éloquence, autant que par sa vail- 
lance aux armes et son habileté politique. On comprend les 
dévouements qu’il suscitait, et on comprend aussi le succès 
final qu’obtint sa cause. 

Cette cause, au fond, était celle de l’indépendance des 
barons français d’outre mer au regard de l’Empire qui préten- 
dait les dominer ; c’était la cause des « Poulains », comme 
disaient avec dédain les croisés nouveau-venus en Orient. 
L’histoire de la lutte sourde et constante entre les deux élé- 
ments de la puissance chrétienne en Orient, — l’un toujours 
renouvelé, et arrivant, à chaque renouvellement, avec la même 
inexpérience et les mêmes illusions, l’autre de plus en plus 
différencié du premier, auquel il avait appartenu à l’origine, 
devenu oriental par bien des côtés, cherchant à exploiter le 
premier et refusant de se soumettre à lui, — cette histoire 
serait très intéressante à retracer dans ses traits à la fois 
extérieurs et intérieurs. Elle ne saurait être séparée de l’his- 
toire des institutions féodales dans le royaume de Jérusalem. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 195 

A elles deux, elles forment le fil conducteur de l’histoire 
générale de l’Orient latin, ou plutôt de la perte de l’Orient 
latin. La stricte observation du droit féodal, qui ne fut nulle 
part poussée aussi loin que dans l’Orient français des xn e - 
xin® siècles, enlevait toute force efficace à la royauté, qui 
aurait dû, au contraire, pour remplir son rôle essentiellement 
militaire, être dotée de pouvoirs étendus, d’une armée régu- 
lière et soumise, et d’une centralisation solide. L’horreur des 
Poulains pour la domination impériale les empêcha de se 
grouper autour de l’empereur et de tirer de sa puissance 
l’appui considérable qu’aurait pu y trouver l’établissement 
chrétien. Qu’on joigne à ces causes de faiblesse la rivalité 
constante, poussée souvent jusqu’à la trahison, des Hospita- 
liers et des Templiers, des Génois et des Pisans ou Véni- 
tiens, l’alliance fréquente, pour un but particulier, de tel ou 
tel prince avec les musulmans, et on comprendra comment 
le royaume si merveilleusement fondé par les premiers croi- 
sés n’a guère fait, pendant les deux siècles de son existence, 
que marcher constamment vers sa ruine. Philippe de Novare 
ne se doutait assurément pas que, comme plaideor subtil en 
droit féodal et comme partisan dévoué des Ibelin, il travail- 
lait doublement à avancer cette ruine. Il put cependant faire 
quelques réflexions pénibles vers la fin de sa vie, quand il 
vit successivement prendre par Bibars Césaire, Arsuf, Saphet, 
Rames (1265), puis Jaffe et Antioche (1268). Sa mort ne pré- 
céda que d’une vingtaine d’années la prise des dernières villes 
chrétiennes et la destruction complète de la puissance latine 
en Syrie. Tel fut le résultat auquel aboutirent en somme les 
brillantes victoires des Ibelin. 

Philippe, répétons-le, en écrivant son livre, ne se doutait 
pas de cet avenir encore éloigné, pas plus que les Ibelin ne 
pensaient contribuer à la perte de la terre d’outremer. 
On n’a pas l’idée, en lisant le « conte de la guerre qui fut 
entre l’empereur Frédéric et monseigneur Jean d’Ibelin », que 
ces dissensions se passent entre des chrétiens enserrés de 
tous côtés par les musulmans et dont le seul souci semblerait 
devoir être de s’unir pour se défendre contre leurs ennemis. 
Prenons notre parti de cet aveuglement et laissons-nous, 
comme notre auteur et ses patrons, aller sans arrière-pensée 


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196 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


aux sentiments qui animaient les barons d’outremer, défen- 
dant leur indépendance contre les envahissements du despo- 
tisme impérial. On ne peut méconnaître la sincérité de ces 
sentiments, qui s’expriment, sous la plume de Philippe de 
Novare, avec une vivacité communicative. Il semble bien que 
la sincérité fût moins grande chez les partisans syriens ou 
chypriotes de l’empereur. Cela ressort particulièrement du 
discours que les cinq « baus » tiennent à Philippe (§ 140), où 
ils prétendent n’avoir accepté la régence que pour empêcher 
de plus grands maux, apaiser l’empereur, et en somme ser- 
vir les intérêts des chrétiens d’outremer. Philippe, lui, n’a 
dans son attachement aux Ibelin aucune tergiversation. Il 
est constamment hostile à Haimeri Barlais et à ses partisans, 
n’est pas dupe de leurs belles paroles, et, même quand il a 
été obligé d'accepter la paix faite par son patron, continue 
à se méfier d’eux et à dénoncer leur hypocrisie et leurs pro- 
jets cachés. Tel il se représente dans le « conte », tel, et 
plus au naturel, il se montre dans les poésies composées au 
fur et à mesure des événements, et dont nous avons conservé 
sept, les unes à peu près entières, les autres déplorablement 
tronquées. 

Ces poésies sont un des charmes du livre de Philippe de 
Novare, en même temps que, par leur accord parfait avec le 
texte en prose, elles attestent le caractère original et authen- 
tique de celui-ci. Je demande la permission de les passer en 
revue, en disant quelques mots de leur forme et de leur ca- 
ractère. Elles ont, en général, été jugées sévèrement, mais à 
tort, et en partie, certainement, à cause de l’état fort imparfait 
où elles nous ont été transmises. La restitution partielle qu’on 
a pu en donner dans la nouvelle édition permet déjà de leur 
rendre meilleure justice. Elles ne sont pas le début poé- 
tique de Philippe : avant qu’il les composât sous l’empire des 
circonstances politiques, il avait écrit tout un recueil de chan- 
sons d’amour. Malgré cela, elles sont l’œuvre non d’un « trou- 
veur » de profession, mais d’un chevalier, d’un « homme du 
monde », d’un « amateur ». Elles portent en maint endroit la 
trace de cette origine, mais cela ne les rend peut-être que 
plus intéressantes, et d’ailleurs cet homme du monde était un 
lettré et vivait dans un milieu lettré, non au sens des clercs, 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 197 

mais au sens de la société « courtoise » qui avait exprimé 
ses sentiments et son idéal dans la poésie du xii* siècle. On 
voit à chaque instant, dans le livre de Philippe, combien cette 
société française d’Orient était au courant de la poésie fran- 
çaise alors en honneur. Non seulement Philippe lui-même cite 
la Chanson de Roland, compose une nouvelle « branche de 
Renard » et imite des chansons considérées comme clas- 
siques ; on voit le vieux Jean d’ibelin, dans son discours au 
roi Henri, citer Foucon de Candie , ce poème essentiellement 
« courtois » qui eut dans le monde élégant une telle vogue 
dès son apparition (§ 160), et raconter, à une autre occasion, 
une fable d’origine indienne qui avait certainement passé 
dans la littérature vulgaire (§ 207); on voit les chevaliers de 
Chypre, lors des fêtes qui accompagnent l’entrée dans la che- 
valerie du fils de Jean d’ibelin, « contrefaire les aventures 
de Bretagne et de la Table Ronde (§ 112) », comme on voit en 
France les chevaliers faire la même chose au tournoi de Ham 
(1278). Tout ce monde était français et recevait de France 
toutes ses impulsions sociales, artistiques et littéraires. 

La première poésie de Philippe de Novare que nous ont 
conservée les Gestes des Chiprois est la lettre qu’il envoya à 
son compère Balian d’ibelin, en 1229, quand il fut assiégé par 
les cinq « baus » dans la tour de l’Hôpital à Nicosie. Il voulait 
lui écrire en prose, mais « puis qu’il ot comencié a escrire 
les letres lui prist il talant de faire les en rime (§ 142) », et on 
avouera que cette forme donnée à un message envoyé pour 
demander du secours dans les circonstances les plus péril- 
leuses ne manque pas d’originalité et de crânerie. La gaieté, 
d’ailleurs, y règne d’un bout à l’autre : Philippe se représente 
comme « nouvellement frère » de l’Hôpital, à cause de son 
séjour momentané dans la tour des Chevaliers de Saint-Jean; 
il rappelle à Balian, pour l’exciter, les ignominies que lui 
ont fait subir naguère ses ennemis; il lui rappelle aussi des 
traits ridicules et honteux de la vie antérieure de ceux-ci ; il 
donne, continuant évidemment une plaisanterie que connais- 
sait son correspondant, à Haimeri Barlais, qui « estoit plus 
malvais que tous les autres », le nom de Renard , à Amauri de 
Betsan, cousin d’Haimeri, le nom de Grimbert, « por ce que 
au roman de Renart Grimbert le taisson est son cousin ger- 


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main », et à Hue de Giblet le nom de Cointer eau le singe, 
parce qu’il « avoit la bouche torte et faisoit semblant qu’il feïst 
tosjors la moe ». S’il les chansonne, on ne peut l’en blâmer : en 
le mettant en cage, ils en ont fait un rossignol . Que Balian et 
son cousin Ansel de Brie 1 laissent là leurs « amours d’Acre », 
et viennent secourir les dames qui, avec un seul Lombard (Phi- 
lippe lui-même), sont enfermées dans la tour de l’Hôpital. Et 
qu’ils excusent la « rime » de n’être pas assez bien « polie »: elle 
a été faite en grande hâte ; s’il reste quelque temps en cage, 
il la perfectionnera et la rendra « équivoque ou leonime ». On 
voit que, tout amateur qu’il fût, il connaissait les secrets du 
métier. Cette épître pleine de verve eut, quand elle parvint à 
Acre, tout le succès qu’il en attendait : elle fut « recette a moût 
grant joie, et tous crièrent : Or tost! a la rescousse des 
dames et dou Lombart! » Et bientôt l’expédition libératrice 
arrivait en Chypre et battait les cinq baus devant Nicosie. 

La seconde pièce est moins intéressante. C’est une chanson 
que Philippe, après la défaite des ennemis, adressa au seigneur 
de Césaire, connétable de Syrie, à Acre. Il lui raconte, en 
sept strophes de huit vers décasyllabiques répartis sur quatre 
rimes pareilles dans toutes les strophes, les événements de 
Chypre. Il y a cependant de la verve et des vers bien frappés 
(les deux derniers étaient sans doute fort plaisants pour le 
destinataire, mais nous ne comprenons pas l’allusion qu’ils 
contiennent). Dans l’envoi, Philippe appelle cette pièce ser- 
ventois, c’est-à-dire, dans l’usage alors régnant chez les 
Provençaux, chanson composée sur le modèle d’une autre, et 
c’est sans doute à une chanson provençale que sont emprun- 
tées la forme et les rimes de cette pièce. 

La pièce suivante (§ 180) ne se compose que de deux strophes, 
mais elle est fort précieuse par son existence même. Philippe 
avait été blessé au siège de Deudamor, et les assiégés, le croyant 
mort, avaient crié avec joie aux assiégeants : « Mort est votre 
chanteur ! tué est ! » Mais Philippe, pour leur prouver qu’il 
était encore en vie, se fit porter le soir même sur un rocher 
devant le château et leur chanta, pour les faire enrager, « deus 


1. C’est par distraction que M. G. Raynaud, dans sa préface (p. xyhi), attri- 
bue au « bail Anceau de Brie » ce que Philippe dit d’Haimeri. 


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coubles de chanson » qu’il venait de composer et où il les 
insultait de nouveau, traitant leur patron de Renard , et leur 
disant qu’ils étaient ses dupes. Ces deux coubles sont jetées 
dans le même moule et ont les mêmes rimes que celles du ser- ' 
ventois précédent, d’où on peut conclure que Philippe s’était 
déjà plu à chanter le serventois devant les assiégés. 

La quatrième pièce se rapporte au siège de la Candare, où 
Philippe, quittant Deudamor, avait rejoint Ansel de Brie. Elle 
est tout à fait charmante, et un vrai modèle de chanson de ce 
genre. Philippe assure qu’une nuit, étant au guet avec Ansel, 
il surprit les paroles, pleines de découragement et d’anxiété, 
de quelques défenseurs de château réunis dans une tourelle : 
ils se plaignaient de leurs fatigues, de leurs privations, des 
dégâts causés à leurs défenses par les machines des assié- 
geants, et exprimaient leur défiance à l’endroit de leur patron, 
défiance que l’un d’entre eux essayait vainement de combattre. 
Philippe, à la demande d’un de ses compagnons, fit de cette 
aventure et de toutes ces doléances surprises par lui une 
chanson en sept strophes de neuf vers, huit décasyllabes sur 
les mêmes quatre rimes et un hexasyllabe terminé par le mot 
aube , c’est-à-dire qu’il en fit une « chanson d’aube », détour- 
nant ainsi de son emploi ordinaire un genre essentiellement 
érotique. Ce qu’il y a de curieux, c’est que cette pièce est à 
peu près la seule vraie chanson d’aube que nous ayons en 
français ; aussi est-elle certainement faite d’après une pièce 
provençale, bien que je n’en aie pas retrouvé le modèle 
même. Elle est d’ailleurs pleine d’esprit, et les lamentations 
que Philippe met dans la bouche des assiégés durent les irri- 
ter singulièrement quand, le lendemain, il les leur fit entendre 
sous la forme ironique et piteuse qu’il leur avait donnée. 

La plus importante des poésies conservées dans le manus- 
crit des Gestes est la cinquième. C’est, Philippe nous le dit 
lui-même (§ 152), une « branche de Renard », et il a si bien 
adapté sa satire au cadre où il la plaçait que, si on l’avait trou- 
vée détachée du contexte, on aurait pu y voir simplement une 
des variantes innombrables du vieux conte à tant d’épisodes. 
Philippe y raconte comment Renard, vaincu par Isengrin, a 
fait la paix avec lui et ses « louveaux » ; toutefois, il n’est pas 
rassuré, car ni l’ours ni Tibert le chat ni Chanteclair le coq 


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n’ont expressément souscrit à cette paix, et Chanteclair notam- 
ment ne cesse pas de faire sur lui des chansons et des fableaux. 
Renard couvre le loup et ses enfants de caresses et d’adula- 
tions, mais devant l’attitude menaçante de ses trois ennemis il 
a peur; il se retire chez lui : sa femme Hermeline, ses fils 
Malebranche et Percehaie, son cousin Grimbert, le jugent, à sa 
mine, fort malade. En effet, il déclare qu’il va mourir, demande 
un prêtre, et dit qu’il pardonne à tous ses ennemis et leur de- 
mande de lui pardonner : qu’on les fasse venir près de son lit, 
surtout Chanteclair, et ils se réconcilieront. Mais Chanteclair, 
quand il reçoit le message, refuse d’aller près du malade : 
« Je lui pardonne », dit-il, « tous ses méfaits, mais à condition 
qu’il meure. » Renard se fait néanmoins donner la commu- 
nion, dont il est indigne : Jésus s’en part, Renart demore. 
Plein de barat et de male art. Ce récit n’est que la repro- 
duction, sous des noms d’animaux, d’un fait réel que Philippe 
raconte un peu plus loin (§ 155). On a vu plus haut que 
depuis longtemps il avait attribué à trois des cinq baus des 
noms pris au Roman de Renard ; pour faire sa « branche » 
il en a donné également à ses amis : Jean d’Ibelin est Jsen- 
grin, ses fils sont les louveaux ; Ansel de Brie, le « camus », 
l’homme d’une force extraordinaire à la face grifaigne 
(§ 115), est l’ours; sire Toringuel est Tibert le chat; quant 
à Philippe, il s’est personnifié en Chanteclair le coq, et rien 
ne pouvait mieux lui convenir que le rôle de ce joyeux et 
insolent personnage, qui « passe en chantant » et « redresse 
son éperon » en jurant d’en frapper Renard s’il ose l’at- 
tendre. 

La sixième chanson de Philippe a été omise dans notre 
manuscrit des Gestes ; la chronique d’Amadi, qui en général 
supprime complètement les poésies, nous en a par une heu- 
reuse exception conservé le refrain, au moins pour le sens. 
Elle devrait être à la fin du § 162. Voici ce qui en reste dans 
la version italienne (p. 153) : « Messer Philippo de Navarra 
fece una canzone al soccorso de Barutho, che repplicava 
sempre in fine de ogni stanza, in francese : Dio ci presti 
tanta forza e vigore De mantenir con rason il nostro bene 
et il nostro honore ! » On voit la rime de ce refrain, mais 
on ne peut guère en restituer le texte. La chanson était une 


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vraie chanson de guerre, et le refrain devait être chanté en 
chœur par tous les assistants. 

11 est probable que le copiste de l’original que suivait Jean 
le Miège, ou peut-être celui-ci même, s’est lassé de copier 
les poésies insérées par Philippe de Novare dans le texte de 
son conte. Il ne nous en fait plus connaître qu’une, et ne nous 
en donne que les trois premiers vers. C’est encore l’expres- 
sion toute chaude de sentiments de circonstance. En 1231, 
nous l’avons vu, Philippe avait accompagné à Triple Balian 
d’Ibelin, qui devait conclure le mariage de la sœur du roi 
Henri de Chypre avec le fils du prince Boémond, alliance qui 
aurait singulièrement fortifié les Ibelin. Le prince avait 
d’abord reçu fort gracieusement les envoyés et avait même 
donné à Philippe un fief. Mais, d’une part, il recevait peu 
après des lettres de l’empereur (fausses d’après Philippe) lui 
demandant de ne pas accueillir ses ennemis; d’autre part, de 
mauvaises nouvelles arrivaient de Barut, dont Jean d’Ibelin 
avait été obligé, au moins provisoirement, de renoncer à 
faire lever le siège, si bien que Boémond s’excusa, par une 
lettre adressée à Philippe, de continuer les pourparlers. Phi- 
lippe fut indigné, renonça au fief, et envoya au prince « une 
simple rime » qui commençait ainsi : « Mauvaises gens, faibles 
de cœur, je ne puis souffrir à aucun prix que l'on ne dise qui 
vous êtes. » Le reste ne nous est pas parvenu. 

On voit quel est l’intérêt de ces morceaux poétiques, docu- 
ments à la fois si authentiques et si vivants, nés sous le choc 
même des événements et nous en gardant l’impression toute 
fraîche. Ils ajoutent à l’œuvre de Philippe un attrait tout par- 
ticulier, et on doit savoir un très grand gré aux copistes du 
xiv* siècle qui nous les ont conservés au moins en partie. 

Pour terminer cette étude sur l’œuvre historique de Phi- 
lippe de Novare, il nous reste à parler du succès qu’elle eut et 
de la façon dont elle est arrivée jusqu’à nous. Il ne semble pas 
que l’auteur de la partie correspondante du Livre de la Terre 
Sainte, qui écrivait peu après 1245, l’ait connue (à supposer 
qu’elle existât déjà). Elle avait un caractère presque privé et 
dut surtout se conserver dans la famille de Philippe et dans 
celle des Ibelin. Vers 1320, sans doute, elle Ait intercalée dans 


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la compilation à laquelle on a donné le nom de Gestes des 
Chiprois, dont une copie, écrite par Jean le Miège en 1343 à 
Cerines pour Haimeri de Milman, parent des Ibelin et peut-être 
de Philippe, a été imprimée d’abord par M. G. Raynaud puis 
par l’Académie des Inscriptions. On a vu que cette copie, pour 
la partie qui contient le livre de Philippe, offre des altérations 
et des interpolations diverses. Ce n’est point ici le lieu de 
rechercher s’il faut les mettre sur le compte du compilateur 
lui-même, d’un copiste intermédiaire, ou de Jean le Miège. 
Elles n’empêchent pas d’ailleurs que nous n’ayons essentielle- 
ment, et à peu près sous sa forme originaire, le « conte de la 
guerre qui fut entre l’empereur et Jean d’Ibelin ». Il est pro- 
bable que le compilateur trouva ce « conte » encore enchâssé 
dans le Livre Phelipe de Novaire, dont il formait la troisième 
partie, car il semble que dans la première partie de sa com- 
pilation il ait fait des emprunts à la première partie de ce 
Livre, celle qui racontait la jeunesse de Philippe. 

On ne sait au juste où Marino Sanudo a pris la partie du 
récit historique de Philippe qu’il a insérée, vers 1315, en 
l’abrégeant, dans son célèbre Liber secretorum fidelium 
crucis. Il est toutefois très probable qu’il n’a pas connu la 
compilation des Gestes des Chiprois, et qu’il a travaillé direc- 
tement sur le texte de Philippe ; mais il l’a remanié librement 
et en a fait disparaître, comme il convenait au caractère de 
son livre, les traits les plus personnels et les détails les plus 
pittoresques *. Beaucoup plus fidèle et plus complète est la 
reproduction du « conte » de Philippe qui se trouve dans la 
chronique dite d’Amadi. Cette chronique est une compilation 
d’histoire chypriote (précédée d’un résumé de l’histoire des 
croisades), qui s’arrête en 1432 dans le seul manuscrit qu’on 
en connaisse, mais qui, dans l’original, allait peut-être plus 
loin. La compilation a sans doute existé d’abord en français, 
comme les Gestes des Chiprois, et a dû être traduite en 
italien (fortement teinté de dialecte vénitien) après que les 
Vénitiens se furent rendus maîtres de l’île (1489). Toute la 
partie qui raconte la guerre des Ibelin contre les partisans de 
Frédéric est purement et simplement, sauf quelques interpo- 


1. Voy. Richter, Mitteil., XV, 595. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 203 

lations annalistiques, le « conte » de Philippe de Novare, qui 
avait dû être incorporé tel quel dans la compilation française. 
On a vu que le texte d'Amadi est souvent meilleur et plus com- 
plet que celui des Gestes et permet de l’amender en plusieurs 
endroits ; ailleurs, il est moins bon et moins complet, et il 
omet notamment toutes les poésies, sauf les deux vers, cités 
plus haut, que précisément les Gestes ne donnent pas. C’est 
un secours très précieux, dont la nouvelle édition des Gestes 
a fait usage pour l’amélioration du texte, et qu’on pourrait 
peut-être, dans le détail, utiliser plus souvent encore. 

Grâce à la chronique d’Amadi, le beau récit historique de 
Philippe aurait pu être connu, presque dans sa forme exacte 
(moins la langue), même sans l’heureuse découverte du manus- 
crit de Jean le Miège. Il l’était au moins dans son fond, grâce 
à un autre dérivé qui s’en est conservé dans l 'Histoire de 
Chypre de Florio Bustron. Florio Bustron était un Chypriote 
italianisé, qui vivait à la fin du xvi® siècle et fût employé par 
les Vénitiens au gouvernement de l’île. C’était un humaniste, 
imbu des idées de son temps sur la façon d’écrire l’histoire. 
Son livre, qui s’arrête au moment où les Vénitiens prennent 
possession de l’île (1489), est composé à l’aide de documents 
antérieurs, parmi lesquels il cite « i Gesti di Ciprioti in fran- 
cese, scritti da Filippo di Navarra, huomo universale, et il 
quale intervenne in molti fatti et di guerra et di patti di pace ; 
costui scrisse ancora un libro di materia delle nostre leggi 
municipali (p. 8). » Il n’y a aucune raison de révoquer en 
doute cette déclaration, et d’affirmer, comme on l’a fait ', 
que Bustron s’est essentiellement servi, pour la partie de son 
livre qui nous intéresse, de la chronique d’Amadi, qu’il ne 
cite pas. Il était particulièrement apprécié pour sa connais- 
sance du français et son habileté à lire les vieux livres écrits 
en cette langue (p. 3-4). Il a certainement eu sous les yeux 
le « conte » de Philippe, détaché sans doute du Livre dont il 
formait une partie, et c’est ce conte, et non la compilation 
copiée par Jean le Miège, qu’il désigne sous le nom de Gesti 
di Ciprioti, en sorte que le titre de Gestes des Chiprois, 
emprunté à Bustron, est attribué sans raison suffisante à la 

1. Richter, Mitteil., XV, 596. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


compilation de Gérard de Montréal. On ne remarque dans 
son récit, si on le compare attentivement au texte d’Amadi, 
aucune coïncidence textuelle avec celui-ci, et, bien que Bus- 
tron s’attache à écrire dans le style de la Renaissance et ait 
sensiblement remanié la forme de son original, il n’est pas 
possible qu’on ne trouvât pas un certain nombre de ces coïn- 
cidences si cet original avait été la version d’Amadi. Bustron 
constitue donc, avec les Gestes et Amadi, un troisième repré- 
sentant du conte de Philippe deNovare; mais il a tellement 
abrégé et remanié son original qu’il ne peut guère servir à la 
restitution de celui-ci. Le seul passage qu’on ait cru pouvoir 
signaler 1 2 comme nous ayant conservé un passage de Philippe 
omis dans les Gestes et dans Amadi, à savoir la réponse du 
jeune roi Henri, âgé de quatorze ans, au discours de Jean 
d’Ibelin lui demandant d’aller avec lui secourir Barut (p. 83), 
est bien plutôt, comme le pense M. Richter *, de la composi- 
tion de Bustron, qui aime les ornements de ce genre et insère 
dans sa chronique, à d’autres endroits, des harangues et des 
lettres que ne lui fournissaient pas ses originaux. 

Le manuscrit de Jean le Miége n’a été, on le sait, retrouvé 
que de nos jours; celui d’Amadi est resté longtemps inconnu; 
mais il n’en a pas été de même de Y Histoire de Chypre de 
Bustron, qui, conservée dans cinq manuscrits, a été consultée 
par plusieurs historiens. C’est d’après elle que Loredano, dans 
son Historia de’ re Lusignani (Bologne, 1647), a raconté 
notre guerre, assez fidèlement pour le fond, mais en donnant 
à son récit la forme affectée, emphatique et souvent extrava- 
gante qui, dans l’Italie du xvn* siècle, était à la mode pour 
écrire l’histoire. A son tour, le récit de Loredano servit de 
base à celui du chevalier Jauna dans son Histoire des 
royaumes de Chypre et de Jérusalem (1790), où il subit 
une nouvelle transformation dans le goût « philosophique » du 
temps. Malgré tant d’intermédiaires par lesquels il lui avait 
fallu passer, la narration de Philippe de Novare gardait en- 
core tant de sève et de vie qu’on en retrouve des traces frap- 
pantes jusque dans le résumé que Beugnot, en 1841, donnait 


1. R. de Mas Latrie, Chronique d* Amadi, p. iy. 

2. Mitteil . , XV, 597. 


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LES MÉMOIRES DE PHILIPPE DE NOVARE 305 

d’après Jauna de la guerre des Ibelin (il est vrai qu’il avait 
puisé quelques traits dans un manuscrit de Bustron). 

On se rapprocha beaucoup plus du récit original quand 
parut, en 1861, le tome I er de Y Histoire de Chypre de M. L. 
de Mas Latrie, où, pour la première fois, était largement mise 
à profit la chronique d’Amadi, trouvée à Venise par notre 
savant compatriote. Puis vinrent successivement les éditions 
de Bustron (1886) et d’Amadi (1891) par M. René de Mas 
Latrie, et celle des Gestes des Chiprois par M. G. Raynaud 
(1887), où le « conte » de Philippe revenait enfin au jour sous 
sa forme originale (sauf les altérations introduites par le com- 
pilateur et le copiste des Gestes). Le texte de cette édition a 
été sensiblement amélioré dans l’édition, prête à paraître, de 
l’Académie. Il pourrait l’être encore par une révision plus 
minutieuse et une comparaison plus constante des versions 
d’Amadi et de Bustron. Et il mériterait d’être publié une 
troisième fois, séparé de la compilation dans laquelle il est 
inséré, et purgé des interpolations qu’il a subies : il fournirait 
alors à l’historien, au philologue et au littérateur, un des 
monuments à tous égards les plus intéressants et les plus 
précieux que nous ait laissés l'historiographie française du 
moyen âge *. 

Gaston Paris. 


1. Je me propose de donner cette édition, qui, ne comprenant que ce qui, 
dans les Gestes des Chiprois , appartient à Philippe de Novare, ne fera pas 
double emploi avec l'édition de cette compilation. 


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LE DONAZIONI 


DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 

AL MONASTERO DI S. MARIA DI VALLE GIOSAFAT 


Tre anni or sono, dando notizia ai lettori dell’ Archivio 
storico Siciliano (N. S M an. XXIV, fasc. m e iv) del la- 
voro compiuto da P. Kehr sui docc. pontifici del Tabulario 
di S. Maria di Valle Giosafat, affermai che la deflnitiva 
soluzione sui docc. falsi di quel monastero 1 non mi serabrava 
nè difficile nè lontana, e soggiunsi che me ne sarei occupato 
tosto che avessi potuto recarmi in Catania. Ma il dotto e 
carissimo amico Charles Kohler s’è assunto l’incarico di pro- 
cedere alla pubblicazione sistematica di tutte le carte di quel 
monastero relative ail’ Oriente latino ed io, lietissimo che 
l’argomento sia trattato da chi tanto bene ha saputo conti- 

1. Cito la letteratura sull’ argomento per ordine di tempo : P. Schbffer- 
Boichorst, Regesten ungedruckter Urkunden der Kaiserin Constance, in 
ürkunden und Forschungen zu den Regesten der staufischen Période ( Neues 
Archiv, XXIV, pp. 226, 227) ; — Garufi, I privilegi falsi di S. Maria di Valle 
Giosafat (Docc. p. sert?. alla st. di Sic ., S. I , vol. XVIII, pp. 301-332); — 
Lothar von Heinemann, Normannische Herzog und Kônigsurkunden aus 
Unteritalien und Sicilien , Tübingen, 1899; — P. Kehr, Papsturkunden fïir 
S. Maria Valle Josaphat , ecc. Aus den Nachrichten d. K. Geselschaft der 
Wissenschaften zu Gôttingen, Philologisch-historische K lasse, 1899, Heft 3; 
cf. Garufi, Arch. St. Sic., N. S., XXIV, fasc. me iv; — Schrffer-Boichorst, 
Dos Gesetz Kaiser Friedrich* s II « De resignandis privilegiis ( Sitzungsbe - 
richte d. kônigl. Preussischen Akad. d. Wissenschaft. zu Berlin , 1900, 
XIII, 144 e passim); — Karl Andréas Kehr, Die Urkunden der normannisch- 
sicilischen KÔnige t eine diplomatische Untersuchung , cap. V : Fâlschungen. 
Inaugural-Dissertation ; Innsbruck, Wagner, 1900, in-8°. Idem , Innsbruck, 
1902, pp. 338-371. 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERN& 207 


nuare l’opéra del conte Riant, volentieri addivengo al desi- 
derio di lui di scrivere questa breve nota sulle donazioni fatte 
al monastero filiale di S. Maria di Valle Giosafat dal Conte 
Enrico di Patemè. 

Alcuni di questi docc. furono pubblicati dal Pirri, da cui 
l’Amari trasse quelle poche notizie che, congiunte aile altre 
che si possono desumere dalle Considerasioni sulla storia 
di Sicilia del Gregorio, gli servirono per delineare a grandi 
tratti la vita del conte Enrico, figliuolo di Manfredo mar- 
chese del Vasto e fratello di Adelasia, moglie del Gran conte 
Ruggiero *. Ma la critica non ha ancora vagliato tutto il mate- 
riale diplomatico raccolto dal Pirri, nè conosce bene tutti i 
docc. che appartengono al fondo diplomatico del Tabulario 
di S. Maria di Valle Giosafat e che si conservano nell’ Archivio 
di S. Nicola dell’ Arena di Catania, oggi Museo Civico. Il 
quale per il conte Enrico e per la chiesa da lui donata con- 
serva i seguenti documenti : 

1. « Angerius episcopus Catanie », 1113, IX, 30. Ind. 7 a : 
Sciant omnes (Pirri, II, p. 1177). — Originale. 

1. Amari, St. dei Musulmani in Sicilia , vol. III, pp. 220, 221, 226. — Pirri, 
Sicilia sacra , pp. 75, 1156, 1177 ; Gregorio, Considerasioni , etc., lib. I, cap. Y, 
nota 20. Nei docc. siciliani, il nome del conte Enrico spunta la prima volta 
in uno che porta Yactum Panormi, 1094 (Pirri, p. 75); in Palermo pare si 
fosse fermato fino al 1095, perd nel 1097 lo troviamo in provincia di Savona 
insieme con lo zio Bonifazio, filius quondam Thetonis (Delfino-Mulktti, 
Memorie storico-diplomaticfie appartenenti alla ctttàeai marchesi di Saluzzo; 
Saluzzo, MDCCCXXIX, lib. I, p. 303 e segg.) a fondare e riccamente donare 
la canonica di S. Maria, di S. Pietro Apostolo e di S. Nicola in Ferrania. 
Sugli studi aleramici si possono confrontare : Desimoni, Sulle marche d’italia 
e sulle loro diramazioni in marchesati. Lettere cinque al com. Promis , 
2» ed. accresciuta di altri studi dello stesso autore, ecc. Estratto dagli Atti 
délia Società Ligure di St. Patr., vol. XXVIII, fasc. I, sér. III : Albero genea - 
logico di Aleramo , p. 272 et seg. ; — Wüstenfeld, Cod. Astense Malabeyla , in 
Atti délia R. Accad. dei Lincei, Roma 1875-1886. Ser. III, vol. Y, p. 106 e 
seg. — F. S a vio. Il marchese Bonifacio del Vasto ed Adelaide contessa di 
Sicilia , regina di Gerusalemme , Torino, 1887, p. 16 e seg. Debbo alla cortesia 
dell’ at. l’aver potuto studiare questo libro, che da molto tempo avevo inutil- 
mente ricercato. — Càsagràndi-Orsini, Adelasia moglie del gran conte Rug- 
giero e lo zio Bonifazio , 1079-1090 in « Le Grazie, Riv. mens, di Lettere 
scienze ed arti »; Catania, anno II, nr. 6 e 7. Il Casagrandi afferma di aver per 
il primo dimostrato (nel 1900) che Adelaisa fu nipote e non flglia di Bonifazio 
marchese del Vasto, contro l’opinione dell 1 Amari, il quale avrebbe perfino 
ignorato Tepistola di Gregorio VII! — Una biografla del conte Enrico è impos- 
sibile di scriverla, senza prima avéré accertato tutto il materiale diploma- 
tico che di lui si conserva, tanto piu che le fonti storiche pei primi 20 anni 
del sec. xii sono scarsissime. La prima volta spunta col nome di Ansricus 
frater comitissç (Arch. cap. Cath. Palermo, nr. 5). 


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208 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

* 2. « Angerius episc. Cat. » Data incerta : Sciant omnes. 

— Copia. 

*3. Enrico flglio del marchese Manfredo e conte di Pa- 
ternô, 1122 (?) 0 1124 (?) : « Ego Henricus Mainfredi mar- 
chionis quondam filius. » — Pseudo-originale. 

4. Maurizio vescovo di Catania (1122) : « Ego Mauricius ». 

— Copia. 

5. Maurizio, vesc. di Catania, 1124, Ind. 2 a : « Ego Mau- 
ritius ». — Copia del Giugno 1261 (« mense Iunii quarte in- 
dictionis »). 

• 6. Maurizio, vesc. di Catania, 1124, VII, 14 : « Ego Mau- 
ritius ». — Pseudo-originale. 

• 7. Enrico flglio di Manfredi e Conte di Paternô, 1132, IX : 
« Ego Henricus ». — Copia. 

* 8. Maurizio vesc. di Catania, 1134, V : « Ego Mauri- 
tius 1 ». — Pseudo-originale. 

Alcuni di questi privilegi comitali e carte vescovili, sia 
detto incidentalmente per ora, fan riscontro colle tre bolle 
false di Innocenzo II, 1140, Maggio 18 (P. Kehr nr. 1, 2, 3), 
la cui falsiflcazione mirava con particolarità ad aumentare i 
béni immobiliari che il monastero di Valle Giosafat ebbe in 
Paternô presso Catania *. Tralascio, per non dilungarmi, 
il confronto che potrebbe stabilirsi fra alcuni di questi docu- 
menti con alcuni privilegi falsi di Ruggiero, di Guglielmo II 
ed Arrigo VI, tanto il risultato non muterebbe per nulla, e 
vengo senz’ altro alla ricerca dei dati sicuri che ci fomiscono 
le bolle vere, circa i possedimenti che il monastero aveva in 
Paternô. Questi dati sicuri ci vengono sol tanto forniti dalle 
seguenti sei bolle : 

1° Innocenzo II, 1140, V, 18 (Jaffé -Lôwenfeld, 8095). 

2° Innocenzo II, 1140, V, 20 (P. Kehr, nr. 4). 

1. Tutti questi docc. si trovano anche copiati délia mano di D. Teoûlo di 
Catania in « Scritture varie attinenti al monastero di S. Maria di Iosafat » 
neir Arch. Prov. di Catania, Area 3, vol. 6, ff. 3, 4, 6, 12, 14, 18, 20, 22, 26, 28, 
29, 38. 

2. P. Kehr, op . cit n p. 345. « In den falsclien Urkunden Innocenz’ II nr. 4, 
5, 6 (che rispondono ai nr. 1, 2, 3, délia sérié pubblicata da lui) ist es 
dieses Kloster (S. Maria Maddalena di Paternô), mit dem die Reihe der 
Besitzungen erôffnet wird. Das sie dem Interesse des Klosters in Paternô 
entsprungen sind, ergibt auch die Ausführlichkeit, mit der der davon abh&n- 
gige Besitz und seine Qrenzen angeführt werden : man erkennt sogleich, 
dass hier die Tendenz der F&lschungen ihren Grund hat. » 


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LE D0NAZI0NI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 209 


3° Innocenzo II, 1142, IV, 5 (J. L., 8223). 

4° Eugenio III, 1145, IV, 4(J.-L., 8748). 

5° Eugenio III, 1151, III, 31 (P. Kehr, nr. 5). 

6° Adriano IV, 1155, III (J.-L., 10004). 

Nella 1® bolla noi troviamo : « In parrochia Cathanensi 
infra opidum Paternionis aecclesiam sancte Marie matris 
domini ab Angerio episcopo datam, cum parrochia, cimiterio, 
baptismate, aliamque aecclesiam sancte Marie Magdalene 
cum hospitali, que subtus castrum 1 sita est, a Mauritio 
episcopo similiter concessam, et molendinum, villanos, terras 
et vineas, domos ceterasque possessiones, ab Henrico mar- 
chione datas ». La seconda dice : « In Sycilia in loco qui 
dicitur Palernonum ecclesiam sancte Marie Magdalene sub 
ipso Castro sitam, sub beati Pétri tutela et nostra de(f)en- 
sione suscepimus ». Questo stesso periodo si trova ripetuto 
tal quale nella terza e nella quarta, coll’ aggiunta : « Ad exem- 
plar predecessoris nostri beate recordationis pape Inno- 
centii », che manca nella quinta. La sesta bolla inflne dopo 
« suscipimus », aggiunge : « et presentis scripti patrocinio 
communimus ». 

Soltanto dalle bolle (perché i privilegi délia Cancelleria 
normanna nulla ci offrono) noi conosciamo i possedimenti 
del monastero di S. Maria di Valle Giosafat in Paternô. 
Questi possedimenti, non vi ha dubbio, pervennero per do- 
nazioni fatte dal marchese Enrico in due tempi : la prima 
essendo vescovo Angerio, la seconda Maurizio. E’ parimenti 
certo che Enrico donô la chiesa di S. Maria, mentre il ves- 
covo Angerio concedette le prérogative ecclesiastiche, ele- 
vandola a parrocchia ed a cimitero, e dando il diritto di bat- 
tezzare; e che in seguito lo stesso conte diede la chiesetta di 
S. Maria Maddalena, con tutto l’ospedale, situata sotto il cas- 
tello, un mulino, alcuni villani, terre, vigne, case e possedi- 
menti. Se queste bolle non ci danno alcun particolare sul 
numéro dei villani, sui conflni delle terre, delle case e del 

1. L’Edrisi nel Kitâb nuzhat dl mustâq, ecc. in A mari, Bibl . ar . sic, vers. 
ital,y vol. I (Torino e Roma, 1880), p. 109, parlando di Paternô (Batarnù) cosi 
dice : « Paternô, valido fortalizio è castello (nel cui contado notansi) molti 
campi da seminare e moite industrie (diverse) ; ricco altresi di civaie, di 
frutta, di vigne e di giardino. Questo bel castello sovrasta ad un gran tratto 
di terre ». 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 14 


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2W 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


mulino, pure ci aiutano a flssare alcuni dati storici e crono- 
logici di grandissima importanza. Stabiliti i guali possiamo 
venir difilato ail’ esame dei docc. del Museo Civico Catanese, 
dividendo per comodo di disamina gli otto docc. in tre gruppi, 
e comprendendo nel primo 1, 4 e 5, nel secondo 2, 6 e 8, nel 
terzo influe 3 e 7. 

Il doc. 1 è in pergamena originale e misura in altezza mm. 
438 più mm. 48 di plica, e in larghezza mm. 280. La plica è 
tagliata sotto a forma di rombo nel luogo dove si trovavano i 
quattro fori che servivano a tenere il laccio, donde pendeva il 
suggello *. Questo laglio dei lembi di pergamena cbe tene- 
vano legati i suggelli alla plica è cosa comunissima in tutti 
i docc. di questo Monastero, corne già ebbi per il primo occa- 
sione di osservare. Diplomaticamente non offre alcun dubbio. 
L’invocazione divina è verbale, colla formula : « In nomine 
sancte et individue Trinitatis » ; formula che fu usata dai tre 
primi duchi normanni di Puglia * ed anche, se non frequente- 
mente, dal gran Conte Ruggiero \ S’aggiunga inoltre che 
allô scrittore di quel doc. non dovevano essere punto ignoli nè 
il privilegio di Ruggiero del 1091 alla chiesa di Catania, nè la 
carta del vescovo Roberto del 1106, entrambi conservati 
negli originali nell’ Archivio Capitolare di Catania. Questi due 
documenti hanno l’invocazione verbale e Yincipit del teslo, 
che porta la notiflcazione in forma soggettiva, conformi a 
quelli che si riscontrano nella carta vescovile di Angerio : 
Sciant omnes. Si puô quindi dedurre che lo scrittore si 
avvalse di questi esempi per le formule del protocollo iniziale 
e dell’ incipit del testo. Le subscriptiones sono regolaris- 
sime, benchè si possano identificare solo due Ûrmatari, l’uno 
il marchese Enrico, l’altro Ruffo il figlio di Rolando, che 
appartiene alla famiglia degli Altavilla *. La datazione fa 
parte del protocollo iniziale e segue precisamente l’invo- 
cazione verbale. L’anno 1114 ‘, 7 a Ind., trattandosi d’indizione 


1. Ripubblico questo doc. in trascrizione paleograflca, perché l'edizione del 
Pirri non è corretta. 

2. Ch a lan don, La diplomatique des Normands de Sicile et de V Italie mér. 
( Mélanges d f archéol. et iïhist., XX, p. 105). 

3. Pirri, op. cit ., I, 74, 384, 385, 495, ecc. 

4. Pirri, II, 772. 

5. Veramente, nel doc. l’anno non si puô leggere; mancano, perché logo 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNü 211 


costantinopolitana comunissima in Sicilia, risponde al 1113; 
onde gui abbiamo l’uso dell’ anno a stile bizantino, cioè del- 
l’anno che coïncide con la nuova Indizione che comincia col 
Settembre *. E’ a notare che la narratio e Yexpositio, in forma 
soggettiva, hanno specialissimo riscontro colle notizie forni- 
tevi dalle bolle vere d’Innocenzo II, di Eugenio II e di 
Adriano IV. La sanzione penale, in forma spiritnale, è la 
comunissima e non occorre immorarvi. 

Il nr. 5 è un transunto del giugno 1261, autenticato dal ves- 
covo Matteo di Siracusa e da Boamondo, priore dell’ ordine 
dei Predicatori di Messina. L’originale, che fa trascritto da 
D. Teofllo di Catania nel f. 26 del ms. citato coll’ anno 1124, 
Luglio Ind. 2 a , non esiste piû, corne non si ritrova più l’ori- 
ginale diploma di re Federico II, il cui testo fa pubblicato 
dallo Scheffer-Boichorst *. 

Anticipando ciô che dovrô dire sugli altri docc. di Mau- 
rizio, oso affermare che il suggello tolto dall’ originale, oggi 
smarrito, servi al falsiflcatore per attaccarlo nel doc. falso, a 
fine di dargli un carattere di autenticità. La pergamena del 
transunto è alquanto corrosa ed è alta ram. 296 più mm. 30 di 
plica, e larga mm. 235 sopra, 240 nel centro, 242 sotto. Anche 
qui l’esame diplomatico non lascia alcun dubbio sulla genui- 
nità. Il protocollo iniziale porta il chrismon e l’indicazione 
dell’ anno, sebbene manchi il mese che si trova nella copia di 
D. Teofllo di Catania. Nelle sottoscrizioni spuntano i nomi di 
Roberto, Mazone e di Flandina, moglie del Conte Enrico, i 
quali si riscontrano in altre carte inédite dello stesso Tabula- 
rio, che hanno tutti i caratteri di verità e di autenticità. Nel 


rate, alcune parole che potrebbero averdetto o tertio de..., o quarto de...; lo 
spazio si presta ad entrambe le interpretazioni. Ho accettato perd il 1114, per- 
ché suppongo che ai tempi del Pirri la pergamena in questo punto si fosse 
potuta leggere senza alcun dubbio; ma la prova sicurache l’anno fosse 1114 ci 
viene fornita da D. Teofllo di Catania in « Scritture varie attinenti al Monas 
tero di S. Maria di Valle I osa fat, conservate nell* Arch. Prov. di Catania », 
Area 3, vol. 6, f. 3. 

1. Lo Chalandon, pur essendo quasi certo che sotto il gran conte Ruggiero 
s'usasse l’anno greco che duré Ûn sotto Ruggiero re, non seppe trovare alcun 
esempio, op. cit., p. 177. Eppure, nei docc. greci edarabi editi dalCusa e dal 
Trinchera, gli esempi sono moltissimi; pe’ latini mi limito a citare quello 
conceduto alla Chiesa di Catania, dato nel 1092, Ind. 14, Décembre, che ris- 
ponde al Décembre 1091, Ind. 15* . 

2. In Dos Gesetz Kaiser Friedrich* s , cit. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


testo si vien subito alla motivazioue délia carta, cbe ha una 
esposizione di fatti conforme aile testimonianze raccolte nelle 
bolle vere. 

11 nr. 4 è una copia pure del sec. XIII, non autentica perô, 
délia carta del vescovo Maurizio. Salvo le note cronolo- 
giche, 1122, Ind. 3 a , evidentemente sbagliate, e gualche falsa 
lettura di parola, il resto corre discretamente bene; onde a 
rigore non potrebbe considerarsi corne un altro documento. 

I nr.l, 4 e 5 sono diplomaticamenle e storicamente veri. Essi 
ci forniscono i particolari concernenti la storia delle donazioni 
fatte dal marchese Enrico al monastero di S. Maria di Valle 
Giosafat, nel territorio di Paternô, dove si venne sviluppando 
una filiale importantissima di quell’ ordine monastico in Sici- 
lia. Il quale dopo il 1109 ottenne le principali e più cospicue 
donazioni in Sicilia, fatte da principi e da fedeli ; giacchè le 
donazioni coincidono, col tempo, nel quale Adelaisa, vedova 
del conte Ruggiero andô sposa a Balduino I re di Gerusalemme 
(1113-1116 '). Certamente il marchese Enrico, fratello délia con- 
tessa Adelaisa * e genero del conte Ruggiero *, lungo il periodo 
délia reggenza délia sorella per il flglio minorenne, dovette 
avéré importanza grandissima nella corte, e non è improbabile 
che nelle seconde nozze délia medesima sua sorella abbia 
avuto parte non ultima insieme coi vescovi Goffredo, Angerio, 
Stefano di Rouen e Ruggiero *, tutti di nazione francese. 

La prima donazione Enrico la fece nel 1113, dopo il 
matrimonio di Adelaisa *, indottovi (doc. I) dalle preghiere 
del vescovo Ansgerio, la cui nazionalità spiega molto bene 
l’interessamento a favore del monastero di Valle Giosa- 
fat, che appunto in quel torno di tempo veniva arricchendosi 
per le numerose donazioni fatte da Balduino I Il vero 


1. Amari, op. cit., III, p. 316 e nota 3. Cf. pure Di Meo, Annali, IX, 190, 228. 

2. Cf. il doc. pubblicato dal Pirri, con false letture, a p. 1156 e che appar- 
tiene ad Enrico già conte. 

3. Cf. doc. I. 

4. Amari, op. cit ., III, 307 ritiene Ansgerio bretone. Su questo vescovo, cf. 
Malaterra, libr. IV, cap. VII, in Caruso, Bibl . Sic., p. 231. 

5. Sui primi vent* anni del sec. XII le fonti tacciono quasi completamente ; 
la storia di quei tempi si puô solo desumere dai docc. che avanzano in numéro 
sca rsissimo. 

6. Del aborde, Chartes de Terre-Sainte , Paris, 1880, p. 27 e seg. — Kehr, 
op. cit., 1. c. — Kohler, Chartes de V abbaye de N.-D. de la Vallée de Josaphat 
(Rev. de l’Or, lat., t. VII, an 1900, pp. 108-222). 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 213 

proteltore di quell’ ordine monastico fil dunqae il vescovo di 
Catania, il quale largheggiô moltissimo nel concedere préro- 
gative ed immunité ecclesiastiche alla chiesetta di S. Maria 
costruita del conte Ruggiero, di cui oggi nemmeno si conser- 
vano i ruderi. Solo dopo undici anni dal di délia donazione, la 
chiesa di S. Maria di Paternô potè ottenere la consacrazione. 
Non è improbabile che le vicende occorse alla sorella nel suo 
matrimonio con Balduino I abbiano potuto esercitare qualche 
influenza sul proposito. È certo che in quel luogo s’era 
venuto formando un monastero, al quale il Conte Enrico nel 
1124 donô sei villani e la pîccola chiesa di S. Maria Madda- 
lena cum hospitali situato sotto il Casteilo. È lecito supporre 
Yhospitale comprendesse un mulino, alcuni orti e case, che ne 
formavano corne a dire le parti essenziali. Perô la vaga indi- 
cazione dei béni donati doveva necessariamente rendere 
molto facili le controversie relative alla determinazione e alla 
designazione dei conflni. Ma queste controversie non poterono 
sorgere nel tempo di re Ruggiero, esse poterono aver luogo 
nella minorité di Federico ; perô la frode sarebbe stala consta- 
tata nel periodo di revisione promossa dal medesimo Federico 
appena fu nominato imperatore *, sicchè le controversie e la 
relativa frode si resero solo possibili nei tempi che seguirono, 
e che furono tempi di grandi rivolgimenti politici e di grande 
rilasciatezza amministrativa. 


* • 

Mi sono soffermato un pô a lungo sul primo gruppo di docc. 
del Museo Civico Catanese, perché essi soli sono i veri ; gli 
altri cinque son prette falsificazioni, corne è facile dimostrare. 

I docc. 2, 6 e 8, che costituiscono il secondo gruppo, appar- 
terrebbero il primo ad Angerio e gli altri due a Maurizio. 

II 2 è una copia del sec. XIII di una falsiflcazione oggi non 
più esistente. Mancano le note cronologiche e fra le subscrip- 
tiones Enrico e Gualtiero di Valcorrente, che in parecchi 
docc. autentici firmano personalmente, si trovano soscritti col 
signum manus. Diplomaticamente quindi risulta falso. 


1. Schkffee-Boichorst, Dos Gesetz Kaiser Friedrich' s, 1. c. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Anche l’esame storico del testo porta al medesimo risultato. 
Difatti 1 ’incipit è tal quale copiato dal doc. vero d’Angerio, 
perô nell’ esordio apprendiamo circostanze nuovissime, che si 
collegano bene colla prima bolla falsa pubblicata dal Kehr. 
Ma questo confronto potrebbe non esser ritenuto specialissimo 
per la dimostrazione di falsità, giacchè il brano è in parte ripro- 
dotto dalla bolla vera Jaffé-Lôwenfeld 8095; occorre quindi 
ricercare una prova più diretta, che ci viene fornita da un 
esame di fatto. Per il primo doc., già esaminato, la chiesa di 
S. Maria in Patemô, costruita da Ruggiero e pervenuta dopo 
la morte di lui al genero Enrico diventato signore di Paternô, 
sarebbe stata da questi conceduta al monastero di S. Maria 
di Valle Giosafat, aderendo aile preghiere del vescovo di 
Catania ; per il doc. in esame, invece, la chiesa sarebbe appar- 
lenuta fin dai tempi del primo Ruggiero al vescovo Catanese, 
il quale a preghiera di Enrico l’avrebbe conceduta al Monas- 
tero. I due documenti sono quindi contradittori, ne è lecito 
ritenere ch’ entrainbi, essendo veri, avessero affermato circos- 
tanze tanto contrarie ; onde riesce dimostrato, che essendo 
vero il primo, il secondo è falso. S’aggiunga ancora la confu- 
sione grandissima che si fa delle cose donate, giacchè le con- 
cessioni d’Angerio son confuse con quelle di Maurizio. Il doc. 
è quindi falso e costituisce un tipo che fln’ora rimane isolato, 
mentre le altre falsificazioni si collegano quasi tutte, corne da 
qui a poco dirô. 

I docc. 6 e 8 sono falsi ; la falsità si puô desumere diploma- 
ticamente per entrambi, mercè i caratteri esterai, cioè col- 
l’esame délia scrittura e del testo. 

II nr. 6 é una pergamena alta mm. 440 + 45 di plica, e 
larga mm. 248. Dal Chrismon flno a nisi digna penitentie 
satisfactione resipiscat ad cuius è scritta con un inchiostro 
che ail’ esame microscopico, sia per il colore, sia per gli 
ingredienti, risultô perfettamente uguale a quello usato dal 
falsificatore per il diploma di Ruggiero II, 1144, pubblicato in 
Doc. per servire alla storia di Sicilia, prima sérié, vol. XVI, 

pp. 45-49 (« Ad nostram spectat sollecitudinem »). Da dona- 

cionis et concessionis flno a signum domine Flandine è 
scritto con altro inchiostro, anch’ esso risultato ail’ esame 
microscopico conforme ail’ altro usato nel doc. nr. 8 ; il quale 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 215 

alla sua volta è identico a quello usato per i docc. 2 e 4 che 
sono, senza alcun dubbio, copie del sec. XIII. 

Il doc. 8 è anch’ esso in pergamena alta mm. 268 -f 25 di plica, 
per mm. 210 di larghezza. Nella scrittnra poi d’entrambi i docc. 
si scorge la mano del falsiflcatore dei diplomi di Ruggiero e di 
Guglielmo \ malgrado tutto lo sforzo di non mostrarlo. Man- 
cando l’originale, non possiamo constatare se l’imitazione sia 
piuttosto felice, certo perd qna e là il falsiflcatore si lascia 
sfuggire quelle forme proprie, ch’io ebbi a constatare nel- 
l’esame dei due privilegi Ruggeriani. Le firme del nr. 6, 
appaiono addirittura artefatte, sebbene il falsiflcatore si sia 
industriato d’imprimere a ciascuna di esse una fisionomia pro- 
pria. Ad un occhio discretamente assuefatto aile scritture 
medievali non riesce perô difficile lo scoprire, nell’ andatura 
delle linee, i tratti caratteristici dello scrittore di tutto il docu- 
ment. E si aggiunga che le firme dei docc. 6 e 8 si rassomi- 
gliano fra loro in modo mirabile, onde si puô affermare che la 
scrittura avvalori i sospetti délia falsiflcazione. Paleograflca- 
mente i docc. 6 e 8 sono entrambi falsi. 

Veniamo ail’ esame storico. 

Per il nr. 8, dico subito, il dato cronologico è sbagliato ; 
esso è dato nel 1134 Maggio, XII Indizione, coll’ assenti- 
ment d’Innocenzo II, il quale ancora non era stato nomi- 
nato ponteflce!. Se altro elemento non vi fosse, basterebbe 
questo solo per stabilire la falsità del doc. nr. 8; ma ve 
ne sono ben altri comuni a tutti e due. — Abbiamo dimos- 
trato che le proprietà del monastero in Patemô, corne risulta 
dalle bolle vere, si riducono alla chiesa di S. Maria, a cui 
s’aggiunse poi la chiesetta di S. Maria Maddalena con l’ospe- 
dale sotto il Castello. Orbene per i docc. 6 e 8 le proprietà 
invece sarebbero ancora di pitf; alla chiesa di S. Maria Mad- 
dalena, sita in suburbio Paternionis (dizione che si trova 
in tutte le bolle e in tutti i privilegi falsi), s’aggiungerebbero 
le chiese di S. Michèle e S. Elia cum tenimentis suis et 
clausura Pateline et casale Mesepe cum, villanis et omni- 
bus pertinentiis suis : inciso, anche questo, che si riscontra 
in quasi tutte le falsiflcazioni. Nessun dubbio sorge quindi 

1. Garufi, I privilegi falsi , p. 305 e seg. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


solia falsità di questi due docc., sicchè il secondo groppo 
pu5 affermarsi sia del tutto falso. Soggiungo che i docc. 6 
e 8 dovettero essere forniti di suggelli di piombo. Nelle 
pliche d’entrambi si scorge un taglio a forma romboidale, che 
dénota la presenza dei suggelli, che furono tolti dall’ ignoto 
frodatore di tutti i suggelli del Tabulario, corne il falsifica- 
tore li toise dai docc. veri a mô di aulenticazione delle sue 
falsità. Queslo dato di fatto, che ho risconstrato anche nelle 
pergamene 28, 66, 68 ecc. del Tabulario di S. Maria di Valle 
Giosafat conservato nell’ Archivio di Stato di Palermo, dimos- 
tra che del vescovo Maurizio la chiesa di S. Maria di Paternô 
dovette conservare due originali, che portavano entrambi i 
suggelli. Di essi uno solo ne conosciamo pervenutoci in due 
copie che sono i nr. 4 e 5 dell’ Appendice, ma l’altro dov’ è? 


Ed eccomi ail’ ultimo gruppo, docc. 3 e 7, cioé ai due pretesi 
docc. del Conte Enrico ; dei quali quello del 1122 o 1124 fu 
ritenuto vero del Dr. Giuffrida di Catania, che ne promise la 
pubblicazione nella 2* parte del suo studio La Genesi delle 
consuetudini di Sicilia\ ed originale dal Prof. Casagrandi*. 
Anch èssi son prette falsiflcazioni : nè occorre molto per 
dimostrarlo. 

Il nr. 3 è una pergamena alta mm. 545 + 28 di plica, 
per mm. 322 di larghezza, e giusto nella datazione ha una 
rasura fra la prima e la seconda parte del numéro in cifre 
romane, in modo da far dubitare se l’anno sia 1122 e la rasura 
portasse l’abbreviatura dell’indizione, o il 1124 *. Basterebbe 
solo questo dato per inflciarlo di falso, ma ve ne sono ben 


1. Giuffrida, La Genesi delle consuetudini giuridiche delle città di Sicilia . 
1. Il diritto greco-romano nel periodo bisantino-ardbo , Catania, 1901 p. 04 
nota. 

2. V. Casagrandi, « Flandrina » la prima conlessa di Patemo , figlia del 
Gran Conte Ruggiero (10757-1 147), i in Riv. di St . e Geog. y Catania, an. I, 
fasc. 6, p. 75. 

3. D. Teofllo di Catania nel ms. cit, ai ff. 4, 12, 38, riporta i docc. 3 e 7 
entrambi colla data 1122. È notevole che egli abbia anche corretto la pretesa 
data del nr. 7, ch' è 1132, in 1122, assegnando a tutti il mese di Settembre, 
Ind. III, salvo in uno in cui l’ind. è la 2». Ciô prova che il doc. trascritto al 
f. 38 ô precisamente il nostro nr. 3, e che, completando coll’ altra copia, vi 
aggiunse « mense Septembris Ind. » 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÙ 217 


altri. I criteri graflci non lasciano anche qui alcun dubbio cbe 
la scrittura di esso si ricolleghi a tutta la sérié delle falsiflca- 
zioni ; soggiungo anzi che la scrittura del doc. nr. 6 ba una 
grande rassomiglianza con quella del doc. in esame, sia nella 
giacitura delle lettere, sia nello sviluppo e nel collegamento 
dei nessi, sia negli ingredienti e nel colore dell’inchiostro. — 
Se non bastassero le prove che son venuto esponendo per 
dimostrare specialmente la falsita di questo doc., potrei 
aggiungere il confronto con un privilegio genuino del mede- 
simo conte, dato nel 10 maggio del 1121 ; di cui ho trovato l’ori- 
ginale nello stesso archivio di S. Nicola dell’ Arena ed una 
copia nell’ Archivio di Cava. In questo privilegio la datazione, 
fa parte dell’ escatocollo e si riscontra la Arma di Costanti- 
nus seniscalcus, mentre nello pseudo-originale la datazione, 
con dati erronei, è posta nel protocollo iniziale e di Costantino 
si trova il signurn manus. Data la difflcolta di avéré in quei 
tempi scriptores, non è slrano il credere che Enrico nel mede- 
simo anno (se il nr. 3 appartiene al 1124), o nel torno di due 
anni (se il nr. 3è del 1122) si sarebbe servito per entrambe le 
donazioni dello stesso scrittore, il quale non avrebbe usato due 
diverse forme di redazione. Del resto, che lo scrittore di 
enlrambi i privilegi fosse stato il medesimo, mi par si possa 
desumere dall’ esame graflco. Il nr. 3, in caratteri un 
po’ più grandi, rassoraiglia al privilegio vero del 1124, nel 
quale non si notano perô i tratti caratteristici del falsificatore 
che si riscontrano invece nel nr. 3. Ma supposto anche, cio 
che non è, i due privilegi siano stati scritti da due scrittori, 
resta l’altro argomento relativo a Costantino Senescalco, il 
quale avrebbe dovuto firmare la donazione per il monastero 
di S. Maria di Valle Giosafat, corne firmô l’altra per il monas- 
tero filiale di Cava dei Tirreni. 

Ma a che procedere per via di confronti, quando nel testo si 
trovano un’ infinita d’errori storici, in cui non sarebbe certo 
incorso uno scrittore del tempo, adibito specialmente del conte 
Enrico? Ad Adelaisa, sorella del donatore, è dato il titolo di 
regina *, e ci6 nel 1122 o 1124, che voglia leggersi ; sicchè per 


1. Il Pirri (I, p. xiv) riferisce la lapide sepolcrale di Adelaisa che si trova in 
Patti, nella qoale l’ô dato il titolo di « regine matris serenissimi domini 
Rogerii primi Regis *>; ma il Prof. Salinas in Notizie degli Scavi d’antichità 


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ja 



218 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


il falsificatore ad Adelaisa Enrico avrebbe conservato il titolo 
di regina, anche dopo che Baldoino I, re di Gerusalemme, la 
ebbe ripudiatacol consenso del ponteflce, del patriarca Arnolfo 
de Robes e di un concilio del 1116 *. S’aggiunga a questo fatto 
la mancanza dell’ indizione, elemento indispensabile di crono- 
logia. — Circa le donazioni cbe sarebbero State fatte al monas- 
tero di S. Maria di Valle Giosafat, mi limito ad affermare che il 
testo richiama addirittura quello delle bolle e dei privilegi falsi. 

Il nr. 7, che appare corne transunto del privilegio del conte 
Enrico, è in una pergamena ritagliata sotto. Ha le note crono- 
logiche sbagliate, perché il 1132 è dato corne indizione 3 a ! 
Tutto il primo periodo del testo è perfettamente conforme a 
quello del nr. 3. Adelaisa è data anche qui corne regina e 
Ruggiero nel 1132 ancora corne conte di Sicilia e di Calabria. 
È dire che il conte Enrico, corne assevera l’abate di Telese *, 
influl moltissimo nell’ ascenzione al trono del nipote Ruggiero. 
Nelle donazioni si riscontra perô una differenza : nel nr. 7 
manca l’inciso vineam cumclausura que est subtus castrum. 
Terra que dicitur lacumba ; nel resto, salvo qualche diffe- 
rente lettura nei nomi dei villani, i due docc. sono perfetta- 
mente conformi, corne identici sono i nomi dei testimoni, che 
appaiono soscrittori e su cui non si pué procedere per ora 
ad alcuna identiflcazione. L’esame diplomatico ci assicura 
quindi, mercè i caratteri estrinseci, che i docc. di questo 
ultimo gruppo sono prette falsiflcazioni. 


« • 

Concludendo, possiamo affermare che degli otto docc. che 
sulle donazioni del conte Enrico di Paternô conserva l’Ar- 
chivio di S. Nicola dell’ Arena di Catania, solo tre son veri, 


del Maggio 1880 ( R . Accad. deiLincei ; Estr., p. 8) dimostrô che il sarcofago 
ê del sec. xvii. Nei docc. siciliani, una sola volta ad Adelaisa è dato il titolo 
di prtfivv dal nipote Simone, flgliuolo del nostro conte Enrico (Cusa, J dipl. 
ar . e grec\ y 11,561), nel 1142; nel resto è sempre dettaxojiTMaaa, o « comitissa » 
in tutti i docc. pubblici. In Adernô, corne ho potuto accertare personalmente, 
è vivissimo tuttavia il ricordo délia regina Adelaisa, da cui prende nome una 
delle vie principali.il popolo per indicare la sua meraviglia su qualche cosadi 
grande e di splendido usa il motto : Che è l'ingresso délia regina Adelaisa! 

1. Amari, Storia dei Musulmani , cit. III, p. 346 e n. 3. 

2. Alessandro di Telese, libr. II et III, presso Caruso, Bibl. Sic. y p. 266 
e 293. 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 219 

o dico meglio, due, perché l’altro è una copia ; mentre gli 
altri cinque son falsïûcazioni, le quali si collegano alla sérié 
numerosissima che la critica da tre anni a questa parte è venuta 
scoprendo nel fondo diplomatico del Tabulario di S. Maria 
di Valle Giosafat. 

Sferracavallo ( Sicilia ), 30 Agosto 1902. 

C. A. Garufi. 


1 

1113, 30 Septembris, Ind. VII*. — Privilegium Angerii , Catanien- 
sia epiacopi, pro eccleaia S. Mariae de Valle Josaphat apud 
Patemionem. 

[Catania, Museo civico. — Pergamena originale, di mm. 438 + 48 x 280]. 

In nomine sa ne te et individus trinitatis amen. Anno dominice 
Incarnacionis, millesimo Centesimo | imo 1 Ullimo die men- 

ais septembris septime Indictionis. Sciant omnes Xpî ûdeles qui 
hoc scriptum | quandoque * uiderint quod cum * Angerius epis- 
copus et abbas apud paternionem essemus et ibi esset una | 
ecclesia quam cornes Rogerius dominus paternionis construxit in 
honorem sancte marie malris domini nostri | ihu xpî et post 
mortem ipsius comitis Rogerij dominus Henricus gener eius fuis- 
set dominus paternionis ipse | dominus Henricus ad preces nos- 
tros pro dei caritate et amore et pro animabus parentum suo- 
rum et salute sua istam | ecclesiam que sita est in paternione 
concessit dompno Ugoni abbati et conuentuj monasterij sancte | 
Marie de uaile Iosaphat et successoribus eorum quam ecclesiam 
postea de assensu domini. Pasch|alis secundi et ad preces pre- 
dicti comitis henrici quondam Manfredi Marchionis filij ob reue- 
ren|ciam dei genitricis marie iudicauimus et constituimus esse 
perpetuo liberam et absolulam ab omnj | potestale, dominio et 
debito cathaniensis ecclesie et ita liberam adesse constituimus, ut 
nos et nostri suc|cessores de ilia ecclesia aliquod seruitium non 


1. Pirri legge 1114 ; puô essore, mancherebbero quarto dec. 

2. Pirri : quandocumque. 

3. Manca « Nos ». 


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220 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

debeamus habere neque monachos ibi moraluros | iudicare. 
Monachi nero huius ecclesie in poteslate sui abbatis et prions et- 
successorum eorum | siat omniao sol nm modo crisma oleum sanc- 
lum ordinaciones monachorum et clericorum eorum et benedic- 
tiolnes ornamentorum ecclesiasticorum et dedicationes eccle- 
siarum et altarium perpetualiter et caritative | dari concedimus 
monachis supradictis hoc est sine precio et sine aliqua pecuuia. 
Concedimus insu [per ut eadem ecclesia habeat cimiterium in 
quo liceat monachis prelaxatis. sepelire corpora omni|um illo- 
rum qui in ultima uoluntate sua ibi se elegerint sepelirj. Item 
concedimus eis baptisterium et | decimacionem quam de rusticis 
sarracenis. quos predictus cornes Henricus predicto monasterio 
conces|sit percipiunt annuatim. Preterea concedimus eis et 
monasterio predicto omnes oblaciones et ellemosinas. quas Xpt 
fideles eis caritative uoluerint elargirj. Ergo quicumque hanc nos- 
tram con|cessionem dissipare uel uiolare uoluerit '. sciât se uin- 
culo excomunicalionis esse allegatum nisi | ad congruam peni- 
tenciam * débita salisfactione perueniat. Ad huius itaque nostre 
donacio|nis et concessionis memoriam et perpetuam firmilatem 
p resens scriptum. prejdicto Ugoni Abbati | et successoribus ac 
fratribus suis fieri fecimus de consensu fratrum nostrorum bulla 
plumbea et subsjcriptionibus monachorum nostrorum nobis- 
cum existentium aliorumque proborum hominum roboratum. 

+ Ego Ruffus 9 filius Rolandi monachus cathaniensis ecclesie 
interfui et concessi. 

+ Ego hugo normandus monachus eiusdem ecclesie concedo. 

+ Ego Nicolaus de Cusencia monachus eiusdem ecclesie con- 
cedo. 

+ Ego Henricus manfredi marchionis qui supra testor. 

+ Ego Gualterius de ualle currente testor. 

A tergo si legge. S. N. A. reg. Ar. 4 A. cart. 64. 

Il sugello manca ; i 4 fort délia plica sono tagliati a forma di rombo Q 


2 et 4 

S. d. [1113?]. — Privilegium Ansgerii , Cataniensis episcopi, pro 
ecclesia S . Mariae de Valle Josaphat apud Patemionem. — 
Falsum. 


1. Pirri : praesumpserit. 

2. Manca in Pirri. 

3. Ruiïo di Altavilla, senza dubio congiunto di Ugo Ruffus filius Guil - 
lelmi de Altavilla{ Pirri II, 772). 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 221 


1122, Ind. III a . — Privilegium Mauricii , Cataniensh epùcopi, 

pro eadem eccleèia. 

[Catania, Museo civico. — Pergamena di mm. 197 X 290. Copia]. 

In nomine sancte et indiuidue trinitatis. sciant omnes christi 
fideles qui hanc cartam quandoque uiderint quod ego ansgerius 
catheniensis episcopus et abbas apud paternlionem unam eccle- 
siam habui que in honore sancte marie matris domini nostri ihesu 
christi ibi sita est. Sed post mortem domini rogerii comitis. habuit 
domnus henricus gener | eius paternionem. Et ipse me rogauit 
ut pro dei caritate. et pro suo amore. islam ecclesiam sancte 
marie que apud paternionem sita est ////// monaslerio sancte 
Marie de ualie iosaphat daremus quod ego libéré concessi. Venun- 
dedi ego ansgerius ecclesiam sancte marie que apud paternionem 
sita est. monasterio sancte marie de uallle iosaphat prodei cari- 
tate. et pro domini henrici amore. et iudicaui atque constilui ego 
ansgerius islam ecclesiam ita adesse liberam. [ut] nemo penitus 
nullam vel in rebus eius potestatem uel donacio|nem habeat. 
nisi abbas de ualie iosaphat. et eius monachi. Ergo ita liberam 
adesse constitui ego angerius hanc ecclesiam ut ego uel mei suc- 
cessores de ilia ecclesia alicuius | modi seruicium non debemus 
habere. neque monachos illias ccclesie iudicare. Monachi uero 
huius ecclesie inpotestate suj abbatis. et sui prions sint omnino. | 
Solummodo crisma et oleum debemus caritatiue dare monachis 
monasterii sancte marie uirginis quod apud paternonum situm est. 
Et clericos illorum debemus caritatiue ordinare. | et ornamenta 
ecclesiastica eorum caritatiue consecrare. et ecclesias eorum cari- 
tatiue dedicare. hoc est sine aliquo precio. et sine aliqua pecunia. 
Insuper concessi ego ansgerius | monasterio sancte marie apud 
paternonem cymiterium habere, et concessi eliam monachis 
huius monasterii ut ipsi corpora omnium illorum in cymiterio suo 

recipiant. | qui ibi iacere uoluerint. exceptis illis hominibus 

qui de monasterio catheniensi fratres effecti sunt. et qui sepul- 
turam in cymiterio catheniensis | monasterii in uita sua sibi 
habere elegerunt. Preterea concessi ego ansgerius monasterio 
sancte marie de ualie iosaphat decimacionem de quattuordecim 
rusti|cis sarracenis quos dédit domnus henricus monasterio 
sancte marie de ualie iosaphat. Ego uero habebam decimacionem 
de data istorum rusticorum. sicuti habeo de aliis. Et concessi 
etiam monachis monasterii sancte marie quod apud paternonum 
situm est ut ipsi omnes illas helemosinas accipiant quas chris- 
tiani de suis propriis rebus | illis dare uoluerint. Ergo quicumque 
hanc nostram constitutionem tam bene factam dissipare uel 


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222 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


uiolare uoluerit, sciât se uinculo excorn unicacionis. esse nlligal 
tum. nisi ad congruam penitentiam propter hoc uenerit. ; In tes- 
timonio antem hnius constitucionis, feci ego ansgerios hoc signum 
sancle crucis + Signum domini henrici comitis +. Signum 
heruei cellerarii. +. Signum gualterii de ualle currenti. +. 

+ Anno ab incarnacione domini nostri ihu Xpï millesimo cente- 
simo uigesimo. secundo, (sic) indicione. tercia. Ego mauricius 
dei gratia cathaniensium episcopus. alque episcopus | siracusanus 
nomine hugo simul dedicauimus ecclesiam beale dei genitricis 
marie semper uirginisde ualle iosaphat que est. sita apud paternio- 
nem precibus | Pagani eiu|dem ecclesie monachi. et aliorum fra- 
trum. quicum eo erant. ac marchionis henrici. Post rero conse- 
cracionem eius ecclesie rogatu predicti siracusani episcopi. atque 
mar|chionis henrici. totum illud quod ange ri us episcopus ipse 
ecclesie quam consecrauimus donauerat, uoluntarie confirmaui. 
Et idem marchio henricus licet multa bene|ficia pr édicté inpen- 
disset ecclesie tamen ineius (sic) dedicacione ammonicione nostra 
nostroque rogatu. et pro sua anima et pro omnium suorum paren- 
tum animabus dédit eidem ecclesie in dotem [ sex o3lim et 
ecclesiunculam sancte marie magdalene cum ospitali que est site 
sub castrum. Quod ego mauricius amore ipsius episcopi siracu- 
sani. et marchionis henrici quilme [non] modice rogauerunt quic- 
quid iuris in ecclesiuncula ilia catbaniensis ecclesia habebat : 
cum conlentu et auctoritate quorumdam eiusdem ecclesie mon- 
[achjorum scilicet | salomonis precentoris. et ugonis crassi. atque 
goffredi fratris roaldi. qui mecum adorant reliqui. et si hoc eue- 
niret quod ecclesiuncula ilia diuino prouectu cresceret in | maius, 
concessi ei ecclesiuncule habere cymiterium et nostra calhaniensi 
ecclesia auctorizani. ut semper accipial oleum crisma. Et hoc totum 
feci pro anima episcopi ange|rii. et aliorum meorum antecesso- 
rum. et pro mea. et omnium ipsius cathaniensis ecclesie confra- 
trum. Quicumque igitur prefata nostra data infringere seu infir- 
mare sinistra | parte laborauerit, dei uindicle subiaceal nisi digna 
penitencie satisfactions resipiscat. In testimonio autemhuius cons- 
titucionis feci ego mauricius hoc signum sancte crucis. + Ego hugo 
crassus manu mea subscripsi. Signum lohanis | archidiaconi. +. 
Signum domini hugonis episcopi siracusane ecclesie. + Signum 
domini henrici marchionis +. Signum salomonis cantoris. + | 
Signum aldebrandis. + Signum gaufredi filius roaldi. -|- Signum 
girbaldi decomicino. + Signum roberti mazonis. + Siglnum 
domine dandine. + 

A tergo si legge : S. N. Ar. N. 76 Pred. rcq. Ar. 4. A. car. 64. 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 223 


3 

1122 vel 1124. — Privilegium Henri ci, Mainfredi marchionis 
filii , comitis Patemionis , bona nonnulla conferens ecclesiae 
S. Mariae de Valle Josaphat. — Falsum. 

[Catania, Museo Civico. — Pergamena di mm. 545 + 28 x 322.] 
Pseudo-originale. 

>i< Anno ab incarnations domini nostri ihu. Xpî M°G°XXII° Ü /////// 
Ego henricus mainfredi marchionis | quondam filius ; hec qne 
inferius continentuR iure heredilario habenda et absqne ulla 
secularis tributi | exactione in pace possidenda ecclesie sancte 
Marie uallis iosaphat, dono atque concedo pro anima uidellicel, 
beate memorie comitis. Rogerii. atque Jordanis *, eius filii, seu 
Régine Adalasie. et Rogerii sicilie | atque calabrie incliti comitis 
nec non et pro anima mea et uxoris mee Flandinae. siue paren- 
tum | et filiorum meorum. firmamus itaque nominatim que preli- 
bauimus deliberanda aput paternionem | ecclesiam sanele marie 
de iosaphat aliam autem ecclesiam sancte marie magdalene 
que est sublus castrum cum | hospitali atque ecclesiam sancti 
michaelis cum cimiterio benedicto. Vineam pataline cum clau- 
sura. et | cum toto territorio ad dexleram et ad sinistram. usque 
ad predictam ecclesiam sancti michaelis. Piscariam uero | cum 
territorio usque ad diuisionem adernionis. Vineam cum clausura 
que est subtus castrum. Terra que | dicitur lacumba. Molendinum 
boali. Gasale hamhelmesep. cum istis. quindecim villanis. bhalil. 
Isanigrum. | Iseg elcausceri. hamet ebene. lhachan, Gazem 
filium sororis, Amor elabella. Buchabar. Caleph buile. | Amor 
catemhel Amenis. Elebiz. Hamut. ebene cassar. hamet fratrem 
eius. Hali ragel ebbene ellubi. Machomet. | el fartas. In dote vero 
dedicationis eiusdem ecclesie, hamor ebbenecheteb. fratrem 
eius *, isam. Machluf. ebbenecheteb. hali | fratrem eius. Jetha 
ebbenedadi. hamut ebbenedari. Juxta comicinum autem. Gasalem 
quod uocatur trablisin sicut | tenuit illud iuste gaith. Malabel. 
Buterie cum istis uillanis. Amor, Zeug elgazire. Isa. Abdessalem. 
Gelmem. | Hameth fratrem eius. [Aliut in honore ecclesie sancte 
marie dedi, si contentiones sunt, inter nostros et suos homines. 


1. Giordano fu sepolto in Traina dal padre Ruggiero che voile comporre 
le ossa del flgliuolo (Malaterra, lib. IV, cap. XVIII) ; mori nel 1093. 

2. Sovraposto. 


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m 


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iu ilomo | ecclesie predicte iusticia facla. Ad porcos eorumque in 
siluis mois pascua habeant ']. Hecautem ecclesia quarum supra- 
didas | libéré possidenda cumtradidi ; Ordinatione et confirma- 
tioue archiepiscopi atque abbatis scilicet uallis iosaphat atque 
domni | pagani monachi omnibus ecclesiis quas habent uel 
habuerint a roma usque per totam sidliam, salua reuerentia eccle- 
sie | iosaphat preesse debet. Hee quoque sicul et cetere matri sue 
obedire. seruire. iuuare. sustentare. eam sicut ordo postulat, | 
nec minus debet. Laudata itaque et conflrmata sunt ista, uolun- 
tate, etconsensu dandine uxoris mee seu rogerii atque | SymoDis. 
nec non Mainfredi, atque Jordanius filiorum meorum indissolubi- 
liter et proprio sigillo, iusuper teslibus idoneis. carte | memorie 
in Castro palernionis féliciter commendata. Quicumque igitur nos- 
tra data infringere seu inflrmare | sinislra parte laborauerit, dei 
uindicte subiaceat nisi digna penitentie satisfactione resipiscat 
Adiutores | bonorum autem horum et conservatores, remunera- 
trix gralia diuina, cum parle dextera, gloriose remuneret. S. 
Addonis | de garrex, S. Adonis de summa ripa. S. Gerbaldi de 
comicino, S. Ricardide bubio, S. Gaufonius de platea. S. Hen|rici 
de tirone, S. Gualterii de ualle currenli, S. Roberti paternionis, 
S. Seibrandi, S. Gostantini senescalci, S. | Alberti paternionis, 
S. Burgundionis senescalci, S. Willelmi qui supra nominata pre- 
cepto domini Henrici intitulauit. 


5 

1126, Ind. II*. — Privilegium Mauricii, Cataniensis épis copi, et 
Hugonis, Syracusani episcopi, pro ecclesia S. Mariae de Valle 
Iosaphat apud Paternionem. 

[Catania, Museo civico. — Pergamena di mm. 296 + 30 x sopra 235, 
centro 240, sotto 242. Copia del Giugno 1261, ind. IV» ; guasta e corrosa]. 

>ï« Anno ab incarnatione domini nostri ihu xôî. Millesimo. Cente- 
simo. vigesimo quarto. Indictione secunda. Ego | Mauritius dei 
gratia Cathaniensium Episcopus. atque Episcopus siracusanus 
nomine Hugo simul dedicamus Ecclesiam beate | dei genitricis 
Marie semper uirginis de ualle Iosaphat. que est sita apud pater- 
nionem. precibus pagani eiusdem | Ecclesie monachi. et aliorum 
fratrum qui cum eo erant ac marchionis Henrici. Post uero conse- 

1. Tutto questo manca nel doc. n. 7. 

2. Queste parole si trovano nella carta di Maurizio. 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 225 


crationem eius ecclesie roga|tu predicti siracusani episcopi alque 
Marchionis Henrici totum illad qaod Angerius episcopus ipse 
Ecclesie quam consecrauimus donaue|rat, uolantarie confirmaoi. 
Et idem Marchio Henricus licet multa bénéficia predicte irapen- 
disset ecclesie. tamen | in eias dedicatione. ammonitione nostra 
nostroque rogatu. et pro sua anima, et pro omnium suorum paren- 
tum animabus de|dit eidem ecclesie in dolem sex villanos et 
ecclesiunculam sancle Marie Magdalene cum hospitali. que est 
sita sub | castrum. Et ego Mauricius amore [ips]ius episcopi sira- 
cusani. et Marchionis henrici. qui me non modice rogaue- 
runt. | quicquid iuris in ecclesiuncula ilia cathaniensis Ecclesia 
habebat. cum cons[ensu] et [au]clorilate quorumdam eiusdem 
ecclesie | monachorum. scilicet Salomonis precentoris et hugonis 
crassi alque Goffredi filij roaldi qui mecum aderant. reliqui. [Et 
si hoc eueniret quod ecclesiuncula ilia diuino prouentu cresceret 
in maius. concessi ei ecclesiuncule habere cimiterium | et a 
nostra Catbaniensi ecclesia auctorizaui. ut semper accipiat oleum 
et crisma. Et hoc totum feci pro anima episcopi Anlgerij et 
aliorum meorum antecessorum. et pro mea. et omnium ipsius 
ecclesie cathaniensis confratrum. Quicumque igitur prefata | 
nostra data infringere. seu infirmare sinislra parte laborauerit. 
dei uindicte subiaceat. nisi digna penitentie sa|tisfaclione resi- 
piscat. 

In testimonio aulem huius constitucionis feci ego Mauricius hoc 
signum sancte crucis +. 

Ego Hugo crassus manu mea subscripsi +. Signum Iohannis 
Archidiaconi +. 

Signum domni Hugonis episcopi siracusane ecclesie. Signum 
domini Henrici +. 

Signum Salomonis cantons. + Signum Aldebrandi. -(- Signum 
Gaufridi filij Roaldij +. 

Signum Girbaldi de comicino -f-. Signum Roberti Mazonis -}-• 
Signum domine flandine +. 

Nos vero dominicus dei gratia Militensis episcopus Matheus 
eadem gratia siracusanus episcopus et frater Boamundus prior 
fralrum predicalorum de | messana viso autentico huius trans- 
criptionis [de uerbo] ad uerbum sicul superius scriptum est nil 

addito nil remoto ad preces fratris pétri abbatis f° trans- 

cripto studuimus apponere data Anno domini M° C°C° L° XI 

mense Iunii quarte Inditionis. 

A tergo si legge : N. 76 : Priv. regum Ar. 4. A. Car. 65. 


Rbv. dm l’Or, latin. T. IX. 


15 


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226 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


6 

1124, Jülii 14, Ind. II a . — Privilegium Mauricii, Cataniensis 
épis copi, pro ecclesia Sanctae Mariae [de Valle IosaphaC apad 
Paternionem. — Falsum. 

[Catania, Museo Civico.— Pergamena di mm. 440 + 45 x 248. Pseudo-ori- 
ginale. Esposta in bacheca.] 

>{< Anao ab incarnatione domini nostri ihu millesimo cente- 
simo uicesimo quarto quartodecimo die mensia Julij Indictione 
secuuda. Ego mauricius dei gratia cathaniensis | episcopus notum 
facimus tam presentibus quam futuris. quod simul cum dilecto et 
reuerendo fratre domino hugo|ne uenerabili syragusano episcopo 
dedicaui ecclesiam sancte Marie matris domini sitam apud pater- 
nionem precibus [Pagani] * monacAt et aliorium * fratrum Monaste- 
rij. sancte Marie de iosaphat et | domini Henrici domini paternionia. 
et post consecracionem eiusdem eccleaie rogatu predicti syra | 
gusani episcopi et prenominali domini paternionia totum illad quod 
predeceasor noster Angeriua episcopus ipsi e|clesie quam conse- 
craui donauerat uoluntarie de consensu et uoluntate monachorum. 
Ca|thanie confirmaui et idem predictua dominus paternionis licet 
multa bénéficia predicle eccleaie inpen|disset me in cius dedi- 
cacione ammonicione nostra pro animabua parentum suorum et 
pro salute sua et | heredum suorum dédit eidem eccleaie. eccle- 
siam sancte marie magdalene sitam in suburbio paternionis | cum 
hospitali, et ecclesias sancti Michael et sancti helie cum tenimen- 
tis suis et clausura pateline et | casale Mesepe cum uillanis et 
omnibus pertinenciis suis et ego Mauricius supradictus amore 
ipsius | siragusani episcopi et predicti domini henrici de assensu 
domini pape et consensu monachorum fra|trum meorum. qui 
mecum aderant quicquid iuris in ecclesijs predictis pro animabus. 
episcopi Angerij et omnium | fratrum meorum cathaniensium 
monachorum habebat cathaniensis ecclesia caritatiue concessi. 
Itemlde assensu et consensu predictorum concessi predicte 
ecclesie site in predicto suburbio cimiterium con|fessionem 
baptisma. Crisma et oleum sanctum habere semper autoritate 
nostre ecclesie cathaniensis libereque I sine aliqua seruitute. 
Quicumque igitur hanc donacionem infringere seu infirmare 
sinistra | parte laborauerit dei uindicte subiaceal nisi digna peni- 

1. << Pagani » manca nel ms. 

2. Sic. 


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LE DONAZÏONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 227 


tentie salisfaclione resipiscat. Àd cuius | donacionis et conces- 
sionis nostre memoriam et perpetuam firmitatem presens scrip- 
tum predicto pagano | monacho Iosaphat pro parle Monasterij 
soi de consensu fratrum nostrorum fieri fecimus bulla nos- 
tra plumbea et subscriplionibus monachorum nostrorum robo- 
ratum et aliorum testium subscriptorum. In testimonio aulem 
huius constitucionis feci ego mauricius hoc signum-|-sancte crucis. 

+ Ego hugo crassus manu mea subscripsi. 

4* Signum Johannis archidiaconi. 

+ Signum domini Hugonis episcopi siracusane ecclesie. + Sig- 
num domini henrici. 

+ Signum Salomonis cantons Signum Aldebrand us + Signum 
Gaufridi fllij Roaldi. 

+ Signum Girbaldi de comicino + signum Roberti mazonis + 
Signum domine Flandine. 

I quattro fori pel suggello che rnanca sono tagliati al solilo a forma di 
rombo O- 


7 

1132 (?), mense Septembris, Ind. III®. — Privilegiutn Henrici 
Mainfredi marchionis filii , comitis Patemionia, pro eccleaia 
S. Mariae de Vallé Iosaphat. — Falsum. 

[Catania, Museo Civico. — Pergamena di mm. 370 x 390, ritagiiata di 
sotto. Copia.] 

Anno ab incarnatione domini nostri ihu. Xpï millesimo centesimo 
tricesimo secundo mense septembri (sic) Indictione | tercia. Ego 
Henricus mainfredi marchionis quondam filius. hec que inferius 
continentur iure hereditario | habenda et absque ulla secularis 
tributi exactione in pace possidenda ecclesie sancte marie uallis 
iosaphat dono | atque concedo. Pro anima uidelicet beate mémo- 
rie comitis Rogerii. atque Iordanis eius filii. seu regine Adalasie. 
et Rogerii | sicilie atque calabrie incliti comitis. necnon et pro 
anima mea et uxoris mee siue parentum et filiorum meorum. Fir- 
mamus itaque nomi|natim. que prelibauimus deliberanda. Aput 
paternionem ecclesiam sancte Marie que est. subtus castrum cum 
hospitali. Vineam pataline cum clausura. | Piscariam cum terri* 
torio usque ad diuisas adernionis. Moïendinum bohali. Casale 
ham hiusep cum istis quindecim uillanis. Chalü. | Isinigrum. Iseg 
elecauseeri. Ahmet ebene tahanom. Gazem filium sororis. Amore 
labellu. Bucabar. Caleph buhile. Amor catô el hamemis. | Iesin. 
hamut ebbene chascar. hamet fralrem eius. haliragel ebbene 


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228 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ellulu. Mahomet elfartase. la dote uero dedicationis eiusdem 
ecclesie. | hamor ebbenecheteb fratrem eius isam. Mecluf ebbe- 
necheteb. Hali fratrem eius. Fetahebbe ne dadi. Hamut ebbene 
dari. Juxta comicinum autem | Casalinum quod uocatur trabli- 
sinum sicut tenait illad iaste Gait mehalel butherie cum istis uilla- 
nis, Amor zeugelgazire, Issa. | Abdessallem. Ghelinem. hamet 
fratrem eios. | Hec autem ecclesia cui supradicta libéré possi- 
denda contradidi. ordinatione et conûrmatione archiepiscopi | 
Abbalis scilicet uallis iosaphat. atque domini pagani 1 monachi 
omnibus ecclesiis quas habent vel habuerint a roma usque per 
totam siciliam. | salva reuerentia ecclesie iosaphat preesse debet. 
Hec quoque sicut et cetere matri sue obedire. seruire iuuare 
sustentare eam sicut ordo postulat nec minus | debet. Laudala 
itaque et conflrmata sunt ista. uoluntate et consensu dandine 
uxoris mee. seu Rogerii. atque Simonis. nec non Mainfredi. | 
atque Jordanis filiorum meorum indissolubiliter. et proprio 
sigillo. insuper testibus idoneis. carte memorie in Castro pater- 
nionis féliciter commendata. | Quicumque igitur nostra data 
infringere seu infirmare sinistra parte laborauerit. | dei uirtute 
subiaceat nisi digna penitentie satisfactione resipiscat. | Adiutores 
autem horum et conserua tores rerauneratrix bonorum gratia 
diuina. cum parte dextera, gloriose remuneret. | S. Oddonis de 
garrex. S. Oddonis de summa ripa. S. Gerbaldi de comicino. 
S. Ricardi de bublo. S. Gaufonius de platea. | S. Henrici de 
tirone. S. Gualterii de ualle currenti. S. Roberti paternionis. 
S. Seibrandi. S. Gostantini senescalci. S. Alberti paternionis. 
S. Burgundionis | senescalci. S. Willelmi qui supra nominata pre- 
cepto domini henrici inlitulauit; 

Dietro t si legge : Transumptum privilegii comitis Henrici de donatione 
monasterio iosaphat. 


8 

1134, mense Madii Ind. XII e . — Privilegium Mauricii, Cata - 
niensis épis copi, et Hugonis , Siracusani episcopi , pro ecclesia 
S. Mariae in Patemione sita . — Falsum. 

[Catania, Museo civico. Registr.yar. 63. — Pergamena di mm. 268 + 25x210. 
Pseudo-originale.] 

►ï< Anno ab incarnacione domini nostri ihu. Christi * . Millesimo 

1. Pag anus, monachus . 

2. Abbreviato in X 1 . 


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LE DONAZIONI DEL CONTE ENRICO DI PATERNÔ 229 


centesimo tricesimo quarto. Mense Madii du|odecime Indictionis. 
Ego Mauricius, dei gratia Calhaniensis episcopus una cum domino 
Hugone reuerendo | fratre siracusano episcopo dedicaui eccle- 
siam dei genitricis Marie semper uirginis. que sita est iu paler- 
nione | ad preces Religiosi uiri pagani Mouachi et aliorum fra- 
trum Monasterij beate Marie de ualle iosapjhat. qui cum eo erant 
et il[lust]ris uiri domini Henricj domiui pateruiouis. Et post con- 
secracionem ipsius ecclesie | Rogatu prediclorum siracusani 
episcopi et domiui Henrici totum illud quod boue memorie domi- 
nus Angerius catha|nensis episcopus predecessor noster conces- 
serat ipsi ecclesie quam consecraui. de assensu domini pape 
Inuocencij | [secun]di 1 et de consensu Monachorum Galhanie 
caritatiue conflrmaui. Et predictus dominus henricus ammoni- 
cioue | et rogatu nostro pro salute sua et remedio auimarum 
parentum suorum concessil monasterio Vallis iosaphat. | eccle- 
siam saucte Marie magdalene cum hospilali sitam sub Castro 
paterniouis. Cui ecclesie ego Mauricius | ob reuerenciam beate 
Marie magdalene de consensu predicti domini pape et consensu 
monachorum. meorum | concessi cimiterium. baplisma. confes- 
siones et omne ius quod in ea calhaniensis ecclesia habebat 
et | autorizaui. ut ipsa ecclesia omni anno habeat de ecclesia 
cathaniensi crisma et oleum sanclum et hoc | totum feci concessi 
et confirmaui pro animabus predicti. domini Angerij et mea et 
omnium Monachorum et con|fratrum ipsius infringere seu infir- 
mare sinistra parte laborauerit dei uindicte subiaceat nisi digna 
penitencie satisfacione resipiscat. In testimonio autem hui us 
constitucionis et conflrmacionis nostre hoc scriplum | fieri feci 
meo sigillo munitum et subscriptionibus cathaniensium monacho- 
rum et aliorum proborum hominum testimonio. + Signum manus 

hugonis Crassi. + Signum Salomonis cantor | [Gajufredi 

fllii aldi + Iohannis Archidiacoui -j-sira....: uidi (?)... 

et testis sum R[a]lyta mazonis Signum Alberandi 

Henricus Ma[infredi]. marchionis filius qui supra testis. + Signum 
Girhaldi de [cojmicino. + Signum domine dandine. 

Nella plica vi sono tre fori tagliati a forma romboidale. 


1. Innocenzo II nei 1134 1 


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LETTRE DE GRÉGOIRE IX 


CONCERNANT 

L’EMPIRE LATIN DE CONSTANTINOPLE 

{Pérouse, 13 décembre 1229) 


Dans le ms. n° 733-41, de la Bibliothèque royale de Bel- 
gique, se trouve, fol. 175 d - 176 6, une lettre d’Henri, arche- 
vêque de Reims, adressée par lui à ses suffragants, probable- 
ment en janvier ou février 1230. Le prélat, dans ce document, 
transmet aux évêques de sa province un bref du pape Gré- 
goire IX. 

Ce bref pontifical, relatif à la défense de l’empire de Cons- 
tantinople, est, croyons-nous, inédit et inconnu ; nous n’en 
avons trouvé de trace ni dans les Registres de Grégoire IX, ni 
dans d’autres recueils diplomatiques, et plusieurs érudits, en 
particulier M. L. Auvray, le savant éditeur des Registres 
de Grégoire IX, auxquels nous avons soumis la pièce, ne 
la connaissent pas davantage. 

Nous croyons faire chose utile en publiant cette lettre 
inédite de Grégoire IX. 

Foi. 173 d . Henricus, Dei gratis Remensis archiepiscopus venerabilibus 
in Christo fratribus, universis Remensis ecclesie suflraganeis, 
salutem et sinceram in Domino caritatem . 

Mandatum apostolicum noveritis nos récépissé in hec verba : 
Gregorius episcopus, servus servorum Dei, venerabilibus in 

1. Suç Henri II, archevêque de Reims (1227-1240), voir Gallia christiana , 
t. IX, col. 108-11. 


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LETTRE DE GRÉGOIRE IX 


231 


Ghristo fratribus, archiepiscopo Remensi et suffraganeis eius 
salutem et apostolicam benedictionem . Utardua, quibus deside- 
rantes intenditis, veniant fldeliter ad profectum, expedit ut pre* 
paratoria provide disponautur, sine quorum iuvamine non cre- 
duntur principalia prosperari. Sane vidantes et dolentes quod 
negocium terre Sancte usque adeo nunc est, peccatis exigentibus, 
[confusum] *, quod ad id sinemedio efflcaciter intendere nequea- 
mus, cum Saraceni nuper in christianos qui erant in Iherusalem 
et in circuitu eius hostiliter irruentes multos in ore gladii truci- 
darunl *, providimus, deliberations prehabita diligenti, ut intérim, 
iuvancia predictum negocium sollicite procurantes, succurramus 
modis quibus possumus imperio Romano s . Quod, si, quod absit, 
nunc reliuqui contingeret indefensum, quasi necesse foret de 
recuperacione terre penitus desperare, eo quoque rite disposito et 
féliciter, auctore Domino, slabilito, eidem terre facilis et ulilis 
est succursus. Unde cum status eiusdem imperii debilitatus Foi. na». 
enormiler tôt adversis et diversis impulsibus quateretur, quod 
vix crederetur diu posse subsistere, niai provideretur a 
Domino [de] * gubernatore qui tanto congrueret ' honeri et 
honori, baiulus ' princeps et barones eiusdem imperii sibi et 
imperio salubriter consulere cupientes, karissimum in Ghristo 
filium nostrum N. 7 , Iherosolimitanum [regem] * Illustrem, in 


1. Il y a ici un espace laissé en blanc dans le manuscrit, mais nous croyons 
pouvoir suppléer le mot confusum , qui se retrouve dans d'autres lettres de 
Grégoire IX, écrites cette môme année 1229. Voir L. Auvray, Les Registres 
de Grégoire IX, Paris, 1896, 1. 1, col. 212, n. 350 : confuso negotio Terre Sancte ; 
col. 213, n. 351 : negotio miserabiliter Tertre Sancte cotifuso. 

2. Il est probable que Grégoire IX fait allusion ici à une attaque dirigée 
par les Sarrasins contre Jérusalem, en 1229, très peu de temps après le traité 
de février 1229, en vertu duquel la Cité sainte avait été rendue aux chrétiens 
(voir le continuateur de Guillaume de Tyr, dans Hist. occid. des crois., t. II, 
p. 383-386, 489). Cf. R. Rôhricht, Geschichte des KOnigreichs Jérusalem 
(Innsbruck, 1898), p. 797-98. 

3. Telle est la leçon du manuscrit : romano. On attendait peut-être Roma - 
nie , nom sous lequel on désignait plus souvent à cette époque l’empire latin 
de Constantinople. En particulier, dans ses lettres, Grégoire IX se sert habituel- 
lement du terme Romania. 

4. Om. cod. 

5. Cod. congrueretur. 

6. Le premier bailli de l’empire était alors Narjot de Toucy. Cf. L. Auvray, 
op. cit ., 1. 1, col. 175, n. 290. 

7. Le nom qui, dans l’expédition authentique de la lettre, devait remplacer 
cet N. est certainement « Iohannem ». Il s’agit, en effet, de Jean de 
Brienne. 

8. Om. cod. Cf., pour cette formule regem Ierosolimitanum illustrem • 
L. Auvray, Les Registres de Grégoire IX , t. I, col. 175, n. 290, et Huillard- 
Bréholles, Historia diplomatica Frederici secundi, t. III, p. 146. 


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232 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Imperatorem concord i ter elegerunt nobia et fratribus nostris 
suis nunciis et litteris humiliter supplicantes et instanter ut 
eidem imperio efflcaciter succurreutes dictum regem ad susci- 
piendum ou us et honorera oblatum inducere dignaremur *. Ad 
quod idem rex, sicut credimus, divinitus inspiratus, in noslra et 
fratrum nostrorum praesentia, electioni de se facte consenciens 
imperium pro Deo precipue ac principaliter acceptait. Sic 
quoque nos, illuc suo 3 congruo iam subsidio destinalo, ad eius 
auxüium nichilominus alios invitamus, per ipsum quasi per quod- 
dam compendium ad dicte terre sancte succursum subvencionis 
‘ commoda transferentes. Verumtamen cum idem Rex, tamquam 
cbristianissimus princeps et Chrisli verus alhlela, in hoc Dei cau- 
sant, eiusdem terre sancte negocium et interesse generalis ecclesie 
laudabililer prosequatur, deberi sibi facit ut quisque Deum 
timens, quisque verus amalor virtutis, quisque magnanimus, 
quisque polens ipsum sinceris affectibus, generosis effectibus, 
muniBcis beneflciis et gratuitis subsidiis comitetur, gavisurus in 
Domino parlicipio premiorum cuius se 4 meritorum exhibet adiu- 
Foi. i 76 t. lorem . Quocirca universitalem vestram rogamus, monemus et 
exhortamur attente per aposlolica scripta mandantes quatinus 
singuli hec in veslris diocesibus publicantes, eos qui cum predicto 
rege ire voluerint iu ‘ subsidium imperii Romani ' ac saltem per 
annum ibidem morari, denuncietis eadem indulgenlia et libertale 
gaudere quam baberent si transfretarent in subsidium terre 
sancte. Datum Perusii idus decembris, Pontificalus nostri anno 
tertio. 

Huius igitur auctoritate mandati vobis mandamus et precipi- 
mus quatenus divinum apostolicum mandatum, sicut superius est 
expressum, executioni mandetis, ita fideliter et derote quod nos 
vel vos non possimus de inobedientia reprehendi. Datum apud 
R[emos]. 

Cette lettre de Grégoire IX a pour principal intérêt de res- 
tituer une pièce jusqu’ici ignorée au volumineux registre de 


1. Voir le récit de cette élection, qui a eu lieu en janvier 1229, dans Georgii 
Acropolitae Annales , ed. Bonn., p. 47-48, n. 27. 

2. Voir dans Raynaldus, Annales ecclesiastici , ed. Mansi, Lucae, 1747, t. II, 
p. 15-16, le texte du traité de l'élection confirmé par le pape, le 9 avril 1229. 
Cf. L. Auvray, op. cit.y col. 175, n. 290. 

3. Le manuscrit porte bien suo , mais peut-être faut-il corriger ce mot et 
dire nostro? 

4. Cod. Cuiusce. 

5. Nous avons corrigé ici le manuscrit qui a ut. 

6. Voir plus haut, p. 231, note 3. 


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LETTRE DE GRÉGOIRE IX 


233 


ce pape. Elle précise aussi les détails de certains faits histo- 
riques plus ou moins connus par ailleurs. Le pontife rappelle 
l’élection de Jean de Brienne, ex-roi de Jérusalem, à l’empire 
de Constantinople, après la mort de Robert de Courtenay. A 
l’héritier de celui-ci, Baudouin II, âgé seulement de seize ans, 
il fallait, dans les conjonctures critiques que traversaient 
l’Empire latin et la Terre Sainte, l’appui d’une main plus 
ferme et plus expérimentée que la sienne pour tenir les rênes 
du gouvernement Dans sa lettre, Grégoire IX recom- 
mande à l’archevêque de Reims et à ses suffragants de venir 
en aide à Jean de Brienne et accorde à ceux qui lui prêteront 
leur secours les mêmes indulgences qu’aux croisés. 

Le volume dont nous avons tiré le document qu’on vient de 
lire, ne fournit pas de donnée significative pour en inférer 
l’authenticité. Recueil de pièces fort disparates, transcrites 
sur papier au cours du xv* siècle, il provient du prieuré des 
chanoines réguliers de Saint-Augustin établi à Louvain sous 
le vocable de saint Martin *. Les principales pièces contenues 
dans le manuscrit sont un traité de Nicolas Jacquier, De cal- 
catione daemonum 1 2 3 4 5 6 , un sermon contre la secte des Vaudois 
par Jean Tinctoris *; quelques œuvres de saint Augustin, 
l’opuscule de Nicolas de Cues, De pace fidei s , le Philobi- 
blon de Richard de Bury ', 1 ' ltinerarium terrae sanctae de 
Burchard 7 . A la suite de cet itinéraire, on a transcrit un 
fragment de la légende de sainte Catherine, Je passage relatif 
à la translation de son corps sur le mont Sinaï. Vient alors, 
sans titre ni rubrique, séparée par un simple alinéa, la lettre 
d’Henri de Reims que nous publions ici. Cette lettre est elle- 


1. Cf. G. Finlày-Tozbr, A ffistory of Greece, Oxford, 1877, t. III, p. 306-307. 

2. Cf. Sanderüs, Bibliotheca belgica manuscripta , part. II, p. 221. Ce 
manuscrit a jadis été étudié par le baron de Reiffenberg, Bulletins de V Aca- 
démie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles, t. XI, l r ® part., 1844, 
p. 66-67 et par le baron Kervyn de Lettenhove, Compte rendu des séances 
de la Commission royale d p histoire, 2« série, t. XI, Bruxelles, 1858, p. 422-435. 

3. Voir Quétif-Échard, Script . ord . praed., t. I, p. 847-48. 

4. Des extraits de ce discours ont été publiés par P. Fredericq, Corpus 
documentorum inquisitionis haereticae pravitatis Neerlandicae, t. I, p. 357- 
360. 

5. Voir au tome II, p. 862-869 de l’édition de Bâle, 1565, des œuvres de Nico- 
las de Cues. 

6. Publié par B. Cocheris, Paris, 1856. 

7. Cf. Rôhricüt, Bibl. geogr . Palaestinae, Berlin, p. 56-60. 


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834 REVUE DE L'ORIENT LATIN 

même suivie du Commentaire de Hugues de Saint-Victor sur 
l'Ecclésiasie. 

On le voit, ni le contenu du manuscrit de 733-741 de la 
Bibliothèque royale de Belgique, ni la façon dont le bref de 
Grégoire IX y est inséré n’apportent de lumière sur la ques- 
tion de savoir comment cette lettre a été recopiée, au xv® siè- 
cle, dans un obscur prieuré des Pays-Bas. 

Toutefois il ne semble pas qu’il y ait lieu d’émettre le 
moindre doute sur l’authenticité de ce document. Date, lieu 
d’envoi, style de la lettre en parfaite harmonie avec d’autres 
brefs du même pontife, exactitude des événements auxquels 
il est fait allusion, toutes ces données, concordent parfaitement 
et se corroborent l’une l’autre. On ne voit pas d’ailleurs 
l’intérêt qu’aurait eu un faussaire quelconque à la confection 
de pareil document. 

J. Van den Gheyn, S. J. 


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BIBLIOGRAPHIE 


I. — COMPTES RENDUS CRITIQUES 

Oriens Christianus. Rômische Halbjahrhefte fiir die Kunde des 
christlichen Orients. Herausgegeben vom Priestercollegium des 
deutschen Campo Santo, unler der Schriftleitung von Dr. Anton 
Baumstark. Erster Jahrgang (1901). — Gr. in-8°, 428 pp., 
Librairie Otto Harrassowitz, Leipsig. Abonnement annuel : 
20 marks. 

M. Baumstark, qui s'est fait avantageusement connaître par 
divers travaux relatifs aux littératures syriaque et arabe, a pris 
l'année dernière l’initiative de cette publication destinée, dans sa 
pensée, à vulgariser un certain nombre de documents encore 
inédits et fort intéressants pour l’étude de l’histoire du christia- 
nisme en Orient. Son programme exclut le monde hellénique et 
byzantin. A part cela, il ne diffère pas sensiblement de celui 
que poursuit chez nous, non sans quelque succès, la Revue de 
l'Orient chrétien. Le Recueil doit paraître chaque année en 
deux fascicules. Chaque fascicule comporte trois sections : 1° des 
Textes et Traductions. Celles-ci sont généralement en latin ; — 
2 u des Études ou Mémoires sur diverses questions dé littérature 
chrétienne orientale; — 3° des Mélanges et Recensions, suivis 
d’une revue des principales publications concernant l’Orient 
chrétien. 

Je ne saurais mieux faire, pour montrer l’importance de cette 
Revue, qu’indiquer le contenu du premier volume. Dans la pre- 
mière série, nous trouvons : 

1° Le texte arabe et la traduction latine d’une Liturgie et du 
Rit du Baptême, d’origine égyptienne, publié par M. Baumstark. 


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236 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


La date et la relation avec les autres documents de môme nature 
ne paraissent pas suffisamment établies. 

2° Un recueil de sentences choisies de S. Jean Chrysostome, 
attribué à l'anachorète Isaac le Syrien, publié dans le texte grec 
par M. M. Besson. — L’éditeur pense que « cet anachorète ne 
peut guère être que Mar Isaac (de Ninive), év. neslorien du 
vu 6 siècle ». Gela paraît tout à fait invraisemblable. Isaac de 
Ninive ignorait certainement le grec, et une simple lecture du 
texte édité par M. Besson permet de constater facilement que les 
sentences n’ont aucunement l’apparence d’un morceau traduit 
du syriaque. Il faut donc ou regarder le titre comme apocryphe 
ou chercher un autre Isaac auquel reviendrait la paternité du 
recueil. 

3° Le Symbolum nestorianum, anno post Chr. n. 612, édité par 
D. Samuel Giauil, est une profession de foi rédigée par les 
évôques nestoriens pendant la vacance forcée du patriarcat. Elle 
fait partie d’une série de documents présentés à Chosroès, et qu’on 
trouvera édités in-extenso, avec traduction, dans mon Recueil de 
synodes nestoriens (. Notices et Extraits des manuscrits, t. XXXVII, 
pages 562-598). La profession de foi, intéressante en elle-même, 
l’est surtout par la comparaison avec les autres symboles anté- 
rieurs, comparaison qui permet de mieux définir le caractère de 
la doctrine des églises persanes. — Le texte est correctement 
édité et la traduction fidèle, sauf sur deux ou trois points de détail; 
mais la petite introduction qui précède laisse à désirer, surtout 
pour les dates. Le catholicos Mar-Aba I" ne gouverna pas l’Église 
de 536 à 552, mais de janvier 540 à mars 552; Jésuyahb d’Arzoun 
fut élu patriarche en 582, et non pas en 581 ; son synode fut assem- 
blé à l'été de 585, et non pas en 588. — Au lieu de 901 des Grecs 
(p. 63), lire 923. Au lieu du petit texte apocryphe, en vers, donné 
p. 63, à propos de l’assemblée des évôques à la cour de Chosroès, 
ü eût mieux valu citer la Vie du martyr Georges d'Izala (éditée 
par Bedjan) qui raconte tout au long les circonstances de cette 
réunion (cf. Notices et Extraits, t. XXXVII, p. 618 et suiv.). 
L’erreur la plus surprenante est celle qui a passé dans la traduc- 
tion du titre, à propos du fameux monophysite Gabriel de Sin- 
gar: « Cum Gabriel Rostbidanus régi persuasisset . ..»; au lieu de 
Rostbidanus, que le traducteur prend pour un ethnique, lisez 
« Gabriel le Drôstbôd», titre persan qui signifie « maître des san- 
tés » et n’est autre chose que la traduction du grec ipx fat i po«. 

4° Eine nestorianische Bruchstück zur Kirchengeschichte des 
IV und V Jarhrhunderts, publié par M. E. Goeller. Ce morceau 
tiré du ms. syr. 179 de la Bibl. Vaticane, est sûrement dérivé de 


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BIBLIOGRAPHIE 337 

sources grecques, mais non pas directement; il a dû être compilé 
sur les versions syriaques de Socrate et de Théodoret. 

50 Le même éditeur nous donne le texte syriaque et la traduc- 
tion d'une Vie de Nestorius , de fabrication jacobite. Ce factum est 
un spécimen des compositions auxquelles s'exerçaient les contro- 
versistes des deux partis : monophysite et nestorien. Comparer 
Y Histoire de Nestorius, rédigée par les partisans de sa doctrine, 
publiée par M . O. Braun, dans la Zeitachr. der deutsch. Morgen- 
l&nd. Geaellach. (t. LIV). 

6° M. P. Vetter, nous présente un aperçu sur les Actes apo- 
cryphes des Apôtres dans la littérature arménienne (pp. 168-170), 
et publie le Martyrium Pétri, texte arménien et traduction, avec 
rapprochement des textes grecs. 

7 9 Les listes des soixante-dix disciples du Christ, composées sur- 
tout de noms empruntés aux Actes des Apôtres et aux Épîtres de 
S. Paul, se retrouvent dans les littératures grecque et syriaque 
avec des variantes notables. Modifiées et remaniées par divers 
auteurs, en vue de les faire concorder avec des traditions locales, 
ces listes s’accordent difficilement entre elles. On ne saurait dire 
si celles que nous connaissons dérivent d’un seul original, modifié 
intentionnellement par les traducteurs, ou si l’idée de colliger les 
noms de ces personnages est venue indépendamment à plusieurs 
écrivains. Cette dernière hypothèse rendrait mieux compte des 
divergences. Aux nombreuses listes déjà connues et publiées, 
M. Bauustark, ajoute le texte arabe et la traduction de celle qu'a 
insérée un auteur égyptien monophysite de la fin du xiii» siècle, 
Abû’l-Barakât, dans son ouvrage intitulé « La Lampe des ténè- 
bres ». 

8° Nous devons également à M. Baumstark, le texte et la traduc- 
tion du Synaxare maronite pour le 29 juin (fête des SS. Pierre et 
Paul). Ce synaxare est en carshouni, c’est-à-dire en langue arabe 
écrite en caractères syriaques. Il est sans importance. 

9° M. Oscar Braun a donné, dans le premier fascicule, une étude 
sur la vie et les œuvres du patriarche nestorien Timothée I* r (780- 
823). Il a tort de faire mourir le patriarche en 820 (la date exacte 
de sa mort est le 9 janvier 823) ; de lui attribuer un Traité contre 
le concile de Chalcédoine qui est de Timothée d’Alexandrie (cp. 
R. Duval, La Littérature syriaque , 2* édition); de me faire dire 
que les 130 canons de Timothée se trouvent dans le ms. syr. 332 
de Paris ; et d’avoir laissé trop de fautes d’impression dans ses 
citations syriaques. — La lettre à Sergius, qu’il publie avec tra- 
duction dans le second fascicule, a été en partie éditée par Duval, 
Revue sémitique , avril 1902. 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


L’iconographie et l'architecture sont représentées par les 
articles de M . Strzygowsky : Die Sophienktrche in Salonik ; de 
M. Graeven : Ein Chrystustypus in Buddhafiguren (dont les con- 
clusions sont sujettes à caution); de M. Stegensek : Eine syrische 
Miniaturenhandschrift des Museo Borgiano. A propos de ce 
dernier article, je signalerai à l’éditeur de semblables ornementa- 
tions dans les mss. syriaques 33, 41, 112 de la Bibl. Nationale. 

Je ne puis oublier les mémoires de M. Strzygowsky sur le Monas- 
tère des Syriens au désert de Scété; ni celui de M. Baumstark sur 
les ouvrages nestoriens traitant De causis festorum; mais l'énu- 
mération des notes du môme auteur relatives à divers points de 
la littérature chrétienne orientale et particuliérement de la litté- 
rature syriaque m'entraînerait trop loin. Je terminerai en disant 
que sa revue, très développée, des publications nouvelles est faite 
fort consciencieusement, et en le remerciant des éloges qu’il a 
accordés à mon édition de la Chronique de Michel le Syrien. 

Le lecteur qui aura eu la patience de lire cet article sera peut- 
être frappé de ce fait que les trois quarts des études publiées par 
la nouvelle Revue se rapportent à la littérature syriaque. Celle-ci 
est, en effet, la plus importante des littératures chrétiennes orien- 
tales ; elle a fourni de nombreux éléments à la littérature chré- 
tienne arabe, et par l’intermédiaire de celle-ci, à la littérature 
éthiopienne. Nous ne pouvons donc que nous réjouir de voir 
paraître au jour quelques uns de ses nombreux monuments 
inédits, et saluer avec plaisir une Revue qui fait une large part à 
l’édition, toujours si dispendieuse, des textes orientaux. 

Cependant, une Revue ne peut donner l’hospitalité à des ouvra- 
ges trop étendus, et, tout en nous félicitant des nouvelles publi- 
cations, nous ne pouvons oublier combien il est parfois difficile de 
se procurer les anciennes; quels inconvénients présente pour 
l’étude celte dispersion des textes dans une quantité de périodi- 
ques qu’on n’a pas toujours à sa disposition ! quels avantages il 
y aurait à pouvoir consulter dans un format uniforme et pratique, 
à un prix modéré, l’ensemble des textes orientaux représentant 
les littératures chrétiennes! C’est pour obvier à ces inconvé- 
nients et réaliser ce desideratum que, cédant aux instances réité- 
rées de quelques amis, et assuré du concours désintéressé de 
savants émérites, j’ai consenti de mon côté à diriger la publication 
d’Un Corpus Scriptorum Christianorum Oi'ientalium, dont les 
trois premiers volumes (dûs à MM. Guidi, Labourt et Parisot) 
paraîtront au cours de cette année. Je donnerai en même temps 
un plan détaillé de la publication, ainsi que la liste des premiers 
collaborateurs. Les textes seront accompagnés de leur traduction 


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BIBLIOGRAPHIE 


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latine, et cette même traduction, destinée à vulgariser les docu- 
ments, se vendra séparément, pour en permettre l’acquisition à 
un prix raisonnable aux non-orientalistes. 

L’autorisation qui m’a été accordée de recourir à l’Imprimerie 
Nationale pour l’impression de cette collection permet d'espérer 
(grâce au matériel considérable et à l’habileté des ouvriers de cet 
établissement) qu’en une vingtaine d’années on pourra éditer ou 
réimprimer, avec leur traduction, tous les ouvrages syriaques, 
arabes, coptes et éthiopiens de quelque importance pour la litté- 
rature chrétienne. 

J.-B. Chabot. 


Arturo Magnocàvallo. — Marin Sanudo il vecchio e il suo 
progetto di Crociata. — Bergamo, Istituto italiano d’arti gra- 
fiche, 1901, in-8°, 154 pp. 

M. Magnocavallo s'occupe depuis plusieurs années de Marino 
Sanudo et de ses œuvres. En 1898, il avait publié une courte notice 
sur les manuscrits des Sécréta fidelium crucis. Dans le présent 
ouvrage, s’il n’a pas la prétention de traiter complètement son 
sujet, il nous donne du moins l’élude la plus substantielle et la 
plus riche en renseignements nouveaux qui ait été publiée jus- 
qu’ici sur le célèbre écrivain et cartographe vénitien. Son livre 
est divisé en sept chapitres, précédés d’une Introduction. L’Intro- 
duction est consacrée à une revue générale des écrits de Sanudo. 
M. Magnocavallo s’y occupe spécialement de l’attribution à Sanudo 
de \' Histoire de Romanie , publiée jadis par Hopf, et, comme 
celui-ci, mais peut-être d’une façon moins nettement affirmative, 
il accorde à l’auteur des Sécréta la paternité de cette œuvre 
importante : Si l’on ne peut dire que la question soit définiti- 
vement tranchée, du moins les indices favorables à la solution 
proposée sont assez significatifs pour qu’il soit dès maintenant 
permis d’inscrire Y Histoire de Romanie parmi les productions lit- 
téraires de Sanudo. 

Le chapitre I traite des ascendants de Sanudo, et des premières 
années de sa carrière. Le chapitre II contient une rapide esquisse 
des événements qui précédèrent et suivirent immédiatement la 
chute de Saint-Jean-d’Acre, avec une analyse des premiers projets 
de croisade provoqués par cette catastrophe jusqu’au concile de 
Vienne (1311). Le chapitré III raconte les voyages de Sanudo, de 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


1312 à 1322, et la présentation de ses Sécréta au pape Jean XXII le 
24 septembre 1321; on y trouvera de plus une analyse du premier 
livre des Sécréta , lequel traite des préliminaires de la croisade. Le 
chapitre IV est consacré à l’examen du deuxième livre, dans lequel 
Sanudo expose ses vues sur l'exécution d’une croisade générale. 
Dans les chapitres V et VI, il est parlé des projets de croisade des 
rois Charles IV et Philippe VI, et des lettres de propagande de 
Sanudo. Enfin, le chapitre VII contient une analyse sommaire du 
troisième livre, le moins intéressant de tous, puisqu’il se compose 
en majeure partie d’extraits d’auteurs connus ; le chapitre se ter- 
mine par une classification des diverses recensions des Sécréta. 
En appendice, M. Magnocavallo publie une pièce du plus haut inté- 
rêt : le testament de Sanudo, daté du 9 mai 1343, qu’il a retrouvé 
dans les archives des Frari à Venise. 

Comme on peut le voir par ce résumé de son livre, M. Magno- 
cavallo ne s’est point occupé de l’étude des sources utilisées par 
Sanudo ; du moins il n’en dit que quelques mots en passant dans 
son septième chapitre. A celles qu’il cite, il conviendrait d’ajouter, 
pour la partie historique, les Mémoires de Philippe de Novare, la 
Chronique dite du Templier de Tyr, peut-être les Annales de 
Terre-Sainte, et, pour la partie géographique, Burchard du Mont- 
Sion. Sans doute reprendra-t-il avec plus de détail dans un travail 
subséquent, l’examen de ce point spécial. 

Je vais indiquer brièvement les conclusions exposées par Magno- 
cavallo en ce qui concerne la date des principaux événements 
de la carrière de Sanudo et les rédactions successives de ses 
Sécréta. 

Manno Sanudo naquit peu avant 1270. Il était fils de Marco 
(f en 1318), dont le trisaïeul eut pour frère Marco Sanudo, créé 
duc de Naxos, en 1207, après la conquête de Constantinople par 
les croisés. Son père avait porté, comme lui, le surnom de Tor- 
sello dont l’origine est inconnue. Dès sa jeunessè, il fit de nombreux 
voyages. Dans la lettre qu’il adressa & Jean XXII, le 24 septembre 
1321 en lui offrant ses Sécréta, il rappelle qu’il avait visité plu- 
sieurs fois Acre et Alexandrie, et qu’il avait passé la plus grande 
partie de son existence en Romanie. En 1286, nous le trouvons 
effectivement à Acre, d’où il dut partir très probablement avant 
la prise de cette ville par le sultan Mélik-el-Aschraf, donc avant 
1291. Sur ce point, M. Magnocavallo réfute par de bonnes raisons 
les assertions de certains de ses devanciers, d’après lesquels 
Sanudo aurait assisté au siège de 1291. En 1293, nous retrouvons 
Sanudo à Venise ; puis, avant 1300, il séjourne en Sicile, et vers 
1304 à Rome. Ce fut peu de temps après, en mars 1306, qu’il corn- 


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BIBLIOGRAPHIE 


24 *- 


mença d'écrire son Projet de croisade, dont une première rédac- 
tion, portant le titre de Conditiones Terrae Sanciae fut achevée 
et présentée au pape Clément V en 1309. Deu« manuscrits, parmi 
ceux que cite M. Magnocavallo, l’un de Venise, l’autre de Munich, 
nous ont conservé cette rédaction primitive. De France, où il se 
trouvait alors, Sanudo dut retourner à Venise, qu’il habita jus- 
qu'au milieu de 1312 environ. En décembre de cette môme année, 
il est à Clarentza. Puis, il se rend de nouveau en Orient (Chypre, 
Arménie, Alexandrie, Rhodes). De 1320 à 1321, il parcourt le nord 
de l’Europe : on le voit à Bruges, en Allemagne, sur les côtes de la 
Baltique. De là, il rentre en France et y achève une nouvelle rédac- 
tion de son œuvre, à laquelle il donne le titre de Sécréta fidelium 
Crucis, et qu'il présente, le 24 septembre 1321, au pape Jean XXII, 
à Avignon. Dans cette rédaction, divisée en trois livres, les Condi- 
tiones T. S ., remaniées et comprenant cinq parties, forment le 
livre I. Le livre II traite du passage général. Le livre III, dans lequel 
Sanudo se propose de montrer aux Chrétiens comment ils devront 
gouverner la Terre-Sainte, une fois ce pays conquis, contient une 
histoire de la Palestine et des croisades, accompagnée de descrip- 
tions géographiques et de considérations politiques. Sanudo fit 
alors en France un séjour d’environ deux ans. Il y publia une 
deuxième édition des Sécréta , contenant d’assez importantes addi- 
tions aux livres II et III. Cette édition fut offerte par lui au roi 
Charles IV, en février ou mars 1323. Elle est précédée d’un Mémo- 
rial en français, intitulé : Remembrance à la royale Majesté. Après 
avoir présenté son livre au roi, Sanudo ne resta probablement pas 
longtemps en France : il rentra, semble-t-il, en Italie. En 1332, nous 
le trouvons dans le royaume de Naples, auprès du roi Robert. Puis, 
il fait un nouveau voyage en Romanie, et, en 1333, il est à Cons- 
tantinople. Sur les dernières années de sa vie, nous sommes assez 
imparfaitement renseignés. La date même de sa mort est incon- 
nue ; elle est postérieure en tout cas au 9 mai 1343, jour où il écrivit 
son testament. A cette époque, il devait avoir plus de 70 ans. On 
peut donc supposer que son existence ne se prolongea pas beau- 
coup au delà. Il avait été marié deux fois. Dp sa première femme, 
dont on ignore le nom et qu’il dut épouser vers 1300, il eut au 
moins deux enfants, un fils Marco, et une fille Beriola, morts tous 
deux avant 1343 probablement. De son second mariage avec An- 
dreola Cornaro, naquirent deux enfants, Jean et Bernard, encore 
vivants, ainsi que leur mère, en 1343. Postérieurement à 1323, il 
procéda à une troisième révision des Sécréta, en faisant passer 
dans le texte même de l’œuvre un certain nombre de notes qui, dans 
les rédactions précédentes, figuraient en marge des manuscrits. 

Rbv. d> l’Or, latin. T. IX. 16 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Ea dehors des Sécréta et de \’ Histoire de Romanie, dont il a été 
parlé, Sanudo a encore écrit nombre de lettres, dont la plupart 
sont des œuvres de propagande relatives à la croisade ; nous ne 
possédons certainement qu’une partie de sa correspondance. Il a 
écrit ou commencé d’écrire un traité « de l’estât et maintenement 
des féaus de la crois », dans lequel il se proposait d’insérer une 
« Vie du Crist », ouvrage dont il parle dans une lettre adressée, en 
1337, au comte Guillaume de Hainaut, et qui ne s’est point re- 
trouvé. 

C’est spécialement l'étude des Sécréta, et, accessoirement, celle 
des Lettres de Sanudo, qui font l’objet du travail de M. Magnoca- 
vallo. Dans son chapitre II, il compare les Conditiones Terrae 
Sanctae avec d’autres Projets de croisade rédigés vers le môme 
temps, ceux de Charles II d’Anjou, de Raimond Lull, de Fidence 
de Padoue, de Dubois, de Jacques de Molay ' et de Haython. Dans 
ses chapitres III et IV, il confronte l’œuvre complète, à savoir les 
Sécréta fidelium Crucis, avec quelques Projets un peu postérieurs, 
en particulier le Directorium de Brocard et le De modo Sarracenos 
extirpandi de Guillaume Adam. Les considérations que lui suggè- 
rent ces rapprochements sont intéressantes ; il a d’une manière 
générale, parfaitement mis en relief les parties originales des vues 
de Sanudo. Il a bien montré, par exemple, à quel point celui-ci, 
dans ses conseils pour la croisade, confond, consciemment ou non, 
l’intérêt de la Chrétienté et l’intérêt vénitien, confusion tellement 
frappante qu’on se demande si les idées maîtresses de son Projet 
ne lui ont pas été dictées par le gouvernement même de sa patrie. 
Mais, d’autre part, il est certains points, qui se rattachent très 
étroitement à son sujet et qu’à mon avis, il a traités trop rapide- 
ment. Pour bien comprendre les Sécréta et juger de leur valeur 
intrinsèque, il était indispensable de connaître exactement le 
milieu auquel Sanudo les destinait; de savoir ce qu’étaient, à 
l’égard de la croisade, les dispositions des puissances occidentales 
les plus directement intéressées; la papauté, le roi de France et 
les Républiques italiennes. M. Magnocavallo aurait, je crois, donné 
à son travail une portée plus grande, si, au lieu de noter simple- 
ment les différences et les analogies existant entre les Sécréta et 
d’autres Projets similaires, il avait montré en même temps à quel 
point la plupart des auteurs de Projets — et Sanudo entre autres — 

1. M. Magnocavallo croit ce projet de 1306. Je le daterais plutôt de la fin de 
l’été 1307 ; car il me parait évident que Molay y discute certaines des idées pré- 
conisées par Haython dans le Projet qu'il présenta au pape en août 1307. — 
D'ailleurs Molay qui, en 1306, était encore en Chypre, n'arriva probablement 
en France que dans le courant de l’été 1307. 


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BIBLIOGRAPHIE 


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semblent s’être mépris sur les véritables raisons qui s’opposaient 
à l’organisation d'une croisade. Car, chose digne de remarque, ces 
hommes très bien renseignés sur les affaires d’Orient, qui voyaient 
parfaitement les difficultés que la croisade rencontrerait sur sa 
route, et avaient d’excellents avis à donner sur les moyens d’y 
parer, ces hommes ne semblent pas s’apercevoir que le plus 
sérieux obstable est en Occident, et que le seul Projet de croisade 
capable de mettre en branle la Chrétienté eût été celui qui, par 
miracle, aurait satisfait les intérêts divergents de la papauté, de 
la royauté française et des États de l’Italie *. — Je n’ai garde au 
surplus de présenter cette observation comme une critique sérieuse 
du livre que je viens d’analyser. M. Magnoca vallo n’a nullement 
prétendu traiter toutes les questions que peut soulever l’étude des 
Sécréta. Il a fait un choix parmi elles ; il nous a donné le résultat 
de ses premières recherches, en remettant sans doute le complé- 
ment à plus tard; et, dans ces quelques dissertations, il nous 
apporte suffisamment de choses nouvelles pour que l’on ait grand 
profit à les lire *. 

Je n’ai rien dit encore de la partie du travail dans laquelle l’au- 
teur a réuni ce qu’il sait des manuscrits des Sécréta. Il a réparti 
ces manuscrits en quatre familles : 1° manuscrits des Conditiones 
Terrae Sanctae, au nombre de deux ; 2° manuscrits de la première 
rédaction des Sécréta, présentée à Jean XXII en 1321 ; 3° manus- 
crits de la deuxième rédaction présentée au roi Charles IV, en 1323 ; 
4° manuscrits de la troisième rédaction, dans laquelle ne figurent 
plus les anciennes notes marginales, qui ont été incorporées dans 
le texte. — Il indique en outre trois manuscrits sur lesquels il n’a 
pu obtenir de renseignements : les manuscrits 9347 et 9404 de la 
Bibliothèque royale de Bruxelles, et le manuscrit Additionnai 27376 
du Musée britannique. 


1. Sur ce point, je renvoie M. Magnocavallo à un compte rendu du livre de 
M. Delaville Le Roulx, La France en Orient , paru dans la Rev. crit. d’hist. et 
de littérature , du 19 mars 1888. 

2. J’ai relevé en passant quelques menues erreurs que je me permets de 
signaler à M. Magnocavallo : P. 36, il cite deux fois « le sultan al-Melik »; il 
faut dire al-Melik-al-Aschraf, car al-Melik est un simple titre qui signifie « le 
roi », « le prince ». — P. 67, il fait mourir Ghazan Khan en 1304; c’est 
11 mai 1305 qu’il eût fallu dire. — P. 90, au lieu de « Boentius de Alt », il faut 
lire « Boentius de Ast ».— Ne pas écrire Ernest Rénan, comme le fait toujours 
M. Magnocavallo, mais : Ernest Renan. — P. 103, Haython est qualifié de 
« religieux »; mais ce personnage, bien que s’étant fait recevoir en qualité de 
frère convers dans l’abbaye de Lapais, ne fut jamais un véritable ecclésias- 
tique : je ferai voir dans un travail qui paraîtra bientôt, que cette retraite fut 
un simple acte politique et qu’au bout de quelques mois Haython rentra dans 
la vie publique. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Ayant eu moi-méme l’occasion d’examiner ce dernier volume, 
il y a quelques années, je puis en donner ici, d'aprôs mes noies, 
une description sommaire, qui peut-être sera de quelque utilité & 
M. Magnocavallo : 

Brit. Mus. Addil. 27376, du xiv* siècle, sur parchemin, copié 
probablement dans le nord de l’Italie; 190 feuillets écrits à deux 
colonnes; peintures; sans notes marginales. — Dans le texte 
et sur les marges, une main italienne du xvi* siècle a fait des 
corrections regrettables. — Fol. 1 : « Initium Evangelii secun- 

dum Johannem. In principio erat verbum et super populum 

tuum, Domine Deus meus » (Bongars, pp. 19-20). — Fol. 1 v° : 
«In nomine Palris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. Anno ab 
incarnatione Domini nostri dulcissimi Jhesu Christi, qui est lux et 
vita nostra millesimo CGC 0 VII 0 , mense ianuarii, hoc sanctissi- 
mum opus et brève compendium primi libri negolii Terre Sancle 
inceptum est, quia veritas a quocumque dicatur a Spiritu sancto 

est. Ad inhibendum soldant potentiam transgressoribus infrin- 

gentes » (Bongars, pp. 20-21). — Fol. 2 (col. 1) : « In nomine Dei 
elerni, Amen. Anno a nativitale Domini nostri Jhesu Christi mil- 
lesimo CGC 0 VII 0 , mense martii, ad omnipotenlis Dei laudem et 
eius sanctissimi nominis gloriam et honorem et ad sanctissimi 

patris nostri summi ponlificis clarissimam providenliam sicut 

fidelis christianus exponit » (Bongars, p. 21). — Fol. 2 : « lncipit 
liber primus operis Terre Sancte continens dispositionem àc pre- 
paralionem ad Terram sanctam recuperandam, habens partes V. 
Pars prima continet modum debililandi soldani potentiam osten- 

dendo quomodo fideles christiani Cap. I continet causas 

districtu soldani. Quod magna pars » Suivent : Fol. 2-8, 

le premier livre en 5 parties (1™ partie en 6 chap. ; 2* partie, en 

2 chap.; 3° partie, en 2 chap. ; 4° partie, en 7 chap. ; 5 e partie, en 

3 chap.). A la fin de la 5° partie, se lit l’Invocation : « In nomine 
Domini nostri Jhesu Christi filii Dei vivi. Amen. Deus miserealur 

nostri et benedicat nobis Pater noster. » (Bongars, p. 33). — 

Fol. 8 v°-43 v°, le deuxième livre, en 4 parties (l r * partie en 

4 chap. ; 2° partie, en 10 chap.; 3° partie, en 4 chap.; 4* partie, 
en 29 chap.). — Fol. 44, en blanc. — Fol. 45-160 v°, le troisième 
livre en 15 parties. — Fol. 161 et 162 r°, en blanc. — Fol. 162 v° 
et 163 r° : Tableau synoptique des dynasties orientales (Bongars, 
pp. 284-285). — Fol. 163 v°, en blanc. — Fol. 164 r°-173 v°, la série 
des lettres publiées par Bongars (pp. 289-316). — Fol. 174 r°-178 v°, 
la série des lettres publiées par Kunstmann. — Fol. 179 : Prologue 
du Livre de Julius César , en français, suivi de la table des 
matières de ce livre. — Fol. 180 : Table des cartes de Sanudo 


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BIBLIOGRAPHIE 


245 


(écriture du xvi«-xvii e siècle). — Fol. 180 v°-190 : a (fol. 180-185), 
cinq cartes des diverses parties du monde, parmi lesquelles(fol. 182 
v°-183 r # ) la carte n° 3 de Bongars; — b (fol. 185 v°-186 r°), un cycle 
de comput; — c (fol. 187 r°) : « De insulis minoribus » (Bongars, 
p. 287) ; — d (fol. 187 v°-188 r°), la carte n° 1 de Bongars, avec 
Jérusalem au centre, et entourée du texte publié par Bongars, 
pp. 285-286; — e (fol. 188 v°-189 r°), la carte n° 2 de Bongars (tri- 
bus d’Israël) ; elle porte au bas un texte que ne donne pas Bongars ; 
— /'(fol. 189 v°), la carte n° 4 de Bongars (Jérusalem); — g 
(fol. 190 r°), la carte n° 5 de Bongars (Acre). 

M. Magnocavallo trouvera dans la Biblioth. geogr. Palaesiinae 
de M. Rohrichl la mention de quelques manuscrits qui paraissent 
lui avoir échappé '. Resteraient aussi à chercher le mapuscrit qui 
se trouvait jadis à Saint-Amand (cf. Voyage de deux bénédictins, 
III, 100), et le manuscrit qui se trouvait à Elnone (cf. Sanderus, 
I, 55). 

Ch. K. 


II. - PÉRIODIQUES SPÉCIAUX 
Revue de l’Orient chrétien. 

Tome VI (1901), n° 4. — Le R. P. AuPelio Palmieri, Les études 
islamiques en Russie et une apologie russe de l’Islam (pp. 485-511); 
fin au t. VII (1902), n. 1, pp. 71-96. A propos du livre de M. Baja- 
sitov, L’Islam et le progrès (St-Pétersbourg, 1898). Le P. Palmieri 
citant (p. 486, n. 1) le voyage de Jacques de Vérone, renvoie au 
t. II des Archives de l’Orient latin ; il fallait dire : Revue de 
l’Orient latin. — F. Nau, Lettre de Jacques d’Édesse sur la généa- 
logie de la sainte Vierge (pp. 512-531) ; sur le début de cet article 
voy. Rev. de l’Or, lat., VIII, 567; dans la présente continuation 
l’abbé F. Nau commente la teneur de la lettre, dont il donne le texte 
syriaque avec une trad. française. — Griefs de l’hellénisme contre 
la Russie, fin (pp. 532-571) ; sur le début de cet article, voy. Rev. 
de l’Or, lat., VIII, p. 568. — Vie de sainte Maiine, III : texte grec 

1. Il faudrait vérifier en outre si le ms. Ottoboni S. X. 67 ne contient pas un 
Sanudo provenant de Petau (cf. Migne, Diction, des mss ., t. II, p. 1118). L’autre 
ms. de Petau, dont s’est servi Bongars, doit être aussi à Home et celui de Sca- 
liger pourrait se trouver à Leyde. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


publié par Léon Clugnet, suite (pp. 572-592) ; suite au t. VII (1902), 
n° 1, pp. 136-152 ; cf. ci-dessous. — Le R. P. Thibaut, Traités de 
musique byzantine. Codex 811 de la bibliothèque du Métochion 
du Saint-Sépulcre, Constantinople (pp. 593-609) ; l’auteur publie 
ici le premier de ces traités, et donne des fac-similé de 3 feuillets 
du ms. — S. Vailhé, Saint Michel le Syncelle et les deux frères 
Grapti, saint Théodore et saint Théophane; /ïn( pp. 610-642); pour 
le début de cet article, voy. Rev. Or. lat., VIII, 568. — S. Vailhé, La 
prise de Jérusalem par les Perses, en 614 (pp. 643-648) : sur l’iti- 
néraire suivi par les Perses dans leur marche vers Jérusalem, 
et sur la date de la prise de cette ville ; l’auteur place cet événe- 
ment vers le 15 mai, plutôt qu’à la fin de ce même mois ou en 
juin, mais'les raisons qu’il invoque à l’appui de son opinion ne me 
paraissent pas suffisantes. — H. de Saint-Guliez, La titulature 
des patriarches grecs-catholiques-melkiles (pp. 649-650) ; l'auteur 
indique les titres de ces patriarches d’après les diptyques publiés 
récemment dans Le livre des divines liturgies ( Kitâb al-litour- 
giyât al-ilâhiya), éd. par Michel Rahmé, 2« éd., Beyrouth, 
Imprim. cathol., 1900, p. 319. 

Tome VII (1902), n° 1. — La Russie et l’Orient chrétien durant 
ces derniers mois (pp. 1-25). — Fr. Tournebize, Histoire politique 
et religieuse de l’Arménie (pp. 26-58). — H. Lammens, Les projets 
de Joachim III [patriarche de l’église grecque orthodoxe] (pp. 59- 
70). — F. Nau, Histoire de Jean bar Aphtonia (pp. 97-135). Fils 
d’un rhéteur d’Édesse et né vers l’an 480, Jean bar Aphtonia fut 
reçu, vers l’année 495, dans le monastère de Saint-Thomas de 
Séleucie à l’embouchure de l’Oronte, dont il devint supérieur peu 
après 518. Il alla ensuite, avant 528, fonder à Qennesré, sur la rive 
de l’Euphrate, en face d’Europus, un nouveau monastère dont il 
fut le premier supérieur. Sa mort doit être placée au 4 nov. 537. 
La Vie de Sévère , patr. d’Antioche, qui lui est attribuée, ne peut 
pas être entièrement de lui, puisque ce personnage lui survécut 
de quelques mois. M. Nau publie le texte syriaque d’une Vie de 
Jean bar Aphtonia, en l’accompagnant d’une traduction française. 
— Vie de sainte Marine, IV : texte copte publié et traduit par 
H. Hyvernat (pp. 136-152). — H. Lammens, Le pèlerinage de La 
Mecque en 1901. L’immigration musulmane eu Turquie (pp. 153- 
158). — L’Allemagne en Turquie (pp. 158-160). 

Der Bote aus Zion, 1901. 

N° 4. — Zustand des Judenthums vor der Geburt Jesu Chrisli 
(pp. 49-53). — Das Jahr in seinem landwirtschaftlichen Verlauf 
(pp . 53-56) : sur les cultures agricoles de la Palestine. 


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BIBLIOGRAPHIE 247 

Mittheilungen and Nachrichten des deutschen Palaestina 
Vereins. 

Au. 1900, n° 2. — Prof* Schürer, Zu den lnschriften in Nr. 1 
[der Mittheilungen und Nachrichten ] (pp . 17-21) ; à propos des 
inscriptions publiées par G. Schumacher dans le précédent numéro 
des Mittheilungen. — Gustaf Dalman, Zwanzig Tage im Ostjor- 
danlande (pp. 21-29).— Kurze Mittheilungen : Épidémie de variole 
et manque d’eau à Jérusalem ; construction de la route de Jéru- 
salem à el-Biré et de là à Naplouse; quarantaine contre la peste 
ft Beirouth. 

N° 3. — P. Bonaventura Lugscheider et E. Kautsch, Ueber ein 
neuentdecktes jüdisches Grab mit hebrâischen und griechischen 
lnschriften (pp. 33-41). — D r G. Schumacher, lnschriften aus 
Dscherasch und Umgebung (pp. 41-44); inscriptions grecques et 
latines. — D r C. Schick, Das Becken der Marienquelle bei Jérusa- 
lem (pp. 45-46). — Kurze Mittheilungen : Fête de l’avènement au 
trône du sultan Abdul-Hamid, célébrée à Jérusalem. Inaugura- 
tion d'un service de bateaux sur la Mer Morte. Projet de chemin 
de fer de Damas à La Mecque. 

N° 4. — G. Schumacher, Unsere Arbeiten im Ostjordanlande 
(pp. 49-56); suite au n“ 5, pp. 65-77. — D. J. Saul, Von el-'Akabe 
über Gaza nach Jérusalem (pp. 56-64); suite au n°5, pp. 77-80. — 
Kurze Mittheilungen : Rappel à Berlin du consul allemand de 
Jérusalem, le D r Rosen. Fondation dans la vallée d’Arta d’un cou- 
vent de nonnes (cf. Rev. de l’Or, lat., VIII, 607). Achat, par les 
religieux du couvent arménien de Jérusalem, des terrains récem- 
ment explorés par le D r Bliss sur le Mont-Sion. 

N° 5. — Contient des suites (cf. n° 4). 

N° 6. — D r C. Schick, Neue Funde am Bethesdateich in Jérusalem 
(pp. 81-82) : bassin et four. — G. Dalman, Zu der Ossuarienins- 
chrift des neuentdeckten jüdischen Grabes : Mittheil. und 
Nachr., 1900, p. 37 (pp. 82-83). — Kurze Mittheilungen : Collectes 
en Angleterre pour la restauration du tombeau découvert près la 
grotte de Jérémie, et qu’on croit avoir été le tombeau de J.-C. 
Mosaïque trouvée près de la porte de Damas (cf. Rev. de l’Or, lat., 
VIII, 601). 

An. 1901, n # 1. — D r Schumacher, Unsere Arbeiten im Ostjor- 
danlande, IV, fin (pp. 1-9). — D. J. Saul, Von el-'Akabe über 
Gaza nach Jérusalem, fin (pp. 9-15). — D r C. Schick, Neubau der 
Kirche in el-Kubëbe (pp. 14-15) : reconstruction de cette ancienne 
église par les Franciscains. — Kurze Mittheilungen : Musées et 
Bibliothèques à Jérusalem. Reconstruction de l’ancienne église 


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«48 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


d’Abou-Gosch par les moines Augustins. Découverte d’uu lieu de 
sacrifice (Bama) entre Er-Ram et Dscheba' . 

Zeitschrift des deutschen Palœstina Vereins, t. XXIV (1901). 

N<* 2-3. — Martin Hartmann, Die arabischen Inschriften in 
Salamja (pp. 49-68); l’auteur publie et commente deux inscriptions 
du xi e siècle relevées dans celte localité de la Syrie du nord : l'une 
est une invocation à Allah en faveur de All-ibn-Dschafâr (390-393 
de l’H.), sans doute le personnage de ce nom cité par Ibn al-Atir, 
comme gouverneur de Damas; l’autre, de l’année 481 de l’H., est 
dédiée par l’émir Nasirelmulk Saif ed-Daule Chalaf ibn Mal&’ib à 
un chef du nom de Abulhasan 'Ali Ibn, personoages cités égale- 
ment par Ibn al-Aliret l’autobiograhie d’Ousâraa. — W. Chris- 
tie, Der Dialect der Landbevôlkerung des mittleren Galilfta 
(pp. 69-112). — Lucien Gautier, Am Toten Meere und im Lande- 
Moab. Reisenotizen (pp. 113-124) : vues de la mer Morte et du 
château frank de Kerak. 

N» 4. — Prof. R. Rôhricht, Die Palastinakarte Bernhard von 
Breitenbach’s (pp. 129-135, et pl. 1-3). Le voyage de Bernard de 
Breitenbach n’a jamais été publié avec tous ses accessoires, à 
savoir, les dessins et plans exécutés par le peintre Erhard Büewich 
d’Utrecht, qui avait accompagné le pèlerin dans son voyage : le 
port de Jaffa, la chapelle du Saint-Sépulcre, le plan de Jérusa- 
lem et la carte de Palestine; cette carte, de 1 m. 27 de long sur 
0 m. 27 de haut, comprend la région sise entre Tripoli et Alexan- 
drie. M. Rôhricht en donne ici une excellente reproduction, à la 
grandeur de l’original ; dans son commentaire explicatif il indique 
les emprunts faits par le dessinateur à des monuments analogues 
antérieurs, tels que les cartes de Sanudo et de Guillaume Wey, la 
grande carte florentine, etc. En dehors de ces modèles et des 
relevés faits par eux-mômes, les voyageurs ont pu encore avoir 
à leur disposition des cartes appartenant à la Custodie de T. -S. 
— L. Bauer, Lobpreis des guten Pferdes (pp. 136-138); l’auteur 
publie, avec traduction allemande, cinq petits poèmes sur le che- 
val, recueillis chez les Bédouins. — Joseph Strzygowski, Das 
neugefundene Orpheus-Mosaik in Jérusalem (pp. 139-165 et 1 pl.); 
avec un Appendice, par P. J. Dashian (pp. 165-171); description 
très complète, avec une reproduction en héliogravure. — 
H. Guthe, Otto Kersten (pp. 172-177) : notice nécrologique. — 
J. Goldziher, Bemerkungen zu Christie, Der dialect der Land- 
bevôlkerung des mittleren Galilàa (p . 178) : l’article de Christie a 
paru dans la même Revue, l. XXIV (1901), (pp. 69-112); cf. ci- 
' dessus. 


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-BIBLIOGRAPHIE 


249 


Palestine Exploration Fund. Quarterly Statement. 

Octobre, 1901. — Georges Adam Smith, Notes of a journey 
through Hauran, with inscriptions found by lhe way (pp. 340-361). 
— Rev . James B. Nies, Notes on a cross Jordan trip made Octo- 
ber 23^ to November 7 th 1899 (pp. 362-368) : découverte de cinq 
milliaires sur la voie romaine d’Ammdn. — Prof. Clermont-Gan- 
neau, Archaeological and epigraphic Notes on Palestine : Beto- 
marsea-Maioumas and « the matterof Peor ». The Hebrew Mosaic 
of Kefr Kenna (pp. 369-389). — R.-A.-S. Macalister, Reports and 
Notes : I On certain Antiquilies in the Neighbourhood of Beit- 
Jibrîn. II The Birak esh-Shinanir. III A note on West Palestinian 
Dolmens. IV Addenda to the List of Rhodian stamped Jar-hand- 
les from Téll Sandahannah. V The Nicophorieh Tomb (pp. 390- 
402). — Conrad Schick, Hill of « Jeremiah’s Grotto », called by 
General Gordon « Skull Hill » (pp. 402-405). — Rev. Joseph Se- 
gall, A Druze talisman (pp. 406-407). — Gray Hill, The ruin at 
Khurbet Beit Sawir(p.407). — Prof. Théodore F. Wright et Prof. 
Clermont-Ganneau, A Crusading inscription (pp. 407-409) ; frag- 
ment d’inscription funéraire en français, de l’an 1251, trouvé en 
Palestine par Selah Merrill. Le nom du personnage auquel elle se 
rapporte a disparu. — C. R. Conder, Note on Dolmens [in Wes- 
tern Palestine] (p. 409). — C. R. Conder, The site of Calvary 
(pp. 409-412). — Canon Gell, Excursus on the Résurrection, on 
the hypothesis that it took place from a tomb similar in construc- 
tion to the tombs of the Kings, and in that vicinity (pp. 413-419). 

1902, janvier. — Clermont-Ganneau, Archaeological and epi- 
graphic notes on Palestine : Dannaba and Job’s country. Zeus- 
Helios and Baal-Bosor. On some Greek Inscriptions in the Hau- 
ran (pp. 10-27). — George Adam Smith, Further notes on the Ins- 
criptions found at Tell el-’-Ash'ari (pp. 27-29). — Dr. Schick, The 
Virgin’s Fount (pp. 29-35), avec plan et coupe. — D r Masterman, 
The recently-discovered aqueduct from lhe Virgin’s Fountain 
(pp. 35-38). — Conrad Schick, Notes to accompany the plan of Jere- 
miah’s Grotto (pp. 38-42); avec plan et coupe. — Conrad Schick, 
The Muristan, or the site of lhe Hospital of St-John at Jérusalem 
(pp. 42-56); plan et description des monuments à l’époque des 
croisades. — James Glaisher, Résulta of meteorological observa- 
tions taken at Jérusalem in the year 1900 (pp. 56-61). — James 
Glaisher, Résulta of meteorological observations taken at Tiberias 
in the year 1900 (pp. 62-65). — C. W. Wilson, Golgotha and the 
Holy Sepulchre (pp. 66-77); avec des extraits des anciens Pères 
et de quelques auteurs du moyen âge; suite en avril (pp. 142-155), 
avec un Appendice : On the existence or olherwise of a public 


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À 



250 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Place of execution at Jérusalem. — Lucien Gautier et R. A. S. 
Macalister, Remarks on the July and October 1901 Quarterly 
Statement (pp. 77-79); notes sur des articles parus dans ces deux 
livraisons du Quart. Statement. — The Biblical cubit : A new 
suggestion (pp. 79-82). — John E. H. Thomson, The Samaritan 
Passover (pp. 82-92); récit d’une excursion chez les Samaritains 
de NAblus. — Gray Hill, The site of Golgolha and the Holy Se- 
pulchre (pp. 93-94). — Charles Warren, Notes on Du biméta- 
lisme chez les Hébreux (p. 94) ; sur la nouvelle édition de l’ou- 
vrage du vicomte de Salignac-Fénelon portant ce titre; l’auteur 
signale quelques différences entre ses propres calculs du poids de 
certaines monnaies hébraïques et ceux consignés dans ce livre. 
— C. R. Conder, Translation of an Assyrian Parable (pp. 95-96) : 
dialogue du cheval de guerre et du bœuf, symbolisant, l’un les 
aspirations du guerrier, l’autre celles du paysan. — C. R. Conder, 
Zuallardo's Travels (pp. 97-105); analyse des Voyages de Zual- 
lardo, ouvrage paru à Rome en 1587 et assez rare. — D r Selah 
Merrill, Ancient arrows in the caslle of David (p. 106). 

Avril. — R. A. Stewart Macalister, Reports : I, The newly 
discovered Tomb North of Jérusalem. II, Inscription from the 
Wâdy Samâr. III, The ancient Necropolis at Kerm esh-Sheikh. 
IV, Further Jar-handles with Rhodian Stamps. V, The « Egyptian 
Tomb » al Silwân. VI, The Mosaic in the Churh of Notre Dame de 
Spasme, Jérusalem (pp. 118-124). — R. A. S. M[acalister], The 
sculptured Cave at Saris (pp. 125-129). — ïd., EI-Edhemîyeh (Je- 
remiah’s Grotto) (pp. 129-132). — Prof. Clermont-Ganneau, Ar- 
chaeological and epigraphic notes on Palestine : Fresh Remarks 
on the Hebrew Mosaic of Kefr Kenna. Baal-Bosor or Baalkosor? 
The Depository of ancient Arrows in the Castle of David. The 
Plasterer Sosibios of Gaza (pp. 132-138). — C. W. W[ilson], Obi- 
tuary of D r Conrad Schick (pp. 139-142) ; notice nécrologique, 
avec un portrait. — D r E. W. Gurney-Mastermann, Observations 
on the Dead Sea Levels (pp. 155-160). — Id., 'Ain el-Feshkhah, 
el-Hajar el Asbah, and Khurbet Kumrân (pp. 160-167); avec des 
vues en phototypie. — F. J. Bliss, The German excavations at 
Ba'albek (pp. 168-175). — C. R. Conder, Hebrew Weights and 
measures (pp. 175-196). — Remarks on the January 1902 Quarterly 
Statement (p. 196); à propos des articles sur la Fontaine de la 
Vierge parus dans ce numéro. — Rev. W. F. Birch, Sennacherib’s 
catastrophe at Nob (pp. 197-198). 


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BIBLIOGRAPHIE 


251 


III. — LIVRES ET ARTICLES DIVERS 


Acta sanctorum confessorum Guriae 
et Shamonae, exarata ... aTHEO- 
philo Edesseno... — Cf. Rev, de l’Or, 
lat ., VIII, 235. 

Comptes rendus : Gôtt. Gelehrte Anzeiyen, 
1900, no 6, pp. 506-512 (Wilh. Riedbl). — 
Orientalische Litteraturseitg , t. IV (1901), 
n* 4, col. 156-158 (Fr. Schwaixy). — Voir 
aussi ci-dessous Nôldkkk (Th.), Ueber einige 
Edessenische Mürtyreraktcn. 

Adonc (N.). — L’histoire ancienne de 
l’Arménie dans V historien Sebeos, 
comparée avec les travaux de 
Moïse de Khoren et de Faustus de 
Byzance. — En russe. 

[BuÇavxivi Xpovixi, t. VIII (1901), 
pp. 64-105.] 

Ahrens (K.) et Krueger (G.). — Die 
sogenannte Kirchengeschichte des 
Zacharias rhetor... — Cf. Rev. de 
l’Or, lat., VII, 615; VIII, 236,571. 

Comptes rendus: Rev. de l’histoire des reli- 
gions , t. XLI (1900), pp. 412-413 (J. Rft ville). 
— Rev. de Vinstruct. puhl. en Belgique , 
t. XLIII (1900), pp. 176-179 (M. A. Kdgener). — 
Litterarisehes Centralbl ., 1901, n*4, col. 148- 
151 (R.). 

Allard (P.). — Julien l’Apostat... — 
Cf. Rev. de l’Or, lat., VIII, 571. 

Compte rendu : Bull, critique , 25 oct. 1901 
(t. XXII, n* 30), p. 591 (Alb. Dukoorcq). — 
Rev. [belge] dhist. ecclés., 1900, pp. 499- 
509 (A. Cauchie). — Rev. stor. ital ., t. XVIII 
(n. s. tome VI), 1901, pp. 127-128 (C. Rinaudo). 

Allard (Paul). — Un précurseur du 
Sionisme : Julien l’Apostat et les 
Juifs; à l’occasion du Congrès sio- 
niste. 

[Le Correspondant , 73 e an., t.CCI V, 
10 août 1901, pp. 530-543.] 

Sur les tentatives faites par Julien l'Apostat 
pour la reconstruction du Temple de Jérusalem. 

Alonzo (Alphonse d’). — La Russie 


en Palestine. — Paris, L. Royer, 
1901, in-8°, 140 pp. 

Compto rendu : Rev. de l’Or, chrét., VI* an. 
(1901), no 4, p. 656. 

André (Marius). — • Le bienheureux 
Raymond Lulle (1232-1315) [avec une 
préface de H. Joly]. — Paris, Lecof- 
fre, 1900, in-18, iv-216 pp. 

[Fait partie de la collection Les 
Saints.] 

Il est regrettable que l'auteur, poursuivant 
avant tout un but d’édification, ne se soit pas 
mieux essayé & peindre sous scs divers aspects 
la physionomie si curieuse et si complexe de 
Raymond Lulle. H y avait mieux et plus à 
dire aussi sur le rôle du « Docteur illuminé » 
dans les projets de croisade à la fin du 
xut* siôcle. Le public spécial auquel M. André 
s’adresse lui' saura peut-être gré de n’avoir 
donné ni notes ni références bibliographiques 
au bas des pages. Mais cette absence de tout 
moyen de contrôlo ne satisfera certainement 
pas les esprits curieux. L’auteur cite seule- 
ment à la fin de son livre une dizaine d’édi- 
tions et d’ouvrages qu’il a consultés. Parlant 
de l'importante notice consacrée à Lulle par 
les auteurs de Y Histoire littéraire , il dit 
quelle dénote une antipathie injuste et vio- 
lente. Ce n'est pas tout à fait exact. 

Angelini (Gennaro).— Un antico mu- 
saico cristiano scoperto a Gerusa- 
lemme . 

[Nuovo bullet. di archeol. crisL, 
an. VII (1901), pp. 217-219; avec une 
héliogravure.] 

Sur cette mosaïque, voy. Rev. Or. lat., VIII, 
p. 601, sub. v. Vincent (Hugues). 

Angelini (Gennaro). — Voy. Zacca- 
ria (Emilio). 

Anmeghiàn (Pierre). — La restaura- 
tion du Khalifat. Mourad V . — 
Paris, Le livre moderne (imprim. 
d’ouvriers sourds-muets), 1900, in-16, 
79 pp. 

Annali Genovesi dl Caffaro e de’ 


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252 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


suoi continuatori, dal MCLXXIV 
al MCCXXIV. Nuova edizione a 
cura di Luigi Tommaso Belgrano e 
di Cesare Impériale di Sant’ Angblo. 
Vol. II. — Roma, 1901, in-8°, lxx- 
205 pp. 

[Publication de VIstituto storico 
italiano .] 

Anninsky (Alexandre). — Histoire 
de VÊglise arménienne jusqu'au 
xix a siècle. — Kischinev, 1900, xi- 
306- v pp. — En russe. 

Recension : BuÇavTivd yoovixâ, t. VIH, 
(1901), pp. 203-209. 

Antiochia. 

[Lie Grenzboten, t. LX (1901), 
pp. 224-232.] 

D'après U description contenue dans l’Anfio- 
chicot de Libanius. 

Aristarchi(S. d’). — ToO tv dytoiç icot- 
xpàç <f»ti>?Coo Ttotxptdpxov Koivaxav- 
TtvouTcdXtuç \6yo: xxi ô|uX(xi ôySoV 
xovra tocTç. — Constantinople, Im- 
prim. de V Annuaire oriental , 1901, 

2 vol., in-4®, pv8’-490 et 592 pp. 

Arseny (L’archimandrite). — Quatre 
homélies inédites du métropolite 
d'Athènes , Michel Akominate. Texte 
grec et traduction russe. — Novgo- 
rod, 1901, in-8 # , 293 pp. 

Recension : Byxant. Zeitschr ., t. X, no* 3- 
4 (1901), pp. 682-683 (Ed. Kürtz). 

Asgian (Mgr). — La S. Sede e la na - 
zione armena . — Suite . 

[. Bessarione , t. VIII (1900), pp. 476- 
491; t. IX (1901), 287-295; série II, 

1. 1 (1901), pp. 41-49.] 

Sur le début de l'article, voy. Rev. Or. lat., 
VII, 352; VIII, 236, 571. 

Asia Minor. 

[TheEdinburgh Rev., t. CLXXXIX 
(1899), pp. 515-542.] 

Étude politique et économique. Exploitation 
et construction de lignes ferrées. 

Assunzione (L’) presso i Greci scis- 
matici a Gerusalemme. 


[Gerusalemme, an. XXV, 8 août 
1901, pp. 138-139.] 

Au Phanar. Propositions formulées 
par le patriarche grec. Mgr Joa- 
chim, devant le Saint-Synode , dans 
son allocution du 8-2 J janvier 1902. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n # 6 (15 mars 1902), pp. 87-88.] 

Sur les conditions possibles d'une union de 
l'Église grecque avec l'Église catholique et les 
églises protestantes. 

Aus den letzten Tagen des Malteser- 
Ordens (1798). 

[Deutsche Rundschau , 26* an., 
n* 6 (mars 1901), pp. 444-451.] 

Sur les événements qui précédèrent et sui- 
virent immédiatement l’occupation de Malte 
par les Français en juin 1798, d’après des pa- 
piers laissés par François-Gabriel, comte de 
Bray, 2*« représentant de l’ordre de Malte au 
congrès de Rastatt. 

Avril (A. d’). — Protection des chré- 
tiens dans le Levant... — Cf. Rev. 
deVOr. lat., VIII, 572. 

Compte rendu : Rev. de VOrient chrétien , 
1901, n* 2, pp. 310-311(0. P. R.). 

B. (P. H.). — Lie alten Benedictinei'- 
Klôster im heiligen Lande. 

[Sf Benedict’s Stimmen , 1901, n°»3, 
4, 5.] 

Baalbek. — Avec une vue du grand 
Temple. 

[La Terre- Sainte, 28® an., t. XIX, 
n* 5 (l or mars 1902), pp. 78-79.] 

Bâcher (\V.) — Zur Mosaikkarte von 
Madaba. 

[Thejeicish Quarterly Rev., t. XIII 
(1901), pp. 322-323.] 

Bâcher (G.). — Voy. EppiNGBR(Chr.). 

Ball (E. A. Reynolds). — Jérusalem : 
a practical guide to Jérusalem and 
its environs ; with excursions to 
Bethlehem , Hébron , Jéricho, the 
Lead Sea, etc. — New-York, Mac- 


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BIBLIOGRAPHIE 


253 


Millan, in-16, 1900, vni-230 pp. et 
cartes. 

Barbier de Montault (X.). — Une 
croix de Jérusalem à Poitiers 
(xvn e siècle). 

[Rev. d’archéol. poitevine , 1900, 
n® 4, pp. 97-106; avec 3 planches en 
héliograv.] 

Cette croix, récemment achetée à Poitiers 
par M. Araault, date du xvii* siècle selon toute 
apparence. Il est probable qu'elle a été rappor- 
tée de Jérusalem par un pèlerin. A ce propos, 
l’auteur rappelle la croix rapportée de Jérusalem 
par Jean de Cliarmolue et que ce personnage 
donna par son testament (1599) à Saint-Ger- 
main-de-Noyon (Cf. De Marsy, Le mobilier 
d'un gentilhomme noyonnais à la fin du 
xvi* siècle ; S. Quentin, 1876, p. 20). Il décrit 
en outre deux reliquaires représentant le Saint- 
Sépulcre, l'un que possède l’église paroissiale 
de Monlérrain (Seine-et-Marne) ; l’autre qui se 
trouve au musée de Poitiers. L'église de Monté- 
vrain possède aussi une statuette do sainte 
Hélène, et une croix reliquaire avec incrusta- 
tions de nacre provenant vraisemblablement de 
Terre-Sainte. Sur ces trois pièces du trésor do 
Montévrain,qui sont reproduites ici en héliogra- 
vure, on pourra consulter un article du Bulle- 
tin de la conférence d'histoire et d'archéol. 
du diocèse de Meaux , t. II, pp. 146-151. 

Barbier de Montault (X.). — En- 
seignes de pèlerinage à Poitiers . 
Une ampoule de pèlerinage à Par- 
thenay ( Leux-Sèvres ) . Une étole du 
Saint-Sépulcre à Afirebeau. 

[Rev. éCarchéol. poitevine , 1900, 
n* 8, pp. 225-246.] 

Par enseignes de pèlerinage, l'auteur entend 
les médailles que portaient les pèlerins en 
souvenir de leurs pieux voyages. 11 en décrit 
une en corne, du xvii* siècle, provenant proba- 
blement de Terre-Sainte et peut-être fabriquée 
par les Franciscains do la Custodie de T.-S. 
qui faisaient un petit commerce de ces sortes 
d’objets en vue de leurs propres nécessités et 
de l’entretien des Lieux-Saints. — L’ampoule 
de pèlerinage trouvée récemment i Parthcnay 
et qui fait partie aujourd’hui de la collection de 
M. Georges Turpin ne semble guère antérieure 
au xvi a siècle. Elle doit être de fabrication 
poitevine et rien ne dit qu’elle ait servi i 
un pèlerin de Terre-Sainte. — L’étole de Mire- 
beau (Vienne) provient du Toureil (Maine-et- 
Loire) ; elle appartient aujourd’hui à M*® Ro- 
blin, de Mirebeau. Elle date du xvn* siècle et 
porte des inscriptions indiquant quelle a tou- 
ché en 1699, le lieu de la Nativité à Bethléem et 
le Saint-Sépulcre de Jérusalem ; l’une des ins- 
criptions indique de plus que sa longueur est 


celle du tombeau du Christ. Sans doute cet 
objet provient de Jérusalem, où il aura été 
acheté par quelque pèlerin . M. Barbier de Mon- 
tault signale une autre étole analogue faisant 
partie du trésor de la cathédrale de Sens. Elle 
porte également une suscriplion indiquant 
q’uelle est de la longueur du Saint-Sépulcre. 
Or, tandis que l'étole de Mirebeau mesure 1*,97, 
celle de Sens mesure 2", 30. Ces mesures n’ont 
donc rien de strict; elles sont toutes fantai- 
sistes. Il en est de même de certaines cein- 
tures ou sangles portant des inscriptions ana- 
logues, que signale M. Barbier de Montault, et 
qui, quoique données comme mesurant la lon- 
gueur du S. Sépulcre, accusent toutes des lon- 
gueurs différentes. 

Barbier de Montault (X.). — Le 
saint suaire de Besançon. 

[Rev. d’archéol. poitevine, 3 e an. 
(1900), pp. 257-268.] 

Le saint suaire de Besançon a disparu pro- 
bablement i l'époque de la Révolution ; mais on 
en possède diverses représentations graphiques 
dont M. B. de M. donne ici l’énumération. 

Bardou (L.). —Sainte Golindouch. 

[Échos d’Orient , t. IV (1900-1901), 

pp. 18-20). 

Résumé de la vie de celte sainte d’après les 
deux vies grecques publiées récemment par 
M. A. Papadopoulos- K erameus dans ses ’Avi- 
Xcxta r lcpo9oXu{itxixf l ç <JTX£uoXoyiaç, 
t. IV, pp. 149-174, 351-356. 

Barnabe d'Alsace (Le P.). — Le mont 
Thabor... — Cf. Rev. de l’Or, lat ., 
VIII, 236. 

Recensions : Échos d'Orient , 5« an., n* 2 
(déc. 1901), p. 127 (P. VailhS). — Palestine 
Explor. Fund. Quarterly State ment, avril 
1901, p. 206. 

Barnabe d’Alsace (Le P.). — La mon- 
tagne de la Galilée où le Seigneur 
apparut aux apôtres ( Matthieu , 
XXVIII y 16) est le mont Thabor. 
— Jérusalem, impr. des PP. Fran- 
ciscains, 1902, in-8°, 161 pp. et un 
plan topographique. 

Dans un précédent ouvrage sur le mont Tha- 
bor (cf. Reo. de l'Or, lat., VIII, 236), le P. Bar- 
nabé avait exposé les événements dont celte 
montagne fut le théâtre depuis le temps de la 
conquête égyptienne, jusqu’à nos jours. Ici, il 
montro que l’apparition du Sauveur aux apè- 
tres, racontée par S. Mathieu au cliap. xxvm, 
cul lieu sur le Thabor et non sur le mont Gà- 


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254 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


lilée près de Jérusalem ; que d'ailleurs le mont 
Galilée ne fut pas davantage le thé&trc d'aucune 
des neuf autres apparitions de J.-C., mention- 
nées par les évangélistes. — J'ai le regret de 
voir apparaître de nouveau dans ce livre 
(p. 63) l'indestructible « pèlerin Virgile » qui, 
je l'ai dit vingt fois, n’a jamais existé, Y Itiné- 
raire de T.-S. placé sous non nom par le car- 
dinal Pitra n’étant autre chose qu'une des 
recensions de Théodosius. Je renvoie sur ce point 
le P. Barnabé à la note que j'ai publiée dans 
la Rev. biblique du i ,r janv. 1901, pp. 93-96. 

Recension : Rev. biblique internat. , X* an., 
no 3 (1" juil. 1901), p. 489. 

Barnabe d’Alsace (Le P.). — Deux 
questions d'archéologie palesti- 
nienne: I, L'Église d'AmwAs, l'Em- 
maiis-Nicopolis. II, L'église de Qour 
beibeh , VEmmaüs de S. Luc . Avec 
2 plans, 2 cartes topographiques et 
plusieurs gravures. — Jérusalem, 
imprim. des PP. Franciscains, 1902, 
in-8°, 199 pp. 

Comme on le voit, l'auteur admet l’existence 
de deux Emmaus, l’un qu'il identifie avec l’ac- 
tuel Amvr&s qui serait le Nicopolis des Ro- 
mains, l'autre, l'Emmaüs de S. Luc qu’il place 
àQoubeibeh. la démonstration n’est peut-être 
pas définitive ; mais l'auteur a le mérite d’expo- 
ser très clairement les termes du problème, et 
l'on devra tenir compte dorénavant de certaines 
observations de détail, auxquelles jusqu'ici on 
il 'avait pas attaché une importance suffisante. 

Barré (Paul). — La Syrie et les inté- 
rêts français. 

[Rev. française de l'étranger et 
des colonies, t. XXIV (1899), pp. 723- 
727.) 

Barth (Herm.). — Konstantinopel . — 
Leipzig, E. A. Seemann, 1901, gr. 
in-8®, 201 pp. et illustr. 

[Fait partie de la collection : 
Beriïhrnte Kunststâtten.] 

Bassermann (Alfred). — Veltro, Gross - 
Chan und Kaiser sage. 

[Neue Heidelberger Jahrbücher , 
Jahrg. XI, 1901, n® 1, pp. 28-75.) 

Sur les rapports de la légende impériale au 
moyen &gc avec celle du grand khan des Tar- 
tares, considéré comme le maître de l’Orient, 
dont la chrétienté attendait le secours dans sa 
lutte contre les Infidèles. Le Grand- Khan est 
aussi le prototype du Veltro dans l 'Enfer de 

. Dante, I, 49. 


Batiffol (Pierre). — Historia ace- 
phala Arianorum. 

[Mélanges de litt. et d'hist. relig. 
publ. à l'occasion du jubilé épisco- 
pal de Mgr de Cabrières, évêque de 
Montpellier , 1874-1899 (Paris, Pi- 
card, 1899, in-8°), pp. 99-108.) 

Reproduit cet écrit d'après l’unique manus- 
crit, conservé dans la Bibliothèque capitulaire 
de Vérone. 

Bauer (B.). — Der Tempelberg in 
Jérusalem und seine Heiligthü- 

mer — Cf. Rev. de l'Or, lat ., 

VIII, 236. 

Compte rendu : Lit. Anzeiger , 1900, n» 9 
(Le P. Bonavcnlurc Hkllrigl). 

Baumstark (D r Anton). — Dos maro - 
nitische Synaxar zum 29 Juni. 

[Oriens christianus , 1™ an. (1901), 
n® 2, pp. 314-319.) 

Bauron (L’abbé). —Promenade trans- 
jordanienne. 

[Revue du Lyonnais , 50® an. (1898), 
pp. 209-224.) 

Beclard (Léon). — La question 
d'Orient depuis ses origines. 

[Rev. polit, et parlem., t. XX 
(1899), pp. 358-375.) 

L’auteur fait remonter la question d'Orient à 
l’époque de l’installation des Turcs en Europe. 
En fait, elle exista depuis le jour où l'Occident 
entra en lutte politique et religieuse avec les 
maîtres de Byzance : les Turcs n'ont fait que 
remplacer les Grecs. 

Belin (L’abbé Al.). — Pèlerinage de 
vacances en Terre-Sainte. 

[Rev. des Facultés cathol. de 
VOuest, 8® an. (1899), pp. 386-407, 
577-617, 158-795.) 

Benedictinerorden (Der) im heiligen 
Lande. 

[Sonntags Beilage s. Kôlnischen 
Volkszeitg ., 1900, n®29.) 

Benedittini a Gerusalemme. 

[Il sacro Speco di S. Benedetto di 
Subiaco , 1900, n® 9 2 et 3.) 


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BIBLIOGRAPHIE 


255 


Benoit (Le R. P.). — Vers l’union des 
Églises. 

[La Terre-Sainte , 28 e an., t. XIX, 
n° 10 (15 mai 1902), pp. 145-148 : ex- 
trait du Phare d'Alexandrie. 

Bernàrdakis (P.). — Le culte de la 
croix chez les Grecs. 

[Échos d'Orient, 5 e an., n°» 4 et 5 
(avril et juin 1902), pp. 194-202,257. 
204.] 

Dans le présent article, l'auteur fait l'histo- 
rique de la fôte de l’Exaltation de la Croix i 
Constantinople. 

Bernoulli (Cari Albrecht). — Ber 
Schriftstellerkatalog des Hierony- 
mus. Ein Beitrag sur Geschichte 
der altchristlichen Litteratur. — 
Freiburg i. B. et Leipzig, J. C. B. 
Mohr, 1895, in-8 # , vni-342 pp. 

Compte rendu : Rev. internat, de théol ., 
3* an. (1895), pp. 594-597 (F. Lauchkrt). 

Bernoulli (Cari Albrecht). — Voy. 
Hieronymus und Gennadius. 

Bertrand de Broussillon (Comte). — 
La charte d'André II de Vitré et le 
siège de Karah en ÎÎ84. 

[Bull, histor. et philol. du Co- 
mité des trav. histor. t 1899, pp. 47- 
53.] 

Bessb (Dom. J. M.). — Les moines 
d'orient antérieurs au concile de 

Chalcédoine — Cf. Rev. de l'Or. 

lat.y VIII, 237. 

Comptes rendus : Studien u. Mitteil. aux dent 
Bened. und d. Cisterc. Orden , XXI e an. (1900), 
pp. 664-666 (P. G. Almang). — Literar. Rund- 
tchau , 1901, no 6, pp. 164-165 (H. Plekkbrs). 
— Rev. d. quest. histor., avril 1901, t. LXIX, 
pp. 668-670 (P. Allard). — Der Katholifc , 1900, 
n* 9. — Rev. du clergé français , t. XXIV 
(1900), p. 336 (J. Parisot). — Rev. [belge] d'hist. 
ecclés ., t. I (1900), pp. 510-517 (P. Làdeuze). 

Besson (Marius). — Un recueil de sen- 
tences attribué à Isaac le Syrien. 

[Oriens christianus : Rômische 
Halbjahrhefte f. die Kunde des 
christl. Orients , l r# an. (1901), n° 2, 
pp. 46-60, 288-298.] 


Bethléem et ses coutumes locales. 

[La Terre-Sainte , t. XIX, n° 2 
(15 janv. 1902), pp. 21-24.] 

Bigge (Oberst). — Ber Kampf um Can- 
dia in den Jahren 1667-1669. — Ber- 
lin, E.-S. Mittler u. Sohn, 1899, vi- 
113-227 pp. 

[ Kriegsgeschichtliche Einzel - 
schriften , Heft. 26.] 

Bigoni (G.). — Note ligustiche..., An- 
gelino dall' Orto... — Cf. Rev. de 
l'Or, lat.y VIII, 237. 

Comptes rendus : Biblioth. de V École des 
chartes, t. LX (1901), p. 658 (Ch. de La Roif- 
cifcnE). — Rev. stor. ital., t. XVI11 (nouv. sér. 
t. VI), 1901, pp. 139-142 (G. Mo.tticolo). 

BioypatpÉa twv 6o£wv tmv êv tip XdtajJiatTt, 
IxSiSdvcoç MavoirhX ’Iw. TEAEÛN. 

['O êv KitdXti iXXtiv. çtXoX. etAXdyoç. 
natpap?T t {ià tou xü'-xzt Tôjaou, 18%, 
pp. 105-110.] 

Contient une histoire abrégée de l’église 
d’Orient, de Constantin à Julien l'Apostat, épo- 
que où vécurent les saints originaires de la ré- 
gion d’Iconium,dont la vie est publiée ici d’après 
un ms. du Mont Athos (n° # pX[$'). 

Blanchet (Adrien). — Note sur l'ori- 
gine du gros tournois. 

[Acad, des inscr. et belles-lettres. 
Comptes rendus des séances de l'an- 
née 1901 , mars-avril, pp. 258-262.] 

Le gros tournois n’a nullement une origine 
orientale comme on l’a prétendu J il dérive du 
dernier tournois, face et revers. 

Blochet (Edg.). — Beux lettres iné- 
dites de Charles IX et de François , 
duc d'AnjoUyau sultan de Turquie. 

[Rev. histor ., t. LXXVII (nov.-déc. 
1901), pp. 308-319.] 

Ces deux lettres se trouvent dans le ms. latin 
17075 (fol. 93 et 103) de la Biblioth. nationale. 
Celle de Charles IX, dont ce ms. nous a conservé 
la minute, est une demande d’emprunt de deux 
millions d’or, adressée par le Roi au sultan Se- 
lim-Khan 11, en date du 2 janvier 1569. De la 
seconde, datée du 2 juillet 1578, ledit ms. con- 
tient l'original môme ; ce qui semble montrer 
qu’elle ne fut pas envoyée. François, duc d’An- 
jou, frère de Henri 111, y invite le sultan i dé- 
clarer la guerre à l’Espagne, tandis que le roi 


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256 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


de France dirigera une expédition contre les 
Flandres pour les enlever définitivement aux 
Espagnols. 

Blochet (Edg. ). — Les sources orien- 
tales de la Divine Comédie. — Paris, 
J. Maisonneuve, 1901, in-16, xvi- 
215 pp. 

[Cet ouvrage forme le t. XLI de 
la Collection : Les littératures popu- 
laires de toutes les nations. Tradi- 
tions, légendes , contes , chansons , 
proverbes , devinettes , superstitions.] 

Les légendes occidentales racontant des des- 
centes aux régions infernales, telles que celles 
de S. Paul, de S. Brendan, de S. Patrice, de 
S. Macairc, de Bernold, ainsi que les descrip- 
tions des enfers composées en Occident ont une 
origine arabe, mazdécnnc ou grecque. Elles ont 
passé en Europe ou par les grandes routes com- 
merciales, ou par la voie de Byzance ou par les 
récits des croisés. Dante, qui leur a emprunté 
certains traits, les a connues non pas dans leurs 
sources orientales, mais dans leurs adaptations 
latines, italiennes ou françaises. U a connu éga- 
lement par des traductions latines divers traités 
arabes d’astrologie et d’astronomie. Ce qu’il y 
a de nouveau dans le toès intéressant petit livre 
de notre collaborateur, ce n’est pas la constata- 
tion, déjà faite, des rapports existant entre la 
Divine Comédie et certaines légendes occiden- 
tales, mais la démonstration que ces légendes, 
au moins par leurs traits essentiels, viennent 
d’Orient. Pour mettre la chose en lumière, il 
fallait la connaissance intime, que possède 
M. Blochet, des littératures orientales. 

Bois (Jules). — Le patriarche Emma- 
nuel Thomas. — Avec un portrait. 

[La Terre-Sainte, 27®an.,t. XVIII, 
n* 2 4 (15 déc. 1901), pp. 372-373.] 

Note biographique sur le patriarche des 
Chaldéens, dont le sultan vient de confirmer 
l’élection après avoir refusé pendant trois ans 
de le reconnaître. Description sommaire de son 
diocèse et en particulier de la région de Mos- 
soul. 

Bourier (Le P. Hermann). — Ueber 
die Quellen der ersten Vierzéhn 
Bûcher des Jo. Malalas; 2*®* 
Theil. — Cf. Rev. de l'Or. lat. y VIII, 
674. 

Comptes rendus : Bysant. Zeitschr., t. X, 
n«* 3-4 (1901), pp. 598-611 (Edwin Patzig). — 
Berlin. Philol. Wochenschrift , t. XXI (1901), 
no 39, col. 1194-1195 (Th. Prkger). 

Boürrilly (V.-L.). — L'ambassade de 


La Forest et de Marillac à Constan- 
tinople (1535-1538). 

[Rev. histor ., t. LXXVI (juil.- 
aout 1901), pp. 297-328.] 

Important pour l’histoire des relations de 
François I« r et do Soliman. 

Boysson (R. de). — Bertrand de Bom 
et la 3 mt croisade. 

[Bulletin de la Soc. histor. du 
Périgord , t. XXIV (1897), pp. 145- 
173.] 

Braun (J.), S. J. — Die liturgische 
Gewandung in den Riten des Os- 
tens. 

[Stimmen ans Maria Laach, 
t. LIX (1900), n® 78, pp. 167-193.] 

Bréhier (Louis). — Le schisme orien- 
tal — Cf. Rev. de l'Or, lat ., VI, 

314, 577; VII, 617; VIII, 238, 575. 

Compte rendu : Bev. [belge] d'hist. ecclés ., 
t. 1 (1900), pp. 547-5*9 (A. Vaw Hovb). 

Bréhier (Louis). — Les caractères 
généraux et la portée de la réforme 
iconoclaste. 

[Rev. des cours et conférences , 
IX® an. (1901), n* 22, pp. 226-235.] 

Au point de vue politique, religieux, artis- 
tique, les iconoclastes sont do purs orientaux, 
et ce sont les doctrines déistes de l’Orient qu’ils 
ont voulu imposer à l'Europe et à la chrétienté. 

Bricarelli (Carlo), S. J. — Roma e Bi- 
sanzio nella storia delV architettura 
cristiana. 

[La Civiltà cattolica , ser. XVIII, 
vol. IV (1901), pp. 146-162.] 

Bridrey (Émile). — La condition juri- 
dique des croisés et le privilège de 
croix. — Paris, Giard et Brière, 
1900, in-8®, xix-271 pp. 

Très intéressant ouvrage sur un sujet qui 
n’avait point encore été traité avec un pareil dé- 
veloppement et à l aide d’aussi nombreux docu- 
ments. L’auteur étudie les conditions juridiques 
dans lesquelles le privilège de croix prise ou à 
prendre mettait les croisés. Ceux-ci, placés sous 
la protection de l'Église, n’étaient plus justi- 
ciables que des tribunaux ecclésiastiques : ils 


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BIBLIOGRAPHIE 


257 


échappaient i la justice séculière et même à la 
loi civile. 11 en résulta de nombreux abus, contre 
lesquels l'autorité laïque réagit tant qu’elle le 
put. Le privilège de croix, en effet, annulait au 
moins temporairement, pour ceux qui en béné- 
ficiaient, toutes sortes de contrats et d'obliga- 
tions antérieures. Aussi, nombre de gens se 
croisaient-ils pour se soustraire à des engage- 
ments qu’ils ne pouvaieut ou ne voulaient pas 
tenir, et, parmi ces débiteurs peu scrupuleux, 
beaucoup même faisaient en sorte d’ajourner 
indéfiniment leur voyage en Terre-Sainte. A 
cêté de ceux qui prenaient la croix volontaire- 
ment, il en était d’autres auxquels le pèlerinage 
en Palestine était imposé i titre de pénitence. 
C’était le cas, par exemple, ‘pour certaines des 
victimes de l’Inquisition. Le nombre toujours 
croissant de ces pèlerins nécessita l’établisse- 
ment de dispositions juridiques les concernant 
spécialement et par lesquelles était réglée leur 
situation non seulement à l’égard de leurs 
créanciers, mais envers leur suzerain, leur fa- 
mille, et en particulier leurs héritiers, lors- 
qu’eux- mêmes décédaient en cours de roule. 
M. Bridrey consacre une bonne partie de son 
livre à l’examen de ces règles, et i l’exposé des 
efforts que firent les tribunaux royaux pour 
substituer, À l’égard de cette catégorie de pri- 
vilégiés, leur propre juridiction i celle des tri- 
bunaux eeclésiastiques. Une fois cette substitu- 
tion opérée, le privilège de croix ne tarda pas 
à disparaître, du moins dans ce qu’il avait de 
par trop exorbitant. On conçoit d’ailleurs que 
l’Eglise ait opposé à ces efforts une résistance 
désespérée. Le maintien du privilège était 
pour elle une source de revenus considérables, 
tant en raison des nombreuses causes portées 
devant ses juges, que par suite du rachat des 
vœux de croisade dont ses agents bénéficiaient, 
et qu elle favorisa avec une abusive complai- 
sance. 

Brinkmann (Alignât). — Gregors des 
Thaumaturgen Panegyricus auf 
Origenes. 

[Rheinisches Muséum, t. LVI 
(1901), n« 1, pp. 55-76.] 

Étude philologique du texte de ce panégy- 
rique. 

Brockelmann (C.). — Dos Neujahrs- 
fest der Jezîdis. 

[ Zeitschr . d. deutschen morgenl. 
Gesellsch ., p.LV (1901), pp. 38&390.] 

Brock elmann (C.). — Ein Arabischer 
Bericht über Malta. 

[Zeitschr. d . deutschen morgenl. 
Gesellsch ., t. LV (1901), pp. 221-222]. 

L’auteur publie, d’après un manuscrit arabe 
de Berlin, le récit d’une fête de S. Jean, célébrée 

Riv. db l'Or, latin. T. IX. 


à Malte vers la fin du xvt« siècle, œuvre de So- 
liman, fils d’Ahmad al Gauharf, prisonnier des 
Chevaliers de S. Jean. 

Brooks (E. W.). — Byzantines and 
Arabs in the Time of the Early Ab- 
basids : II. Extracts from Al Bala- 
dhuri, The Frontier of Al Sham. 

[The English histor. Rev.. n° 61, 
vol. XVI, janv. 1901, pp. 84-92.] 

Brooks (E. W.). — The chronological 

Canon of James of Edessa 

Cf. Rev. de l'Or, lat., VII, 627. 

Compte rendu : Rev. de l'instr. publ. en Bel- 
gique, t. XL1II (1900), pp. 28-30 (M.A. Kociwer). 

Brooks (E. W.). — The chronological 
canon of James of Edessa. 

[Zeitschr. d. deutschen morgen - 
lànd. Gesellsch ., t. LIV (1900), n° 1, 

pp. 100-102.] 

Discute quelques-unes des observations faites 
par Fraenkel sur son édition du Canon chronol. 
de Jacques d’Édesse(cf. Rev. de l ür. lat. VU. 
623, 627). * 

Brooks (E. W.). — A syriac frag- 
ment. 

[Zeitschr. d. deutschen morgenl. 
Gesellsch ., t. LIV (1900), pp. 195-230.] 

Publie d’après le ms. Addit. 14642 du Musée 
britannique, avec traduction anglaise, un frag- 
ment de chronique syriaque embrassant les 
années 754-813. — Aux pp. 560-561 du mémo 
volume, on trouvera quelques notes de S. 
Fraenkel, sur l’édition donnée parE. W. Brooks. 

Brooks (E. W.). — On the date of the 
first four books of the continuator 
of Theophanes. 

[Byzant. Zeitschr ., t. X, n°* 3-4 
(1901), pp. 416-417.] 

Les quatre premiers livres du continuateur 
de Théophane ont été complétés non pas, comme 
on 1 a dit, après la mort de Nicéphore Phocas 
seulement, mais avant la mort de Cons- 
tantin Porphyrogénète. 

Brou (Alexandre). — V évangélisation 
de VInde au moyen âge. 

[Études publ. par des PP. de la 
Comp. de Jésus , t. LXXXVII 
(1901), 5 juin, pp. 577-605. 

17 


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258 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Sur les principaux missionnaires en Perse, 
Tartane, Inde, de S. Thomas i S. François 
Xavier. Il eût fallu citer, parmi les premiers, 
Jean du Plan Carpin et Simon de Saint-Quentin. 

Buechler (Ad.). — Une localité énig- 
matique mentionnée sur la mosaï- 
que de Madaba . 

[Rev. des èt. juives , t. XLII (1901), 
pp. 125-129.] 

Identification du Br,T0|J.ap?£& “fj xal 
Maiovpiaç de la carte mosaïque avec le Beit 
Marzeah biblique (Jérémie, XVI, 5). La tradi- 
tion populaire y plaçait la fameuse scène de 
la fornication d’Israél se laissant initier par les 
filles de Moab aux rites impurs de Baal Peor. 

La théorie de M. Bfichler est discutée dans la 
Rev. biblique internat. , t. XI, n* 1 (l* r janv. 
1902), pp. 150-151. Voy. aussi Clcrmont-Gan- 
neau, Recueil d’arc héol. orientale, t. IV, livr. 
22-23, § 64. 

Buhl (D r Fr.).— Studien sur Topogra- 
phie des nôrdlichen Ostjordan- 
landes. — Leipzig, A. Deitertsche 
Verlagsbuchhandlung, 1894, in4°, 
20 pp. — Cf. Rev. de l'Or, lat., IV, 
440. 

Compte rendu : Rev. internat, de théol ., 3« 
an. (1895), p. 175 (F. Lauchbrt). 

Bury (J. B.). — An unpublished poem 
of Nicephorus Blemmydes . 

[ Bysant . Zeitschr., t. X, n 0# 34 
(1901), pp. 418424.] 

L’objet de ce poème ne se laisse pas voir très 
clairement. M. Bury pense qu’il fut écrit vers 
1239 et adressé à l’empereur Jean Vatacc à l’oc- 
casion de la mort de sa femme Irène. 

Butler (A.-J.). — On the identity of 
« Al-Mukaukis » of Egypt. 

[Proceedings ot the Soc. of. Bibli- 
cal Archaeol., juin 1901, pp. 275- 
290. — Tir. à part : Londres, 1901, 
in-8°, 16 pp.] 

Ce personnage, qu’on n’avait pu identifier 
jusqu’ici, ne serait autre que l’évéque Cyrus, qui 
fut nommé par l’empereur Heraclius, arche- 
vêque d'Alexandrie et vice-roi d’Égypte. 

Compte rendu : Rev. de l’Or, chrét., VI* an. 
(1901), n # 4, p. 653 (L. Clucket). 

Butler (Howard Crosby). — Voy. 
Crosby Butler (H.). 


Casanova (P.). — Le titre de Khalil 
émir el Moumenin donné à el-Ma - 
lek el-Adel. 

[Le moyen âge , 7* an. (1894). 
pp. 129-130.] 

Dans le débat qui s'est élevé il y a quelques 
années sur le changement de direction de la 
4*« croisade, on a fait état do cette circons- 
tance que le sultan d’Égypte Malek el-Adel pre- 
nait le titre de khalil émir el-Moumenin dans 
ses traités avec les Vénitiens, alors que, d’après 
Abulféda, le titre en question ne lui aurait été 
donné qu’en 604 de l’hégire (1207-1208). Les 
uns en concluaient qu’AbuIféda s’était trompé, 
les dits traités étant, selon eux, antérieurs 
certainement à 1207-1208, les autres se fon- 
daient sur le passage d' Abulféda pour déclarer 
les traités postérieurs à l’an 604. Or, M. Casa- 
nova a relevé sur les murs de la citadelle du 
Caire une inscription de l'année 579 de l’hégire 
(1183-4) dans laquolle le titre ci-dessus est 
appliqué à Malek el-Adel, alors héritier présomp- 
tif de Baladin. Sa présence dans les traités 
avec les Vénitiens ne peut donc rien nous 
apprendre sur la date de ces traités. 

Chalandon (Ferd.). — Essai sur le 
règne d'Alexis Comnène... — Cf. 
Rev . de l'Or, lat., VIII, 239. 

Compte rendu : Bullet. crit ., 25 avril 1901, 
2« sér., t. Vil, pp. 232-237 (Al. Vogt). — Anal. 
Bolland., t. XX (1901), pp. 329-330. — Rev. 
de l’Or, chrétien , t. VI (1901), n* I, pp. 154- 
156 (J. de LAYionvcnn). 

Charmetant (Félix). — La situation 
en Arménie. 

[Œuvre des éqples S Orient, n* 248 
(janv.-févr. 1902), pp. 601-606.] 

Charmetant (Félix). -- Le protectorat 
français et les chrétiens indigènes. 

[Œuvre des écoles d'Orient, n° 248 
(janv.-févr., 1902), pp. 610-612.] 

Charon (J.). — L'église grecque mel- 
chite catholique (869-1724). 

[Échos cC Orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 268-275, 325-333; t. V (1901-1902), 
pp. 18-25, 82-89, 141-147, 203-206, 
264-270, 333-343]. 

Chauvin (V.). — Bibliographie des 
ouvrages arabes ou relatifs aux 
Arabes, publiés dans l'Europe chré- 
tienne de 1810 à 1885. T. IV et V. Les 


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BIBLIOGRAPHIE 


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Vaillant-Car manne ; Leipzig, O. Har- 
rassowitz, 1900et 1901, in-8®, 228 et 

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1901, n° 21 (27 mai), p. 406 (Gaudefroy Demox- 

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Chebli (Le P.). — Notes archéolo- 
giques recueillies dans le district 
de Botrys-Batroun ( Mont-Liban ). 

[Rev. biblique internat ., X° an., 
n° 4 (1 m oct. 1901), pp. 583-591.] 

Chemin {Le) de fer de Bagdad. 

[La Terre-Sainte , XXVIII® an., 
t. XIX, n® 11 (1 er juin 1902), pp. 164- 
166.] 

Chestret de Hàneffe (Baron de). — - 
L'ordre du Temple dans l'ancien 
diocèse de Liège ou la Belgique 
orientale. 

[Compte rendu des séances de la 
Commission royale d'histoire de 
Belgique , t. LXX (5® sér., t. XI), n® 3 
(1901), pp. 297-348.] 

Établissements et biens de l’Ordre dans cette 
région. 

Chevalier (Ulysse). — Étude critique 
sur Vorigine dit saint Suaire de 
Lirey - Chambéry -Turin. .. — Cf. 
Rev. de l'Or, loi., VIII, 239. 

Compte rendu : Biblioth. de l’Ec. d. Char- 
tes, t. LXII, 3* livr. (mai-juin 1901), pp. 280- 
283 (A. Brükl). — Bullet. monum., t. LXV 
(1901), pp. 408-410 (Louis Serbat). 

Chevalier (Le chanoine Ulysse). — 
Le saint Suaire de Lirey-Cham- 
bèry-Turin et les défenseurs de son 
authenticité . — Paris, A. Picard, 

1902, in-8®, 41 pp. 

[Biblioth. liturgique , t. V, 3® livr.] 

Contre le travail du P. Saxxa Solaro. cité 
ci-dessous. 

Chevrillon (André). — En Syrie... 
— Cf. Rev. de l'Or, lat ., VIII, 239. 
L'article annoncé en cet endroit est un ti- 


259 

rage à part du Bulletin de la Soc. normande 
de géogr ., t. XX (1898), pp. 18-42. 

Christen d’Andermatt (Le P. Ber- 
nard). — Vie de S. François cC As- 
sise, 2® éd., trad. par un Tertiaire de 
l’ordre de Saint-François. — Paris, 
1901, in- 12, 2 vol., vin-324 et 328 pp. 

[Nouv. Biblioth. franciscaine , 
l r ® sér., t. I et IL] 

Christologie (Die) der Tempelgesell - 
schaft mit ihren Voraussetzungen 
und Konsequenzen , oder die Lehre 
der Tempélgesellschaft von Gott, 
Christus, Siïnde und ErlÔsung. — 
Die Stellung der Tempelgesellschaft 
ztt Priestertum und Jugenderzie- 
hung. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
57, n os 37, 39-40 (12 et 26 sept., 3 oct. 
1901), pp. 291-294, 308-309, 316-317.] 

Chronique d’Antonio Morosini. Ex- 
traits relatifs à l'histoire de France 
... Texte établi et traduit pour la 
Soc. de l’hist. de France par L. Do- 
rez. Tome II et III (1414-1433). — 
Paris, Renouard, 1899-1901, in-8°, 
355 et 392 pp. 

Sur le I #r volume, voy .Bev. Or. lat., t. VII, 
pp. 619-620. Les deux volumes annoncés ici ne 
contiennent que quelques brèves mentions sur 
les affaires d’Orient. 

Clermont-Ganneau (Ch.). — Recueil 
d'archéologie orientale. Tome IV 
livraisons 16-26. — Paris, E. Le- 
roux, 1901, in-8®. 

Ces livraisons contiennent les articles sui- 
vants : § 48 : Un sceau des croisades apparte- 
nant à la Léproserie de Saint-Lazare de Jé- 
rusalem (pp. 242-246) ; avec une reproduction 
en héliogravure. L'auteur donne en outre les 
renseignements qu’il a recueillis sur le* deux 
léproseries de Jérusalem, celle des hommes et 
celle des femmes. — § 49. Le trône et l’autel 
chez les Sémites (pp. 247-250). — § 50. Le 
peuple des Zakkari (pp. 250-254).— §51. Sur 
quelques cachets israêlites archaïques (pp. 255- 
261). — § 52. Dolmens et monuments de 
pierres brutes en Palestine (pp. 261-262) ; à 
propos d’un article du P. Vincent dans la Rev. 
biblique , 1901, pp. 278-298 (cf. Bev. de l'Or, 
lat. y VII, 601). — § 53. Bostra et son mur 
cC enceinte nabatéen (pp. 262-263). — § 54. 


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260 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Sur quelque s nome de vêtements chez les 
Arabes en Palestine (pp. 264-265). — § 55. 
Urne punique avec inscription à l’encre 
(pp. 265-271). — § 56. La carte de la Terre 
Promise d’après la mosaïque de Madaba 
(pp. 272-283) ; l'auteur discute diverses iden- 
tifications de noms de lieux proposées par 
A. Schulten (cf. Rev. de l’Or. lat. y VIII, 598) ; 
d'autre part et contrairement à l'opinion de 
celui-ci, qui voyait dans la carte de Madaba un 
ex-voto de pèlerin, il incline à croire que le mo- 
saTste a simplement voulu représenter la Pales- 
tine telle que la vit Moïse alors qu'étant monté 
sur le Mont Nebo, voisin de Madaba, il contem- 
pla cotte Terre Promise, où lui-même ne devait 
pas entrer. — § 57. La destruction du Saint- 
Sépulcre par le calife Hàkem et l’inscrip- 
tion coufique de la basilique de Constantin 
(pp. 283-287) : se fondant sur ce fait que les ca- 
lifes fatimites portèrent le titre spécifique de 
el Hadhrat el-Mouttahara (= la Majesté pure), 
employé également dans la susdite inscription 
pour désigner l'autorité de qui émanait la dé- 
fense aux chrétiens de franchir l’enceinte d'un 
certain sanctuaire musulman, l’auteur pense 
que cette défense doit être mise sur le compte 
d’un prince fatimite, et non d'un abbasside, 
comme il l'avait supposé tout d'abord, et il n’est 
pas éloigné de l’attribuer au fameux H&kem. — 
§ 58. Inscription romaine de Niha (pp. 288- 
289) ; cette inscription émane d’un prêtre d'Au- 
guste (Quintus Gessius Petilianus ?), décurion 
et questeur, appartenant à la colonie romaine 
de Béryte. — g 59. Le droit des pauvres et le 
cycle pentaétérique chez les Nabatéens 
(pp. 289-319). — § 60. Les cerfs man- 
geurs de serpents (pp. 319-322) ; & pro- 
pos d'un passage de Josèphe, où il est dit que 
1' « ibis est un animal très ennemi des ser- 
pents, qui s’enfuient quand il fond sur eux, et, 
s’ils résistent, ils sont saisis et engloutis comme 
par des cerfs (xafidbtep Oit’ éXi<pwv) ». 
On a proposé diverses corrections pour rem- 
placer l’expression quelque peu surprenante 
comme par des cerfs. M. Clermont-Ganneau 
montre pourquoi au contraire elle doit être 
maintenue. — § 61. Notes de mythologie sémi- 
tique (pp. 323-325). — $ 62. La stèle phéni- 
cienne d'Amrith (pp. 325-337). — § 63. Le 
culte sur les toits chez les Sémites (pp. 338- 
339). — § 64. Betomarsea-Maioumas et les 
fêtes orgiaques de Baal-Peor (pp. 339-345). 
— § 65. La mosaïque hébraïque de Kefr 
Kenna ; avec un plan (pp. 345-360). — § 66. 
Lecture rectifiée des inscriptions no* 3345, 
3146 et 3009 de Waddington (pp. 361-372). — 

§ 67. Nouvelles observations sur la mosaïque 
hébraïque de Kefr- Kenna (pp. 372-373). — 
f 68. Un thiase palmyrénien (pp. 374-381). — 
f 69. Le dieu nabatéen Cha(’al-Qaum( pp. 382- 
402). 

Clos (D r E. M.). — Grab und Kreuz 
Jesu... — Cf. Rev. de l'Or, lat ., VII, 
620 . 


Comptes rendus : AUgem. Litteraturbl ., 1901 , 
n» 10, p. 291 (W. A. Nedmaiw). — Stud. u Mit- 
theil , aus demBened. u. dem Cisterc . Orden, 
XXI» an. (1900), pp. 164-167 (P. G. Allmaicg); 
l’auteur de ce dernier compte rendu disserte 
sur la forme de la croix sur laquelle J.-C. fut 
crucifié. 

Clugnet (Léon). — Voy. Vie et récits . 

Cogo (G.). — La guerra di Venezia 
contro i Turchi , 1499-1501. — Ve- 
nezia, Vizentini, 1899, in-8«. 

Compte rendu : Riv. stor. ital., t. XVII 
(nouv. sér., t. V),fasc. 3-4, pp. 236-237 (A. Bat- 
tistella). 

Combes (Louis de). — Enfouissement 
et découverte de la vraie Croix , du 
Calvaire et du Saint-Sépulcre . 

[L* Université catholique , nouv. 
sér., t. XXXVI (1901), pp. 5-44.] 

Combes (Louis de). — La légende du 
bois de la Croix . 

[UUniversitè cathol ., nouv. sér., 
t. XXXVI (1901), pp. 425435.] 

Combes (Louis de). — Sainte Hélène 
et les reliques de la sainte Croix de 
Jérusalem. 

[U Université catholique , nouv. 
sér., t. XXXVII (1901), pp. 536-556; 
t. XXXVIII (1901), pp. 66-92. — Tir. 
à part : Lyon, imprim. Vitte, 1901, 
in-8 # , 48 pp.] 

Rien de nouveau. 

Ccntenson (Ludovic de). — Au nord 
de la Syrie. 

[Nouv. Revue , l* r oct. 1899, pp . 415- 
438.] 

Contenson (Ludovic de). — Panisla- 
misme et nationalités en Orient. 

[Le Correspondant , 25 mai 1900, 
t. CXCIX, pp. 732-748.] 

Contenson (Ludovic de). — Chrétiens 
et Musulmans. Voyages et études • 
Avec une préface de Jules Lemaî- 
tre. — Paris, Plon et Nourrit, 1901, 
in-16, xv -280 pp. et 2 cartes. 

Comptes rendus : Rev. d’hist. dipl ., t. XV 


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BIBLIOGRAPHIE 


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Terre-Sainte , 27«an., t. XVUI, n* 14 (15 juil- 
let 1901), pp. 211-213 (E. M de Vocü*). 

Conybeaee (F. C.). — The date of 
Moses ofKhoren. 

[Byzant. Zeitschr., t. X, n°» 3-4 
(1901), pp. 489-504.] 

L'article de M. Conybeare est dirigé contre 
les conclusions de M. Carrière qui place au 
vui* siècle la composition de YHUtoire d’Ar- 
ménie de Moïse de Khoren. M. Conybeare s’é- 
tait d'abord rangé à cette opinion ; il en est re- 
venu après nouvel examen de la question, et il 
est d’avis qu'il faut s’en tenir & la date tradi- 
tionnelle du milieu du v« siècle. 

Conybeare (F. C.). — On the date of 
composition of the Paschal Chro - 
nicle . 

[The Journal of theolog. Studies, 
t. II (1901), pp. 288-298.] 

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tional des orientalistes, onzième 
session . 

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[Bull, de géogr. hist. du Comité 
des trav . hist . et scient., 1899, pp. 435- 
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Corraze (R.). — Monographie de la 
commanderie de Caignac, ordre de 
Malte. — Toulouse, Douladoure- 
Privat, 1901,in-8°, 192 pp. 

Coup d'œil sur VÉglise jacobite d'au- 
trefois et d'aujourd'hui. 

[La Terre-Sainte , 28« an., t. XIX, 
n* 10 (15 mai 1902), pp. 150-152.] 

Coüret (Le comte). — La France en 
Terre - Sainte à la fin de 1897 . 

[Le Correspondant , 25 décembre 
1897, t. CLXXXII, pp. 1160-1188.] 

. Sur les institutions placées sous le protecto- 
rat de la France, en Palestine et Syrie. 

Coüret (Le comte). — Notice histo- 


261 

rique sur l'ordre du Saint-Sépulcre 
de Jérusalem, 1099-1901. 

[La Terre-Sainte, Tl* an., t. XVIII, 
n 08 12, 15, 20, 21 (15 juin, 1 er août, 15 
oct., 1« nov. 1901), pp. 188-191,234- 
237, 316-318, 331-334; t. XIX, n® 8 1, 2, 
3, 4, 6, 7 (1 er et 15 janv., 1 er et 15 
févr., 15 mars, 1 er avril 1902), pp. 
14-15, 27-29, 44-47, 5&-61, 95-96, 109- 
111 .] 

Suite de l’article signalé dans la Rev. de l’Or . 
lat., t. VIII, n«* 3-4, pp. 578-579. 

Coutard (A.) et Jaguelin (R.). — -Les 
seigneurs manceaux à la troisième 
croisade , 1190-1192. 

[La province du Maine, févr. 1901, 
t. X, pp. 71-74.] 

Crescini (V.). — Rambaut de Vaquei - 
ras... — Cf. Rev. de VOr. lat., VII, 
p. 620; VIII, p. 579. 

[Annales du Midi ... — Tir. à part, 
Toulouse, Privât, in-8% 83 pp. et 
plan.] 

Crescini (V.). - Rambaldo di Va- 
queiras a Baldovino imperatore. 

[Atti del reale Istituto Veneto di 
scienze, lettere ed arti , anno acade- 
mico 1900-1901, t. LX, parte 2*, 
pp. 861-919. — Tir. à part, Venezia, 
1901, in-8°.] 

Commentaire d’une pièce de vers adressée 
par Rambaud de Vaqueiras i G. de Villehar- 
douin et à Milon do Brabant, dans laquelle il 
reproche à l’empereur Baudouin sa mollesse 
et l’invite à terminer la croisade en conqué- 
rant le S. Sépulcre. Celte pièce doit avoir été 
composée vers juin-juillet 1204. Elle a été pu- 
bliée récemment avec beaucoup d’autres par 
M. G. Berloni dans les Studi di filologia ro- 
manza , vol. VIH (1899-1901), pp. 420 et suiv. 

Crivellucci (A.). — La chiesa di Ro- 
ma e l'Impero nella questione mo- 
notelilica. 

[Studi storici , t. IX (1900) v pp. 351- 
388, 417-447.] 

Crosby-Butler (Howard). — Report 
of an American archeological ex- 
pédition in Syria , 1899-1900. 


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262 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


[Jotim. of the archeol. Institute 
of America, t. IV (1900), pp. 415- 
440.] 

Voyage entrepris par quatre savants améri- 
cains, R. Garretl,W. K. Prentice, E. Littmannet 
H. Crosby-fiuller, à l'effet d'explorer à nouveau, 
au point de vue topographique, épigraphiquo et 
archéologique, la région décrite par le marquis 
de Vogüédans sa Syrie Centrale. Les localités 
visitées pendant Us années 1899 et 1900 ont 
été Beirout, les environs d'Alep, Homs, Apa- 
mée, Palmyre, le Hauran. 

Crosnier (Abbé Alexis). — Jérusa- 
lem ; impressions d'un pèlerin. 

[Rev. des Facultés cathol. de 
l'Ouest, 8 e an., (1899), pp. 469-502.] 

Cumont (Franz). — L'inscription 
d'Abercius et son dernier exégète. 

[Rev. de l'instruct. publ. en Belgi- 
que , t. XL (1897), pp. 89-100.] 

A propos du livre d'Albrecht Dietcrich, Die 
Grabschrift des Aberkios ; Leipzig, Teubner, 
1896, in-8\ 

Dahan (Nicolas). — La Cilicie et 
l'église de Tarse. 

[La Terre-Sainte , t. XIX, n° 1 
(I er janv. 1902), pp. 4-7.] 

Dalman (Gus* H.). — Voy. Palüsti - 
nischer Biioan. 

Dàvid-Bey (Le Melik Serge des). — Lou- 
ciniank [Les Lusignan ]. — Vienne, 
Imprimerie des PP. Mekhitaristes, 
1900, in-8°, iv-144 pp. — En armé- 
nien. 

L'auteur publie quelques pièces arméniennes 
concernant les Lusignan d'Arménie et de Chy- 
pre, accompagnées de diverses notices sur le 
même sujet ainsi que sur les princes actuels de 
Lusignan, prétendus héritiers des anciens rois 
d’Arménie. 

Delau (V.). — Monastères palesti- 
niens au v® siècle. 

[Bull, de littéral, ecclésiast. , publ. 
par l'Institut catholique de Tou- 
louse, t. 1 (oct. et nov. 1899), pp. 233- 
240, 269-281.] 

Delis (Io. N.). — Oî r«TeXoCÇot h 


A«ff6c{>, 1355-1462. —Athènes, Joannès 
Nicolaïdès, 1901, in-8°, 86 pp. 

Histoire sommaire de la maison des Gattilusi, 
seigneurs de Lesbos. Rien de nouveau. 

Delmas (F.). — Remarques sur la Vie 
de Sainte Marie V Égyptienne. 

[Échos d’Orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 35-42.] 

La Vie de sainte Marie l’Égyptienne attribuée 
à Sophronius de Jérusalem ne serait, dans ses 
lignes principales, qu’une imitation de celle de 
S. Paul de Thèbes, et, au point de vue de la 
forme, qu’un développement de rhéteur de la 
Vie de sainte Marie insérée par Cyrille de Scy- 
thopolis dans les Actes de S. Cyriaque. 

Id. — Encore sainte Marie V Egyp- 
tienne. 

[Md., t. V (1901-1902), pp. 15-17). 

Nouveaux arguments en faveur de la se- 
conde conclusion formulée dans l’article pré» 
cèdent. 

Deplaissan (Paul). — La politique 
russe dans la Palestine et la Syrie . 

[Échos d'Orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 202-212, 275-282.] 

Depont (Octave) et Talàyrach <TEck- 
ardt (I.). — Panislamisme et pro- 
pagande islamique. 

[Rev. de Paris, 15 nov. 1899, 4® an. 
t. VI, pp. 229-260.] 

Des Marez (G.). — Note sur une 
charte de Robert II de Jérusalem. 

[Académie royale de Belgique , 
Compte rendu des séances de la 
commission roy . d'histoire, t. LXX 
(1901), n° 3, pp . 349-378.] 

Cette charte, datée de 1101, en faveur de 
Saint- Donatien de Bruges, n’était connue jus- 
qu’ici que par une copie du xv* siècle des ar- 
chives d’Ypres et deux éditions peu correctes. 
L'original vient d’être retrouvé dans la suc- 
cession de feu Ernest Dubois, avocat à la Cour 
d'appel de Gand : il provient des archives de 
S. Donatien. M. Des Marez lui consacre Han» fo 
présent article une étude de diplomatique et il 
en donne une nouvelle édition. La suscription et 
le début du préambule sont ainsi conçus : « Ego 
Rotbertus, dei gratia Flandrensium raarchio, 
comilis Roberti agnomine Frisonis filius, Jhe- 
rosolimitane vie cursu desider&bili mihi gratia 
favente peracto » 


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BIBLIOGRAPHIE 


263 


Dbubner (Ludovicus). — De incuba- 
tione capita quatuor .... — Cf. Rev, 
de l’Or, lat ., VIII, 580. 

Compte rendu: Anal. Bolland., t. XX (1901), 
fasc. 3, pp. 324-326. 

Dialog ( Der ) des Adamàntius, IIcpl T*iç 
cU 0*4v ôpOfy; «tortue ; herausg. von 
D* W. H. van de Sandr Bakhuysbn. 
— Leipzig, Hinrichs, 1901, in-8*, lvii- 
256 pp. 

Compte rendu : Bev. biblique internat., 
X* an., n* 4 (l« r oct. 1901), pp. 622-623 
(Th. Calmks). 

Le dialogue dit d’Adamantius n'est très pro- 
bablement pas d’Origdne, comme on l'a supposé 
longtemps, car les doctrines qui y sont expo- 
sées ne s’accordent pas avec celles de ce Père. 
L'œuvre doit avoir été composée vers l'an 300 ; 
mais il est impossible d'en identifier l'auteur. 

Diehl (Charles). — Les études byzan- 
tines en France. 

[Rev. encyclop ., t. IX (1899), 
pp. 181-184.] 

Diekamp (Fr.). — Sancti Eucherii 
Lugdunensis episcopi « Epitome 
opertim Cassiani » : eine moderne 
Titélfülschung. 

[RÔmische Quartalschr ., t. XIV 
(1900), pp. 341-355.] 

L'écrit publié sous ce titre dans la Patrol. 
lat. de Migne (t. L, p. 867), n'est qu’une ver- 
sion latine des Epistolae du Pseudo-Atbanase 
i Castor, que Montfaucon a éditées en partie. 

Diekamp (Fr.). — Die origenistischen 

Streitigkeiten — Cf. Rev . de l’Or. 

lat., VIII, 242. 

Bev. [belge] d’hist. ecclésiast., I, n* 3(1900), 
pp. 522-527 (A. Labbau). — Écho» d“ Orient, 
t. IV, n« 6 (août 1901), pp. 377-379. 

Diekamp (Fr.). — Zur Chronologie 
der origenistischen Streitigkeiten 
im VP 00 Jahrhundert. 

[Histor. Jahrbuch , t. XXI (1900), 
pp. 743-757.] 

L’auteur défend contre M. JQlicher (cf. ci- 
dessous sub v.) les conclusions exposées par 
lui dans un précédent travail ( Die Origenistis- 
chen Streitigkeiten; cf. Bev. de l'Or, lat., 
VIII, 242) au sujet de la mort de S. Sabas, 
qu’il fixe au 5 décembre 532, alors que M. Jfili- 
cher la fixe au 5 déc. 531. 


Dieterich (K.). — Zu den lateinisch- 
romanischen Lehnwortem im Neu- 
griechischen. 

[Byzant. Zeitschr ., t. X, n°* 3-4 

• (1901), pp. 587-596.] 

Dmiteyevsky (À.). — Les plus an- 
ciens Typica patriarcaux , celui de 
Jérusalem [du S. Sépulcre) et celui 
de Constantinople [de la grande 
Église). — En russe. 

[: Travaux de VAcad. ecclésiast. de 
Kiev , sept. 1900, pp. 58-117; janv. 
1901, pp. 34-36.] 

Suivant l'auteur, le Typieon de Jérusalem 
aurait été formé au milieu du vi a siècle, et au- 
rait été pratiqué jusqu'au début du xi« siècle. 

Dobschütz (Ernst von). — Christus - 
bilder. Untersuchungen zur christ- 
lichen Legende.— Leipzig, J. C. Hin- 
richs, 1899, xn-294-356 et 357 pp. 

[Texte u. Untersuchungen zur 
Gesch. d. altchristl. Litteratur , 
herausg. von O. v. Gebhardt u. Ad. 
Harnack, N. F., t. III.] 

Compte rendu : Byzant. Zeitschr., t. XI 
(1902), pp. 170-178 (A. JShrhard). 

Documenti Reggiani sul cardinal Bes- 
sarione. 

[Bessarione, t. IX (1901), pp. 161- 
166.] 

Dohna (H. comte de). — Kreta unter 
dem Banner von S. Marco. 

[Nord und Süd , t. XCVII (1901), 
pp. 174-197.] 

Dolberg (Ludwig). — Die Reliquie 
vom hl. Kreuzholze im ehem. Klos- 
ter « Zum hl. Kreuze », in Rostock. 

[Sfwd. u. Mittheil. aus d. Bened.u. 
d. Cisterc. Orden , XX e an. (1899), 
pp. 454-458.] 

Relique rapportée de Rome, dans la seconde 
moitié du xui* siècle par Marguerite, femme de 
Christophe I, roi de Danemark, et donnée par 
elle & un couvent de femmes qu’elle avait fondé 
à Rostock. 

Dorez (L.). — Le congrès des orien- 


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264 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


talistes . Onzième session , Paris 
i897. 

[Rev, des bibliothèques , 7* an 
(1897), pp. 343-358.] 

Dræseke (J.). — Theophylahtos 1 
Schrift gegen die Lateiner . 

[Byzant. Zeitschr ., t. X, n" 3-4 
(1901), pp. 515-529.] 

L'auteur explique la genèse de cet ouvrage et 
en donne une courte analyse. 

Drapeybon (L.). — Questions (V Orient 
et questions d* Occident . 

[Rev. de géogr. t t. XLI (juil. 1897), 
PP- 1-7.] 

Aperçu sommaire des diverses questions dont 
se compose la question d’Orient ; l'auteur s’oc- 
cupe spécialement ici des visées des Grecs. 

Dücatel (L’abbé F.). — Vie de Sainte 
Ide de Lorraine, comtesse de Bou- 
logne. — Lille et Paris, Desclée, de 
Brouwer et C*«, 1900, in-8°, 239 pp., 
avec grav. 

Bon ouvrage de vulgarisation. Recension : 
Anal. Bolland., t. XX (1901), p. 349. 

Dückworth (Rev. H. T. F. ). — S. John 
the Almsgiver, patriarch of Alexan- 
dria. — Oxford, B. H. Blackwell, 
1901, in-12, 30 pp. 

L'auteur traite entre autres choses des fon- 
dations de S. Jean l'Aumônier à Jérusalem. Rat- 
tachant & ces fondations les origines de l’Hô- 
pital, il est d’avis que S. Jean l’Aumônier est 
bien le premier patron des Chevaliers de Saint- 
Jean de Jérusalem. En cela, il a probablement 
raison (cf. ce que je dis à ce sujet dans Rev. 
Or. lat., t. IV, p. 414). Il est f&cheux qu’en 
étudiant la carrière dudit patriarche, M. Duck- 
worth ait ignoré que lo texte grec de sa Vie 
par Leonlius avait été publié, dès 1893. nar 
H. Gelxer. 

Dufey (A.). — Controverse entre 
S. Jérôme et S. Augustin d'après 
leurs lettres. 

[Rev. du clergé français , t. XXV 
(1901), pp. 141-149.] 

Sur les lettres qu'échangèrent ces doux Pères 
de 397 à 405, c esl-à-dire pendant le séjour de 
S. Jérôme en Palestine. 


Durenges (Abbé). — L'état social de 
la France au temps des croisades , 
par L. Garreau. 

[Revue de l'Agenais , t. XXVI 
(1899), pp. 186-192.] 

Sur l’ouvrage de L. Garreau, voy. Rev. Or. 
lat., vil, 624 ; vm, 244, 583. 

Düssaud (René) et Maclrr (Fréd.). — 
Voyage archéologique au Safâ et 
dans le Djebel-ed-Drûz. — Paris, 
E. Leroux, 1901, in-8», 234 pp.; 
17 pl. et 12 gravures. 

DussAUD(René). — Histoire et religion 
des Nosairls.... — Cf. Rev. Or. lat., 
VIII, 582. 

Comptes rendus : Zeitschr. d. deutschen 
Pal. Vereins , t. XXIV (1901), pp. 186-194 
(Martin Hartmann). — Rev. crit. d'hist. et de 
litt., 1901, n» 36 (9 sept.), pp. 184-186 (R. D). 

Duval (Rubens). — La littérature sy- 
riaque; 2* éd — Cf. Rev. de l'Or. 

lat., VIII, 582. 

Comptes rendus : Rev. d’hist. ecclés., 1900, 
pp. 99-101 (P. Prktkrs). — Rev. de l’Instruct. 
publ. en Belgique , t. XLHI (1900), pp. 326-3*8 
(M. A. Kügenkr). 

Duvivier (Charles). — Note sur l'aban- 
don du style de Pâques dans les 
chartes de Baudouin de Constanti- 
nople. 

[Acad. roy. de Belgique. Compte 
rendu des séances de la comm. roy. 
d'hist., t. LXX (1901), n* 1, pp. 37-43.] 

L’abandon est certain pour l’année 1202, et 
remonte probablement à l’année 1200. Elu em- 
pereur de Constantinople le 9 mai 1204, Bau- 
douin reprit d'ailleurs le style de Pâques, 
ainsi que l'attestent sept chartes où il prend le 
titre d’empereur et qui sont datées de févr. et 
mars 1204. 

Dzavakhov (J.). — La prédication de 
l'apôtre S. André et de Nina 
chez les Grouses. 

[Joum. (russe) du ministère de 
l'instr. publ., t. CCCXXXJII, janv. 
1901, pp. 77-113.] 

Ecclesiastical history (The) of Eva- 
grius... edited... by J. Bidez and 


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BIBLIOGRAPHIE 


L. Parmentier... — Cf. Rev. de l’Or, 
lat., VII, 354. 

Compte rendu : Aev. erit. d'hitt, et de litt . , 
1899, no 52. 

Eckardt (J. T. von). — Panislamis - 
mus und islamitische Mission. 

[Deutsche Rundschau , 1899, j an v., 
t. LXXXXVIII, pp. 61-81.] 

Eckhàrdt (J. T. von). — Islamitische 
Reformbestrebungen der letzten 
hundert Jahre . 

[. Deutsche Rundschau, 1900, juil., 
t. CIV, pp. 39-61.] 

Ehrhard (A.). — Die orientalische 
Kirchenfrage und Oeèterreichs Be- 
ruf in ihrer LÔsung . — Wien u. 
Stuttgart, J. Roth, 1899, in-8% 76 pp. 

Compte rendu : Stud. h. Mittheil. aus dem 
Bened. u. d. Cisterc. Orden, XX • an. (1899), 
p. 722 (D r Hafkkr). — Aev. bénéd. de l'abbaye 
de Jfaredsous, 1899, n« 6. 

Ehrhard (A.). — Zu den « Sacra 
Parallela » des Johannes Damasce - 
nus und dem Florilegium des 
Maximos. 

[Byzant. Zeitschr., t. X, n 08 3-4 
(oct. 1901), pp. 385-393.] 

h» « Sacra Parallela > sont bien l’œuvre 
de Jean Damascène. Quant i Maximu», qui n'a 
rien à voir avec Maximus Confessor et qui 
vivait ver» la fin du ix* siècle, il s’est servi de 

, l’œuvre de Damascène pour composer ses 
'ExXoyaC. 

Élection ( L ’) du catholicos arménien 
de Sis et sa récente démission. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n° 2 (15 janv. 1902), pp.. 20-21.] 

Emerich (D r P.). — Szent Bernât 
Clairvauxi apdt èlete ès müvei [S. 
Bernard de Clairvaux ; sa vie et 
ses oeuvres ], publ. en mémoire du 
800“« anniversaire de la fondation 
de Tordre de Citeaux par Edmond 

, Vajda, abbé de Zircz. — Budapest, 
F. Pfeifer, 1899, 2 vol. in-8®. 

En Arménie. Coup d’œil explicatif des 


265 

massacres et de la situation ac- 
tuelle. 

[La Terre-Sainte , 28® an., t. XIX, 
n® 9 (1« mai 1902), pp. 132-136.] 

Endl (P.). — Die Türkengefahr in 
den Jahren 1593-1598 und die Stadt 
Hom. 

[Blütter d. Vereines f. Landes- 
hunde von Nord-Oesterreich, 34* 
année (1900), pp. 154 et suiv.] 

Enlàrt (C.). — Note sur une nouvelle 
découverte de monuments gothiques 
à Nicosie de Chypre. 

[Acad, des Inscr. et B. Lettres. 
Comptes rendus des séances de Van. 
1901 , séance du 22 févr.,pp. 160-163]. 

Il s’agit de la découverte des ruines de 
l'église de Saint- François, dont il a été question 
daos la Aeo. de VOr. lat., VIII, 608. 

Enlart (C.). — Les monuments et 
souvenirs nationaux à V étranger. 
Église cathédrale Saint-Nicolas à 
Famag ouste (Chypre), bâtie à la 
mode champenoise. 

[L’Ami des monuments et des 
arts, t. XIII (1899), pp. 31-45.] 

Enlart (C.). — L’art gothique ... — 
Cf. Rev. de l’Or, lat., VII, 355. 

Compte rendu : Aev. erit. d’hitt. et de 
litt., XXXIV- an., 1900, n» 10, pp. 188-190 (J.- 
A. Brutails). 

Enlart (C.). — L’xle de Chypre. 

[Bull, de la soc. de géogr. de Pa- 
ris, 7* sér., t. XVIII (1897), pp. 
170-201]. 

En Terre-Sainte. Grecs et Latins. Les 
visées de la Russie. 

[La Terre-Sainte, 28® an., t. XIX, 
n° 5 (1 er mars 1902), pp. 69-71.] 

Éphrem le Syrien : I. Sur les jours des 
fêtes de Noël. — II. Sur la con- 
struction des premières églises de 
Jérusalem . Texte arménien et frag- 
ments syriens transcrits en carac- 
tères arméniens au xii # -xiii° siècle. 


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266 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Étude, édition et traduction (en 
russe). — S. Pétersbourg, 1900, 
55 pp. 

[Textes et études sur la philologie 
arméno-grouse : T. I, publ. par la 
Faculté des lettres orientales à 
TUniversitéde S. Pétersbourg, n° 5.] 

Recension : Byxant, Zeitschr U XI (1002), 
p. 212. — Ces opuscules ne sont certainement 
pas d'Éphrem le Syrien ; ils ont un caractère 
nettement apocryphe. 

Eppinger (Chr.) et Bâcher (J.). — 
Philipp Rohrer. 

[Die Warte des Tempels, Jahrg. 
57, n° 33, 15 August 1901, pp. 259- 
260.] 

Articles nécrologiques sur ce président de 
la Soc. du Temple à Jérusalem. Cf. ci-dessous : 
Tod ( Der ) des ûltesten Ph. Rohrer . 

Erbes (C.). — Peti'us nicht in Rom 
sondem in Jérusalem gestorben , 

[Zeitschr. f. Kirchengesch., t. 
XXII (1901), pp. 1-47, 161-231.] 

Esquieu (Louis). — Notes historiques . 
Les Templiers de Cahors . 

[Bullet. de la Soc. des études du 
Lot , t. XXIV (1899), pp. 5-52.] 

Fin de l’article signalé dans la Rev. de VOr. 
Zaf., VIII, 243. — A la suite des procès-verbaux 
des interrogatoires des Templiers de Cahors, 
M. Esquieu publie ici : 1* une liste de quel- 
ques Templiers du Quercy, dont il a recueilli les 
noms dans divers ouvrages ; 2* un contrat de 
vente, faite par Hélion de Villeneuve, grand- 
maître des Hospitaliers de S. Jean ; au pape 
Jeàn XXII, de biens ayant appartenu aux Tem- 
pliers de Cahors (1320); 3° une bulle de Jean 

. XXII aux consuls de Cahors, les invitant à 
rendre aux Chartreux de cette même ville une 
place contiguë à leur couvent eb qui avait ap- 
partenu jadis aux Templiers. 

Eusebius Werke. I ter Band : Ueber 
das Leben Constantins . Cons tan- 
tinsrede an die heilige Versamm- 
lung. Tricennatsrede an Constan- 
tin ; herausg. von Prof r Ivar A. 
Heikel. — Leipzig, Hinrichs, 1902, 
in-8 # , cvii-358 pp. 

[Forme le t. VII de la collection : 
Die griechischen christl. Schrift- 
steller der ersten drei Jahrh .] 


Fabrègues (Charles). — L f attentat du 
Saint-Sépulcre. 

[Échos d* Orient, 5* an., n° 4 (avril 
1902), pp. 244-246.] 

Sur l'échauffourée du 4 novembre 1901. 

Fabrègues (Charles). —Le patriarche 
orthodoxe de Jérusalem et l’archi- 
mandrite Euthymios. 

[Échos d* Orient, 5® an., n° 4 (avril 
1902), pp. 247-248.] 

Sur les motifs de l’absence prolongée hors de 
Jérusalem du patriarche Damianos. Ces motifs 
se rattachent au règlement de diverses ques- 
tions intéressant le monde orthodoxe gréco- 
slave. 

Farcy (L. de). — Le cor dKvoire de la 
cathédrale , au Musée archéologique 
d’Angers. 

[Rev. de Vart. chrétien , 1898, 
pp. 468-470.1 

Ce cor, dans lequel étaient enfermées des re- 
liques d’ Abraham, Isaac, Jacob et Sara, vien- 
drait de Damas, d'où il aurait été apporté par 
Guillaume de Beaumont, un des pèlerins qui 
prirent part i la 5* croisade. 

Fauvel (A.-A). — Nos missionnaires 
patriotes et savants. 

[Le Correspondant , 10 août et 
10 sept. 1900, pp. 438465, 918-935.] 

La plus grande partie de l’article est consa- 
crée aux missions d’extrême Orient et de Ma- 
dagascar. La partie consacrée à la Syrie, et qui 
occupe les pp. 923 i 935 a été reproduite dans 
La Terre-Sainte , 28* an., n® 23 (l #r déc. 1900), 
pp. 384-365. 

Féderlin (Le R. P.). — Recherches 
sur les laures et monastères de la 
plaine du Jourdain et du désert de 
Jérusalem. 

[La Terre-Sainte , 28 e an., t. XIX, 
n°* 9, 10, 11 (l® r et 15 mai, l«r juin 
1902), pp. 129-132, 152-156, 166-168.] 

Flament (Pierre). — Philippe de Har - 
lay, comte de Cèsy , ambassadeur de 
France en Turquie , ièî9-164i. 

[Rev. d’hist. diplom., XV* an., 
n- 2 et 3 (1901), pp. 225-251, 371-398.] 

Flamion (J.). — Les anciennes listes 


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BIBLIOGRAPHIE 


épiscopales des quatre grands 
sièges . 

[Rev. d'hist. ecclès ., t. I (1900). 
pp. 645-678; t II (1901), pp. 209* 
238, 503-528.] 

Liste des évêques do Constantinople, Alexan- 

• drio, Antioche et Jérusalem. 

Flavujs Josephus, Jüdischer Krieg... 
übersetzt und mit einem Anhang 
von ausführlichen Anmerkungen 
versehen, von D r Ph. Kohout, — 
Linz, Haslinger, 1900, in-8 # , x-816pp. 

Compterendu : Rev. bibl. internat., X° an., 
n* 3 (1» juillet 1901), pp. 457-460 (Fr. Hugues 
Vincent). 

Fœrster (Remaclus). — Lie stete 
Rechtglâubigkeit der Maroniten . 

[Pastor bonus , t. X (1898), n # * 7 
et 8.] 

Fonck (V.), S. J. — Lie Grotte des hl. 
Abtes Johannes von Aegypten. 

[Zeitschr. für kathol. Théologie, 
t. XXV (1901), pp. 755-759.) 

Cf., sur ce même abbé Jean, ci-dessous, sub 
v. J u lu en (Michel). 

Forest (P.). — Un évêque du v® siè- 
cle : Théodoret de Gyr. 

[. UUniversitè catholique , nouv. 
sér., t. XXXVII (1901), pp. 161-183.] 

Rien de nouveau. 

Forst (H.). — Lie deutschen Reichs - 
truppen im Tiïrkenkriege , 1664. 

[Mittheil. des Instit. für œsterr . 
Gesch. Forschung. Ergànzungs- 
band VI (Innsbruck, Wagner, 1901, 
vi-883 pp.), pp. 634-648.] 

Fournier (Paul). — Joachim de Flore , 
ses doctrines , son influence. 

1 [Rev. d. quest. histor ., t. LXVII 
(1900), pp. 457-505.] 

L'auteur, dans cet article, s’occupe en parti- 
culier de la partie prophétique des œuvres do 
Joachim. On sait quelle place y tiennent la 
Terre-Sainte, ainsi que l'Empire et l’Église 
grecs. 

Recension : Anal. Rolland., t. XXI, fasc. 1 
(1902), pp. 109-110. 


267 

Fraenkbl (Siegmund). — Syrische 
Miscellen . 

[Zeitschr. d. deutschen morgen - 
lând , Gesellsch ., t. LIV (1900), 
pp. 560-562.] 

Sur le fragment de chronique syriaque publ. 
et traduit par E. W.Brooks aux pp. 195-230 du 
même vol. (cf. ci-dessus). 

François (Le P.). — Les funérailles 
de Y Arménie. 

[La Terre Sainte , t. XIX, n° 1 
(1 er janv. 1902), pp. 1-4.] 

Appel aux peuples en faveur de l’Arménie, 
paru d’abord dans Le Patriote , de Bruxelles. 

Frati (Lodovico). — Un poemetto in 
Iode di Caterina Corner. 

[Nuovo archivio veneto , t. XIX, 
parte II (1900), pp. 368-372.) 

Ce poème, qui semble avoir échappé à tous les 
biographes de la célèbre reine de Chypre, se 
trouve dans le ms. n* 1838 de la Biblioth. Uni- 
versitaire de Bologne. A côté des louanges que 
l'auteur anonyme décerne à Catherine, il s y 
trouve quelques détails biographiques. 

Friedrich (J.). — Ler geschichtliche 
heilige Georg... — Cf. Rev. Or. lat ., 
VIII, 583. 

Compterendu: Rev. [belge] d’hist. ecclès . , 
1. 1 (1901), pp. 736-739 (Ch. Martens). 

Gatt (Georg.). — Lie Hügel von Jéru- 
salem... — Cf. Rev. Or. lat., VIII, 583. 

Compte rendu : Stud. u. Mittheil. au» d. 
Bened . u. dem Cislerc. Orden , XVlll» an* 
(1897), pp. 508-510 (Ern. Griwnacky). 

Gatt (Georg.), missionarius apostol. 
T. S. — Sion in Jérusalem, x cas es 
war und wo es lag. Herausgegeben 
mit Unterstützung des Palâstina- 
Pilgervereins der Diôcese Brixen 
und des deutschen Vereins vom heil. 
Lande in Kôln. Mit dem Bilde des 
Verfass&'s, einem Anhange und 
zwei Plânen. — Brixen, Commis- 
sions Verlag d. Buchhandl. des 
kath.-polit. Pressvereins, 1900, in-8 # , 
141 pp. 

Comptes rendus : Zeitschr. d. deutschen Pal. 
Vereins, t. XXIV (1901), pp. 183-186 (C. Mou- 


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268 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


mbrt). — Reo. biblique internat ., t. XJ, n° 1 
(i" janv. 1902), pp. 154-156. 

Gàyet (Al.). — L* itinéraire des expé- 
ditions de Jean de Brienne et de 
saint Louis en Égypte et les traces 
qu'elles y ont laissées . 

[La Terre-Sainte , 27® an., t. XVIII, 
n® 16 (15 août 1901), pp. 243-251.]. 

Gbddes (Prof r Patrick). — Cyprus. 
Actualand Possible , a study in the 
Eastem question . 

[The Contemporary Rev., n # 396 
(juin 1897), pp. 892-908.] 

Sur les ressources de Me de Chypre et la pos- 
sibilité de lui rendre quelque chose de son an- 
cienne richesse. 

Gedbon (Manuel J.). — ’ExXoyatl dhtô 
pioypa^ptaç xou Suvxt'XXou. 

[’O év Kmvotovt.vouic. iXXiiv. «piXoX. 
ovXXoy. napapTTjjiaToCJ, Topou, 

1896, pp. 23-34.] 

Id. — Voy. BtoypsÿCa. 

Gelzer (H.). — Geistliches und welt - 
lichesutn dem türkisch-griechischen 
Orient ... — Cf. Rev. Or. lat ., VIII, 
584. 

Comptes rendus : Rev. crit. cThist. et de 
litt ., 1900, n* 11 (18 mars), pp. 212-214 (N. 
Jorca). — Literar. Centralàt., t. LU, 1901, 
n* 5, col. 188-189. 

Germans [The) at Ba'atoek. 

[The Builder , 11 janv. 1902 ; re- 
produit dans : Pal. Explor. Fund . 
Quarterly Statement, avril 1902, 
pp. 170-175.] 

Germer-Durand (J.). — Sceau byzan- 
tin de l'église du Saint-Sépulcre. 

[Échos éCOrient, t. IV (1900-1901), 
pp. 267-268.] 

Germer-Durand (J.). — Épigraphie 
palestinienne : Épigraphe grecque 
d'un vétéran à Fik. Bustes funé- 
raires. Milliaires romains entre 
Naplouse et Scythopolis ; entre Na- 
plouse et Bjennin. 


[Échos d'Orient , t. V, n* 1, oct. 
1901, pp. 11-14.] 

Germer-Durand (J.). — Inscriptions 
d' Abougoch, Esdoud , Naplouse et 
Beisan. 

[Échos d'Orient , t. V, n° 2 (déc. 

1901) , pp. 73-76.] 

Germer-Durand (J.). — Nouvelles 
inscriptions découvertes sur le ca- 
nal d'Aelia Capitolina. 

[Échos d'Orient , t. V, n°3 (févr. 

1902) , pp. 139-141.] 

Giménez Soler (D. Andréa). — El 
Justicia de Aragôn es de origen 
musulmàn? — Fin. 

[Rev. de archivos, bïbliot. y mu- 
seos , 3® epoca, an. V (1901), pp. 454- 
465, 625-632.] 

Sur le début de cet article, voy. Rev. Or. 
lat., VIII, 584. 

Glover (Terrot Reaveley). — Life 
and Letters in the fourth century. 
— Cambridge, University Press, 
1901, in-8®, xvi-398 pp. 

Un chapitre de ce volume est consacré aux 
pèlerinages aux Lieux-Saints au iv« siècle, en 
particulier à ceux de sainte Mélanie, de sainte 
Paule, de sainte Sylvie. Parmi les lettres étu- 
diées par l'auteur, celles de saint Jérôme tien- 
nent une place importante. 

Gœller (E.) — Zur Geschichte Ma- 
nuels II von Byzanz. 

[Ràmische Quartalschr ., t. XV 
(1901), pp. 188-191.] 

Sur les rapports de Manuel II avec les papes 
Innocent VII et Grégoire XII, après la bataille 
d'Ancyre, en 1402. 

Golgotha und das heilige Grab. 

[Der Bote aus Z ion., 18 ler Jahrg., 
n® 1 (Febr. 1902), pp. 2-9.] 

Golubovich (G.). — Sérié cronologica 
dei reverendissimi superiori di T.- 
S... — Cf. Rev. de l'Or, lat., V, 592. 

Compte rendu : Échos d'Orient, t. V, n* 3 
(févr. 1902), p. 192 (S. Vailh*). 


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BIBLIOGRAPHIE 


269 


Gondal (J.-L.). — Mahomet et son 
œuvre... — Cf. Rev. de l'Or, lat., VI, 
319. 

Compte rendu : Bulletin critique , 2* sér., 
t.VI, n* 7 (5 mars 1900), pp. 127-129 (B. Carra 
de Vaux). 

Gruetzmacher (Georg). — Die Abfas- 
sungszeit der « Altercatio Lucife- 
riani et Orthodoxi » des Hierony- 
mus. 

[Zeitschr. f. Kirchengesch. , t. XXI, 
n® 1 (1900), pp. 1-8.] 

Cette œuvre a été composée pendant le séjour 
de saint Jérôme à Rome, dans les années 382-383. 

Gruetzmacher (Georg). — Hierony- 
mus, eine biographische Studie sur 
alten Kirchengeschichte. I le Hftlfte : 
Sein Leben und seine Schriften bis 
sum Jahre 385. — Leipzig, Dietrich, 
1901, in*8°, vin-298 pp. 

[Studien sur Gesch. der Theol. 
und d. Kirche , VI, 3.] 

Compte rendu : Rev. crit. d’hist. et de 
litt ., 1901, n* 47 (23 nov.), pp. 411-412 
(Paul Lbjay). 

Grubnberg (Ilia). — Le sionisme et 
les colonies juives en Palestine. 

[Biblioth. universelle , oct. 1899, 
pp. 70-97.] 

Gumplowicz (Max). — Leben und 
Schicksale Balduins, Bischofs von 
Kruschvoitz (1066-1175). 

[Zeitschr. d. Gesellsch. f . die Pro- 
vins Posen , t. XVI (1902). — Tir. à 
part : in-8°, 63 pp.] 

L’auteur cherche à démontrer que Balduinus 
« Gallus », le premier chroniqueur latin de Po- 
logne, évêque de Kruschwilz, n'est autre que 
Baudouin, comte de Hainaut, parti avec Godefroi 
de Bouillon pour la croisade, et qui, loin d’avoir 
succombé en route comme on le croit commu- 
nément, serait entré dans un monastère béné- 
dictin de Pologne et serait devenu plus tard 
évêque de Kruschwitz. Les arguments de 
M. Gumplowicz ne sont nullement probants. 

Haciubtt (J.-A.). — A history of the 
orthodox Church of Cyprus from 
the coming of the apostles Paul and 
Bamabas to the commencement of 


the British occupation , A. D. 45- 
1878. Together voith some account 
of the latin and other Church exis - 
ting in the Island. — Londres, Me- 
thuen, 1900, in-8°, 738 pp. 

Compterendu : The Athenaeum , 19 oct. 1901, 
p. 319. 

Haïdacher (Sébastian). — Zu den 
Homilien des heiligen Chrysosto - 
mus. 

[Zeitschr. f. hathol. Theol ., t. XXV 
(1901), pp. 365-367.] 

L’auteur s’occupe entre autres choses ; 1° de 
la prière que Chrysostome dit avoir apprise des 
moines d'Antioche et qu’il a reproduite dans 
sa 55« homélie sur S. Mathieu; 2* de l’homé- 
lie publ. dans Migne, Patr. gr ., LXIV, 465, et 
qui doit être attribuée à Grégoire de Nysse 
(Cf. Patr. gr.y L XLVl, col. 490). 

Harless (\V.). — Bericht über die 
Pilgerfahrt Herzog s Johan I von 
Cleve nach dem heiligen Lande 
(1450-1451). 

[Zeitschr. des Bergischen Gesch. 
Vereins Elberfeld, t. XXXV (1901), 
pp. 125-145.] 

L’auteur publie cette relation d’après un 
manuscrit non signalé jusqu’ici, appartenant 
aux archives de Dusseldorf, section Cleve-Mark, 
Faroiliensachen, n 9 12. Sur le voyage de Jean l ar 
de Clève, voy. Rôhricht, Deutsche Pilger - 
reisen nach dem heiligen Lande (1901), 
pp. 119-121. 

Hauser (H.). — Un touriste parisien 
dans le Levant au xvi® siècle. 

[Rev. internat, de V enseignement , 
t. XXXIII (1897), pp. 135-149.] 

Sur le voyage de Philippe Canaye, 1573. 

Heikel (Ivar A.). — Voy. ci-dossus : 
Eusrbius. 

Heisenberg (Aug.). — Ein jambisches 
Gedichi des Andréas von Kreta. 

[Bysant. Zeitschr. , t. X, n 08 3-4 
(1901), pp. 505-514.] 

Ce poème fut adressé par André de Crète à 
un nommé Agathon, en remerciement pour un 
livre que celui-ci lui avait prêté. 11 ajoute 
quelques renseignements nouveaux à ce que 
nous savons d’André de Crète, dont M. Heisen- 
berg donne ici une courte biographie. 


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270 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Henderson (A. E). — Saint Sophia, 
Constantinople. — Avec 2 pl. et 2 gra- 
vures dans le texte. 

[TheBuilder, t. LVII (1899), pp. 2-5] 

Herbette (Maurice). — Une ambas- 
sade turque à Paris sous le Direc- 
toire (1797). 

[Rev. de Paris , 1® P sept. 1901, 
pp. 191-215]. 

Installation à Paris d’Esséid-Pacha, premier 
ambassadeur permanent de Turquie à Paris. 

Héron de Villefosse (Ant.). — Ins- 
cription d*Abou-Gosch relative à 
la « Legio X Fretensis ». 

[Acad, deslnscr. et Belles-Lettres. 
Comptes ‘ rendus des séances de Van- 
née 1901, nov.-déc., pp. 692-696.] 

Herzberg (W.). — Jérusalem und das 
Heilige Land in den letzten 20 
Jahren. 

[DieDeborah. Festschrift zu ihrer 
40Jahreswende f 1 Juli 1894 ; herausg. 
v. Prof. D r G. Deutsch (Cincinnati, 
in-fol., 34 pp.), pp. 13-14.] 

Herzog (Bischof D r .). — Rom und 
die orientalischen Kirchen. 

[Rev. internat de théol ., 3® an., 
(1895), pp. 39-48.] 

Hid (Evangelos). — Étude sur les ori- 
gines des Grecs Melchites. Réponse 
au Ré v. P. LammenSyS. J.— Rome, 
Imprim. de la Propagande, 1901, 
in-8°, 24 pp. 

A propos d’un article du P. Lammens, paru 
dans AIMachriq, t. III, n* 6 (15 mars 1900), 
et qui concluait à la triple syrienneté des 
Grecs Melchites : syrienneté d’origine, syrien- 
neté de langue usuelle et syrienneté de langue 
liturgique. L’auteur combat cette thèse en lui 
opposant celle des origines grecques de l’église 
melchite. — Un résumé de ce travail a paru 
dans la Terre-Sainte, 27* an., n« 19 (l* r oct. 
1901), pp. 291-298. 

Hieronymus und Gennadius, De viris 
illustribus; herausg. von Lie. Cari. 
Albrecht Bernoulli, mit 2 Tafeln 
in Lichtdruck. -- Freiburg i. B. et 


Leipzig, J. C. B. Mohr, 1895, in-8®, 
lvi-98 pp. 

[Sammlung ausgewâhlter kir- 
chen -und dogmengesch. Quellen- 
schriften...., herausg. unter Leitung 
von Prof. D. G. Krüger, ll ttr Heft.] 

Compte rendu : Rev. internat, de théol ., 
3* an. (1895), pp. 594-597 (F. Laüchert). 

Hieronymi (S.), Stridonensis presby- 
teri, Tractatus contra Origenem 
de visione Esaiae , quem nunc pri- 
mum ex codd. mss. Casinensibus 
Ambrosius M. Amelli, monachus 
archicoenobii Montis Casini, in 
lucem edidit et illustravit. — Tipo- 
grafla di Montecassino, 1901, in-8*, 
xxiv-24 pp. et 2 planches en photo- 
gravure. 

Il a été tiré de cet ouvrage une édition gr. 
in-4o, do xtv-xix pp., comme extrait du Spiei - 
legium Casinense , III, pars n. L’attribution de 
cet opuscule, d’ailleurs ancien, & S. Jérome a 
été combattue par G. Mercati dans la Rev. 
biblique , X(1901), pp. 385-392. Les manuscrits 
du Mont-Cassin dans lesquels il est copié 
portent les n<>* 342 (xn« s.) et 345 (x«-xi* s.). 

Hilgenfeld (Heinrich). •— Die Vita 
Gregor*s des Wunderthâters und 
die syrischen Acta Martyrum et 
Sanctorum. 

[Zeitschr. f. Wissenschaftliche 
Theol., t. XLI (an. 1898), pp. 452-456.] 

Historia dos martyres de Nagran. 
Versào ethiopica publicada por 
Francisco Maria Esteves Pereira. 
— Lisboa, Imprensa national, 1899, 
gr. in -8°, lviu-199 pp. 

[Quarto centenario do descobri- 
mento da India. Contribuçôens da 
Sociedade de Geographia de Lisboa.] 

Version éthiopienne de divers textes relatifs 
aux martyrs Himyarites de 523, et en particu- 
lier de la Vio de S. Arethas. — Comptes ren- 
dus : Gôtting gel. Anseigen , octobre 1899, 
pp. 825-830 (Th. Nôi.dekk). — Revue crit. 
d’hùt. et de litt ., 1900, n* 25 (18 juin), pp. 
483-484 (J.-B. Chabot). 

History (The) of Psellus, ed. by C. Sa- 
thàs.. . — Cf. Rev. de VOr . latin , 
VIII, 587. 


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BIBLIOGRAPHIE 271 


Compte rendu : Berlin philol. Wochmschr., 
t. XXI (1901), n® 12, col. 356-362 (H. Gel»»). 

Hoch (A.). — Zur Heimat des Johan- 
nes Cassianus. 

[ Theolog . Quartalschr ., 82* an. 
(1900), n # 1, pp. 43-69.] 

Selon l'auteur, Jean Cassien était d'origine 
syrienne. Ses conclusions ont été combattues 
dans la même Revue par S. Merkle. Cf. ci- 
dessous. 

Hoffmann (Christoph). — Jérusalem. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
57, n® 36 (5 sept. 1901), pp. 282-283.] 

Sur les colonies du Temple en Palestine. 

Holden-Hutton (W.). — Constant i- 
nople ... — Cf. Rev. de l’Or, lat., 
VIII, 587. 

Compte rendu : Échos J Orient, 5* an., 
n* 3 (févr. 1902), pp. 189-190 (S. PÉTRiDfcs) . 

Holl (Karl). — Enthusiasmus und 
Jlussgewalt beim griechischen 
MÔnchtum . Eine Studie zu Symeon 
dem Neuen Theologen. — Leipzig, 
J. C. Hinrichs, 1898, in-8°, vi-332 pp. 

Compte rendu : Bysant. Zeitschr ., t. XI 
(1902), pp. 178-183 (A. Ehrhard). 

Holl (Karl). — Die kirchliche Bedeu- 
tung Konstantinopels im Mittel- 
lalter . 

[Zestschr. f. Théologie und Kir - 
che, 1901, pp. 83-96.] 

Holy Sépulcre {The). 

[Quarterly Rev. f vol. CXC, juillet- 
oct. 1899, pp. 103-127.] 

L’auteur donne le plan des édifices succes- 
sifs; il admet que l’emplacement actuel est bien 
celui de l’édifice primitif. Les ouvrages sur les- 
quels il s’appuie sont : G. Jeffery, The Buil- 
dings of the Holy Sepulchre. Plans and 
Sketches (1894, 8*) ; Itinera üierosol ., ex 
recensione P. Geyer (Vienne, 1898); Itinera 
Hierosol ., ed. T. Tobler et Aug. Molinier (Ge- 
nevae, 1879); les publications de la Pales t. Pii - 
grims' Text Society ; A. Couret, Légendes 
du Saint-Sépulcre (Paris, 1894). 

Homs, V ancienne Êmèse. — Avec 
une vue. 


[La Terre-Sainte , 27 e an., t. XVII I, 
no 22 (15 nov. 1901), p. 352.] 

Hoen (E.). — Saint Etienne , roi de 
Hongrie... — Cf. Rev . de VOr. lat ., 
t. VII, p. 626. 

Compterendu: Kathol. Szemle , 1899, p. 213. 

Hubert (W. C.). — Ein Flottenplan 
des hl. Ignatius von Loyola. 

[Der Katholik , 1900, t. I, pp. 453- 
457.] 

Recension : Anal. Bolland ., t. XX (1901), 
pp. 355-356. 

A propos d'une lettre de Loyola au P. Jérome 
Nadal, dans laquelle il développe un plan d'ar- 
mement d’une flotte, pour mettre fin à la puis- 
sance maritime des Turcs et a leurs attaques 
contre les Chrétiens. 

Huit jours à Jérusalem. Supplément 
au « Manuel du pèlerinage de péni- 
tence ». — Paris, Maison de la 
Bonne presse, 1901, in-16, 215 pp. 

Compte rendu : Échos £ Orient, 5* an., n* 3 
(févr. 1902), pp. 184-185 (S. Vàilhé). 

Immersion dans le Jourdain , le jour 
de VÉpiphanie. 

[La Terre-Sainte , 28 e an., t. XIX, 
n® 3 (1« févr. 1902), p. 36.] 

Description de la cérémonie d’après le récit 
de ngoumène Daniel et d'après l’usage actuel. 

Istrin (V.) L* Apocalypse de Me- 

thodius de Patara et les visions apo- 
cryphes de Daniel dans les litté- 
ratures byzantine et slavo-russe . 
— En russe. 

[Ctenija de la Soc . d'histoire et 
d'archéol . fondée près l'Université 
de Moscou , an. 1897, in -8°, n-329 et 

208 pp.] 

Compterendu : Histor. Jahrb. d. Gôrres- 
gesellsch., t. XX (1899), pp. 417-421 (Fran* 
Kampbbs). 

Jacques d’Édesse. — Voy. Légende 
{La) inédite des fils de Jonadab . 

Jaguelin (R.). — Voy. Coutard (A.). 

Jarry(L.). — Inventaire des Tem- 


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372 


REVUE DE L/ORIENT LATIN 


■plier s d'Étampes et de V église de 
Moulineux-les-Chalo (1444). 

[Annales de la Soc. histor. et 
archéol. du Gâtinais, t. XV, 1897, 
3 e trim., pp. 188-203.] 

Jaussen (A.) et Vincent (H.). — 
Notes d'èpigraphie palestinienne. 

[Rev. biblique internat., X« an., 
n<» 4 (1®«* oct. 1901), pp. 570-580.] 

Inscriptions grecques et hébraïques recueil- 
lies dans les dernières excursions de l'École 
biblique de Jérusalem. La plupart sont des titres 
funéraires laconiques à l’état de fragments. 

Jaussen (Le P. Antonin). — Coutumes 
arabes aux environs de Mâdaba. 

[Rev. biblique internat ., X e an., 
no 4 (l«r oct. 1901), pp. 592-608; 
XII e an., n» 1 (1« j anv . 1903), 
pp. 93-99.] 

Mariage. Meurtre dans la tribu et au dehors, 
de la tribu. Vol. Dommages à l'occasion des 
animaux. Circoncision. Prière et culte. Rapports 
entre les tribus. Mort. 

Jaussen (Le P. Antonin).— Les tribus 
arabes à V est du Jourdain. 

[Rev. biblique internai ., t. XI, 
n* 1 (!•* janv. 1902), pp. 87-93.] 

Johnson (Wilh.). — Lomus hospitalis 
Sanctae Mariae Theutonicorum Jé- 
rusalem. — Berlin, U. Meyer, 1901, 
gr. in-8 # , m-vi-126 pp. 

Johnstone (P. de Sacy). — World’s 
epoch-makers : Muhammad and 
his poveer. — New-York, Scribner, 
1901, in-12, xvin-238 pp. 

Join-Lambert (Octave). — Notes sur 
Vart français et Vart italien au 
moyen âge. 

[Mélanges £ archéol. et d’hist., 
20» an. (1900, janv.-mars),pp. 23-42.] 

A propos du livre de M. Enlart, L’art gothi- 
que et la renaissance en Chypre. 

Jorga (N.). — Notes et extraits pour 
servir à Vhistoire des croisades au 
xv« siècle , 2® série. — Paris, E. Le- 
roux, 1899, gr. in-8 # , ix-597 pp. 


Compte rendu : Literar . Centralbl 52* an. 
(7 sept. 1901), col. 1447-1448 (H. Uaguquter). 

Jubilé (Le) au Mont Liban : lettre de 
M. Saliège, prêtre de la Mission, 
supérieur du collège d'Antoura; 
12 avril 1901. 

[La Terre-Sainte , 27« an., t. XVIII, 
n» 16 (15 août 1901), pp. 241-243.] 

Jülicher. — Zum Todes Latum des 
heiligen Sabas. 

[Theologische Literaturzeitung , 
1900, n* 6, pp. 173-176.] 

L’auteur fixe au 5 décembre 531 la date de 
la mort de S. Sabas. Son travail est dirigé 
contre les conclusions de M. Diekamp (cf. ci- 
dessus, sub v.); mais c’est bien la date établie 
par ce dernier qui doit être maintenue, M. Juli- 
cher se trompe certainement dans ses conclu- 
sions. 

Juluen (Le P. Michel), S. J. — A 
travers les mines de la haute 
Égypte , à la recherche de la grotte 
de Vabbé Jean. 

[Études publ.par des PP. de la 
Comp. de Jésus , t. LXXXVIII (1901), 
pp. 205-217.] 

Récit d’une excursion à l’ermitage de saint 
Jean d’Égypte, anachorète célèbre du iv« siècle, 
que citent Cassien, Sulpice-Sévère, Palladius, 
Rufin, Théodoret, Sozomène, S. Augustin. 

JullieN (Le P. Michel), S. J. — A la 
recherche de Tabenne et des autres 
monastères fondés par S. Pacome . 

[Études publ . par des PP. de la 
Comp. de Jésus , t. LXXXIX (1901), 
pp. 238-258.] 

K. (P. C.).— Eine Kloster-Ruine, ein 
Loge, ein MÔnch und ein Heiliger. 

[St. Benedicts Stimmen , 1900, n®* 8 
et 9.] 

Sur l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, le doge 
Orseolo et le moine Guarin. 

Kannengiesser (A.). — Les missions 
catholiques. France et Allemagne. 
— Paris, Lethielleux. 1900, in-16, 
380 pp. 

A propos du protectorat de la France sur les 
missions d’Orient. 


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BIBLIOGRAPHIE 273 


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Btned. u. dem Cisterc. Orden, 1900, t. XXC, 
pp. 450-457 (Maurus Kiirraa). 


Kattenbusch (F.). — Johannes von 
Damaskus. 

[Realencyclop. f . protest. Theol. 
und Kirche , 3* éd., t. IX (1901), 
pp. 287-300.] 


Kellen (T.). — Dos Stammschloss 
Gottfrieds von Bouillon. 

[Sonntagsbeilage sur Vossischen 
Zeitung , 1900, n<* 28-29, pp. 217-219, 
225-228.] 

Kellbr (Adolf). — Bine Wüstenfahrt 
in das Wadi ftatron. 

[Die Schweiz; illustr. Zeitschr. 
(Zurich), t. IV (1900), pp. 45-47.} 


Keller (Adolf). — Bine Sinai-Fahrt. 
Mit Zahlreichen Abbildungen nach 
Originalaufnahmen und einerKarte 
der Sinaïhalbinsel. — Frauenfold, 
J. Huber, 1901, in-8 # . 

Recension : Byxant. Zeitschr ., t. X, n* 3- 
.4(1901), p. 700 (J. SttUYoowsKi). 


Kephales (J.-S.-E.). - Ot NoppuxvSol b 
Kspxtfpa, 1081-1267. 

[ f Ap{iovt« (Athènes), t. I (1900), 
pp. 613-622.] 


Kirch (Conradus), S. J. — Nicephori 
Sceuophy lacis encomium in S. Théo - 
dorum Siceotam . 

[Anal Bolland ., t. XX, fasc. 3 
(1901), pp. 249-272.] 


On possédait déjà sur ce S. Théodore qui, 
dans la seconde moitié du vie siècle, visita trois 
fois Jérusalem, une vie grecque par Eleusius, 
son disciple, publiée d'après le texte grec par 
T^ophik (Mvriiitïa i T toX.,pp.3«. 

495)et d après une traduction latine par les Bol- 
kndûlM (AA. SS., il t»ril). L’éloge qui est 
publié Ici, d'tprès on manuscrit grecde Munich, 
abrège en général cette vie grecque, et y ajoute 
d autre part quelques détails. Sur l'auteur, Ni- 
céphore Sceuophylax, on peut consulter Krum- 
bâcher, Getch. d . Byxant. Litteratur , *• éd. 
(1897), pp. 191-197. 


Kmto (A.). — L’encyclique « Prae- 
clara ». 

R«v. oi l'Or, latin. T. IX. 


[Rev. internat, de theol., 3® an. 
(1895), pp. 745-750.] 

A propos de l’encyclique de Léon XUI aux 
Orientaux. 


Knights Templart : Soldiers, Monhs, 
Heretics .] 

[Edinburgh Rev., vol. CXCII, 
juiL-oct. 1900, pp. 45-70.] 

Sur le procès des Templiers. Sans valeur. 
L’auteur parait n ôtre pas du tout au courant 
de la bibliographie du sujet. 

Kobeko (D.). — Les renseignements 
topographiques fournis par le 
« Discours sur les sanctuaires de 
Constantinople ». 

[BuÇovrivà Xpovixi, t. VIII (1901), 
pp. 106-114.] 

Sur d'autres articles de Kobeko, relatifs au 

vu"^/* 800 ^ voy ' Re9 ' 0r ' ***’’ V * 584 ; 

Koch (Hugo). — Zur Geschichte der 
Bussdissiplin und Bussgewalt in 
der orientalischen Kirche . 

[Zeitschr. f. Kirchengesch ., t. XXI 
(1900), pp. 58-78.] 

KON8TANTINIDÈ8 (G.). — Auo tptopixà 
iyypa<pa aytxixà icpbç t^v toxopCatv TWV 
’À0T|V*>V licl Tfa ï«T«X«VOXp«Tt«Ç. 

[AsXxîov rfa ÎTtop. xai éôvoXoy. irai- 
piaç 'EXXiSoç, t. V (1900), pp. 824- 
827.] 

L'auteur publie deux lettres, de 1379 et de 
1381, que lui a communiquées M. Rubbio y 
Lluch, sur la domination des 4 

Athènes. 


Koykiudès (Le P. Cléophas). — n«pl to5 
St«ocu0évto; ipxatou xoij«tTr 4 pîou -tifc b 
nnXaior^ itp&ç porfç toü XwÇtW. — 
Jérusalem, 1900, in-8®, 16 pp. 

Ce cimetière, découvert il y a un demi-siè- 
cle, n'avait pas encore été exploré à fond. Les 
sépultures appartiennent à des Grecs, des Ar- 
méniens, des Syriens, des Palestiniens, des 
Romains rp«ji«toi), c’est-à-dire probable- 
ment des Occidentaux. Parmi les titres funé- 
raires que l’auteur y a relevés, figurent ceux 
d’évêques, d'un archidiacre, de diacres, de 
moines et de trois diaconesses. Ces titres indi- 
quent le nom du défunt, son âge et la date de 

18 


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374 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


son décès par le mois et l’indiction, mais sans 
mention d’année. 

Koykilidks (Le P. Cléophas). — TA 

xotxà Aaupacv xotl xôv ytltxa^ov xoO 
XouÇidd. — Jérusalem, 1901, in-8*, 
t6-85 pp. — Ayec 3 planches hors 
texte. ; 

Histoire de ce monastère, fondé au vi* siècle 
par Jean le Chozibite. L’auteur reproduit ici 
son étude sur le cimetière, notée ci-dessus. Il 
décrit les cellules de la laure, dans lesquelles il 
signale des inscriptions en langue syriaque et en 
langue grecque. 

. , Compte rendu : Écho* d‘ Orient t 5® an., 
n« 3 (févr. 1902), p. 184. 

KRUMBACHER(K.). — 'Ifftopia rfo puÇav- 
xrplii "koyoxrxyiaiï, {itxa^ppoi96t?9â 6ici 
rcmpyiou LÛTHPlAAOr — *Ev 'Aftyvatç, 
tuicoiç II. A. SsxtXXspiou, 1897-1900, 

. 3 vol., in-8, ^-828, 770 et 832 pp. 

Version grecque de Y Histoire de la littéra- 
ture byzantine de K. Krumbacher. 

, Recension : Byzant. Zeitschr ., t. XI (1902), 
pp. 204-205 (K. Kbumbachsr). 

Krumbacher (K.). — Ein dialogischer 
Threnos auf den Fait von Kons- 
tantinopel (1453). 

[K. Baier. Akad. d. Wissenschaf- 
ten, Sitsungsber. d . philos. -philol. 
und d. histor. Classe , 1901, n* 3, 
pp. 329-362 et 2 pl. — Tir. à part : 
Munich, G. Franz, 1901, gr. in-8°. 

L'auteur publie, d’après deux manuscrits, ce 
texte, qui doit remonter à la On du xvi 9 siècle. 
C’est un dialogue de 102 vers entre les quatre pa- 
triarcats d’Orient, qui se lamentent d'étre tombés 
sous la domination des Turcs. L’auteur pourrait 
être un Chypriote.— Comptes rendus : Rev. crit . 
d’hist. et de lit t., 1901, n» 52 (30 déc.), pp. 516- 
517 (J. Psi chari et Hub. Perrot). — Byzant. 
Zeitschr., t.XI (1902), pp. 215-217 (K. Krum- 
bacher). M . Krumbacher, dans cette notice sur 
son travail, signale les rapports de ce thrène avec 
certaines des élégies sur la chute de Jérusalem 
en 70, publiées par S. K. Papageorgiou (cf. ci- 
dessous), et avec une autre lamentation en lan- 
gue hébraïque sur ce dernier événement, que lui 
a communiquée le Prof. D. H. Muller. 

Kubitschrr (Wilh.). — Die Mosaik- 
harte Paldstinas. — Avec gravure. 

' [Mitteil. der h. h. Oeogr . Gesell - 
schaft in Wien , 1900, n°» 11-12, 

. pp. 335-380.) 


Sur la carte de Madaba. Compte rendu : Reo 
biblique internat ., X 9 an., n 9 3(1**' juiL 1901), 
pp. 491-493). 

Kueffner (Henry Wolfg.). — Palds- 
tina. Ein Leitfaden fur die Schule. 
— München, Verlag von R. Olden- 
burg, 1901, pet. in-8°, 32 pp. 

Compte rendu : Zeitschr. <L deutschen Pal. 
Vereins , t. XXIV (1901), pp. 179-180 (J. Bek- 
züvger). 

Kunze (J.). — Marcus Eremita und 
Hier ony mus. 

[Theolog. Literaturbl. 9 t. XIX 
(1898), pp. 393-398.) 

Kurdes (Les) et le péril islamique. 

[La Terre-Sainte , 27* année, 
t. XVIII, n® 24 (15. déc. 1901), 
pp. 373-375.) 

L. V. — Lettres sur la réunion des 
Églises. — Paris, E. Flandre; Athè- 
nes, G. Beck, 1901, in -12, 42 pp. 

Reproduit en partie dans La Terre-Sainte , 
28® an., t. XIX, n® 9 6, 7, 8 (15 mars, l 9r et 
15 avril 1902), pp. 83-87, 97-99, 115-117. — 
Compte rendu : Reo. de l'Or. chrét. t t. Vif 
(1902), n® 1, pp. 163-165 (P. R.). 

Lacroix (L'abbé E.). — Les écoles 
françaises en Orient , conférence 
sur l’Œuvre des écoles d’Orient , 
faite à l’Athénée de Bordeaux . 

[La Terre-Sainte t 27* an., t. XVIII, 
n 09 17 et 18 (l" et 15 sept. 1901), 
pp. 264-269,277-279.) 

Lacroix (E.). — De Smyme aux Dar- 
danelles : Phocée, Cymé , VUe de 
Metelin. 

[La Terre-Sainte , 27* an., t. XVIII, 
n° 23 (lor déc. 1901), pp. 333-336.) 

Histoire sommaire et description. 

Lacroix (L'abbé). — Notes d’un voyage 
dans le Levant : De Mitylène en 

. Troade. 

[La Terre-Sainte 9 28* an., t XIX, 
n°* 5, 6, 8, 9 (l* r et 15 mars, 15 avril, 
1«* mai 1902), pp. 67-68, 90-93, 118- 
119, 136-140.) 


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BIBLIOGRAPHIE 


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tisme pakhômien... — Cf. Rev» Or . 
tel., VI, 385; VIII, 589. 

Compte rendu : Rev. de Chut, d. religion» , 
X, XLU1 (1901), pp. 81-84 (F. Macu»). 

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rendu d*une mission à Madaba et 
du dernier déblaiement de la mo- 
saïque éC Orphée à Jérusalem, 

[Acad, des Inzer, et B. -Lettres, 
Comptes rendus des séances , juil.- 
août 1901, pp. 571-574. [ 

Lagrange (Le R. P. M.). — Voy. 
Prétextât (L.). 

Lair (Jules). — Études critiques sur 
divers textes des x® et xi° siècles ... 
— Cf. Rev. de VOr. lat., VII, 359 ; 
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Compte rendu : The Bngliêh hûtor. Rev., 
no 62, roi. XVI, avril 1901, pp. 367-370 (H. C. 
W. Davis). — Bût. Zeiteckr., N. F., t. LU, 
n* 1 (1901), pp. 77-80 (Karl Unmu). 

Lampros (Spyr. P.). — Aüo faftfouc itipl 
tA téXvj vov ScxAtou i66d{ioo atiwvoç. 
[AtXxtov Tfi; forop. xal iOvoX. étaip£at; 
mXdfôo*, t. V (1900), pp. 219-227.] 

Publie, d'après un ms. de laMarelana (CI.VII, 

' cod. 656), deux relations relatives à l'année 1687 
et déjà mentionnés par de Laborde (Athènes 
aux xn* et xvn* siècles, pp. 145-146) : 1* Relar 
tione delV operato delC armi Venete dopo la 
• nia partenxa da Corinto , e delta prêta d’A- 
tene ; 2° Relatione deüa città.d Atene. 

Lampros (Spyr. P.). — *Ex6t9st< t«v Biv«- 

TÛV ItpOVOTiTWV ntXoîtOWT,<JOU i% 

twv Iv Bt v«t(ç dpx«twv. 

[AtXx(ov rfjÇ lorop. xsl éOvoX. éxai- 
plaç 'Ettdtët*, t. V (1900), pp. 228- 
251, 425-587, 605-823.] 

Rapports des provéditeurs vénitiens dans le 
Péloponnèse à la fin du xvn* siècle et au début 
du xviu*. 

Lamy (Étienne). — La France du Le- 
vant. ..—CA. Rev. de VOr. ta*., VIII, 
249. 

Compte rendu : Rev. d. queit. hûtor., oct. 
1900, t. LXVIU, pp. 662-663 (P. PtsAffi). 


Landwbhr von Pragenau (Moriz). — 
Ludwig von Bologna , Patriarch von 
Antiochien , 1454-1477. 

[Mittheil. d. Instituts für œsterr. 
Oesch. Forschung, t. XXII, n* 2 
(1901), pp. 288-296.] 

Lane-Poole (Stanley). — A History 
of Egypt in the middle âges . — New- 
York, Scribner, 1901, in-12, xvi- 
382 pp. 

Langen (IP). — RÔmische Fâlschun - 
g en griechischer Schriftsteller. 

[Rev. internat, de théol ., 3* an. 
(1895), pp. 127-136.] 

A propos des homélies grecques de Théo- 
phanes Kerameus, de Taormine (l" moitié du 
xu* siècle). Le premier éditeur de ces homélies, 
le jésuite Franciscus Scorsus, a accompagné 
son édition d'une version latine, faite de telle 
sorte que Théophane y apparaît comme un dé- 
fenseur de l’Église catholique romaine, alors que 
le texte original nous fait clairement voir en lui 
un adepte des dogmes de l'Église grecque. 

Langen (D r J.). — Die griechisch - 
katholische Lehre vom Papste. 

[Rev. internat, de théol., 3 1 an. 
(1895), pp. 553-555.] 

Sur divers passages des écrits de Siméon de 
Thestalonique (xv* s.), contre la papauté. 

Langer (E.). — Dos Stationswesen su 
Jérusalem Vorbild des su Rom. 

[Akten des 5 t*» internat. Kon - 
gresses kathol. Gelehrten su Mün- 
chen, 24-28 sept. 1900 (Miinicli 
Herder, 1901, in-8°), pp. 274-277.] 

La Roncière (Ch. de). — François I •* 
et la défense de Rhodes. 

[Biblioth. de VÉc. des Chartes, 
t. LXII, 3® livr. (mai-juin 1901), 
pp. 223-240.] 

Lawlor (H. J.). — Two notes on Euse- 
bius. 

[Hermathena, t. XI, n° 26 (1900), 
pp. 10-49.] 

Sur les extraits d’Hégésippus dans Eusèbe, et 
sur quelques erreurs commises par celui-ci dans 
la date relative de certains écrits. 


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276 


REYUR DE L’ORIENT LATIN 


Légende {La) inédite des fils de Jona • 
dab , fils de Réchab, et les Ues For - 
tunées. Texte syriaque, attribué à 
Jacques d’Édesse, et traduction 
française par F. Nàu. 

[Rev, sémitique , 7* an., janvier et 
avril 1899, pp. 54-75, 136-146.] 

Legendre (A.). — De Nazareth àBeth - 
léem. 

[Reu. des Fac, cathol. de l'Ouest, 
8® an. (1899), pp. 63-79.] 

Legendre (A.). — Sur les ruines de 
Samarie ( Sebastiyeh ). 

[Rev, des Fac, cathol, de l'Ouest , 
8® an. (1899), pp. 645-662.] 

Legrand (Émile). — Voy. Lettres de 
Mélétius Pigas. 

Lemm (Oscar von). — Kleine koptische 
Studien . 

[Bull, de l'Acad. impér. des sc. de 
Saint-Pétersbourg , 5 e sér., t. X 
(1899), pp. 403-434 ; t. XIII (1900), 
pp. 1-163.] 

Le n® IX de ces Études, intitulé : Zur Ge- 
êchichte der Bekehrung der Iberer xum Chris- 
tentum , traite des différentes versions de 1a 
légende de sainte Nina ou Nino. 

Compte rendu : Anal. Bolland., t. XX (1001). 
pp. 338-339. 

Lemm (Oscar von). — Sahidische 
Bruchstücke der Legende von 
Cyprian von Antiochien. 

[Mém. de l'Acad. impér. des sc. 
de Saint-Pétersbourg , 8® sér., t. IV, 
n® 6 (1899), vii-90 pp.] 

Recension : Analecta Bolland ., t. XXI, fasc. 1 
(1902), p. 100. 

Leone XIII e i pellegrini di Terra 
Santa. 

[Gerusalemme, an. XXVI, 8 sept. 
1901, pp. 8-9.] 

Léra (Mme M.). — La chapelle et 
l'aumônerie de l'ambassade de 
France en Turquie. 

[Le Correspondant , t. CCXV, 
10 déc. 1901, pp. 932-947.] 


Le Strange (Gui). — Baghdad during 
the Abbassid caliphate , from con - 
temporary and persian sources . 
With eight plans. — Oxford, Cla- 
rendon press, 1900, in-8*, xxxi- 
381 pp. 

Comptes rendus : Rev. histor ., t. LXXV11I 
(1902, mars-avril), pp. 384-385 (V. Scmn.). 
— The English histor. Rev., n® 63, vol. XVI 
(juillet 1901), pp. 548-549 (D. S. Makgououth). 
The Athenaeum , 16févr. 1901, pp. 200-201. 

Lettera di san Bbrnardo a un pa - 
triarca di Gerusalemme . 

[Gerusalemme, an. XXV, 8 juil. 
1901, pp. 126-128.] 

Version italienne de la lettre de l'abbé de 
Clairvaux à Guillaume de Malines, patriarche de 
Jérusalem (n* cccxcm ; Migne, Pair, lot., 
CLXXX1I, col. 600). 

Lettre du P. Fédbrlin, supérieur du 
séminaire de Sainte-Anne de Jéru- 
salem, à Àf 11 ® Jeanne Bigard , direc- 
trice de l'œuvre de Saint-Pierre. 

[Œuvre des écoles d’Orient, n® 246 
sept.-oct. 1901, pp. 548-551.] 

Je signale cette lettre parce qu'elle est accom- 
pagnée d’une reproduction en héliogravure de 
la basilique de Sainte-Anne. 

Lettres de Mélétius Pigas, anté- 
rieures à sa promotion au patriar- 
cat , publiées d’après les minutes 
autographes par Emile Legrand. — 
Paris, Maisonneuve, 1902, gr. in-8°, 
xm-159 pp. 

Mélétius Pigas occupa le siège d'Alexandrie, 
de 1590 à 1600 environ. Les lettres que publie 
M. Legrand sont du plus haut intérêt pour 
l’histoire littéraire et religieuse de l'Orient grec 
à la fin du xvi® siècle. 

Letzte {Die) Karavane des MaUeser 
Ordens , im Jahre 1784. 

[Deutsche Rev. über das gesamte 
nationale Leben der Gegemoart , 
26® année (1901), t. II, pp. 232-239.] 

Sur la dernière expédition des chevaliers de 
Malle contre la côte barbaresque. Le récit con- 
tenu dans le présent article est tait d'après le 
Journal d’un des Chevaliers, le bavarois Fran- 
çois Gabriel comte de Brajr, qui a pris part à 
l’expédition. Sur ce même personnage, roj. ci- 
dessus : Au# den letxten Tagen. 


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bibliographie 


277 


Liebe (G.). — Die Wallfahrten des 
Mittelalters und ihr Ein/luss auf 
die Kultur. 

[Neue Jdhrbücher f. das klas - 
sisches Alterthum , t. I, n° 2 (1898), 
pp. 149-160.] 

Étude un peu superficielle sur les pèlerinages 
après les croisades. 

Lindbnberg (Paul). — Auf deutschen 
Pfaden im Orient. Reisebilder. — 
Berlin, Ferd. Dümmler, 1901, in-8®. 

Les chapitros II et III du livre de M. Linden- 
berg sont consacrés à la description de la Pa- 
lestine et de la Syrie et plus particulièrement 
des colonies et établissements allemands dans 
cette région. Le reste du volume traite de l’Asie- 
Mineure, de Constantinople et des États balka- 
niques. Un fragment de ce livre relatif aux co- 
lonies du Temple en Palestine a été reproduit 
dans Die Warte de» Tempel», Jahrg. 57, 
n* 48 (28 nov. 1901), pp. 379-380 ; il est suivi 
de quelques notes rectificatives par le D r Hoff- 
mim. 

Lindner (Theodor). — Der ürsprung 
der byzantinischen , islamischen , 
abendlândisch-christlichen, chine - 
sischen und indischen Kultur . — 
Stuttgart, J. G. Cotta Nachf., 1901, 
gr. in-8% xx479 pp. 

[Fait partie de la collection : 
Weltgesch . seit der VÔlhencande- 
rung.] 

Loiseau (Charles). — Le côté social 
de la question d* Orient. 

[La Quinzaine , 1899, pp. 388-408, 
480-507.] 

Mac Coll (Canon Malcolm). — The 
Crisis in the East . 

[The Contemporary Re t?., octobre 
1897, pp. 497-509.] 

Magnocavallo ( Arturo). — Marin Sa - 
nudo il vecchio e il suo progetto di 
crociata. — Bergamo, Istituto ita- 
liano d’arti grafiche, 1901, in-16, 
155 pp. 

Comptes rendus : Joum. de» »avant », août 
1904, pp. 527-528; Rev. de VOr . lot., t. IX 
(4902), pp. 239-245 (Ch. K.). 


Magnocavallo (A.). — La carta « de 
mari mediterraneo » di Marin Sa - 
nudo « il vecchio . » 

[Bolletino délia Soc. geogr. ita- 
liana, 1902, fasc. V. — Tir. à part : 
Roma, presso la Societa geografica 
italiana, 1902, 14 pp. et 9 photo- 
typies.] 

Cette carte est bien l'œuvre de Marino Sa- 
nudo ; on la trouve en particulier dans le ms. 
Add. 27376 du British Muséum et dans le 
ms. 2972 du Vatican. M. Magnocavallo la pu- 
blie en 9 planches d'après ce dernier ms., et il 
fournit en outre quelques renseignements sur 
d'autres cartes que contiennent d'autres copies 
des Sécréta fidelium eruci». 

Màltzew (Alexios yon). — Die Sa- 
kramente der orthodox-katholis - 
chen Kirche des Morgenlandes ; 
deutsch und slavisch unter Berüch - 
sichtigung des griechischen Textes. 
— Berlin, Karl Siegismund, 1898, 
in-8°, cccxl- 648 pp. 

Compte rendu : Zeiteehr . f. kathol. Théo- 
logie , L XXV (1901), pp. 309-323 (N. Nillss). 

Maltzew (Alexios von). — Menolo- 
gion der orthodox - hatholischen 
Kirche des Morgenlandes. II Theil 
(Mûrz-August); deutsch und sla - 
visch, unter Berüchsichtigung der 
griechischen ürtexte. — Berlin, 
Karl Siegismund, 1901, in-18, lxxx- 
896 pp. 

Compte rendu : Rev. de VOr. chrit ., VI» an. 
(1901), n # 4, pp. 651-653. — Sur la 1" partie 
de cet ouvrage, voy. Rev . Or. faf., VIII, 594. 

Maltzew (Alexios von). — Liturgi - 
hon. Die Liturgien der orthodàx- 
katholischen Kirche des Morgen- 
landes , unter Berüchsichtigung des 
bischôflichen Ri tus, nebst einer his- 
torisch-verg leichenden Betrachtung 
der hauptsâchlichsten Liturgien des 
Orients und Occidents . — Berlin> 
Karl Siegismund, 1902, in-8°, cvm- 
467 pp. 

Compte rendu : Rev. de VOr. chrit., VI* an 
(4901), n # 4, pp. 651-653. 

Manfredi (Giuseppe). — Scoperte in 
Madaba . 


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278 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


[ Nuovo bullet. di archeol. crist., 
an. VII, n" 1-2 (1901), p. 159.} 

Sur la découverte d'une nouvelle église à Ma- 
daba; vert le côté septentrional de la rue du 
forum. 

Mànfboni (Camillo). — La battaglia 
di Oallipoli e la politica veneto- 
turca (1381-1420). — Venise, 1902, 
in-8*, 71 pp. 

[Tir. à part de YAieneo veneto, 
1902.] 

M. Manfroni, auteur d'une Histoire de la 
marino italienne, traite dans celte étude de la 
bataille livrée en 1416 par Pierre Loredano, 
commandant de la flotte vénitienne, contre les 
Turcs, bataille qui fut un triomphe, mais sans 
aucunes suites. Pour éclaircir cette guerre vé- 
néto-turque, M. M. reprend, dès la paix de 
Turin, en 1381, l'histoire de la politique turque 
envers la puissance menaçante des émirs otto- 
mans. Il s’appuie surtout sur les documents vé- 
nitiens et sur la Chronique de Morosini, qui était 
prêtée à Paris lorsque je l'ai cherchée à Vienne 
comme à Venise, et deux fois pendant deux 
voyages d'études ; et à ce propos, contrôlant les 
regestes que j’ai donnés dans cette Beoue, il 
m’adresse le reproche de n'étre pas complet II 
m’est très facile de répondre que j’ai laissé de 
côté tout ce qui so trouvait déjà dans Ljubic et 
dans d'autres collections et que, pour ne pas 
abuser aussi de l’hospitalité qui m’avait été 
accordée, j’ai laissé de côté tout ce qui ne me 
paraissait pas essentiel. Il faut penser aussi que, 
devant dépouiller tous les registres vénitiens de 
140041453, je n’avais guère le tempsde prendre 
les copies de tous les documents relatifs à 
l’Orient. Cependant mes analyses incomplètes 
occupent parfois plusieurs pages pour un seul 
document. Si cela ne suffit pas à U. Manfroni, 
qui consacre une étude spéciale à la bataille de 
Galbpoli, je me permets d’espérer que mon 
recueil rendra à d'autres érudits quelques ser- 
vices, ne fût-ce que celui de signaler des docu- 
ments importante aux auteurs d’études spé- 
ciales. 

À la page 57, note 6, M. Manfroni me 
reproche d'avoir laissé de côté « la partie la 
plus importante » d’une pièce, et il saisit 
l'occasion pour parler de la manière « hâtive » 
dont j’aurais travaillé. C'est, ici comme ail- 
leurs, injuste : j’ai supprimé ce passage parce 
qu’il figure en entier dans Ljubic, t. VU, p. 263. 

. Je n'insiste pas davantage, et je ne signalerai 
pas, pour ma part, les erreurs qui pourraient 
bien se trouver dans ce travail de M. Manfroni, 
que je reconnais volontiers utile et soigneuse- 
ment fait. N. Joaga. 

Manfroni (Camillo). — Le relasioni 
fra Genova, Vimpero bizantino et 
Turchi. 


[Atti délia Soc. Ligure di storia 
patria , ser. 3, vol. XXVIII (1898), 
parte 3*, pp. 1-282. — Tir. à part: 
Genova, R. Istituto Sordo-muti, 1898, 
in-8% 282 pp.] 

Compte rendu : Bio. tior. Ual. t L XVI 
(1899), pp. 368-369. (B. Casakova). 

Manfroni (Camillo). — Storia délia 
marina italiana dal trattato di 
Ninfeo alla caduta di Costantino - 
poli (1261-1453). Parte I : dal trat- 
tato di Ninfeo aile nuove crociate. 
— Livorno, a cura délia R. Accade- 
mia navale, 1902, in-8°, vi-262 pp. 

Manzoni (L.-Fr.). — Fraie Francesco 
Pipino , da Bologna , de* PP. Predi- 
catori , geografo , storico e viaggia- 
tore. 

[Atti e Memorie délia R. Depu- 
tazione di stor . patria per le prov . 
di Romagna, 3« sér., t. XIII, fasc. 3-4 
(juil.-déc. 1895); pp. 257-334.] 

Pipino naquit entre 1245 et 1250. Parmi ses 
oeuvres figurent des traductions latines des 
Voyages de Marco Polo et de l’Histoire de la 
Terre-Sainte de Bernard le Trésorier. Il com- 
posa en outre une chronique où sont rapportés 
les événements de France, d’Allemagne, d'An- 
gleterre et d’Italie, de 754 à 1314, et qui a été 
récemment retrouvée à la Biblioteca Esterue, 
à Modène. L'auteur du présent article donne la 
liste dos livres et chapitres de cette chronique, 
et il publie un Itinéraire des Lieux Saints, com- 
pilé en 1320 par Pipino. 

Marrnoo (Emilio). — Genova e Tunisi 
(1388-1515). ReUuione storica , se- 
guita da due Appendici suite mo- 
nde e consoli e da alcuni tra i più 
importanti Documenti; con indice 
generale e alfabetico.— Roma, tipo- 
grafia Artigianelli di San Giuseppe, 
1901, gr. in -8°, 313 pp. 

[Forme le t. XXXII des Atti delta 
Societa Ligure di storia patria .] 

Marin (Eug.). —Les moines de Cons- 
tantinople... — Cf. Rev. de tOr.lat ., 
t. VII, pp. 631; VIII, pp. 251. 

Comptes rendus : Studien und Mittheil. au» 
d. Bened. und d. Cittere. Orden., XIX* an. 


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protagonistes peu connus de V or- 
thodoxie au vm« siècle . — Saint- 
Pétersbourg, 1901, in-8°, xxxix- 

131 pp. — En russe. 

Mély (F. de). — La sainte Épine de 
de Charroux . 

[Rev. de Vart chrétien , 1900, 
pp. 405-406; reproduit dans la Revue 
d'archéologie poitevine, & an. (1900), 
n® 12, pp. 353-354.] 

Mély (F. de). — Le camée byzantin 
de Nicéphore Botoniate à VHeili- 
genhreutz (Autriche). 

[Fondation Eugène Piot. Monu- 
ments et mémoires publiés par l'A- 
cadémie des Inscriptions et Belles- 
Lettres (Paris, E. Leroux), t. VI, 
pp. 194-200.] 

Il s'agit de nouveau de ce prétendu camée 
dont nous avons parlé précédemment (Rev. de 
VOr. lot., t.VIIl, p. 251) et queM. de Mély 
, .croit avoir découvert. L’auteur vient d’avoir à 


279 - 

ce sujet, dans là Byxantinitehë Zeitschrift, 
t. XI, pp. 299-300, une polémique avec M. Strxy- 
gowski, qui lui montre une fois de plus que 
cette pièce n’est pas, à proprement parler, un 
camée et qu’elle avait été décrite nombre de fois. 

Mercati (G.). — Il nuovo trattato di 
S. Girolamo sulla visione d'Isaia . 

[Rev. biblique internat., t. X 
(1" juil. 1901), pp. 385-392.] 

A propos de la publication de cet opuscule 
par le P. Amelli (cf. ci-dessus). M. Mercati 
combat l’attribution de l’œuvre à saint Jérôme, 
mais admet que nous avons là un traité ancien 
sinon contemporain de ce Père. • 

Merkle (S.) — Cassian hein Syrer . 

(Theolog. Quartalschr ., 82 e an. 
(1900), n® 3, pp. 419-441.] 

Réponse à l’article de M. Hoch, signalé ci- 
dessus. Suivant M. Merkle, Cassien n’était ni 
Syrien ni Gaulois: il était très probablement 
originaire de la Dobroutcba. 

Michaud (E.). — La latinisation de 
l'Orient sous Louis XIV et Louis 
XV: I. L'ambassade deM.de Noin - 
tel à Constantinople (1670-1677). — 
II. Les ambassades du comte de 
Ferriol (1699-1709) et du chevalier de 
Vergennes (1755-1768). — IW. Aperçu 
général et conclusion. 

[Rev. internat . de théol ., 3 # an. 
(1895), pp. 217-242, 488-504, 67^689, 
4* an. (1896), pp. 108-129.] 

Mille (Pierre). — Les intérêts fran- 
çais en Syrie et en Palestine. 

[Bull, de la Soc. de géogr. com- 
merciale de Paris, t. XXI (1899), 
n" s 3-4, pp. 196-200.] 

Miller (W.). — Europe and the Otto- 
man, Power before the ninetenth 
Century. 

[27ie english Kistor. Rev., n° 63, 
vol. XVI, juillet 1901, pp. 452-471.] 

Millet (G.). — Le monastère de Da - 
phni. Histoire , architecture, mo- 
saïques. Aquarelles de Pierre BÉ- 
nou ville. Ouvrage illustré de 19 pl. 
hors-texte et de 75 gravures. — Pa- 
ris, E. Leroux, 1899, in-4®, xv-204 pp. 


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880 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


[Monuments de Vart byzantin 
jnibl. sous les auspices du ministère 
de VInstr. publique , 1. 1.] 

Uim partie des constructions est de style la- 
tin et remonte à l’époque de la domination des 
La Roche à Athènes. 

Comptes rendus : Rev. hittor ., t. LXXVIII 
{janv.-févr. 1902), pp. 167-171 (Louis Bâtera). 
— Rev. de» ét. ancienne», t. U (1900), pp. 391- 
395 (J. Chamokard). — BuUet . cri/., 1901, n« 4 
(3 févr.), pp. 61-64 (J. Gat). — Journ. ( russe ) 
du miniêt. de Vhutr . publ., i. CCCXXXIV 
(avril 1901), pp. 478-486 (B. Rjxihr). — Journ. 
de» Débat s, 13 nov. 1900 (A. Michel). — 
'Appovta (Athènes), t. I, 1900, pp. 377-395, 
504-518, 705-736 ; avec plusieurs gravures (K. 
M. KoHSTAirropuLos). — BuÇatvTivà ypovtxi, 
t VIU (1901), pp. 131-143. 

Millst (G.). — Inscriptions byzan- 
tines de Mistra . 

[Bullet. de corresp. hellén., 
t. XXVIII (janv.-juin 1899), pp. 97- 
156, et pi. XIV-XXIII.) 

Chrysobulles impériaux du premier quart du 
xnr* siècle ; actes épiscopaux du xiv« siècle ; 
dédicaces ; épitaphes de fonctionnaires. 

Mission arménienne (La) de Van. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n* 5 (1«* mars 1902), pp. 71-74.] 

Mommkrt (Karl). — Lie Dormitio und 
das deutsche Grundstück. . . — Cf. 
Rev. de VOr. lat., VIII, 252. 

Compte rendu : Theolog. Literaturbl ., 
I. XXI (1900), n* 32, col. 373-375. 

Mommert (Karl). — Oolgotha und das 
heilige Qrab zu Jérusalem ... — Cf. 
Rev. de VOr. lat., VIII, 592. 

Comptes rendus : Bysant. Zeittchr ., t. X, 
n** 3-4 (1901), pp. 703-706 (J. Strzygowsiu). 
— Zeifchr. f. kathot. Théologie , t. XXIV 
(1900), pp. 727-729 (L. Force). — Literar. 
Centralbl., t. LU (1901), n° 5, col. 193. 

Monaci (Alfrede). — Sut sarcofago di 
S. Elena nel Museo Pio-Clementino 
del Vaticano. 

[Archivio delta R. Soc. romana di 
stor. patria , t. XXII (1899), pp. 570- 
573.] 

Montagnon (P.). — A Constantinople; 
Sainte- Sophie. 


[Rev. du clergé français , t. XXIV 
(1900), pp. 274-278.] 

Description pittoresque de l’église sans au- 
cune prétention d’érudition. 

Montagnon (F.). — Bethléem. 

[Rev. du clergé français , t. XXV 
(1901), pp. 271-282.] 

Montagnon (P.). — Images g ali- 
léennes : Le Carmel. Vers Nazareth. 
La ville de Jésus. 

[Rev. du clergé français , t. XXV 
(1901), pp. 136-140; t. XXVII (1901), 
pp. 46-60.] 

Moranville (H.). — Il n'y a pas de 
croix de Lorraine. 

[Biblioth. de VÊc. des Chartes , 
t. LXII (1901), pp. 618-621.] 

La croix à deux branches transversales, dite 
de Lorraine, ne serait que la reproduction d’une 
relique de la vraie Croix, taillée en forme de 
croix grecque, et qui, enlevée à Constantinople 
en 1204 par les croisés, fut déposée quelque 
temps (1400-1456) dans la chapelle du château 
d’Angers, et se trouve aujourd'hui à Baugé 
dans l’Hospice des incurables. Limage de cette 
relique, adoptée par les princes de la maison 
d’Anjou comme emblème de leur ordre de la 
Croix, passa avec eux dans la Lorraine devenue 
leur terre héréditaire. 

Morosini (Antonio). — Voy. Chro- 
nique. 

Mouvement (Le) anti-Turc des Arabes. 
[L'Asie française, l #p juil. 1901 ; 
reproduit dans La Terre-Sainte, 
27 # an., t. XVIII, n« 14 (15 juil. 1901), 
pp. 212-214.] 

Mühlau (Ferdinand). — Martinus 
Seusenius'Reise in das heilige Land, 
1602. Universit&ta-Progxamm. — 
Kiel, in-8% 35 pp. 

Muret (Ernest). — Un fragment de 
Marco Polo. 

[. Romania , t. XXX (1901), pp. 409- 
414. — Tir. à part : Paris, 1901, 
in-8% 7 pp.] 

Il s’agit d’un fragment trouvé dans la cou- 
verture d'un livre de comptes du xvi* siècle, 


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BIBLIOGRAPHIE 


281 


appartenant aujourd'hui & la Bibliothèque de 
Vcvey (canton de Vaud, Suisse). Ce fragment, 
copié à la fin du xiv* siècle, se compose de 
deux feuillets, dont l'un contient la fin du chap. 
121 et la plus grande partie du chap. 122 de 
l’édition Pauthier, et dont l'autre correspond à 
la fin du chap. 134, aux chap. 135, 136, 137 et 
aux premières lignes du chap. 138. Le texte est 
fort rapproché de celui du manuscrit de Stock- 
holm. M. Muret en donne ici une édition très 
soignée. 

Naissance (Une) en Orient : Faculté 
de médecine catholique et française 
à Beyrouth , [par] Un professeur 
de la Faculté. 

[Rev. internat . de l'enseignement , 
avril 1899, t XXXVII, pp. 316-322.] 

Nàu (F.). — Note sur la date de la 
mort de saint Jean Climaque. 

[Byzant. Zeitsehr. 9 1. XI, an. 1902, 
pp. 35-37.] 

Jusqu’ici on avait frit vivre saint Jean Cli- 
maque au vi« siècle, entre 525 et 600 environ. 
M. Nau, s’appuyant sur certains Récits concer- 
nant les PP. du Sinat , réunis en totalité ou 
en partie dans les mss. gr. 914. 917, 1598, 1629 
et Coislin 257 de la Biblioth. Nationale et qu'il 
attribue à Anastase le SinaTte, patriarche d’An- 
tioche de 599 à 610, croit que saint Jean Cli- 
maque naquit pou avant 579, fit profession au 
Sinal vers 599, devint hégoumène en 639 et 
mourut vers 649. Pour que cette thèse fût soli- 
dement établie, il faudrait prouver que ceux de 
ces Récits où il est question de Jean Climaque 
sont bien du mémo Anastase. M. Nau se 
propose de publier intégralement les dites 
narrations, dont quelques-unes seulement ont 
été imprimées (Migne, Pair. gr. t LXXXVIH). A 
cette occasion, il développera sans doute les 
points indiqués dans la note que nous annon- 
çons ici. 

Nau (F.). — Voy. Légende (La) iné- 
dite des fils de Jonadab. 

Nbgri (Gaetano). — L’imperatore 
Giuliano VApostata ; studio storico. 
— Milano, U. Hœpli, 1901 in-16, 
xx-509 pp., héliogravure. 

Recension : Rev. histor., t. LXXVIII (janv.- 
févr. 1902), p. 167 (C. Juluaw). 

Nbstlr (E.). — Lie Kirchengeschichte 
des Eusébius aus dem Syrischen 
übersetzt... — Cf. Rev. de l'Or, lat., 
VIII, 593. 


Cette traduction est faite d’après l'édition de, 
Wright et Mac Lean (cf. ci-dessous). L’édition 
du P. Bedjana été également utilisée. 

Comptes rendus : Anal. Rolland ., t. XX 
(1901), fasc. 3, pp. 320-321. — Rev. crit. 
d’hist. et de litt ., 1901, n* 47 (25 nov.), 
pp. 413-414 (P. Luay). — Deutsche Litté- 
ral. Zeitg ., 1901, no 29, col. 1809-1815 (V. 
Rysobl). — Theolog. Literaturxeitg., 1901, 
n* 24, col. 641-645 (Hugo Geusmahn). 

Neumann (IF Wilhelm). — Ueber die 
orientalischen Sprachstudien seit 
dem 13 Jahrhundert , mit besonderer 
Rücksicht auf Wien. Inaugura - 
tionsrede gehalten am 17 Oct. 1899 
im Festsaale der Wiener Universi- 
té. — Wien, Verlagder K. K. Uni- 
versité, in-8», 55 pp. 

Nirschl (Joseph). — Las Haas und 
Grab der heiligsten Jungfrau Ma- 
ria. Neue Untersuchungen. — 
Mainz, F. Kirchheim, 1900, in-8°, 
xn-229 pp. et 1 pl. 

Comptes rendus : Pastor bonus, 1901, p. 382 
(P. Wiaz). — Zeitsehr. f. kathol. Theol., 
X. XXV (1901), pp. 300-304 (Léop. Poirca). — 
Histor . Jahrbuch d. Gôrres Geseüsch ., 
t XXII (1901), pp. 165-166 (S. EoRmcxa). 

Nœldkke (Th.). — Zur Geschichte der 
Omaijaden . 

[Zeitsehr. d. deutschen . morgenl. 
Oesellsch., t. LV, 1901, n* 4, pp.683- 
691.] 

Sur le règne de Moawia II (683-684) et la 
rivalité entre les deux branches des Omeiyades. 

Nœldeke (Th.). — Ueber einige Edes - 
senische Mârtyrerahten. 

[Strasburger Festschrift zur 
XLVV** Versammlung deutscher 
Philologen (Strassburg,1901, in-8°), 
pp. 13-22.] 

Sur la date de composition (360-450) et 
l'origine des Actes des martyrs d’Bdesse, Guria 
et Shamona, publiés par Mgr. Rahmani (cf. 
Rev. Or. lat. 9 VIII, 235). 

Oberhummer (Eug.). — Const antino - 
polis. Abriss der Topographie... — 
Cf. Rev. Or. lat., VII, 283. 

Compte rendu : Berlin philol. Wochen- 
schrift ., t. XX (1900), n* 46, col. 1430-1431 
(Th. PltKGtll). 


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282 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Obstrup (J.). — Historisk-topogra - 
fiske Bidrag til Kendskabet til den 
syriske Oerken. — Med et Over- 
sigtskort. 

[Det kgl. Danske Videnshabemes 
Selshabs Skrifter , 6 te Raekke : his- 
torish og fllos. Afdeling, IV, 1895, 
pp. 59-91. — Tir. à part : Copenha- 
gue, 1895, in -4*, 33 pp. 

Œuvres complètes de Flavius Josephs, 
traduites en français sous la direc- 
tion de Th. Reinach : Tome I. Anti- 
quités judaïques , livres I-V, traduc- 
tion de J. Weill.— Paris, E. Leroux, 
1900, in-8®, vni-369pp. 

Compte rendu : Rev. biblique internat 
X* an., n* 3 (1*' juillet 1901), pp. 457-460 
(Fr. Hugues Vihckmt). 

Omont (H.). — Athènes au xvii® siè- 
cle. Relation du P. Robert de Dreux 
(1669). Lettres de J. Spon et du 
P. Rabin, 1679 et 1680. 

[Rev. des études grecques , mai- 
juin 1901, t. XIV, pp. 270-294.] 

Le capucin Robert de Dreux suivit en Orient 
l'ambassadeur français de La Haye-Vantelet. 

Oppbnheim (D r Max, Freiherr von). — 
Vom Mittelmeer zum Persischen 
Golf... — Cf. Rev. de l'Or, lat ., VIII, 
594. 

Comptes rendus : Byxant. Zeitechr ., t. X, 
n®* 3-4 (1901), pp. 702-703 (J. Strxycowski). 

— Wiener ZeiUchr. f. die Kunde d. Mor- 
genl., t. XV, n** 2-3 (1901), pp. 289-290 
(Bruno Mnaeiuta). 

Oppenheun (D r Max, Freiherr von).— 
Bericht über eine im Jahre 1899 
ausgefiihrte Forschungsreise in der 
asiatischen Turkei. 

[Zeitschr. d. Gesellsch. f. Erd - 
kunde , t. XXXVI (1901), pp. 69-99. 

— Tir. à part : Berlin, 1901.] 

Olmi (D.). — Del viaggio in Terra 

r Santa fatto e descritto da Ser Ma- 

. riàno da Sibna, nel secolo X V. 

[ Gerusalemme , an. XXVI, 8 sept. 
8 oct., 8 nov. 1901; 8 janv., 8 févr., 
8 mars 1902, pp. 12, 23-24, 36, 59-60, 
71-72, 84. 


Sur le début de oet article, vov. Rev. de 
l’Or, lat., VIH, 253, 593. 

Orientpost; Jérusalem, 5 Nov. 1901. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
57, n- 47 (21 nov. 1901), p. 375.] 

Sur la visite du prince Adalbert de Prusse 4 
Jérusalem, et sur la rixe survenue le 4 nov. 1901 
dans l'église du S.-Sépulcre entre les Francis- 
cains et des prêtres grecs. 

Orientpost; Jaffa, 15 M&rz, 1902. 

[Die Warte des Tempels ,58 Jahrg., 
n* 15 (10 April 1902), pp. 115-117.] 

Récit d’une excursion 4 Toran, colonie juive 
située 4 4 lieues environ au sud de Jaffa. 

P. B. — L* Assomption chez les Grecs . 
à Jérusalem. 

[La Terre-Sainte , 27* an., t. XVIII, 
n* 15 (1" août 1901), pp. 225-227.] 

Palâstinischer Divan, als Beitrag 
zur Volks kunde Paldstinas gesam- 
melt , und mit Uebersetzung und 
Melodien , herausg . von Gustaf 
H. Dalman. — Leipzig, J. C. Hin- 
richs, 1901, in-8°, xxxiv-370 pp. 

Recueil de chansons recueillies en Palestine. 

Comptes rendus : Paldtt. Bxplor. Fund. 
Quarterly Stat ., oct. 1901, pp. 419-421 
(W. Ewurc). — Rev. biblique internat ., t. XI, 
n. 1 (l* r janv. 1902), pp. 132-134 (Antonin 
Jaussen). — Rev. crit. dhitt. et de litt. 9 
23 sept. 1901, pp. 243-244. 

Palmieri (Aurelio). — La chiesa Geor- 
giana e le sue origini. 

[. Bessarione , t. IX (1900-1901), 
pp. 433-457.] 

Sur la légende de l'évangélisation de la Géor- 
gie par l'apôtre S. André. 

Palmyre, Vantique Tadmour. — Avec 
une vue. 

[La Terre-Sainte , 27* an., t. XVIII r 
n° 23 (1" déc. 1901), pp. 360-362.] 

Panslavisme (Le) et les Grecs en Sy- 
rie et en Palestine. 

[La Terre-Sainte , 28® an., t. XIX, 
n® 3 (l®r févr. 1902), pp. 33-34.] 


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BIBLIOGRAPHIE 


Papadopoulos - Kbrambus (A.)* — 
NixT'ÿdpoc KiXXtoxoç SsvOdirouXoc. 

(Byzant. Zeitschr ., t, XI, 1902, 
pp. 3849.] 

Id. — Mipxo; 6 Euy*vixôç &c irxT^p Syto; 

’OpfioSdgou KaOoXtxilc ’ExxX^aîaç. 

[Ibid., pp. 50-69.] 

Papagborgiu (P. N.). — AtopOuntiç tlç 
Fontes historiae imperii Trapezun- 
tini. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XI, 1902, 
pp. 79-104.] 

Additions et rectifications au 1. 1 des Fonte* 
imp. Trapezuntini , de A. Papadopoulos-Kera- 
meus. — Cf. Rev. Or. lat ., V, 589. 

Papagborgiu (P. N.). — Zu den 
Briefen des Theodoros Lasharis. 

[Byzant. Zeitschr., t. XI, n" 1-2 
(1902), pp. 16432.] 

Corrections et essais de restitution. 

Papagborgiu (S. K.). — 'Efipaio-tXV 
vtxal Atyitai. 

[’Eictt^pU *toû DapvarooO, 1901.] 

Élégies en grec vulgaire sur la ruine de Jé- 
rusalem, en l'an 70 après J.-C. Ces pièces de 
vers se chantaient dans les synagogues de l’ile 
de Corfou; elles sont probablement antérieures 
au xvi* siècle ; plusieurs sont écrites en lettres 
hébraïques. 

Recension : Byzant. Ztitchr ., t. XI (1902), 
p. 215. Cf. ci-dessus, sub. v. Krumbachkr (K.), 
Ein dialogischer Threnot. 

Pargoirb (J.). — Notes d*èpigraphie. 

t Échos d’orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 244-256, 356-359.] 

Sur quelques inscriptions de Palestine et 
Syrie. 

Paschalbs (D. P.). — NupLi«jjjL«xtxh 
vf.ffou "AvSpou. . . — Cf. Rev. de l'Or, 
lat., VII*635. 

Recension : Écho* (t Orient , 5s an., n* 4 
(avril 1902), pp. 252-253 (S. Ptramfcs). 

Patzig (Edwin). — Malalas und 
Tsetzes. 

[Byzant. Zeitschr., t. X, n # » 34 
(oct. 1901), pp. 385-393.] 


283 

L'écrivain « Job&nnes Anliochenus », que 
cite souvent Tsetxes, ne doit pas être identi- 
fié avec le Jean d'Antioche que les uns consi- 
dèrent comme une source de Jean Malalas, et 
d'autres comme postérieur & Malalas ; c'est Jean 
Malalas lui-même. 

Pautz (IP Otto). — Muhammed’s 
Lehre von der Offenbarung ... — 
Cf. Rev. de VOr. lat., VI, 590. 

Comptes rendus : AUgem. Literaturbl., 
1901, n«7, p. 197 (W. A. Nmnumr). — Wiener 
Zeitzchr. f. die Kunde d. Morgenlande*, 
t. XV, no 4 (1901), pp. 393-395 (Maxim Birr- 
nxa). 

Pèlerinage (Le) d’un prêtre franc - 
comtois en Terre-Sainte . 

( Annales franc-comtoises , t. XI 
(1899), pp. 276-290, 415427.] 

II s'agit d’un pèlerinage récent; l'auteur ne 
se nomme pas. 

Pellbgrini (Le P. Arsenio). — Le 
prime manifestazione del cuUo eu- 
caristico e il culto eucaristico nella 
Chiesa greca in Oriente. — Venezia, 
tip. Patriarcale, 1897, in-8°. 

Pkrdrizet (Paul). — Syriaca : 1. Tri- 
paradis os. — 2. La déesse syrienne 
Siméa. — 3. Les flottes romaines en 
Syrie. — 4. La dédicace des propy- 
lées de Gerasa —b. Le rhéteur Pto - 
lémée de Gaza. — 6. De quelle pro- 
vince a fait partie Gerasa? —7. Le 
xoXtxtupa des Cauniens à Sidon. — 
8. Une monnaie de Gythium trou- 
vée à Bosra. — 9. Gadara xp^u- 
jJLOüOta. — 10. Aippdpioç ivayxaîo;. — 
11. Noms thr aces dans des inscrip- 
tions syriennes .— 12. La mosaïque 
bachique de Madeba. 

[Rev. archéol ., 3« sér., t. XXXII 
(janv.-juin 1898), pp. 3449; t. XXXV 
(juiL-aoùt 1899), pp. 34-53.] 

Perdrizbt (Paul). — Les dossiers de 
P. -J. Mariette sur Ba'albek et Pair 
myre. 

[Rev. des études anciennes , t. III 
(1901), n°3(juil.-sept.), pp. 225-264.] 

Documents relatifs aux voyages de divers 


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r 



284 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


«▼anU français dans eea localités, au xvn* et 
au xnu* siècle. 

Perry (Frederik). — Saint Louis 
(Louis IX of France ) , the most Chris- 
tian King . — London, Putnam’s 
Sons, 1901, gr. in-8», 314 pp. 

[Forme le t. XXXI de la collec- 
tion : Heroes of the nations .] 

Pkrvanogujs (J.). — 'H X(o< (ntà -coùç 
louarinivatc. 

[ f Ap|xovià (Athènes), t. II (1901), 
pp. 64-76.] 

Esquisse de l’histoire de la famille génoise 
des Giustiniani à Chio. 

Petit (Joseph). — Charles de Valois 
(1270-1325). Thèse présentée à la 
Faculté des Lettres de Paris. — 
Paris, A. Picard, 1900, in-8, xxiv- 
423 pp. 

L’anteur traite arec détail l’histoire des négo- 
ciations poursuivies par Charles de Valois pour 
la conquête de l'empire de Constantinople après 
son mariage avec Catherine de Courtenay, 
petite-fille du dernier empereur latin (janv. 1301): 
négociations avec Boniface VIII, qui ne con- 
sent à lui prêter son appui qu'après que Charles 
est venu lui-même en Italie le soutenir, les 
armes à la main, contre les Florentins et Fré- 
déric III, roi de Sicile ; puis avec Benoit XI et 
Clément V, dont il obtient des subsides pécu- 
niaires; avec Venise et Gênes qui lui four- 
nissent des galères ; avec les rois de Serbie et 
d'Arménie, Hugues, duc de Bourgogne, Gui de 
La Roche, due d'Athènes, la Compagnie cata- 
lane, etc. Après la mort de Catherine de Cour- 
thenay (1308), qui lui a cédé ses droits à l'em- 
pire, Charles continue activement ses prépara- 
tifs. Dès 1307, il avait envoyé en Orient une 
expédition sous le commandement de Thibaut 
de Chepoy. Mais l’échec complet de cette ten- 
tative refroidit son ardeur; il songe alors à se 
débarrasser de l'entreprise et, dans ce dessein, 
il marie à Philippe de Tarante, fils de Char- 
les II, roi de Sicile, la fille qu'il a eue de 
Catherine de Courtenay, à laquelle il aban- 
donne ses droits sur l'Empire. Le mariage 
accompli en juillet 1313, il liquido tous les 
engagements qu’il a pris en vue de la conquête 
de Constantinople, dont il cesse dès lors de 
s'occuper. En 1323, nous le voyons s'intéresser 
aux projets de croisade pour le recouvrement 
de la Terre-Sainte. Il adresse & ce propos & 
Jean XXII une lettre et un mémoire, que son 
envoyé Bouchart de Montmorency est chargé 
de présenter, au pape. M. Petit publie 
l’appendice de son livre l'une et l’autre de 
ces pièces, conservées aux archives du Vatican, 


et il signale, dans ces mêmes archives, aembrs 
d’autres documents relatifs à la dite affaire. 

L'histoire des croisades au xiv* siècle est 
encore très mal connue et rien ne saurait faci- 
liter davantage la tâche du savant qui entre- 
prendra de l'écrire que de bonnes et conscien- 
cieuses monographies comme l’est celle de 
M. PeUt. 

Petit (L. ). — Les évêques de Thessa - 
Ionique. 

[Échos XOrient, t. IV (1900-1901), 
pp. 136-145, 812-221; t. V, 1901-1908), 
pp. 26-33, 90-97,150-156,212-219.] 

Des origines jusqu'à l'époque actuelle. 

Pétridès (S). — Le monastère des 
Spoudaei à Jérusalem et les Spoù- 
daei de Constantinople. 

[Échos (f Orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 225-231.] 

Les moines du monastère des Spoudaei i 
Jérusalem, menUonné du v* au xu® siècle, 
étaient des Grecs, et non des Latins comme ou 
l'a dit. Il ne faut donc pas identifier leur mai- 
son avec Sainte-Marie-Latine. — Les Spoudaei 
de Constantinople n'étaient pas à proprement 
parler des religieux, mais simplement des chré- 
Uens plus fervents, vivant au milieu du monde 
et y pratiquant une vie plus austère que le 
commun des fidèles. 

Pétridès (S.). — Note sur une lampe 
chrétienne. 

[Échos £ Orient, t V, n* 1 (oct. 
1901), pp. 47-49.] 

A propos de la lampe trouvée à Jérusalem 
et qu'a décrite M. Clermon t -Ganneau dans la 
Rev. biblique , oct. 1898 (cf. Rev. Or. lot., 
VI, 316). S. 1 Pétridès n’adopte pas les conclu- 
sions de M. Clermont-Ganneau sur la significa- 
tion de l’inscription que porte la dite lampe. 

Pétridès (S.). — Consécration du 
Saint-Chrême à Damas , en 1660. 

[Échos dïOrienti t. V, n« 2, déc. 
1901, pp. 76-81.] 

Consécration opérée en 1660 à Damas, par le 
patriarche d’Antioche, Macaire 111, d'après la 
relation de son chamma», le diacre Paul. 

Pflugk-Harttung (J. von). — Die 
Anfânge des Johanniter-Ordens in 
Deutschland, besonders in der 

Mark — Cf. Rev. de VOr. lat. y 

VI, 590. 


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BIBLIOGRAPHIE 


285 


Compte rendu : The engliih histor. Rev., 
no 63, voL XVI, juillet 1901, pp. 555-557 (T. F. 
Toot). 

Pflugk-Hartung (J. von). — Der 
Johanniter-und der Deutsche Orden 
im Kampfe Ludwigs des Bayem 

mit der Kurie — Cf. Rev. de l'Or. 

lat ., VIII, 595, 

Compte rendu : The english hietor. Rev., 
no 63, l. XVI, jnfl. 1901, pp. 555-557 (T. F. 
Tout). 

Piolet (J.-B.), S. J. — Des missions 
catholiques françaises. 

[Le Correspondant , t. CCIV, 

25 juil. 1901, pp. 193-215.] 

Relevé sommaire de toutes les missions des 
divers ordres religieux dans le monde entier. 

PI8ANI (P.). — Les Allemands de Pa- 
lestine et la question du protectorat 
des missions catholiques. La lettre 
du pape au cardinal Langênieux. 

[Le Correspondant , 70* an. (1898), 
t CXCII, pp. 895-920.] 

Suite de l'article signalé ci-dessus, t. V. 
p. 590. 

Prbgbr (Th.). — Die Erzàhlung vom 
Bau der Hagia Sophia. 

[Byzant. Zeitschr., t. X, n®» 3-4 
(1901), pp. 455-476.] 

Ce récit, utilisé par Codinus, est l'œuvre d’un 
anonyme vivant dans la première moitié du 
ix* siècle. Les renseignements que l'on y trouve 
méritent plus de crédit qu’on ne leur en avait 
accordé jusqu'ici. 

Prbgbr (Th.). — Die Chronik vom j 
Jahre 1570 (« Dorotheos » von Mo- 
nembasia und Manuel Malaxas). ! 

[Byzant. Zeitschr., t. XI, n # * 1-2 
(1902), pp. 4-15.] 

Cette chronique grecque, publiée dès 1599 
sous le nom de Dorothée, métropolite de Mo- 
nembasie, doit être restituée au moins sous sa 
forme primitive, allant jusqu'en 1570, à Manuel 
Malaxos ; mais elle a été continuée et remaniée 
en particulier par Hiérothée (et non Dorothée), 
métropolite de Monembasie. Elle fournit d 'inté- 
ressants renseignements sur l'histoire de la 
Morée et sur les guerres contre les Turcs dans 
la seconde moitié du xvi® siècle. 

Plbnkbrs (H.). — Neue Forschungen i 


zur Geschichte des alten MÔnch - 
tums. Palladius und Rufinus. Dos 
pachomianische MÔnchtum. 

[Der Katholik , t. XX (1899), pp. 30- 
51, 145-158, 211-227.] 

Potànine. — Les motifs orientaux 
dans V épopée occidentale — Moscou, 
1899, in-8% 893 pp. — En russe. 

Compte rendu : Romania, 30® an. (1901), 
pp. 149-150 (B. Ajtitghkov). 

M. Potànine relève les analogies que pré- 
sentent certains récits tar tares, mongols, kir- 
ghises, kalmouks et toungouses avec diffé- 
rents épisodes de l’épopée germanique et russe. 

Prbntice (Wm.-K.). — Die Bauin- 
schriften des Heiligthums auf dem 
Djehel Shêkh Berekdt. 

[. Hermes , t. XXXVII (1902), 1, 

pp. 90-120.] 

Relevé d’inscriptions grecques des deux pre- 
miers siècles après J.-C., relatives au culte des 
dieux Madbachos et Salamanos, qu’ont décou- 
vertes MM. Prentice, Garrelt et Liltmann dans 
les ruines d'un sanctuaire sur le Djebel Shêkh 
BerekAt, près d'Alep. 

Prétextât (L.) et Lagrange (Fr. 
J.-M.). — Découverte d'une ancienne 
mosaïque byzantine [d Jérusalem], 

[La Terre-Sainte , 27° an., t. XVIII, 
n* 17 (1" sept. 1901), pp. 260-263.] 

Il s'agit de la mosaïque découverte récem- 
ment près de la porte de Damas. Cette mosaïque 
sera transportée à Constantinople dans le musée 
de Tclinili-Kiosk. 

Prochain (Le) concile grec-melchite. 

[Échos d'Orient , 5» an., n* 3(févr. 
1902), pp. 178-183.] 

Prochaska (A.). — L'Ermeland au 
temps de la guerre de treize ans 
contre l'ordre Teutonique. — En 
tchèque. 

[Kwartalnik Historyczny , 1898, 
n* 4, pp. 778-799.] 

Protectorat (Un) français dans le 
Levant. 

[La Terre-Sainte , 28 e an., t. XIX, 
n* 8 (15 avril 1902), pp. 124-125.] 

Sur le droit de II France de faire respecter 


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386 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


- tour les mers le pavillon hiérosolymitain, que déli- 
vre le patriarche latin de Jérusalem à quelques 
bateaux naviguant dans les échelles du Levant. 
L'origine de ce protectorat remonte à une 
époque incertaine. 

Psbllüs. — Voy. Bistory ( The ). 

Pokch (A.). — Saint Jean Chrysot- 
tome... — CI. Rev. Or. lat. , VIII, 256. 

Compte rendu : Rev. [belge] eThist. cédés., 
I (1900), pp. 909-311 (B. van Roiy). 

V.-ie mercure et son exploita- 
tion au Liban . — En arabe. 

[Al-Machrih, t. IV (1900), pp. 867- 
891.) 

Rade (Major L.). — Die deutschen 
Tempe l- Gemeinden undihre Kolo - 
nien in Paldstina . 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
LVI1I, n" 1-6 (2, 9, 16, 23 et 90 janv. ; 
6 févr. 1902), pp. 3-5, 10-11, 18-20, 28- 
29,36-37,42-44.] 

Radonic (J.). — Sur les relations poli- 
tiques des villes de Dalmatie avec 
Byzance au x* siècle . — En russe. 

[Nouvelles de VInstitut archéol . 
russe à CPle , t. VI (1901), pp. 408- 
417.) 

Rampolla del Tindaro (Mariano, 
card.).— Di un catalogo cimiteriale 
Romano.Di una biographie di Santa 
Melania giuniore. — Roma, tip. di 
Giovanni Bertero, 1900, in-4°, 28 pp. 

La partie de cet opuscule consacrée à on 
nouveau manuscrit de sainte Mélanie la Jeune, 
a paru également dans le Nuovo Bullet. di 
areheol. cristiana , 1900 (Cf. Rev. de VOr . lot 
VIII, 2M). 

Compte rendu : Anal. Rolland ., t. XX, 

' fascicule 3 (1901), p. 319. 11 est dit dans ce 
compte rendu que les PP. fiollandisles con- 
. naissent de leur côté deux autres manuscrits 
complets de la Vie de sainte Mélanie la jeune, 
et qu’ils en ont également recueilli un texte 
grec inédit, qu’ils se proposent de publier. 

Rapprochement (Le) des églises ortho- 
doxe et anglicane . 

[La Terre-Sainte, ZI» an., t. XVIII, 
n» 18 (15 sept. 1901), pp. 275-277.1 


| 9ar ta effort, de l'Église angiieu. pair BJM- 

i • ner un accord doctrinal avee l’église orthodoxe 
grecque. Celle-ci y prêterait les mains, parait- il, 
dans l’espoir de se soustraire ainsi à l’influence 
du panslavisme et aux tentatives de l'Église 
orthodoxe russe pour supplanter l'antique Pfaa- 
nar dans la direction suprême de l'orthodoxie. 
— Les n M 19 et SI de La Terre-Sainte, con- 
tiennent encore (pp. S89-S91, 323-3S0), sons le 
titre de Correspondance de Constantinople, 
des articles sur le même sujet. 

Relation adressée au T . R. P . Léo- 
nard d’Estaires , commissaire géné- 
ral de Terre-Sainte , sur les événe- 
ments du parvis de la basilique du 
Saint-Sépulcre à Jérusalem , le 
4 novembre 1901. — Avec une vue 
de ce parvis. 

[La Terre-Sainte , t. XIX, n« 2-5 
(15 janv., l» et 15 févr., l #p mars 
1902), pp. 17-19, 36-39, 53-55, 74-76.] 

Results (The) of the crusades. 

[Edinburgh Rev., 1894, n* 367, 
pp. 158-179.] 

Coup d’œil sur l'histoire des principautés 
franques de Terre-Sainte, d'après E. Rey, Les 
colonies franques de Syrie, et R. Rêhricht, 
Regesta regni Rierosolymitani. 

Réville (Jean). — La onzième ses- 
sion du congrès international des 
orientalistes (Paris, 5-12 sept. 1897). 

[Rev. de Vhist. des religions , 
t. XXXVI (1897), pp. 254-264.] 

RÉ ville (Jean). — Le douzième con- 
grès international des Orientalistes 
(Rome, 3-15 octobre 1899). 

[Rev. de Vhist . des religions , 
t. XL (1899), pp. 414-426.] 

Ribieb (Louis de). — Les chevaliers de 
Saint-Lazare de Jérusalem et de 
Notre-Dame du Mont-Carmel en 
Haute-Auvergne. Commanderie de 
Rosson. 

[Revue de la Haute- Auvergne, 
1901. — Tir. à part : Aurillac, im- 
prim. Bancharel, 1901, in-8»; 31 pp. 
et 1 grav.] 

Rioault (Abel). —-Le Voyage d'un 


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BIBLIOGRAPHIE 


287 


ambassadeur de France en Turquie 
au xvi* siècle . 

[Rev, cf hist. diplom.j t. XV, 1901, 
n* 4, pp. 481-503.] 

Sur les itinéraires dns ambassadeurs, las 
dangers du voyage; avec des exemples pris 
dans les relations du temps. 

Robert (L.). — Les églises dissi- 
dentes d* Orient. 

[Rev, du clergé français , t. XIII, 
(1898), pp. 109-129.] 

Rœhricht (R.). — Geschichte des Kœ- 
nigreichs Jérusalem,,, — Cf. Rev, 
de V Or, latin , V, 280, 591. 

Compte rendu : Sxdsadok (Les siècles ), 
avril 1900. 

Rœhricht (R.). — Geschichte des ers- 
ten Kreuszuges.,,— Cf. Rev, de VOr, 
lat., VIII, 597. 

. Comptes rendus : Hist. Zeitschr ., N. P., 
t. LU, no t (1901), pp. 80-81 (W. Hetd).— Rev. t 
crû. dhist. et de litt., 1901, n* 38 (23 sept.), 
pp. 230-231 (N. Jorga). — Literar. Centralbl ., 
53 Jahrg., no 10 (8 mars 1902), col. 318-320 
(H. Hacskmxtxr.) 

Rome et VOrthodoxie, [Signé :] « Un 
Orthodoxe. » 

[Rev, internat, de théol ., 3 e an. 
(1895), pp. 469487.] 

Rosi (M.). — Nuovi documenti rela- 
tivi alla liberazione dei principali 
prigioneri Turchipresi a Lepanto, 
[Archivio délia r. Soc. romana di 
storia patria , vol. XXIV, 1901, 
faso. 1-2, pp. 547.] 

Rotenham (Hermann, Freiherr von). 
— Grosse Reisen und Begebenhei - 
ten der Herren Christoph von Ro- 
tenham ffannss Ludwig von Lich- 
tenstein , Christoph von Wallenfclss, 
Hanns Ludwig von Munster , nach 
Italien , Rhodus, Cypem, Turhey 
besonders Constantinopel , nach 
: Asien, Syrien , Macédonien , Egyp- 
ten, in das gelobte Land, Berg Sindi 
etc,, 1585-1589. - München, 1902, 
in-8\ 65 pp. 


POrBlO AIOTK (’Avt.). — f O itoXitiopôç 
*al ^ yXûoaa twv KaxaXivuv iv.'EXXdSi 
uatà t^v iS' cxavovTotTiiptôa. 

['ApjiovCa (Athènes), 1. 1 (1900), pp. 
337-344.] 

Version grecque, par G. N. Maurakfts, de 
Partiels de M. Rubio y Uuch signalé ci-dessus, 
t. VUI, p. 258. 

Ruebsam (Joseph). — Aus der ürzeit 
der modemen Post , 1425-1562. 

[Histor. Jahrbuch d. GÔrres Gesell- 
sch ., t. XXI, n # 1 (1900), pp. 22-57.] 

Parmi les documents utilisés par l’auteur, se 
trouve le passage de Marco Polo décrivant l’or- 
ganisation de la poste en Chine. 

Rüecrert (Karl). — Die Loge des 
Berges Sion... — Cf. Rev. Or. lat., 
VII, 363. 

Compte rendu : Zeitschr. d. deutschen Pal. 
Vereins , t.XXlV (1901), pp. 180-183 (J. Btir- 

ZtlfGBR). 

Ryssel (Victor). — Materialien zur 
Geschichte der Kreuzaufllndungs- 
legende in der syrischen Literatur. 

[Zeitschr. f. Kirchengesch., t.XV 
(1894), fasc. 2, pp. 222-243.] 

Traduit et commente trois textes tirés de 
Bedjan, Acta martyrum (Paris, 1892), et de 
Nestle, Syr. Grammatik, pp. 127-131. 

Sachàü (Ed.). — Verzeichniss der 
Syrischen Handschriften der kô- 
niglichen Bibliothek zu Berlin. — 
Berlin, A. Asher, 1899, 2 vol. in-4*. 

Compte rendu : Rev. de VOrient chrétien, 
1901, n* 3, pp. 475-480 (M. A. Kocamm). 

SACHAü(Ed.).— üeber syrische Hand- 
schriften-Sammlungen im Orient . 

[Mittheil. d. Seminars f. oriental. 
Sprachen zu Berlin , Jahrg. II (1900), 
Abtheilung II : Westasiatische Stu- 
dien , pp. 43-47.] 

Compte rendu : Rev. de VOr . chrit.% t. Vil 

* (1902), n» 1, pp. 167-169 (M. A. Kdgiwir). 

' 

SACHAü(Ed.). — Studie zur syrischen 
Kirchenlitteratur der Damascene. 
[SUzungsber. d. k. preuss. Acad. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


288 


d. Wis*. Philos. -histor. Classe , 
1899, pp. 502-528.] 

Compte rendu : Rev. de l'Or, ehrét ., 1902, 
no 1, pp. 167*169 (M. A. Kugener). 

Sackur (E.). — Sibyllinische Fors - 
chungen und Texte : Pseudo-Metho- 
dius...- Cf. Rev. l'Or, lat ., VII, 363. 

Compte rendu : Butor. Jahrb. d. Gôrres 
GeselUch ., t. XX (1899), pp. 421-424. 

SaliAge (M.). — Voy. Jubilé (Le). 

Salvemini (O.). — Studi storicù — 
Firenze, Galileiana, 1901, in -8*, 

168 pp. 

Quatre études, dont l'une consacrée à la sup- 
pression de l'ordre des Templiers. 

Compte rendu : Rivista stor. ital. f n. s., 
vol. Vl.fasc. 6, nov.-déc. 1901, pp. 466 468 
(B. Casanova). 

Sandb-Bakhuysen (IF W. H. Van de). 
— Voy. Dialog (Der). 

Sandel (Th.). — Der kônigl. Würt- 
temb. Baurat, 2F C . Schick. 

[Die Warte d. Tempels , Jahrg. 
58, n® 15 (10 April 1902), pp. 117-119.] 
Notice nécrologique. 

Sanna Solaro (Giammaria). — La S. 
Sindone che si vénéra a Torino il- 
lustrata e difesa. — Torino, Vin- 
cenzo Bona, 1901, in-4°, th- 179 pp., 
10 pl. et 14grav. 

En faveur de l'authenticité du S. Suaire. 

Schiwietz (Stephan). — - Geschichte 
und Organisation der Pachomianis- 
chen Klœster im vierten Jahrhun - 
dert. 

[Archiv f. hathol . Kirchenrecht , 
t LXXXI (1901), pp. 461-490.] 

SCHLUMBERGER (GUSt.). — Vépopée 
byzantine à la fin du x* siècle... 
Basile II... — Ci.Rev. deVOr. lat ., 
IV, 653; VIII, 597. 

Comptes rendus : Buüet., monum ., t. LXIV 
(1899), pp. 111-113 (A. Héron de Villetome). 
— Mittheil. au» der histor. Lit ter., t. XXIX 
(1901), pp. 52-56 (F. Hirsch). — Rev. de VOr. 


chrétien , t. V (1900), n* 3, pp. 502-503 
(L. Clugnet). — Écho* d Orient , t. IV (1900), 
p. 122 (J. Laurent). — Deutsche Littérature 
xeitg., 1900, no 37, coL 2400-2401 (J. Stsxy- 
gowbki). — Byxant. Zeitsckr.,, X. X, n" 3-4 
(1901), p. 700 (Id.). — Neue Jahrb. fûr dm» 
klas*. Altertum , t. V (1900), pp. 692-702 
(Hans Græven). — Stimmen au» Maria 
Laach , t. LX (1901), pp. 92-94 (Steph. Bussel). 
— Rev. histor. , t. LXX1X, 1902, pp. 152-158 
(L. Bréhicr). 

Schlumberoer (Gust.). — Un nouveau 
sceau de T empereur latin Henri I w 
d*Angre de Constantinople. 

[Revue numism 1901, pp. 396-397. 
— Tir. à part: Paris, Rollin et Feuar- 
dent, 1901, in-8% 2 pp.] 

Sceau de plomb, récemment acquis per 
M. Schlumberger d'un antiquaire de Constanti- 
nople. U présente au revers un type différent 
de ceui des autres sceaux du même person- 
nage connus jusqu’ici. 

Schlumberger (Gustave). — Expédi- 
tion des Almug avares ou routiers 
Catalans en Orient , de Van 1302 à 
Van 1311. Ouvrage accompagné 
d’une carte. — Paris, Plon, 1902, 
in-8°, n 1-396 pp. 

Nous reviendrons, dans un prochain numéro, 
sur cet important ouvrage qui nous parvient an 
moment où la présente Bibliographie part pour 
l’impression. 

Schmidt (Josef). — Des Basilius aus 
Achrida , Erzbischofs von Thessa - 
lonich , bisher unedierte Dialog e. 
Ein Beitrag sur Qeschichte des 
griechischen Schismas. — Munich, 
Lentner (E. Stahl), 1901, in-8% viu- 
54 pp. 

[ Verôffentlichungen aus dem 
Kirchenhistorischen Seminar Mün- 
chen , n® 7.] 

Compte rendu : Byxant. Zeitsckr., t. XI 
(1902), pp. 183-184 (J. B. Weiss). 

Schmid (P. Bernhard). — Der heilige 
Peter Orseolo, Doge von Venedig 
und Benedictiner in Cuxa (928-987). 

[Studien u. Mittheil. aus dem 
Bened. u. dem Cisterc. Ord ., t. XXII 
(1900), pp. 71-112, 251-282.] 

Quelques mots sur le voyage en Palestine de 
Guarin, abbé de Cuxa. 


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BIBLIOGRAPHIE 


289 


Schœnb (A.). — Lie Weltchronik 
des Eusebius... — Cf. Rev. de l'Or, 
lat., VII, 638. 

Comptes rendus : Berlin, philol. Wochen- 
schrift, t. XXI (1901), n» 16, col. 488-493 (Cari 
Frick). — Rev. [belge] d’hist. ecclés ., I (1900), 
no 4, pp. 727-730 (J. Flamion). — Literar. 
Centralbl., 1901, n» 28, col. 1146-1148 (H. S.). 
— Rev. crit. (Thial, et de litt ., 1901, n® 50 
(16 déc.), pp. 475-476 (L.-H. U»ahdb). 

Schott (E.). — Joachim , der Abt von 
Floris. 

[Zeitschr. f. Kirchengesch ., t. 
XXII, n* 3 (1901), pp. 343-361.] 

Bien que l'auteur ne dise & peu près rien des 
prophéties de Joachim et de son pèlerinage 
«n T.-S., je signale cet article qui résume, 

- d'après les derniers travaux et des recherches 
personnelles, ce qu'on sait de ce personnage et 
de son activité littéraire. 

Schreiner (Martin). — Beitr&ge sur 
Geschichte der theologischen Bewe- 
gungen im Islam. 

[Zeitschr. d. deutschen morgen - 
lànd. Gesellsch ., t. LIII (1899), 
pp. 51-88.] 

Schulten (Adolf). — Lie Mosaikkarte 
von Madaba... — Cf. Rev. de VOr . 
lat. y VIII, 598. 

Comptes rendus : Byzant. Zeitschr ., t. X, 
n" 3-4 (1901), pp. 646-651 (S. Vailhé). — 
Deutsche Litteraturxeitg. , 1 901 , n» 6 , col. 354- 
356. 

Schuster (Iidefonso). — Li una col - 
lezione d'eulogie dei luoghi santi di 
Palestina . 

[Nuovo buXlet. di archeol. crist., 
an. VII (1901), n* 4, pp. 259-269.] 

En arrangeant la lipsanothèque de l'abbaye 
de Farfa, on a trouvé dernièrement tout un lot 
de reliques, enfermées dans de petites bourses 
ou sacs, et provenant de Terre-Sainte. Elles 
portent des titres écrits en latin et en italien 
par diverses mains du xiu» au xvn« siècle. 
M. Schuster pense néanmoins qu’elles doivent 
avoir été apportées en Italie antérieurement à 
la première croisade ; quelques-unes sont men- 
tionnées dans YOrdo Farfensis , document an- 
térieur à 1047. En voici la liste, telle qu’elle est 
fournie par les titres appliqués sur les bourses : 
« De oleo sanclo ssbbato de Jherusalem. — De 
terra sanguine Christi madefacta. — De monte 
Calvario. — Do loco ubi Christus captus fuit 
ante tempus suae passionis. — De lapide cnc. 
(conchae ou cœnaculi ?) in qua Christus l*vit 

R*v. di l’Or, latin. T. IX. 


pedes discipulorum suorum. - De petra monlis 
Oliveti. — De mamsa (sic) ubi commedit cum 
aposlolis. — Dove se reposé nostro sign. 
quando resuscitava Lazzaro. — De loco ubi 
Christus flevit super Hierusalem. — De sepul- 
chro Domini. — Délia pietra ove Christo sus- 
cité il flg** délia ved». — Pietre di diversi S. 
lochi di Hierusalem. — De terra et omnibus locis 
sanclis Hierusalem. — Diversi lapides locorum 
benedictorum Hierusalem vénérations dignissi- 
morum, nomina quorum ignorantur. — De 
monte Oliveti. — De loco ubi... Dominus doce- 
bat orare. — De lapide ubi fuit cum pedibus 
dom. noster Jésus. — De bombace ubi posita 
fuit culla domini nostri Jesu Christi. — De terra 
fluminis Jordani. — De lana bombacinea inlincta 
in aqua fluminis Jordani. — Del presepio di N. 
S. Giesù Christo. — De domo lauretana Virgi- 
nia Mariae. — Dal loco ove fu segato Isaia pro- 
feta. — De ligno paradisi. — Virga arboris de 
qua fuit virga Moisis qua divisit mare rubrum 
et transivit per illud. — Del monte Sinai ove 
fu data la legge da Dio a Moisè. 

Schwab (Moïse). — Le douzième con- 
grès international des Orientalistes , 
Rome 1899 . 

[Rev. de géographiey nov. 1899, 
pp. 380-384.] 

Scriptores originum Constantinopoli - 
tanarum. Recensait Theod. Preger. 
Fasc. I : Hesychii illustris origi- 
nes Constantinopolitanae. Anonymi 
enarrationes brèves chronographi - 
cae. Anonymi narratio de aedifica- 
tione templi S. Sophiae. — Leipzig, 
B. G. Teubner, 1901, in-8% xx-133 pp. 

Seesselbbrg (Friedrich). — Las Prâ - 
monstratenser Kloster Lelapais auf 
der Insel Cypem, von Kirchen- 
und hunstgeschichtlichen Stand - 
punkte erlâutert. — Berlin, O. S. 
Hermann, 1901, in-4°, iv-85 pp. — 
Avec 8 pl. et 9 figures dans le texte. 

Ségard (Achille). — Notre œuvre en 
Orient. 

[Revue polit, et littèr. Rev. bleue , 
4* sér., t. XVI, n» 23 (7 déc. 1901), 
pp. 705-715.] 

Sur l'action de l'Alliance française dans le 
Levant, et spécialement en Terre-Sainte. 

Sepp (J. N.). — Lie Moschee Lavids 
und Kapelle der Dormit io. 

19 


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290 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


[Theolog. Quartalschr ., 82° an. 
1900, n® 1, pp. 117-127.] 

Sepp (B.). — Zu den Ignatius-Acten. 

[Ber Katholik , 1901, t. II, pp. 264- 
273.] 

Situation (La) en Arménie. 

[La Terre-Sainte, 28* an., t. XIX, 
n® 8 (15 avril 1902), pp. 123-124.] 

Smith-Lewis (Agnes) et Dunlop-Gib- 
son (Margaret). — Palestinian Sy- 
riac texts ... — Cf. Rev . de VOr. lat., 
VIII, 598. 

Comptes rendus : Deutsche Lit t. Z eit g., 1900, 
n* 34, col. 2208-2211 (V. Rysskl). — Gôtt. Ge - 
lehrte Ans., 1901, n» 3, pp. 204-206 (Friedr. 
Schulthess). 

Smith-Lewis (Agnes). — Select nar - 
ratives of Holy Women... — Cf. Rev. 
de VOr. lat. f VIII, 598. 

Vies de sainte Orusis, sainte Barbe, sainte 
Marie, esclave de Tortullius, sainte Irène et 
sainte Euphémie, jusqu’ici inédites ; de sainte 
Eugénie, sainte Marine, sainte Euphrosyne, 
sainte Ouesima, sainte Sophie, saint Cypricn et 
sainte Justine, connues déjà par l'édition du P. 
Bedjan. 

Comptes rendus : Theolog. Literaturbl., 
t. XXII (1901), n« 21 , col. 248-250 (Wilh. Riedel). 
— Deutsche Litteraturzeitg ., 1901, n° 13, col. 
773-777 (V. Ryssel). — The American Journ. 
of Theoiogy , t. V (1901), pp. 568-571. — Anal. 
Doüand ., t. XXI, f&sc. 1 (1902), pp. 84-85. 

Soil (Eugène). — Rome et Byzance . 
Notes $ archéologie monumentale 
latine et byzantine . — Tournai, Cas- 
terman, 1901, in-8°, 140 pp. et 26 pl. 

Recension : Dullet. monum ., t. LXV (1901), 
p. 259 (E. Lefèvre-Pottalis). 

Soloviev (M.). — Bar Grad . 

[Communications de la Soc. impér. 
orthod. de la Palestine , janv.-févr. 
1900, pp. 18-37. J 

Sur Bari à l’époque byzantine. L'auteur ra- 
conte la translation des reliques do S. Nicolas 
dans cette ville, en 1087. 

Sommi-Picenardi (Le bailli F. Guy). 
— Itinéraire d’un chevalier de 


Saint-Jean de Jérusalem... — Cf. 
Rev. de VOr. lat., VIII, 256. 

Compte rendu : Bibtioth. de VÉc. des 
Chartes, t. LX1I, 4* livr. (juil.-août 1901), 
pp. 398-399 (J. Delà ville Le Roulx). 

Sourice (L’abbé).— Passage en OiHent. 
Alexandrie. 

[Revue du clergé franç ., t. XI 
(1897), pp. 289-306.] 

Compte rendu : La Terre-Sainte , t. XIV, 
n* 15 (1” août 1897), pp. 232-234 (P. Pisaîh). 

Sur les antiquités chrétiennes d'Alexandrie. 

Spagni (Emilio). — Una sultana Ve - 
neziana. 

[iVuoi?o archivio veneto , t. XIX, 
partie n (1900), pp. 240-348.] 

Nombre d'historiens rapportent qu’une patri- 
cienne de Venise, de la famille BafTo, ravie par 
des pirates turcs en 1375, et vendue au sultan 
Amurat 111, serait devenue la favorite de ce 
prince et aurait exercé, tant sur lui que sur son 
fils, par sa merveilleuse beauté, un empire ab- 
solu, dont elle usa en maintes occasions en fa- 
veur de Venise, sa patrie. Elle serait morte en 
1603. L’article de M. Spagni tend & montrer 
que l’histoire repose sur un fond de vérité; 
seulement la sultano était non une Balfo, mais 
une Vcnicr ; elle fut enlevée non en 1575, mais 
en 1537; elle devint la femme du père d'Àrau- 
rat 111 et non la femme de celui-ci, et elle mou- 
rut non en 1603 mais en 1583. 

Stegensek (Augustin). — Eine sy- 
rische Miniaturenhandschrift des 
Museo Borgiano. 

[Oriens christianus , l pe an. (1901), 
n* 2, pp. 343-355.] 

Ce ms. du Musée Borgia (coté cod. VU, 
62, syr.), du xi* siècle, contient d’assez nom- 
breuses miniatures, dont les plus importantes 
représentent l’entrée de J.-C. Â Jérusalem le di- 
manche des Rameaux, saint Thomas touchant 
les plaies du Sauveur, saint Georges & cheval 
tuant le dragon. 

Sternbach (Léo). — Studia philolo - 
gica in Georgium Pisidam. — Cra- 
coviae, sumptibus, Acad. Littera- 
rum, 1900, gr. in-8°, 365 pp. 

L’auteur a réuni dans ce volume quatre arti- 
cles, dont les trois premiers ont été signalés 
déjà (De v. Or. lat., VII, 639 ; VIH, 239, 599) : 
De Georgii Pisidae apud Theophanem alios - 
que historicos reliquiis ; — De Pisidae frag- 
mentis a Suida seroatis; — Observationes 


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BIBLIOGRAPHIE 


in Pisidae earmina historien ; — Analecta 
Avarica. Dans ce dernier article M. Stcrnbach 
publie trois opuscules, dont deux inédits, qui 
seront des plus utiles pour le commentaire du 
Bellum Avaricum, de Pisidès. 

Comptes rendus : Bysant. Zeitschr.. t. XI, 
1902, pp. 160-164 (Isidor Hilberg). — Anal. 
Bolland., t.XX (1901), fasc. 3, pp. 321-322. 

Sternbach (Léo). — Analecta Bysan- 
tina... — Cf. Rev. de VOr lat., VIII, 
599. 

Compte rendu : Anal. Bolland ., t. XX (1901), 
fasc. 3, pp. 323-324. 

Stiefel (A. L.). — Jean Rotrous « Cos- 
roès ». 

[Zeitschr. f. franzds. Sprache Ü 
Litteratur , t. XXIII (1901), pp. 69- 
188.1 

A propos de la tragédie de Rotrou, l’auteur 
passe en revue les sources de l’histoire de Chos- 
roès et d’Héraclius; il montre en outre ce qu’est 
devenue la personnalité de Chosroès dans les 
œuvres poétiques de l’Occident. 

Stridone patria di S. Girolamo. Una 
dissertazione inedita del Kandler. 

[Atti e memorie délia Soc. istriaca 
di archeol e stor. patria, t. XVI 
(1900), pp. 182-211.] 

Recension : Anal. Bolland., t. XX (1901) 
p. 341. ' h 

Strzygowski (Josef).— Vas Epithala- 
tnion des Palæologen Androni- 
kos II. Ein Beitrag sur Geschichte 
des byzantinischen Cérémonial - 

bildes. 

[Bysant. Zeitschr t. X. n°* 3-4 
(1901), pp. 546*567.] 

Strzygowski (Josef). - Orient oder 
Rom. Beitræge sur Geschichte der 
Spâtantiken und frühchristlichen 
Kunst. Mit 9 Tafeln und 53 Abbil- 
dungen im Texte u. a., nach Auf- 
nahmen der Palmyre-Expedition 
Sobemheim. — Leipzig, J. C. Hin- 
richs, 1901, in-4°, vni-159 pp. 

A signaler spécialement dans ce livre une 
étude, avec reproductions en héliogravure, des 
restes des constructions de Constantin dans 
1 église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Les 
autres chapitres traitent des sujets suivants : 


291 

Einleitung : Die Entwickelung der Kunst in 
den ersten drei Jahrhunderten n. Chr. — . I. 
Bine Grabanlage in Palmyra vom Jahre S59 
ca. und ihre Gcmüldc. — II. Ein Christusre - 
lief, Klei nasiat ischer Richtung. — III. Eine 
Holsskulptur aus Aegypten. — IV. Einfar- 
bige Stoff e mit bibliseken DarsteUungen aus 
Aegypten. 

Comptes rendus : Bepertorium f. Kunst - 
mssenschaft , t. XXIV (1901), pp. 143-150 (A. 
Goldschmidt). - Literar. Centralbl ., 1901, 
no 21, col. 1154-1155 (V. Scholtze). - Rômi- 
scke Quarlalschr ., XV (1901), pp. 77-78. — 
Theol. Literaturzeitung , 1901, pp. 657-660. — 
Sitxungsber. der kunsthistor. Gesellsch. in 
Berlin, i. VII (1901), pp. 36-39 (0. Wultp). 

Strzygowski (J.). — Ber Schmuck 
der ælteren el- Hadrakirche im 
syrischen Kloster der sketischen 
Wüste. 

[Oriens christianus , 1» an. (1901), 
n« 2, pp. 356-372.] 

Stupenda (Una) istrusione d*unre tJi- 
cino a morire [S. Luigi] al suo 
figliuolo . Ricordi di S. Luigi, re di 
Francia , alla sua figliuola . La 
morte di S. Luigi , re di Francia , 
raccontata dal vescovo di Tunisi in 
una lettera al re di Navarra. 

[Gerusalemme, an. XXV, 8 juil. 
1901, pp. 128-129.] 

Résumé ou traduction de ces morceaux con- 
nus. Je n’ai pas besoin de rappeler que la lettre 
au roi de Navarre est non pas d’un évêque de 
Tunis, qui n’a jamais existé, mais de l’évêque 
de Tusculum, Eudes de ChAteauroux. 

Suprême appel des Arméniens . 

[La Terre-Sainte , t. XIX, n® 1 
(l« p janv. 1902), pp. 7-8.] 

Publié par le Comité central hentchakiste. 

Sychowski (Stanislaus von). — Hie- 
ronymus als Litterarhistoriker . 
Eine quellenkritische Untersuchung 
der Schrift des h. Hieronymus 
« Be Viris illustribus ». — Müns- 
ter i. W., Heinrich Schôningh, 1894, 
in-8°, vni-198 pp. 

[Kirchengesch. Studien; herausg. 
von D r Knôpfler, D p Schrôrs, 
D r Sdralek, t. II, n* 2.] 

Compterendu: Rev. intemat.de thiol., 


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292 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


3« an. (1895), pp. 172-175 (F. Laucbbrt). — Cf. I 
Rev. de Vür. lai ., VII, 639. 

Syriac (The) Chronicle known as that 
of Zachariah of Mitylene , transla- 
tée! into engiish by F. J. Hamilton 
and E. W. Brooks... — Cf. Rev . de 
VOr.lat.,V 111,599. 

Comptes rendus : Rev. de l'Instr. publ. en 
Belgique , t. XUII (1900), pp. 176-180 (M.- 
A. Kggenbr). — The engiish histor. Rev., 
n* 64, toI. XVI, oct. 1901, pp. 748-749 (S. A. 

. Cook). 

Ta vernier (Eugène). — La messe of- 
ficielle en pays de protectorat . 

[La Terre-Sainte , t. XIX, n° 2 
(15 janv. 1902), pp. 24-26.] 

Tabet. — L’èmaiUerie en Orient. 

En arabe. 

[Al-Machrik, t. IV (1900), pp. 784- 
790.] 

Terz’o (II) ordine di S. Francesco in 
Terra Santa. 

[ Gerusalemme , an. XXVI, 8 sept. 
1901, p . 9.] 

Extrait du Bolletino del Terz ’ ordine di 
. S. Francesco di Perevagno . 

Tezà (E.). — I due traduttori italiani 
delle storie di G. Zonaras. 

[Atti del reale istituto veneto di 
scienze , lettere ed arti , t.LX, ^par- 
tie, févr. 1901, 5 pp.] 

Ces deux traducteurs, Marco Euailio Fiorentino 
et Lodovico Dolce, ont travaillé non sur l'origi- 
nal grec, mais sur une traduction latine publiée 
en 1557 par l’allemand H. Wolf. 

Thédenat (Henry). — Renaud de Châ- 
. tillon et la chute du royaume chré- 
tien de Jérusalem , d’après un livre 
récent . 

[Le Correspondant , 71 e an. (1899), 
t. CXCVII, pp. 366-384.] 

D’après le livre de M. G. Schlumborger. 

Tod (Ber) des àltesten Ph. Rohrer, 
Vorsteher der Tempelgemeinde Jé- 
rusalem (Juli. 1901). 

[Die Warte des Tempels, Jahrg. 


57, n<» 31 (1 August 1901), pp. 241- 
243.] 

Tournebize (Le P. F.), S. J . — L’Église 
grecque orthodoxe et l’union; 1 M et 
2® parties. — Paris, Blond et Barrai, 
1900, in-16, 2 plaquettes, 64 et 64 pp. 

Compte rendu : Échos JOrient , t. IV (1900- 
1901), p. 375. — Cet ouvrage, en même temps 
qu’il paraissait en plaquettes séparées, était 
publié dans la revue La Terre-Sainte (cf. 1 ar- 
ticle ci-dessous). 

Tournebize (Le P. F.), S. J. — L’église 
grecque orthodoxe et l’union. 

[La Terre-Sainte , 27® an., t. XVIII , 
n°* 12, 13, 14, 15, 16 (15 juin, 1" et 
15 juil., 1 er et 15 août 1901), pp. 186- 
188, 203-204, 219-222, 236-239, 253-256.] 

Suite de l’article signalé ci-dessus, t. VIII, 
n** 3-4, p. 600. 

Trattato (H) di Terra Santa et delV 
Oriente , di frate Franc. Suriano..., 
edito... dal P. Girolamo Golubovich. 
... - Cf. Rev. Or. lat., VIII, 259-260. 

Compte rendu : Anal. Bolland ., t. XX (1901), 
pp. 330-331. 

Triol (L.). — Au pays de Moab. 

[Échos d* Orient , t. IV (1900-1901), 
pp. 333-339; t. V (1901-1902), pp. 49- 
54, 97-103.] 

Ubaldi (P.). — La lettera CCXXXIII 
npôç t ôv ’Avrio/f taç dell* epistolario di 
S. Giovanni Crisostomo. 

[ Bessarione , série II, vol. I (1901), 
pp. 69-79.] ' 

Uhlhorn (D p G.). — Noch einmal die 
Anfdnge des Johanniter-Ordens. 

[Zeitschr. f. Kirchengesch , t. XXI 
(1900), pp. 459-462.] 

Sur la date des trois chartes publiées par 
Edm. Cabiédans le t. III des Annales du Midi. 
M. Uhlhorn, tout en admettant que cette date 
(1083-1085) peut être fausse, conteste que l’on 
doive définitivement placer les pièces au début 
du xii* siècle. 11 avait publié déjà, en 1884, dans 
la même Revue (l. VI, pp. 46-59), un article 
intitulé : Die Anfdnge des Johanniterordens , 
dans lequel il n’avait pas mis en doute l’exac- 
. titude de la date que portent les documents en 


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BIBLIOGRAPHIE 293 


question. — Je suis convaincu, pour ma part 
que, si leur date est exacte, leur texte est fal- 
sifié, ou que si leur texte n'est pas falsifié leur 
date alors est fausse. Tels qu’ils nous sont 
parvenus, ils ne peuvent être antérieurs au 
xii* siècle. 

Union [L') des Églises . 

[La Terre-Sainte, 28® an., t. XIX, 
n® 22 (15 nov. 1902), pp. 338-339.] 

A propos de l’audience accordée par 
Léon XIH, le 10 oct. 1002, au patriarche syrien 
d'Antioche. 

Uspensky (Th. J.). — U organisation 
militaire de V empire byzantin. — 
En russe. 

[Communications de V Institut 
archêol. russe à CPle., t. VI (1900), 
n* 1, pp. 154-207.] 

Compte rendu : Byxant. Zeitschr., t. X, 
n M 3-4 (1001), pp. 641-642 (St. Staicojkvic). 

Vàcandàkd (L’abbé E.). — Lében des 
heiligen Bernard von Clairvaux. 
Autorisierte Uebersetzung von Ma- 
thias Sierp. 2 Bde. Mit einem Por- 
trftt des Heiligen, einem Plane von 
Clairvaux und einer KartederUmge- 
bung des Klosters. — Mainz, Kirch- 
heim, 1897-1898, in-8®, xx-595 et 
644 pp. 

Compte rendu : E ist. Jahrb. d. Gôrret 
Ge$elUch. % t. XX (1890), n® 1, pp. 75-79 
(Henn. J. Würm). 

Vailhé (S.). — Répertoire alphabé- 
tique des monastères de Palestine. 
— Paris, A. Picard et fils, 1900, in- 

8°, 81 pp. 

Tirage & part de l'article sigaalé dans la Rev. 
Or. lat. t VII (1900), pp. 610-611. 

Compte rendu : Échos d'Orient, t. IV (1900- 
1901), p. 311 (S. Pétridès). 

Vailhé (S.). — Notes de géographie 
ecclésiastique. 

[Échos d'Orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 11-17.] 

Additions et corrections à YOriens chrislia- 
nus de Le Quien. 

Vailhé (S.). — Saint Dorothée et saint 
* Zozime. 


[Échos d'Orient , t. IV (1900-1901), 
i pp. 359-363.] 

Notice sur ces deux religieux palestiniens du 
vi* siècle et sur la date de rédaction de leurs 
ouvrages. 

Vailhé (S.). — Les Apophtegmata 
Patrum. 

[Échos d'Orient , t. V, n* 1 (oct. 
1901), pp. 39-46.] 

; Étude sur la date de composition et les 
! sources de ce recueil de maximes publié par 
Cotelier et réimprimé par Mignc. Le recueil est 
| de la première moitié du vi® siècle et posté- 
• rieur & 509 ; les sources ne peuvent pour le 
moment être déterminée» avec précision. 

Vailhé (S.). — Jean Mosch. 

[Échos d'Orient, t. V, n° 2 (déc. 

1901) , pp. 107-116.] 

Biographie de l’auteur du Pratum Spiri- 
tuelle , d’après ses écrits. 

Vailhé(S.).— Saint Romain leMélode . 
[Échos d'Orient, t. V, n® 4 (avril 

1902) , pp. 207-212.] 

L’auteur apporte de nouveaux arguments 
pour montrer que S. Romain vécut au début du 
vin* siècle et non au début du vi*. comme 
l’avaient supposé U. Krumbacher dans ses pre- 
miers travaux sur ce personnage, et d’aubes 
après lui. 

Vailhé (S.). — La fête de la présen- 
tation de Marie au Temple. 

[Échos d'Orient, t. V, n # 4 (avril 
1902), pp. 221-224.] 

Cette fête existait & Jérusalem en 685, époque 
où André de Crète quitta cette ville pour Cons- 
tantinople ; elle existait également à Constan- 
tinople ou dans l’ile de Crète dès la fin du 
vu* siècle. 

Vailhé (S.). — Origines religieuses 
des Maronites : Saint Maron et son 
monastère de l'Oronte. Le patriar- 
che Jean Maron et l'histoire des 
Maronites au vn® siècle. Monothé- 
lisme des Maronites et leur conver- 
sion en 1182. 

[Échos d'Orient, t. IV (1900-1901), 
pp. 96-102, 154-162.] 

Vailhé (S.). — Origines religieuses 
des Maronites. 


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294 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


[Échos d’ Orient , t. V, n* 5 (juin 
1902), pp. 281-289.] 

Réponse à une lettre de Mgr Joseph Debs, 
archevêque maronite de Beyrouth, dans laquelle 
ce prélat s'efforçait de réfuter les conclusions 
de l’article précédent de S. Vailhé. — La lettre 
de Mgr Debs est publiée dans le présent article. 

Vailhé (S.). — Saint André de Crète. 
[Échos d f Orient, t. V, n* 6 (sept. 
1902), pp. 378-387.) 

Valenti (José-Ignacio). — Urbain II 
et le Concile de Clermont. Traduit de 
l'espagnol par M. l'abbé Maigret. 

[La science catholique , t. XI 
(1897), pp. 673-698. — Tir. à part : 
Arras, Sueur-Charzuey, 1898, in-8*, 
27 pp.] 

Valessœ (Général). — La xii* légion 
bis de V armée romaine en garnison 
à Jérusalem , en Van 34 de Jésus- 
Christ. 

[Rev. du clergé français , 3* an., 
t. X (1897), pp. 241-247.] 

Van Berchem (Max). — Inscriptions 
arabes de Syrie. — Avec planches. 

[Mém. de VInstitut égyptien , 
t. III (1897), pp. 417-520. — Tir. à 
part : Le Caire, 1897, in-4°, 104 pp.] 

Van Berchem (Max). — Les princi- 
paux types des édifices religieux 
dans Varchitecture musulmane de 
V école syro-égyptienne. 

[Encyclopédie musulmane , n° 
spécimen (Leyde, 1899, in-4°), pp. 15- 
18.] 

Vandal (Albert). — La France en 
Orient sous Vancienne monarchie . 

[Bull, de la Soc. normande de 
géogr., t.XXI (1899), pp. 150-166.] 

Van den Ven (Paul). — S. Jérôme et 
la vie du moine Malchus le captif. 

[Le Muséon f Études philol. histor . 
et relig.y nouv. sér., t. I (1900), 
pp. 413-455; t. II (1901), pp. 208-326. 
— Tir. à part : Louvain, J.-B. Istas, 
1901, in-8*, 161 pp.] 


L’auteur publie, d’après trois manuscrits, un 
texte de la Vie grecque de Malchus, et, d'après 
un manuscrit du British Muséum, un fragment 
d’une Vie syriaque. Comparant ensuite les ré- 
dactions grecque et syriaque avec la Vie latine 
de S. Jérôme, il accorde la priorité à celle-ci, 
dont les deux autres ne sont que des traductions 
plus ou moins remaniées. L’argumentation 
est dirigée contre M. J. Kunzc, selon lequel S. 
Jérôme n’aurait fait que plagier la Vie grecque. 
Suivant M. Van den Ven, le traducteur qui a 
tourné du latin en grec la Vie du moine Malchus 
pourrait étreSophronius, que S. Jérôme désigne 
comme traducteur de la Vie de S. Hilarion. 

Recension : Anal. Bolland ., t. XXI, fasc. t 
(1902), pp. 101-102. — Comptes rendus : 
Écho » dOrient , t. V, n° 5 (juin 1902), p. 319 
(S. Vajlbé). — Bull, critique , 23» an., n*8 (15 
mars 1902), pp. 155-156 (G. M.). 

Van Millingen (A.). — Byzantine 
Constantinople...— Cl. Rev. de VOr. 
lat ., VIII, 260, 600. 

Compte rendu : Écho» d’Orient, t. IV (1901), 
p. 126 (S. PtTRIDfcs). 

Vannutelli (Le P. V.), O. P. — Il con- 
cilio di Firenze. — Rome, Libreria 
délia Vera Roma , 1899, in-8°. 

Compte rendu : La Terre-Sainte , XXVIII* an., 
t. XIX, n* 11 (t" juin 1902), pp. 173-174. 

Van Ortroy (Fr.) — La légende de 
de S. François d' Assise, par Julien 
de Spire. 

[Anal. Bolland., t. XXI, fasc. 2 
(1902), pp. 148-202.] 

L’auteur donne, d'après plusieurs manuscrits 
et imprimés anciens, une nouvelle édition de 
celte Vie , dont le ch. vu est consacré au séjour 
de S. François en Orient. 

Van Steekiste (Le chanoine). — Le 
saint Linceul de Turin. Les expli- 
cations récentes se concilient diffi- 
cilement avec le texte évangélique. 
— Bruges, Beyaert, 1902, in-8 0 , 11 pp. 

Varnhagen (Hermann). — Zur Ges- 
chichte der Legende der Katharina 
von Alexandrien. — Erlangen und 
Leipzig, A. Deichert, 1901, gr. in-8°, 
U pp. 

Vasiliev (A.). — Byzance et les Ara- 
bes. Relations politiques des Byzan - 




A 


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BIBLIOGRAPHIE 


295 


tins et des Arabes au temps de la 
dynastie d’Amorium. — Saint-Pé- 
tersbourg, 1900, in-8% xi-210-183 pp. 
— En russe. 

Compta rendu : Écho s d' Orient , t. VI, 
janv. 1903, pp. 91-92 (J. Bois). 

Vega de Armigo (El marques de la). 
— Mémoires numismatiques de 
V ordre souverain de S . Jean de Jé- 
rusalem , por el baron Edmond- 
Henri Fur se. 

[Boll. de la r. Acad, de la histo- 
ria , t. XXVI (1895), pp. 29-46.] 

Verney (N.) et Dambmann (G.). — 

Les puissances dans le Levant 

— Cf. Rev. de l’Or, lat ., VIII, 60G- 
601. 

Compta rendu : La Terre- Sainte , 28* an., 
t. XIX, n. 12 (15 juin 1902), pp. 190-191 
(Ë. Jacquier). 

Vernouillet (M. de). — Rhodes et le 
siège de 1552. 

[Rev. d’hist. diplom ., 12 e an. (1898), 
pp. 427-451.] 

Vie de S. Louis, par Guillaume de 
Saint-Pathus. . ., publ. par H. Fr. 

Delaborde — Cf. Rev. de l’Or. 

lat., VII, 640; VIII, 260. 

Recension : Anal. Bolland ., t. XX, n* 1 
(1901), pp. 110-111. 

Vie et récits de Vabbé Daniel le scé- 
tiote , vi* siècle : I. Texte grec publié 
par L. Clugnet. — II. Texte sy- 
riaque publié par F. Nau. — III. 
Texte copte publié par I. Guidi. — 
Paris, A. Picard, 1901,in-8°, xxxn- 

116 pp. 

[Bibliothèque orientale, éd. par 
L. Clugnet, t. I], 

Recension : Échos d 1 Orient, t. V, n* 2 
(déc. 1902), p. 127. 

Vie (La) de Mar Benjamin. Texte sy- 
riaque ; par V. Scheil. 

[Zeitschr. f. Assyriol. Ü. Ver- 
wandte Gebiete , t. XII, 1897, pp. 62- 
96.] 


Mar Benjamin, était originaire de la région 
de Mardin. Après avoir étudié vingt ans à 
l’école de Mar Eugène, il vécut en cénobito 
pendant vingt ans, puis fut moine durant 
vingt autres années. Il se retira ensuite au 
SinaT, et de là dans le désert de Scété, et il ter- 
mina scs jours dans un couvent qu’il avait fondé 
près de Mardin. M. Scheil, dans les quelques 
mots d'introduction qu’il a placés en téta du 
texte de la Vie, dit, en se référant à ce texte, 
que Mar Benjamin avait 30 ans lors do la 
persécution de Julien l’Apostat (f en 363) et 
qu’il mourut vers 460. 11 aurait donc vécu près 
de 130 ans. N’y a-t-il pas là quelque eiTeur 
du biographe ou de son récent éditeur? 

Vignon (Paul). — Le linceul du Christ. 
Étude scientifique. — Paris, Mas- 
son, 1902, in-4°, vi-207 pp. ; avec neuf 
pl. hors texte. 

L’auteur, un zoologiste, docteur ès- sciences, 
s’efforce de prouver que la figure du Christ 
empreinte sur le saint Suaire de Turin n’est pas 
une peinture, mais une image créée par l'ac- 
tion chimique d’un corps humain en décompo- 
sition. Parlant de là, il essaie d’établir que ce 
corps fut bien celui du Christ. Sur le premier 
point, il est bien difficile de se ranger à son 
avis, quand on a lu l'histoire de cette édifiante 
relique telle que l’a exposée le chanoine Ulysse 
Chevalier. Sur le second, il est à présumer 
qu’aucun savant sérieux ne le suivra. Nous 
n’entamerons pas ici une discussion scienti- 
fique avec M. Vignon ; mais nous pouvons l’en- 

• gager à ne pas s’aventurer sur le terrain philo- 
logique sans une sérieuse préparation. Ne vient- 
il pas nous apprendre (p. 1 20, n. 2) que le mot 
linceul dérive de l'expression « lin seul », 
parce qu’au moyen-âge les draps mortuaires 
étaient faits en étoffe de lin seulement 1 

Vincent (Le P. Hugues). — Hypogée 
antique dans la nécropole septen- 
trionale de Jérusalem. — Avec gra- 
vures. 

[Rev. biblique internat ., X e an., 
n° 3 (1” juillet 1901), pp. 448-452.] 

Vincent (Le P. Hugues). — Une mo- 
saïque avec inscription à Beit-Sou- 
rik. 

[Rev. biblique internat., X® an., 
n* 3 (l* r juillet 1901), pp. 444-448.] 

Il s’agit d’une dalle en mosaïque, d’origine 
chrétienne, faisant partie d’un dallage enfoui 
sous terre et qui a été mis au jour récemment. 
L’inscription, malheureusement, a presque 
complètement disparu. Le P. Hugues Vincent 
conjecture que ce pouvait être la dédicace 
d’une église. 


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296 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Vincent (Le P. Hugues). — La 
deuxième enceinte de Jérusalem . 
— Vues et plans. 

[Rev. biblique internat ., t. XI, 
n* 1 (1« janv. 1902), pp. 31-57.] 

Vincent (Le P. Hugues). — La mo- 
saïque d'Orphée. 

[Rev. biblique internat ., t. XI, n° 1 
(1" janv. 1902), pp. 100-103.] 

Sur cette mosaïque, dont des reproductions 
partielles sont données ici, cf. Rev. de l’Or, 
lat., VIII, 601. 

Vincent (Le P. Hugues). — Nou- 
veaux ossuaires juifs. 

[Rev. biblique internat ., t. XI, n # 1 
(1« janv. 1902), pp. 103-107.] 

Ces ossuaires, au nombre de quatre, ont été 
trouvés dans un jardin de la communauté des 
Dames de Sion, à la pointe méridionale du 
mont des Oliviers. Les noms des personnages 
qu'ils contenaient, et qui sont des noms juifs, 
sont écrits en caractères grecs. 

Vincent (Le P. Hugues). — A propos 
d'une inscription de Madaba. 

[Rev. biblique intem ., t. XI, n° 1 
(1« janv. 1902), pp. 108-110.] 

Au sujet de la lecture, donnée par M. Ka- 
linka, de deux inscriptions de l’Élianée de Ma- 
daba, déjà publiées dans la Rev. biblique en 
1897. L'inspection de ces inscriptions, faite à 
nouveau sur les lieux par le P. Vincent, ne jus- 
tifie pas toujours les lectures du savant épigra. 
phiste viennois. 

Y incent (Le P. Hugues). — Fouilles 
près du Cénacle. Un nouvel ossuaire 
juif. Le tombeau à ossuaires du 
Mont des Oliviers . 

[Rev. bibl. internat., XI e an., n° 2 
(1« avril 1902), pp. 274-280. 

Les fouilles du Cénacle ont mis au jour des 
canaux, des citernes, des arasements de cons- 
tructions, des débris d'architecture, d'époque 
diverse, des dallages en mosaïque, des briques 
de la Legio X Fr et en* i*. — Le nouvel ossuaire 
juif est celui découvert il y a quelques années 
près de Abou Gosh. Le P. Vincent publie une 
inscription hébraïque de forme archaïque qu’il 
y a relevée. 

Vincent (Le P. Hugues). — Une mo- 
saïque byzantine à Jérusalem... — 
Cf. Rev. de l'Or, lat., VIII, 601. 


Compte rendu : Pal. Explor. Fund. Quar - 
terly Statement , oct. 1901, pp. 423-428 
(C. W.W.) 

Vincent (Le P. H.). — Nouvelle mo- 
saïque à inscription à Madaba. 
Inscription romaine d'Abou-Goch . 
Timbre romain. Nouvelle intaille 
israélite. Notes épigraphiques. L'ère 
d'Eleuthéropolis. 

[Rev. bibt. internat ., XI* an., n° 3 
(1«* juil. 1902), pp. 426-441.] 

L’inscription grecque de Madaba a été trouvée 
par Dom Manfrcdi, à l'extrémité sud-est do la 
ville; elle mentionne l’érection d’un sanctuaire 
des Apètres sous l’épiscopat de Sergius, en 
Lan 473 [de l’ère d’Arabie? = 578-579 de J.-C.], 
— L'iuscription d’Abou-Goch, encastrée dans 
tes premières assises du mur septentrional de 
l’église, émane d'un détachement de la légion X* 
Fretensis ; elle fournira peut-être un argument 
en faveur de l’identité d’Abou-Goch et de Qiryat- 
Yearim. — Le timbre romain a été trouvé par 
le P. Cré dans les ruines d'el-Qa'adeh, près de 
la route descendant du col des Oliviers à Jéri- 
cho ; c'est probablement un cachet ayant servi 
à estampiller les pains d'une centurie. — 
L’intaille israélite et les Notes épigraphiques 
intéressent les antiquités hébraïques. — Le 
point de départ de l'ère d'Eleuthéropolis doit 
être fixé à l'année 199-200 ap. J.-C., date du 
voyage de Septime Sévère en Palestine. 

Vincent (Fr. H.). — Les fouilles alle- 
mandes à Ba'albeh. 

[Rev. biblique internat., XI* an., 
n* 4 (1** oct. 1902), pp. 591-596.] 

Vincent (Fr. H.). — Fouilles diverses 
en Palestine. 

[Rev. biblique internat., XI* an., 
n® 4 (1** oct. 1902), pp. 596-597.] 

Exploration de Gezer par M. Macalister ; de 
Tell Ta f anak, dans la plaine d’Esdrelon, par 
M. Sellin ; du Tell Moutesellim, près de Led- 
joûn, par le D r Schumacher; de Sidon, par 
M. le Prof. Torrey, directeur do l'Institut 
américain à Jérusalem ; de Palmyre par une 
mission russe. 

Vincent (Fr. H.). — Les hypogées 
peints de Marésa. — U église des 
SS. Apôtres à Madaba. 

[Rev biblique internat., XI* an., 
n® 4 (1« oct. 1902), pp. 598-600.] 

Vogué (E. M. de). — Les quatre 
sœurs d'Orfa. 


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BIBLIOGRAPHIE 


[La Terre- Sainte i 27 e an., 
t. XVIII, n® 14 (15 juillet 1901), 
pp. 211-213.] 

A propos des massacres d’Arménie et du livre 
de M. L. de Contenson, Chrétiens et musul- 
mans. 

Walter (P. Hilarius). — Dos « Spé- 
culum monachorum » des abtes 
Bemhard I von Cassino. 

[Studien ü. Mittheil. ans dem 
Bened. ü. dem Cisterc . Orden, t. XXI 
(1900), pp. 411-423.] 

L’auteur donne une courte biographie de Ber- 

. nard, qui fut mêlé, comme on sait, aux négo- 
ciations poursuivies entre la cour de Rome et 
Michel Paléologue en vue de l'union des églises, 
et qui prit une part active au concile de Lyon 
(1274). 

Wardrop (Marjory) et Wardrop 
(J. O.). — Life of St Nino. 

[Studia biblica et ecclesiastica , 
t. V, 1 (Oxford, 1900), 88 pp.] 

Sur la légende de Ste Nina ou Nino, évangéli- 
satrice de la Géorgie, qui aurait passé son en- 
fance à Jérusalem, cl. Rev. de l'Or. lat. t VII, 
621. 

Compte rendu : Anal. Bolland ., t. XX 
(1901), p. 339. 

Wauters (A.). — Marguerite de 
Constantinople. 

[ Bibliographie nationale belge , 
t. XIII (1894-1895), col. 612-629.] 

Marguerite de Constantinople était fille de 
Baudouin, empereur de Constantinople : elle 
nous intéresse par son rôle dans l’affaire du 
faux Baudouin (Bertrand de Reims). 

Weibel (D r J.-L.). — Warum die 
orientalischen Kirchen von den 
Hexenprozessen sich frei erhielten. 

[Rev. internat, de thèol., 3* an. 
(1895), pp. 193-216.] 

Wbikert (D r P. Thomas Aq.). — 
Meine Orientreise. 

[Studien und Mittheil. aus d. 
Bened. ü. dem Cisterc. Orden , 
t. XVI (1895), pp. 611-633; t. XVII 
(1896), pp. 123-140, 292-313, 463487, 
669-679; t. XVIII (1897), pp. 206- 
227, 651-663; t. XIX (1898), pp. 286- 


297 

300, 661-671; t. XX (1899), pp. 151- 
161, 476-482.) 

L’auteur a visité Alexandrie, Jaffa, Jérusalem 
et ses environs. Il décrit les régions, qu’il a par- 
courues, en voyageur instruit, parfaitement au 
courant des questions archéologiques, topogra- 
phiques et autres que soulèvent les monuments 
et localités qu’il rencontre. Dans la présente re- 
lation, il s’attache spécialement à l’étude des an- 
tiquités de Jérusalem : l’église de Saint-Étienne; 
topographie antique de Jérusalem ; Jérusalem 
sous les rois David, Salomon et leurs succes- 
seurs, jusqu’en 587 av. J. C., d’après les données 
de l’Écriture sainte; Jérusalem, de la captivité 
de Babylone (587) jusqu’en 70 ap. J. C. ; topo- 
graphie de Jérusalem d'après Josèphe (tours, 
murs, portes et rues) ; puis, en dehors de Jéru- 
salem : EmmaQs et son emplacement, Bersa- 
bée, Hébron, Bethléem. 

Wesselofsky (A. N.). — Zur Frage 
über die Heimat der Legende vom 
heiligen Gral. 

[Arch. f. slav. Philol ., t. XXIII 
(1901), pp. 321-385.] 

Winrelmànn (Eduard). — Kaiser 
Friedrich II. Band II (1228-1233). — 
Leipzig, Duncker et Humblot, 1897, 
in-8°, vil 1-259 pp. 

[Jahrbücher der deutschen Gesch.] 

Ce tome II contient un récit détaillé de la 
croisade de Frédéric II. Compte rendu : Rev. 
histor ., t. LXXV1I1 (janv.-févr. 1902), pp. 171- 
173 (G. Blondel). 

Wolff (Le P. Odilon). — Ber Tempel 
von Jérusalem und seine Masse. 
Neue Aufl. — - Graz, 1898, in-4°, 
104 pp. 

Wright (William) and Mc Lean (Nor- 
man). — The ecclesiastical History 
of Eusebius in Syriac.— Cambridge, 
University Press, 1898, in4®, xvn- 
418 pp. 

Compte rendu: Anal. Bolland ., t. XX (1901), 
fasc. 3, pp. 319-320. Cette édition est faite 
d’après un ms. de Saint-Pétersbourg daté de 
462, un ms. de Londres du vi* siècle, et 
quelques autres mss. du Brilish Muséum, qui ne 
contiennent que des fragments. La traduction 
syriaque de la Chronique d’Eusèbe a peut-être 
été faite sous les yeux mêmes de celui-ci ; elle a 
donc une grande importance au point de vue do 
la critique de la rédaction originale. 

Zàccaria (Emilio) et Angelini (Gen- 


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298 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


naro). — Scopcrte archeologiche in 
Gerusaletnme ed in Nazareth. 

[Nuovo bullet. di archeol. crist., 
VI I (1901), n°» 1-2, pp.145-151, 302-303.] 

Sur les restes d’une église découverte au 
sud du Saint-Sépulcre pendant des travaux en- 
trepris pour rétablissement d'un bazar, et qui 
pourrait être celle de S. Jean-Baptiste, mention- 
née par Jean do Wurzburg. — Hypogée chrétien 
près du sanctuaire de l'Annonciade à Nazareth. 
— Cimetière découvert dans le terrain de la 
communauté catholique allemande de Jérusalem, 
près de la porte de Damas, et remontant proba- 
blement à l’époque do l’occupation de Jérusalem 
par les Francs. 

Zàccarià (Emilio).— Notizie sul Pre - 
torio di Gerusalemme . 

[Nuovo bullet. di. archeol. crist., 
an. VII (1901), 1-2, pp. 151-159.] 

Zànecchià (P. Domenico). — La Pa- 
lestina d’oggi studiata e descritta 
nei suoi santuari e nelle sue loca - 
lità bibliche e storiche. Opéra utilis - 
sitna per lo studio délia sacra Scrit- 
tura , guida di Terra Santa , con due 
piante di Gerusalemme e con carte 
topografiche délia Giudea, Sama- 
ria e Galilea. — Roma, tip. del 
Genio civile, 1896, 2 vol. in-16, ix- 
381 et 546 pp. — Cf. Rev. de VOr. 
lat., IV, 655. 

Une seconde édition de cet ouvrage, publiée 
en 1898, a été traduite en français par l'abbé 
H. Dorangeon. Voy. l’article ci-dessous. 

Zànecchià (Le P. Dominique), Ord. S. 
Franc. — La Palestine d’aujour- 


d'hui, ses sanctuaires , ses localités 
bibliques et historiques . Traduit do 
l’italien sur la 2 me édition par l’abbé 
H. Dorangeon.— Paris, Lethielleux, 
1899, in-12, xvi-560 et iv-768 pp. 

Zanutto (L.). — Paolo diacono e il 
monachismo orientale. Studio sto - 
rico. — Udine, Giamberasi, 1899, in- 
16, 110pp. 

Ziebàrth (Erich). — Ein griechischer 
Reisebericht des fïmfzehnten Jahr - 
hunderts. 

[Mittheil. des K. deutschen ar - 
chaeol. Instituts. Athenische Ab- 
theilung , t. XXIV (1899), Heft 1. 
pp. 72-88.] 

Cette relation de voyage en Grèce, écrite en 
italien, par un anonyme, est conservée à 1a 
Bibliolh. Ambrosiennc, ms. C. 61 inf. L’auteur 
décrit surtout les monuments anciens et rclèvo 
un certain nombre d'inscriptions, que Muralori 
a insérées dans son Corpus inscriptionum 
sans en indiquer exactement la provenance. Au 
point de vue de la situation politique du pays et 
des monuments de l’époque franque, il n'y a 
pour ainsi dire rien dans cette description. 

Ziebàrth (Erich.). — Cyriaci Anconù 
tani epistula inedita . 

[Rheinisches Muséum, nouv. sér., 
t. LVI, 1901, n # 1, pp. 157-159.] 

Sur Cyriaque d’Ancone, voy. Rev. de VOr. 
lat., V, 266; VI, 588. — La présente lettre, dont 
il existe deux exemplaires (Biblioth. Lauren- 
tienne, ms. n # 60, et Rome, Ottob. , 1 359, f. 429), 
est relative à un ms. d’Aristote trouvé par Cy- 
riaque à Corcyre. Elle a été écrite vers 1435. 


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CHRONIQUE 


— * Au moment où le présent n° va paraître, nous apprenons 
avec une douloureuse émotion la mort de notre éminent et dévoué 
collaborateur Gaston Paris, décédé à Cannes, le 5 mars 1903, 
après quelques semaines de maladie. Une partie importante de 
l’œuvre de ce savant incomparable a trait à 1’historiographie des 
croisades. Nous y reviendrons dans un prochain n°. 

— Notre collaborateur le P. François Balme, de l’ordre des 
FF. Prêcheurs, est mort le 25 janvier 1900. Il avait consacré ses 
dernières années à la publication d’un Cartulaire et histoire 
diplomatique de S. Dominique, dont il avait fait paraître les 
tomes I et II. Le tome III et dernier du recueil a été terminé et 
publié tout récemment parles soins du P. Collomb. 

— Le P. Léonce M. Alishan, vicaire général des Mékhitaristes 
de Venise, est mort le 22 novembre 1901 au couvent de Saint- 
Lazare, à Venise, â l’âge de 81 ans. On lui doit, entre autres 
travaux, une Étude sur les rapports entre l'Arménie et Venise 
et un grand ouvrage sur la géographie et l’histoire de l’Arménie, 
qu’il laisse inachevé et dont 4 volumes ont paru sous les titres : 
Ararat, Shirak, Sisacan, Sissouan. Une partie du dernier volume 
(Sissouan) a été traduite en français par le P. Georges Bayan, 
sous le titre : Léon le Magnifique, premier roi de Sissouan ou 
de l’Arméno-Cilicie [1199-1219]; Venise, imprim. Mekhitarisle, 
1888, in-8°. 

— M. Georges Salles, ancien élève de l’École des chartes, auxi- 
liaire attaché aux travaux de l’Académie des Sciences morales, 
est mort le 21 juillet 1901, à Gambo (Basses-Pyrénées), dans sa 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


32* année. Il avait publié, de 1895 à 1897, d’importants articles sur 
Y Institution des consulats , articles qui furent ensuite réunis en 
volume (1898). Il y fit voir comment les consulats établis dans le 
Levant au temps des croisades, à l’imitation des consulats muni- 
cipaux des villes du midi de la France, se transformèrent peu à 
peu en offices nationaux. 

— Cesare Paoli, professeur ordinaire de paléographie et de 
diplomatique à l'Institut supérieur de Florence et directeur de 
VArchivio storico italiano, est mort le 20 janvier 1902, à l’âge de 
62 ans. On lui doit, entre autres travaux, la description d’une 
carte génoise des côtes méditerranéennes ( Una carta nautica 
genovese del 1311 : Arch. stor. iial. 1881) et une série de mémoires 
et notices sur Gautier VI, duc d’ Athènes et seigneur de Florence, 
parus dans le Giom. stor. arch. Toscani, 1862, et dans VArchivio 
storico italiano, 1872, 1878 et 1882. 

— Le 27 octobre 1902, est mort M. Louis Blancard, ancien archi- 
viste en chef des Bouches-du-Rhône. Outre de nombreux travaux 
qui concernent en majeure partie la numismatique française, il a 
publié les ouvrages et mémoires suivants : Documents inédits sur 
le commerce de Marseille au moyen âge (Marseille, 1887 et 1889, 
2 vol. in-8°), contenant de nombreux actes sur les relations com- 
merciales de la France avec le Levant et des contrats de nolis pour 
le transport de croisés et pèlerins en T. S. — Le besant d’or sar- 
razinas pendant les croisades ; étude comparée sur les monnaies 
d’or arabes et (Limitation arabe frappées en Égypte et en Syrie 
aux xi£ e et xiii* siècles (Marseille, 1880, in-8°). — Legros tournois 
est imité du sarrazinas chrétien d' Acre. Lettre à M. A. de Bar- 
thélemy (Rev. numism. franç., 1883; et Mém. de V Acad, de Mar- 
seille, 1882-1883). — Contrat de change passé à Trani en 1237 et 
payable à Acre (Rev. soc. savantes, 7“ sér., t. V, 1882). — Sur 
Vagnel d’or imité du sarrazinas chrétien d’ Acre (Mém. de F Acad, 
de Marseille, 1893-1896) ; — enfin, des études sur le Consulat de la 
mer et sur les Millarès, monnaie du xm e siècle imitée des Arabes 
par les chrétiens, etc. 

— Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1901, est mort à Jérusalem 
le D r Conrad Schick. Il était né à Biz, dans le Wurtemberg, le 
27 janvier 1822. On lui doit de très nombreux travaux sur l’ar- 
chéologie, la topographie, la situation économique, la colonisation 
de la Palestine, des cartes des environs de Jérusalem, etc. Ces 
travaux ont paru en majeure partie dans VOesterr. Monatschrift 


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CHRONIQUE 


301 


f. d. Orient, les Neueste Nachrichten ans dem Morgenlande, le 
Quarterly Statement du Palestine explor. Fund., la Zeitschrift 
des deutschen Palâstina Vereins, la revue Jérusalem, publ. sous 
la direcliou de A. M. Luncz. Son domaine de prédilection était 
l’hisloire du Tabernacle et du Temple de Jérusalem ; il a résumé 
le résultat de ses recherches sur ce point dans l’ouvrage : Die 
Stifishütte, der Tempel in Jérusalem und der Tempelplatz der 
Jetztzeit (Berlin, Weidmann, 1896, in-8°, vm-363 pp.). 

— Mgr Kevork Yeretzian, représentant arménien du Saint- 
Sépulcre à Constantinople, a été élu calholicos d’Arménie, le 
12 octobre 1901, dans l’église arménienne grégorienne d’Adana. 

— Mgr Cyrille Géha, archevêque d’Alep, a été élu le 28juin 1902, 
patriarche grec-catholique d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusa- 
lem, par les archevêques et évêques melchites réunis à Aïn-Traz 
dans le Liban, en remplacement de Mgr. Pierre IV Geraïgiry, 
décédé à Beyrouth le 24 avril 1902. 

— M. Auzépy, consul général de France en Palestine, a été 
nommé au même titre à Amsterdam, en juillet 1901. 

— En 1891, M. Émile Bouchet a fait paraître, chez l'éditeur 
Alphonse Lemerre, à Paris, une édition de Villehardouin, sous le 
titre : Geoffroi de Villehardouin. La conquête de Constantinople ; 
texte et traduction nouvelle avec notice, notes et glossaire; 
2 vol. in-8“, de x-464 et 434 pp. — Or, soit que ce livre n’ait été 
que rarement annoncé dans les catalogues de librairie, soit qu’il 
n’ait pas été l’objet de comptes rendus dans des recueils pério- 
diques un peu répandus, il est resté à peu près ignoré en France. 
Plus d’une fois, j’ai pu constater que les personnes le mieux au 
courant même des publications relatives à notre ancienne littéra- 
ture n’en connaissaient pas l’existence. A l’étranger, au contraire, 
l’ouvrage n’a point passé inaperçu ; seulement, chose curieuse, 
les savants qui s’y sont référés ne semblent pas s’être doutés que 
cette nouvelle édition n’avait nullement le caractère d’une œuvre 
scientifique et que par conséquent on ne devait point l’invoquer 
de préférence à certaines des éditions précédentes. 

Gela étant, il pourra y avoir quelque utilité à en faire connaître 
brièvement l’économie : 

L’auteur ne donne que des renseignements tout à fait insuffi- 
sants sur la manière dont il a établi son texte. Il semble n’avoir 
pas recouru directement aux manuscrits et s’être servi presque 


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302 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


uniquement de l’édition de M. de Wailly, qu’il a modifiée de deux 
façons : d’abord en introduisant dans le texte — un peu au hasard 
et simplement d’aprôs celte édition — certaines variantes des 
manuscrits autres que le ms. A, suivi par M. de Wailly; puis, en 
uniformisant l’orthographe d’après la leçon qui se présentait le 
plus souvent, ou celle qui lui paraissait se rapporter le mieux an 
dialecte de la Champagne et de l’Ile de France. D’ailleurs, dans 
la plupart des cas, il est impossible de savoir à quel manuscrit est 
empruntée la leçon qu’il adopte, si l’on n’a pas sous les yeux 
l'édition de Wailly. Le texte môme est suivi de quelques notes his- 
toriques et philologiques qui pourront être utiles à des lecteurs 
absolument ignorants de notre ancienne langue et des événe- 
ments de la quatrième croisade, mais dont historiens et philo- 
logues ne sauraient, je crois, tirer grand profit. 

Pour la traduction en français moderne placée en regard du 
texte, M. Bouchet s’est évidemment aidé, et môme beaucoup aidé, 
de celle de M. de Wailly. Assurément, il ne pouvait choisir un 
meilleur guide; mais pourquoi n’a-t-il pas fait preuve d’un peu plus 
d’indépendance? Se serait-il trop défié de ses propres lumières? 

La « Notice » annoncée dans le titre du livre et qui occupe 
presque tout le deuxième volume est consacrée à une histoire de 
la quatrième croisade. M. Bouchet a certainement lu les princi- 
paux travaux sur la matière et il s’en sert généralement avec 
intelligence. Il ne paraît pas toutefois avoir cherché sérieusement 
à résoudre les problèmes que soulève l’événement; il n’a môme 
pas abordé certains d’entre eux. — Quant au « Glossaire » égale- 
ment annoncé dans le titre, ce n’est point comme on pourrait le 
croire, un glossaire complet de la langue de Villehardouin ; c’est 
la simple énumération de certains termes que M. Bouchet a fait 
passer tels quels dans sa traduction, soit parce qu’il ne leur trou- 
vait pas d’équivalent en français moderne, soit parce qu’ils ont 
été encore employés par de bons auteurs jusqu’au xvm* siècle. 
11 aurait pu sans inconvénient se dispenser d’y faire entrer des 
mots comme hoir, us, ouïr, occire, guerroyer et nombre d’autres 
encore usités de nos jours, et surtout d’y interpréter le mot 
deschaux par « réduit à la misère », le mot férié par « jour qui 
suit une fôte », etc. 

— Les PP. Bollandistes viennent de publier, dans le fasc. 4 du 
t. XX (1901) de leurs Analecta, le catalogue des manuscrits hagio- 
graphiques de la bibliothèque de Douai. La plupart des Vies, Inven- 
tions, Translations et Miracles de saints contenus dans ces manus- 
crits étaient déjà connus par d’autres copies. Il convient cependant 


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CHRONIQUE 


303 


de mentionner ici un exemplaire non encore signalé de Ylnventio 
SS. patriarcharum Abraham, Isaac et Jacob, texte publié d’après 
deux autres exemplaires dans le t. V (pp. 302-314) des Hist. occid. 
des croisades. 

L’exemplaire de Douai, copié au xm' siècle (ms. 851, fol. 93 b à 
103 b) est complet : il contient la fin de l’opuscule, qui manquait 
dans les manuscrits utilisés pàr le récent éditeur. Cette fin est don- 
née in extenso dans l'Appendice du catalogue, p. 464 du fascicule. 

— Parmi les manuscrits de Trinity College à Oxford, dont 
M. Montague Rhodes James a publié récemment le catalogue, 
figurent trois lettres de l’antipape Guibert (Clément III) à Lanfranc, 
archevêque de Cantorbéry, que Guibert cherchait à rallier à sa 
cause. Elles ont été publiées par M. le prof. F. Liebermann dans 
The english histor. review (avril 1901), et reproduites d’après cette 
édition dans la Biblioih. de T École des Chartes , t. LXII, 3* livr. 
(mai-juin 1901), pp. 313-315. Ces lettres ne sont pas datées, mais 
doivent se placer entre les années 1085 et 1089. 

— Le 10 juin 1901 et jours suivants, s’est vendue à Londres, par 
le ministère de MM. Sotheby, Wilkinson et Hodge, la partie des 
manuscrits du comte d’Ashburnham connue sous le nom de Col- 
lection Barrois. Dans le catalogue de vente publié à cette occasion 
( The Ashbumham Library. Catalogue of the portion of the 
famous Collection of manuscripts the property of the Rt. hon. the 
earl of Ashbumham, known as the Barrois Collection, wich 
will be sold by auction by Messrs Sotheby, Wilkinson and 
Hodge... on Monday, the lOth day of June 1901 and four fol - 
lowing days; Londres, 1901, in-8°), je relève les articles suivants : 

N° 8 (Ashb. 302). — Fol. 53 b. Epistola presbiteri Johannis ad 
Emanuelem imperatorem. — xiv® siècle, sur parchemin. 

N° 36 (Ashb. 186). — Recueil d’œuvres de S. Jérôme et de S. Au- 
gustin : Fol. 87 b. Laus beali Geronimi vulgis, per dominam Bap- 
tistam de Malatestis. En vers italiens. Début : « Glorioso padre, 
almo doctore |j O sol fulgiente elleto aquel collegio... » — 
xv« siècle, sur parchemin. 

N° 48 (Ashb. 77). — Varthema, Le Vialeur en la plus grande 
partie d’Orient, commançaDt es parties de Surye par terre et par 
mer jusques au royaume de Calicut. — xvi» siècle, sur parche- 
min, — Acquis par le libraire Ch. F. Murray. 

N° 55 (Ashb. 483). — S. Bernardi, Clarevallensis abbatis, Vita. 
Compilation faite d’après des vies anciennes. — xv® siècle, sur 
parchemin et papier. 


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304 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


N° 56 (Ashb. 234). — La Règle du Temple, trad. du latin de S. 
Bernard, par Jehan Michel. — xiv* siècle, sur parchemin. 

N“ 119 (Ashb. 58). — Christophorus de Bondelmontibus, Liber 
insularum Arcipelagi... quem misit de ci vitale Rodi Romain Dom. 
Jordano cardinali de Ursinis, an. Dom. 1422. — xv* siècle, sur 
parchemin. 

N° 136 (Ashb. 321). — Fol. 1. S. Johannis Climaci Scala ad Paradi- 
sum; e graeco in lat. translata per Ambrosium Traversarium Ca- 
maldulensem. Cum Vila auctoris a Daniele Monaco. — Fol. 143. Ejus- 
dem liber ad Pastorem, eodem interprète. — Fol. 155. S. Ephrem 
Syri Sermones, eodem interprète. — xv* siècle, sur parchemin. 

N° 148 (Ashb. 636). — Journal d'un voyage de Constantinople, 
avec toutes les révolutions arrivées dans cet empire es années 
1687, 1688. Début : « Je partis de Paris le mecredy 29* may 1683. Je 
m'embarqués dans le vesseau ordinaire pour aller à Auxerre... » 

— xvu* siècle, sur papier. 

N° 195 (Ashb. 629). — « Le tressaint et tresdevot voyage de Jéru- 
salem, faict, descript et mis en 4 livres. Ensemble le chemin qu’il 
fault tenir à la poursuite dudit voyage. Item les valeurs et diver- 
sitez des monoies » ; par J. Faucquenberghe, 1612. — xvu* siècle, 
sur papier. 

. N» 208 (Ashb. 172). — Annales de France, 1286-1321 : Fol. 1, 
rubrique : « Ici pouez oir de la destruction de la cité d’Acre... » 
Fol. 32. « Ici apres poes savoir en quel temps les Templiers furent 
pris et mis en divers prisons. . . » Même fol. : « Apres ce poes 
savoir en quel temps aucuns templiers a Paris et a Sentis ars... » 

— xiv* siècle, sur parchemin. 

N° 210 (Ashb. 407). — Mélanges historiques : Fol. 35 v°. Deux 
lettres de Charles-Quint, 22 juin et 23 juillet 1535, sur l’expédition 
de Tunis. — xvi* siècle, sur papier. — Acquis par la Biblioth. 
Nat., Nouv. acq. franç. 10049. 

N° 231 (Ashb. 171). — Fol. 61. Nomenclature des différents 
sièges de Jérusalem, incomplète du début. Premiers mots : « ... et 
ses un erent en pais. Au quint se combatoient. Aus xlvii ans de 
cele olimpiade, prisl Nabugodonosor Jérusalem... » Fin : a... et la 
tiennent li Sarrasin tant corne Diu plaira. » — xin® siècle, sur par- 
chemin, 204 ff. — Acquis par la Biblioth. Nat., Nouv. acq. fr. 10036. 

N» 238 (Ashb. 14). — Le roman de Godefroy de Bouillon, en vers 
français. — xm* siècle, sur parchemin. — Acquis par le Musée 
britannique, Add. 36,615. 

N° 251 (Ashb. 346). — La ystoire et le livre des fais et gestes du 
illustrissime... Guérin Meschin, prince de Tarante... traduit de 
l’italien et amplifié par Fr. Jehan de Rochemure, religieusde Saint 


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CHRONIQUE 305 

Anthoine de Viney et de sa main escripl. — xv® siècle, sur papier. 
Autographe. — Acquis par le libraire Ch. F. Murray. 

N» 260 (Ashb. 340). — « Cy comence le livra des Histoires 
d’Orient, lequel compila frere Hayton... en l’an N. S. 1307. » — 
xiv® siècle, sur parchemin. — Acquis par la Bibliothèque natio- 
nale de Paris, nouv. acq. fr. 10050. — Sur ce ms. voy. H. Omont, 
Catal. des mss. Ashburnhatn-Barrois , acquis en 1901, pp. 67-73. 
Le texte se rapproche beaucoup de la version latine de la Fleur 
des histoires d’Orient. M. Omont le publiera in-extenso dans le 
t. xxxviii des Notices et extr. des mss. 

N°265 (Ashb. 293). — « Reverendissimi patris patriarche Cons- 
tantinop. Gennadii... libellus de quibusdam fidei articulis quos 
Turcorum imperator voluit ab eo scire; factusque est inter eos de 
his dialogus..., quem e greco in lalinum Georgius Hermonymus 
Spartauus... traduxit. » — xv® siècle, sur parchemin. 

N°266 (Ashb. 51). — Œuvres des PP. : SS. Jérome, Augustin, 
Cyrille, Isidore : Au fol. 59. Vita beati Jeronimi. Début : « Primo 

de nomine. Jeronimus dicitur ». Fin : « ... Obiit circaannum 

Domini CCCLXXXXIII. » — xv 6 siècle, sur parchemin. 

N° 273 (Ashb. 230). — Epistolae supposititiae Eusebii, Augustini 
et Cyrilli Hierosol. de rebus geslis et miraculis b. Hieronymi. — 
xv® siècle, sur parchemin. 

N° 274 (Ashb. 184). — S. Hieronymi vita ex ejus potissimum 
scriptis congesta. Insunlexhortaliones eiusdem, neenon epistolae 
SS. Eusebii, Augustini, Cyrilli. — xv® siècle, sur parchemin. 

N° 296 (Ashb. 49). — « Hystoria Iherosolimitana abbreviata a 
magislro Jacobo [de Vitriaco], Acconensi episcopo. » — xm® siècle, 
sur parchemin . 

N° 310 (Ashb. 47). — Flavii Josephi opéra, interprète Rufino 
Aquileiensi. — xm® siècle, sur parchemin. — Acquis par la 
Bibliolh. Bodléienne. 

N° 337 (Ashb. 156). — Fol. 1. Liber gestorum Barlaam et Josa- 
phat, editus graeco sermone a Johanne Damasceno. — Fol. 101. 
Translatio S. Jacobi apostoli etmiracula per eum facta. — Fol. 124. 
Iohannis Turpini. . . liber supposititius de Gestis Karoli Magni. — 
xiii® siècle, sur parchemin. 

N e 375 (Ashb. 380). — Le livre Jehan de Mandeville, chevallier 
(Voyage à Jérusalem). — xv® siècle, sur papier. 

N® 387 (Ashb. 348). — Philippe de Maiziôres, Le songe du vieil 
pèlerin. — xv* siècle, sur parchemin. 

N® 393 (Ashb. 622). — Fol. 268. Extrait de l’ouvrage intitulé : 
Introduction à la connaissance des dynasties, par Taki ed-Dîn 
Makrizi. — xix® siècle, sur papier. 

Rbv. dk l’Or, latin. T. IX. 20 


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300 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


N° 427 (Ashb. 676). — L’Hippiade, ou Godefroy et les Chevaliers, 
de Caesar de Nostre Dame (Nostradamus), gentilhomme proven- 
çal. — xvii e siècle, sur papier. Autographe inédit. — Ce poème 
offre quelque intérêt au point de vue des généalogies et blasons 
des croisés. 

N° 432 (Ashb. 19). — La division frère Odoric, des merveilles de 
la Terre Sainte. — xiv* siècle, sur parchemin. — Acheté parle 
libraire Ch. F. Murray. 

N°438 (Ashb. 526). — Jean Otter, Journal de mon Voiage de 
Constantinople à Ispahan (1736-1744). — xvm e siècle, sur papier. 

— Acquis par la Bibliothèque nationale. Nouv. acq. franç., 10062. 
N° 463 (Ashb. 1). — Fol. 1. Chrétien de Troyes, Roman de Per- 

ceval le Galois. — Fol. 268 b. La Vie de sainte Marie Égyptienne, 
en français. — xiii* siècle, sur parchemin. — Acquis par le Musée 
britannique, Addit. 36,614. 

N° 549 (Ashb. 108). — Le songe du Vergier, attribué à Philippe 
de Maizières. — xv» siècle, sur parchemin. — Acquis par le 
libraire Quarritch. 

N° 564 (Ashb. 419). — Gotifredus sive Hierosolyma vindicala 
Torquati Tassi, carmen heroicum italicum divinum, latinis musis 
jampridem debitum, aliquando tandem redditum, opéra Leopoldi 
Curlii, Veneti. — xviii* siècle, sur papier. 

N°565 (Ashb. 528). — Bullioneidos sive Hierusalem liberata 
domini Torquati Tassi, heroico carminé donata a R. D. Dominico 
de Zannis, presbitero Cremonensi. — xvm' siècle, sur papier. 

N° 573 (Ashb. 472). — Recueil : Fol. 17. Voyages de Coppart de 
Velaine en Terre-Sainte, 1423 et 1431. — xv e siècle, sur papier. 

— Acquis par la Biblioth. Nat. Nouv. acq. fr. 10058. Cf. Rev. de 
l'Or.lat.,\ 111,609. 

N° 585 (Ashb. 309). — Recueil : Au fol. 192, « Comenza la Legenda 
de S. Barlam et de S. Josaphato. » — xv e siècle, parchemin et 
papier. 

N° 591 (Ashb. 423). — « Copia delle comissioni consegnate dall’ 
Senato al Francesco Balbi, eletto proveditore e castellan dell’ isola 
di Cerigo per doversi regere nel governo di quell’ isola, 1683. » 

— xvn e siècle, sur papier. 

N° 594 (Ashb. 395). — La malheureuse expédition sous la con- 
duite de Jean, comte de Nevers, fils aisné au duc de Bourgogne, à 
l’aide de Sigismond, roi de Hongrie, contre Bajazet, en 1396. — 
xv e siècle, sur papier. Le premier chapitre est intitulé : « Com- 
ment le roy de Honguerie escript au roy de France de l’estât del 
lamourach bahy, et comment Jehan de Bourgoigne, fils aisné au 
duc de Bourgoigne, fu chief de toute l’armée qui y alla. » 


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CHRONIQUE 


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N° 601 (Ashb. 420). — Dépêches concernant l’expédition véni- 
tienne envoyée en Morée, après la révolte de 1690. — xvii® siècle, 
sur papier. 

N° 608 (Ashb. 59). — « Storia délia Crociata. » — xv* siècle, 
sur parchemin. — C’est une histoire des aventures fabuleuses de 
Othon Visconti et de ses compagnons à la l re croisade. Cf. Archives 
de l’Orient latin., I, 49, et Hist. occid. des crois., V, p. cxxxix. 

— Acquis par le libraire Ch. F. Murray. 

N° 609 (Ashb. 83). — Vies de saints : Fol. 70. Vita S. Hieronymi. 

— Fol. 168. Vila B. Hugonis Gratianopolis episcopi, édita a Gui- 
gone, priore Carthusiae. — xiv« siècle, sur parchemin. — Sur 
Hugues, évéque de Grenoble, qui, d’après Cafaro, prêcha la croi- 
sade à Gênes, en 1096, voy. Acta SS. Boll., l« r avril, I, 35-46. Sa 
vie, par Gui, prieur des Chartreux, ne dit rien, d’ailleurs, de cette 
prédication. 

— Le volume intitulé : Historical manuscripts Commission. Re- 
port on manuscripts in various collections. Vol. I : Berwick-upon 
Tweed , Burford and Lostvoithiel corporations, the counties of 
Wilts and Worcester, the bishop of Chichester and the deans and 
chapters of Chichester, Canterbury and Salisbury. Presented to 
Parliament by command of His Majesty (London, printed for His 
Majesty’s Statiopery office by Mackie and C°, 1901, in-8°, 488 pp.), 
contient (p. 235), parmi les extraits des archives du chapitre de 
Canterbury, le texte d’une cédule, datant apparemment des envi- 
rons de 1197, et dans laquelle sont consignés les résultats d’une 
enquête sur la condition des croisés du menu peuple dans le comté 
de Lincoln. Je reproduis ici cette sorte de procès-verbal, qui donne 
une triste idée de la façon dont se recrutaient les contingents de 
la croisade. 

« Apud Skirbec. Rodbertus filius Brummanni, crucesignatus, jam 
pridem iter arripuerat, sed non peracto rediit. Uxoratus est, 
unum habens filium et ad iter illud perflciendum minus sufficiens. 

Item in Skirbec. Lambertus filius Ellruth, crucesignatus, eo 
tempore quo et prefatus Rodbertus iter arripuerat, sed non peracto 
rediit. Uxorem habet, non prolem; pauperrimus tamen, manu sua 
victum querens. 

Apud Sanctum Bolulfum. Ludo filius Aslac ivit. Benedictus de 
Cibecei. Girard us filius Gudred. Willelmus pellipartus. Rodbertus 
le poter. Rodbertus le macecrer. Willelmus de Kirkebi. 

Apud Wibortuïi. Johannes Buchart ierat versus Jérusalem tem- 
pore Willelmi regis Apulie, quo prohibitum fuit passagium magni 
maris. Rediens relaxalus est ab ilinere per dominum papam, 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


reportans rescriplum domini pape de relaxacione, sicut asserunt 
vieilli ejus, testimonium perhibentes, quousque posset expedicius 
illad iter arripere el peragere. Uxoratus est, plures habeus liberos, 
et pauperrimus, mediocris quidem etatis. 

Apud Kirketun. Johannes le Borne, uxorem habens et filios, 
jnvenis etate, non tamen salis sibi suffleiens ad hoc iter, ut qui- 
dam dicunt. 

Wallerus faber, uxoratus post crucem acceptant, potest iter arri- 
pere et nutum Dei peragere, sicut asserunt. 

Apud Algerkirke. Ricard us filius Turslini, uxoratus, V habens 
liberos, pauperrimus, asserit se fuisse in terra Jérusalem, nullum 
habens testimonium. 

Apud Fotesdic. Alvrodus d’Ultremer, uxoratus, pauperrimus, 
pre paupertate non ivit. 

Apud Sutertufi. Willelmus filius Swift, uxoratus, habens liberos, 
pauper, mediocris etatis, asserit se fuisse in terra Jérusalem, nul- 
lum tamen habens testimonium . 

Apud Wiketoft. Tomas de Holflet, post crucem acceptam uxo- 
ratus, V habens liberos. Non salis sibi suffleit ad hoc iter agendum. 

Apud Swineheved. Hugo filius Gimeri, post crucem acceptam 
uxoratus, V habens liberos, non satis sibi suffleit ad hoc iter agen- 
dum. 

Apud Biere. Helias filius Hervi, uxoratus, VII habens liberos, 
pauper el fere mendicus. 

Apud Gosebertchirche. Andréas clericus, uxoratus, duos habens 
liberos, crucesignatus ab annis X, iter arripuerat, sed non 
peracto rediit, eo scilicet tempore quo desolata erat terra Jeroso- 
limitana et transfretatio prohibita. Unde, consilio domini pape, 
rediit ad uxorem, donec facullatem haberet redeundi ad prefatam 
terram. Tamen, ante jam dictam desolationem prefale terre, alia 
vice crucesignatus illud iter arripuerat et bene perfecerat. Non 
satis sibi suffleit ad hoc iter peragendum. 

Apud Surfiet. Hubertus filius Widonis cruce signatus a V annis 
iter arripuerat, in Longobardia predatus rediit. Vacans est. Servit 
fratri suo, nec satis sibi suffleit ad hoc iter. 

Apud Pinchebec. Hugo filius Widonis cruce signatus a X annis, 
uxorem habens non liberos, decrepite etatis est et pauper. 

Ulf Poucer cruce signatus ab VIII annis, testante sacerdote qui 
eum cruce signavit, et vicini ejus hoc asserunt ; ipse tamen con- 
tradicitse crucem accepisse; uxorem habet et VII liberos; pauper- 
rimus est, juvenis tamen. 

Apud Spaldinge. Alexander vinitarius, uxorem habens et duos 
liberos; pauperrimus est; jurenis est. 


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CHRONIQUE 309 

Willelmus Cuping, uxorem habens et quatuor liberos, pauperri- 
mus est, mediocris tamen etatis. 

Apud Mulet un. Rogerus Stoile juvenis et expeditus ad hoc iter. 

Apud Holebeche Willelmus Fossator sine uxore et liberis, juve- 
nis, pauperrimus tamen. 

Apud Gedefi. Willelmus Pistor, senex et uxoratus, habens duos 
liberos, pauperrimus, mendicus. » 

Au dos : « Hec sunt nomina crucesignatorum de civitate Lincol- 
niensi : Willelmus Mirabilis. Willelmus Venlha. Willelmus filius 
Turgis. Philippus Cokelbert. » 

( Communiqué par M. Léop. Déliais). 

— Dans un relevé des taxes et redevances des abbayes et autres 
établissements ecclésiastiques du diocèse de Cambrai, que publie 
M. le chan. Reusens, d’après deux mss. d’un Pouillé de ce diocèse 
(Analectes pour servir à l’hist. ecclés. de la Belgique , 2* sér., 
t. XII, an. 1900, pp. 188 et suiv.), on trouvera, pp. 205-206, une 
liste des commanderies du Temple, de l’Hôpital et des Teutoniques 
dans ledit diocèse . 

— A l’occasion du 50 e anniversaire de la fondation du Collège 
d’Owen à Manchester, les professeurs, anciens élèves et élèves de 
cet établissement ont publié sous le titre de Historical essays by 
members of the Owen’s College, Manchester, published in com- 
mémoration of its jubilee, 1815-1901, ediled by. T. F. Tout and 
James Tait, un recueil de mémoires historiques sur des sujets 
variés. Le sixième de ces mémoires, dû à M. Fr. M. Porvicke est 
intitulé : Un radical du moyen âge : Pierre Dubois. 

— A l’occasion du 9* centenaire du couronnement de saint 
Étienne, roi de Hongrie, la revue Szâzadok a consacré tout son 
fascicule de décembre 1901 à la mémoire de ce prince. Parmi les 
articles qui y sont publiés, aucun d’ailleurs n’est spécialement re- 
latif aux rapports d’Étienne avec la Terre-Sainte. En voici la liste : 
J. Karacsonyi, Le couronnement de saint Étienne. — V. Fraknôi, 
La main droite (la main droite de S. Étienne est une relique con- 
servée à Bude). — G. Lanczy, Saint Étienne et la papauté. — 
R. Békefi, Les exhortations de saint Étienne (ces exhortations 
adressées au prince Émeric ont été attribuées à tort à S. Étienne; 
elles sont de S. Gérard, évêque de Csanâd). — J. Karacsonyi, La 
légende de Hartvic (Hartvic, évêque de Gyôr, au xi® siècle, est 
l’auteur d’une vie de S. Étienne). — B. Czobor, Ornements d'église 
à l’époque de saint Étienne. — J. Karacsonyi, Sur les frontières 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


de la Hongrie à l’époque de saint Étienne. — A. Hodinka, Saint 
Étienne est-il mentionné dans les sources historiques slaves ? 

— Lors des fouilles nécessitées par la reconstruction de la 
grande mosquée de Damas, on a trouvé dans une cachette tout 
un lot de manuscrits fort anciens. Ces documents, dont on pouvait 
craindre la perle, ont été transférés à Berlin, où ils pourront être 
étudiés par des hommes compétents. On y remarque entre autres 
une lettre de croisade en français et un privilège de Baudoin III 
pour un marchand. 

— Du 8 au 10 septembre 1901, les Mékhilaristes de Venise et de 
Vienne ont célébré le deuxième centenaire de la fondation de leur 
Congrégation par l’abbé Mékhitar. 

— Le gouvernement ottoman projette la construction d’une ligne 
de chemin de fer de Damas à La Mecque. 11 est à craindre que les 
tribus plus ou moins indépendantes qui parcourent le désert 
d’Arabie s’opposent par tous les moyens à l’établissement de cette 
voie, dont la sécurité sera très difficilement assurée contre leurs 
attaques. 

— Le sultan a accordé à la Société du Palestine Exploration 
Fund un iradé pour l’exploration archéologique de la région de 
Gezer. La direction des fouilles est confiée à M. Macalister. 

— Le gouvernement russe s’efforce d'obtenir du sultan, pour les 
établissements russes en Syrie et en Palestine, les mêmes avan- 
tages qui ont été concédés à la France, à la suite de la démonstra- 
tion navale française en Orient. Un iradé aurait déjà décrété la 
première reconnaissance légale de 83 écoles russes en Palestine. 

— On annonce la publication, par les soins de la Custodie de 
T.-S., des registres de l’abbaye franciscaine du Mont-Sion à Jéru- 
salem contenant les noms de tous les pèlerins qui, depuis le milieu 
du xvi® siècle, ont été reçus dans cette abbaye. L’ouvrage doit 
paraître en 1903. 

— Sur les origines de la bibliothèque de Moukden dont nous 
avons dit quelques mots dans un précédent numéro (Rev. Or. lat., 
VIII, p. 608), on pourra consulter un article de M. E. Bretschnei- 
der, paru tout d’abord, en russe, dans la Peterburgskiya Wed- 
mosti, 6 avril 1901, puis, en allemand, dans le n° 89 des Beilagen 
sur Allgemeinen Zeitung, an. 1901. 


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CHRONIQUE 


311 


— Notre collaborateur M. J.-B. Chabot entreprend, avec le con- 
cours de MM. Ign. Guidi, H. Hyvernat et B. Carra de Vaux, la 
publication d’un Corpus scriptorum christianorum orienlalium , 
de format in-8°, qui sera pour les littératures orientales chré- 
tiennes (arabe, syriaque, copte, éthiopienne et arménienne) ce 
que sont les Patrologies de l’abbé Migne pour les littératures 
latine et grecque. Assurés de la collaboration des orientalistes 
les plus autorisés tant en France qu’à l’étranger, les éditeurs du 
Corpus se proposent de publier chaque année quatre à cinq 
volumes. Ils débuteront par des documents inédits et par des 
documents historiques dont les éditions sont devenues rares. 
Leur but est avant tout de mettre entre les mains des travail- 
leurs des textes corrects et munis de l’apparat critique néces- 
saire, des notes strictement indispensables et d’une courte pré- 
face, dans laquelle on fera connaître l’auteur et les manuscrits. 
C’est là, à notre avis, une méthode excellente, la seule qui per- 
mettra de mener à bonne fin une œuvre aussi considérable, dans 
laquelle prendront place des ouvrages concernant l'exégèse, la 
liturgie, le droit canonique, la théologie, la philosophie, l’histoire 
et l’hagiographie. Les textes seront accompagnés d'une traduc- 
tion latine. Le prix de vente est fixé pour chaque volume pro- 
portionnellement au nombre de feuilles, à raison de 1 fr. par 
feuille de texte oriental et de 0 fr. 50 par feuille de traduction. La 
traduction pourra être achetée séparément. 

Plusieurs volumes sont actuellement sous presse, entre autres, 
dans la série des auteurs syriaques, le Chronicon Edessenum et 
le Chronicon anonymum, dont l’édition a été préparée par 
M. Ign. Guidi, et dans la série des auteurs éthiopiens YHistoria 
regis Johannis, éditée par le même. 

Telle qu’elle est conçue, l’édition du Corpus aura certainement 
la plus heureuse influence pour le progrès des études et la con- 
naissance des littératures orientales. On ne peut donc qu’applaudir 
à la vaillante initiative de M. J.-B. Chabot et de ses collaborateurs, 
et nous espérons que les encouragements ne leur manqueront pas. 

— Dans les 2* et S" fasc. de son remarquable ouvrage Les 
sources de l’histoire de France (Paris, Picard, 1902-1902, in-8°), 
M. Aug. Molinier consacre des chapitres spéciaux aux documents 
concernant les croisades : préliminaires de la l re croisade (itiné- 
raires en T. S., pèlerinages, descriptions géographiques), histoire 
des cinq premières croisades, établissements latins d’Orient, ordres 
du Temple, de S. Jean et Teutonique, projets de croisade anté- 
rieurs et postérieurs à la chute d’Acre (1291) . Les analyses qu'il 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


en donne sont de tous points excellentes et répondent parfaitement 
au but que s’est proposé l’auteur : indiquer en des notices claires 
et désencombrées de tous renseignements inutiles, la valeur et le 
caractère de chaque document, avec mention des principales 
études dont ces documents ont été l’objet. Les sources poétiques 
et les œuvres des historiens orientaux sont également notées. — 
Parmi les sources orientales de l'histoire de Saladin, les écrits de 
Beha-ed-Din et d’Imad-ed-Din devaient venir en première ligne, 
de préférence au Livre des deux jardins d’Abou-Chftma qui n’a 
fait que copier les récits de ces deux biographes de Saladin. 

— La ville de Kolozsvér, en Transylvanie, se propose d’inaugu- 
rer en grande solennité cette année, un monument à la gloire du 
roi Mathias Corvin, qui y naquit en 1440. Elle a publié à celte 
occasion un volume intitulé Album du roi Mathias (Mâtyés Kirâly 
emlékhônyv); Budapest, Athenaeum, 1902, in-4°, vm-316 pp., et 
dû à la plume de plusieurs écrivains. Parmi les nombreux articles 
qu’il contient, nous signalerons les deux suivants : G. Kuun, La 
politique orientale de Mathias , dans lequel l’auteur traite des 
guerres contre les Turcs et des relations de la Hongrie avec la 
Perse; et A. Aldasy, Mathias et la Papauté , concernant entre 
autres choses la croisade prôchée par le pape Pie II. 

— Un Institut archéologique allemand pour l’exploration de la 
Palestine, dont la création fut décidée après le voyage de Guil- 
laume II, s’est ouvert à Jérusalem, en novembre 1902. Le direc- 
teur en est le professeur G. Dalman. 

— Le 29* fasc. de \’ Historical atlas of modem Europe (Oxford, 
Clarendon Press, 1902), contient une carte de l’Europe au temps 
de la 3® croisade, dressée par R. L. Poole. 


Le propriétaire-gérant : E. LEROUX. 


Le Puy. — Imprimerie R. Màrchkssou, boulevard Carnot, 23. 


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LE LIBELLUS DE LOCIS ULTRAMARIN1S 


DE 

PIERRE « DE PENNIS » 

O. S. D. 


Le dominicain Pierre « de Pennis », auteur présumé de 
l’opuscule dont nous allons nous occuper, est mentionné dans 
divers recueils biographiques \ en particulier dans les Scrip- 
tores ordinis FF. Praedicaiorum, des PP. Quétif et Échard, 
qui lui consacrent une assez longue notice \ On cite de lui 
quatre ouvrages, sinon les seuls qu’il ait écrits, du moins les 
seuls, semble-t-il, dont le texte ou la mention nous soient 
parvenus. Ces ouvrages, tous inédits, je crois, sont les sui- 
vants : Liber contra Judaeos , nomine Thalamoth *, en 
15 chapitres. — Tractatus contra Alchoranum, en 15 chapi- 


1. Leandro Alberti, De viris illustribus ordinis Praed. libri sex (Bologne, 
1517, in-fol.), f.152 6. — Antonius Senensis(«Mipo Lusitanus), Bibliotheca ordinis 
FF. Praedicatorum, virorum inter illos doctrina insignium nomina complec- 
tens (Parisiis, 1585, in-8°), p. 199. — Teodoro Valle, Breve compendio degli più 
illustri padri che ha prodotto la prov. di Napoli , delV ordine de* Predicatori 
(Napoli, Secondino Roncagliolo, 1651, in-4°), p. 162. — Ambrosius de Altamura, 
Bibliothecae Dominicanae... incrementum et prosecutio (Romae, 1677, in-fol.), 
p. 257. — Nicolo Toppi, Bibliotheca Napoletana e apparato a gli huomini 
illustri... che sono nello stesso regno (Napoli, 1678), p. 249. — Fabricius, 
Biblioth. med. et infim. lat ., t. V, p. 271. — Tafuri, Scrittori Napolit. (1749), 
II, il, 48-54. — Jôcher, Allgemein. Gelehrten Lexicon, t. III, col. 1368. — Cam. 
Minieri-Riccio, Memorie stor. degli scrittori nati nel regno di Napoli, 

Napoli, 1844), p. 271. 

2. Tome I, pp. 569-570; t. II, p. 337. 

3. C’est-à-dire le Talmud. 

Rrv. db l’Or, latin. T. IX. 21 


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A 



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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


très aussi. — Tractatus de notitia Verbi incarnait , en 
25 chapitres. — Liber xxii capitulis absolutus , vias docens 
quibus comprehendi potest Terra Sancta et videri quare 
deperdita fuerit et quali ter recuperari potest. 

Les biographes de Pierre « de Pennis » supposent que cet 
écrivain était issu de la petite ville calabraise de Penna, 
dans laquelle il y avait un couvent de l’ordre de Saint-Domi- 
nique '. Certaines particularités de l’œuvre que nous publions 
ici sous son nom semblent bien indiquer qu’il était originaire 
de l’Italie, et, plus exactement, de l’Italie méridionale : ainsi 
l’appellation de Butadium qu’il applique au Juif errant, la 
dévotion qu’il professe pour S. Nicolas, évêque de Myre, la 
déformation en Siracusanus du nom de Sircunus (Schirkuh), 
le fameux émir de Noureddin. Je dois faire remarquer cepen- 
dant qu’il ne se désigne jamais lui-même et qu’aucun texte 
ancien ne le désigne par le nom de Petrus de Penna. En 
parlant de lui, il se dit toujours Petrus de Pennis , et c’est 
également sous cette forme que son nom figure constamment 
dans l’intitulé de ses œuvres. D'ailleurs, en admettant même 
que de Pennis doive se traduire par « de Penna » (et non par 
« de Pennes » ou « di Penne »), il ne s’ensuivrait pas néces- 
sairement que Penna fût la patrie de notre dominicain. On 
pourrait tout aussi bien conjecturer que le nom « de Pennis » 
lui vint de ce qu’il fit profession ou séjourna dans la maison 
dominicaine de cette ville. La forme vulgaire du nom restant 
incertaine, j’ai préféré m’en tenir à la forme latine « de Pennis ». 

De sa carrière on ne sait rien ; on ne s’accorde même pas sur 
l’époque de son existence, certains auteurs le plaçant au xnr siè- 
cle s , d’autres auxiv e ou au xv e , d’autres dans la première moitié 
du xvi' *. On verra, d’après ce que nous dirons ci-dessous, qu’il 
est en tout cas antérieur au xv' siècle. 


1. Bernard Gui, De praelatis ord. FF. Praedicatorum (Paris, Biblioth. Nat., 
ms. lat. 5486), p. 138 

2. Ainsi Nicolô Toppi, Bibliotheca Napoletana, p. 249. 

3. C’est le cas d’Ambrosius de Altamura, ouvr. cité, p. 257. Ni Bernard Gui 
dans son De praelatis ord. Praed. (ms. cité), ni Laurent Pignon (vers 1415), 
dans son Catalogus FF. spectabilium ordinis Fr. Praedicatorum (Paris 
Biblioth. Nat., ms. lat. 14582, fol. 136 v°-142 r°j, ne font mention de lui. Pour 
Bernard Gui, cela n’a rien de surprenant, puisque Pierre « de Pennis » lui 
était presque certainement postérieur. D’ailleurs, dans l’article qu’il consacre 
aux écrivains de l’ordre de saint Dominique (ms. cité,pp. 22-23), il n’en indique 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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J’ai rencontré le Liber contra Judaeos et le Tractatus 
contra Alchoranum ensemble dans trois manuscrits : Tou- 
louse, n° 392, du xv® siècle ; Bayeux, n° 42, du xv® siècle ; 
Paris, lat. 3646, du xv® siècle; et le Liber contra Judaeos 
seul dans un manuscrit : Paris, lat. 3353, du xv® siècle. 
Dans chacune de ces copies, les traités en question accom- 
pagnent un ouvrage de Pierre Soybert ou Subert, évêque de 
Saint-Papoul (1427 à 1443 ou environ), le Tractatus de visi- 
tatione episcoporum, en 7 parties *. Un passage de la préface 
de ce Tractatus nous donne la raison de ce rapprochement : 
Pierre Subert ayant trouvé que les deux traités de Pierre « de 
Pennis » formeraient un utile complément de son œuvre 
propre, les avait joints à celle-ci comme 8 e et dernière par- 
tie *. C’est peut-être à cette circonstance seule qu’ils doivent 
de nous avoir été conservés. 


qu’une dizaine, en ajoutant que, s’il voulait les nommer tous, cela l’entraînerait 
trop loin. Quant à Laurent Pignon, on ne peut induire de son silence qu’il ait 
vécu antérieurement à Pierre « de Pennis »>, sa liste des hommes marquants de 
l’ordre de saint Dominique étant fort incomplète. 

1. Dans les mss. 392 de Toulouse et 42 de Bayeux, les deux traités suivent 
l’œuvre de Pierre Subert. Le ms. 3646 ne nous fournit pas un texte complet de 
cette dernière œuvre, mais seulement (fol. 47-52) le début de la 7° partie, suivi 
(fol. 53-79) de Questiones sur le traité de visitatione episcoporum ; les deux 
traités de Pierre « de Pennis » s’y trouvent en tète du volume, le Liber contra 
Judaeos aux fol. 1-13 et le Tractatus contra Alchoranum aux fol. 13 v°-46 v°. 
Dans le ms. de Paris, lat. 3353, nous trouvons d’abord (fol. 1-125 v # ) le traité 
De visitatione complet, puis (fol. 127-132) le Liber contra Judaeos. 

2. Les PP. Quétif et Échard ont publié dans leur notice sur Pierre « de 
Pennis » (Script., I, 569) le passage de cette préface où Pierre Subert 
s’explique à ce sujet. Je le reproduis ici, en indiquant entre parenthèse les 
variantes des deux ms. de la Biblioth. nationale, lat. 3353 (= A) et 3354 (= B). Ce 
dernier ms. contient seulement les 7 premières parties du traité de visita- 
tione episcoporum , bien que la 8® partie, formée des deux traités de Pierre 
« de Pennis », soit annoncée dans la Préface : 

• Octavo saguttae sunt evellendae vel plantandae. Sic in hac parte extra opus 
praesentis compilationis (compilacionis A) subjicientur (subicientur B) duo 
tractatus singulares ad confusionem errorum inûdelium Judaeorum et Sara- 
cenorum (Sarracenorum A, B) et attractionem eorum de quibus mediante 
gratia Dei non est penitus desperandum. Et ideo episcopi illos habentes in 
suis dioecesibus(diocesibusA, dyocesibus B) ad attractionem obnixe vigilare et 
(et manque dans B) laborare totis viribus debent. Et quia sunt tractatus boni 
et utiliter compositi, ideo hic sunt additi. Sedquia (quia manque dans B) ibi 
colliguntur eorum errores (errores eorum B) qui foris extra unitatem Ecclesiae 
sunt, ideo ad partem extra praesentem compilationem (compillacionem A) 
etiam (ettiam A) ut superadditi (superadicti A.) tractatus situantur (scitua- 
tur A.), ne praelatis in promtu (promptu B, impronptu A) desit materia cor- 
rigendi in omni statu fldelium et infldelium ignorantias et merito operis 
gratia et facundia detur operanti. » 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Du Tractaius de notitia Verbi incarnait, il existe un 
manuscrit du xv® siècle à la Laurentienne : Plut. 53, cod. I, 
art. xv \ déjà cité par les PP* Quétif et Échard. 

Quant au Liber xxii cap. absolutus vias docens quibus 
comprehendi potest Terra sancta, il n’était connu jusqu’ici 
que par une brève mention de l’écrivain dominicain Leandro 
Alberti *, répétée par divers bibliographes : le texte même 
était demeuré introuvable *. Or, ce traité doit être certaine- 
ment identifié avec un opuscule qu’a bien voulu me signaler 
M. le professeur R. Rôhricht dans le ms. n° 306 de la Biblio- 
thèque publique de Trêves \ fol. 18 a-39 6, où il est intitulé : 
Libellus de locis ultramarinis , quem composuit frater 


1. Bandini, t. Il, col. 577. Cf. Montfaucon, Biblioth. bibliothecarum mss. 
nova , t. I, p. 339. 

2. De viris illustr. ord. Praed libri sex (Bologne, 1517, in-fol.), f. 152 b : 
« Cito nota Petrum de Pennis, qui inter alia scripsit libellum, capita xxii con- 
tinentem, vias docens quibus comprehendi potest terra sancta et videri quare 
deperdita fuerit et qualiter recuperari posset ». Cf. Ambrosius de Altamura, 
loc. cit. ; Quétif et Échard, loc. cit. ; Jôcher, loc. cit. ; Teodoro Valle, loc. cit. 

3. Les PP. Quétif et Échard ( Script . II, 337) s’étaient demandés si l’on ne pou- 
vait pas l’identifier avec le traité anonyme connu sous le nom de Memoria y 
dont des copies se trouvent dans les mss. de Paris, Bibl. Nat., lat. 5515 (fol. 53 
v°-62 v°), le seul que mentionnent les PP. Quétif et Échard ; 5515 A (fol. 49 v°- 
55); 14693 (fol. 37-42 v°); dans le ms. n° 263 (fol. 54 et suiv.) de la Biblioth. 
de la ville de Poitiers, et dans le ms. n # 66 de la Biblioth. publique de Leyde, 
(catalogue de 1716, p. 328), et dont une sorte de paraphrase, en français, se 
conserve dans le ms. Ashmol. 342 (fol. 1-6 b) de la Bodléienne, à Oxford. Ce 
traité est une sorte de projet de croisade; l’auteur engage les chrétiens à 
débarquer en Arménie et à se joindre aux Mongols pour reconquérir les 
Lieux-Saints. L’identification proposée est certainement fausse, comme on va 
le voir. C’est probablement en s’y référant, que Jôcher ( Allg . Gel. Lexicon , 
t. III, col. 1368) dit que la Biblioth. royale de Paris possède un exemplaire 
ms. du Libellus de Pierre « de Pennis ». En tout cas, les recherches que j’ai 
faites pour retrouver ce prétendu manuscrit ont donné un résultat négatif. — 
La Memoria , soit dit en passant, a été attribuée également, mais sans rai- 
sons bien plausibles, à l’arménien Haython (voir P. Paris, dans Hist. litt. 
de la Fr ., t. XXV, p. 499; Delaville Le Roulx, La France en Orient , p. 66, 
note). 

4. Je me fais un devoir de remercier très vivement M. le D r Max Keuffer, 
directeur de la Bibliothèque publique de Trêves, de l’extrême complaisance 
qu’il a mise à consentir en ma faveur au déplacement de ce volume et à m’en 
prolonger le prêt au delà des limites habituelles. Trois jours après l’envoi de 
ma demande le manuscrit était entre mes mains et j’ai pu le garder près de 
cinq mois. J'avais à le confronter avec un ms. de la Bibliothèque communale 
d'Évreux, dont il sera question plus loin et que je fis demander par l’inter- 
médiaire du Ministère de l’instruction publique. Ce dernier manuscrit a mis 
trois mois à me parvenir. L'autorité municipale d’Évreux ne s’était décidée, 
parait-il, à autoriser le prêt qu’après d’assez longues hésitations. Le ms. 
étant des moins précieux, je ne sais à quoi attribuer ces hésitations, sinon à 
des craintes d’un ordre spécial, d’ailleurs tout à fait injustifiées dans ce cas 
particulier. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 317 

Petrus de Pennis, ordinis fratrum Predicatorum. Le 
nombre des chapitres est bien de vingt-deux ; et, si la matière 
ne s’accorde pas rigoureusement avec ce qui est annoncé 
dans le titre de l’ouvrage visé par Leandro Alberti, il n’y a 
point là une raison suffisante pour attribuer à Pierre « de 
Pennis » deux ouvrages différents traitant à peu près du 
même sqjet. 

Je me propose de consacrer ici quelques pages à l’examen de 
cet opuscule, et j’en publierai ci-dessous le texte, bien que 
l’oeuvre ne se recommande point par une grande originalité, 
et ne soulève guère que des questions d’ordre littéraire. 

Comme je l’ai dit, notre Libellus comprend 22 chapitres. Il 
comporte une division en trois parties : l°(ch. i), un prologue, 
où l’auteur expose les circonstances et les raisons qui l’ont 
amené à composer son livre; 2° (ch. m-vi), une histoire 
abrégée du royaume de Jérusalem depuis sa fondation jus- 
qu’au début du xm* siècle (1208), précédée (ch. n) d’un petit 
discours sur l’histoire de la Palestine depuis Melchisédech 
jusqu’à la conquête arabe (vu® siècle); 3° (ch. vii-xxii) une 
description de la Palestine, de la Syrie et d’une partie de 
la Basse-Égypte, et plus spécialement des lieux saints de 
ces trois régions. 

Je reprends avec un peu plus de détail chacune de ces trois 
parties. 

Dans le Prologue, l’auteur raconte qu’ayant entrepris le 
pèlerinage de la Terre-Sainte, il s’est vu contraint par le mau- 
vais état de la mer de s’arrêter dans 1’ « île » de Myra, patrie 
du bienheureux confesseur Nicolas; que là, le jour même de 
la fête de ce saint, il a commencé d’écrire son livre, et qu’en 
l’entreprenant, il s’est proposé un double but : en premier 
lieu, d’obtenir par l’intercession de saint Nicolas qu’il lui fût 
donné de continuer sa route et de gagner le port du salut ; 
ensuite, d’offrir aux prédicateurs de la vérité un ouvrage à la 
fois bref et clair, dont ils se serviraient pour exposer aux 
fidèles les bienfaits répandus par le Rédempteur sur la terre 
promise et pour inciter le peuple chrétien à se dévouer corps et 
biens au recouvrement de l’héritage qu’il avait reçu de Dieu. 
Dans sa description géographique, il reproduit, dit-il, des rela- 
tions orales et des renseignements empruntés à divers livres. 


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318 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


La seconde partie (ch. h à vi) débute, comme je l’ai indiqué 
déjà, par un aperçu rapide de l’histoire de la Terre-Sainte 
jusqu’à la conquête arabe. L’ Historia Hierosolymitana de 
Jacques de Vitry (1. 1, ch. 2-3, éd. Bongars, p. 1051, ligne 29, à 
p. 1053, ligne 3), peut-être quelques souvenirs bibliques, quel- 
ques réminiscences de l’histoire profane, ont fourni la matière 
de ce résumé. C’est également à Jacques de Vitry qu’est em- 
pruntée toute l’histoire du royaume de Jérusalem, depuis sa fon- 
dation jusqu’en 1208, qui occupe les chap. ni à vi. Le début de 
cette histoire, relatif à la l r ® croisade (commencement du ch. m), 
est un abrégé du ch. 17 de l 'Historia Hierosolymitana ; la 
suite, de 1099 à 1208, est tirée, pour la fin du ch. iii et le ch. iv, 
des ch. 67 à 73 de Y Historia, et, pour le milieu du ch. iii, le 
ch. v et la presque totalité du ch. vi, des ch. 93 à 99 de Y His- 
toria. Tantôt le texte suit presque mot pour mot Jacques de 
Vitry (c’est le cas dans la majeure partie du ch. iii), tantôt il 
le résume (ainsi dans le début et la fin du ch. iii, dans les 
ch. iv et v et dans le commencement du ch. vi). Comme, de ci 
de là, on y rencontre quelques menus détails que ne donne pas 
Jacques de Vitry, on doit supposer que l’auteur a eu sous les 
yeux ou bien une recension de Y Historia Hierosolymitana 
un peu différente de la recension courante, ou bien un des 
nombreux remaniements de cet ouvrage, ou encore, concur- 
remment avec Y Historia Hierosolymitana , un texte ana- 
logue soit à Y Histoire anonyme des rois de Jérusalem 
que j’ai publiée naguère 1 2 , soit à YEpitome bellorum sacro- 
rum édité par Canisius *. Je ne m’attarderai pas à discuter 
cette question, dont la solution n’offrirait qu’un très minime 
intérêt. 

Le chapitre vi se termine par quelques doléances et récri- 
minations sur la perte de la Terre-Sainte, qui sont vrai- 
semblablement de Pierre « de Pennis » et n’ont pas dû coûter 
à leur auteur un grand effort d’imagination. 

Si, comme on le voit, la partie historique de l’œuvre de 
Pierre «de Pennis » n’offre à peu près rien d’original, la partie 
géographique (ch. vu à xxn) ne mérite guère non plus de 

1. Rev. de l'Or, latin, t. V (1897), pp. 213-253. 

2. Leetiones antiquae , I rc éd. (1601), tome VI, pp. 251-293 ; éd. Basnage 
(1725), t. IV, pp. 426-446, 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


319 


retenir l’attention parla nouveauté des renseignements qu’elle 
contient. C’est une description tout impersonnelle, une énumé- 
ration très complète, mais assez sèche, des lieux saints de la 
Palestine, de la Syrie et de la Basse-Égypte, avec mention des 
souvenirs bibliques qui s’y rattachent : ce n’est pas la relation 
d’un voyageur, c’est un traité entièrement objectif de géogra- 
phie sacrée. A cet égard, il confine d'assez près à un groupe de 
descriptions plus anciennes de la Terre-Sainte, ayant elles aussi 
un fonds commun, à savoir l’ Enarratio locorum T.-S. d’Eu- 
gesippus-Fretellus *, le De situ urbis Jérusalem *, le Libel- 
lus de locis sanctis du pseudo-Theodoricus s , les relations 
d’Olivier le scolastique \ de Philippus Savonerius ‘, de Jean de 
Wurzbourg *, le Guide à l’usage des pèlerins, contenu dans 
les mss. de Trinity College, à Dublin, n° D. 4.7, et de Munich, 
lat. 14731 7 . Ce fonds commun semble provenir d’une sorte 
de Guide officiel des pèlerins en Terre-Sainte, d’un Compen- 
dium Terre sancte, qui aurait existé dès le xii* siècle, peut- 
être même avant *. Ce Compendium devait être, non seulement 
pour les simples pèlerins, mais aussi pour ceux qui désiraient 
fixer par écrit leurs souvenirs, un instrument des plus com- 
modes. Aussi, nombre de voyageurs, auteurs de relations de 
la Terre-Sainte, s’en sont-ils servis comme d’une sorte de 
canevas, dans lequel ils ont inséré, avec plus ou moins d’abon- 
dance ou de parcimonie, leurs observations, leurs impressions 
personnelles et des renseignements recueillis de divers côtés 
au cours de leur voyage. 

Pierre « de Pennis » a-t-il eu sous les yeux, lui aussi, ce 
Compendium présumé, ou bien a-t-il emprunté la matière de 

1. Rôhricht, Biblioth. geogr. Palaest., n° 83. 

2. Ibid., no 86. 

3. Ibid., n° 12. — Je parle ici du Theodoricus publié par Tobler ( Thedorici 
lïbellus de locis sanctis , S. Gall, 1865; et dans les Palaestinae descriptiones 
du môme auteur), remaniement, fait au xn° siècle probablement, du De terra 
sancta , de Theodosius, composé au vi® siècle. 

4. Éd. Hoogeweg, pp. 3-24. 

5. Rôhricht, ouvr. cité, n # 145. 

6. Ibid., n« 91. 

7. Une version anglaise, faite d’après le ms. de Dublin, en a été publiée par 
J. H. Bernard, pour la Palestine Pilgrim's Text Soc., sous le titre Guide- Book 
to Palestine (cire. A. D. 1350) ; Londres, 1894, in-8°. 

8. Titus Tobler, le premier, dans son édition de Theodericus (Theoderici libel- 
lus de locis sanctis ; Saint-Gall, 1865, in-8°), p. 147, a conjecturé l’existence 
de ce Compendium . 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


sa description soit à l’un soit à plusieurs des auteurs qui l’ont 
utilisé 1 Cette seconde supposition me paraît la plus plausible. 
Lui-même nous dit avoir mis à contribution plusieurs 
ouvrages, et l’on rencontre effectivement, dans sa Description, 
des passages qui se retrouvent presque textuellement dans des 
descriptions indépendantes probablement du Compendium, 
comme celles de Burchard du Mont-Sion et d’Orderic de 
Pordenone. Puis, il semble bien qu’il ait largement puisé dans 
la relation de Philippus, avec laquelle il concorde mot pour 
mot en de nombreux endroits \ 

Quoi qu’il en soit de cette question, on peut affirmer que 
presque tout ce que contient la partie descriptive de son 
œuvre se retrouve en termes identiques ou similaires chez les 
auteurs qui paraissent avoir utilisé le Compendium. Lui- 
même ne s’est guère mis en frais pour compléter ou corriger 
ses modèles. Il les a, le plus souvent, copiés servilement, leur 
empruntant même des renseignements qui n’étaient plus 
exacts de son temps *. D’ailleurs, comme je l’ai déjà indiqué, 
la description présente d’un bout à l’autre un caractère très 
marqué d’impersonnalité. En quatre ou cinq passages seule- 
ment, l’auteur semble nous apporter le résultat de sa propre 
inspection : à propos de Godefroi de Bouillon, il dit : « cuius 
sepulcrum adhuc [in Golgota] cernüur » * ; à propos de Bau- 
douin I er : « in cuius sepulcro velut alter Judas Machabeus 
conscriptus inspicitur 4 » ; au sujet de la montagne de la Qua- 
rantaine : « in hoc siquidem monte quidam vitam heremiticam 
in parvis cellulis, ut adhuc apparet, ducebant 6 » ; touchant 
l’une des colonnes de la flagellation : « una est murata in 
•muro sancti Salvatoris, in montem Syon, ubi sunt Armeni ' » ; 
sur l’église de l’Aveugle guéri : « que, proch dolor, nunc 
Sarraceni utuntur ad custodiam bestiarum » ’ ; sur les monts 

1. La relation de Philippus a été publiée par M. A. Neumann dans VOesterr, 
Zeitschr. f. kathol. Théologie, 1872, t. XI, pp. 1-79, 165-174. M. le Prof. 
Rôhricht a eu l’extrême complaisance de la collationner, à mon intention, 
avec le texte de Pierre « de Pennis ». Je signalerai ci-dessous, en note de ce 
texte, les passages communs aux deux relations. 

2. Voy. par exemple ce quil dit des églises de Saint-Sauveur et de N.-D. de 
Josaphat (ci-dessous, pp. 847, 362). 

3. Ci-dessous, p. 334. — 4. Ci-dessous, p. 334. 

5. Ci-dessous, p. 370. — 6. Ci-dessous, p. 350. 

7. Ci-dessous, p. 369. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 321 

de Galilée, où certaines gens prétendent qu’il ne tombe 
jamais ni pluie ni neige : « sed hoc falsum esse a vicinis 
habitantibus fréquenter estprobatum ‘ ; à propos du lieu de 
l’ascension du prophète Hélie : « Eundo de Jérusalem in 
Bethleem.... est ecclesia in qua, ut dicitur, Helyas aliquo 
tempore fecit penitenciam, et inde in celum ascendit, quod 
non credo, sicut inferius declarabo *. » Encore n’oserais-je 
jurer qu’il n’a pas tout simplement emprunté ces passages 
aux relations dont il s’est servi; car, pour ce qui est des tom- 
beaux de Godefroi de Bouillon et de Baudouin I er et du mo- 
nastère des Arméniens sur le Mont-Sion, les remarques qu’il 
fait se retrouvent dans d’autres textes *. 

On s’étonnera probablement qu’un voyageur décrivant 
un pays qu’il vient de parcourir, à ce qu’il prétend, montre 
tant de répugnance à se mettre lui-même en scène et soit 
discret à ce point dans l’exposé de ses propres observations. 
La chose va s’expliquer : 

A mon avis, Pierre « de Pennis » n’a jamais, quoi qu’il en 
dise, visité la Terre-Sainte. La phrase dans laquelle il fait 
allusion à son pèlerinage aux lieux saints de Palestine est 
des plus embarrassées; on se demande s’il ne s’exprime pas 
au figuré, s’il ne parle pas d’un voyage fait en imagination; 
et cette impression s’accentue, lorsqu’on le voit déclarer, 
tout de suite après, que sa Description est faite en partie 
d’après des témoignages oraux et en partie d’après des ouvra- 
ges spéciaux qu’il a trouvés. Dans la phrase suivante, à la 
vérité, il raconte avec précision un incident de sa navigation : 
le mauvais état de la mer l’aurait contraint de relâcher dans 
«l’île» de Myra, et c’est là même qu’il aurait composé son 
livre. Mais, ici encore, quelque chose est suspect : Myra n’est 
point une île; c’est une localité de la côte d’Asie Mineure. 


1. Ci-dessous, p. 364. — 2. Ci-dessous, p. 366. 

3. Pour les tombeaux de Godefroi de Bouillon et de Baudouin I er , voy. 
Sanudo, 1. III, p. vi, c. 4 (Bongars, p. 152); Peregrinatio fratris Jacobi de 
Verona,1335 (Rev. de l'Or, lat ., t. III, pp. 186, 187); Epitome bellorum sacro - 
runty publ. par Canisius. Lect.antiq. (éd. Basnage, t. IV, pp. 427,428) ; cf. His - 
toria regum Hierusalem (Rev. Or. lat., t. V, 1897, p. 233) — Pour le monastère 
des Arméniens, voy. Philippus Savonerius, éd. Neumann, pp. 38-39; Orderic 
de Pordenone, éd. Laurent, p. 150; Guide- book, p. 10 de la trad. Bernard, et 
fol. 86 b du ms. de Munich; Peregrinatio fratris Jacobi de Verona (Rev. de 
VOr. lat., t. III, 1895, p. 197). 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Si Pierre « de Pennis » y eût passé, et surtout s'il y eût 
séjourné assez longtemps pour écrire sa Description, il n’eût 
probablement pas commis semblable erreur *. Admettons que 
cet insula provienne d’une faute de copiste et n’existât pas 
dans l’original — supposition d’ailleurs bien invraisemblable 
puisque le mot est répété deux fois, — nos doutes n’en sub- 
sistent pas moins. Car, coïncidence vraiment curieuse, Pierre 
« de Pennis », forcé de relâcher à Myra, s’y trouve précisé- 
ment le jour de la fête de S. Nicolas, le fameux évêque de 
cette ville, devenu, depuis la translation de ses reliques à 
Bari, un patron cher aux habitants de l’Italie méridionale, et 
il a le bonheur de pouvoir commencer la rédaction de son 
œuvre à la date même de cette fête. Puis, hasard non moins 
surprenant, se voyant des loisirs et voulant les utiliser pour 
écrire un ouvrage sur la Terre-Sainte, il se trouve justement 
avoir sous la main, ou — fortune encore plus extraordinaire 
— il découvre dans la localité ruinée, où la tempête l’a jeté, 
les ouvrages nécessaires pour son travail. Tout cela, on en 
conviendra, sent terriblement l’artifice de rhétorique. Si l’on 
considère en outre qu’en dehors des deux passages signalés 
ci-dessus, l’un et l’autre sujets à caution comme on l’a vu, 
dans lesquels l’auteur parle de son voyage, rien ne permet de 
dire qu’il ait vu la Terre-Sainte et tout nous porte à croire au 
contraire qu’il ne connaissait pas ce pays, on acquerra la 
quasi-certitude qu’en prétendant s’y être rendu, il ne nous a 
pas exactement renseignés. Il ne faudrait point, cependant, 
pour cela l’accuser tout uniment de mensonge. Son œuvre 
peut n’être qu’un simple exercice littéraire, fait par lui à son 
banc d’écolier ou dans sa cellule de religieux. La gaucherie 
avec laquelle il use de la fiction, l’inexpérience du maniement 
de la langue latine que dénotent les quelques passages où 
l’on peut reconnaître son style personnel, tout cela donnerait 


1. Je croirais volontiers qu’il a été trompé, à cet égard, par quelqu’une des 
relations dont il s’est servi et dont l’auteur, après avoir décrit les iles de la 
côte d’Asie-Mineure, aura passé sans transition à la description de Myra, 
comme le fait, par exemple, Ludolf de Sudheim, dans le passage suivant: 
« Istis insulis visis, reditur ad littus iterum Azye, ubi est urbs Patera de qua 
fuit S. Nycolaus, et in vicino Mirrea, ubi effectus est episcopus » (Archives 
de VOr. lat ., II, h, 332; cf. éd. Deycks, Biblioth. d . litterar. Vereins in Stutt- 
gart, t. XXV, p. 26). 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 323 

assez de vraisemblance à la première hypothèse, d’autant 
plus que, dans ses autres ouvrages, cette inexpérience n’appa- 
raît pas au même degré. 

L’époque de la composition du Libellus ne peut être fixée 
qu’approximativement. Le manuscrit qui le contient me 
paraît dater des environs de l’année 1388, comme on le verra 
ci-dessous dans la description du volume ; il doit avoir été écrit 
en Allemagne, à Trêves probablement. L’opuscule de Pierre 
« de Pennis », y figurant à l’état de copie assez altérée 1 , pour- 
rait donc être passablement antérieur à cette date. D’autre 
part, les points de contact qu’offre cet opuscule avec la Rela- 
tion d’Orderic de Pordenone semblent lui assigner une date 
postérieure à 1320. En prenant un terme moyen entre ces deux 
dates extrêmes, nous pourrions conjecturer qu’il fut écrit vers 
le milieu du xiv e siècle. Puisque, d’autre part, l’auteur dit 
l’avoir composé pour inciter les chrétiens à la conquête de la 
Palestine, peut-être serait-il permis de songer de préférence 
au second quart de ce siècle, époque où le recouvrement des 
lieux-saints de Palestine fut à l’ordre du jour et où l’on vit 
éclore un grand nombre de projets de croisade. Si, comme je 
l’ai supposé, c’est une œuvre de jeunesse, on pourrait alors 
placer la naissance de Pierre « de Pennis » vers l’an 1325 . 
Tout cela, on le voit, est encore bien conjectural. Je m’éton- 
nerais cependant que de nouvelles découvertes ne dussent pas 
confirmer, au moins de façon relative, ces inductions. 

Je me suis décidé à publier, intégralement le Libellus , mal- 
gré son peu d’originalité, parce que sa partie historique pour- 
rait apporter un élément à la solution d’un problème que j’ai 
indiqué dans un précédent article, touchant les rapports entre 
l’ Historia Hierosolymitana de Jacques de Vitry et l’ His- 
toire anonyme des rois de Jérusalem dont j’ai publié le 
texte, et parce que sa partie géographique nous a conservé 
un des exemplaires les plus complets de ces descriptions de 
la Terre-Sainte composées au moyen âge pour servir de vade- 
mecum aux pèlerins. A ce point de vue, il se rapproche 
beaucoup du Guide contenu dans les mss. D. 4. 7. de Tri- 

1. Je sig-nale en note de l’édition ci-dessous les fautes évidentes du copiste, 
qui a, en particulier, commis plusieurs bourdons (voy. ci-dessous, pp. 351, 371 
et 374). 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


nity College, à Dublin, el lat. 14731 de Munich ', dont une 
traduction anglaise a été donnée, d’après le premier de ces 
manuscrits, par M. J. -H. Bernard *. L’énumération des sanc- 
tuaires y comprend les moindres comme les plus importants 
de ces lieux de pèlerinage. Leur situation géographique, leurs 
distances respectives, indiquées généralement en milles, les 
souvenirs bibliques et les légendes pieuses qui s’y rattachent, 
y sont marqués avec une précision et un souci de ne rien 
omettre qu’on rencontre rarement au même degré dans les 
ouvrages similaires. Mais c’est surtout par l’attention prêtée 
aux légendes que l’œuvre se distingue de ses congénères. La 
plupart de celles que rappelle Pierre « de Pennis » sont con- 
nues par ailleurs *. Je noterai seulement, comme n’étant pas 
rapportée, je crois, par des textes plus anciens, celle relative 
à une villa chrétienne du nom de Veselia \ sise entre Jérusa- 
lem et Bethléem, et dans laquelle aucun Sarrasin ne pouvait 
séjourner sans mourir pendant l’année i ; puis, un très curieux 
passage sur le Juif errant, désigné sous le nom de Joannes 
Butadium, passage dans lequel l’auteur met en doute l’exis- 


1. Je dois à la grande complaisance de M. le pasteur Hagenmeyer, une 
excellente copie de ce dernier manuscrit, dont la lecture est assez difficile. 

2. Il pourra néanmoins être utile d’en publier le texte latin, d’après les 
deux manuscrits connus. — Sur la traduction de J. -H. Bernard, voy. ci-des- 
sus, p. 319, note 7. 

3. Pp. 352, 353, 363, 367, 376-377 : diverses légendes relatives à la sainte 
Vierge. — P. 355 : légende relative à l’entrée d’Héraclius à Jérusalem (cf., sur 
cette légende, notre ouvrage intitulé : Itinera Hierosolymitana latina, bellis 
sacris anteriora, t. II, fasc. 2, pp. 290-295). — P. 361 : légende du supplice d’Isaïe, 
scié en deux (cf. Itinerarium Antonini , éd. Tobler et Molinier, p. 109). — 
P. 367 : légende de S. Chariton (cf. Philippus, p. 59). — P. 366 : Jésus-Christ 
changeant des pois chiches en pierres (cf. Sanudo, Sécréta ftd. Crucis , 1. III, 
p. xiv, ch. 9 [éd. Bongars, p. 256]; Philippus, pp. 55, 56; voy. aussi T. Tobler, 
Topographie von Jérusalem , t. II, pp. 563-564). — P. 368 : Adam et Ève pleu- 
rant 100 ans la mort d’Abel (cf. Philippus, p. 60). — P. 380: fondation de Damas 
par Damascus, esclave d’Abraham (cf. Philippus, p. 170; Jean de Wurzbourg 
[éd. Tobler, p. 184], qui attribue la fondation à Eliezer, serviteur d’Abraham). — 
.P. 376: fondation d’un temple juif par Ptolémée Philadelphe (cf. Sanudo, 1. III, 
p. i, ch. 11; éd. Bongars, p. 112). — P. 368 : légende relative au chêne de Mamré 
(rapportée par un grand nombre de descriptions de la T.-S.). — P. 379 : men- 
tion du tyrien Abdimus ou Abdemon, qui, suivant une tradition recueillie par 
Josèphe ( Antiquités judaïques , 1. VIII, ch. 2), résolvait les énigmes envoyées 
par Salomon au roi Hiram. — P. 373 : légende relative aux noces de Cana. 

4. Page 366. Aujourd’hui Bèt-Dschàla. Cf. Tobler, Topographie von Jéru- 
salem, t. II, p. 405 et suiv. La localité est signalée aussi, mais sans mention 
de la légende, par Burchard du Mont-Sion (ch. IX, § 11, 9; éd. Laurent, p. 79), 
sous le nom de Bezek. 

5. Ci-dessous, p. 366. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 325 

tence de ce mystérieux personnage et propose, à l’aide d’un 
ingénieux rapprochement étymologique, de l’identifier avec 
un autre personnage, non moins légendaire d’ailleurs, Joan- 
nes Dévolus Deo, écuyer de Charlemagne, qui aurait vécu 
210 ans '. On remarquera encore une allusion au fameux 
Marculfe ou Marcou \ l’interlocuteur imaginaire du roi 
Salomon dans la pièce connue sous le titre de Dialogus 
Salomonis et Marculfi. 

Je consacrerai maintenant quelques lignes à la description 
du ms. n° 306 de la Bibliothèque de Trêves, qui contient 
notre Libellus : 

Ce volume, de format in-8°, provenant du couvent des 
Carmes de Trêves a , est écrit sur papier, en cursive et à 
longues lignes. Il compte 280 feuillets ; les 256 premiers, mal- 
gré quelques nuances dans l'écriture, me semblent avoir été 
copiés par une main unique, vers la fin du xrv s siècle; les 
ff. 257 à 280 sont d’une seconde main, à peu près contempo- 
raine d’ailleurs de la première. La reliure, un peu endomma- 
gée, est formée d’ais de bois, recouverts en peau. Le volume 
contient plusieurs traités, dont un en allemand et tous les 
autres en latin. En voici la liste : 

Fol. 2. — Préceptes d’hygiène pour tous les mois de 
l’année : « Sic narra primo de mense qui Januarius dicitur... » 

Fol. 5. — Traité des plantes médicinales : « Galganum vel 
galgana est succum... » 

Fol. 11 v°. — Traité de la peste, compilé d’après divers 
auteurs : « Ad honorem sancte Trinitatis ac Virginia gloriosis- 
sime dei genitricis Marie et ad utilitatem reipublice ac precon- 
servatione sanorum et reformacione lapsorum, volo aliquid de 
pestilencia scribere... » 

Fol. 16 v°. — Bulle d’indulgences de Martin IV pour la 
fête du S. Sacrement (« pro festo SS. Corporis Christi ») : 


1. Ci-dessous, pp. 358-359. Ce passage, que l'on retrouve dans un manuscrit de 
la Bibliothèque d’^vreux dont je vais m’occuper tout à l’heure, a été connu, 
d'après ce manuscrit, par M. Gaston Paris, qui en a fait ressortir l’intérêt 
dans un article du Journal des Savants (an. 1891, pp. 515-547), sur les tradi- 
tions médiévales relatives au Juif errant. 

2. P. 379. 

3. Au recto du premier feuillet de garde, une main du xv®-xvi« siècle a écrit : 
« Detur fratribus Carmelitis Trevirens. » 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


« Martinus episcopus, servus servorum dei, ad perpetuam rei 
memoriam. Ineffabile sacraraenti... Datum Rome apud sanc- 
tos Apostolos, VII kal. junii, pontificatus anno duodecimo. » 
Fol. 18 r°. — « Libellus de locis ultra mariais, quem com- 
posait frater Petrus de Pennis ». 

Fol. 39 v°. — « Epistola soldani ad Clementem [V] papam », 
et Réponse du pape. — Ces deux lettres ont été publiées par 
W. Wattenbach dans les Archives de l’Or, latin, t. II, ii, 
pp. 299-303, d’après une autre copie. 

Fol. 41 v°. — « De mirabilibus urbis Rome » : « Nota quod 
a mundi creatione usque ad urbis constructionem.... » 

Fol. 47 v°. — Louange de la Germanie. Géographie de ce 
même pays (principautés, palatinats, margraviats, landgra- 
viats, comtés, villes libres, divisions ecclésiastiques, etc.), le 
tout en allemand : « Nota zu dem ersten mal das das heilige 
Rich gesetzt ist worden in dütschen Landen... » 

Fol. 49 r°. — « Incipit in Christi nomine liber beati Metho- 
dii episcopi et martiris Christi, quem de hebreo et greco in 
latinum transferre curavit illustris vir beatus Jeronimus, de 
principio seculi usque in finem secnlorum de omnibus factis 
que futura erunt inter régna gencium. Sciendum namque 
vobis, fratres dilectissimi, quomodo in principio Deus creavit 
celum et terram... » 

Fol. 52 r°. — « Incipit tractatus sancti Epyphanii de etate 
et qualitate beate et gloriose Marie virginis genitricis dei etc. 
Maria dei genitrix non (sic) egrediens a Tempîo ad consan- 
guineam suam Elizabeth... » 

Fol. 54 v°. — Recueil de sermons et de thèmes de sermons 
de divers auteurs. Quelques-uns de ces sermons paraissent 
avoir pour auteur un Carme du couvent de Trêves \ qui 
vivait à l’époque du grand schisme sous Urbain VI (f le 
15 oct. 1389) et du temps de Werner de Falkenstein, évêque 
de Trêves (1388-1418); ils dateraient donc des environs de 
l’année 1388 *. Je pense que cette collection de sermons doit 

1. Voy., fol. 78 v®, le sermon sur le texte : Curam illius hdbe... (Luc, X, 35); 

— au fol. 91 v*, la « Recommendatio in receptione legati pape Urbani VI »; 

— et au fol. 98 r°, le sermon sur le texte : « Quid hoc audio de te? redde 
racionem villicacionis tue... » (Luc, XIV, 2). 

2. Voy., fol. 91 v°, la Recommendatio ci-dessus mentionnée, en marge de 
laquelle se lit une inscription en partie mutilée : « [Cler]o Treverensi recom- 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


327 


avoir été formée par ledit Carme peu de temps après la rédac- 
tion de ceux qu’on peut lui attribuer. Il semble en effet que le 
recueil soit original. Dans ce cas, le reste du volume, jus- 
qu’au fol. 256, après lequel commence une autre main, aurait 
été copiée par ce même personnage, vers l’année 1388 égale- 
ment. 

Fol. 164 v°. — Syllabus ou liste des hérésies. 

Fol. 169 r°. — Questions théologiques et dogmatiques ; 
suivies, fol. 173 r°-174 r°, d’un petit poème en l’honneur de la 
Vierge. 

Fol. 177 r°. — « Alphabetum morale per similitudines 
rerum ad sensum morale et spirituale. Abicit mundus paupe- 
res et honorât divites... » 

Fol. 257 r° (autre main, à peu près de la même époque que 
le reste du volume). — Sermon pour la fête de la Présenta- 
tion de la Vierge : « Incipit sermo de festo beate Marie virgi- 

nis » ; suivi d’un Traité sur les cérémonies ecclésiastiques 

de la célébration de cette fête. 

Il me reste à signaler l’existence, dans le ms. n° 36, 
fol. 58 r°-65 v° de la Bibliothèque publique d’Évreux, copié 
vers la fin du xiv 8 siècle d’une description des lieux saints 
de Jérusalem, identique, sauf quelques légères variantes de 
forme, aux chapitres vu à xiv du Libellus de Pierre « de Pen- 
nis». Cette description qui porte comme titre : Incipit liber 
terre sancte Jherusalem, est donc limitée aux sanctuaires de 
la Ville Sainte ; elle laisse absolument de côté les sanctuaires 
des autres parties de la Palestine, ainsi que ceux de la Syrie 


men[datio] Wernheri episcopi Voy. aussi, fol. 111 : « Sermo incipit in stu- 
dio universitatis Avinionensis super intrusionem B. in papatum, per Rev. in 
Christo patrem, domini cardinalis Hostiensis socium, fratrem B. Berollum, in 
ecclesia Predicatorum anno Domini 1378 factus — et, fol. 129 v° : « Exhor- 
tatio ad pacem tempore schismatis ». 

1. Ce manuscrit, qui contient plusieurs traités, a été décrit par M. Henri 
Omont dans le t. III, pp. 418-419, du Catalogue général des manuscrits des 
bibliothèques publiques des départements. Il est écrit sur parchemin, de 225 
sur 150 millim., et ne porte aucune indication de provenance ou d’ancien 
propriétaire. Le Liber Terre sancte Jherusalem est le dernier traité du 
volume, dont il occupe tout le dernier cahier, soit 8 feuillets. Le texte finissant 
au bas du verso du 65® et dernier feuillet, il est assez difficile de dire si le 
scribe avait copié également la suite du traité, qui, dans ce cas, aurait dis- 
paru du volume. Cependant, je croirais plutôt qu’il s’est volontairement arrêté 
là, attendu que la fin de la dernière ligne est en blanc. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


et de la Basse-Égypte, énumérés dans l’œuvre du religieux 
dominicain . Serait-ce là un des ouvrages insérés par ce der- 
nier dans son Libellus ; ou, au contraire, n’y faut-il voir 
qu’une copie partielle du Libellus ? Je me range pour ma part 
à ce second système, car les très nombreuses incorrections 
du texte d’Évreux ressemblent beaucoup à celles qui carac- 
térisent la langue de Pierre « de Pennis », et d'ailleurs, 
dans la partie commune aux deux recensions, de même que 
dans le reste de l'œuvre de Pierre « de Pennis », se rencon- 
trent nombre de passages tirés à ce qu’il semble de Philippus. 
Le scribe auquel nous devons l’exécution du manuscrit 
d’Évreux n’a certainement pas eu sous les yeux le manus- 
crit de Trêves. Il s’est servi d’une copie plus correcte en 
certains endroits et peut-être plus incorrecte en d’autres. 

Ch. Kohler. 


[Libellus de Locis ultramarinis, auctore fratre Petro de Pennis, 
ordinis FF. Predicatorum]. 

is a Incipiunt capitula libelli de locis ultra marinis quem composuit 
frater Petrus de Pennis, ordinis fratrum predicatorum. 

Primum capitulum est de commendacione terre repromissio- 
nis. 

Secundum capitulum est de hijs qui, a principio et usque ad 
tempora latinorum, terram sanctam successive inhabitaverunt. 

Tercium capitulum est qualiter latini christiani occidentales 
terram sanctam cum multis aliis provinciis adiacentibus de mani- 
bus Sarracenorum vi armorum acceperunt, et de regibus regnan- 
tibus in ea. 

Quartum capitulum est de prevaricacione commorancium in 
terra sancta, que causa extitit amissionis dicte terre. 

Quintum capitulum est qualiter soldanus princeps Sarraceno- 
rum expugnavit christianos in terra sancta, et civitates ipsorum 
et municiones obtinuit. 

Sextum capitulum est de occidentalibus primis christianis suc- 
currenlibus in subsidium terre sancte. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 329 

Septimum capitatum est de aominibas et situ et qaalitate civi- 
tatis Jérusalem. 

Octavum capitulum est de locis sanctis existentibus infra Sancti 
Sepulchrum domum a . 

Nonum est de locis sanctis Syon et peregrinacionibus que sunt 
in via eundo de Sepulchro. 

Decimum est de templo Domini et templum Salomonis. 

Undecimum est de quibusdam locis memorabilibus et sanctis 
existentibus infra urbem Jérusalem. 

Duodecimum capitulum est de locis sanctis et dignis memorijs 
qui sunt in valle fullonum. 

Tredecimum capitulum est de valle Josaphat et locis sanctis 
et dignis recordacione existentibus. 

XHlI m capitulum de monte Oliveti et Belhfage et Bethania. 

XV capitulum de Bethlehem et vinea Engadi et quibusdam 
aliis locis sanctis. 

XVI capitulum est de ligno cru'cis et loco nativitatis beati Johan- 
nis baptiste et Ebron et Samaria et Sichem. 

XVII capitulum est de monte vbi Ghristus jeiunavit, et de rivulo 6 

et || fonte Helisei et urbe Jéricho. roi.» » 

XVIII capitulum est de flumine Jordanis et mari mortuo et qui- 
busdam locis qui sunt per eius circuitum. 

XIX capitulum est de Nazareth et mari Galilee et civitatibus et 
locis sanctis eisdem propinquis. 

Vicesimum capitulum est de locis sanctis et mirabilibus que 
sunt in terra Egipti et in regione Philistinorum. 

Vicesimum primum capitulum est de peregrinacionibus et locis 
terre Syrie. 

Vicesimum 2 m capitulum est de peregrinacionibus existentibus 
iu^Arabia, in Media, in Mezopotamia et in terra Moab seu Moabi- 
tarum. 

Expliciunt capitula. 


a. Sic dans le mannscrit ; mais il faut corriger sans doute en « Sanctum 
Sepulchrum domini » ou en « Sancti Sepulchri domum ». Cette seconde leçon 
me parait la meilleure, le scribe abrégeant toujours domini en dni. 

b. Le manuscrit porte de riimbolt et. Dans riimbolt , les six premières lettres 
peuvent facilement être rétablies en « riuulo »; mais je ne vois pas comment 
interpréter les deux dernières : « lt »; peut-être serait-ce une déformation du 
mot et, qui suit, et qui, dans ce cas, se trouverait répété. 


B bv. db l'Or, latin. T. IX. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Incipit LIBELLUS. 

[I. De eommendacione terre repromissionis “.] 

Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei b . Hec siquidem gloriosa 
civitaa Dei urbs est saocta Jérusalem, que, ut ait prophela, edifi- 
catur ut civitas, cuius participacio in id ipsum c , quoniam Deus 
fundavit eam ip eternum. Hec civitas d civitatum, sancta sancta- 
rum, domina gencium, princeps provinciarum, que piincipali e 
prerogativa civitas Regis magni appeliatur et quasi in centro 
mundi in medio terre sita, ut ad eam conflueront omnes gentes, 
hec est/’ possessio patriarcharum, alumpna prophetarum, doctrix 
apostolorum, salutis nostre cunabula, Domini patria, mater fidei 
a Deo preelecta et sanctiflcata, in qua steterunt pedes eius, ab 
angelis venerata, ab omni nacione que sub celo est frequentata, 
et licet omne quod est Dei sit, et ipse cuncta ex nichilo in esse 
produxit, tamen terra sapcta promissionis et Jérusalem spéciali- 
té!’ inter alias palrias Deo Dostro ascribitur, quia in hac potissime, 
tempore juris naturalis legis mosayce et gratie ewangelice, opéra 
divinitatis generi humano exhibuil, postquam, a peccati fece 
foi. expiati, graciam inmortalitatis || sumus consecuti. Hanc itaque 
patriam Chrislus dominus Dei filius verus deus et bomo perfeclus 
presencia sua visibiliter illustravit, quia in hac terra visus est et 
cum hominibus conversalus est. Hec terra sanctissima promissio- 
nis dicitur, quod servis suis heredibus filiis Israël, scilicel qui 
Deum per ûdem vident, a Domino est repromissa. Cum igitur 
hec terra sit patria nostra, quia ex fide filii Dei sumus et heredes, 
quam Deus specialiter privilegio et mortis teslamento nobis reli- 
quit, ipsam diligere et pro ipsa pugnare de ratione tenemur, cum 
et sapientes dicant auctoritas pugna pro patria, et homines pro fi e 
dilecta pugnare solummodo consueverunt. 


a. Le ms. de Trêves ne contient, en tête des chapitres, ni rubriques ni 
n°» d’ordre. J’ajoute les uns et les autres d’après la Table initiale qu’on vient 
de lire. 

b. Fretellus débute de la même façon, ainsi que le Guide contenu dans les 
mss. de Dublin, D. 4. 7, et de Munich, lat. 14731, fol. 84 et suiv). 

c. Psaumes , CXXI, 3. 

d. Le passage : civitas civitatum alumpna prophetarum figure presque 

mot pour mot dans Philippus (p. 34) et dans le Guide (trad. Bernard, 
p. 3; texte de Munich, fol. 85 b). Voy. aussi Orderic de Pordenone, éd. Lau- 
rent, p. 148. 

e. Au lieu de principali, Philippus (p. 34) et le Guide (texte du manuscrit de 
Munich, fol. 85 b) ont speciali ; dans la trad. du Guide par Bernard, les mots 
principali prerogativa manquent. 

f. Les mots hec est ne figurent ni dans Philippus ni dans le Guide. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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Istius itaque sanctissime terre devocionis dulcedine tractus, 
hanc videre a puericia desiderans, ut viderunt « testes oculi mei 
que preposita sepius erant auribus et conscripta iu libris 
devotis, ut verissime possem dicere cum propheta : Sicut 
audivimus sic vidimus in civiiaie Dei nos tri, Deus fundavit 
eam in eiernum b . Sed quia amor omnia vincit, idcirco 
prolixo itinere multis periculis et angustiis transcursis ad 
Terram sanctam provenions c , parvipendens labores cum fruc- 
tus ipsius desideratus mihi d provenu, verum quia amplior boni 
cognicio ipsum profectum provocat et afiTectum accendit, ideo 
huius terre sancta peregrinacionis loca parlim ex audilis, 
partim ex libris devotis repertis explicare summatim et breriter 
decrevi. 

Moram * itaque diebus plurimis trahens in portu insuie Smir- 
ree f, ubi almus confessor Nicolaus episcopus exstitit, que nunc, 
peccatis incolarum exigentibus, sub dominio Turcorum est redacta 
et a nemine inhabitata, non valons inde nostrum navigium rece- 
dere, sciUcet propter intemperiem aeris et inundacionis fluctuum 
maris, igitur anxiatus iuxta hanc insulam positus, in festo eius- 
dem eximij confessons hune libellum componere agressus sum, 
ut videlicet eius meritis et precibus Ghristus dominus, cul venti 
et mare ad nutum obediunt, inde me meosque socios dignaretur 
ad portum salutis velociter perducere ; et nichilominus quilibet 
verilatis predicator, qui hune tractatum perlegerit, bénéficia in 
hac benedieta terra a redemptione nostra exhibita populo chris- 
tiano breviter et luculenter Ghristi fidelibus valeat seriatim expli- 
care; et videlicet quilibet || fidelis chrislianus et devotus hecroi.it» 
audiens ad istius terre amorem accendatur et propter ipsius libe- 
racionem animam et rem non formidet [applicare] », quam 
nobis Pater in excelsis in hereditate dimisit, etc. 


a. Il y a là peut-être une leçon fautive pour « videront ». 

b. Psaumes, XLVII, 9. 

c. Sic . 

d. Abrégé en m\ 

e. Ms. : morem. 

f . Cette lecture est douteuse. A première vue, il semble que l’auteur désigne 
Myra (appelé parfois par les écrivains du moyen âge « Smirra »), dont S. Ni- 
colas fut évêque. Mais Myra n’est pas une ile ; c’est une localité de la côte 
d’Asie-Mineure. Peut-être alors faut-il lire « Simia », qui est une ile entre 
Rhodes et la côte, à peu près en face de Myra. Paléographiquement, la lec- 
ture «Smirree » conviendrait mieux toutefois; et de plus S. Nicolas n’a rien 
à voir avec Simia. 

g . Le mot applicare n’est pas dans le manuscrit. Je le rétablis par conjec- 
ture . 


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REVUE DE L ORIENT LATIN 


[II . De hÜ8 qui a principio et usque ad tempora Latinorum 
Terram sanctam successive inhabitaverunt °.] 

Sacerdos itaque altissimi, Melchizedech, in terra sa acta repro- 
missionis legitur habitasse, qui, ut fertur, rex fuit civitatis Salem, 
fllius Arphaza filii Sem, a quo dicta fuit Salem. la diebus quoque 
Melchizedech, Abraham, de maadato Domiai exieas de terra et 
de cogaacioae sua, veuit ia terram promissioais, scilicet ia moa- 
tem Moria, ia quo civitas saacta Jérusalem que vocata est Betel 
et Lusa. El ia hac terra nsque ad obitum h suum iahabitaas, ia 
eadem elegit sibi ydoaeam sepulturam, scilicet ia Ebron, de quo 
iaferius faciemusmeacionem, cumde locis saactis sigillalim dixe- 
rimus. Gebuseis igitur et aliis geatibus abhomiaabilibus excluais, 
qui loago tempore ia hac terra inhabitaveruat, filii Israël qui ia 
Egypto multiplicati eraat ia terra hac precepto Domiai veaeruat, 
ia ea multis temporibus habitaveruat. Sed quia processu temporis 
decem tribus vitulos aureos adoraveruat, a Terra sancta miaistro 
regis Asiriorum procul valde suât eiecte et ezilio perpetuo coa- 
dempaate ; résidai vero populi, scilicet tribus Juda et Beuiamin, 
post deliaqueruat, quas, tamquam mare expellit mortuos, Terra 
sancta usque ia Babiloniam evomit. Révérai vero a Babilonia , 
propter peccata ipsorum ab Aathiocho illuslri et eius successori- 
bus plurimas aagustias paciuatur, sicut ia libro Machabeorum 
recitatur ; sed et Caeius e Pompeius cum exercitu Romaaorum 
eos legitur oppressisse. Post vero ad Herodem aligeaigeaam d et 
filios eius et ia maaus Romaaorum regaum Judeorum et Terra 
saacta perveait; et auac compléta est prophecia David dicealis : 
Deus, venerunt gentes in hereditatem tuam, posuerunt Jérusa- 
lem in pomorum custodiam «, et prophecia Daaielis diceatis : 
Cum venerit sanctus sanctorum cessabit unctio vestrat ; quia 
istius Herodis tempore Christus domiaus aatus apparuit, qui 
sauctus saactorum merito appellatur. Postquam vero domiaus 
crucifixus est et Judeos ad peuiteutiam plusquam xl aaais expec- 
foi. 20 a tasset, et ipsi excecati maaereat, veaeruat Romaai sub Tylo || et 
Vespasiaao priacipibus civitatem fuaditus destrueates, Judeis 


а. La majeure partie de ce chapitre parait être un résumé des ch. i et n de 
YHistoria Hierosolymitana de Jacques de Vitry (éd. Bongars, pp. 1061-1052). 

б. Ms. : habitum . 

c. La lecture de Cneius est douteuse : le manuscrit porte, semble-t-il, fn. 

d. Sic. 

e. Psaumes , LXXVIII, 1. 

f. Daniel, IX, 24, 27. La citation n’est pas textuelle. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS •* 


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partim occisis, parlim precio in unirersum mundum sive orbem 
dispersis. Sic chriatianorum refrigesceDte carilate, scilicet Gre- 
corum et Susurrianorum a , Cosdras, rex Persarum, contra Terram 
sanctam et civitatem Jérusalem prevaluit, ecclesias subvertendo 
et lignum sancte crucis in Persiam b deferendo, christiania par- 
tim interfectis, partim vero captivis ductis. Sed nunquam Deus 
continebit in ira sua misericordias suas c . Ce rte epim d unde ab 
Ëraclio imperatore ipse Cosdroas vincitur, ecclesie reediflcantur. 
ligno salutifero civitati sancte cum ymnis et laudibus restituto *. 
Parum ante tempora Heraclii predicti insurrexit sceleratissimus 
pseudo-propheta Machometus Abras f, cuius abhominabili perfidia 
infecta est tota orientalis ecclesia. Hune Sarraceni virum sanctum 
et prophetam magnum predicant eiusque falsam doctrinam inse- 
parabiliter tenantes, nunc quanquam sue perfide legis « predica- 
torem admittere consueverunt. 


[III. Qualiter Laiini christiani occidentales Terram sanctam 

cum multis aliis provinciis adiacentibus de manibus Sar- 

racenorum vi armorum acceperunt , et de regibus regnanti- 

bus in ea \] 

Anno itaque ab incarnacione Domini M° nonagesimo vj°, occi- 
dentales populi cum Gotfrido de Bilhono, duce Lothringii, et 
multis aliis ducibus et principibus una inspiracione commoti ac 
predicacione pauperis religiosi Pétri heremite de regno Francie 
plurimum confortati, signo crucis signati ire parant iniurias 
Dei in hostes christiani nominis vindicare. Diviserunt vero se in 
très partes : quidam enim iverunt per Ungariam Constantinopo- 
lim, quidam per Sclavoniam J, quidam tandem variis transversis 
regionibus et longo itinere fatigati ad Terram sanctam pervene- 
runt, quam, divina gratia subfragante, brevi tempore tolam cum 

a. Sic. 

b. Ms. : Persia. 

c. Ps., LXXVI, 10. 

d. Le maDuscrit porte non , qui est probablement une interprétation erro- 
née du sigle .n. 

e. Ms. : restitute. 

f. Peut-être pour Arabs. 

g. Le manuscrit porte : quanquam suant per fidem legem prédicat ortm. 

h. Ainsi que je Tai dit plus haut, ce chapitre est tiré des ch. 17, 93 et suiv., 
de l’ÆTwL Hierosolymitana de Jacques de Vitry. 

t. Ms. : parat. 

j. Dans le passage ci-dessus, depuis iniurias Dei, notre texte est plus voi- 
sin de YEpitome de Canisius que de Jacques de Vitry. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


multis aliis provinciis et civitatibus per circuitum acceperunt, 
ipsamque potenter plusquam nonaginta a nuis tenuerunt, et in ea 
multi reges latini successive regnaverunt. 

Primus a quidem b rex lalinorum, qui regui Iherosolomitani 
dominium c oblinuit, fuit vir deo amabilis dux Gœtfridus predic- 
tus, per quem deus operatus d est salutem et liberacionem Terre 
sancle. Hoc regnum uuo tantum auno tenuit et strenue guberna- 
vit. Principem milicie soldani Egipciorum cum infidelium innu- 
foi. io»mera multitudine || in prelio superavit. Auno vero domini M° C° », 
idem Gœtfridus moritur et in Golgaia sepellilur, cuius sepulci um 
adhuc ibidem cernitur f. Fraler eius, qui nomine Balduuinus, vir 
magnanimus fideique devotus et in duello strenuissimus, in 
regem substitutus est et apud Betlehem a coronatus est, quia in 
Ieruealem, ubi Dominus spinis coronatus fuerat, regio dvademate 
coronari recusavit. Hic principem milicie Egipti caliphe, qui 
secum .xi. m equitum et .xxx. a milia peditum adduxerat, cum 
ducentis .lx., equitibus .lxxxx . 118 pedilibus superavit, ipsumque 
principem cum .vi. A milibus de suis interfecit, reliquis partira 
captis partim fuga elapsis. In alio etiam bello, maximam Ascalo- 
nitarum • et Egipciorum mulliludinem cum paucis admodum 
superavit. In tercio vero prelio, habens secum équités quingentos 
peditum vero duo milia, 22 milia Egipciorum in prelio subiugavit, 
cesis quatuor milibus ex eis cum présidé Excolomitarum i, reliquis 
vero in fugam conversis. Regnavit autem Baldiuinus annis .x.* 
et morluus est, sepultusque in Golgata, in cuius sepulcro velut 
alter Judas Machabeus latino sermone conscriptus inspicitur l . 
Cui successit Baldiuinus rex de Burgo, consangwineus ipsius. 
Hic, secundo regni sui m anno, cum septingentis equitibus con- 


a. A partir d'ici jusque vers la fin du ch. m, l’auteur reproduit à peu près 
littéralement le ch. 93 de Jacques de Vitry. 

b. Ms. : quidam. 

c. Ms : dominum , abrégé en dnm. 

d. Ms. : optatus . 

e. Ms. : M°. CCC\ C °. 

f. La phrase et in Golgata ibidem cernitur n’est pas dans Jacques de 

Vitry ; mais un passage analogue se trouve dans YEpitome bellor. sacror ., 
de Canisius, et dans YHistoria regum Hierusalem (cf. ci-dessus, p. 321, n. 2). 

g. Les mots a apud Betlehem » ne sont pas dans Jacques de Vitry. 

h. Ce chiffre n’est pas écrit d’une façon très nette ; peut-être doit-on lire : v. 

i. Ms. : Astorlonitarum ou Aster lonitarum. 

j. bic. 

k. Erreur pour XVIII (cf. Jacques de Vitry; éd. Bongars, p. 1116). 

l. La phrase sepultusque in Golgata conscriptus inspicitur n’est pas 

dans Jacques de Vitry; le renseignement fourni là par l’auteur est peut-être 
emprunté à l’un des documents que je cite ci-dessus, p. 321, n. 2. 

m. Ms. : suo. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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gressus est cum Gazi principe Turchorum potentjssimo, habente 
innumeram multitudinem “ Turchorum, ex quibus .mj or . milia 
cecideruDt. In quo prelio regem Damascenum superavit, habens 
secum mille centum équités, peditum vero duo milia ; bostem 
vero quindecim milia habuisse dicuntur b , ex quibus duobus 
milibus interemplis, multis primo c captis, pluribus autem vulne- 
ralis, alii cum principe suo terga verterunt. In quarto autem 
conflictu, Doldequinum regem Damasci contrivit, duobus milibus 
ex hostibus occisis ; de christianis vero equitibus .xxiiu or M de 
peditibus vero octoginta ceciderunt. Regnavit autem aunis .xnj. 
et mortuus est ; cui successit eius gener Fulco, cornes Andega- 
vensis. Hic cum infinita multitudine Turcorum que de sinu Per- 
sico ebulierat, circa partes Anthiochie congrediens, tribus mili- 
bus interemptis, multis autem captivitate detentis, celeris fuga 
mortem evadentibus, gloriosum triumphum ex hostibus reporta- 
vil. [| Regnavit autem annis .xj., et leporem sequendo de equo foi. îi a 
ruens exspiravit. Gui successit eius filius primogenitus Baldiui- 
nus. Hic vero, [nono] d anno regni sui, quosdam nobiles Turcho- 
rum satrapas cum universo exercitu suo superavit, occisis ex eis 
quinque milibus, reliquis vero cum ignominia fugientibus. Anno 
vero quinto decimo sui regni, cum principe Damasci NorantiDO 
congrediens, quo fugato « rex victor campum obtinuit. Regnavit 
autem annis .xxmj <r ., et mortuus est sine liberis. Cui successit 
in regno frater eius Almericus f. Hic primo regni sui anno in par- 
tibus Egipti cum Darzan, principe milicie Egipciorum, congre- 
diens, facta magDa strage bostium, divinitus victoriam obtinuit. In 
secundo vero prelio, habens trecentos septuaginla milites, pugnam 
iniit n cum principe soldani Damasci Siracusano A , circa soli- 
tudines Egipti. Hic autem Siracusanus habebat .cxn . 1 milia 
Ttirchorum, Arabum vero .xi. milia. Eo die, nocteque appropin- 
quante, a se invicem discesserunt, .c. ex nostris occisis, de hos- 


a. Ms. : habente innumera multitudine'. 

b. Sic. 

c. Ms. : p’o. 

d. A la place de mono, il y a un blanc dans le manuscrit; je rétablis le 
texte d'après Jacques de Yitry. 

e. Le ms. porte fugâte, qui devrait s’interpréter par fugante. 

f. Ms. : Almeficg, qui devrait se lire Almetericus ou Almetricus. 

g. Ms. : init. 

h. Sic, pour Siracuntis ou Sircunus. — En écrivant Siracusanus, l'auteur 
semble déceler son origine italienne, sinon sicilienne. 

». L'Histoire anonyme des rois de Jérusalem [Rev. Or. lat., V, 236), et Jac- 
ques de Yitry (éd. Bongars, p. 1116) donnent xn milia et non cxn milia, qui est 
sans doute une erreur de copie. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


tibus autem mille quingentos a asseruot occidisse. Regnavil autem 
annis .xii. et viam universe carnis ingressus est, et regno prefec- 
toa est Baldiuinus, filius eius. Hic divino judicio lepra percussus, 
regnum nichilominus strennue rexit. Anno siquidem regni sui 
tercio, cum trecentis septuaginta quinque equitibus circa partes 
Aacalone occurrens soldano b , ipsum cum.xxvi.milibusequitumin 
prelio superavit, multis ex eis occisis, de nostris autem 4 vel 5 e 
subcubuisse dicuutur. lu alio vero prelio circa liberiadem d , cum 
septuaginta equitibus accurrens ' soldano f, qui .xx. milia equitum 
secum habere dicebalur, factus superior, mille ex eis interemit; 
de nostris autem paucissimi mortui sunt. Cum autem rex, propter 
predictam egritudinem eius, uxorem ducere noluisset, duas 
sorores quas habebat, scilicet Sibillam primogenitam et Ysabel- 
lam vel Elizabeth t juniorem, duobus viris nobilibus genere 
foi. » b uxores dédit. Sibillam dédit || Guillermo de Longa spata, mar- 
chioni Montis Ferrati, Ysabellam vero tradidit domino Entfrido 
de Turrano. Mortuo autem predicto Guillermo et relicto quodam 
parvulo fllio suo cui nomine Baldiuinus rex, diclam sororem suam 
tradidit cuidam adolescenti de Pictavensi comitatu, Guidoni de 
Lisinor A . Cui etiam, eo quod infirmitati gravabatur, tocius regni 
administracionem commisit. Deinde vero regis indignacionem 
incurrens, procuracionem et administracionem amisit. Rex itaque, 
convocatis maioribus regni, nepotem suum parvulum Baldiuiaum 
in regem inungi fecit, et tam ipsum quam regni négocia com- 
misit Tripolitano. Sub multo tempore post, rege leproso viam 
universe carnis ingresso, juniori •' etiam rege Baldiuino defuncto, 
predictus Guido, procurante uxore sua Sibilla, ad [quam] i 
regnum jure hereditario pertinebat, sublimatus est in regem, non 
requisito assensu comilis Tripolitani, qui tocius regni procuralor 
erat. Unde valde indignatus, presertim cum ipse ad regnum 
aspiraret, abaque regis cousensu cum quo rancorem et inimici- 


a. Jacques de Vitry donne mille; YHistoire anonyme , comme notre texte, 
donne mille quingentos . 

b. Au lieu de soldano , Jacques de Vitry donne « Salahadino *. 

c. La lecture de ces deux chiffres est douteuse. Je les donne d’après Jacques 
de Vitry (éd. Bongars, p. 1117); peut-être faut-il lire x vel 11. 

d. Ms. : Tiberidem. 

e . Sic . 

f. « Salahadino » dans Jacques de Vitry, au lieu de soldano. 

g. Les mots vel Elizabeth ne sont pas dans Jacques de Vitry. 

h . Oui de Lusignan. 

i. Sic. 

j. Le mot quam manque dans le ms. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


337 


cias contraxerat®, cum Salahadino treugas iniit; et, ut maiorem 
contra regem in regno defensionem haberet et nocendi materiam, 
cum domina Tiberiadis et tocius Galilee matrimonium contraxit. 
Uode facta est in regno periculosa valde discenssio, quibusdam 
comiti faventibus, aliis vero régi adherentibus. 

A principio b itaque dominii Latinorum et per multos annos 
sequentea, vel multis viris religiosis et secularibus Terra sancta 
velud paradisus voluptatis florebat et hominibus diversarum 
nacionum universa terra populata erat, ita quod illud prophe- 
ticum videretur in ea completum : Filii tui de longe venientes et 
filie tue de latere surgent c . Videbat autem et affluebat et mira?» 
batur et dilatabatur cor eius quando conversa esset ad eam mul- 
titudo maris et maxime Januenses, Veneti et Pisani. Fortitudo 
autem gencium venisset ei precipue de partibus Frahcie et Ala - 
manie homines bellicosi, hii mari fortes et in terra potentes*. 


[IV. De prevaricacione commorancium in Terra sancta , 
que causa extitit amissionis dicte terre.] 

Cum ergo celis desuper rorantibus Dominus daret benignitatem 
et terra nostra daret fructum suum ex bonis operibus hominum 
et mulierum ex omni parte mundi confluencium ad ipsam, ut 
merito* dicere possent cum Ysaia : Venite y ascendamus || ad foi. 22 a 
montem Domini et domum Dei Jacob f y non solum autem de 
Saba sed de universo mundo veniebant aurum et thus in Ierusalem 
deferentes et laudem Domino annuaciantes. Et erat sepulcrum 
eius gloriosum s y adeo quod ad literam videretur illud comple- 
tum Ysaie : « Erit preparatus mons Domini domus in vertice 
moncium et fluent ad eam omnes g entes y et ibuntpopuli multi h y et 
legitur in Thobia de Ierusalem : Luce splendida fulgebis et omnes 
fines terre adorabunt te *. Igitur cum predicta Domini vinea 


a. Le ms. porte : dbsque regis consensu cum rancore inimicicias con- 
traxeret. Je corrige cette leçon fautive d’après Jacques de Vitry. 

b. A partir des mots A principio jusqu’à la la fin du ch. IY, notre texte est 
un abrégé des ch. 67 à 73 de Jacques de Vitry, avec quelques menues additions. 

c. Isaie, LX, 4. 

d. Cette dernière phrase, depuis Videbat se trouve à peu près la même 
dans Jacques de Vitry, ch. 72 (éd. Bongars, p. 1085). 

e. Le ms. porte mlto qui, paléographiquement, devrait s’interpréter par 
a multo »; mais il y a là sans doute une faute de copie. 

f. Isaie, II, 3. 

g . Isaie, XI, 10. 

h. Isaie, II, 2. 

i. Tobie, XIII, 13. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


usque ad extremum terre spiraret suavitatem odoris, serpens 
antiq[u]us a , draco veneoosus, humani generis inimicus, odorem 
boDum sustinere non valons, vidons et invidens in partibus 
orientis ecclesiam sanctan dilatari, cultum divinum 4 ampliari, 
infidèles confundi, christianos exaltari, cepit mille modis cogitare 
qualiter venenum suum posset infnndere in vineam Domini demo- 
liri c , in agro Domini dormientibus pastoribus zisaneam super 
seminare. Cum vero homines commorantes in Terra sancla a 
principio pauperes fuissent et postea a fructu frumenti, vini et 
olei multiplicati et omnibus temporalibus bonis supra modum 
refercti, inpignati, incrassati, dilatati, recalcilraverunt ex adipe 
et diviciarum deliciarum ; et prodiitiniquitas eorum; et, ut a sanc- 
tuario Domini incipiamus, ministri ecclesiarum facti sunt de 
Christi paupertate divites, de eius humilitate superbi, de illius 
ignominia gloriosi, de crucifixi palrimonio inpignati, dilatati, 
incrassati, non oves Domini pascentes, sed ipsas contemnentes 
que sua non sunt querentes et non que Christi sunt d . Facti sunt 
ceci et duces cecorum, canes muti non valentes latrare, in domo 
Domini non inlrantes nec alios introducentes, ocio turpi mar- 
cenles, non solum de micis que cadunt de mensa domini, sed de 
panibus inlegris et de cibis delicatis* pascebant catulos suos, quos 
de turpibus concubinis ipsi turpiores procreaverant, lepra siqui- 
dem gezi miserabiliter respersi, auferentes claves Symoni Petro 
et eos Symoni mago tradentes, dicentes cum Juda proditore : 
« Quid voltis michi dare et ego vobis eum iradamt f Regulares 
autem postquam veneno diviciarum excreverunt suis superio- 
fou iî t ribus rebelles erant, prelatos ecclesiarum || perturbabant, inter 
ipsos usque ad sangwinis effusionem repugnabant 9 et seculares 
non sine magno fidei detrimento plurimi scandalizabant; pullani 
vero de apulis * viris honestis tanquam fex ex vino, amurca ex 
oleo, lolium ex frumento, rubigo ex argento processerunt, homi- 
nes in deliciis enutriti, molles, effeminati, balneis plus quam 
preliis asueti et luxurie dediti velut mulieres a Sarracenis repu- 
tantur. Hii vero qui ex Januensibus, Pisanis, Venetis ortum habue- 


а. Ms. : antiqg. 

б. Ms. : cultu indivinum. 

c. Sic. 

d. La phrase : que ma non sunt... que Christi sunt parait empruntée au 
ch. 99 de Jacques de Vitry (éd. Bongars, p. 1122, 1. 38-39). 

e. Ms. : delacatis. 

f. Mathieu, XXVI, 15. 

g. Ms. : repügnabât. — Cf., pour ce passage, Jacques de Vitry, ch. 71 (éd. 
Bongars, p. 1087). 

h. Sic. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 339 

runt, propter inmortales discordias quas iuler se habebaDt letifi- 
cabant et securos reddebant hosles Christi, qui parentes eorum 
valde formidabant". Preterea aliud fuit quod super omnia plus 
nocuit et magis Dominum ad iracundiam provocavit contra nos. 
Ad haDC siquidem promissionis terram ex variis mundi par- 
tibus coDfluxerunt homines flagiciosi, pestiferi, sacrilegi, fures, 
raplores, homicide, paricide, periuri, adulteri, proditores, luso- 
res, yslriones, apostate monachi, moniales meretrices publice et 
que b , relictis maritis suis, lenonibus adbeserant, vel adheserunt; 
[qui], perfugentes uxores proprias, alias super inducebant c , et qui 
de facili causa legem Christi abnegabant et ritum abhominabilem 
Sarracenorum recipiebant. Et quia malum aliquod nunquam 
dominus Deus reliquit inpunitum, idcirco, peccatis predictorum 
hominum exigentibus, Christus dominus, qui natura benignus est 
dulcis et suavis, conversus est in ferocem et crudelem, nos in cru- 
delem ferocemque hostem ruere permittens. Dominus itaque 
Ibesus Christus propter scelera nostra clipeum sue proteccionis 
a nobis abstulil, subsidium assidue sue defensionis nobis iuste 
abstulit et in manus impiorum ruere permisit. 


[V. Qualiter soldanus, princeps Sarracenorum, expugnavit chris- 
tianos in Terra eancta et civitates ipsorum et municiones 
obtinuit <*.] 

Salahadinus igitur, tanquam vir astutus et in re militari suffl- 
cienter instructus, attendons quod regnum Ierosolimitanum in se 
erat divisum et desolacioni propinquum et inmenso foramine dis- 
cordie facile pateretingressus, quinquaginta milia, exceptis pediti- 
bus, in comitatu suo contra e christianos secum duxit. Et post vero t 
cum divina permissione debellavit magistros milicie Templi et 
Hospitalis, qui cum .c. vinginti milibus s occurrerant decem mili- 
bus Sarracenorum, quos Salahadinus premiserat, ut more || suo roi 23 a 


a. Cette dernière phrase est empruntée au ch. 73 de Jacques de Vitry. A 
partir de là, la fin du ch. iv de notre texte, sauf un passage imité de Jacques 
de Vitry (cf. ci-dessous, n. c), pourrait être de la composition de P. de Pennis. 

b. Manuscrit : qui. 

c. Dans la phrase homines flagiciosi . . . alias super inducebant , l'auteur 
s’inspire d’un passage du ch. 69 de Jacques de Vitry. 

d. Ce ch. V est abrégé des ch. 94 et 95 de Jacques de Vitry. 

e. La lecture du mot contra est douteuse. 

f. Le ms. porte « p 9 v°, » qu’il faudrait peut-être interpréter par primo vero 
ou encore par primo vere , qui est la leçon de Jacques de Vitry. 

g. Sic, probablement pour militibus. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


nostros incaute provocaret ad prelium. Etlicet viriliter résiste- 
ront, multis ex eis occisis, ipsi tandem Christiani fere omnes 
occisi sunt vel detenti, magistro Templi cum paucis fuga elapsus a , 
magistro vero Hospitalis trucidato, ex quo facto Sarraceni animosi 
omnes effecti sunt. Tune Guido rex Iherosolimitanus, cum mille 
ducentis militibus et .xx 11 . milia peditum 6 in provincia Gallie c 
iuxta Thoronum cum dicto Salahadino d egredilur, et ab eo, peccatis 
christianorum exigentibus, turpiter debellatur. Anno igitur incar- 
nacionis Domini M°. C°. LXXXXIJ 0 ., xi° die menais Julii, tradidit 
Dominus populum chrislianum in manus Sarracenorum, adeo quod 
vere a maximo usque ad minimum trucidati sunt c vel captivitate 
detenti. In tanta enim formidine humiliavit eos Dominus, quod 
unus ex hostibus versa vice centum persequebatur ex nostris ; 
unde facti sumus in derisum vicinis nostris et inimici nostrt 
subsannaverunt nos f ; cithara nostra versa est in luctums et 
fortitudo nostra versa est in favillam k ; facta est quasi vidua 
domina gencium y princeps provinciarum facta est sub tributo *. 
Guido autem rex et magister malicie' Templi cum multis aliis 
captivitate detenti abierunt absque fortitudine ante faciem subse- 
quentis. Ut autem eertis indiciis et videnlibus k signis Dominum 
esse 1 terribiliter offensum agnoscerent et divine proteccionis 
clipeum ab ipsis recessisse non dubilarent, lignum salutifere 
crucis, quod die illo tenebroso secum in prelio detulerant, iamen- 
tabili infortunioamiserunt. Longo itaque tempore nostri post pre- 
dictum infortunium velud mulieres menstrue m sunt effecti, et 
marcuit cor eorum, ita quod plures ex nostris paucos ex Sarra- 
cenis expugnare n non audebant. Adeo enim conclusit Dominus 
populum suum in gladio, et hereditatem suam sprevit, et effecti 


a. Sic. 

b. L’incise cum mille ... xx « milia peditum ne figure ni dans Jacques de Vitry 
ni dans V Histoire anonyme des rois de Jérusalem. 

c. Sic, pour Galilee. 

d. Ms. : Solhadio . 

e. Le ms. porte si., avec un signe d’abréviation ; peut-être faut-il lire si»f. 

f. Psaumes , LXXIX, 7. 

g. Job, XXX, 31. 

h. Cf. Ezech., XV, 4. 

i. Lamentations , 1,1. 

j. Sic. 
h. Sic. 

l. Ce mot est représenté dans le ms. par un c ou un d avec un signe d’abré- 
viation. Si c’est un d, il faudrait peut-être lire Deum. 

m. Sic. A la place de ce mot, Jacques de Vitry (ch. 95; Bongars, p. 1118, 1. 33) 
a meticulosi , qui est évidemment meilleur. 

n. Jacques de Vitry (ch. 95; Bongars, p. 1118, 1. 34) donne la leçon « expectare». 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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sunt inimici nostri in capile et nos in cauda, quod non solum 
Terra promissions sed omnes fere regiones, civitates, municiones 
ab introilu terre Egipti usque ad Mesopotamiam, itinere dierum 
.xx t( M inimici nobis abstulerant, et civitates maritimas pro maiori 
parte receperunt®. Undestatim debellatis christiania, Solahadino 4 
autem ad Acon venienti, salvis personis civitatem resignaverunt. 

Inde vero Baruium transiens absque|| contradicione a civibus des- «• *3 » 
peratis recepit; Bliblium e etiam absque alla difficultate optinuit. 
Jherosolomite bac condicione tradiderunt ei civitatem Jérusalem 
quod liberi cum hijs que secum deportare possent egrederintur d 
et usque in terra securitatis ab ipso deducerentur. Ascolonam' e 
autem civitatem dictus Solahadinus hac condicione obtinuit quod 
regem et magistrum Templi, quos captivos tenebat, libertati resti- 
tueret. Sicque f Salahadinus infra modicum spacium temporis 
totum domin[i]um» Christianorum terre optinuit, exceptis quibus- 
dam civitatibus et aliquibusdam municionibus. 


[VI. De occidentalibus primis christianis succurrentibus in 
subsidium Terre Sancte k .] 

Eadem itaque die quo nostri in predicto prelio corruerunt, 
vir nobilis et in armis strenuus Gonradus marchio Montisferrati, 
de Constantinopoli * venions, ad civitatem CirinensemJ navigio 
pervenil, ipsam civitatem contra Salahadinum viriliter defendens 
de civium voluntate possedit. Eademque estate, vir venerabilis et 
deo devotus strennuus et illustris rex Gicilie Wilhelmus, audiens 
lamentabilem casum k regnilerosolimitani, confestim transmisitad 


a. La phrase : Adeo enim conclusit Dominus... maiori parte receperunt n’est 
ni dans ï Histoire anonyme, ni dans Jacques de Vitry 

b. Sic. 

c. Sic . 

d. Sic. 

e. Sic . 

f. A la place de que, il y a dans le manuscrit un sigle qui devrait plutôt 
s’interpréter par quod. Mais quod ne pouvant convenir, je suppose que l’ori- 
ginal portait que, à moins encore qu’il ne portât le sigle (g surmonté d’un i) 
figurant igitur. 

g. Ms. : dnm. 

h. Ce ch. vi est un abrégé des ch. 95, 97, 98, 99 de Jacques de Vitry. 

i. Ms. : Canstinopili. 

j. Cirinensem , que porte le ms., pourrait se traduire par Cérines [en Chy- 
pre], mais l’auteur a certainement voulu désigner Tyr; le ms. original portait 
probablement « Tirensem ». Cf. Jacques de Vitry, ch. 95 (Bongars, p. 1119, 
1. 19). 

k. Ms. : causum. 


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REVUE DE L ORIENT LATIN 


subsidium Terre sancle ocloginla galeas, milites quingentos, 
turcopolos trecentos et victualia absque extimacione in terram. 
Rumores similiter et casus lamentabiles nniversas occidentis 
regiones concusserunt, omnibus qui aud[i]erunt a animo conster- 
natis et quasi gravi volnere b doloris inmensi sauciatis c . Igitur 
Christi fideles occidentales ecclesie Christi et civitati nostre 
redempcionis, temporibus démentis tercii, conferentis euntibus 
absolucionem omnium peccatorum ipsorum, cruce signali, induti 
virtute exalta to succûrrere non différant. Ex quo factum est 
quod imperator Romanorum Fridericus, rex Francie Philippus et 
Richardus, rex Anglie, cum mullitudine* pugnatorum velociter 
iter assumunt. Sequenli itaque eslate post amissionem Terre 
sancte, cum rex Guido de toto regno suo non haberet saltem 
unum casale ubi capud suum reclinaret, indutus verecundia et 
confusione, presertim cum Terra sancta sub ipsius regimine 
amissa essel, quasi de vita sua non curans, cum paucis quos 
colligere potuit Aconiensem cioitatem obsedil. Erat autem 
foi. t* a Gœtfridus de Lisino fraler eius cum eo, vir|| animosus et in 
armis probus, qui gratia fratris sui omnes alios peregrinos 
precesserat. Hüs itaque diebus, Sibilla, predicti Gwidonis regis 
uxor, viamuniverse carnis ingreditur. Unde regnum ad sororem 
eius Ysabellam vel Helizabeth, uxorem nobilis viri Gœtfridi e de 
Turono, iure hereditario devolutumest. Quod actendens marchio 
Montisferrati, quiiam Tirum, utdictum est, occupa verat,regnandi 
cupiditate permolus, antedictam dominam viro suo auferens 
et cum eadem falsum matrimonium contraxit (. Hoc siquidem 
scelus valde omnibus peregrinis displicuit. Sed Gœtfrido conque- 
renti satisfacere distulerunt, eo quod nisi per manus marchionis 
a Tyro victualia venalia haberent v, ipse eciam muneribus 
quosdam ex maioribus corrupit ut sibi favorem procurarent. 
Cum hoc in exercitu ab hijs qui precesserant agerentur*, impe- 
rator Romanorum Fridericus, cuius ad venlum Salahadinus valde 
formidabat, cum virtute magna et innumera pugnatorum multi- 


a. Ms. : auderunt. 

b. Sic. 

c. Ms. : saucietis. 

d. Dans le manuscrit, entre cum et multitudine> il y a un petit espace 
(longueur dun mot de 7 à 8 lettres) laissé en blanc. 

e. Le mari d’Isabelle se nommait Honfroi de Toron. Au lieu de Gœtfridus, 
il devrait donc y avoir ici Hunfridus , ou Herfrandus comme dans Jacques 
de Vitry. De même, plus bas, ce personnage est encore appelé Gœtfridus. 

f. Sic. 

g. Ms. : hàbet , avec un signe d’abréviation à côté du t. 

h. Le ms. porte bien : hoc.... agerentur. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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tudiae per terram profectaras iter arripuit. Egressus autem de 
ultimis flnibus Alamanie transque Ungariam, Bulgariam , 
Macedoniam et Greciam per terras Sarracenorum et in manu 
potentiel brachio extenso, subiuga lis scilicel Yconio , Philomona a 
et aliis pluribus civitatibus, usque in Armeniam perrenit. Ubi 
dnm esta maximo balneandi gratia in flumen, quod Fretum h 
incole appellabant e , descendisse! <*, casu flebili submersus et suf_ 
focalus, in aquis, peccatis exigenlibus, inlerijt, in detrimentum 
tocius Chrislianilalis. Sequenü itaque vere, predicti reges Fran- 
corum et Anglorum, cum navibus et galeis, cnm equis mullis et 
bellicis instrumentis et copia victualium, portui Aconensi apli- 
cantes, nostrum exercitum inmenso gaudio repleverunt. Obsi- 
dentes igitur civitatem predictam et ex omni parte ipsam vallantes, 
per totam illam estatem continue eam inpugnaverunt. Inclusi 
igitur infra civitatem ex continuis violenciis actenderunt quod diu 
resistere iam non possent, hac condicione resignaverunt civita- 
tem ut salvis personis et liberis exirent, et sanctam crucem 
quam christianiin prelio perdiderant se reddere || promiserunt. foi. u b 
Sed cum eam invenire non possent, iratus rex Aüglorum omnes 
illos qui in parte eius cesserant precepit trucidari. Rex autem 
Francorum pro redempcione nostrorum, quos Sarraceni tenebant 
cap tir os, vinculis reservavit, temperancius et micius agens pro 
nostris. Igitur cum non solum regnumlerosolimitanumsed partem 
magnam Sarracenorum nostri facile possent acquirere, nisihumani 
generis inimicus, lantis christiani populi successibus invidens, 
superseminavit zizaniam ; inmisil enim inter reges emulacionem 
et discordiam, et facta contencio inter principes, et errare fecit eos 
in invia « et nbn in via, in tantum quod unus post alium in regnum 
suum rediit f. Hijs igitur auditis rumoribus, Sarraceni exultantes 
et quasi de gravi sompno excita ti corda resumpserunt. Intérim vero 
marchio Montisferrati Conrado s a quibusdam baptizatis Sarra- 
cenis quos in domo sua diu nutrierat occiso, cornes Campanie 
Heinricus A , cum uxore illius Ysabella matrimonium contrahens, 
remansisset coronari rex recusavit quia ipse, sicut et alii, ad 


a. Sic. 

b. J. de Vitry : Ferreûm. 

c. Ms. : appellabatur . 

d. Ms. : descendisse. 

e. Sic. — J. de Vitry a invio. 

f. La phrase : in tantum.... mum rediit résume tout le récit de J. de Vitry 
contenu aux p. 1122, 1. 38, à 1123, 1. 50, de l’édition Bongars. 

g. Dans le manuscrit, il semble qu’il y ait currendo. 

h. Ms. : HemricuSj avec un i souscrit sous Ve. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


reditum aspirabat. Ex quo factum est quod cum aliquibus diebus 
et[iam] in Terra sancta remansisset et, omnibus preparatis, repa- 
triare veliet, de fenestra domus sue décidons supra parimentum 
ciritatis Aconensis, fractis cerricibus expiravit. Hemricus a autem, 
rex Cipri, fraler Guidonis de Liniso 4 iam defuncti, cum regina 
Ysabella malrimonio copulatus, terre adminislracionem suscepit. 
Mortuo itaque Hemrico et eius uxore, cornes Brenensis Johannes 
ad regimen regni filiam marchionis Gonradi et regine Ysabelle 
duxit c in uxorem. Post d hec autem Christiani contra Sarracenos, 
qui eos fortiter inpugnabant, posse nec sufficiens adiutorium 
habentes, peccatiseorum exigea tibus, Sarraceni tocius terre domi- 
nium promissionis violenter abstulerunt, ipsumque prochdolor 
nunc paciflci tenent et multis iam transactis aanis potenter posse- 
derunt. Et quia Dominus suum pater filium licet corrumpere a 
rebus ex ratione vel hereditale, scilicet a brutis aliquociens pri- 
vare «, Deus omnipotens ab inicio et nunc circa Terram sanctam 
cursum huiusmodi f observavit, per infidèles tanquam per instru- 
mentum divine iusticie, populum suum ab hac eici permittens, 
peccatis exigentibus, quia non debet sanctum dari canibus et 
foi. 25 a margarita non debet eici inter || porcos; populo siquidem qui 
gratie benedictione non est particeps Deus utilur ad bonum fide- 
liumettritulalionis fiagello,ignehuiustalibusad scoriamde materia 
metalli deponendam; et hoc decens eçt, quod peccatum infidelium 
presentis vite penitus diluendum non conceditur, fidelium vero 
excessus vera penitencia diluatur, quia in sanctum et propha- 
num non habens « dislanciam pro nichilo habuerunt terram desi- 
derabilem, terram lacté et melle mananlem, Domini nostri 
palriam. Unde nunc quod Sarraceni Terram sanctam occupent, 
est ad fidelium devocionem et penitenciam provocandam, quam 
ex indevocione utique et culpis exigentibus perdiderunt. Et 
peccata infidelium loca sancta polluencium disposuit sine fine in 
perpetuum punienda. El quia oculus inter corporis menbra spe- 


a. Amauryde Lusignan. 

b. Sic. 

c. Ms. : ducens. 

d. La fin du chapitre vi, à partir d’ici, parait être de la composition de Pierre 
« de Pennis » ; le style en est d’ailleurs des plus mauvais, et cette incorrection 
n’est pas, à ce qu’il semble, uniquement imputable au copiste de notre manus- 
crit ; elle doit, pour une bonne part, être du fait de l’auteur. 

e. Cette phrase est tout à fait altérée dans le manuscrit, qui porte : Et quia 
dûs s uü pat' filium habet (ou licet) corrumpere arebus exrône vl Keditate si 
abrut ' (ou abrat*) aliquociès p'vare. Je la rétablis tant bien que mal. 

f. Ms. : huius. 

g. Ms. : hûs. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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ciali affectione diligitur, sordes removere cunctas ab eo quantocius 
festinamus. Sic redemptor noster a Terra sancta, cui super omnes 
alias amoris sui contulit prerogativam, sordes et inquinamenta 
peccatorum removeudo peccatores commorantes affligit, flagellât 
et eicit. Peuitentibus autem et ad cor revertenlibus clementer 
restiluit,dum abyssus abissum invocat, abissus scilicet miseriarum 
abissus misericordiarum. 


[VII. De nominibus et situ et qualitate civitatis Jérusalem a .] 

Civitas itaque Ierusalem, sancta 1 ex devocione sepe nomi- 
nanda, multis et variis nominibus extitit appellata : primo namque 
appellata fait Salem, a Salem * filio Arphsa 3 filii Sem, quam prior 
ipse edificavit. Sed Ibuzeus 4 filius Canaam 5 eam inhabitaüs 8 
Jebuz 1 nominavit. Unde a Je bu s 3 et Salem dédit ei David 
nomen Jérusalem *. Quam Salomon, fllius eius, auro et gemmis 
decorans Jerosolimam ,0 , quasi Jherosolemonam ", appellavit; 
sed romanus exercitus funditus eam delevit, quam post mortem 
imperatoris filius eius Andrianus reediflcans, Elyam appellavit 
Est autem in monte eminenti si ta, et montes in circuitu eius, ut ait 
David propheta », lacté et melle fluens ", frumento, vino et oleo 
omnibusque bonis temporalibus habundans*. Hec itaque sancta 
civitas nec 14 nimia parvitate angusta ,l nec magniludine cui- 
quam fastidia 14 <*, a muro usque ad murum habens distanciam 
quantum arcus proicit sagittam n . Moutem hec 18 autem Syon 
habet meridie, in quo David in archa Syon ", eieclis Jesubeis J0 , 


a. Le texte du ms. d’Évreux débute avec ce chapitre. La rubrique initiale y 
est ainsi conçue : Incipit liber Terre sancte Iherusalem. Je donnerai en note 
les variantes de ce texte, dont je me servirai à l’occasion pour rectifier les leçons 
fautives du ms. de Trêves. Je désignerai ce dernier par la lettre T., et le ms. 
d’Évreux par la lettre E. 

b. Psaumes , cli. cxxiv, 2. 

c. Ce début offre des analogies avec le ch. 14 d’Orderic de Pordenone (éd. 
Laurent, pp. 148-149). — Une courte description de Jérusalem, contenue dans 
un ms. de Rome (Palatinus, 1358, fol. 35-36), commence également par les 
mots : « Civitas itaque Ierusalem sancta ex devotione sepe nominanda... » 

d. A comparer avec Ludolf de Sudheim, éd. Deycks, p. 74. 

Variantes du ms. dTSvreux : 1. Sancta Ierusalem. — 2. Sale. — 3. Ar- 
phasa. — 4. Iebuson. — 5. Chonan . — 6. inhibitans. — 7. Iebusalem. — 
8. Iebus. — 9. Ihrlm. — 10. Iherosolimam. — 11. Iherosalemonam. — 12. dele- 
vit, quam postmodum Elius imperator Adrianus reedificans , Eliam appel- 
lavit. — 13. lacté et melle mariante fluens. — 14. civitas nimia (le mot nec 
manque). — 15. angustia. — 16. fastidiosa. — 17. sagitam. — 18. Montem 
autem (le mot hec manque J. — 19. David inarchesion , eiectis. — 20. Iebuseis, 

Riv. db l’Or, latin. T. IX. 23 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


habita vit et eam civitatem David appellavit. Montera vero 
Oliveti, ab habundancia olivarum dictum, habet ab oriente. 
.a b Mon» siquidem || Calvarie, in quo crucifixus est Dominus 
prope quem est sepulcrum Do mini, sitos est iuxta civitatem ad 
aquilonem, quem imperator Aridanus ° incluait infra * urbem, 
ampleans ' civitatem versus aquilonem 4 , a capile usque ad 
pedem, idem 4 a Porta piscium vel a turri David seu Jebusei 8 
usque ad Portant anguli, id est beati Stéphanie cingens eam muro ; 
in quo loco postea christiani ob reverenciam dominici Sepulcri ' 
arlificioso opéré forma rotunda 7 uno tantum foramine superius 
aperta • dominice Resurrectionnis ecclesiam construxerunt, multa 
sacra loca infra ipsam concludentes, sicut infra in sequenti capi- 
tulo difusius apparebit *. In bac primus 10 episcopus fuit aposlolus 
Jacobus junior. Postea, temporibus Justiniani imperaloris, in 
Synodo generali apud Comtantinopolim celebrato ", ob reveren- 
ciam civitatis sancte 19 Jérusalem, fldeles in ea patriarcham cons- 
tituerunt ’ 8 , qui quartum locum obtinet post romanam sedem 
apostolicam Istius siquidem 18 ecclesie circuitus est centum 
quinquaginta 18 passuum, lalitudo vero eius .xxxv., accipiendo 
scilicet hic passus pedum non autem manuum ’ 7 , infra mu- 
ros, etc. ,8 . 


[VIII. De locis sanctis existentibus infra Sanctum 
Sepulchrum Domini **.] 

Cum causa devocionis intraveris civitatem Ierusalem *°, 
primo recto tramite debes ire ad ecclesiam Saneti Sepulcri 
domini nostri Jhesu Christi " et cum devocione et lacrimis 
omnia loca sancta infra dictam ecclesiam existencia " visilare, 
et, ut mentetenus 89 dicta loca retinere possis, debes ire in 


a. Sic dans T. 

b. A comparer avec Ludolf de Sudheim, éd. Deycks, p. 74. 

Variantes du ms. d*Evreux : — 1. crucifixus est Christus dominas, prope 
est sepulcrum Domini situm ; est iuxta . — 2. iuxta civitatem versus aqtiilo - 
ntm, quem imperator inclusif Adrianus infra. — 3. amplians. — 4. id est. 
— 5. Iabusei. — 6. Christiani postes (sic) ob reverentiam saneti Sepulcri. — 
7. rotundo. — 8. aperto. — 9. sicut inferius sequenti capitulo distinctum 
apparebit. — 10. In hac vero ecclesia primus. — 11. generali Constantino - 
poli celebrata. — 12. civitatis Ierusalem (le mot sancte manque). — 13. 
ordinarunt. — 14. appostolicam. — 15. quidem. — i6. cv. — 17. non autem 
passus manuum. — 18. Les mots infra muros , etc. manquent. — 19. infra 
ecclesiam Saneti Sepulcri. — 20. civitatem sanctam Therusalem. — 21. Saneti 
Sepulcri Christi. — 22. existentia. — 23. mentethus (ms. : mèteth*). 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS >» 


347 


chorum 1 canonicorum, ubi est quidam a lapis albus in cuius 
medio est quoddam foramen ubi dicilur esse médius mundus 
nostre habitacionis. Iuxta illud psalmista 4 operatus est salutem 
in medio terre *. Dum vero fueris ibi, vertas c faciem tuam ad 
occidentem, et ibi ante oculos tuos videbis sepulcrum Domni d 
nostri infra panram 3 cellam rotundam pulcris lapidibus cons* 
tructam. Est autem sepulcrum longiludinis octo * palmarum, 
cuius tante quantitatis dicitur fuisse Dominus. Latitudinis vero 
est quatuor ‘ palmarum. Ante quoque portam celle sepulcri, est 
quidam lapis quadrus longiludinis et latitudinis 7 duorum pal- 
marum, cuius circuitus est octo palmorum qui quidem lapis ' 
positus fuit ad ostium 10 monumenti; de quo loquebantur mulieres 
ad invicem dicentes : Qui s revolvet nobis lapident ad ostium 
monumenti , etc. «. Iste itaque lapis positus fuit ad ostium monu- 
menli 11 quod erat in latere ipsius Sepulcri. Ille vero 13 lapis maxi- 
mus, qui nuncf est in monte || Syon in ecclesia Sancli Salva- w.s»« 
toris, fuit positus supra monumentum pro coopertura ipsius **, et 
forte de isto mulieres dicebant u : « Quis revolvet nobis , etc. “ ». 

Erat quippe magnus valde, quem scilicet sex paria boum non pos- 
sent porlare. Alius vero lapis non “ erat magne quantitatis nec 
multi 11 ponderis, et eciam, ut quidam dicunt, sepulcrum Domini 
non habuisse 11 in latere ostium sed tantum desuper. Item 
ultra sepulcrum, versus occidentem, est quedam porta clausa que 
vocatur porta sancte Marie egipciace i0 , per quam dicta sancta 


a . Le ms. T. a : quidem . 

b. Abrégé en ps. 

c. Au bas de la page, avec renvoi à ce passage, le scribe a copié la note 
suivante : « Nota quod, ubicumque in locis subscriptis est crux posita in mar- 
gine, est indulgencia a pena et a culpa omnibus vere penitentibus et confessis; 
et posui super eadera loca signum in modum hune -f + -f infra scriptam 
(sic), etc., etc. ». — Dans le ms. d’Evreux on ne voit ni ces croix marginales, 
ni aucune note indiquant les sanctuaires pourvus d'indulgences. 

d. Abrégé en dorhi. 

e. Marc, XVI, 3. 

f . L’auteur a dû copier ceci dans un document datant d’une époque où 
l’église de Saint-Sauveur existait encore, donc bien antérieur au xiv® siècle. 

Variantes du ms. d’Evreux s 1. ire ad corum. — 2. habitationis ; iuxta 
illud David operatus est salterium in medio terre. — 3. ante te videbis sanc- 
tion sepulcrum Domini infra quandam parvam. — 4. ix. — 5. latitudinis 
vero et altitudinis est iiij ®*. — 6. quadratus . — 7. altitudinis (au lieu de lati- 
tudinis). — 8. duarum palmarum, circuitus vero eius est. vtii. palmamim . 

— 9. Le mot lapis manque. — 10. hostium. — 11. Ici, le copiste a commis un 
bourdon : il a sauté depuis les mots : de quo loquebantur jusqu’à ostium 
monumenti (inclus). — 12. Et ille vero. — 13. eius. — 14. de isto lapide dice- 
bant mulieres. — 15. Quis revolvet nobis lapidem , etc. — 16. Alius lapis non. 

— 17. multum ponderis. — 18. Habuit. — 19. hostium. — 20. Egypciace. 


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348 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


domina, que tune erat peccatrix, non potuit intrare ad sepulcrum 
Domini, cote ris christiania ingredientibus donec promisit se 
penitentiam fa et u ram * ; ubi et vocem 5 audivit : Si transieri « 
Jordanem salva cris, ut in eius legenda a . Item stando in eodem 
supradicto loco *, debes vertere faciem tuam ad orientem et sie 
stando debes respicere a dextris versus meridiem ad portam per 
quam inlratur ad ecclesiam predictam, et ibi prope, in pavi- 
mento ecclesie, est unus lapis [viridis] 6 , longitudiois .viij. palmo- 
rum ‘ et modice latitudinis, in quo, ut dicilur, Dominus fuit aroma- 
tizatus *. Sed hoc non videtur multum credibile \ quia talis lapis 
forte a Ghristi fidelibus in decenciori loco fuisset collocatus. Et 
ideo dicunt aliqui quod lapis iste * verus est Constantinopoli, et 
ille qui nunc est in ecclesia supradicta fuit factus ad similitudinem 
illius veri lapidis *. Item magis ultra supra hune locum, est mons 
Calvarie, de durissimo lapide niro *°, altitudinis fere trium « can- 
+ narum distans quadraginta passus '* a sepulcro Domini +++; 
ibique est unus lapis cum foramine rotunda d , in quo sancta crux ** 
fuitinfixa, in qua Chrislus dominus pro redempeione humani gene- 
ris exlitit cruciflxus. Iuxta hune 14 montem est quidem ** locus, in 
quo est una capella 16 extra ecclesiam Sancli Sepulcri sed coniuncta 
muro dicte ecclesie, ubi beala virgo Maria stabat cum aliis mulie- 
ribus iuxta crucem filii sui, plorans et lamentans eum. Item 
H- prope hune montem, est locus H — | — J- ubi Ioseph ab Arimatia 17 
et Nicodemus laverunt Ihesum postquam deposuerunt eum de 
cruce. Hic autem mons aut monticulus, ubi Dominus 11 fuit cruci- 
fixus, est altitudinis .xvj. graduum, per quos gradus ascenditur a 
pavimento ecclesie. Sub isto *• itaque monte ad duas cannas *°, est 


a. Vita S. Mariae Egypt., auct. Hildeberto Cenoman., cap. III, § 22-25 (AA. 
SS. Boll., Apr. I, 80). Vita eiusdem, auct. Sophronio, § 22-25 (ibid., Append., 
pp. xvii-xvm). 

b. Ce mot manque dans le manuscrit de Trêves ; je le rétablis d'après celui 
d’Évreux. 

c. Sur la canne, voy. Du Cange, sub voce ; et le Direclorium ad Philippum, 
trad. Mielot (Bist. armên. d. croisades, II, p. 457). 

d. Sic. 

Variantes du ms, d’Evreux : 1 . intrantibus. — 2. penitentiam se facturant. 

— 3. ubi vocem (et manque). — 4 . ut palet in eius legenda. In eodem stando 
scilicet supradicto loco , debes. — 5. lapis viridis longitudinis octo palmarum. 
6. aromatisatus. — 7. multum esse credibile. — 8. ille. — 9. illius viridis 
lapidis predicti. Item. — 10. vivo. — 11. canarum. — 12. I. passibus. 

13. rotundo, ubi crux sancta. — 14. Chrislus dominus fuit cruciflxus (les mots 
pro redemptione humani generis manquent). Item iuxta hune. — 15. quidam. 

— 16. est una ecclesia vel capella extra. — 17. Arimathia. — 18. mons seu 
monticulus est ubi dominus lhesus. — 19. xvi. graduum a pavimento ecclesie. 
Sub illo. — 20. canas. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


349 


Golgata a locus, ubi quidam dicunt capul primi 1 hominis fuisse 
|| inventum. In quem scilicel locum descendit sangwis 2 Christi roi. 29 1 
fluens de vulneribus eius. Item supra et hune locum ultra, versus 
orientera, est crippa + + +, sive testudo vel croca profunda 9 + 
.xxxix. graduum, ubi sancta crux * ab Helena, Constantini 
maire, fuit inventa. Item propn hune locum directe 9 ad orientem, 
est altare ubi sanctus * Jacobus junior 7 celebrabat, ad quod * per 
eandem viam descenditur per .xj. 9 gradus. Ibique prope est 
kathedra lapidea, ubi quidem sanctus Iacobus 4 episcopus c sede- 
bat quando missam dicebat 70 . Iterum stando in eodem supra 
dicto loco ubi est médius mundus 11 et eciain dirigendo vultum 
suum ad orientem, a 79 dextris suis prope murum ecclesie versus 
aquilonem est quidam locus per circuitum signatus uno lapide 
rubeo. In cuius medio 79 est una parva fenestra ubi Dominus 74 
resurgens a 79 mortuis aparuit 79 Marie Magdalene, quando exti- 
mavit eum orlulanum ”, etc., esse. Hic autem locus dislat a sepul- 
cro sancto .xvi. 79 passibus. Deinde magis ultra, per eandem por- 
tant vel viam sed a sinistris 79 , est una colupna 90 rubea -| — | — 1-, in -j_ 
qua Dominus fuit ligatus et flagellatus 31 , quando locus crucis 
parabalur. Ista vero columpna est murala in quodam muro, ubi 
videtur quod fuerit d aliud altare 92 distans duobus passibus a 
quodam alio altari, et iuxta illud altare, est foramen ubi dicta 
columpna fuit inôxa. Istius itaque columpne medietas dicitur esse 
Rome, in ecclesia sancte Marie maioris. Sed aliqui dicunt quod 
dicta medietas sit 99 murata in altari, quod prope 94 locum ubi 
Dominus aparuit 29 Marie Magdalene. Aliqui vero dicunt quod 


a. Sic. j et de même dans le ms. d’Évreux. 

b. A la place de Jacobus, il y a, dans le manuscrit, un mot qui paléographi- 
quement pourrait s’interpréter par montis (mot); je suppose qu’il y faut voir, 
une altération graphique de Jacobus ( iacob »). 

c. Ms. : episcopi ( epi ). 

d. Dans le ms. T., au lieu de fuerit , il semble qu’il y ait fiso. Je rétablis 
fuerit d’après le ms. d’Évreux. 

Variantes du ms. d’Evreux : 1. ubi dicitur capud primi. — 2. sanguis . — 
3. Item supra et ultra hune locum versus orientem est scripta seu antrum 
profunda. — 4. sancta crux Christi. — 5. hune locum versus directe. — 6. bea- 
tus. — 7. minor. — 8. quam. — 9. ix. — 10. cathedra lapidea ubi idem sanctus 
Iacobus minor solito sedebat quando dicebat missam. — 11. Les mots ubi est 
médius mundus manquent. — 12. et (au lieu de a). — 13. rubeo , et in eius 
medio. — 14. fenestra, ibique dominus. — 15. ex (au lieu de a). — 16. apparuit. 

— 17. existimavit eum ortolanum esse. Hic. — 18. sancto sepulcro xvi cim . — 
19. per eandem partem per viam scilicet a sinistris. — 20. columpna. — 
21. liguatus fuit et flagellatus. — 22. ubi videtur quod (q') fuerit aliquando 
(aliqü, peut-être : aliquod) altare distans. — 23. est. — 24. quod est prope. 

— 25. apparuit. 


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350 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


fuerunt 1 due columpne, quarum ona stetit extra civilatem prope 
sepulcrum beate Marie, ubi Dominos fuit incarceratos, ligatos et 
flagellatus. Et ista colompna postea fait portata ex devocione in 
ecclesiam sancti Sepulcri-, forte in allari quod est prope locum 
ubi Dominas apparuit Marie Magdalene *. Et forte quelibet istarom 
duarum colompnarum fuit divisa per medium et ex eis s fuerunt 
quatuor 4 parles, quarum due sunt in ecclesia sancti Sepulcri, 
una est murata in muro sancti Salvatoris, in montent Syon *, ubi 
sunt Armeni a , alia vero, ut supra diclum est, fuit portata Rome. 
roi. 27 a Deinde vero magis * ultra || per eandem viam, est locus -f + + 4 
carceris Christi ubi stetit quando crux parabalur. Ibique prope, 
est locus ubi mater eius stabal iuxla filium suum ligatum ; et 
licet Dominus venerit a meridie 1 ad locum passionis, et locus 
eius incarceracionis sit ultra locum passionis ad aquilonem, id 
est directa via lamen potest dici quod ideo fuit ductus illuc quia 
in toto illo orto vel spacio non erat aliquis locus alius * ita aptus 
Judeis ad incarcerandum Dominum et regem universorum. 
Deinde ibi prope in muro ecclesie est parva fenestra per quam, 
ut asseritur, auditur clamor animarum clamancium in purgatorio. 


[IX. De locis sanctis Syon et peregrinacionibus que sunt in via 
eundo de Sepulchro ,0 .] 

Urbs itaque forlitudinis nostre, Syon, mons coagulatus, mons c 
pingwis ", mons in quo beneplacitum fuit 11 Deo habitare. In eo 
pars est versus meridiem civitatis lerusalem 15 sublimior. Civitas 
enim lerusalem 14 in Scriptura sancta dicitur filia montis Syon . 
In quo quidem monte iurris David, défendons 15 civitatem sicul 
mater protegit filiam suam. Exeundo igitur de ecclesia Sancti 


a. Il y avait sur le Mont-Sion, un grand couvent arménien, dédié à S. Jacques 
fils deZébédée (cf. ch. ix, et ci-dessus, p. 321, n. 3). 

b. La croix qui aurait dû être placée à cet endroit, en marge du manuscrit, 
manque. 

c. Jacques de Vitry ( Hist . Hierosol ., ch. 62 ; éd. Bongars, p. 1081), et Philip- 
pus (p. 43) appliquent cette épithète de mons pinguis au mont des Oliviers. 

Variantes du ms. dTSvreux : 1. fu’ut. — 2. Le passage : ubi Dominus 
fuit incar ceratus... apparuit Marie Magdalene manque. — 3. hiis. — 4. fue- 
runt facte iiij or . — 5. una vero est murata in ecclesia sancti Salvatoris in 
monte Syon. — 6. Item deinde magis. — 7. in meridie. — 8. aquilonem quasi 
directam viam. — 9. Le mot alius manque. — 10. De locis sanctis montis Syon 
et peregrinationibus que sunt via eundo de sancto sepulcro addictum locum. 
Rubrica. — 11. pinguis. — 12. est. — 13. Iherusalem sub illo muro. Civitas. — 
14. Iherusalem. — 15. monte erat turris David deffendens. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


351 


Sepuleri Domini nostri *, stalim extra * portam dicte ecclesie, 
[sunt quedam capelle a dexlris et a sinistris illius spatii quod est 
ante portam dicte ecclesie] °, quas peregrini somma devocione * 
visitant. In medio autem pavimenti illius, est 4 unus lapis ubi Domi- 
nus venions ad passionem aliquantulum cum cruce stetit 5 . Item 
aliquantulum magis ultra, est unus * lapis alius, ubi venions ad 
passionem plorantibus venientibus post eum ait : Fi lie Jérusalem \ 
noliie flere, etc. *. Item magis ultra eundo * in montera Syon, est 
locus ubi Ghristus apparuit tribus Mariis, id est Marie Magdalene, 
Jacobi et Salome **. Item magis 6 ultra per eandem viam eundo 
Syon invenitur ecclesia beati Jacobi Zebedei que est Armeno- 
rum, in quo « est locus ubi quondam depositum fuit capud beati 
Jacobi maioris '* ablatum per manum angeli de Jopeu *\ ubi fuit 
decapitalus. Post d magis ultra 14 invenitur mon « Syon. Primo “ 
invenitur ecclesia Sancti Salvatoris, que, ut asserilur, olhn fuit 
domus Cayphe " principis sacerdotum, in qua fuit Dominus ” 
nocte flagellatus; et ibi est pars columpne in muro parielis 


a. La phrase placée ici entre crochets, et qui est indispensable pour le sens, 
manque dans le ms. de Trêves. Je la rétablis d'après le ms. d'Évreux. 

b. Cf. Philippus (pp. 38-39) : « Postea debet homo ire ad montent Syon et in 
itinere invenitur ecclesia b. Jacobi majoris fllii Zebedei, que est Hermeneorum. 
Ibi est locus, ubi quondam repositum fuit caput ipsius Jacobi ailatum de 
Yoppen per manus angelorum et ibi fuit decollatus, ut quidam dicunt ; alii 
vero quod in Jérusalem , ubi est ecclesia ipsius, decollatus fuerit, quod magis 
credo. » 

c. Sic , et de même dans le ms. d'Évreux. 

d. Cf. Philippus (p. 39). « In monte Sion invenit homo domum Salvatoris, que 
olim fuit domus Cayphe principis sacerdotum, in qua Dominus noster tota 
nocte fuit flagellatus, et est ibi pars columpne, in qua eciam dicitur fuisse 
ligatus et flagellatus. Ibidem eciam Petrus ter Christum negavit, antequam 
gallus cantaret, et ibi sedens in atrio cum ministris calefaciebat se, quia 
frigus erat. Ibi eciam est carcer, ubi Judei Jesum imposuerunt et servaverunt 
usque mane ; mane autem facto miserunt eum vinctum ad Pilatum. Est eciam 
ibi lapis grandis super altare, qui dicitur fuisse lapis, qui primo positus fuit 
super monumentum Domini nostri?... Deinde homo vadit ad cellam quan- 
dam, in qua beata Virgo Maria morabatur.xiiii. annis post ascensionem flii sui 
ad celum. Et ibi prope est alia cella in qua ipsa benedicta Virgo migravit ex 
hoc seculo ». — Voy. aussi Orderic de Pordenone, éd. Laurent, p. 150; Sanudo, 
Sécréta , 1. ni, pars 14, c. 8; éd. Bongars, p. 254. 

Variantes du ms. d’Evreux : 1. Le mot nostri manque. — 2. ante . — 
3. ecclesie sunt quedam capelle a dextris et a sinistris illius spatii quod est 
ante portam dicte ecelesie quas peregrini cum magna devotione. — 4. istius 
pavimenti est. — 5. cum cruce in collo stetit. — 6. magis ultra in via publica 
est unus. — 7. Iherusalem. — 8. flere super me , etc. — 9. Item magis eundo 
ultra in. — 10. ubi Christus post resurrectionem suam apparuit tribus Mariis , 
scilicet Magdalene, lacobi et Salomee. — 11. viam scilicet eundo in montem 
Syon. — 12. minoris. — 13. Joppen. — 14. Decapitalus i*o (= ideo?). Item magis 
ultra . — 15. mons Syon , ubi primo. — 16. Caiphe . — 17. Dominus fuit. 


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352 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ecclesie coilocata, ad quam tune fuit ligatus. Et propter hoc 
dicunl aliqui quod Dominus in carcereillo prope ortum ubi Domi- 
nus 1 fuit captus 8 [non extitit] a ad aliquam coiumpnam ligatus, 
quamvis fuerit multipliciter 3 illusus et flagellatus. In eadem 
foi. 27 6 Cayphe quoque domo, Petrus ter Dominum negavit. Ibi||eciam 
est 4 carcer ubi Judei posuerunt eum usque mane \ Mane 
autem factum b miserunt vinctum 6 ad Pilât um. Est eciam 7 ibi 
lapis grandis super altare qui dicitur fuisse primo 8 positum 9 
super monumentum Domini. De inde 10 magis ultra versus meri- 
diem, ilur ad cellam in qua beata Maria virgo 11 habitabat vel 18 
+ morabatur orando .xmj. annispost ascensionem 13 filiisui + + +- 
Ibi 14 prope est alia cella ubi beata Maria migravit ad dominum 
suum. Et ibi e[s]t locus prope ubi sancti apostoli 18 congregaverunt 
se de toto mundo ad exequies 16 beate Marie. Est c eciam ibi 17 alia 
cella beati Johannis ewangeliste * 8 , que fuit prima ecclesia mundi. 
In qua idem beatus Johannes celebravit 19 missam in conspectu 
beate Marie virginis 80 quamdiu ipsa vixit post ascensionem fllii 
sui. Et adhuc est ibi 81 quidam lapis rubeus qui erat pro altari 
portatus per angelum Domini de monte Sinai 88 precibus beate 
Marie virginis 23 , que desiderabat videre locum ubi Dominus d 
dédit legem Moysi prophète sancto. Est autem alia 84 capella in 
monte Syon in qua est locus ubi Christus cenavit cum discipulis 
+ suis 85 et ibi eos communicavit + + +• Est similiter ibi alius locus 86 
ubi Dominus surgens a cena lavit pedes discipulorum. Ibique ' 
prope 87 quasi super hune locum licet non directe, est alia 


a. Les deux mots placés ici entre crochets manquent dans le ms. de Trêves. 
Je les rétablis d’après le ms. d’Évreux. 

b. Sic. 

c. Le passage qui suit, jusqu’aux mots pedes discipulorum se trouve pres- 
que textuellement chez Philippus, p. 40. 

d. Abrégé en do 9 , et de même dans le ms. d’Evreux. 

e. Le passage qui suit, jusqu’aux mots sui regis similiter (ci-dessous, p. 353, 
i. h), se trouve à peu près identique chez Philippus, p. 40. 

Variantes du ms. d’Evreux : 1. Le mot Domintcs manque. — - 2. captus , non 
extitit ad aliquam. — 3. fuerit ibi multipliciter. — 4. Item in eadem domo 
Caiphe fuit Petrus cum negavit Dominum. Item ibi est carcer. — 5. posue- 
runt Ihesum ligatum et servaverunt eum usque mane. — 6. Mane autem 
facto , miserunt eum vinctum. — 7. autem au lieu de eciam. — 8. primo fuisse. 
— 9. positus. — 10. Item magis. — 11. virgo Maria. — 12. Les mots habitabat 
vel manquent. — 13. assentionem. — 14. Item ibi. — 15. migravit ad celum. 
Et ibi prope est locus ubi apostoli. — 16. exequias. — 17. Item est ibi. — 
18. euvangeliste. — 19. in qua idem celebrabat missam. — 20. Le ms. E n’a 
pas virginis . — 21. assentioneyn filii sui. Item adhuc est ibi. — 22. Sxjnay . — 
23. E n’a pas virginis. — 24. legem sancto Moysi prophète. Item est alia. — 
25. ubi cenavit Dominus cum appostolis suis. — 26. communicavit. Item 
est ibi locus tibi. — 27. discipulorum suorum. Item ibi prope. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


353 


ecclesia * ubi spiritus sanctus descendit super discipulos Christi. 

Est autem alia capella 9 desubtus, in qua Dominus aparuit 3 
discipulis suis, januis clausis, et ait Thome " : Infor digitum tuum 
hue 1 . Item in eodem monte est alius locus ubi sancti apostoli 
elegerunt beatum Mathyam 3 in apostolum. Est eciam 3 ibi alius 
locus ubi apostoli elegerunt septem dyaconos 7 , scilicet beatum * 
Stepbanum et alios. Ibi iuxta 9 est alius locus ubi beali 10 apos- 
toli elegerunt beatum Jacobum juniorem “ in episcopum Ieroso- 
limitanum li , qui fuit primus episcopus in Ierusalem ,s . Ibique 
prope iuxta locum sub cenaculo ubi Dominus lavit pedes discipu- 
lorum, est sepulcrum David régis et Salamonis filii sui regis 
similiter. In quo sepulcro ponebantur omnes reges Ierusalem u . 

Ibi 4 eciam 15 non longe, est sepulcrum beali Stephani protho- 
martiris ,6 , ubi post inventionem suam primo c positum fuit 17 
corpus eius. Nunc autem est Rome, in eodem sepulcro cum beato 
Laurencio In descensum <9 itaque montis Syon quasi versus 
orieutem est locus ubi sancti appostoli i0 , portantes dominam nos- 
tram virginem Mariam 91 ad sepulcrum su uni 99 in valle Josaphat, 
deposuerunt feretrum eius ; quod audientes Judei qui morabantur 
in vico, cucurrerunt || ad locum ut râperont corpus eius et conclu- roi. 28 a 
serunt * 2 ipsum 3 , qui omnes a Domino percussi fuerunt cecitate; 
sed, penitentia ducli, per beatam Mariam, confitentes esse matrem 
Dei virginem, continuo visum receperunt, ut f in eius legenda 

a. S. Jean, XX, 27. 

b. Le passage qui suit, jusqu’aux mots et concluserunt ipsum (ci-dessous, 

1. 21), figure également chez Philippus, p. 42. Voy. aussi ms. de Munich, 
lat. 14731, fol. 87 b. 

c. Ce mot est abrégé en p 9 , qui paléographiquement devrait plutôt s’inter- 
préter par post ; mais il est probable qu’il y a là simplement une erreur do 
transcription pour p°. 

d. Philippus, au lieu de conclusei'unt y a comburerent ; de même le ms. 
d’Évreux. 

e. Après ipsum , Philippus (p. 42) ajoute : « Tune pontifex Judeorum, ceteris 
impudicior et audacior, misit manus ad feretrum ejus, cui subito arefacte sunt 
manus »>. Voy. aussi Orderic de Pordenone, éd. Laurent, p. 150; et le ms. de 
Munich, lat. 14731, fol. 87 b. 

f. Le manuscrit porte uts qu’il faut peut-être interpréter par ut est . 

Variantes du ms. d’Evreux s 1. E n’a pas est alia ecclesia. — 2. Christi. 

Est eciam ibi ilia capella. — 3. apparuit apostolis ianuis clausis. — 4. tuum , 
etc. — 5. Mathiam. — 6. enim. — 7. vii dyacones. — 8. E n*a pas beatum. 

— 9. Item ibi iuxta. — 10. E n’a pas beati. — 11. minorem. — 12. Iherosolimi - 
tanum. — 13. Iherusalem. Item ibi etiam iuxta prope locum sub. — 14. regis 
David et Salomonis. In quo rnittebantur reges Iherusalem. — 15. Item 
ibi etiam. — 16. sancti Stephani primi martiris. — 17. suam primo fuit posi- 
tum. — 18. Laurentio . — 19. decensu. — 20. apostoli. — 21. E n’a pas virginem 
Mariam . — 22. E n’a pas suum. — 23. corpus eius et comburerent ipsum , ut 
habetur in eius legenda (il manque les mots qui onmes... receperunt). 


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A 



354 


REVUE DE L’ORIENT LATIH 


Item aliquantulum magis ultra ' descendendo per eandem viam 
et eundo in vallem * Josaphat, est ecclesia s que Gallicantus a 
dicitur, iu qua est cava vel cripta 4 profunda, ubi beatus Petrus, 
penitens de negatione Domiui, flevit amare 5 . 


[X. De templo Domini et iemplum Salomonis *.] 


Templvm igitur Domini sanclum constructum fuit 7 a rege 
Salomoue iu monte Moria *. lu quo scilicet moule, voluil 
Abraham ymmolare * filium suum Ysaac. Et in eo loco qui olim 
Lupa b et Betel 111 dicebatur, situm est dictum templum 11 infra 
cmlatem sanctam Ierusalem ", et ex una parte quasi coulinuatur 
cum muro dicte civilatis. Qui quidem murus respicil orieutem et 
vallem Josaphat et aliquantulum meridiem. In quo est Porta 
aurea seu ferrea per quam Dominus in Ramis palmarum intravit 
et ivit in Templum. In eo itaque loco " ubi postea templum fuit 
constructum, Jacob, nepos Abrahe, dormions, lapide sub capite 
posito ", vidit scalam usque ad celum erectam et Deum innixum 
scale c angelosque descendentes et ascendantes per eam, et ait : 
Vere dominus est in loco isto, non est hic aliud nisi domus 
Dei et porta celi d ; ex quibus verbis innuitur 16 quod previderit ibi 
templum Domini ediûcandum ", licet e aulem prediclum tem- 
plum a Babilonis primo 17 fueril destructum, et postea a Romanis 
et a religiosis viris et fidelibus opéré rolundo fuerit detectum f et 


a. Le passage relatif à l’église dite Gallicantus est peut-être tiré de Philip- 
pus, p. 43. — Cf. Orderic de Pordenone, ch. xxii (éd. Laurent, p. 150). 

b. Sic , pour Luza. 

c. La lecture des mots innixum scale est conjecturale; car il semblerait plu- 
tôt que le ms. portât coü (ou am) X m scalem. Mais comme je n’ai pu trouver 
une interprétation satisfaisante de cette écriture, je suppose une erreur de 
transcription et je rétablis innixum scale d’après la Bible [Genèse, XXVIII, 13). 

d. Genèse , XXVIII, 16, 17. 

e. Le passage qui suit, jusqu’aux mots est reparatum (ci-dessous, p. 355, I. 2) 
figure presque mot à mot chez Philippus, p. 47). 

f. Sic , peut-être pour erectum. 

Variantes du ms. d’Evreux : 1. Item magis aliquantulum ultra. — 
2. valle. — 3. est ibi ecclesia . — 4. cava scripta profunda. — 5. amare , etc. — 
6. De templo Domini et templo Salomonis. — 7. extitit. — 8. Môria (le signe 
d’abréviation est sans doute de trop). — 9. in quo voluit Abraham immolarè. 
— 10. Luza et Bethel. — 11. Situm namque est templum infra. — 12. Iheru- 
salem. — 13. Templum. Item in eo loco ubi. — 14. sub capite subposito. — 
15. celum erectam, etc., ex quibus innuitur quod (il manque la phrase : et 
deum.... porta celi). — 16. ibi templum Domini esse ibi edificandum. — 17. p 9 
(= posf). 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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magnifiée 1 in eodem loco miro et subtili artificio iterum est repa- 
ratum. In hoc siquidem sancto templo, puer Ihesos a matre 
sua sapientissima 3 virgine Maria presentatus eztitit et susceptus 
in ulnas sancti Symonis. Ibi Christus dominus 3 ante et post eius 
incarnacionem multa miracula 4 fecit, ut patel in novo 5 et veteri 
testamento . Hune vero * locum Sarraceni in magna reverencia 
habent, adeo quod de longinquis partibus ad ipsum adorare con- 
veniunt 7 . Quociens * autem sanctam civitatem possident, ymagi- 
nem Machometi ponentes in templo, nullum christianum per- 
miltunt inlrare °. Et propterea Ierosolimis templum aliud 9 non 
longe a Templo Domini inmense 10 quanlitatis et amplitudinis 
[edificalum est] b , quod Domus salius || id est de lignis Libani fo1 ' 28 8 
Templum Salamonis 11 appellatur, quia Salamo 11 ibi docebat et 
judicia faciebat 13 . 


[XI. De quibusdam locis memorabilibus et sanctis 
existentibus infra urbem Ierusalem '*.] 

Ab oriente itaque veniendo in Ierusalem 13 communiter intra- 
tur per portam sancti Stephani prothomartiris. Hec autem porta 
in Sacra Scriptura olim multis nominibus appellabatur. Sed quia 
bealus Stephanus extra civitatem prope hanc portam extitit a 
Judeis lapidatus, ideo ob eius reverenciam porta Sancti Stephani a 
fidelibus nunc appellatur. G um autem per hanc portam equo regio 13 
et ornamenlis imperialibus ingredi vellet Eraclius, chrislianis- 
simus imperator, revertens a sede c Cosdree regis Persarum, 
lignum crucis dominice in manibus portando 13 , repente lapides 

a. La phrase Quociens autem.... intrare figure textuellement chez Philip- 
pus, p. 47. — Voy. aussi Jacques de Vitry, ch. 63. (éd. Bongars, p. 1060) ; Guide 
de T. S. (manuscrit de Munich, lat. 14731, fol. 89 a). 

b. Les mots placés entre crochets ne se trouvent pas dans le manuscrit; je 
les rétablis, par conjecture, afin de rendre la phrase correcte. Il est à remar- 
quer qu’ils ne figurent pas davantage dans le manuscrit d’Évreux, lequel pré- 
sente ici la même incorrection que le manuscrit de Trêves. 

c. Sic , et de même dans le manuscrit d’Êvreux. 

Variantes du ms. d’Evreux : 1 .et postea Romanis tam a religiosis viris 
et fidelibus opéré rotundo decenter et magnifiée in. — 2. sanctissima. — 3. in 
ulnis saticti senis Symmonis f in quo Christus dominus ante. — 4. mirabilia . 
— 5. patet novo. — 6. vere. — 7. veniant. — 8. Quosciens. — 9. intrare . Item 
et propterea Iherosolimis templum illud. — 10. intense. — 11. Salomonis. — 
12. Salomon. — 13. et iuditia faciebat, etc. — 14. Le quibus locis memorialibus 
et sanctis existentibus infra urbem Ihemsalem. — 15. Iherusalem. — ■ 16. in 
equo regio. — 17. sede Consorois (9sorois). — 18. E n’a pas la phrase lignum 
crucis portando. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


porte descenderunt et invicem quasi unus paries se clauserunt. 
Super quo cunctis stupentibus, angélus Domini signum crucis 
manibus tenons, super portam apparuit dicens : « Gum rex celo- 
« rum ad passionem per hanc portam intraret, non ornatu 1 
« regio sed humili asello ingrediens, exemplum humilitatis suis 
« cultoribus dereliquit *. » Et, hiis dictis, angélus abscessit Tune 
imperator, lacrimis perfusus, discalcialus et usque ad camisiam 
spoliatus, crucem Domini accipiens usque ad portam humiliter 
baiulavit. Moxque lapides ad suum locum redierunt, et iDtr an- 
tibus cunctis ingressum patefecerunt Fertur autem a quibus- 
dam quod propter miraculum illud predicta V porta nunquam 
postea extitit clausa, nec a christianis nec a Sarracenis, sed sem- 
per aperta permansit. Prope igitur hanc portam, ad jactum lapi- 
dis seu baliste 5 , est Porta ferrea sive aurea * in muro civitalis 
a sinislris ’, ad quam erat asina alligata et pullus cum ea. De hac 
porta * narratur quod, statim ut Ihesus Chrislus in Ramis palma- 
rum intravit sedens super asinam per ipsam, clausit se, et 
nunquam poluit postea aliquo arliflcio vel aliquo conatu per ali- 
quem aperiri *. Sed, ut patet ex verbissancti angeli superius posi- 
tis l0 , Christus Thesus in die palmarum non intravit per hanc por- 
tam, sed pocius, ut dictum est per portam sancti Stephani 
intrasse videtur. Quod autem hec 11 Porta aurea clausa perma- 
neat, ideo dicunt aliqui factum esse quod per eam hommes 13 
foi. î# a venientes de foris poterant ire ad templum Domini || absque eo 
quod intrarent per civilatem b . Sarraceni hanc portam u clau- 
serunt cum quadam « alia porta que est versus meridiem, per 
quam beata Maria 13 venit ad Templum cum filio suo ofiferens 
ilium Deo in Templum **, secundum legem Moysi. Sed peregrini 


a. Voir, sur cette légende, Rab&n Maur, Homiliae de festis praecipuis, lxx 
(Migne, Patr. lat ., CX, col. 133), et les documents réunis dans notre ouvrage, 
actuellement à l’impression Itinera Hierosolymitana latina bellis sacris ante - 
riora , t. II. fasc. 2, pp. 290 et suiv. 

b. Ici le manuscrit d’Evreux ajoute : et idcirco ne aliquis vadat ad Templum 
antequam intret per civitatem, ce qui rend la phrase plus correcte et plus 
claire. 

c. Ms. T : quedam. 

Variantes du manuscrit d’Evreux : 1. cultu. — 2. dereliquid. — 3. abcès - 
sit. — 4. istut miraculum predicta. — 5. E n’a pas seu baliste. — 6. aurea 
sive ferrea. — 1. ad sinistrum. —8 .De hac itaque porta. — 9. postea potuit 
aperiri aliquo artificio nec aliquo conatu per quem aperiretur. — 10. angeli 
predictis. — 11. E n’a pas ut dictum est. — 12. autem nunc hec porta. — 
13. quia homines per eam. — 14. ire ad sepulcrum Domini usque eo quod 
transirent per civitatem, et idcirco ne aliquis vadat ad Templum antequam 
intret civitatem , Sarraceni hanc portam. — 15. beata virgo venit. — 16. E n’a 
pas in Templum. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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communiter omnes asserunt quod Christus dominas 1 per Por- 
tam auream vel ferream intraverit in die palmarum. El ideo 
verba sancti angeli large intelligenda sunt, scilicet pro tota ilia 
parte per quam Dominas in die predicta transivit 2 . 

Poslquam 3 homo intrat Ierusalem 4 per portant sancti Ste - 
phani, statim occarrit sibi via vel platea 8 per quam Christus 
Ihesus [transivit] a cum cruce in collo vadens 8 ad montent 
Calvarie ad locum sue passionis. Ibique infra 7 civitatem prope 
portam iam dictam versus Templum Domini a sinistris est Proba - 
tica piscina c t in qua nunc apparet 8 aqua in quam 9 primus 
descendens quolibet anno ministerio angeli sanabatur a qua- 
cumque fuisset detentus inflrmitate 10 . Item in eadem via et prope 
portam sepe diclam 11 , est ecclesia sancte Anne que nunc est 
mosueta 12 Sarracenorum, ubi ostenditur locus vel cripa 18 ubi fuit 
nata beata Maria d > que olim fuit domus Joachim et Anne, patris 
et matris virginis Marie u . Juxta vero istam ecclesiam, est una 
piscina cum aqua, ad quam descenditur per multos gradus, ubi 
multo tempore latuit 18 lignum sancte crucis e ; et hec piscina, ut 
quidam dicunt, vocatur Probatica 16 . Sed sapientes commuoiter 
affirmant de prima. Juxta 17 hanc domum vel ecclesiam eundo per 
dictam plateam a d extris, est unus lapis in terra, ubi primo fuit 
crux 18 posita in collo domino nostro Ihesu Christo. 

Postea f vadit 19 homo magis ultra per eandem plateam a dex- 
tris ad domum Anne principis sacerdotum , ad quam Christus 20 
fuit ductus. Et ibi est domus in qua Judei concilium fecerunt 21 , ut 


a. Ce mot manque dans le manuscrit de Trêves; je le rétablis d’après le 
manuscrit d’Évreux. 

b. Ms. T : celo. 

c. Cf. Philippus, p. 51. 

d. Cf. Philippus, p. 51. 

e. Cf. Philippus, p. 51 : ubi multo tempore jacuit lignum sancte crucis . 

— Voy. aussi Orderic de Pordenone, éd. Laurent, p. 152. 

f. Le passage qui suit, jusqu’aux mots : et occiderent (ci-dessous, p. 358, 1. 1), 
se trouve à peu près textuellement chez Philippus, p. 52. — Voy. aussi Orderic 
de Pordenone, p. 152. 

Variantes du manuscrit d’Évreux : 1. E n’a pas dominus . — 2. JDominus 
intravit in die palmarum predicta . — 3. Item postquam. — 4. Iherusalem . — 
5. platea publica. — 6. per quam Christus transivit cum cruce in collo vadens. 

— 7. Ibi itaque infra. — 8. nunc non aparet. — 9. qua. — 10. descendens in 
ministerio angeli quolibet anno a quacumque inflrmitate detinerelur sanaba- 
tur. Item. — 11. via adextris et prope portam supra dictam. — 12. musceca. 

— 13. scripta. — 14. Joachim patris et Anne matris beate Marie. Juxta vero. 
— 15. lignum sancte crucis latuit. — 16. probatica piscina. Sed. — 17. dicunt 
communiter et affirmant de prima. Item juxta. — 18. crux fuit. — 19. Postea 
vero vadit. — 20. ad quam primo Christus . — 21. fecerunt consilium. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


lhesum dolo tenerent et occiderent. Juxla 1 itaque templum 
Domini est donnas ubi beatus Petrus apostolus de maodato Herodis 
regis extitit incarceratus, uude per manus angeli fuit extradas et 
extra Portam ferream duc tus °. Postea * recto tramite per eandem 
viam a dextris, vadit homo ad domum Pilait, ubi Dominus fuit 
flagellatus, coroua * de spiuis coronatus et ad mortem judicatus. 
El ibi est via que ducit ad Templam, per quam Judei venieutes de 
Templo clamabant 4 : Crueifige, erueifige eum *. Item « per 
roi. » 6 eandem viam || a sinistris, est ecclesia que vocatur Sancta Maria 
de spasmo, ubi sancta Maria spasmavit * ex dolore, quando vidil 
filium suum ita turpiler duci ad mortem. Et ibi * prope super 
hanc plateam, est quidam arcus sub quo transeunt omnes 
euntes 7 per dictam viam, ubi dicitur fuisse Licostratus, id est 
curia Pilati, in cuius cacumine sunt murati duo magni lapides 
albi * de quibus dicitur in ewangelio Luce, 19 d : Si isti pueri 
tacerent, et lapides clamabunt *. Ibi aliquantulum ultra, recta 
via, Judei invenerunl Symonem Cironeum 10 qui porta vit cru- 
cem Ihesu; et ibi prope monstratur locus a vulgo " ubi Johannes 
Butadium inpulil Ghristum dominum quando ibal ligatus ad mor- 
tem [insultando dicens Domino : « Vade ultra, vade ad mortem. » 
Gui respondit Dominus : « Ego vado ad mortem] «, sed tu usque 
ad diem iudicii non morieris pro tua culpa. » Unde dicunt quod, 
propler culpam quam commisit in dominum lhesum Christum, 
non morietur usque ad diem judicii. Et, ut dicunt quidem simplices, 
visus est aliquando a multis **. Sed hoc non asseritur a sapienti- 

a . Le passage qui suit, jusqu’à Crueifige eum (ci-dessous, 1. 8), figure, en 
termes presque identiques, chez Pliilippus, p. 52. — Yoy. aussi Orderic de 
Pordenone, éd. citée, p. 152. 

b. S. Marc, XV, 13; S. Luc, XXIII, 21; S. Jean, XIX, 6. 

c. Comparer le passage suivant avec le passage correspondant de Philip- 
pus, pp. 52-53. Voy. aussi Orderic de Pordenone, éd. citée, p. 152. 

d. S. Luc, XIX, 40. 

e. Le passage placé entre crochets, nécessaire à la compréhension de la 
phrase, manque dans T; je le rétablis d’après E. 

Variantes du manuscrit d’Évreux : 1. dolo c a per eut, etc. Postea vadit homo 
ad domum Herodis regis que est etiam a dextris in eadem via ex opposito ad 
viam que vadit ad templum Domini. Juxta itaque templum Domini est domus 
ubi beatus Petrus apostolus. — 2. Item postea. — 3. et corona. — 4. clama - 
bant : Crueifige eum. — 5. de Pasmo , ubi beata Maria pasmavit. — 6. Item 
ibi. — 7. omnes homines euntes. — 8. duo lapides albi de quibus dicit Domi- 
nus in ewangelio Luce XIX ® .* Si. — 9. tacerent , isti lapides non tacerent. 
— 10. Syreneum. — 11. Ihesu et ibi prope est domus Iude proditoris, ubi ipse 
cum uxore sua et filiis morabatur. Item magis ultra per eandem viam est 
locus a vulgo ubi Iohannes Buccadeus impellit Christum dominum. — 12. 
mortem insultando dicens Domino : « Vade ultra , vade ad mortem ». Cui 
respondit Dominus : « Ego vado ad mortem , sed tu usque ad diem iuditii 
non ». Et, ut quidam dicunt simplices , visus est aliquando multis. Sed. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


359 


bus, quia dictas Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes 
Butadium sano vocabulo appellatur Johannes devotus Domini 9 , 
qui fuit scutifer Karili * magni et vixit ij c x° annis a . Ibique prope 
ad 4 iactum lapidis a sinistris super quemdam arcum 5 qui est 
super quamdam viam sive carreriam 6 , est Domus divitis qui 
micas panis negavit Lazaro Item magis ultra ante ecclesiam 
sancti Sepulcri iuxta pavimenlum quod est ante porlam, via sive 
carreria tantum media est, et monstratur domus sive kospiiale, 
ubi morabantur hoapitalarii sancti Johannis lerosolomitani, et 
videtur fuisse locus sollempnior qui monstratur in tota ilia sancta 
civitate, monasterio Sancti Sepulcri et Templo Domini exceptis. 
Et sic patet de hiis que sunt in civitate Ierusalem relatione 
digna. 


[XII. De locis sanctis et dignis memoriis qui sunt in valle 

Fullonum *.] 

Turris itaque David vel castrum * situm est inter montem 
Syon et turrim Jebuseorum, ab ista vero turri Iebuzeorum 10 que 
est in capite civitalis Ierusalem 11 versus aquilonem et usque ad 
portam sancti Slephani que est in fine eius, Adrianus 11 impe- 
ralor fecit fieri unum murum continuum includentem 19 infra 
civitatem montem Calvarie et locum sepulcri 14 Domini. Extra 
itaque turrim David, est locus ubi Judas || proditor suspendit m. 30 « 
se 1 ad quandam arborem sycomorum 14 . Sed aliqui dicunt quod 
suspendent 11 se extra Templum Domini versus orientem ad unam 
ficum que est in descensu a Templo in vallem Josaphat. Quidam 
vero alii 17 dicunt quod suspendent se in valle Josaphat ad quan- 
dam maceriem 19 lapidum possessions sue que est inter fontem 


a. Voy. ci-dessus, p. 325, n. 2, ce que je dis de ce passage. 

b. Sur cet emplacement, cf. Tobler, Topogr. von Jérusalem, t. II, pp. 207 et 
suiv. 

Variantes du manuscrit d’Evreux s 1. Buccadeus. — 2. devotus Deo qui. 

— 3. Karoli. — 4. ccl annis. Itemibi quoque ad. — 5. archum. — 6. E n’a 

pas sive carreriam. — 7. Lasaro. Et sic patet de hiis que sunt infra civita- 
tem Iherusalem (il manque toute la phrase : Item magis ultra exceptis). 

— 8. De locis sanctis dignis memoria que sunt in valle Josaphat Fullonum. 
Rubrica. — 9. Turris itaque vel castrum David situm est. — 10. lebuseorum. 
— 11. Iherusalem. — 12. que est in fine, Elius Adrianus . — 13. includens. — 
14. sépulture. — 15. siccomorum. — 16. suspendit. — 17. Quidam alii vero. — 
18. suspendit se ad quamdam maceriem (il manque les mots : in valle Josa- 
phat). 


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360 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Rogeam 1 et ecclesiam beatiJacobi . Item a alonge a turri David ad 
duos jactos 2 baliste, est Cava vel Cripta 3 leonis , ubi sunt sepulti 
.x. milium martirum 4 qui occisi sunt sub imperio Cosdre, regis 6 
Persarum,pro nomine Domini. Item juxta 5 eandem turrim quasi 
ad meridiem, olim fuit fons Gion superior , in capite vallis vel agri 
Fullonum, ubi Salamon extitit inunctus 6 in regem ; sed allibi 7 
legitur quod fuerit inunctus in monte illo supra 8 Campum sanc- 
tum. Hic itaque fons Gion superior per meatus subterraneos ibat 
per civitatem et intrabat Probaticam piscinam, ubi lavabantur 
hostie que erant pro sacrificio quod flebat in templo Domini. Ab 
isto vero fonte, qui est in capite civitatis, et usque ad fontem 
Rogel , qui est in fine, est una vallis versus meridiem que in vete- 
ribus historiis vallis Fullonum appellatur 9 . Sub dicto igitur 10 
fonte modicum alonge, fuit fons Gion inferior u , qui mittebat 
aquas suas ad natatoria Siloe 12 , ubi cecus ex mandato Domini 
lavit oculos suos et visum recepit f8 . Item magis ultra per eandem 
vallem, reperitur quidam pons iuxta quem fuit piscina grandior, 
unde Rachses c exprobrabit 14 Judeos slans in exercitu Seunacheru, 
primi regis Assiriorum 1S , de cuius exercitu una nocte angélus 
Deo 16 percussit .cxxxvi. d milia 17 . Item iuxta 18 hanc vallem ver- 
sus eundem locum, in via qua itur in Bethlehem, sunt domus ubi 
magi hospitati sunt 19 quando venerunt Ierusalem 20 , dicentes 21 : 
Ubi est qui natus est rex Judeorum e . Item magis ultra et infra 
per eandem vallem 2S , est ager Acheldemacki 23 , id est sanguinis, 
qui Campus sanctus nunc a fidelibus appellatur 24 . Hic ager emptus 
fuit pro sepultura peregrinorum illis .xxx. denariis quibus Judas 
vendidit Christum, super quem a fidelibus ediflcata fuit 25 quedam 

a. Le passage qui suit, jusqu’aux mots : pro nomine Domini (ci-dessous, 

1. 4), figure également chez Philippus, p. 53. 

b. Ms. : régi. 

c. Sic , pour « Rabsaces » (IV Rois, xvm, 17). 

d. Peut-être faut-il lire cxxxv, car ce que j’ai cru devoir interpréter par I; 
à la fin du chiffre, pourrait n’être que la queue d’un s aUongé situé dans la 
ligne au-dessus. Le texte biblique dit « ccclxxxv milia ». 

e. S. Mathieu, II, 2. 

Variantes du manuscrit dTSvreux s 1. Regel. — 2. iactus. — 3. scripta. — 

4. sepulta xi m martirum. — 5. impio Cosdroe rege Persarum pro nomine 
Christi. Item extra. — 6. Salomon fuit unctus. — 7. alibi. — 8. fuit inunctus 
in monte illo qui est supra. — 9. meridiem que est in veteribus ystoriis et 
vallis Fullonum appellatur. — 10. Sub igitur dicto. — 11. interior. — 12. nata - 
toriam Syloe. — 13. occulos suos et vidit. — 14. Racheses exprobans . — 15. Cena- 
cherip regis Assiriorum. — 16. angélus Domini. — 17. lxxxv. milia virorum. 

— 18. Item supra (abrégé en s a ). — 19. hospitati erant. — 20. Iherusalem . 

— 21. querentes et dicentes : Ubi est qui natus est f etc. — 22. Item magis 
ultra et ultra eandem vallem. — 23. Alchedemach. — 24. dicitur. — 25. ediflcata 
fuit a fidelibus. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


361 


domus quasi donio a undique munita 1 et desuper terra cooperta, 
ubi desuper sunt quedam magna foramina unde cum funibus a 
fidelibus mittuntur 2 corpora fidelium defunctorum 8 . Item subtus 
istam domum, sub quadam rupe, est 4 ecclesia beati Onofry 8 
confe 8 sori 8 , ubi sancti apostoli quondam b 8 in unum congregati 
composuerunt symbolum parvum fidei 7 . Item super 8 hune locum 
duobus || miliaribus alonge, est quidem 9 mons ubi est ecclesia w. 30 6 
beati Cipriani martiris , ibique Abraham 10 vidit locum procul 
ymolacionis Ysaac. Item descendendo 11 per eandem vallem 
magis ultra, reperitur unus magnus fons qui appellatur natatoria 
Siloe , de quo 12 supra dictum est. Deinde magis ultra 18 invenitur 
fona Rogel y qui est finis vallis Fullonum et principium vallis 
Iosaphat y ibique sanctusYsaias 14 propheta secatus 18 per medium 
cum scira 18 lignea et ibi sub querco 17 Rogel fuit tumulatus 


[XIII. De valle Josaphat et locis sanctis et dignis 
recordacione existentibuç ,8 .] 

Y allia igitur Josaphat, ubi eritjudicium generalis 19 , sita est 
versus orientem inter Ierusalem 20 et montem Oliveti, quamvis 
large loquendo omnes valles per circuitum Ierusalem 21 valles 
Josaphat 22 appellantur 23 . Hec itaque Josaphat vallis interdum 
diversis nominibus appellatur ; nam aliquando dîcitur vallis Iza - 
phat 24 , aliquando vallis Salim , aliquando vallis Regia , ut pluri- 
mum 25 vallis Josaphat y et aliquando torrens Cedron 9 id est cedro- 
rum, quia ibi olim erat magna copia cedrorum 26 . Cum autem 


a. Dans le manuscrit il y a q domo, que j’interprète par quasi donio y c’est-à- 
dire « comme un donjon ». La leçon du manuscrit d’Évreux ( quadrata ) donne 
un sens différent. 

b. La lecture de ce mot est douteuse ; le ms. semble porter qd. 

c. Cette légende est rapportée déjà par VItin. d’Antonin (éd. Tobler et Moli- 
nier, p. 109). Pierre « de Pennis » parait l’avoir empruntée à Philippus, p. 43. 

Variantes du manuscrit d’Evreux : 1. quedam domus quadrata undique 
murata. — 2. mittuntur a fidelibus . — 3. deffuncta. — 4. * (sans doute trans- 
cription fautive de é, c’est-à-dire est). — 5. Onofrii. — 6. simul. — 7. sim - 
bolum fidei parvum . — 8. supra . — 9. quidam. — 10. Abraam. — 11. immo- 
lationis Ysaac et ibi dimisit pueros suos et venit ad Iqcum quem ostenderat 
sibi Dominas ut immolaret filium suum Ysaac. Item descendendo . — 12. Syloe 
de qua. — 13. Item deinde aliquantulum magis ultra. — 14. Ysayas. — 15. fuit 
secatus. — 16. serra. — 17. quercu. — 18. De valle Iosaphat et locis sanctis 
recordatione (sic). — 19. generale. — 20. Iherusalem. — 21. Iherusalem. — 
22. Iosafat. — 23. apellentur. — 24. vallis Trophet. — 25. aliquando ut pluri- 
mum. — 26. olim erant in magna copia de talibus arboribus, 

R*v. n* l’Or, j-ativ. T. IX. 24 


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362 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


homo egreditur portam sancti Stephani, statim extra portam in 
via publica, occurrit sibi locus, in quo Judei lapidaverunt beatum 
Slephanum. Item ad duos jactus baliste alonge versus aquilo- 
nem, est locus ubi fideles sepelierunt eum \ Item ad jactum lapi- 
dis a longe a loco ubi beatus * Stephanus extilit lapidatus, est 
ecclesia beate Marie de valle Josaphai, si ta in medio eiusdem 
v allia. In medio ilaque istius ecclesie e 9 t sepultura Virginia Marie 
sive sepulcrum sanctura ex marmore 8 ad similitudinem et quan- 
titatem sepulcri Ihesu Christi filii sui. Ab hoslio igitur predicte 
ecclesie et usque ad locum ubi est dictum sepulcrum 8 est des- 
census .xlviij. * graduum. Ibique prope est * locus id est villa 
vel pratorium Gethsemani 7 , ubi Dominus per iactum lapidis 
avulsus est a discipulis suis, etoravit dicens : Pater, si estpossi- 
bile, transeat a me calix iste °, etc. *. Et ibi est locus ubi appa- 
ruit ei angélus Deo confortans eum, et ibi factus fuit in agonia, et 
factus est sud or eius sicut gutte sangwinia decurrentis in ter- 
ram Ibi est lapis 1(1 quem Dominus, cum orabat, strincsit " et 
remansit ibi impressio digitorum eius. Et ibi, infra eundem locum 
roi. 31 a vel rupem, est alius locus ubi Dominus, assumpto Petro et || duo- 
bus filiis Zebedei secum, dixit b : Tristis est anima mea usque ad 
mortem **. Item ibi prope ad jactum lapidis, est ortus 18 ubi Domi- 
nus continuavit sermonem quem dixit in monte Sion u : Surgite, 
eamus hinc «. Ubi et Judas tradidit eum osculo *•. Item in hac 
valle est manus Absolon et sepulcrum eius **. Ibique prope est 
sepulcrum 11 beati Jacobi minoris et locus ubi stetit temporibus 
mortis Christi, et ibi apparuit sibi Dominus. Et ibi est locus ubi 
fuit sepultus Zacharias filius Barachie “, quem Judei occiderunl 
inter Templum et altare. Ibique desuper est locus in monte 19 ubi 
habitavit beatus Gregorius Nazarenus d , et ibi prope Salomon 
posuit ydolum Maloth ,# . Item in hac valle a dextris sic eundo 91 , 


a. S. Mathieu, XXVI, 39. 

b. S. Mathieu, XXVI, 38. 

c. S. Marc, XIV, 34. 

d. Sic, pour NaziansentiSf et de même dans le manuscrit d’Evreux. 

Variantes du manuscrit d’Évreux : 1 . ilium sepelierunt. — 2. a longe ubi 
idem beatus . — 3. est sepulcrum virginis Marie factum ex marmore. — 
4. ubi est sepulcrum. — 5. Iviij. — 6. Ibique est prope. — 7. Gelsemani. — 

8. Pater mi, etc., usque ad gutas sanguinis , etc. Ibi est etiam lapis quem. — 

9. E n’a pas la phrase : Et ibi est locus ubi apparuit... decurrentis in terram. 
— 10. Ibi est etiam lapis. — 11. strinxit. — 12. Zebedei ceco dicens : Tristis est 
anima mea, etc. Item ibi. — 13. locus. — 14. Syon. — 15. osculo pacis. — 16. 
magnus Absalon id est sepulcrum eius. — 17. ibique est sepulcrum. — 18. Et 
ibi est filius Barrachie quem Iudei occiderunt. — 19. Ibique desuper in 
monte est locus ubi. — 20. Salomon posuit Moloth. Item. — 21. a dextris eundo. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 363 

est fons Enxemes id est solis, obi beata Maria lavit pannos filii 
stti. 


[XIV. De monte Oliveti et Bethfage et Bethania *.] 

Mons Oliveti 9 quasi passibus millis 9 distal ab Ierusalem 9 ; 
in qaem Dominus ascendebat contra Templam, quando discipuli 
eius quesierunt signa ad iadicia In quem fréquenter causa 
orationis ascendebat, maxime tempore passionis sue. Item a 7 
monte hoc a pueris Hebreorum cum ramis et palmis sibi obviam 
occurrentibus ' honorifice est susceptus et ab illo loco cum ymp- 
nis 9 et laudibus usque in Ierusalem 10 super asinam et pullum 
deductus. In a monte “ hoc oslenditur locus + -}"+ a quo Domi- -f- 
nus, videnlibus discipulis suis, ad celos gioriose ascendit, et ibi 19 
est lapis super quem 99 posuil pedes suos quando ascendit, ubi 
forma pedum eius sive vestigia remansit *\ que usque hodie ibi 
apparet. Est ibi prope 19 alius locus ubi beata Pelagia fecit peniten- 
tiam, et ibi sepulta fuit. Ibique est monumentum eius 19 . Item ibi 
prope est locus ubi Deus 17 docuit discipulos orare, dicens 19 : Pater 
noeter, etc. Et ibi prope est 4 lapis unde videns civitatem flevit 
super illam, dicens 19 : Quia si çognovisaes et tu c , scilicet flores, 
etc. 90 . Item in descensu istius montis versus vallem Josaphat et 
Ierusalem 91 , est locus in quo beata Maria 99 coram sancto Thoma 
aposlolo proiecit zonam 99 sive cingulum . A parte d vero boreali 
istius montis Oliveti 99 per unum miliare alonge, est mons parvus 
qui dicitur Galilea, ubi Dominus apparuit mulieribus cum surre- 
xit 99 a mortuis. Unde alius est 99 mons Galilee et aliud 97 mare 


a. Le passage qui suit jusqu’aux mots : Quia si cognovisses et tu, etc. (ci- 
dessous, 1. 19) est à peu près identique chez Philippus, pp. 43-44. 

b. Ms. : et au lieu de est. 

c. S. Luc, XIX, 42. 

d. Ms. : apertum , au lieu de a parte. 

Variantes du manuscrit dTÉvreux : 1. Ensemas. — 2. Le titre de ce cha- 
pitre dans le manuscrit d’Évreux est exactement conforme à celui-ci, sauf 
qu’il se termine par le mot Rubrica. — 3. Mons itaque Oliveti. — 4. mille . 
— 5 .a Iherusalem, in quo Deus sedebat contra Templum. — 6. signa adven- 
tus eius ad iuditium. — 7. in. — 8. palmis obviam occurrentibus. — 9. hymp- 
nis. — 10. Iherusalem. — 11. asinam deductus est. Item in monte. — 12. ibi 
prope. — 13. super quo. — 14. ascendit, in quo forma pedum eius ibi reman- 
sit , que. — 15. Item est etiam ibi prope. — 16. fuit. Est etiam ibi monumentum 
eius. — 17. Dominus. — 18. apostolos suos orare , dicendo. — 19. civitatem 
Iherusalem flevit , dicens. — 20. et tu, etc. Item in descensu. — 21. Iherusa- 
lem. — 22. beata virgo coram . — 23. zonam suam vel cingulum. — 24. cingu- 
lum. Ex alia vero parte montis Oliveti. — 25. surrexisset. — 26. Unde alius 
locus est mons. — 27. alius. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


k>\.iibGalüee, || in qoibus Dominas multociens apparuit discipulis 
suis. Ex isto vero monte 1 videtur mons ille unde Moyses vidit 
terram promissionis, et ibi mortaus extitit *. Item ° in descensu 
montis Olive ti versas meridiem a sinistris eundo in Jérusalem *, 
in via publica, est una columpna lapidea ubi stetit ficus ilia quam 
Dominas maledixit et statim aruit. In declivo vero vel descensu 
montis Oliveti * versus meridiem, inter montem scilicet predictum 
et Bethaniam, est 4 Bethage 5 , ubi Dominus precepit discipulis 
suis * : Ite in castellum quod contra vos est, etc- e Item in hoc 
itaque 7 loco Dominus expectavil discipulos suos quando misit 
eos pro asina et pullo *, et ibi in die palmarum ascendit super 
asinam ' et pullum, et equitando intravit in Ierusalem 10 . Item 
modicum ultra Bethage ", versus orientem, est Bethania, castel- 
lum Magdalene, Marte et Lazari. Sed in aliis libris narratur quod 
domus d Symonis leprosi sil in civilate Ierusalem, in quo Maria 
Magdalena unxit pedes Domini Ihesu, eo recumbente in domo 
Symonis leprosi qui morabatur in quadam domo que erat in dicto 
castello, et ibi dimisit ei omnia peccata sua Ibi ex opposito infra 
+ dictum castrum, est sepultura cum pulcra ecclesia '* +■+•+» in qua 
Lazarus sepultus fuit, et ibi eum Dominus suscitavit Item magis 
ultra « extra Bethaniam versus orientem per duos jactus balisle, 
est domus ubi fuit pulcra ecclesia nunc 15 [diruta] f, in qua comedit 
Dominus cum discipulis suis et dixit ei Marlha : Domine, non est 
cure *• quod soror mea, etc. ». Ibi prope 17 ad duos jactus lapidis, 


a. Le passage suivant, jusqu’aux mots intravit in Ierusalem (ci-dessous, 
1. 12), offre certaines analogies avec la description des mêmes lieux par Phi- 
lippus. 

b. Ms. : et, 

c. S. Mathieu, XXI, 2; S. Marc, XI, 2. 

d. Ms. : domü. 

e. Le passage qui suit, jusqu’à la fin du ch. xiv, se retrouve à quelques 
variantes près chez Philippus, pp. 45 et 63. 

f. A la place du mot placé ici entre crochets, il y a un blanc dans le manus- 
crit. Je rétablis le texte d’après le manuscrit d’Évreux. 

g . S. Mathieu, X, 40. 

Variantes du manuscrit d’Évreux : 1. loco. — 2. mons ille in quo fuit data 
lex Moysi in terra promissionis ubi mortuus extitit. — 3. Iherusalem. — 4. 
Item in declivo montis Oliveti sive descensu. — 5. Betphage. — 6. suis , dicens. 

— 7. etc. In hoc itaque. — 8. E n’a pas et pullo. — 9. super asinam , etc. — 
10. E n’a pas et pullum et equitando intravit in Jérusalem. — 11. Betphage. — 
12. et Marte et Lazari, in quo Maria Magdalena unxit pedes Domini in 
domo Symonis leprosi qui erat in dicto loco sive castello et sibi dimisit omnia 
peccata sua. — 13. Item ibi ex apposito (sic) intra dictum castellum est pelunca 
(sic) cum pulcra ecclesia. — 14. Lasarus sepultus fuit et resucitatus. Item. 

— 15. nec diruta. — 16. non est tibi cure — 17. Item ibi prope. 


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LE LIBELLÜS DE PIERRE « DE PENNIS » 


365 


est lapis 1 cui apposuit 3 se Dominus, ubi Maria Magdalena et 
Martha occurrerunt ei fientes et dicentes : Domine , si fuisses 
hic 8 , frater meus non fuisset mortuus a . 


[XV. De Bethlehem et vinea Engadi et quibusdam 
aliis locis sanctis .] 

Bethlehem igitur civitas regis David, in qua natus est Christus 
dominas verus David, rex regum et dominas dominancium, sita 
est in clivo montis Ierosolimitani, versus occidentem, distans a 
Ierusalem per .iiij. vel .v. miliaria. Et hec b itaque civitas traxit 
origioem c a mulieri d Nohemii « que Ruth Mohabitidem adduxit 
de Petra deserti , quam duxit Bos in uxorem ; ex quorum proge- 
nie ad montem Sion venit agnus terre dominator. Est autem 
Petra deserti \\ minutissima f ultra Jordanem, in finibus Moabtoi 32 « 
in montibus alüssimis sita, que bodie vulgariter dicitur Crach t 
qua morantur filii Soldani cum thesauro infinité v. In hac civi- 
tate Bethleem , hostis Herodis, Christum querens occidere, multos 
parvulos innocentes crudeliter interfecit. Item in hac vera civitate 
David, sed in pede eius, versus quasi ad occidentem, est h sancta 
et venerabilis ecclesia kathedralis in honore beate Virginie con- 
secrata H — | — in qua est cripta ubi Christus natus fuit, presepe + 
ubi vel in quo comedebat asinus et bos, ubi reclinavit eum mater 
sua. Dicitur vero cum feno esse Rome. In parte vero sinistra dicte 
ecclesie, in pariete, est locus ubi positus fuit umblicus circum- 
cisionis Domini ++-(-. Et ex parte dextra est locus ubi sepulti fue- -f- 
runt innocentes, ubi nunc est quoddam altare. In hoc itaque loco 
pastores, revelatione angelica amoniti, puerum pannis 1 involutum 

a. S. Jean, XI, 21. 

b. Ms. : Et hac. Le passage qui suit, jusqu’aux mots terre dominator (ci- 
dessous, 1. 12), existe aussi chez Philippus, p. 58. 

c. Ms. : orientem . 

d. Sic. 

e. Ou Nohemi , le dernier i étant peut-être effacé. 

f. Sic, sans doute pour mtmitissima. 

g. Cf. Burchard du Mont-Sion (éd. Laurent, p. 59) ; Biblioth. Vaticane, cod. 

Palat. 1358, fol. 35 b. La description de Petra, qui n’est guère à sa place ici, 
est amenée par la mention qui en est faite à propos de Ruth. 

h. Le passage qui suit, jusqu’aux mots « est quoddam altare » (ci-dessous, 

1. 25), figure également chez Philippus, pp. 55-56. 

i. Ms. : pueris pannum. 

Variantes du manuscrit dTSvreux : 1. E n’a pas est lapis. — 2. appodiavit. 

— 3. si fuisses hic , etc. Le manuscrit d’Évreux s’arrête ici avec ces mots, au 
bas du fol. 65 6, au milieu d’une ligne (cf. ci-dessus, p. 327, n. 1). 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


cam Maria matre eius invenerunt, et magi Stella duce et 0 hune 
locum venîentes uatum regem humililer adorantes mistica ei 
munera obtulerunt. Item infra claustrum canonicorum, est cripla 
in qua beatus Jeronomus 4 , interpres latini, fecit penitenciam, ubi 
eciam transtulit bibliam de hebraico in lalinum et multos alios 
libros composuit, in qua similiter sepultus extilit. Ibique prope 
beata Paula romana et filia eius Eustochium cum multis aliis vir- 
ginibus, in monasterio devolissime Deo vacantes, regnum mundi 
et omnem eius ornatum contempserunt propter amorem domini 
Ihesu Ghrisli. Item desubtus in dicta ecclesia, est cripta maxima 
ubi est capella in qua dicitur beata Maria virgo morata fuisse. 
Item versus orientent ubi c est cislerna de cuius aqua David desi- 
derans bibere, ut patet in libro Regum. Eundo igitur de Ierusa- 
lem in Bethleem per viam per quam sancti magi iverunt, in 
medio quasi itineris a sinistris, est ecclesia in qua, ut dicitur, 
Helyas aliquo tempore fecit penitenciam d et inde in celum ascen- 
dit, quod non credo, sicut inferius declarabo «. Item magis 
[ultra] f per duo miliaria a d ex tris extra viam fere per unum 
foi. 3i b miliare, || est quedam villa a chrislianis habitata, que appellatur 
Veselias, in qua nullus Sarracenus potest vivere per annum quin 
moriatur. Item ibi prope est Campus cicerum lapidorum h . Nam 
vulgariter dicitur quod cum domiuus Ihesus transiret per hanc 
viam vidit hominem ciceram seminanlem, quem cum Dominus 
interrogaret quid seminaret, respondit : Semino lapides; et Domi- 
nus ad eum : Et lapides fiant. Et usque nunc inveniunlur ibi 
cicera lapidea *. Item i prope Bethleem quasi ad unum miliare 
eciam addexlris, est sepulcrum Rachelis *, uxoris Jacob, que 
defuncla est in via quando peperit Beniaminum. Item 1 ultra 


a. Sic, pour ad ou in. 

b. Sic. 

c. Sic, peut-être pour urbis. 

d. Cf. Philippus, p. 55. 

e. Voir ci-dessous, p. 371. 

f. Ultra manque dans le manuscrit. 

g. Sur cette localité et la légende qui s’y rattache, voy. Tobler, Topogra- 
phie von Jérusalem , t. II, p. 406, et ci-dessus, p. 324. 

h. Sic . 

t. Sur cette légende, voy. ci-dessus, p. 324, n. 3. Le passage y relatif se 
retrouve à peu près textuellement chez Philippus, pp. 55-56. 

j. Le passage suivant, jusqu’au mot Beniaminum (ci-dessous, 1.28), se trouve 
aussi chez Philippus, p. 55. 

k. Ms. : Rachalis. 

l. Le passage suivant, relatif au lieu dans lequel la naissance du Christ fut 
annoncée aux bergers, ainsi que le passage relatif à la ville de Tecua, se 
trouvent aussi en termes presque identiques chez Philippus, p. 58. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 367 

Bethleem per unum miliare quasi ad occidentem, est locus ubi 
sancti angeli anuunciaveruut pastoribus Christi nativitatem. Item 
secundo miliario a Bethleem, est Tecua opidum in quo ortus est 
Amos propheta, et ibi est castrum in quadam spelunca ubi nunc 
est ecclesia ubi fuit sepultus. Quarto vero miliario a Bethleem, est 
ecclesia Scariot » abbatis, patris multorum monachorum, quo 
moriente rogaverunt eum omnes monachi ut Dominum rogaret 
quod eo moriente omnes morientur; et factum est quod omnes 
mortui sunt cum eo. Item per sex miliaria, est Engadi vicus in 
tribu Juda, ubi quondam crescebat balsamus, unde dicebantur 
vinee Engadi, que 4 in nativitate Domini floruerunt, que postea 
per reginam Egipti Cleopatram in Babiloniam translate sunt. 

[XVI. De ligno crucis et loco nativitatis beati Johannis Baptiste 
et Ebron et Samaria et Sichem .] 

Prope c igitur ecclesiam ad duo miliaria versus occidentem, est 
locus ubi crevit lignum crucis Christi, ubi ediâcata est ecclesia 
valde pulcra. Item ad .vjj. miliaria, est fons ille egregius ubi bea- 
tus Philippus baplizavit eunuchum d . Deinde, per tria miliaria , 
est ilia ecclesia que vocatur Sanctus Zacharias, distans per 
novem miliaria a Ierusalem, ubi scripsit : Johannes est nomen 
eius f , et loquelam recepit. Inter diclam ecclesiam et locum nati- 
vilalis beati Johannis Baptiste, est quidam fons ubi obviaverunt 
sibi mutuo beata Maria rirgo et sancta Elizabeth, et ibi- beata 
Maria fecit Magnificat anima mea Dominum, etc. «. Deinde ultra 
hune fontem, est locus ubi beatus Johannes Baptista fuit natus, 
ibique sunt due ecclesie in eadem domo, scilicet una superior et 
|| alia inferior. In ilia vero inferiori, est una cella ubi beata Virgo roL aj « 
stetit tribus mensibus usque ad nativitatem beati Johannis 
Baptiste, quem ipsa sancta virgo Maria de terra elevavit. In 


a. Sic , sans doute pour S. Caritonis , c’est-à-dire S. Chariton. Le passage 
relatif à cette église et la suite jusqu’à la fin du chapitre xv se lisent aussi 
chez Philippus, p. 59. 

b. Ms. : qui. 

c. Le passage suivant, jusqu’aux mots anima mea Dominum (ci-dessous, 
1. 24), se trouve chez Philippus, pp. 53-54. 

d. Ms. : et vuehum. 

e. Le scribe ici s’est corrigé plusieurs fois : il avait écrit en premier lieu 
tria miliaria, qu’il a effacé pour le remplacer par .vu. miliaria , puis il a 
rétabli tria miliaria. 

f. S. Luc, I, 63. 

g. S. Luc, I, 46. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ecclesia vero ioferiori natus extitit beatus Johannes, et ibi est 
quedam cripta ubi fait absconsus quando Herodes qnei*ebat pue- 
rum Ihesum ad perdendam eum. Item vj° milia rio a Ierusalem 
versas aquilonem et civitatem Rama °, est civitas Betulia, ubi 
Judith ampatavit capud Olofernis. Item daobas miliaribas 
magis ultra per eandem viam, est castellum Emaus, in quo 
Dominus panem frangens discipulis apparuit et in panifraccione 
ipsius Christi resnrreclio manifestata extitit. 

Item 6 .xii. miliaria a Bethleem et quasi .xvi. a Ierusalem 
versus meridiem, est Ebron civitas antiqua, que antiquis nomi- 
nibus Arbe et Carioth appellabatur, ubi in spelunca duplici 
âepulti sunt quatnor reverendi patres nostri Adam, Abraham, 
Ysaac et Jacob et eorum uxores, scilicet Sara, Rebecca et Alia c . 
Item non longe ab hoc loco, est cripta in qua pater noster Adam 
cum uxore sua doluit centum annis de morte Abel . Secundo vero 
miliario ab Ebron, est sepulcrum Loth, nepotis Abrahe. Iuxta vero 
Ebron est Manbre, ubi est ilex d sive quercus sub qua sedebat 
Abraham quando vidit très viros, etdicitur quod, si quis equitans 
super se portaverit, animal suum non infunditur e . 

Samaria vero civitas, que nunc Sebasta appellatur, sita est 
ad aquilonem inter Ierusalem et Nazareth, distans ab Ierusalem 
per dietam unam et mediam et plus. In hac civitale sepultum fuit 
corpus beati Johannis Baptiste inter Helizeum et Abdiem t pro- 
phelas, traDsIatum deinde Ceroniam a opido quod est ultra Jor- 
danum *, ubi fuit decollalus. 

A Sabaatta vel Sabasta per quatuor miliaria, est Neapolim 
civitas, olim Sichar vel Sichem dicta, in qua fuerunt sepulla 
ossa Joseph, de Egipto translata. Ibi extra civitatem, in una 
publica via, quasi per unum miliare, est puteus super quem Ihesus 


a. Ms. : et Ramam civitatem Rama. 

b. Le passage sur Hébron et le tombeau des patriarches et de leurs femmes 
ainsi que les suivants relatifs à la caverne où Adam et Éve pleurèrent la mort 
d’Abel, et au chêne de Mamré, se retrouvent chez Philippus, pp. 59-61, et dans 
la description de la T.-S. du manuscrit de Munich, lat. 14731, fol. 91 6. 

c. C’est-à-dire Lia . 

d. Ms. : ibex . 

e. Cette tradition est rapportée dans nombre de descriptions de la T.-S. 

f. Sic. 

g. La graphie de ce mot dans le manuscrit comporterait plutôt la lecture 
Ceroncam. L’original portait probablement : translatum deinde de Mache- 
ronta opido , devenu tout d’abord par corruption ; translatum deinde de 
Ceronta opido (ou translatum dein de Ceronta opido), puis : translatum 
deinde Cerontam opido. Le texte de Philippus (p. 33) est celui-ci : translatum 
de Macheronta opido , quod est ultra Jordanem , ubi exstitit decollatus. 

h. Sic. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


369 


ex itinere fatigatus sedit et a muliere Samaritana peciit bibere. 
lbique sunt duo colles, scilicet Dan et Bethel , in quibus Jeroboas 
posuit vitulos aureos et eos adorari precepit, dicens : Hic sunt 
dii tui qui duxerunt te de terra Egipti a . A Neopoli b habentur || foi. 33 6 
usque in Ierusalem triginta miliaria. 


[XVII. De monte ubi Christus jeiunavit et de rivulo et fonte 
Helisei et urbe Jéricho .] 

Recedendo igilur de Ierusalem et eundo recto tramite versus 
Jordanem fluvium, descendendo semper quasi per .xvi. miliaria, 
primo ultra Bethaniam per magnum spacium est locus ille in quo 
homo quidam descendons a Ierusalem in Iericho et incidit in 
latrones. Item magis ultra, per eandem viam a sinistris, est una 
vallis profunda, ubi angélus Domiui apparuit Joachim, annuncians 
ei nascituram c ex eo virginem Dei genitricem. Item magis ultra in 
fine descensus et quasi in principio planiciei Jéricho d , a sinistris, 
est locus ubi cecus quidam sedebat secus viam mendicans, quem 
Christus illuminavit, ibique a Christi fidelibus extitit constructa 
satis pulcra ecclesia que «, proch dolor, nunc Sarraceni utuntur 
ad custodiam bestiarum. Inde vadit homo ad montem f - 1 — | — |- qui 
est a sinistris, ubi Christus jeiunavit .xl. diebus et noctibus, qui 
distat per .xviii. miliaria a Ierusalem et duobus ab ecclesia Ceci 
illuminati. Iste mons est magne aititudinis, in cuius quasi medio 
Dominus fecit penitenciam, distans dictus locus a terra plana per 
unum fere railiare. In hoc loco dyabolus temptavit eum, dicens ei. 
Si filius Dei es , die ut lapides isti panes fiant 9 . Secundo temp- 
tavit eum de avaricia, in alio monte qui est prope istum versus 
Ierusalem, ostendendo ei omnia régna mundi dicensque illi. Hec 
omnia Ubi dabo , si cadens adoraveris me h . Sed aliqui dicunt quod 
ista secunda temptacio fuerit in eodem loco, scilicet in cacumine 
montis ubi fuit prima temptacio. Tercio temptavit eum dyabolus 


a. III Rois , XII, 28. 

b. Sic. 

c. Ms. : nasciturum. 

d. Ms. : Jerich. 

e. Sic. 

f. Dans le manuscrit, les mots « ad montem » sont répétés deux fois : Inde 
vadit homo ad montem ad montem qui est a sinistris. — La croix qui aurait dù 
se trouver ici en marge du manuscrit n’y figure pas ; elle a été oubliée par 
le copiste. 

g. S. Mathieu, IV, 3. 

h. S. Mathieu, IV, 9. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


de vana gloria super pinaculum Templi in IerusaJem, dicens ei : 
Si filius Dei es, mitte te deorsum In hoc aiquidem monte 
quidam exemplo Domini vilain heremiticam b , ut adhuc apparet, 
in parvis cellulis ducebant e . Sub predicto itaque monte, qui a 
fidelibus Carrantena vocatur, transit cuidam rivulus, olim amarus, 
in quem Helizeus misil salem et dulcoratus est. Ex isto itaque 
rivulo in planicie, [est] d Jéricho, nunc parvum casale olim vero 
nobilis civitas, que sita est in piano inter montem Garatenam et 
fluvium Jordanis, duobus quasi miliaribus distans ab utroque. Hec 
igitur civitas capta miraculose extitil a Josue, ex qua fuerunl 
Raab meretrix, mater Lot e et Zacheus princeps publicanorum, || 
toi. u a de quibus in Ewangelio. 


[XVIII. De flumine Jordanis et mari Mortuo et quibusdam locis 
qui sunt per eius circuitum .] 


Fluvius f autem Jordanis ad radices montis Libani , iuxta 
Cesaream Philippi, ex duobus fontibus oritur, videlicet Jor et 
Dan, ex quibus traxit originem. In mare Galilee descendens, 
inde egrediens, per centum fere miliaria regionem irrigans et 
magnam ulilitatem conferens regionibus circumiacentibus. In 
boc fluvio peregrini corpora sua et vestimenta sua cum magna 
reverencia soliti sunt lavare, eo quod Salvator noster a beato 
Johanne in flumine isto baptizatus est, et taclu mundissime sue 
carnis fluvium sanctiflcavit, vim generalivam conferens universis 
aquis; tota eciam Trinilas hune fluvium felicem et dignissimum 
dedicavit, supra quem Pater auditus in voce, Spirilus sanctus in 


a. S. Mathieu, IV, 6. 

b. Abrégé en he’miticâ . 

c. Sur ces cellules, voy. aussi la Description contenue dans le manuscrit de 
Munich, lat. 14371, fol. 93 a : « Peregrini et omnes religiosi exemplo Domini 
specialiter ducti desertum illud desiderabile ut vitam ducerent heremiticam, 
preeligentes in modicis cellulis devotissime militabant. » 

d. Ce mot manque dans le manuscrit. 

e. Il y a, dans le manuscrit, mat ’ loco y que je propose, mais sous les plus 
expresses réserves, d’interpréter par mater Lot. Cette interprétation est 
d'autant plus douteuse, qu’il n’existe, à ma connaissance, aucun document 
donnant Jéricho comme patrie de la mère de Lot. Les nombreuses descrip- 
tions de la Terre-Sainte qui mentionnent les personnages bibliques origi- 
naires de cette ville ne citent que Raab et Zachée. Peut-être pourrait-on 
supposer que ce mat ' loco est une mauvaise lecture de meretrix , qui alors se 
trouverait répété deux fois. 

f. Tout le début de ce chapitre, jusqu'aux mots per siccum transienint 
(ci-dessous, p. 371, 1. 11), se trouve chez Philippus, pp. 63-65. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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columbespecie et Filius baptizatus inhumana carne. Naaman Sirus 
in hoc (lamine estmundatus a lepra et quasi carncm pueri recepil. 

Josue cam maltiludine filiorum Israël, aquis superioribus in altum 
ascendenlibus, inferioribus vero in mare Mortuum descenden- 
libussicco vestigio pertransivit, scilicel prope locum ilium ubi 
Christus fuit baptizatus, et prope ibi Johannes fecit penitenciam . 

Ex quo duodecim lapides iuxta numerum duodecim tribuum 
filiorum Israël abstraxerunt, de quibus ad lilteram dicit beatus 
Johannes Baplista ° : Potens est Dominus in lapidibus suscitare 
filios Abrahe à . Elyas autem et Helizeus, aquis Jordanicis Helie 
pallis percussis c et in duas partes divisis, per siccum transierunt. 

Hic fiuvius per vallem illustrem que Vallis Salinarum diciturin 
mare Mortuum se infundit et postea nusquam apparens absor- 
bitur d ab ipso. Igitur ultra flumen Jordanis est mons ubi beatus 
Helyas fecit penitenciam. Et ibi prope est alius mons alcior 
primo, unde idem Helyas ascendit in celum, quando raptus sive * 
translatas fuit in paradisum terrestre. Ibique prope beatus 
Johannes Baptista, leneris sub annis fugiens turmas hominum, 
penitenciam egit ; ubi nonnisi locustas, id est herbas sic appel- 
lalas, et mel silvestre, id est cannamellas, ex || quibus fit zuchara foi. u b 
vel mel, ad lilteram de apibus silvestris comedebal . Unde beatus 
Johannes existons in hoc loco respiciensque in alia parle fluminis 
versus terram promissionis, vidons lhesum venientem ad se ut 
baptizaretur a Johanne, ait : Ecce agnus Dei, etc. El ideo monas- 
terium beati Johannis, quod distat duobus miliaribus a Jéricho, 

(et) t dicunl aliqui quod non fuit constructum in eo loco ubi idem 
sanctus Johannes egit penitenciam, sed in illo loco ubi Ghristum 
vidit venientem ad se, quod per unum miliare distat a loco ubi 
Christus « fuit in Iordane baptizatus et per duo miliaria distat a 
mari Mortuo vel Maledicto. In hac igitur Jordanis solitudine, exem- 
plo Helye et Johannis Baptiste, quam plures viri perfecti, mortui 
mundo üt viverent Deo quieti A , sibi habitaculum et sepulcrum 
elegerunt. Nam beatus Jeronimus in hiis partibus multo tempore 
penitenciam egit, in eo scilicet loco vbi nunc est eius ecclesia, 

a. Ms. : dicit Bb btus Johs Baptista. 

b. S. Mathieu, 111,9. 

c. Ms. : percussus. 

d. Ms. : absorbitü. 

e. La lecture du mot sive est douteuse. 

f. Le mot et est de trop. 

g. Au lieu de Christus , le scribe avait ici par inadvertance écrit à nouveau 
les mots Christum vidit venientem qui se trouvent deux lignes plus haut. Il a 
ensuite corrigé Christum en Christus , et effacé vidit venientem. 

h. Ms. : quietis . 


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372 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

que per unum miliare distata lordanis flumine et tantumdem a 
mari Mortuo et tantumdem ab ecclesia beati Johannis sive mo- 
nasterio paulo superius dicto. In hiis eciam partibus, beatus abbas 
Zozimus a , qui invenit in deserto beatam Mariam Egipciacam, 
penitenciam suam complevit et vitam fini vit. 

Secundo vero miliario a Iericho, est lacus b per multas dietas 
longus sed satis modicum latus qui male Maledictum nuncupatur, 
quod est ita salsum et amarum quod ex eo nec homo nec bestia 
bibere potest, plerumque dicitur mare Mortuum et mare Dyaboli , 
eo quod nichil vivum generetur nec aliquod vitam habens in eo 
submergi valet. Hoc igitur mare miraculose ibi erupit, absorbons 
quatuor civitates propter enormia peccata carnalia habitancium 
in eis. Quinta vero civitas a subversione conservata est precibus 
scilicet Abrahe. Hec c itaque civitas olim Segor et Blemeta d 
appellabatur, sed nunc a compatriotis Opidum palme e nuncu- 
patur. Supra dictum vero mare in descensum Arabie est Car - 
noym y sepultura t Moabitarum, ad quam Balaam ad maledicen- 
dum Israël ductus est, quando asina cui sedebat locuta est ei. Istud 
mare dividit Arabiam et Judeam. Arabia erat? tempore filiorum 
Israël solitudo et desertum, ubi Dominus eis manna .xl a . annis 
pluit. In Arabia est vallis Moysi , in qua idem Moyses bis silices 
percussit, duos rivulos aque populo dicitur reddidisse \ de quibus 
nunc tota ilia patria irrigatur. In Arabia est mons Synai , ubi est 
data lex Moysi, sicut inferius divisius explicabitur. Et in Arabia est 
mons Or , in quo Aaron sepultus est. 


[XIX. De Nazareth et mari Galilee et civitatibus et locis 
sanctis eisdem propinquis .] 


foi. 35 a || Nazareth vero civitas est modica fere in Galilee ex parte 
occidentali, infra montes sita, distans a Ierusalem dietis tribus, 


a. Le passage relatif à l’abbé Zozime se trouve chez Philippus, p. 66. 

b. Au lieu de est lacus, le ms. porte et locus. 

c. La suite, jusqu’à la fin du chapitre xviii, se trouve en termes identiques 
chez Philippus, pp. 67-68. 

d. Ou Blemeca. Je ne sais si ce nom se trouve autre part sous cette forme. 
Philippus, p. 67, donne Bélcozara. 

e. Sic dans le ms., peut-être pour Opidum saline. 

f. Philippus (p. 67) a spelunca , au lieu de sepultura. 

g. Ms. : est (ê). Je rétablis erat d’après Fretellus (Migne, Patr. lat., CLV, 
col. KHI). 

h. Ms. : redde\ 

i. Sic . 


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LE LIBELLÜS DE PIERRE « DE PENNIS » 


373 


ubi fuit redempcionis nostre initium + + +. In hac igitur civitate + 
ad beatam Virginem missus est Gabriel angélus, salutis nostre 
nunciacionis primordia; propter quod super omnes alias civitates 
speciali gaudet privilegio. Nam Christus dominus in Nazareth de 
Spiritu sancto ex Maria virgine fuit conceptus, in Bethleem natus 
et in Jérusalem pro salute nostra crucifixus, mortuus et sepultus. 

In a Nazareth , est fons modicus ubi puer Ihesus hauriebat matri 
sue aquam. Ibi est monticulus qui dicitur Saltus , unde Judei 
Ihesum periclitare voluerunt. Prope Nazareth , ad quatuor milia- 
ria, est Saforus b civitas, id est Saphet , in qua nata est beata Anna, 
mater beat© Marie. A Saphore per quinque miliaria, est Cana Gali- 
lée, ubi Dominus aquam mutavit in vinum. De qua fuerunt Simon 
et Matheus c et Nathanaël. In hac itaque civitate, beatus ewange- 
lista Johannes, consobrinus Ghristi, viso miraculo in eius nupciis 
facto, statim relicta sponsa sua secutus est Dominum. Sponsa vero 
eius, est Anna cithrica d nomine, voluntarie sicut sponsus eius 
cum aliis sanctis muiieribussecuta est duram viam que ducit vero. 

De Acon e Nazareth , ad quatuor miliaria, est mous Thabor , ubi 
Dominus transfiguravit se. Hic mons subiimis et arduus valde 
est; in quo constructum fuit monasterium ob reverenciam Domini 
salvatoris. Est autem dictus mons in région© Galilee, habens ad 
radicem eius torrentem Scison , montes vero Galilee ex una parte, 
ex altéra vero mare Galilee . De montibus Galilee quedam f fabu- 
lantur quod nec ros nec pluvia ad litteram super eos descendat. 


a. Le passage qui suit, jusqu’à Nathanaël (ci-dessous, 1. 13), se trouve en 
termes presque identiques chez Philippus, pp. 29-30. 

b. C’est-à-dire Séphoris, l’ancienne Diocésarée. 

c. S. Mathieu passe pour être ré à Capernaum et non à Cana. Au lieu de 
Matheus , on pourrait lire à la rigueur Thatheus (= Thaddeus). Mais il n’est dit 
nulle part que S. Jude Thaddée fût de Cana. En interprétant l’appellation 
biblique « Simon Chananeus » par Simon de Cana, l’auteur se trompe évidem- 
ment; il a probablement emprunté cette interprétation à Philippus (p. 30). 
Quant à Nathanaël, l’Evangile de saint Jean (XXI, 2) dit bien qu’il était de 
Cana. — La situation de Cana, telle que l’indique Pierre « de Pennis », paraît 
répondre à l’actuel Kefr-Kenna. La même indication topographique figure au 
surplus dans des textes beaucoup plus anciens : Theodosius, Antonin le 
Martyr, Jean de Wurzburg. 

d. J’ignore l’origine de cette histoire de S. Jean et de sa femme Anna 
Cithrica, qui se retrouve en partie dans les Bibles historiales et les Vies 
de J.-C. composées au moyen âge. 

e. Cette mention d’Acre ne convient guère ici, le Thabor ne se trouvant pas 
entre Acre et Nazareth, mais à l’est de cette dernière ville; aussi peut-on se 
demander si, au lieu de de Acon Nazareth , l’original ne portait pas de civi- 
tate Nazareth. — Le passage qui suit, jusqu’aux mots mare Galilee (ci-des- 
sous, 1. 23), se trouve chez Philippus, p. 31. 

f. Sic . 


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374 REVUE DE l’orient LATIN 

Sed hoc falsum esse a vicinis habitantibus fréquenter est proba- 
lum «. 

Quartodecimo 6 vero miliario a Nazareth , est mare Galilee , 
ex aquis dulcissimis collectum, situm inter Ierusalem et Damas- 
cum, distans quasi tribus dietis c ab u traque civitate. Hic d itaque 
lacus ratione sue longitudinis et altitudinis * mare videlicet Judeo- 
rum Egipciorum f, qui congregacioDes aquarum appellant maria. 
Habet enim in longitudine .xij. miliaria, in latiludine .ij. Dicitur 
vero idem lacus mare Galilee, scilicet « quia situm est in confi- 
nibus provincie Galilee ; in quo est magna copia piscium diverso- 
rum generum. Âppellatur eciam stagnum Genezaret, quod inter- 
pretatur aurea generans, eo quod ex faucibus moncium circum- 
foi. 35 b stancium fréquenter ventum || colligit validum, ex quo navicule 
plerumque submerguntur. Dicitur h preterea mare Tiberiadis eo 
quod civitati Thiberiatensi, que wulgariter Tiberia vocatur, adia- 
cet. Hanc scilicet civitatem Ihesus in iuventute sua frequentare 
solebat. Juxta quam, ad duo fere miliaria, civilas Pétri et Andree, 
Beteaida nomine, sita est. Ibique prope, ad duo miliaria, est Naym 
civitas ad radicem Endor sita, in descensu montis Thabor, [ubi] * 
obvia vit Melchisedech Abrahe. Per duo vero miliaria a monte 
vero ) Thabor, est mons Hermon, ubi nutrietur Antichristus. 
Supra * igitur dictummare, dominus noster Ihesus G hristus siccis 
pedibus ambulavit, ubi Petrus ad eum venire voluit, et submergi 


a. Cf. Burchard du Mont Sion, éd. Laurent, p. 52. 

b. Le passage qui suit, jusqu’aux mots utraque civitate (ci-dessous, 1. 4), 
se trouve chez Philippus, p. 166. 

c. A la suite de dietis , le scribe avait par inadvertance écrit les mots et 
altitudinis mare videlicet Judeorum qui figurent un peu plus bas ; il les a 
ensuite effacés. 

d. Le passage qui suit, jusqu’à submerguntur (ci-dessous, 1. 13), se trouve 
chez Philippus, pp. 32-33. 

e. Peut-être erreur de copie pour latitudinis , à moins que l’auteur n’ait 
voulu parler de la profondeur du lac. 

f. Quelques mots ont probablement été sautés par le copiste : on pourrait 
rétablir le texte de la façon suivante : Hic itaque lacus ratione sue longitu- 
dinis et altitudinis [ou latitudinis ] mare nuncupatur , videlicet mare Judeo- 
rum et Egipciorum , qui congregationes aquarum appellant maria ; ou, plus 
simplement de la façon suivante : Hic itaque lacus ratione . . . mare Judeorum 
nuncupatur ab Egipciis qui congregationes.... 

g. La façon dont ce mot est abrégé dans le manuscrit comporterait plutôt 
la lecture sed; mais il est probable que l’original portait scilicet. 

h. Le passage qui suit, jusqu’à sita est (ci-dessous, 1. 17), se trouve chez 
Philippus, p. 32. 

t. Ce mot manque dans le manuscrit; on peut aussi conjecturer in qua. 

j. Sic 

k. Comparer la suite, jusqu’au mot tranquillum (ci-dessous, p. 375, 1. 2), 
avec Philippus, pp. 33 et 166. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


375 


cepit et dubitari a . Dixit Ihesus : Modice fidei, quare dubi - 
ta8ti? b Ibi eciam aiia vice, discipulis periclitantibus, fecit Dominus 
mare tranquillum. Ibi 6 prope ad duo miliaria, ut quidam dicunt, est 
Magdalum opidum seu castrum, a qua dicta est Maria Magdalena. 

Item iiij° miiiare a Betsaida est Corrozaim rf , ubi nascetur Aoti- 
christus, qui erit de tribu Dan, qui fuit unus de duodecim patriar- 
chis flliis Jacob. Quarto « eciam miliario a Tybiriade, est Dotaym 
versus meridiem, ubi frat res Joseph eum vendideruot. Cafamaum 
autem civitas sita est in dextro capite maris Galilee, ubi multa 
miracula fecit Ihesus; in qua Antichristus regnabit. Item secundo 
miliario a Cafarnaum, est descendus montis ubi Dominus fecit ser- 
monem ad turbas et docuit apostolos et sanavit leprosum. Item 
per unum miiiare in descensu, est locus ubi Dominus quinque 
milia hominum saciavit, unde locus dicitur mensa . Cui subiacet 
locus ille in quo Christus post resurrectionem discipulis apparuit 
et comedit cum eis piscem, assum et favum mellis f. Item ad 
radicem Libani est Paneaa 9 civitas sita, que Zezaria Philippi 
dicitur, ubi Dominus promisit Petro claves regni celorum. Tyrus 
autem, Sydon, in quibus Dominus multa miracula operatus est, 
non sunt civitates terre repromissionis, sed sunt site in provincia 
Scirie. In territorio autem civitas Tyris \ ad radicem Libani, est 
fons super quem fessas Dominus ex itinere quievisse dicitur, dum 
pertransiret fines Tyri etSydonis. Et est ibi lapis iuxta muros 
civitatis, super quem Dominus dicitur || sedisse et turbas docuisse r 0 i. as a 
et ibi dictum fuisse : Beatus venter qui te portavit *. Extra autem 
muros civitatis Sydonis, Dominus sanavit flliam mulieris Cha- 
nanee, ut patet in Ewangelio. Sunt etenim quam plura alia loca 
que Dominus corporali presencia sua visitare et sanctificare 
dignatus est. Quecumque enim loca dominus noster Ihesus Ghris- 
tus pedibus calcavit sancta et consecrata et pro preciosis reliquiis 
a fldelibus habentur. 


a. Écrit dubità , puis corrigé en dubitari . 

b. S. Mathieu, XIV, 31. 

c. Comparer la suite, jusqu’au mot Magdalena (ci-dessous, 1. 4), avec Phi- 
lippus, pp. 32 et 167. 

d. Le passage relatif à Corrozaim se trouve à peu près textuellement chez 
Philippus, pp. 32 et 167. 

c. La suite, jusqu’aux mots favum mellis (ci-dessous, 1. 16), figure aussi en 
termes presque identiques chez Philippus, pp. 167 et 168. 

f. S. Luc, XXIV, 42. 

g . Comparer le passage relatif à Paneas, avec ce que dit, en termes ana- 
logues, Philippus, p. 169. 

h. Sic. 

t. S. Luc, XI, 27. Le passage relatif à la dite pierre se trouve aussi chez 
Philippus, pp. 173-174. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


[XX. De locia aanctia et mirabilibua que aunt in terra Egipti 
et in regione Philiatinorum.] 

Egiptua itaque ab Egipto rege, fratre Doaym, sic vocata est, que 
olim propter eius opulenciam Sencia , id est bona copia, extitit 
appellata, Centura milibus villarum inclita. Hec uodique a fluvio 
Nilio sive Nilo cingitur, quam nubes non obscurant, pluvie non 
irrigant. Sed Nilus, unus de quatuor fluminibus Paradiai , qui in 
Scriptura Gyon dicitur et a gentibus terre talis appellatur, eam 
inundans fecundat. In Egipto est provincia Thebayca, a civitale 
Thebea nominata, in qua beatus Mauricius martir, cum legione 
sua, principaliter principabatur, et ab ilia Thebeni a dicuntur, 
quorum festa habentur. Huic adiacet raaxiraa solitudo, de quibus 
legitur in vitis Patrum. In diversis itaque partibus Egipti , inve- 
niuntur arche lapidee magne sicut turres, que graneria Joseph 
appellantur, scilicet quia ipse Ioseph eas fecit fieri, causa repo- 
nendi frumentum pro tempore necessitatis, ut palet in Genesi. 
Cambyses igitur, rex Assiriorum, Egiptum superans Menphim 
civitatem restauravit, quam novam Babiloniam nominavit. In 
hac civitate Pharao habitavit, a quo filii Israël in luto et latere 
opprimebantur. In ea postea Phyladisus rex Egipti, vero Deo 
templum edificavit ad similitudinem et quantitalem templi Deo c 
quod est in Ierusalem. Hec igitur civitas nunc capud est Egipti, 
ubi est maximum castrum quod [ Cayrum ] d appellatur Babilonie y 
in quo moratur Soldanus cum maxima multitudine militum. Àd 
hanc civitatem, timoré Herodis, qui querebat animam pueri, fugit 
Joseph cum Ihesu et Maria maire eius, et ibi adhuc est parva 
roi. 36 b domus ubi beata Maria cum filio suo mo || rata fuit septem annis. 
Super hanc vero cellam vel domum, est una pulcra ecclesia que 
appellatur Sancta Maria cava e , ubi est magna devocio non 


a. Sic. 

b. L’auteur a probablement voulu désigner Ptolémée Philadelphe. La cons- 
truction, en Égypte, d’un temple semblable à celui de Jérusalem, pour des 
Juifs réfugiés dans ce pays, est rapportée aussi par Marino Sanudo, Secrçta, 
1. III, p. I, ch. 11, qui attribue l’autorisation de construire à Ptolémée Epi- 
phane. 

c. Sic. 

d. A la place de Cayrum , que je rétablis par conjecture, il y a un blanc dans 
le manuscrit. 

e. Sur l’église de S. Maria cava et celle de S. Barbara, dont il va être ques- 
tion, voy. en particulier la relation de Nicolas de Martoni {Rev. Or. lat. % III, 
567), et celle d’Antoine de Crémone dans la Zeitschr. d. deutschen Pal. 
Vereins, t. XIII, pp. 161-165. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


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solum a Christiania, vero eciam a multis Sarracenis ; ibi virgo 
Maria honoratur. Prope vero hanc ecclesiam, est una alia ecclesia 
ubi dicitur quiescere corpus aancte Virginia et martiria Barbare. 

Item iuxta Cayrum Babilonie, ad quatuor miliaria, est * una vinea 
balsami, que fructum talem producit, causa adaquacionis aque 
illius fontis qui miraculose apparuit in loco illo ubi beata Maria 
deposuit filium suum. Narratur autem quod beata Maria, quando 
ibat in Egiptum, requievit iuxta quandam villam adhuc ibidem 
apparentem, que causa sitis habilatoribus illius peciit aqaam, 
quam protinus ei renuerunt. Sed cum beata Maria a terra depo- 
suisset filium suum, slatim ibi ad pedes pueri exivit aqua in 
magna quantitate, que omnibus bibentibus est dulcissima, exceptis 
habitatoribus in dicta villa, quibus est amarissima. De ista aqua 
irrigatur vinea predicta, que antea nullum aut modicum fructum 
produeebat. Ymmo dicitur a peregrinis quod dicta vinea fuerit 
facta de spinis vel arboribus illis infructiferis super quas beata 
Virgo posuit ad desiccandum pannos filii sui, quos lavil in predicta 
aqua. Item dicunt quod boves qui hauriunt hanc aquam causa 
adaquandi dictam vineam, a media die sabbati et usque ad diem 
lune nequaquam operari volunl, etiam si stimularentur usque ad 
mortem . Prope vero hune fontem, est arbor appellata palma b , 
que virlute Chrisli datulos produxit et beate Marie se inclinavit®, 
ex qua fructus collegit. Et ibi prope sunt balnea optima, que ex 
virtute illius aque magnam efflcaciam habent. 

In terra Egipti, victor Alexander civilatem edificavit, quam ex 
suo nomine Alexandriam nominavit. Hec vero civitas sita est in 
lilore maris, que quatuor dietis dislat a Babilonia, et. x. a Ierusa- 
lem, et .xv. a monte Sinay. In hacigitur civitate beatus ewange- 
lista Marcus et beata Kalherina et innumerabiles alii sancti et 
sancte pro flde Chrisli martirizati sunt; de quibus scribitur in mar- 
tirologio. In terra etiam Egipti est civitas Dammiata, que olim 
Altepoleos d , id est civitas solis, dicebatur, distans ab Alexandrin 
per viam maris, c. quinquaginta miliaribus || et a lerusalem diebus toi. 37 a 
octo. Ex qua fuit Asenech, sponsa Joseph. Ab ista vero civitate 


a. Ms. : et. 

b. Ms. : pallana. 

c. C’est-à-dire s’inclina devant la bienheureuse Marie. Philippus (pp. 71- 
72) parle également de cet arbre, à peu près dans les mêmes termes. Je rap- 
pelle au surplus que cette histoire figure dans les Évangiles apocryphes 
{ Pseudo-Matthaei Evangelium , cap. XX; éd. ConSt. Tischendorf, Evangelia 
apocrtjpha , pp. 87-88). 

d. Ou Alcepoleos. 

Rev. de l’Or, latin. T. IX. 25 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


[usque ad civitatem] » Philiatinorum, est spacium .vi. dierum. Hec 
autem civitas olim Gaza dicebatur, cuius portam Sampson media 
nocte surgens tulit et eas 6 soins extra civitatem exportavit. In 
libro Judicum continetur. Postea sequitur Jopen, alia civitas Phy- 
listinorum, que nunc Zapha appellalur, distans. xl. miliaria a Ieru- 
salem et ducealis .lx. a Damiata. In qua decapitatus extilit bea- 
tus Jacobus maior, et multa alia miranda ibi facta sunt, ut patet 
in libris Judith, Regum, Machabeorum. Ab hac civitate usque 
Ramam sunt octo miliaria, ubi audita est Rachel plorans filios 
suos. Item prope est ecclesia Innocentant «, in cuius régions 
multi, loco Ghristi, occisi sunt ut prophetatum fuit per Jeromiam d 
et scribitur per Matheum ewangelistam, dicentem : Vox in Rama 
audita est «, etc. De Rama vero eundo in Ierusalem, in via repe- 
ritur locus ubi beatus Georius extitit decapitatus. Postea invenitur 
castrum Emaus et postea Bethulia, de quibus superius dictum 
est. Deinde sequitur Acon, id est civitas mari[n]a f, que distat a 
Jopen per viam maris .xl. miliaribus et .viij. infra terram a Naza- 
reth. Istius civitatis medietas sita est in terra promissionis. Hec 
igitur civitas alio nomine appellatur Tholomida, sicut legitur in 
libro Machabeorum. Prope « quam est mon» Carmeli, super quem 
montem est ecclesia sancte Margareihe de monte Carmeli dicta. 
In hoc monte sancti Heiyas et Elizeus multis temporibus habitave- 
runt. Prope quem est ecclesia que vocatur Sanctus Heiyas; 
ibique ad torrentem Zizon Heiyas oravit, et celum pluvia * et 
dédit terra fructum suum. 


[XXI. De peregrinacionibus et locis terre Syrie.] 

In terra igitur Syrie ( Siria a quodam rege sic appellata est) 
multa miranda et digna recordacione a Deo et sanctis eius prepa- 
rata ' sunt. Sub Syrie itaque provincia continetur tota terra pro- 


a. Ces mots placés entre crochets manquent dans le manuscrit. Je les réta- 
blis par conjecture. 

b. Sic. 

c. Sic. 

d. Sic. 

e. S. Mathieu, II, 18. 

f. Ms. : maria. La leçon marina (ou maritimà?), si elle est exacte, sem- 
blerait indiquer que l’auteur prétend faire venir Acon de aqua. 

g. La suite, jusqu’à la fin du chapitre, se trouve en termes analogues chez 
Philippus, p. 77. 

h. Sic , probablement pour pluviam. 

i. Sic , peut-être pour patrata. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


379 


missionis, cuios loca sa ne ta superins narra ta sunt. Item in provin- 
cia Syrie, est Tyrua civitas in corde maris sila, ex omni fere parte 
mari circumdata, que metropilis 0 est universe provincie Syrie et 
provincie Fenia b , distans ab Acon .xviij. miliaribus. In territorio 
istius civitatis, in loco aliquantulum eminenti ad radicem mon- 
tis Libani, est || fons super quem ex itinere fessas Dominus nos- toi. 37 » 
ter dicitur quievisse, dum pertransiret fines Tyri et Sydonis, ut 
superius dictum est. Hic e fons habet aquas lympidissimas copiose 
scaturientes, universamque regionem irrigans; quem Salomon 
Fontem ortorum, Puieum aquarum vivencium appelasse dicitur; 
et est lapis iuxta muros super quem Dominus dicitur sedisse et 
turbas docuisse, et ibi hoc d dictum fuisse : Beatua venter qui te 
portavit «, etc., ut palet superius. Hanc civitatem dicitur fundasse 
Tyrus, filius Japhet, nepos Noe, et ipsam suo nomine appellavit. 

Nunc vero appellatur Suraqua vel Aqua Suriani. De hac vero 
civitate scribitur in Ezechiele : Tu dixisti, perfecti deeoria 8um 
et in corde aita (, et iterum : Quis cogitavit t hoc auper Tirum 
quondam coronaiam, cuiua negociatorea principea inatitorea eiua 
incliti terre A . In hac régna vit Agenor, cuius filius Fenix regioni 
Fenicem nomen imposuit. Ex hac Dido regina originem habuit, 
que Cartaginem condidit. Istius civitatis rex fuit Yram, qui 
cedros de Libano Salomoni ministravit pro Templi construc- 
cione. Huius servus Abdimus ' mire sublimilatis ingenii in enig- 
matibus solvendis quem putanl Marcbolphum equipollenler res- 
pondebit Salomoni i. In hac eciam régna vit Appollonus *, et Ori- 
genes sepelitur. De hac civitate fuit mulier Chananea, cuius filia 
a Domino liberata extitit. Hec civitas multos martires reddidit 
Deo. Ex hac civitate fuit Vulpianus 1 legis peritus. Tiri primi figu- 


a. Sic. 

b. Sic. 

c. Le passage relatif à cette fontaine figure, en termes voisins, chez Phi- 
lippus, p. 173. 

d. La lecture de ce mot est douteuse. 

e. S. Luc, XI, 27. 

f. Ezéchiel, XXVII, 3. Le texte biblique porte : « in corde maris sita ». 

g. Ms. : contigavit. 

h. Isaïe, XXIII, 8. 

i. Il s'agit sans doute ici du tyrien Abdemon, qui résolvait les énigmes 
envoyées par Salomon au roi Hiram (voy. Josèphe, Antiquités judaïques , 
1. VIII, ch. h). 

j. La phrase n’est pas très claire; mais il y a là certainement une allusion 
à la pièce célèbre intitulée : Dialogus Salomonis et Marculfi. , dont il existe 
aussi des recensions françaises, et dont il a été donné plusieurs éditions, tant 
latines que françaises. 

k. Sic. 

l. Ms. : Wlpianus. 


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380 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ras literarum invenerunt, primi tinxerunt purpuram, unde pur- 
pura preciosior tiria appellatur. Sequitur Sydon civitas, que 
nunc Sagitum appellatur, distans a Tiro .xviij. miliaria, extra 
cuius muros Salvator noster flliam Gananee a demonio vexatam 
liberavit. Deinde a sequitur Aradens ta civitas, in qua beatus 
Petrus in honore beate virginis Marie modicam ecclesiam funda- 
vit, in qua divina célébra vit. Hec dicitur prima ecclesia beate 
Marie virginis, ubi multa miracula fiant, que a Christiania et 
Sarracenis in magna reverencia [habetur] *. Postea sequitur 
f«i. as a Baruth || civitas, que distat a Tiro per quingenta miliaria per viam 
maris. In qua civitate sunt due ecclesie, Sanctua Salvator et 
Beatua Georiua; extra cuius civitatis muros, ad duo miliaria ver- 
sus orienlem, est eccleaia beati Georii martiria, ubi ipse occidit 
draconem. Postea « sequitur Damaacua civitas, a Damasco, liberto 
Abrahe <*, constructa et appellata, que duas dietas et plus distat a 
Beruth, per quam transeunt Abana et Pharphar flumina, de qui- 
bus scribilur in libre Regum «. Terra Damasci erat Indumea et 
Sub8iria, ubi Adam fuit formatus, et Caym occidit Abel, fratrem 
suum. Hic habitavit Esau, qui Seir et Edom dicitur. Est seir homo 
pilosus et edoom homo rubeus. Inde dicitur Indumea, et est pars 
terre istius Job et Succa et Thiman et Namath, de quibus fue- 
runt consolatores eius f. In Idumee finibus non multum longe a 
Damasco et Jordane, est fluvius Jacob a, quo transvadalo lucta-' 
tus est cum angelo. Item prope Damascum apparuit Dominus 
Saulo, in loco qui hodie dicitur Melgisaphar A , et in Damasco per 
manus Ananye prophète baptizatur. Item prope Damascum per 
.xx. miliaria, est Sordana », ubi est ecclesia in qua est ymago 
beate Marie, de quo emanat oleum sanctum. Indumea[m] i vero 
et Feniceam dividit Libanua. Ad pedem itaque montis Libani 
jacet antiquissima civitas Dan, sita inter montem et Damascum, 


a. Comparer le passage qui suit, touchant Tortose et l’église de la Vierge, 
avec Philippus, p. 174. 

b. Ce mot manque dans le manuscrit; je le rétablis par conjecture. 

c. Le passage qui suit, jusqu’à consolotares eius (ci-dessous, 1. 22), figure en 
termes analogues chez Philippus, p. 170. 

d. D’après d’autres écrits, le serviteur d’Abraham qui aurait fondé Damas 
serait Èliézer (vov. Guide de T. S., p. 37, et ci-dessus, p. 324, n. 3). 

e. IV Rois , V, 12. 

f. Job, II, 11. 

g. Philippus, p. 170 : Jaboch . 

h. Cf. Philippus, p. 170. 

i. Sardenay. — Philippus (p. 171) a un passage analogue sur l’image do 
Sardenay. 

j. Ms. : Indumea. 


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LE LIBELLUS DE PIERRE « DE PENNIS » 


381 


que est terminus terre promissionis versus septentrionem. Istius 
civitatis antiquitus nomen fuit Lesim, sed capta a filiis a Dan, ab 
eis Lesidan appellala extitit. Philippus vero tetrarca, senioris 
Herodis fllius, ipsam in honorem Tiberii cesaris Ceaariam Phi- 
lippi appellavit. Ipsa dicitur Paneaa et wulgariter Belinas ; et 
ipsa silva que civilati adiacet Paneaa dicitur, que olim cum ipsa 
et iota Cilieia que Libano adiacet aaltua Libani dicebatur. 

Et est etiam super mare quedam alia civitas prope Japhan, ad 
.x. miliaria, que olim Turria atructionia * dicebatur ; sed ab Herode 
in honore Cesaris ampliata Ceaarea Paleatina c appellata fuit ; ubi 
beatus Paulus carceri mancipatur. Beraabee autem terminus est 
terre promissionis ex || parte altéra, sed d australi, que est ad radi- rouas» 
cem moncium campestum «, et inter montes et Aacalonem sita. 

Hec civitas dicitur Puieus federi8, quia Abraham in signum fede- 
ris quod habuit cum Abimelelh fodit ibi puteum. Item in terra 
Syrie est civitaa Antiochie, que olim Reblata dicebatur, quam 
Anthiochus rex miriflce ampliavit, ipsamque Antioehiam suo 
nomine appellari iussit. Hec civitas est inter montes et üumina, 
duodecim miliaribus a mari, in faucibus fluminis portum habens, 
que per mare distat a Tyro .c. octoginta iiij or miliaribus; sed pos- 
tes fuit dicta Theophila ab eiusdem urbis episcopo, ad quem 
Lucas ewangelista Actus Apostolorum scripsit. Ex qua beatus 
Lucas extitit oriundus. Beatus eciam apostolus Petrus in civitate 
ilia primam cathedram tenuit, et fideles Christian! dicti sunt qui 
prius discipuli vocabantur. Item per viam maris versus orientem 
ultra Anthiochiam, ad nonaginta miliaria, est Taraaua 10 Cilicie, 
id est Arménie, unde beatus apostolus Paulus extitit oriundus. 


[XXII. — De peregrinacionibua exiatentibua in Arabia, in Media, 
in Mexopotamia et in terra Moab seu Moabitarum .] 

Arabia itaque olim a Saba fllio Thus Saba appellabatur, in 
qua thus colligitur. In hac est Botrum antiquissima civitas, 
metropolis tocius provincie Arabie, que hodie dicitur wulgariter 
Buaeruth, sub se continens Tratonitidem regionem. Et quia 


a. Ms. : fllia. 

b. Sic. 

c. Sic. — Philippus (p. 75) s'exprime en termes analogues au sujet de Césa- 
rée de Palestine. 

d. Sic } en toutes lettres dans le manuscrit, mais peut-être l'original portait- 
il .s., que le copiste aurait dû interpréter par scilicet. 

e. Sic. 


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382 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


regio ilia fontibus et rivis caret, habitatores eius aquas pluviales 
per tracciones, id est meatus subterraneos, colligunt, unde ilia 
regio Traconi8 dicilur, quia habitant inspeluncis °. Et postea est 
Decapoleo8, cuius ânes sunt inter mare Galilee et Sidone. Est 
eciam Iturea regio post territorium Sydonensem, que ad radices 
Libani protenditur, qui saltus Libani appellatur. Est autem in 
Arabia mons Synai qui principaliter comprehendil duos montes, 
scilicet montem Moysi et montem Oreb . In monte Moysi, qui est 
alcior omnibus aliis, lex Moysi dabatur, ubi est eius ecclesia, in 
qua per sanclos angelos mirabililer fuit corpus beate Katherine 
collocatum, de Alexandria ibidem per eos apportatum . In cacu- 
mine istius monlis, est unus lapis miraculose cavatus, inquo ultra 
quadringentos annos requievil dictum corpus ; nunc vero collo- 
roL3»«catum estinquadam parva valle sita inter duos montes, || .xvj. 
miliaribus distans ab eo. Unus vero istorum moncium, inter quos 
dictum sanctum corpus nunc quiescit, appellatur mons Moysi ; 
alius autem dicilur mons Oreb b, ubi est ecclesia beati Helye pro* 
phete. In via itaque per quam ad islum montem ascenditur, quasi 
in medio, sunt très ecclesie, scilicet beate Marie et sancti Alexii 
et sancte Margarite. Infra igilur monasterium beate Katherine, 
est ille locus ubi Dominusapparuit Moysi in rubo, et forte ista de 
causa factum fuit ibi sollempne monasterium, et ibidem dictum 
corpus sanctum collocatum prope fuit. Itaque a monte Synai ad 
unam dietam, est mareRubrum, per quod siccis pedibus ûlii Israël 
transierunt, ut palet in libro Exodi. Item, iuxla prediclum, fuit 
urbs Madian, in qua Jetro sacerdos prefuit, cuius habitatores 
Madianite appellantur. Prope vero has gentes per circuitum sunt 
alie gentes multe, scilicet Moabite et Amononite, Ydumei, Sarra- 
ceni et alie multe. 

Est preterea in Media nobilis civitas Edissa, metropolis tocius 
regionis Yndie seu Indorum que Rages dicilur, vulgariter vero 
Roase appellatur. Ad hanc urbem àntiquissimam misit Thobias 
ûlium suum a Ninive ad Gabelum. Hanc civitatem beatus Tha- 
theus convertit, in qua corpus apostoli Thome multis annis 
quievit. In hac Abagarus rex tempore lhesu Chrisli regnavil, qui 
Domino nostro scripsit et scriptum ab eo recepit. 

Item in Mesopotamia est civitas Haran, in qua habitavit 


a. L’auteur parait avoir réuni ici deux étymologies du mot « Traconitis ». 

b . Cette distinction entre le mont de Moyse et le mont Oreb a déjà été faite 
quelques lignes plus haut, d’où Ion pourrait inférer que l’auteur a reproduit 
ici deux relations distinctes. 

c. Ceci ne peut s’appliquer à l'époque de Pierre « de Pennis ». 


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LE LIBELLUS DE PIERRE DE « PENNIS » 


383 


Abraham egressus a Caldea , prius quam in terram promissionis 
veoiret. Et dicitur Mesopotamia a meos quod est medium et 
pornos a quod est fluvius, quia est sita inter duos fluvios, scilicet 
Tigrim et Eufra ten . 

In regione itaque Moab sive Moabitarum, est quedam civitas 
que nunc Egeronum b appellatur, sita inter Ierusalem et Damas - 
cum, duobus dietis distans a Jérusalem et quatuor a Damasco. 

In hac igitur civitale, est unus mons qui appellatur morts Aba- 
rim e , ubi constructum fuit a Christianis pulchrum castrum; unde 
Moyses vidit terram promissionis. In terra quoque Moab mortuus 
est Moyses, iubente Domino, et sepelivit eum Dominus in valle 
terre Moab, et non cognovit homo sepulcrum eius usque in hodier- 
num diem. Piequidem credendum est quod sanctissimus propheta 
Moyses, Dei amicus carissimus, sit in anima et corpore in eterna 
beatitudine, et nunc clare et lucide Deum sicuti est || facie ad foi. 39 » 
faciem contempletur. Hanc visionem concédât nobis Dominus 
noster Ihesus Ghristus omnipotens verissimus Deus et homo per- 
fectus, cui laus est et gloria per infinila secula seculorum. Amen. 

Expli cit libellus de locis sanctis ultra marinis. 

Deo grattas. 


a. Sic. , 

b. Géra? 

c. Sur les monts Abarim, lieu de la sépulture de Moïse (auj. monts Uruka- 
raije, Tarfûjeh, Ghuweiteh), voy. Burchard du Mont-Sion, V, 16; VII, 33; 
VIII, 3; IX, 20 ; XI, 3 (éd. Laurent, pp. 43, 57, 72, 81, 85); et Jean deWurzbourg, 
éd. T. Tobler, p. 180. 


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CHRONOLOGIE 


DE L’HISTOIRE 

DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 

RÈGNE DE BAUDOUIN I 
( 1101 - 1118 ) 


AVANT PROPOS 

Le travail que je publie aujourd’hui forme la suite de la 
Chronologie de la l re croisade, parue dans les tomes VI 
à VIII de la Revue de l’Orient latin. On y trouvera, conçue 
d’après le même plan, une chronologie du royaume de Jéru- 
salem et de l’Orient latin pendant le règne du premier 
successeur de Godefroi de Bouillon. Il n’existe encore, pour 
cette période, aucun travail analogue, et, plus encore que 
pour la l r * croisade, les historiens modernes se sont montrés 
sobres de renseignements chronologiques exacts pour les 
événements survenus en Terre-Sainte après l’occupation 
franque. Murait, dans son Essai de chronologie byzantine , 
1057-1453 *, a bien relaté quelques-uns des principaux faits 
des croisades et de l’histoire des établissements latins, mais 
il les a souvent mal datés, et n’a généralement indiqué les 
sources que d’une manière tout à fait insuffisante *. 


1. Genève et Saint-Pétersbourg, 1871, in-8°. 

2. Par exemple, il place quelques jours après Pâques 1102 la traversée du 
Bosphore par Anselme, archevêque de Milan ; il donne comme ayant eu lieu 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 385 

Je crois donc que l’établissement d’une Chronologie consa- 
crée à l’époque de Baudouin I er ne sera pas superflue et 
pourra rendre les mêmes services que la Chronologie de 
la î re croisade. Rien, en effet, ne saurait être plus utile aux 
travailleurs que d’avoir à leur disposition des registres chro- 
nologiques et de pouvoir, à l’aide des sources indiquées et 
grâce à la reproduction des passages topiques, vérifier eux- 
mêmes l’exactitude des dates assignées aux événements. 

Qu’il me soit permis de reprendre ici quelques points trai- 
tés déjà dans la Chronologie de la l re croisade. 

M. Gindler, dans une dissertation intitulée Graf Balduin I 
von Edessa (Halle, 1901), a contesté le bien fondé des dates 
que j’avais assignées à l’arrivée de Baudouin à Édesse ( Chro- 
nologie , n° 239) et au combat livré par Baudouin près de 
Samosate (n° 238). Selon lui, l’entrée de Baudouin à Édesse 
doit être placée non au 20 mais au 7 février 1098, et l’on doit 
admettre que l’attaque de Samosate, mentionnée par Mathieu 
d’Édesse et Albert d’Aix, eut lieu postérieurement à son 
premier séjour à Édesse, Baudouin étant parti de cette ville 
pour aller s’emparer de ladite place. Je m’étais appuyé sur 
le témoignage de Foucber pour établir que cette attaque 
était antérieure au contraire à son arrivée à Édesse. M. Gindler 
pense que les quinze jours qui, selon Foucher, s’écoulèrent 
entre l’arrivée de Baudouin et le meurtre de Thoros, doivent 
être comptés non à partir du jour même où éclata la révolte., 
c’est-à-dire à partir du 9 mars, mais à partir du jour où les 
habitants d’Édesse ourdirent secrètement cette révolte, c’est- 
à-dire approximativement, du 21 au 27 février. Évidemment 
il est possible qu’il ait raison. M. Kohler, dans la Rev. de l’Or. 


dans cette môme année 1102 les combats des trois armées de croisés contre 
les Turcs, tout en disant en un autre endroit que les Allemands étaient arri- 
vés à Constantinople dès le 1 er juin 1101. Selon lui, Hugues le Mainé serait 
mort en 1102, et Boémond aurait été fait prisonnier en août 1101. Le registre 
des sources, placé en tète du volume, est disposé de façon très défectueuse. 
Quiconque n’est pas familiarisé avec les documents de l’époque aura 
grand peine à s'y reconnaître; de plus, les sources indiquées dans le corps 
môme de l’ouvrage pour tel ou tel événement le sont souvent de façon telle- 
ment abrégée, que, môme à l’aide du Registre, on ne peut les identifier sans 
de longues recherches. Ainsi, p. xvi du Registre, un document est indiqué 
avec le simple titre Poème chronologique grec , sans autre explication. En un 
autre endroit, on donne pour référence « Dshorsham 1409 ». Le lecteur renon- 
cera souvent à déchiffrer ces énigmes. 


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386 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


latin, VIII, 585, émet l’avis que Baudouin put venir une 
' première fois à Édesse, avec une petite escorte, comme le dit 
Mathieu d’Édesse, en repartir presque immédiatement pour 
se porter contre Balduk, puis y rentrer avant le meurtre de 
Thoros, ce qui concilierait à peu près les témoignages diver- 
gents en apparence de Foucher, de Mathieu et d’Albert. Je ne 
puis opposer aux systèmes de Gindler et de Kohler des argu- 
ments péremptoires. Mais, dans l’un comme dans l’autre, 
comment expliquer le renseignement donné par Foucher, 
témoin oculaire et généralement très exact : « Cumque, 
per xv dies illic moram fecissemus, machinati sunt cives 
urbis principem suum sceleste occidere », si ce fut précisé- 
ment dans l’intervalle de ces 15 jours qu’eut lieu l’attaque 
contre Samosate. Comme il est impossible d’entrevoir le 
motif qui aurait conduit Foucher à passer cette expédition 
sous silence, on en serait réduit à mettre sur son compte 
une grave inexactitude. Si, en réalité, ce que dit Foucher 
des incidents de la marche de Baudouin vers Édesse n’a 
rien à voir avec les combats contre Balduk racontés par 
Mathieu d’Edesse et Albert d’Aix, ne pourrait-on pas alors 
supposer que Foucher fait allusion à ces combats, dans le 
passage où il parle des expéditions entreprises par Baudouin 
contre les Turcs lorsqu’il fut devenu maître d’Édesse après 
la mort de Thoros : « Cum autem principatum illius dono 
civium Balduinus suscepisset, protinus adversus Turcos qui 
in patria erant litem bellicum movit, quos multotiens vel 
victos vel occisos superavit. Contigit tamen de nostris plures 
a Turcis interemptos fuisse. » Manifestement Foucher ne con- 
naît qu’un seul séjour de Baudouin à Édesse avant le meurtre 
de Thoros. Je ne puis me décider à sacrifier le témoignage 
d’un narrateur aussi exact aux renseignements souvent peu 
sûrs de Mathieu d’Édesse et d’Albert d’Aix. 

Je dois encore réparer ici une lacune de ma Chronologie , 
en ce qui concerne les documents que je devais utiliser. J’ai 
négligé, en effet, une source qui, bien que secondaire, devait 
prendre rang dans mon travail à cause des nombreuses indi- 
cations chronologiques qu’elle contient. Il s’agit du Chronicon 
Malleacense, rédigé vers le milieu du xn* siècle et publié en 
1869 par Marchegay et Mabille dans leur recueil de Chroni - 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 387 

ques des églises d’Anjou , pp. 351-453, sous le titre de Chro- 
nicon S. Maxentii Pictavensis. L’auteur anonyme de cette 
chronique a dû avoir à sa disposition des documents contempo- 
rains de la première croisade. Il a connu les Gesta Franco- 
rum et aliorum Hierosolymitanorum, la lettre du patriarche 
Siméon et probablement aussi YHistoria Hierosolymitana 
de Baudri de Dol. Et, ce qui est important pour nous, il a eu 
soin assez souvent de donner, sans doute d’après ses sources, 
les dates des événements qu’il rapporte. Il ne sera pas 
inutile de relever ici les passages en question et de fournir 
au sujet des événements qui s’y trouvent rapportés quelques 
explications complémentaires. J’indiquerai pour chacun 
d’eux le n° de la Chronologie auquel ils sont afférents : 

An. 1095 : 

« III idus Novembris (= 11 nov.), Urbanus papa tenuit conci- 
lium... ». La date du 11 novembre est inexacte. Le concile eut 
lieu du 18 au 28 novembre 1095. ( Chronol . n° 9). 

An. 1096 : 

« VI kal. Febr. (= 27 janv.), Urbanus papa fuit Pictavis et 
benedixit monasterium novum ». — Cf. Jaffé, Reg. pontif., I, 684. 

« Pascha (= 13 avril), Urbanus Sanctonas reversus et celebravit 
ibi Pascha. » — Cf. Jaffé, ibid., I, 687. 

« V1I° idus Augusli (= 7 août), signum crucis apparuit in coelo 
et multi no biles iussu papae perrexerunt in viam S. Sepulchri et 
coopérant omnia relinquere ». {Chronol., n°* 65, 67). 

« In die dedicationis S. Michaelis (= 29 sept.), perierunt Lom- 
bardiet Longobardi in Castro Exorogorgo. » D’après les Gesta, 
II, 5. (Chronol., n° 76). 

« Mense Octobri, occiderunt Turci omnes peregrinos... » (Chro- 
nol., n“ 79-89). 

An. 1097 : 

« In IV feria quod est capul ieiunii (= mercredi, 18 févr.), Boa- 
mundus et Tancredus et Guillelmus, frater eius, persecuti sunt 
TurcopolosetPincinatos... » (Chronol., n°119). 

«Kal. Maii (= l* r mai), concordes et unanimes effecti sunt 
Franci cum imperatore Alexio causa sanctae expeditionis. .. » 


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388 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


— Le l 4r mai, Godefroi de Bouillon, Tancrède, et Robert de Flandre 
étaient déjà partis de Constantinople. La notice ci-dessus ne peut 
donc s'appliquer qu’à Raimond de Toulouse et à Boémond. — 
( Chronol ., n°* 143, 145.) 

« Mediante Maio, pugnaverunt apud Niceam civitatem et in die 
Ascensionis, pridie idus (= 14 mai), coeperunt primum inva- 
dere ». [Chronol., n°* 150-152). 

« 1° die Iulii, fuit bellum contra CCCLX milia Turcorum, Sara- 
cenorum, etc. ». {Chronol., n° 169.) 

< Pridie nonas Octobris (= 6 oct.) apparuit Stella cometa » . Ren- 
seignement fourni également par Foucher. {Chronol., n° 181.) 

« Iü idus Octobris (= 13 oct.), fuit terrae motus ». 

« XII kal. Novembris (= 21 oct.), obsederunt Franci iij partes 
civilatis Antiochiae... ». Le rédacteur a emprunté cette date aux 
Ge8ta, 132 (XII, 2). Dans notre citation des Gesta ( Chronologie , 
n° 203), au lieu de « vij kal. », il faut lire « xij kal. ». [Chronol., 
n° 203.) 

« V kal. Ianuarii (= 28 déc.), fuit bellum... ». {Chronol., n®219.) 
An. 1098 : 

« Idibus Februarii(= 13févr.), fuit bellum... » Cette indication 
contredit celle que fournissent les Gesta , mais concorde avec celle 
donnée par Baudri de Dol. {Chronol., n° 233.) 

« V kal. Aprilis, Pascha (= 28 mars), fuit et aliud bellum ubi 
amiralii XII sunt occisi. Po9t Pascha, acta sunt haec mense Aprili 
et Maio ». [Chronol., n°252.) 

« III die mensis lunii, in die Iovis (= 3 juin), subacta est Antio- 
cha... ». {Chronol., n° 265.) 

« III°die post haec (= 6 juin), obsessa est civitas a Corbalando... 
qui fuitcum gente sua... et ita fuit exercilus circa Antiochiam 
per XI dies. Tandem visione domini Jesu et S. Mariae sanctique 
Pétri apostoli confirmati et visione et revelatione simul S. Andreae 

et reperlione lanceae Domini nostri construxerunt acies 

suas... », etc. — On doit admettre probablement que « per XI dies » 
est une faute de copiste et que l’original portail « per XXI dies », 
car le siège d’Antioche par Kerboga dura 21 jours. On pourrait 
aussi supposer que les mots « per XI dies » ne signifient pas que 
le siège par Kerboga dura seulement 11 jours, mais qu’il se 
passa 11 jours jusqu’au moment où les assiégés furent réconfortés 
par les visions et par l’invention de la sainte Lance. Seulement, 
dans celle hypothèse, le jour de l’invention de la Lance ne serait 
pas le 14 juin, mais 11 jours au moins après le 6 juin (= 17 juiq 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 389 

oa après). A mon avis nous devons préférer la date du 14, 
fournie par Raimond d’Aguilers (« inventa est autem lancea 
XVIII 0 kal. Julii) à celle que donne la Chronique de S. Maixeni. 
(Chronol., n° 284). 

« IV kal. Iulii (= 28 juin), versi sunt in fugam et fugerunt ini- 
mici. In ilia [civitate Antiochia] fuerunt inclusi per XXVII dies et 
obsederunt per VIII menses et post captionem requieverunt per V 
menses et dimidium. » Le renseignement d’aprôs lequel les Francs 
auraient été enfermés 27 jours est erroné. ( Chronol ., n° 291). 

« VI kal. Octobris(= 27 sept.), coelum apparuit rubicundum. » 
Ceci n’est mentionné nulle part ailleurs. 

« RI nonas Octobris (= 13 oct.), terrae motus fuit... » — « Ad 
festivitatem omnium sanctorum (= 1 er nov.), adunati coeperunt 
viam S. Sepulcri. .. ». (Chronol., n° 321). 

« III idus Decembris (= 11 dec.), lunae eclipsis fuit. » 

« in idus Decembris (= 11 dec.), acceperunt Marram. » (Chro- 
nol., n° 329). 

An. 1099 : 

« Ibi [sci/. Marrae] morati sunt per unum mensem et IV dies. » 

— D’aprôs Raimond d’Aguilers, le comte de Toulouse quitta Marra 
le 13 janvier 1099. (Chronol., n° 339.) 

« IV idus Ianuarii (= 10 janv.), exierunt de Capharda. » Rensei- 
gnement inexact (cf. Chronol., n° 341). 

« Idibus Ianuarii (= 13 janv.), Raimundus, cornes de S. Aegi- 
dii, exivit de civitate Marra et venit ad Capharda. » (Chronol., 
n°* 339, 341.) 

<r VI kal. Martii (= 24 févr.), ad Archas venerunt ». Renseigne- 
ment inexact (cf. Chronol., n° 352.) 

« VII kal. Aprilis (=26 mars), fuit iudicium de lancea Domini ». 

— D’aprôs Raimond d’Aguilers, cet événement eut lieu le vendredi 
saint, 8 avril (cf. Chronol., n° 364). J’ignore à quelle source le 
chroniqueur a pu emprunter la date du 26 mars. 

« III idus Aprilis (= 11 avril), Archae celebraverunt Pascha 
Domini ». Il eût fallu dire : « IV idus Aprilis », car Pâques, en 1099, 
tomba le 10 avril (cf. Chronol., n°365). 

« VU kal. Maii (= 25 avril), tenuit Urbanus Romae concilium in 
quo confirmavit viam S. Sepulchri » (cf. Jaffé, Reg. pontif., I, 
p. 700). 

« V idus Maii (= 11 mai), pervenerunt Tripolim. » Renseigne- 
ment inexact, puisque les croisés partirent d’Archa le 13 mai seu- 
lement (cf. Chronol., n° 371). 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


« IV kal. Iunii (= 29 mai), Gaesareae Pentecostem célébra ve- 
runt ». ( Chronol ., n°379.) 

« V idus Iunii (= 9 juin), venerunt laetantes Jérusalem ». Il eut 
fallu dire « VII idus iunii » : l’arrivée des croisés devant Jérusalem 
eut lieu le 7 juin. {Chronol., n° 385.) 

« V idus Iunii (= 9 juin), fecerunt bellum. » (Cf. Chroiiol., n°386.) 

«IV idusluuii (= 10 juin), aggrediuntur civitatem et minorem 
murum straverunt et unam scalam ad maiorem erexerunl. » — 
Cette attaque eut lieu non le 10 juin mais le 13 (cf. Chronol., n° 389). 

« VII idus Iulii (= 9 juillet), duo lignea castra deporlaveruul 
ad civitatem Ierusalem » (cf. Chronol., n°399). 

« VI, V, IV et III idus (= 10-13 juillet), aplaverunt machinas » (cf. 
Chronol., n°® 399, 401, 403). 

« Pridie idus (= 14 juillet), aggrediuntur mirabiliter civitatem 
usque in noctem. » {Chronol., n°404.) 

« VI a feria(= 15 juillet), expugnata etsubiugata est Ierusalem. » 
{Chronol., n° 405.) 

« Octava postquam ci vitas capta fuit (= 22 juillet), celebraverunt 
feslivilatem ereptionis per omnem civitatem Jérusalem, et elege- 
runl principem Godefridum, simililer in loco patriarchae elege- 
runt Arnulfum in festi vitale S. Pétri ad vincula » (= l ,r août). 
{Chronol., n 08 409, 413.) 

« Pridie idus Augusti {— 12 Aug.), aliud bellum fecerunt apud 
Ascaloniam » {Chronol., n° 421). . 

ni kal. Augusti (= 30 juillet), obiil papa Urbanus et ei successit 
Paschalis II. » Urbain II mourut non le 30, mais le 29 juillet 1099. 
{Chronol., n° 412.) 

La majeure partie des dates que nous venons d'extraire du 
Chronicon S. Maxentii sont prises textuellement aux Gesla 
Francorum. Les autres doivent avoir été empruntées à des 
sources que nous ne connaissons pas, ou proviennent peut-être 
d'erreurs du compilateur. Quoi qu’il en soit, et précisément 
parce qu’on ne les rencontre dans aucun autre document, 
elles méritent attention. En ce qui touche la première croi- 
sade, aucun autre écrit ne donne, relativement à son étendue, 
autant de renseignements chronologiques. Le rédacteur du 
Chronicon fait donc heureusement exception parmi les narra- 
teurs de la première guerre sainte. 

Dans la Chronologie de l’histoire du royaume de Jéru- 
salem qui va suivre, je ne m’occupe pas exclusivement de 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 391 

la Palestine, de la principauté d’Antioche, du comté d’Édesse, 
et des rapports des croisés avec les Grecs, les Turcs et les 
Sarrasins; je mentionne également les faits survenus en 
Occident et dans l’empire grec et qui se rattachent de près 
ou de loin à mon sujet, comme par exemple les incidents 
de la croisade de 1101, le pèlerinage de Saewulf en Terre- 
Sainte, le retour de Boémond en Europe, ses préparatifs de 
guerre et son expédition contre Alexis Comnène, événements 
dont le récit n’a d’ailleurs pas été omis dans les histoires 
modernes des croisades. 

Outre les sources principales qui nous donnent des rensei- 
gnements circonstanciés et suivis sur les premiers temps du 
royaume de Jérusalem, telles les Histoires de Foucher et 
d'Albert d’Aix, j’ai, bien entendu, mis à profit celles qui rela- 
tent seulement, avec plus ou moins de détails, certains épiso- 
des, certaines catégories de faits, comme par exemple le 
Hierosolymita et la Chronique d’Ekkehard, la Liberatio 
civitatum Orientis et les Annales de Cafaro, YAlexias 
d’Anne Comnène, la Chronique de Mathieu d’Édesse, les 
Chroniques arabes d’Ibn al-Athir, de Kemal ed-Dîn, d’Abul- 
feda, etc. J’ai utilisé également les lettres et chartes dont 
Rôhricht nous a donné la liste complète dans ses Regesla 
regni Hierosolymitani. 

De même que dans ma Chronologie de la première croi- 
sade, je désigne par des sigles mes éditions du Hierosoly- 
mita d’Ekkehard (= HE), des Gesta Francorum (HG), des 
Bella Antiochena de Gautier le chancelier (= HGa), des 
Epistulae et chartae ad historiam primi belli sacri spec- 
tantes (— HEp). 

J’ai continué la numérotation des articles à partir du der- 
nier n° (524) de ma Chronologie de la l Te croisade. Je la 
commence donc ici avec le n° 525. 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


1100, décembre 25. — Baudouin est couronné roi à Bethléem par 
le patriarche Daimbert. Le lendemain, 26 décembre, il rentre 
à Jérusalem. (525) 

Sources et commentaire : Voy. Chronologie de la première 
croisade , n° 524. 

1100, décembre 26 —1101, janvier 10. — Le roi Baudouin séjourne 
à Jérusalem : il a, pendant trois jours, des conférences avec 
les grands de son royaume; le reste du temps, il tient des 
assises de justice, afin de régler les différends qui ont pu s'éle- 
ver entre ses sujets. Galdemar porte devant lui une plainte 
contre Tancrôde, qui retient par force la ville de Haifa. (526) 

Source : Albert d’Aix VII, ch. xliii : c< Proxima autem die 
(26 déc.) a Bethlehem migrans [Balduinus rex] Jérusalem re ver- 
sus, curiam ac consilium suum cum omni primatu sao in palatio 
regis Salomonis III diebus eiusdem sollemnitatis tenait, honorifice 
XV diebus illic in civitate regia moram faciendo. In his itaque 
diebus potenter sedit rex in throno suo, ut faceret iudicium et 
iustitiam inter Christianos confratres, si cui allata fuisset iniuria, 
vel si qua accrevisset discordia, volens omnia cum aequitate trac- 

tare, et non ficta pace componere » — Ibid ch. xliv : « Gelde- 

marus ergo videns dominum regem consedisse ad iustitiam, assis- 
tensque coram eo, graviter conquestus est super iniuriis de 
civitate, quae sibi a Tancredo inferebantur, quam dono et ex manu 
ducis Godefridi suscepit ac militari obsequio promeruit, si capere- 
tur, quamque nunc Tancredas audita ducis morte vi et iniuste 
retinebat. » 

Commentaire : Voy. Michaud, Eist. d. croisades (Brux. 1841), 
III, 17; — Wilken, Gesch. d . Kreuzzüge , II, 91; — Haken, 
Gemælde d. Kreuzzüge , II, 67; — Funck, Gemælde aus d. Zeit- 
alter d. Kreuszüge , I, 123 ; — Wollf, Kônig Balduin 1 v. Jéru- 
salem , 7 ; — Kugler, Albert v. Aachen y 267 ; — Rôhricht, 
Geschichte des Kônigreichs Jérusalem , 17. — Albert d’Aix est 
seul à donner ce renseignement sur le séjour de Baudouin à Jéru- 
lem, du 26 déc. 1100 au 10 janvier 1101. Il n’y a pas de raison de 
le révoquer en doute, et Wollf se trompe en croyant trouver une 
contradiction entre ce passage et le texte de Foucher. Voy. ci- 
dessous, n # 528. 

1101. — Au commencement de cette année, le nombre d'hommes 
capables de porter les armes pour la défense du royaume de 
Jérusalem n'était pas supérieur à trois cents chevaliers et 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


393 


trois cents fantassins; ces hommes sont mis en garnison 
dans Jérusalem, Joppe, Ramlah et Haifa. (527) 

Sources : Foucher de Chartres ( Bist . occid . d. crois . , III, 
383 E) : « Non enim tune habebamus plus quam CCC milites et 
tantum de peditibus, qui Jérusalem et Joppen et Ramulam, Cay- 
pham etiam castrum oustodiebant » — Ibid . , III, 390 D : « Quia 
gens eramus rara, contra Babiionicos ire metuentes, non ivi- 
mus. » — Alberic de Trois-Fontaines, Chronicon, ad a. 1101 (édit. 
Leibnitz, 1698, p. 188) : « Vix tune erant in tota militia Christia- 
norum CCC milites et tôt pedites qui Jérusalem et Ramulam et 
Caypham et Ioppem custodirent. » — Lisiard de Tours (Hist. 
occid. d. crôis. t III, 557 C; 559 F). 

Commentaire : Voy. Wilken, Gesch. d. Kreuzzüge 
(Leipz., 1813), II, 108; — Kugler, Boemund u. Tankred , 
(Tübingen, 1862), 18; — Prutz, Kulturgesch. d. Kreuzzüge 
(Leipz., 1883), 94, 519; — Wollf, Balduin I v. Jérusalem 
(Kônigsb., 1884), 5; — HE, 190, 257; — Umlauff, Balduin /, Kônig 
v. Jérusalem, 5; — Rôbricht, Gesch. d. Kônigr.'s Jérusalem 
(Innsbruck, 1898), 24; — Hampel, Untersuchungen über d. lat. 
Patriarchat v. Jérusalem (Breslau, 1899), 39; — Hagenmeyer, 
Epislulae et Chartae (Innsbruck, 1901), 415. — Dans la première 
partie de l’année 1101, l’armée des croisés était extrêmement 
réduite. En avril et mai, elle fut renforcée par les contingents 
qu’amena la flotte génoise, puis, dans le courant de l’été, par les 
pèlerins de l’arrière croisade. 

1101, janvier. — Durant le mois de janvier le roi Baudouin invite 
à plusieurs reprises Tancrôde à se présenter devant lui pour 
se justifier au sujet de la plainte de Galdemar. A la troisième 
injonction, Tancrôde répond en proposant au roi un rendez- 
vous sur le fleuve el-Audje. (528) 

Source : Albert d’Aix, VII, xliv : « Hac itaque Geldemari 
accepta querimonia, rex ex consilio suorum primum Tankrado 
legationem direxit, quatenus Hierosolymam ascendens, responsio- 
nem super querimoniis Geldemari et iniuriis ei illatis faceret. 
Tankradus autem, nullam se de his responsionem coram illo habi- 
tûrum respondit, eo quod nesciret eum regem civitatis et 
iudicem regni Jérusalem. Rex autem iterato consilio suorum illi 
secundo ac tertio legationem direxit, quatenus iustitiam non devi- 
taret, ne posthac aliquis incusaret regem nec fateretur aliter 
quam iuste et patienter regem ad versus confratrem et unum de 
principibus Christianorum fecisse. Tandem Tancradus anxius... » 
(Voy. la suite au n° 534). 

Commentaire : Cf. n° 534. — Voy. en outre Raumer, Gesch . 

Rbv. ob l’Or, latin. T. IX. 26 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


d. Hohenstaufen , I, 356; — Kugler (Albert v. Aachen , p. 277) 
a déjà fait remarquer que le différend entre Baudouin et Tan- 
crôde à propos de la plainte de Galdemar dura de janvier à 
mars 1101. Il dit à ce sujet : « La rencontre [des deux princes] 
sur le fleuve d’Arsuf n’eut pas lieu tout de suite après le 10 jan- 
vier mais plus tard, à la fln du mois ou dans le courant de 
février; car l’envoi de la première sommation du roi à Tancrôde, 
qui séjournait alors à Haifa ou à Tibériade, puis l’attente de la 
comparution de ce dernier, et enfin l’envoi du deuxième puis du 
troisième message comportent un délai d’au moins 15 jours. » On 
verra ci-dessous (n° 534) que nous plaçons la première ren- 
contre de Baudouin et de Tancrède au 22 février. La troisième 
sommation du roi doit donc se placer un peu avant le milieu de 
ce mois. 

1101, début de janvier. — Baudouin du Bourg subit de la part de 
Sokman, seigneur de Hisn Keifa, une grave défaite, près de 
la ville de Serudj (à 45 kilom. au S.-O. d’Édesse), qu’il était 
allé secourir contre cet émir. Foucher, comte de Serudj, est 
tué dans le combat. (529) 

Sources : Mathieu d’Édesse ( Docum . armén. d. crois., I, 53) : 
« Cette même année (549=24 fôvr. 1100-22 fôvr. 1101), l’émir perse 
Sokman, ûls d’Artoukh, dont le courage égalait la férocité sangui- 
naire, ayant rassemblé des forces considérables, se porta contre la 
ville de Seroudj, et fit des incursions dans toute la contrée voisine. 
Le comte Baudouin du Bourget Foucher, comte de Seroudj, pré- 
venus de cette agression, marchèrent à la rencontre des Turks. 
Mais leur imprévoyante négligence causa leur défaite. Après une 
lutte acharnée, les infidèles vainquirent les Franks et en firent 
un grand carnage, ainsi que des Arméniens qui s’étaient joints à 
ces derniers. Le comte de Seroudj, Foulcher, fut tué. C’était un 
homme d’un courage héroïque et d’une pureté de mœurs par- 
faite. Le comte Baudouin se réfugia avec trois des siens dans la 
citadelle d’Édesse, réduit à un état pitoyable. Mais les principaux 
de la ville, l’ayant invité à rentrer parmi eux, le replacèrent sur 
son trône. » — Ibn al-Atyr, Kamel Altevarykh (Hist. orien- 
taux, , I, 208; cf. ci-dessous, n<> 531). 

Commentaire : Voy. Kugler, Boemund u . Tankred, 22; — 
HGa, 181 . — Les combats entre Baudouin du Bourg et Sokman 
eurent lieu en janvier 1101, ce que font voir les relations de 
Mathieu d’Édesse et d’Ibn al-Atyr. Ce dernier, sans parler d’ailleurs 
d’une défaite de Baudouin, indique formellement le mois de jan- 
vier 1101. Mathieu d’Édesse, qui est seul à dire que Baudouin 
fut d’abord battu par l’émir Sokman, place le fait parmi les 
événements de l’année 549 de l’ère arménienne (= 24 févr. 1100 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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— 22 fôvr. 1101) et à la fin du passage qu'il consacre aux évé- 
nements de cette année, ce qui permet de supposer qu’il leur 
assignait la date de janvier ou février 1101. Comme, d'après 
Ibn ai-Atyr, les premiers combats eurent lieu en janvier et la 
déroute Anale de Sokman au moins 28 jours plus tard, dans ce 
même mois, nous sommes amenés à placer tout à fait au début 
de janvier la première rencontre de Baudouin avec cet émir. 
— Parmi les historiens modernes des croisades, Kugler seul parle 
de ces incidents; mais il ne leur assigne aucune date. 

1101, milieu de janvier. — Baudouin du Bourg rassemble des 
troupes à Antioche pour marcher de nouveau contre l'émir 
Sokman. (530) 

Sources : Voy. n<> 531 . 

Commentaire : Voy. Kugler, Boemund u. Tankred , 22. — Sui- 
vant Mathieu d’Édesse, Baudouin du Bourg, après la défaite que 
lui avait infligée l’émir Sokman, s’enfuit tout d’abord à Édesse. De 
là, il se rendit à Antioche pour y réunir des troupes; 28 jours 
après le combat dans lequel il avait été battu, il reprit l’offensive 
contre Sokman et cette fois demeura victorieux (voy. n°531). Si sa 
défaite ainsi que sa victoire eurent lieu en janvier (voy. n° 529), 
et si, entre ces deux événements, vingt-huit (3 + 25) jours s’écou- 
lèrent pendant lesquels il assembla de nouvelles forces, son séjour 
à Antioche doit se placer vers le milieu de janvier. 

1101, fin de janvier ou début de février. — Victoire de Baudouin 
du Bourg sur Sokman. Serudj est pris et pillé par les croisés; 
les habilants qui s'étaient unis aux Turcs contre Baudouin, 
sont massacrés ou faits prisonniers. (531) 

Sources : Mathieu d’ Édesse (Hist. armén . d. crois. , I, 53) : 
« Au bout de trois jours, Baudouin partit pour Antioche afin d’aller 
chercher du renfort. Cependant les Infidèles attaquèrent la forte- 
resse de Seroudj, où tous les chrétiens de la ville s’étaient retirés, 
et avec eux l'archevêque latin d’Édesse. Alors les habitants de 
Seroudj se mirent d’intelligence avec les Turcs. Au bout de 
25 jours, arriva Baudouin avec 600 cavaliers et 700 fantassins. Il 
mit en fuite les infidèles ; mais les gens de Seroudj refusèrent de 
reconnaître son autorité. Les Francs aussitôt attaquèrent cette 
ville, en massacrèrent la population et saccagèrent toutes les 
maisons; ils emmenèrent à Édesse une multitude immense de 
jeunes garçons, de jeunes filles et de femmes. Antioche et tous 
les pays occupés par les Francs regorgèrent de captifs, et Seroudj 
nagea dans le sang. » — Ibn-al-Atyr, Kamel Altevarykh {Hist. 
orient ., I, 208) ; « Cette année (494 de l'hégire = 5 nov. 1100- 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


24 oct. 1101), Sokman rassembla dans Seroudj une troupe consi- 
dérable de Turkomans, et se disposa à attaquer les Francs. Ceux-ci 
s'avancèrent à sa rencontre. On en vint aux mains, au mois de 
rebi premier (4 janvier-3 fôvr. 1101), et Sokman fbt mis en fuite. 
Après la défaite des Musulmans, les Francs se portèrent vers 
Seroudj et en entreprirent le siège. La ville ayant été prise, un 
grand nombre d’habitants furent mis à mort; les femmes furent 
faites esclaves et leurs biens pillés ; il ne se sauva que les per- 
sonnes qui s'étaient dérobées au danger par la faite. » — Ibn 
Khaldoun, dans Rôhricht, Quellenbeüràge z. Gesch. d. Kreuz- 
züge , p. 8 : « Sokman ben Ortok, velchem Serudj gehôrte, sam- 
melte turkomanische Truppen u. führte sie gegen Edessa. Die 
Franken aber schlugen sie beim Zuzammenstoss, marchirten nach 
Serudj u. belagerten die Stadt, bis es ihnen gelang, dieselbe mit 
Gewalt zu erobern und vollstandig zu plündern ». 

Commentaire : Voy. Kugler, Boemund u. Tankred , 22; — 
HGa, 181. — Les combats contre Sokman ayant eu lieu dans le 
premier mois (rebi) de l’an 494 (= 4 janv.-3 févr. 1101), et un 
laps de temps d'au moins 28 jours s'étant écoulé entre le premier 
et le second de ces combats, le second ne peut avoir été livré qu'à 
la fin de janvier ou dans les tout premiers jours de février. 

1101, vers le mois de février. — A l'occasion du départ pour la 
Palestine d’un de ses familiers, qui se rend au service de 
Baudouin I er , Anselme de Canterbury écrit à ce prince et lui 
exprime sa joie de l'avoir vu succéder à son frère comme roi 
de Jérusalem. Il lui demande de régner dans la crainte de 
Dieu, de ne pas opprimer l'Église, mais de la protéger et de 
lui témoigner les égards et le respect qu’un fils doit à sa 
mère. (532) 

Source : Epistola Anselmi, archiepiscopi Cantuariensis , 
ad Balduinum regem Hierusalem (Gerberon, Anselmi opéra , 
Paris, 1675, p. 429; Migne, Patrol. lat., CLIX, 206). Début: 
« Benedictus Deus in donis suis et sanctus in omnibus ope- 

ribus suis » Fin : « oro Deum omnipotentem ut ipse 

persuadeat et sic vos in via mandatorum suorum deducat et ad 
gloriam regni coelestis perducat. » Postscriptum : « Reinerium 
latorem praesentium, qui se de vestra nutritura esse cognoscit, 
celsitudini vestrae commendo. Et quia mecum diu conversatus 
de domo nostra, ubi se sua strenuitate et bonis moribus valde 
amabilem fecit, ad vos vadit, precor, ut dominum dilectum, qua- 
tenus apud vos melius illi sit, propter amorem nostrum. 
Valete. » 

Commentaire : Voy. Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés , 
t. XXI, p. 326; — ROhricht, Regesta y n° 37. — Le contenu et le 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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ton de cette lettre montrent qu’Anselme dut l’écrire peu après 
avoir reçu la nouvelle de l’élection de Baudouin comme roi de 
Jérusalem, à savoir au plus tôt en décembre 1100. Je suppose que 
Reinier, chargé de la remettre au destinataire, serait parti d’Eu- 
rope avec les contingents qui prirent part à Parriôre-croisade de 
1101. Si cette conjecture est exacte, Anselme aurait écrit sa lettre 
au plus tard en février 1101. — Rôhricht la date de l’année 1102, 
mais sans dire pourquoi. 


1101, début de février. — Guillaume, comte de Nevers, part pour 
Jérusalem avec 15,000 chevaliers et fantassins. (533) 

Source : Albert d’Aix, VIII, xxv : « Eodem quoque tempore 
et anno primo regni Baldevini regis, cornes et princeps potentis- 
simus de civitatc... Navers, Willelmus nomme, de terra et regno 
occidentalis Franciae egrediens et iter per Italiam fàciens, ad 
portum qui vocatur Brandiz navigio alto mari invectus est, 
cum XV milibus equitum et peditum virorum pugnatorum 
absque sexu femineo innumerabili, et ad civitatem nomine Val" 
lona secessit, ubi in arido restitutus, ad civitatem Salonicam, 

sitam in regione Macedoniae et terra Bulgarorum, descendit 

Deinde post plurimum itineris Constantinopolim profectus... » 

(voy. la suite ci-dessous, n° 574) . 

Commentaire : Voy. Histoire de Languedoc , II, 334; — 
Heller, Gesch. d. Kreuzs II, 317; — Wilken, Gesch. d. Kreuzs. > 
11, 139 ; — Haken, Gemælde d . Kreuzz II, 113; — Rehm, Hand - 
buch d . Gesch. d. Mittelalters , III, I, 89; — Sporschil, Gesch. d. 
Kreuzs 155; — Kohi, Gesch . d. Mittelalters , 34; — Kugler, 
Albert, v. Aachen , 316, 317; — Cbalandon, Essai sur le règne 
d'Alexis , 228. — Albert d'Aix est seul à nous renseigner sur la 
marche de Guillaume de Nevers à travers l’Italie, puis par 
Aulona, Thessalonique jusqu’à Constantinople, et ce qu’il rap- 
porte nous permet de placer vers le milieu de juin l’arrivée du 
comte de Nevers dans cette dernière ville. Mais, quant à la date 
de son départ de France et à la durée de son voyage, nous n'avons 
aucun renseignement précis, et sommes contraints de nous en 
tenir à des approximations. Il est assez surprenant qu’alors que 
le comte de Poitou, Guillaume, s’acheminait vers Constanti- 
nople par la route d'Allemagne, le comte de Nevers, dont les 
états étaient situés plus au nord, se soit dirigé vers l’Italie. 11 
serait possible, au surplus, que ces deux personnages aient fait 
route ensemble jusqu'en Italie et que là ils se soient séparés, 
Guillaume de Poitou prenant sa route par la Hongrie et se réu- 
nissant — peut-être en Carinthie — aux contingents allemands, 
tandis que Guillaume de Nevers gagnait l’Italie méridionale et 
s’embarquait à Brindisi pour Aulona. Je suppose que le départ de 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ce dernier eut lieu vers le commencement de février 1101. 
Comme il arriva à Constantinople vers le 14 juin, son voyage 
aurait duré environ quatre mois et demi. C’est le temps qu’avaient 
employé, en 1096, Pierre l’Ermite et Godefroi de Bouillon pour 
atteindre Constantinople. A la vérité, tous les autres croisés de 1096, 
Raimond de Saint-Gilles et les deux Robert qui passèrent de l’Italie 
du sud en Épire, Boômond qui partit en novembre 1096 et arriva 
à Constantinople en avril, ont mis relativement plus de quatre 
mois et demi pour effectuer leur voyage. Les deux Robert avaient 
quitté la Frauce dès la fin de l’été 1096, afin probablement de 
passer les Alpes dans la saison la plus favorable. Us hivernèrent 
ensuite en Italie. Peut-être Guillaume de Nevers fit-il de même. 
Son départ de France aurait alors eu lieu dans l’automne 1100. 
Mais nous n’avons aucun indice pour appuyer cette conjecture; 
et il en est au contraire qui ne lui sont point favorables. Tout 
d’abord Albert d’Aix dit formellement que le départ du comte de 
Nevers eut lieu pendant la l ro année du règne de Baudouin I, 
c’est-à-dire entre le 25 déc. 1100 et le 24 déc. 1101. Puis, on peut 
admettre que Guillaume prit la croix durant le concile qui se tint 
à Limoges le 18 novembre 1100 (cf. Chronol. de la 1 re croisade, 
n° 517), bien qu’à la vérité il ne soit pas nommé parmi les person- 
nages qui assistèrent à cette assemblée. Je crois donc qu’il est 
préférable de s’en tenir à la date que j’ai proposée en premier 
lieu, à savoir approximativement au mois de février 1101. 

1101, vers le 22 février. — Entrevue de Tancrède et du roi Bau- 
douin entre Jaffa et Arsuf, sur le Nahr el-Audje. Rien n’ayant 
pu être décidé dans celte entrevue, les deux princes convien- 
nent de se rencontrer de nouveau quinze jours après à 
Haïfa. (534) 

Source ; Albert d’Aix VII, xliv : « Tandem Tankradus anxius 
quid ex tertia admonitions faceret, consilium cum suis iniit, qua- 
li ter inter Japhet et Assur altéra ex ripa fiuminis, quod bas duas 
civitates dividit, régi responderet ac loqueretur, si ei gratum foret, 
quoniam Jérusalem venire metuebat. Rex autem responsum ac 
petitionem Tankradi intelligens, consilio maiorum suorura voluntati 
illius acquievit et die statuto ad eundem locum fiuminis inter Japhet 
et Assur ad colioquium profectus est. Illic diversis inter se consiliis 
habitis, rursus post xv dies Cayphas con venire decreverunt, eo 
quod nihil hoc tempore potuissent deûnire. Et sic Tankradus cum 
patriarcha Cayphas, rex Jérusalem reversas est » . 

Commentaire : Voy. Michaud, Histoire d. crois. (Brux. 1841), 
III, 17 : « Tancrède proposa à Baudouin une conférence sur les 
bords du Ledar entre Joppé et Assur. » — Haken, Gemàlde d . 
Kreuzz., II, 67; — Wilken, Gesch . d. Kreuzz ., II, 91; — Sepp, 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 399 

Jérusalem und d. h. Land (2* éd., 1876), II, 59; — Raumer, Gesch. 
d. Hohensiaufen , I, 357; — Kugler, Albert v. Aachen , 278; — 

WoIIf, Balduin I von' Jérusalem , 7 ; — Rôhricht, Gesch d. Kônig- 
reichs Jérusalem , 17. — C'est à tort que Wollf conteste l'exactitude 
du renseignement fourni par Albert d’Aix. Sous prétexte que Fou- 
cher place la rencontre de Baudouin et de Tancrôde au mois de 
mars alors que, selon lui, Albert la placerait en janvier, il rejette 
le témoignage de ce dernier. Mais Albert ne dit nulle part que 
l'entrevue eut lieu au mois de janvier; son récit n'indique pas du 
tout, comme Wollf le veut, que la première entrevue ait eut lieu 
dés le 11 janvier 1101 et la seconde vers la ân du même mois. 

Bien au contraire, puisqu'il rapporte que Baudouin adressa trois 
sommations à Tancrède, avant que celui-ci se décidât à répondre, 
on doit supposer qu’à partir de l'époque de la première somma- 
tion jusqu’à la date de l’entrevue, il dut s'écouler au moins 6 à 7 
semaines. En admettant donc que la première sommation fut 
envoyée vers le 10 janvier (cf. ci-dessus, n° 528), l’entrevue aurait 
eu lieu dans la quatrième semaine de février. Quant à une 
contradiction entre les témoignages d'Albert et de Foucher, elle 
n'existe pas. Au commencement de mars une ambassade des gens 
d'Antioche vint trouver Tancrôde (voy. ci-dessous, n° 538), et c’est 
peu de temps auparavant qu’avait eu lieu l’entrevue de ce prince 
avec Baudouin, entre Arsuf et Jaffa, probablement sur le Nahr 
el-Audje. Peu de temps après l'arrivée des ambassadeurs d'Antio- 
che vers Tancrôde, et, suivant Albert d’Aix, 15 jours après leur 
première entrevue, les deux princes se rencontrèrent de nouveau 
à H ai fa. A la suite de cette seconde rencontre, Tancrède aban- 
donna définitivement au roi sa possession galilôenne. Ainsi, le 
témoignage même de Foucher, duquel il ressort que l'ambassade 
d’Antioche se rendit vers Tancrède au début de mars (cf. ci- 
dessous, n° 538), nous permet de placer la première entrevue des 
deux princes vers le 22 février. 

1101, fin de février. — Les Lombards qui, sous la conduite de l’ar- 
chevôque de Milan, Anselme de Buis, des comtes Albert et Gui 
(Widdo) de Blandraz, de Hugues de Montebello, de Othon 
Altaspata, et du comte Guibert (Wigbert) de Parme, étaient 
partis de lTtalie méridionale vers le milieu de septembre 
1100 (cf. Chronol. de la l re croisade , n° 500) et avaient traversé 
la Bulgarie en se livrant au pillage, arrivent au début du 
printemps suivant à Constantinople. (535) / 

Sources : Ekkehardi Hierosolymita , XXIII : « Longobar- 
dorum plebes, permissu Heinrici ducis Carinthia permeata, dum 
post Ungros tergo relictos in Burgariae civitatibus hiemarent, 
numéro rarescere ceperunt, tandemque Constantinopolim per- 


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venientes in alteram ripam — illud enim beneficinm maledictos 
Alexius peregrinis accelerare solet — transpositae sunt, immo 
paganornm sagittis expositae. » — Albert d’Aix, VIII, i-iii : 
« Affaemnt in eodem voto et comitatu viri nobilissimi episeopus 
Mediolanensis, Albertus cornes illustris de Blandraz, Widdo, fra- 
ter ipsius, miles egregius, Hugo de Montbeel, Otho, filins sororis 
praedicti Alberti, cognomine Altaspata, Wigbertus, cornes civi- 
tatis Parmae, ce torique comprimores Italiae... qui circiter xxx 
milia conglobati, terrain et regnum Bulgarorum in manu forti 

ingressi sunt Hanc denique in terram venientes, mandata m 

regis transgressi sunt, nec audierunt ductores et principes exer- 
citus, sed omnia sine modo et sine ratione depraedati sunt, sine 
aliqua mutuatione Bulgarie et Graecis sua auferentes, pecora et 
volatilia eorum diripientes, quodque nefas est de populo catholico 
dicere, quadragesimali temporeet ieiunio ea dévorantes... . Audita 
bac infhmia crudeli et devastatione intolerabili.... et quaerimonia 
suorum, imperator ad primates et magistratus legionis direxit 
nuncia, quatenus in his non ultra morarentur regionibus, castellis 
et civitatibus, sed festinato ad se in civitatem Constantinopolim. .. 
contenderent. Venerunt ergo ad eandem civitatem Constantino- 
polim et ex ipsius regis ordinations et decreto in littore maris, 
quod vocant Brachium S. Georgii, ex bac parte tabernacula sua 
locaverunt in crepidine alvei spatio trium miliariorum. Duobus 
autem mensibus a veris tempore illic consederunt, priusquam 
aliqua societas de regno Franciae aut Alemanniae ilîis iungere- 
tur. » 

Commentaire: Voy. Haken, Gemælde d. Kreuzz ., II, 84; — 
Wilken, II, 122; — Sporschil, Gesch. d . Kreuzz., 148; — Dam- 
berger, Synchron. Gesch., VII, 436 : « Schon im Februar 
1101 mussten diese Kreuzfahrer vor Constantinopel angelangt 
sein, ist es doch richtig, dass sie dort 2 Monate lang gelagert 
blieben und wenige Tage nach Ostern über den Propontis geführt 
wurden, um in einem Lager vor Nikomedia die Ankunft des 
Hauptheeres abzuwarten ». — Giesebrecht, Gesch . d. deutsch. 
Kaiserzeit , III, 688; — HE, 227, 228; — Kugler, Gesch. d. 
Kreuzz., 75; — Kugler, Albert v. Aachen , 319; — Kohl, Gesch. 
d. Mittelalters, 34; — Seignobos, Les croisades (dans La visse et 
Rambaud, Hist. gén., II, 312) : « mars 1107 ». — Rôhricht, Gesch. 
d. Kœnigreichs Jérusalem , 31 ; — Rôhricht, Gesch. d. Kreuzz. 
im Umriss , 59 : « Die Lombarden verliessen Sept. 1 100 zuerst die 
Heimath, erreicbten, nachdem sie im Morawathal den Winter 
zugebracht hatten, Anfang Màrz 1101, Constantinopel ». — Cha- 
Iandon, Essai sur le règne d'Alexis, 225. — Damberger a adopté 
avec raison la date fournie par Albert d’Aix, tandis que tous les 
autres historiens modernes, sauf Kugler et Rôhricht, l'ont 
négligée. L'arrivée des Lombards à Constantinople ne peut pas 
être antérieure à la fin de février. Ils séjournèrent deux mois 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 401 

aux abords de cette ville, et, à la fin d'avril, ils passèrent en Asie- 
Mineure. 

# 1101, mars. — Les cités maritimes d’Ascalon, Arsuf, Césarée, 

Acre et Tyr cherchent à conclure avec Baudouin I er un 
arrangement pacifique. Le roi libère, contre forte rançon, un 
certain nombre de prisonniers détenus dans la Tour de 
David, et il les renvoie à Damas. (536) 

Source : Albert d'Aix, VII, li : « Interea. . . in eodem mense 

Martio nuncia universarum civitatum gentilium in palatio 

regis affuere, quaedam in dolo, quaedam in puritaie regem salu- 
tantia, in donis ac tributis pacem cum eo quaerentes componere, 
quatenus sine respectu periculi et metus in negotia sua secure 
terram perambularent et agros et vineas sine formidine excole- 
rent. Rex, sicut novus qui advenerat et multis indigebat thesauris 
in conventione solidorum militum suorum, omnia quae sibi offe- 
rebantur a civitatibus gentilium, Ascalone, Caesarea, Ptolemaide, 
Sur, quae est Tyru3,suscipere consensit, sed Assur eiusque munera 
réfuta vit; caeteris usque post terminum sanctaePentecostes, pacem 

et sècuritatem a se suisque largitus est ». Ch. lui : « Interea a 

Damasco legatio Turcorum Jérusalem ad regem venit pro redem- 
tione captivorum suorum, quos in arctissimis faucibus Baurim 
superatos captivavit et Jérusalem abductos reclusit in custodia 
turris David. Qui consilium iniit cum optimatibus suis, ut pro 
captivis pretium susciperet, eo quod in terra aliéna nova et ignota 
plurima indigeret pecunia in conventione solidorum. Sicque 
universis xlv captivis, quibus amputare colla decreverat nunc 
pepercit et pecuniam inauditam supra l milia byzantiorum auri 
suscipiens, omnes vivos et incol urnes a manicis et catenis solutos 
ac de turri David eiectos, paciûce in terram Damascenorum 
remisit. » 

Commentaire : Voy. Wilken, Gesch. d. Kreuiz., 96, 101 ; — 
Wollf, Balduin I von Jérusalem , 8, 9, 10; — Kugler, Alb, v. 
Aacken, 299, 300; — Rôhricht, Gesch . d. Kônigr. Jérusalem, 13. 
— Nous n'avons aucune autre donnée nous permettant de con- 
trôler le renseignement fourni par Albert d’Aix, touchant les 
négociations des villes maritimes avec Baudouin, et la délivrance 
des prisonniers par celui-ci. Il n'est donc possible ni de l’accepter 
sans réserve ni de le rejeter purement et simplement. D'après 
ce que dit le même auteur, ces incidents doivent être placés dans 
le courant de mars 1101. 

1101, début de mars. — Ives, évêque de Chartres, dans une lettre 
au patriarche Daimbert, exprime le vœu de le voir servir 
utilement l'église de Jérusalem; il ajoute qu'il prie Dieu de lui 


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accorder son constant appui afin que les habitants de la Terre- 
Sainte deviennent le véritable peuple d’Israël. 11 recommande 
encore à sa sollicitude les pèlerins qui se rendront à Jéru- 
salem, et il lui demande de donner aux croisés chartrains 
porteurs de sa lettre, des nouvelles de lui-môme et des 
affaires de l’église d’Orient. (537) 

Source : Epistula Ivonis Carnotensis episcopi ad Daimber- 
tum patriarcham Hierosolymitanum, dans Ivonis Carnot . 
opéra , II (Paris, 1647), p. 45, epist. n° 93 ; réimprimée dans Migne, 
Patrol. latina , t. CLXII, col. 113 : Début : « Quia divina miseratio 
sollicitudinem vestram illi Ecclesiae praeesse volait, de qua ver- 
bum Dei processit, gaudemus tum propter familiarem qua vos 
amplectimur caritatem, tum propter utilitatem quam populo Dei 

collaturam speramus vestram sollicitudinem » Fin « Si 

quid autem de statu vestro et matris nostrae orientalis Ecclesiae 
parvitati nostrae scribere volueritis, per istos secure poteritis. 
Augeat Dominus per offlcium linguae vestrae populum fldelem 
merito sibi et numéro servientem. Valete. » 

Commentaire : Voy. Baronius, Annal, eccl. , ad a. 1100, n° 34; 
— Jureti Obscrvationes (dans Ivonis Carnot, opéra , ÏI, 161; Mi- 
gne, Patrol. lat ., t. CLXII, col. 352); — Soucheti, Obscrvationes , 
{ibid.y II, 227; dans Migne, ibid. 9 col. 457) : a Baronius hanc epis- 
tulam an. 1100, n. 34, assignat; ego 1101, cum eo anno Hierusalem 
Stephanus Carnotensis et Blesensis cornes cum pluribus dioecesis 
Carnotensis militibus (quos parrochianos suos appellat Ivo)... redie- 
rit. » — Hampel, Untersuchungen iiber d. lat. Patriarchat xu 
Jrlm., 47; — Rôhricht, Regesta , p. 4. — Souchet a certainement 
raison de placer la rédaction de cette lettre d’Ives en l'année 
1101, car l'expression de « parrochiani » qu'emploie le rédacteur 
désigne certainement les pèlerins chartrains qui prirent part à la 
croisade de 1101 et durent quitter leurs foyers en mars 1101. 
C'est à ces pèlerins que Ives confia sa lettre. 

1101, début de mars. — Une ambassade des habitants d'Antioche 
se rend à Haifa pour inviter Tancrêde à prendre en mains 
le gouvernement de la principauté, à la place de Boémond 
fait prisonnier. (538) 

Sources : Foucher de Chartres ( Hist . occ. d. crois. , III, 384 C) : 

« Eo tempore contigit, Martio in mense, Tancredum Caypham oppi- 
dum suum, quod possidebat, Tyberiadem quoque régi Balduino 
relinquere, et Antiochiam, cum suis per terram ambulare. Mise- 
rant enim ad eum legatos suos Antiocheni, dicentes : « Ne more- 
ris, sed veni ad nos, et dominans omnium nostrorum posside 
Antiochiam et terram illi subditam, quoadusque de captivitate 


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exeat dominas Boamundus, dominus noster et tuus... ; tu quidem 
terrain nostram melius quam nos obtinero valebis. Si quandoque, 
Deo volente, dominus Boamundus redierit, erit inde quod ius 
monstrabit. Sic mandatum est et sic factum est ». — Bartoll 
de Nangis (ibid., 523 F). — Lisiard de Tours {ibid., 558 A.). — 
Cafaro, Annales {Mon. Gei ma., Script ., XVIII, 11; Hist. occid. 
d . crois., V, 59) « Anno uno et dimidio transacto, galeae xxvi et 
naves vi, in Kalendis Augusti a Januensi urbe recedentes, Jeroso- 
lymam perrexerunt et ad portum Laudiciae cum exercitu venerunt, 
ibique per hiemem totam steterunt et orientales partes Jerosoly- 
mitano rege et Antiocheno principe carentes invenerunt, et prae- 
dictas partes tamdiu in tutela et guardia tenuerunt, donec regem 
in Jerosolymam et principem in Antiochiam, ordinatione legati 
Romanae curiae et prece eorum taliter posuerunt. Statim namque 
cum legato Romanae curiae consilium fecerunt et nuntios ad 
Balduinum in Rogas et ad Tanclerium in Tabariam, ut venirent, 
miserunt. Et Tanclerius sine mora venit et in ordinatione legati et 
Januensium principatum Antiochiae suscepit ». — Albert d'Aix, 
VII, xlv : « Interea, modico intervallo, legatio ab Antiochia Tan- 
krado directa est ab optimatibus Boemundi, quatenus ad eos 
descendens loco Boemundi, quia heres eius esset, regnu m Antio- 
chiae possideret. Tankradus super hoc inito consilio, Antiochiam 
proficisci decrevit; sed tamen diem statutam praestolari disposuit, 
quo cum rege colloquium Caiphas habiturus esset, ne si ante 

diem proficisceretur, in opproprium fugae sibi imputaretur » 

Ch. xlix : « Inter haec diversa negotia menais Martius suo ordine 
coepit referri, ieiunium quadragesimale observari, dies solennis 
Paschae propinquare, in quo chrisma et oleum infirmorum necesse 
est sanctificari ». — Hist. belli. sacri , ch. cxxxvm (Hist. occid . 
d. croisades , III, 228). — Gui 11. de Tyr, X, x. — Voy. en outre 
ci-dessous, n° 542. 

Commentaire : Voy. Negri, Prima crociata (Bologna, 1658), 
p. clxxi ; — Maimbourg, Hist. d. crois . (Paris, 1675), I, 249; — 
Michaud, Hist. d. crois. (Brux., 1841), III, 18; — Haken, 
Gemalde d. Kreuzz., II, 92; — Wilken, II, 92; — Rehm, Gesch . d. 
Mittelalters , III, I, 86 ; — Funck, Gemalde aus dem Zeitalter 
d. Kreuzz., I, 124; — Raumer, Gesch . d . Hohenstaufen , I, 357; 
— Sybel, Ueber d. Konigr. Jérusalem (Schmidts, Zeitschrift f. 
Gesch . Wissensch ., III, 53, 65); — HE, 331 ; — Kugler, Boemund 
u. Tankred , 21, 23; — Kugler, Gesch. d. Kreuzz., 71 ; — Kugler, 
Albert, v. Aachen , 278; — Kühn, Gesch. d. erst. Patriarch. v. 
Jérusalem , 35; — Kohl, Gesch. d. Mitielalt., 39; — Wollf, 
Balduin I v. Jérusalem , 7 ; — Rôhricht, Gesch. d. Konigr. 
Jérusalem , 17; — Rey, Résumé chronol. de l’hist. des princes 
d* Antioche {Revue de l'Or, lai., IV, 334) : « Au commencement 
de mars 1101, il fût appelô à prendre la baillie de la principauté 
d'Antioche. » — Seignobos, Les croisades (Lavisse et Rambaud, 


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Histoire générale , II, 311) ; — Hampel, Untersuchungen über d. 
lat. Patriarchat von Jérusalem (1899), p. 34. — D’après le 
renseignement tout à fait précis de Foucber, l’ambassade des 
habitants d’Antioche arriva auprès de Tancrède en mars 1101. 
Le passage d’Albert d’Aix (VII, xlv) transcrit ci-dessus (« inter 
haec diversa negotia menais Martius suo ordine coepit refera), 
et ce que rapporte le même auteur dans les chapitres précédents, 
spécialement sur Les négociations entre Tancrède et le roi Bau- 
douin, nous fournissent également la date du commencement de 
mars. 


1101, vers le 6 mars. — La flotte génoise qui était arrivée, vers 
le 25 septembre 1100, devant Laodicée, avec le légat pontifical 
Maurice, et y avait hiverné (cf. Chronol . de la première crois ., 
n° 502) part pour Haifa. (539) 

Source : Cafero, Liber atio civil. Orientis {Hist. occid . des 
croisades , V, 60 E) : « Januenses vero donec in civitate Laodiciae 
per hiemem steterunt, multa loca Saracenorum et castra circa 
illas partes destruxerunt, et, quadragesima veniente, cum galeis 
et navibus et toto exercitu inde recesserunt et iuxta maritimas 
civitates, quae tune temporis Saracenorum erant* usque ad civi- 
tatem Cayphas iverunt, et multos Saracenos de praedictis civita- 
tibus interfecerunt ibique in plagia Cayphas galeas pro ira maris 
extraxerunt. » 

Commentaire : Voy. Wilken, II, 102; — HE, 219; — Kugler, 
Albert v. Aachen , 282; — Kühn, Gesch. d. ersten lat. Patriar - 
chen , 35 ; — Riant, dans Hist. occ. d. crois. , V, 60, note ; — Kohler, 
dans Hist. occid. d. crois., V, Préface, p. XVII; — Rôhricht, 
Gesch. d. Kônigr. Jerus., 19; — Pâques, en 1101, tombait le 
21 avril, et le mercredi des cendres le 6 mars. C’est vers cette 
dernière date que. d’après Cafaro, la flotte génoise mit à la voile 
pour se rendre de Laodicée à Haifa. 

1101, vers le 8 mars. — Une seconde entrevue a lieu entre Bau- 
douin I er et Tancrède à Haifa. Tancrède y renonce à ses 
possessions galiléennes, se réservant toutefois la possibilité 
de les reprendre et de les tenir en fief du royaume de Jéru- 
salem, dans le cas où il reviendrait d'Antioche avant un délai 
de 15 mois. Baudouin les donne en fiefs, Tibériade à Hugues 
de Falkeuberg, et Haifa à Galdemar Carpenel. (540) 

Sources : Foucher de Chartres (cf. ci-dessus, n° 538). — Albert 
d’Aix VII, xlv : « ltaque die statuto ibidem Cayphas rex et Tan- 
kradus ad colloquium convenerunt, ubi ambo concordes et amici 
iacti sunt omni querimonia exclusa. Et Tancradus non solum ter- 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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ram et civitatem Cayphas, sed etiam arcem et turrim Tabariae, 
quam dono ducis Godefridi obtinuit, in manu ipsius reddidit, eo 
quod essent de regno Jérusalem, aperiens ei legationem Antiochiae. 
Veruntamen haec conditio in omni concotdia a Tankrado flrmiter 
indicta est, ut si post annum et menses III ab Anliochia redire!, in 
beneûcio terras et civitates obtineret ; si autem sibi non esset redi- 
tus intra praedicti temporis terminum, nequaquam ultra terras et 
civitates bas a rege vellet repetere. His utrinque in magna can- 
tate concessis, rex sub eadem condition© terras et civitates sus- 
cipiens, Hugoni de praesidio Falkenberg Tabariam in custodiam 
et beneflcium tradidit, Cayphas Geldemaro Carpenel reddidit, sic 
tamen flde servata, ut Trancradus post praefatum terminum rever- 
tenti omnia in manu eius dono regis redderentur. Post baec 
décréta et pacem compositam rex Jérusalem secessit; Tancra- 
dus vero cum omni suo equitatu et manu quingentorum pe- 
ditum per aridam usque in Antiochiam descendit, ut eam 
susciperet. » — Bartolf de Nangis ( Bist . occid. d. crois. y III, 
523 E) : « Ea tempestate venerunt de Autiochia legati... ad 
Tancredum... deprecantes ut eis et regno Antiochiae sub veniret... 
Iste Tancredus Tyberiadem et Caypham, oppida vaiida iam a tom- 
pore Godefridi ducis subacta obtinebat et in Jérusalem templum 
Domini et yicum templo adiacentem iure suo possidebat; sed 
régi Balduino infestus erat, propter quasdam seditiones anti- 
ques; ideoque neque régi, neque eius imperio subditus esse vole- 
bat. Audita ergo huiusmodi legatione, dimissis Caypba et Tybe- 
riade, omnibusque quae sibi iure competebant, secessit in 
flnibus Antiochiae, et loco Boemundi in regno susceptus est. 
Rex yero Balduinus munitiones iilas ditioni suae, immo rediti- 
bus suis annectens, postmodum cuidam probo militi, Hugoni 
nomine de Falcamberga, possidendas tradidit, et quasi iure hae- 
reditario in aevum obtinere concessit. Eratquippe iam Martius 
mensis. » — Lisiard de Tours (ibid., III, 558 A) : « Antiocheni Tan- 
credum, Boamundi propinquum, eodem anno evocaverunt per 
legatos, et ei tam urbis quam regionis assigna verunt principatum, 
eo tenore, ut si quando, miserante Deo, Boamundus rediret, nihil 
ei ad recuperandum ducatum suum praejudicatum fuisset. Quo 
cum Tancredus, vel propinqui amore vel maioris principatus 
cupidine, migrare disposuisset, pacificatus régi Balduino, et castri 
sui Cayphas et urbis Tiberiadis eius fldei traditit dominatum. » 
Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 534, et HE, 219. — Albert 
d’Aix est seul à mentionner cette rencontre de Baudouin I et de 
Tancrôde, qui avait ôté résolue deux mois auparavant, lors de leur 
entrevue sur le Nahr el-Audje (cf. ci-dessus, n° 534). Il n’y a pas 
lieu cependant de la révoquer en doute. C'était au mois de mars, 
15 jours après la première rencontre, laps de temps dans lequel 
doit se placer l’arrivée à Haifa des ambassadeurs d’Antioche 
venus pour demander à Tancrôde de se rendre dans leur ville. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Si nous fixons aux environs du 22 février la première rencontre 
de Baudouin et de Tancrôde, la seconde, de même que la remise 
de Tibériade à Hugues de Faikenberg et de Haifa à Galdemar 
Carpenel, aurait eu lieu vers le 8 mars 1101. 

1101, vers le 8 mars. — Baudouin I confirme les donations faites 
par Tancrôde à l’église du Sauveur sur le Mont-Thabor. (541) 

Sources s Donatio Tancredi , principis Galilaeae, ecclesiae S. 
Salvatoris moniis Thabor facta (Archives des Bouches-du- 
Rhône à Marseille, Ordre de Malte, H. 19, n° 121; cf. Pauli, 
Codice diplom ., I, 200, n° 156; et Delaville Le Roulx, Chartes 
du mont Thabor , dans Cartulaire de L'ordre des Hospitaliers de 
S. Jean de Jérusalem , II, 897, Append. n° 1) : « In nomine 
sancte et individue trinitatis, anno ab incamatione sempiterni 
principii MCI, indictione vin, présidente in Ierosolymis domino 

Dei gratia patriarcha Daiberto Tancredus vir nobilis, armis 

strenuus a duce Godefrido, totius Orientis serenissimo prin- 

cipe constituto, Tyberiade cum tota Galilea eiusque pertinent] is 
accepta sub manu et obedientia domini praefati Jerusolimorum, 
praesulis, ecclesias Salvatoris, antiquitus quidem in eadem terra 
célébrés sed tune Saracenorum infestation© adnichilatos restau- 
rare proposait, quarum primam.... inqua in monte Thabor dominas 
transfigurais.... vir idem Deo plenus, propensius exaltare et 
honorare intendens sub venerabili eiusdem ecclesiae pâtre domino 
scilicet abbate Gerardo quae antiquitus possederat innovato iure 

eidem sanctae Salvatoris ecclesiae reddidit Firinata autem sunt 

haec iaude et consensu gloriosissimi et christianissimi regis Bal- 
duini, qui fratri suo praefato duci Godefrido in regnum Asye suc- 
cessit, domino quoque patriarcha Daiberto auctoritatis suae decreto 
hanc paginam confirmante » — Guillaume de Tyr, IX, xm. — 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 540; — Sêpp, Jérusalem u. d. 
heil Land , II, 166; — HE, 195, n° 11; — Prutz, Kulturgesch . d. 
Kreuzzüge , 421, 422; — Kühn, Gesch. d. ersten lat. Patriarchen 
u. Jérusalem f 33, 48, 69; — Rey, Histoire des princes d'An- 
tioche (Rev. de l'Or. lat. t IV, 334). — Delaville Le Roulx, Car- 
tulaire de l'Ordre des Hospitaliers de S. Jean de Jérusalem , II, 
892;— Rôhricht, Regesta regni Hieros. f p. 5, n° 36 ; — Id., 
Gesch . d. ersten Kreus3uges y 217, 218. — L’acte par lequel cette 
donation nous est connue, n’est pas l’acte même de donation, 
mais une relation postérieure, dans laquelle il est dit que Tancrêde , 
à qui Godefroi de Bouillon avait donné toute la Galilée en fief, du 
temps de Daimbert premier patriarche latin de Jérusalem, avait frit 
des fondations en faveur de l’église du Sauveur, et que ces fonda- 
tions avaient été confirmées par Baudouin et Daimbert. En ce qui 
touche la date des fondations de Tancrôde, la leçon MCL, que 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


407 


donne la charte de Marseille, est évidemment inexacte, ainsi que l'a 
déjà fait remarquer Delaville Le Roulx. Pauli coirige MCL en 
MCI. Cependant la viii« indiction comprend la période du l fr sep- 
tembre 1099 au 31 août 1100. D'après Kühn et Rôhricht, la donation 
de Tancrède doit se placer entre le 25 mars et le 31 août 1100, ce 
qui est probablement exact. Quant à la confirmation par Baudouin, 
mentionnée aussi dans la charte, elle est au plus tôt de l'année 1101 , 
car nous savons de la façon la plus certaine que tout rapport fut 
rompu entre Baudouin et Tancrède depuis l'époque de leur conflit 
en Cilicie jusqu'au 22 février 1101 (cf. ci-dessus, n° 528), et Bau- 
douin n’eût évidemment pas confirmé une fondation de Tancrède 
avant leur réconciliation . Cette réconciliation eut lieu à la fin de 
février ou au début de mars 1101. Comme Tancrède, dans l'entre- 
vue de Haifa, abandonna à Baudouin toutes ses possessions de 
Palestine, et qu'à cette occasion, il put y avoir des arrangements 
territoriaux, on est fondé à croire que la confirmation, par Bau- 
douin, des donations de Tancrède à l'église duThabor eut lieu lors 
de cette même entrevue. 

1101, vers le 9 mars. — Tancrède ayant abandonné au roi Bau- 
douin ses possessions de Palestine, quitte cette région, et se 
rend à Antioche pour répondre à l'appel des habitants, qui lui 
avaient demandé de se charger de la régence de la princi- 
pauté pendant la captivité de Boémond . (542) 

Sources: Albert d'Aix, VII, xlv : « Post haec décréta etpa- 
cem compositam, rex Jérusalem secessit, Tancredus vero cum 
omni suo equitatu et manu D peditum per aridam usque in 
Antiochiam descendit ut eam susciperet ». — Historia belli sacri, 
ch. cxxxviii (Hist. occid. d. crois., III, 228) : « Nam statim 
illis pro Baldoyno mittentibus, ecce Antiocheni proceres ad Tan- 
credum miserunt, dicentes : Veni ad nos properanter, quoniam, 
nostro domino Boamundo capto, consilio tuo, quid super hoc 
agere debeamus, perfrui cupimus. Quo audito, ille tristis 
effectus, iter arripuit ; qui cum aliquantum itineris spatium pere- 
gisset, ecceBaldoynus veniebat, vidensque Tancredum, mox ab eo 
divertit, qui Jérusalem, ut missum fuerat, festinabat. At ille 
diversionem eius vilipendons, nec paulum substitit, sed iter, ac si 
eum non vidisset, incessanter agebat. Ita quidem tant? proceres 
alterutrum transierunt, ut nec unus cum altero, simultate pristina 
recordata, vel modicum loqueretur. » — Cafaro, Annales {Mon. 
Germ. Script XVI11, 11 ; Hist. occid. d. crois., V, 59). — Cf. 
ci-dessus, n° 538. 

Commentaire : Voy. n° 538. — Nous savons de façon certaine, 
par le témoignage d'Albert d'Aix et de Foucher, que Tancrède 
était encore dans ses possessions de Palestine au commencement 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


de mars 1101 (cf. ci-dessus, n° 538). Albert d'Aix nous apprend en 
outre que ce prince se rendit à Antioche sitôt après l'entrevue de 
Haifti (cf. ci-dessus, n° 540), et qu'il fût parti déjà quelques jours 
auparavant, n’eût ôté son second rendez-vous avec Baudouin ; en 
effet, il ne voulut point y faillir : c ne si ante diem proficisceretur, 
in opprobrium fugae sibi imputaretur » . Mais tout devait être prêt 
en vue de son départ, de sorte qu'il put se mettre en route pour 
Antioche sitôt l’entrevue terminée. D'autre part, nous voyons 
dans VHistoria belli sacri que, déjà vers la fin de l'année 1100, 
une ambassade des gens d’Antioche était venue trouver Tancrède, 
et que celui-ci s'était rendu dans cette ville, à une époque où Bau- 
douin, frère de Godefroi de Bouillon, n’était pas encore arrivé 
d'Édesse à Jérusalem.- Le texte de Cafaro (voy. ci-dessus, n° 538) 
semble confirmer le témoignage de VHistoria belli sacri. Pour 
accorder le renseignement fourni par ces deux écrits avec celui 
de Foucher, de ses copistes et d'Albert d’Aix, d'après lequel le 
départ de Tancrède pour Antioche aurait eu lieu en mars 1101, il 
faudrait admettre que Tancrède fût allé une première fois à 
Antioche vers la fin de 1100, y eût pris en main la régence, puis 
fût retourné en Palestine. Kugler ( Albert x\ Aachen , p. 278) 
pense que, dès l’automne 1100, Tancrède avait été sollicité par le 
légat Maurice, arrivé devant Laodicée avec la flotte génoise, 
d'accepter le gouvernement d'Antioche, et qu'il était entré en 
pourparlers à ce sujet avec ledit légat; puis, qu'il s’était rendu à 
Antioche, probablement en octobre 1100, pour en repartir presque 
aussitôt par mer (?) et se rendre de nouveau en Palestine, où il 
fit de vaines tentatives pour se rendre maître de Jérusalem et de 
Joppe (cf. Chronol. de la première crois., n°‘ 502, 509-512). Mais 
ce système ne s'accorde ni avec le témoignage de VHistoria 
belli sacri ni avec celui de Cafaro, qui l’un et l'autre parlent 
d’un appel adressé à Tancrède par les habitants d’Antioche, à la 
suite duquel ce prince se serait rendu à Antioche, pour en 
prendre la régence. J'ai admis aussi, dans mon édition du Hiero- 
solymita d'Ekkehard (p. 219), en me référant aux relations de 
VHistoria belli sacri et de Cafaro, que l'ambassade des habitants 
d'Antioche ôtait venue trouver Tancrède dès la fin de 1100, et 
que celui-ci s’ôtait rendu immédiatement (« sine mora ») à son 
appel, puis était revenu à Chai fa pour faire valoir ses prétentions au 
royaume de Jérusalem. Mais aujourd'hui, après avoir examiné 
à nouveau la question, j’estime qu'il est préférable de s’en tenir 
au témoignage de Foucher corroboré par la relation d’Albert 
d’Aix, et de placer le départ de Tancrède pour Antioche en 
mars 1101 : les récits de VHistoria belli sacri et de Cafaro, s'ils 
signifient réellement que la régence de Tancrède commença à la 
fin de 1100, doivent être tenus pour inexacts. Ces récits, com- 
posés assez longtemps après les événements, parlent ici de faits 
qui se passèrent en février-mars 1101. Si Tancrède avait pris la 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 409 

régence d’Antioche dès la fin de 1100 et était venu ensuite en 
Palestine au mois de février 1100, Foucher n’eût pas manqué d’y 
flaire allusion, et d’indiquer que le retour de ce prince en Pales- 
tine avait été motivé par des obligations antérieures. Au surplus, 
il est certain qu’à la fin de 1100, les gens d’Antioche faisaient des 
tentatives pour obtenir la rançon de Boêmond (cf. Clironol. de 
la première crois . , n° 497) . Ces tentatives traînèrent en lon- 
gueur, et ce fût seulement lorsqu'on eut perdu l’espoir de les voir 
aboutir, que l’on songea à appeler Tancrède. 

1101, vers le 13 mars. — Les contingents de l’Aquitaine et de la 
Gascogne, sous la conduite de Guillaume, comte de Poitiers, 
d’Herbert et de Godefroi, vicomtes de Thouars, se mettent en 
marche pour Jérusalem. (543) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, xxxiv (voy. n° 565). — Orderic 
Vital (éd. Le Prévost, IV, 118) : « Anno itaque dominicae incarna- 
tion^ MCI, Guillelmus, Pictaviensium dux, ingentem exercitum 
de Aquitania et Guasconia contraxit, sanctaeque peregrinationis 
iter alacris iniit... Fertur CCC armatorum milia vexillum eius 
secuta fûisse, quando egressus fuerit de flnibus Aquitaniae ». 
— Foucher de Chartres ( Hist . occid. d . crois, , III, 398 A) : « Quum 
Francorum exercitus ingens Jberusalem tenderet, aderant in ilia 
multitudine simul Guilelmus, Pictavensium cornes...; cum his 
etiam Hugo magnus erat, qui, post Antiochiam captam, in Gallias 
repedaverat. » — Lisiard de Tours (ibid., III, 562 A). — Geoffroy, 
prieur du Châlard, Dictamen de primordiis ecclesiae Castaliensis 
(ibid., V, 348 F). — Hist. Nicaena vel Antiochena (ibid., V. 
179 B). — Narratio Floriacensis (ibid., V, 360 G) : « Pictaven- 
sium cornes Willelmus..., volens et ipse suas ostentare vires et 
extendere famam, collecta multitudine earum quibus dominatur 
gentium, associatis etiam sibi multis, quorum plures erant comités, 
aut populosarum urbium seu castrorum primores, Hierosolymam 
tendit. » — Chronica prioratus de Casa vicecomitis (dans Mar- 
chegay, Chroniques des églises d* Anjou, p. 340) : « Anno incar- 
nation^ dom. MCI 0 , in n a hebdomada quadragesimae, Herbertus, 
Toarcensium vicecomes, et frater eius Gauffridus cum Guillelmo 
comité Pictavorum, atque incredibilis multitude omnium fere 
gentium, Ierosolimitanam peregrinationem arripuerunt. » — 
Chronicon S . Maxentii Pictavensis (Marchegay, Chron. d. 
églises d* Anjou, 421) : « MCI. Willelmus dux et ceteri principes 
abierunt in viam Jérusalem, ut devoverant. » — Gesta Amba- 
siensium dominorum (D’Achery, Spicilegium , III, 279) : « Anno 
tertio post captam Jérusalem, Guillelmus, cornes Pictavensis, iter 
sanctae peregrinationis arripuit, Goffridus Burellus cum uxore 
sua Corba ei adiunctus. «—Wilhelm. Malmesbur., Gesta reguwi 

Rsv. DE l’Or. latin. T. IX. 27 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Anglorum (êd. Hardy, II, 592) : « Eo Septembri cuius VII Idus 
praedictum fait, Willielmas, cornes Pictavensis, Ierosolymam 
perrexit, malta secum ducens agmina, ut aestimarentur 60 milia 
militum et multo plura peditum ». — Guillaume de Tyr., 1. X, c. 
xi. — Richard de Cluny, Chronicon (Muratori, Ant. ital IV, 
1092 E). 

Commentaire : Voy. Besly, Hist. des comtes de Poitou 
(Paris, 1647), 112; — Hist . de Languedoc , II, 334; — Haken, 
Gemælde d. Kreusz. % II, 121 : « mitdem Anfangedes JahresllOl ». 
— Wilken, II, 142; — Brinckmeier, Die provenzalischen Trou- 
badours (Halle, 1844), 132, 133; — Spor*chil, Gesch. d . Kreuzz 
157; — Damberger, Synchron. Gesch. , VII, 436; — Arbellot, Les 
chevaliers limousins , 57 : « Guillaume, comte de Poitiers, partit 
pour la croisade au mois d'avril 1101 ». — Riant, dans Hist . 
occid . d. crois. y V, 349, n. 2 : « Wilhelmus, dux Aquitaniae, ad 
bellum sacrum mense Aprili 1101 profectus est ». — Guillaume 
comte de Poitou suivit vraisemblablement la route de l'Allemagne 
du sud, en longeant le Danube. Il y fût rejoint parles contingents 
allemands, sous les ordres du duc Guelfe, de l'archevêque Thiêmon 
et d’autres. Toute cette bande prit son chemin par la Hongrie. 
Quand bien même nous n’aurions aucune indication précise sur 
l’époque où les Aquitains et Gascons se mirent en route, le fait que 
les contingents allemands les rejoignirent à la fin de mars ou au 
début d'avril nous permettrait de reporter trois semaines environ 
au-delà l'époque où les Gascons et Poitevins quittèrent leurs 
foyers avec le comte Guillaume. Guillaume de Malmesbury se 
trompe certainement en assignant leur départ au mois de sep- 
tembre [1101]. Il n'a certainement pas en vue l'année 1100, car 
quelques lignes plus haut il mentionne la bataille de Rama livrée 
le 7 septembre 1101 (voy. ci-dessous, n° 605), et c'est au même 
mois que se rapportent ensuite les mots « eo Septembri », relatifs 
au départ de Guillaume de Poitou. D’ailleurs, il est certain que 
Guillaume ne partit pas en septembre 1100, puisqu'il assistait le 
18 novembre de la même année au concile de Limoges, dans 
lequel il prit la croix. Depuis lors, il dut bien consacrer au moins 
trois mois à ses préparatifs; par conséquent il ne put partir avant 
mars 1101. Ce n’est pas non plus en avril 1101 qu’il se mit en 
route, comme l'ont supposé l’abbé Arbellot et Riant. En effet, les 
Allemands le rejoignirent à la fin de mars ou au début d’avril 
(voy. n°548). Il avait dû par conséquent quitter ses états quelques 
semaines auparavant. La date exacte de son départ nous est four- 
nie par la Chronique du prieuré de La Chaise -le- Vicomte : « II* 
hebdomada quadragesimae ». Le mercredi des cendres, en 1101, 
tomba le 5 mars ; la seconde semaine de carême commença donc 
le 12 ou 13 mars. Telle est par conséquent la date du départ des 
Aquitains, Poitevins et Gascons. 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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1101, vers le 17 mars. — La flotte génoise aborde à Haifa ; les 
vaisseaux sont tirés sur le rivage. (544) 

Source : Voy. ci-dessus, n° 539. 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 539, et Kugler, Albert von 
Aachen, 286. — Nous n’avons aucune indication précise sur la 
date de l’arrivée de la flotte génoise à Haifa. Il est certain que les 
Génois avaient formé le projet de se rendre à Jérusalem le jour de 
Pâques. Probablement, le légat Maurice, qui était venu à Laodicée 
avec leur flotte, voulait-il lui aussi atteindre Jérusalem le plus tôt 
possible. Riant (Hist. occid . d. crois ., V, 60), se référant à Albert 
d’Aix (1. VI, c. 58), dit : « Genuenses a patriarcha Daimberto tune 
revocatos esse ». La chose est possible ; mais le passage d’Albert 
d’Aix est relatif à la fin de l’année 1099 et non au printemps 
de 1101. C’est par simple conjecture, d’ailleurs, que nous pla- 
çons aux environs du 17 mars l’arrivée de la flotte génoise â 
Haifa; mais cette conjecture est assez vraisemblable, puisque 
Cafaro nous apprend que, dans le parcours de Laodicée à Haifa, la 
dite flotte eut à livrer des combats aux Sarrasins, ce qui dut la 
retarder quelque peu. Dans ces conditions, et même avec un 
bon vent, elle dut mettre au moins 6 à 8 jours pour flranchir la 
distance qui sépare ces deux villes. 

1101, mars 25. — Paschal II écrit au clergé et aux laïques du 
royaume d’Alfonse de Castille. Il leur rappelle ce qu’il leur a 
déjà dit dans une lettre précédente, en date du 14 octobre 
1100, à savoir qu’ils ne doivent point prendre part à la croi- 
sade pour la défense des lieux saints de Palestine, mais se 
consacrer entièrement à la défense de leur pays contre les 
Maures et Moabites, ceux-ci ne cessant de faire des incur- 
sions dans leur pays. Il les informe que, pour cette môme 
raison, il a interdit aux porteurs de sa lettre, Munoz, Diego 
et Nunez, et à leur suite, de continuer leur voyage vers Jéru- 
salem. (545) 

Sources s Epistula Paschalis 11 papae ad clericos et laicos 
Aldefonsi regnum habitantes (Florez, Espana sagrada , XX : 
Hisioria Compostellana , p. 88; Salazar, Anamnesis t II, 476; 
dans Migne, Patrol, lat. t CLXIII, 64) : «Magnum vestrae salutis 
dispendium facit, quod apostolicae sedis praeceptis oboedire con- 
temnetis. Scripsimus enim vobis praeterito tempore, ne Hieroso- 
lymitanae expeditionis occasions partes vestras desereretis, quae 
Maurorum et Moabitarum quotidianis incursionibus impugnantur; 
non parum enim in discessu vestro illorum tyrannidem occiden- 
talibus partibus formidamus. Quare nos partium vestrarum tam 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


clericos quam laicos, quos videre potuimus, a Hierosolymitana 
profectione desistere et ad patriam suam redire praecipimus. 
Latores quoque praesentium Munionem et Didacum et Nunonem 
cum sequacibus suis a nobis coactos redire sciatis. Unde etiam 
vestrae dilectioni praecipimus, ne quis eos pro reditu hoc infa- 
mare aut calumniis aliquibus praesumat impetere. Vobis ergo 
omnibus iterata praeceptione praecipimus, ut in vestris partibus 
persistentes Moabitas et Mauros totis viribus impugnetis ; ibi 
largiente Deo vestras poenitentias peragatis ; ibi sanctorum apos- 
tolorum Pétri et Pauli et apostolicae earum ecclesiae remissionem 
et gratiam percipiatis. Datum Laterani, VIII Kal. Aprilis. » — 
Epist. Paschalis U ad clericos S. Jacobi Composte Uanos (Florez, 
ibidem ., p. 30; Migne, ibid. , col. 63) : « Porro sicut militibus, ita 
etiam clericis vestrarum partium interdicimus, ne occasion© Jero- 
solymitanae vi9ionis ecclesiam et provinciam suam deserere prae- 
sumant, quam Moabitarum feritas tam fréquenter impugnat. 
Datum Laterani, VIII Kal. Aprilis. » 

Commentaire : Voy. Navarette, Dissert, sobre las cruzadas , 
pp. 39-43, 49; — Piferrer, Recuerdos de Espana (Cataluna), II, 
p. 121; — HE, 93, 224; — Riant, Invent ., pp. 130, 217 ; — Jaffô- 
Lôwenfeld, Regesta , 5863 (4386); — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. 
Jerus., 36; — Rôhricht, Gesch. d. ersten Kreuzz., 223; — Hagen- 
meyer, Chronol. de la première croisade, n° 505. 

1101, vers le 28 mars. — Tancrêde, arrivé à Antioche, prend en 
mains la régence de la principauté. (546) 

Sources : Voy. n 04 538, 540, 542. — Historia belli sacri, 
ch. cxxxix (Hist. occid. d. crois. r III, 228) : « Tancredus itaque 
cum Antiochiam pervenisset, portae mox illi clauduntur. Qui 
cum accédons intrare nequisset, ammirans valde ait : Cur ergo 
vocatus accessi, si portae mihi serari debuerunt? At illi de intus 
responderunt, dicentes : non ob aliud civitatem clausimus, quia 
volumus ut prius te Boamundo fidelem iureiurando exhibeas, 
sicque postea ingrediaris. Quod cum fecisset, ingressus urbem, 
omnibus volentibus, Antiochia ei ad custodiendum e fideiitate 
Boamundi traditur, quousque ipse a captione libertatis redire! . » 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n 04 538, 540, 542. — Albert d’Aix 
(1. VII, ch. xlv ; cf. ci-dessus, n°542) nous apprend que Tancrêde 
se rendit à Antioche « cum omni suo equitatu et manu D peditum 
per aridam ». Par « arida » il faut entendre sans doute la côte 
sablonneuse de la mer. La distance à vol d’oiseau entre Haifa et 
Antioche est de 420 kilomètres. On peut a lmettre que Tancrêde mit 
environ deux semaines et demi à la parcourir, et que par consé- 
quent il arriva à Antioche vers le 28 mars. Le renseignement de 
T Hist. belli sacri , d’après lequel il n’aurait pas été admis tout de 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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suite dans la ville est assez surprenant. Il donnerait à croire qu'il 
y avait dans Antioche un parti qui ne voulait pas de Tancrôde 
comme remplaçant de Boêmond. Peut-être, d’ailleurs, cette infor- 
mation repose-t-elle sur quelque erreur de l’auteur de l' Historia, 
qui, écrivant assez longtemps après les événements, peut avoir 
recueilli une simple tradition ou bien avoir fait une concision 
avec l’incident analogue qui se passa lorsque Tancrède voulut 
aller prendre possession de Jérusalem, dont les habitants lui 
fermèrent les portes. Toutefois, comme, en dehors du fait rap- 
porté par l’ Historia, nous ne possédons aucun renseignement 
sur l’entrée de Tancrède à Antioche, nous ne pouvons affirmer 
que ce fait soit controuvé. 

1101, fin de mars. — Le patriarche Daimbert est suspendu pro- 
visoirement de sa charge par un concile des évêques et abbés 
de l'église de Jérusalem. On l'accusait d’avoir voulu faire 
assassiner par Boémond le roi Baudouin, lors du voyage de 
celui-ci d’Édesse à Jérusalem ; on l’accusait aussi de prodi- 
guer avec beaucoup trop de libéralité des fragments de la 
vraie croix. La suspension ne devait cesser qu’aprôs qu’il se 
serait lavé de ces accusations. (547) 

Source : Albert d’Aix, VII, xlviii : « Nulla deinceps mora die 
statuto et concilio fldelium episcoporum abbatumque collecte in 
audientia omnium qui adorant et praesentia legati S. Romanae 
ecclesiae, patriarcham assistentem, Baldewinus rex reum periurii, 
traditionis regni Jérusalem, homicidii, ut a Boemundo occidere- 
tur in via, qua a Rohas Hierosolymam ascenderet, deprehensis 
litteris criminando et imputando astruxit, sub testimonio totius 
S. Hierosolymitanae ecclesiae, et ideo non posse eum ultra episco- 
pari, ni8i valeat ab his expurgari. Qui minime de omnibus sibi 
illatis calumniis valens excusari et praecipue de sacrilegio ligni 
sanctae crucis, de qua partem minuit ac dispersit, suspensus est 
a divino officio, dataeque sunt ei adhuc induciae, si forte aliquam 
excusationem posset reperire.... ». Ch. xlix : « Inter haec diversa 
negotia mensis Martius suo ordine coepit referri, ieiunium qua- 
dragesimale observari. . . » 

Commentaire : Voy. Haken, Gemælde d. Kreuzz., II, 249 ; — 
Wilken, Gesch. d. Kreuzz., II, 94; — Raumer, Gesch. d. 
Hohenstaufen , I, 366; — Sporschil, Gesch. d. Kreuzz ., 146; — 
Sybei, Gesch . d. ersten Kreuzz ., 96 (99) ; — Kugler, Albert v. 
Aachen , 282, 286 ; — Kühn, Gesch. d. ersten. lat. Patriarchen, 
36 ; — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem , 18; — Hampel, 
Untersuchungen über d. lat. Patriarchat von Jérusalem , 41 ; — 
HEp, 423. — La déposition de Daimbert par le concile tenu à 
Jérusalem vers la fin de mars 1101 est rapportée par le seul Albert 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


d’Aix. Il n’y a pas toutefois de raison de considérer ce renseigne- 
ment comme inexact ou fictif. Sybel, Wollf et Kühn le passent 
sous silence, comme s'ils le tenaient pour erroné. Hampel se 
borne à dire que « le légat Maurice se trouvait à Jérusalem à 
Pâques 1101, et que, pendant son séjour dans la ville sainte, 
des résolutions fbrent prises touchant les rapports de l’Église et 
de l’État, dont les dissenssions furent aplanies. » Suivant Hampel, 
le légat Maurice serait venu à Jérusalem avec les Génois, après 
l’arrivée de leur flotte à Jaffa, donc vers le 17 avril seulement 
(voy. ci-dessous, n° 553). Je crois pour ma part que Maurice n’ac- 
compagna pas les Génois jusqu’à Jaffa, mais qu’il les quitta à 
Haïfa pour se rendre directement à Jérusalem, où il dut arriver 
par conséquent vers le 22 mars. Je pense aussi que, très peu après 
son arrivée, une réunion du clergé eut lieu, dans laquelle on prit 
des résolutions au sujet de Daimbert. C’était pour mettre un terme 
au conflit entre Daimbert et l’autorité royale qu’il venait à Jérusa- 
lem, et son intervention était assez urgente pour qu’il ne se soit 
pas arrêté à Haifa. Si l’on considère le passage d’Albert d’Aix, 
mentionnant le concile, par rapport au récit qui le suit, on en 
devra conclure que le concile eut lieu certainement en mars et 
avant Pâques. 

1101, fin de mars et début d’avril. — Départ des contingents 
allemands pour l'Orient. Parmi eux étaient, entre autres : le 
duc Welf de Bavière, le comte Henri I de Ratisbonne, le 
comte Othon de Scheyern, Conrad, maréchal de l’empereur 
Henri IV, l’archevêque Thiémon de Salzbourg, l'évêque 
Ulrich de Passau, l'abbé Gislebert d’Admont, deux chanoines 
du nom de Bruno, le moine Ekkehard, plus tard abbé 
d’Aura, et la margrave Ida d’Autriche. Ils rejoignent les con- 
tingents venus d’Aquitaine sous le commandement du comte 
Guillaume de Poitou, et se dirigent avec eux vers la Hon- 
grie. (548) 

Sources : Ekkehardus, Hierosolymita , XXII, 3 (HE, 223; ffist. 

occid. d. crois., V, 28 D) : « Mox profectio populosa a residuis 

totius occidentis gentibus maxime ab his, quorum prius votis 
timor vel diffidentia, inopia vel imbecillitas, obstiterant, denuo 
parabatur; primum ab episcopis Mediolanensi, Papiensi cete- 
risque Longobardorum populis ad .l. milia signatis, deinde a diver- 
sarum provinciarum Theutonicis, postremo ab Aquitanicis, quibus 
Willihelmus Pictaviensis praeerat, praeter vulgus ad.xxx. milia 
loricatis. » — Albert dAix, VIII, xxxiv (voy. ci-dessous, n° 565). 
— Hisioria Welforum Weingartensis {Mon. Germ. Script ., 
XXI, 462) : « Guelfo..., cum ad senilem aetatem venisset..., volens 
Deo excessibus suis difflciliorem satisfactionem exhibera Hiero- 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


415 


solymitanum iter arripuit, quod et in maximis persécution ibus et 
pericuiis Ungariam et Graeciam transiens persolvit. Sepulcrum 
enim Domini et alia sa ne ta loca, omnibus suis paene amissis, visi- 
tavit ». — Annales Augustani , ad a. 1103 (Mon. Germ., Script ., 
III, 135): « Welf dux cum multis Jerosolima proficiscitur. » 

— Annales Mellicenses , ad a. 1101 ( ibid ., Script., IX, 500). 

— Auctarium Claustroneoburgense, ad a. 1101 (ibid., p. 628). 

— Passio S. Tkiemonis (Canisius, Thésaurus monumentorum, 
éd. Basnage, III, ii, 101; Hist. occid. d. crois., V, 217 E) : 
« Secundus venerat annus post eum, quo sancta civitas Hieru- 
salem de sub iugo gentium cervicem erexerat; needum tamen 
aut bella omnia patrata aut armis parta pax et securitas fuerat. 
Initium illud misericordiae stillavit Deus sub duce Teutoni- 
corum Gotefrido, qui cum aliis, quos idem spiritus repleverat, 
primoribus, lxx milia expeditorum adduxerat, adeptaque Victo- 
ria rex Hierusalem creatus, ex sententia omnium et unctus est. 
Horum opus adiuvare pro nomine Christi conflagraverunt, ex 
Alamannnia Bawari, Suevi, tam proceres nonnulli quam popula- 
res, tradentes in hoc mundo animas suas, ut in resurrectione vitae 
sumerent eas. Caput horum et sidus, ut ita dicam, quo cuncti 
regerentur per mare, sacer Thiemo factus, simul cum duce Wel- 
fone, Hierosloymitanae peregri nation is iter invadit. s> — Historia 
de Guelfis principibus (Canisius, Thesaur. monum. eccles . ; 
éd. Basnage, t. III, pars n, p. 590) : « Anno dominicae incarn. 
MCI 0 , Gwelfo dux senior iter Hierosolymitanum aggressus est ni® 
Kal. Aprilis. » — Ottonis Frising. Chronicon, VII, 7 : « Anno 
sequenti, Conrad us, imperatoris Heinrici fllius christianissimus. . . , 
immatura morte praeventus diem obiit ac in civitate Florentia Tus- 
ciae honorifice sepultus est. Eodem tempore Gwillehelmus cornes 
Pictaviensis et dux Aquitaniae, Thimo Juvaviensis archiepisco- 
pus, Welfo Noricorum dux..., Itha marchionissa, Leopoldi mar- 
chionis orientalis mater, Guillehelmus, Stephanus Italici barones, 
cum multis ex Italia, Aquitania, Germania, Hierosolymam per 
Ungariam et Graeciam pergunt. » 

Commentaire : Voy. Aventinus, Annal. Boiorum, lib. V, 
p. 589; — Canisius, Thésaurus monum... seu... Lectiones anti - 
quae , t. III, pars ii, p. 98; — Wilken, Rer. ab. Alexio gest., 
378; — Wilken, Gesch. d. Kreuzz., II, 118, 143; — Michaud, 

II, 138; — Monumenta Boica , t. XVI, p. 554 ; — Raumer, Gesch. 
d. Hohenstaufen, 1, 362; — Rehm, Gesch. d. Mittelalters, I, i, 88; 
— Hormayr, Die Bayem im Morgenlande, p. xvij ; — Lochner, 
Gesch. d. Mittelalters (1839), 1, 187 ; — Floto, Kaiser Heinrich der 
Vierte, II, 377; — Giesebrecht, Gesch. d. deutschen Kaiserzeit , 

III, 688 ; — Sepp, Jérusalem und d. heil. Land , I, 79 ; — Arbellot, 
Les chevaliers limousins à la première croisade , 58; — Riezler, 
Jerusalempilger und Kreuzfahrer aus Bayem (Forsch. z . 
deutschen Gesch., XVIII, an. 1878, p. 552); — Id., Gesch . Bayerns 


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(Gotha, 1878), I, 561 ; — Kugler, Albert v. Aachen , 316 ; — Id. f 
Gesch d. Kreuzzüge , 75-81; — Richter, Annalen d . deutschen 
Reichs im Zeitalter der Ottonen und Salicr, II, 403; — Rôhricht, 
Beitrdge z. Gesch. d. Kreuzzüge, II, 41, 298; — Id., Gesch. d. 
Kônigr. Jérusalem , 31; — Riant, dans Hist. occ. d. crois. , V, 
204 n. : «Thiemo crucem anno tantum 1101 ineunte snmpsit. » 
— Ibid., V, 208 n. : « Anno nempe 1101, quo Bajoarii, diel a Apr. 
patria relie ta Constantinopolim mense iunio adierunt. » — Riant, 
Le martyre de Thiémon de Salzbourg (Revue des questions 
hist., t. XXXIX, 222) : « En 1101, Thiômon avait suivi le duc de 
Bavière, Welf IV, parti d’Allemagne le 1 er avril, et la margrave 
d’Autriche, Ida». — Kohler, dans Hist. occ. d. crois., V, préface, 
p. xxxv : a Thiémon avait suivi le duc de Bavière, Welf IV, 
parti d’Allemagne pour la Terre-Sainte au commencement 
d’avril 1101, avec de nombreux croisés». — Chalandon, Essai 
sur le règne d'Alexis, 228. — La date exacte du départ des Alle- 
mands sous la conduite de Welfo, nous est fournie par VHistoria 
de Guelfis principibus : a III®. Kal. Aprilis. » Les récits d’Ek- 
kehard et d’Albert d’Aix corroborent ce témoignage, car ils nous 
apprennent que l’armée des croisés se trouvait vers le 10 mai en 
Bulgarie (voy. ci-dessous, n° 565) et qu’elle arriva vers le l® r juin 
à Constantinople (voy. ci-dessous, n° 572). Aventin, suivi par 
Sepp, commet une erreur grave en faisant partir Welf pour Jéru- 
salem dès l’année 1096. Il a confondu la croisade de 1101 avec 
celle en 1096. 

1101, samedi 13 avril. — Une partie de la flotte génoise, qui avait 
abordé à Haifa, poursuit durant la nuit une flotte sarrazine de 
40 vaisseaux qui se dirigeait sur Acre. Mais une tempête 
T empêche d’atteindre l’ennemi. (549) 

Source :Cafaro, Liber atio civit. Orientis (Hist. occid. d. croi- 
sades, V, 60 F) : « Cum Ianuenses ibi [scil. Caipha] morabantur, 
exercitus Babiloniae xl galearum nocte una iuxta civitatem 
Caipha, cum magna tempestate maris usque ad portum Acherontis 
velociter perrexit. Ianuenses tamen partem de galeis statim in ilia 
nocte posuerunt in mari et sequendo eum pro tempestate ab invi- 
cem separati füerunt et summo mane, die dominico Ramis palma- 
rum, officia Dei cum devotione celebraverunt. » 

Commentaire : Voy. HE, 219 ; — Kühn, Gesch. d. ersten lat . 
Patriarchen zu Jerus ., 36 ; — Riant, dans Hist. occid. d. crois., 
V, 60; — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem, 19; — Id., 
Gesch. d. Kreuzzüge im Umriss , 57. — Le dimanche des 
Rameaux tomba en 1101 le 14 avril; la poursuite des vaisseaux 
sarrazins par la flotte génoise eut donc lieu dans la nuit du 
13 au 14 avril. 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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1101, avril 14. — Les marins génois célèbrent à Haifa la fête des 
Rameaux. (550) 

Source et commentaire : Voy. n<> 549. 

1101, lundi 15 avril. La flotte génoise ancrée à Haifa met à la voile 
pour Jaffa. (551) 

Source : Cafaro, Liberatio civitatum Orientis ( Hist . occid. d. 
crois., V, 61) : « Die lunae cum omnibus galeis versus Ioppen 
ire ceperunt. » 

Commentaire : Voy. Kohler, dans Hist. occid. d. crois , V, 
préface, p. xvij ; — Rühricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem , 191; 
— Hagenmeyer, Epistulae et chartae ad. hist. primi belli sacri 
spectantes (Innsbr., 1901), 424. — Le « dies lunae » de Cafaro est 
le lundi de la semaine sainte, soit le 15 avril. J’ai fait erreur, 
dans mes Epistulae et Chartae , p. 424, en disant que la flotte 
génoise quitta Haifa le dimanche des Rameaux. 

1101, avril 16. — La flotte génoise et italienne est reçue dans les 
parages de Joppe par le roi Baudouin, qui vient à sa ren- 
contre avec 2 vaisseaux et lui fait grand accueil. Elle se 
rend avec lui à Joppe, où les vaisseaux sont tirés sur le 
rivage. (552) 

Sources : Foucher de Chartres (Hist. occid. d. crois., III, 385 A) : 
« Apud portum Laodicensem per idem brumale tempus stolas na- 
vium rostratarum Ianuensium et Italorum biemaverat. Qui cum 
vidèrent vernum tempus ad navigandum aptum et tranquillum, 
vento prospero usque Ioppen navigaverunt. Et cum portui appli- 
cuissent, gaudenter a rege suscepti sunt. Et quia prope erat Pas- 
cha, cuius solemnitatem ex more cuncti qui possunt célébrant, 
navibus suis ad terram tractis, Jherusalem cum rege perrexe- 
runt. »> — Bartolf de Nangis (ibid., 524 B). — Lisiard de Tours 
(ibid., 558 B). — Cafaro, Liberatio civit. Orientis ( ibid. } V, 61 A) : 
« Cum autem Ioppen appropinquassent, ecce rex Balduinus, cum 
duobus sagitteis et cum tubis et vexillis multis longe a civitate per 
milliarium, Ianuensibus obviam venit, salutando et gratias refe- 
rendo de hoc quod ad servitium Dei et regni Jérusalem venire, 
uti promixerant, non prolataverant. Et sic Ianuenses cum rege ad 
Ioppen venientes, galeas omnes sine mora in terra posuerunt, et 
die Mercurii sancti cum rege Balduino ad Jérusalem perrexe- 
runt. » — Guill . de Tyr, X, xiv : « Applicuerat porro circa veris 
initium in portu Ioppensi classis Ianuensium, qui a domino rege 
et eiusdem urbis civibus cum multa suscepti sunt honoriflcentia ; 


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et quoniam in proximo erat paschalis solemnitas, snbdnctis ad 
terram navibus, Hierosolymam ad diem festum ascenderunt. » 

Commentaire : Voy. Ranmer, Geschichte der Hohenstaufen, 
1,357 ; — Rôhricht, Gesch. d . Kônigr. Jérusalem , 19; — Dam- 
berger, Synchron. Geschichte> VII, 434. — La distance de HaiCa 
à Joppe étant de 92 kilomètres, la flotte génoise, favorisée par le 
vent (« vento prospero », dit Foucher), put la parcourir en 
24 heures. Comme elle était partie de Haifa le lundi 15 avril, elle 
arriva probablement le mardi 16 à Joppe. L'expression « circa 
veris initium », dont se sert Guillaume de Tyr pour indiquer l'épo- 
que de l’arrivée des Génois à Joppe, n’est donc pas tout à fait exacte. 
Elle se rapporterait mieux à l’époqne de leur arrivée à HaiCa. 

1101, mercredi 17 avril. — Les Génois quittent Joppe avec le 
roi Baudouin, pour aller célébrer la fête de Pâques à Jéru- 
salem . (553) 

Sources : Voy. n° 552. 

Commentaire : Voy. Michaud, III, 18; — HE, 277; — Rôhricht, 
Gesch. d. Kônigr . Jérusalem , 19. — Le « dies Mercurii » de Cafàro 
est le mercredi de la semaine sainte, soit le 17 avril. Il est pro- 
bable que les Génois se mirent en route dans l’après midi seule- 
ment, car ils étaient arrivés à Joppe la veille, et leurs préparatifs 
de départ exigèrent sans doute un peu de temps, étant donné 
surtout qu’ils avaient tiré leurs vaisseaux vers le rivage. 

1101, jeudi 18 avril. — Le patriarche Daimbert consacre le saint 
Chrême sur le mont des Oliviers. (554) 

Source : Albert d’Aix, VII, xlix : « Inter haec diversa negotia 
mensis Martius suo ordine coepit referri, ieiunium quadragesi- 
male observari, dies solennis Paschae propinquare, in quo chrisma 
et oleum inflrmorum necesse est sanctiflcari . Hac igitur die recor- 
dationis et sanctiflcationis olei et chrismatis exorta, qua dominas 
Iesus cum discipulis coenavit, Cardinalis in montem Oli veti, in quo 
id sacramentum chrismatis et olei compleri solet, ascendit, alba 
stola et idoneis vestibus ad tam deiflcum opus peragendum indutus, 
et in nullo patriarcham adesse consentions. Verum patriarcha 
Daimbertus vidons se olflcio suo privari, quo eo die universi 
patriarchae, sui antecessores, in eodem monte Olivarum solito 
more utebantur, chrisma et oleum consacrantes humiiis et supplex 
cum Jacrimis regem convenions instare coepit, ne hac die tam 
leviter ac viliter ab officio suo expelleretur, et sic in ore omnium 
peregrinorum haberetur.... Rex in omnibus deinceps pétition! 
patriarchae acquievit... ». Chap. li : « Cardinalis... in omnibus 
voluntati regis optimatumque cessit et exutus offlciali indumento, 
patriarcham permisit consecrare oleum et chrisma ac solenne 


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Pascba in omni divino ceiebrare officio. Ab illo die cardinalis et 
patriarcha in somma amicitia coniuncti sunt ». 

Commentaire : Voy. Ha ken, Gemâlde d. Kreuzz ., II, 249 ; — 
Wilken, Gesck . d. Kreuzz., II, 95; -r- Sporschil, Gesch. d . Kreuzz., 
146; — Kugler, Albert v. Aachen , 282; — Rôhricht, Gesch. d. 
Kônigr. Jérusalem, 18. — Les incidents rapportés par Albert d’Aix 
à propos de la consécration dn saint Chrême par Daimbert sont 
sujets à caution ; d’abord parce qu’il n’est pas bien certain que le 
roi Baudouin se trouvât ce jour-là à Jérusalem (voy. ci-dessous, 
n° 555), puis, parce qu’il n’est guère admissible que le légat Mau- 
rice, qui s’était rendu sur le mont des Oliviers en habit ecclésias- 
tique pour procéder à la consécration du Chrême, ait cédé son 
vêtement au patriarche Daimbert. Quant à la célébration même 
de la cérémonie par ce dernier, je ne pense pas qu’on en doive 
douter, car ce fut également lui qui, le samedi suivant, officia en 
qualité de patriarche dans la cérémonie du feu sacré. 

1101, jeudi 18 avril. — Les Génois, accompagnés du roi Baudouin, 
arrivent à Jérusalem. (555) 

Sources : Voy. ci-dessus, n° 552. 

Commentaire : Voy ci-dessus, n° 552. — Je suppose que les 
Génois mirent plus d’un jour à franchir les 11 lieues qui séparent 
Joppe de Jérusalem. Partis de Joppelel7, ils durent arriver à 
Jérusalem le lendemain seulement. 

1101, samedi saint, 20 avril. — Le matin de ce jour là, à 9 heures, 
sur l’ordre du patriarche Daimbert, le service divin com- 
mença dans l’église du Saint-Sépulcre. Les fidèles, et parmi 
eux les Génois arrivés l’avant-veille, attendirent vainement 
le feu sacré, qui généralement arrivait vers 3 h. après midi. 
Après 3 h., Foucher de Chartres, chapelain du roi Baudouin, 
et le chapelain du patriarche se rendent au Calvaire dans 
l’espoir que le miracle s’y sera produit. Mais le. feu ne vint 
pas. La nuit étant proche, le patriarche ordonne aux fidèles 
de quitter l’église du Saint-Sépulcre et de rentrer dans leurs 
demeures. (556) 

Sources : Foucher de Chartres {Eist. occid. d. crois , III, 385- 
387) : a Consuetudo est autem propter ignem caelestem qui ad 
Sepulcrum dominicum unoquoque anno descensibilis caelitus 
nutu divino in lampadibus in vigilia Paschae solet aecendi, ut 
quicumque intra monasterium illud sanctissimum inesse possint, 
die illo toto ipsius vigiliae supplicationi et orationi vacantes lumen 
illud a deo mittendum cuncti exspectent. Et cum die illo basilica 
ilia sanctissima de tanta gente plenissima exsisteret, horam circa 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


tertiam iussum est a patriarcha offlcium diurnum a canonicis 
incipi . Tune lectiones lectae sunt alternatim : prius latinus latine, 
posterius vero graecus graece identidem, quod latinus legerat in 

pulpito ralegit Intérim devoti exspectabamus ignem sanctum, 

qui horam circiter nonam advenir© ritu solebat. Et cum 

ignem optatum plerique tune venisse speraremus, cum non venis- 
set silencio requievimus, clerici autem lectiones et tractus diur- 
nos cecinerunt. Cum vero hora nona iam transisset...., ego ipse 
Fulcherius cum quodam patriarchae capellano in locum qui 
dicitur Calvaria ascenderam scrutans utrum illuc, ut interdum 
solebat, ignis ipse venisset, neene; sed nec hue nec illuc tune 

venit Iam imminente nocte, praecepit omnibus patriarcha ut 

de monasterio exeuntes ad domos vel hospitia sua abirent, ut locus 
sacrosanctus tota nocte a cunctis vacuus remaneret, ne quid 
spurcitiae noxiae forte in aliquo homine vel in femina lateat, quod 
voluntati Dei vel eius habitationi displiceat. Sic praeceptum et 
sic factum est. » — Bartolf de Nangis ( ibid ., 525). — Guibert de 
Nogent (ibid., IV, 236). — Guillaume de Maimesbury, Gesia 
regum Angl. y § 379, éd. Hardy, II, 587. — Ekkehardus, Eierosoly - 
mita, ch. xxxii : « Neque hoc silentio praetereundum, quod eodem 
anno (1101) ibidem cognovimus contigisse venerabili Herimanno 
presbytero, qui tune in monte Olive ti conversabatur, in haec 
verba referente : Die, inquit, sacratissimi sabbati, quo secundum 
antiquae misericordiae Domini paraclysim,baptismate iam conse- 
crato, lumen de caelo nobis ministrari devoti nimis exspectabamus 
usque ad vesperam, orationibus solitis institimus, tuneque propter 
peccata nostra, desiderato dono caelesti, quod etiam in conspectu 
gentium oiim christiani ante nos semper suscipere solebant, omni- 
modo frustrati, absque omni festivae synaxis offlcio, noetem illam 
dominicae resurrectionis lugendo tantum et moerendo transe- 
gimus. » — Cafaro, Liberatio civitatum Orieniis ( Hist . occid . d. 
crois., V, 61 B) : « Die Mercurii sancti cum rege Balduyno ad 
Jérusalem perrexerunt, ibique sabbato sancto veniente, ad sepul- 
chrum Domini iverunt et ieiunantes per diem et per noetem lumen 
Christi spectantes ut veniret ; et die ilia et nocte non venit et 
sic in ecclesia S. Sepulcri sine lumine stantes saepe et saepe 
omnes una voce clamabant : Kyrie eleyson, Kyrie eleyson. » 

— Mathieu d’Édesse (Hist. amén. d. crois., I, 54). 

Commentaire : Voy. Moshemii Dissertationes , II, 282 et suiv. ; 

— Michaud, III, 19; — Wiiken, II, 97 et suiv.; — Raumer, Gesch . 
d. Hohenstaufen } I, 357; — Tobler, Golgotha , 460 ; — Sepp, Jéru- 
salem u. d. keil. Land , 1, 510; — HE, 276-283 ; — Murait, Essai 
de chron. byzant ., II, 92; — Hagenmeyer, Das Verhàltnis der 
Gesta Franc, zum Hierosolymita Ekkehards (Forsch. z. deutsch . 
Gesch., XV, 24); — Riant, Archives de Z'Or. lat., I, 375-382 ; — 
Kühn, Gesch. d. erst. lat. Patriarchen , 36 ; — Kugler, Alb. v. 
Aachen , 286; — Kugler, Gesch. d. Kreuzz 96; — Vogué, 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 421 

Les églises de la Terre-Sainte , 19 ; — Rôhricht, Gesch. d. 
Konigr .s Jérusalem, 19; — Kohler, dans Hist. occ ., V, préface 
p. vm-xvii ; — Kohler, Un rituel et un bréviaire du S. -Sépulcre 
(Revue de U Or. lat. y VIII, 420). — Hampel, Untersuchungen 
über d . lat. Patriarchat zu Jérusalem , 37. — En 1101, le samedi 
saint, veille de Pâques, tomba le 20 avril. La 3® heure correspond 
à 9 h. du matin ; la 9® heure à 3 h. après-midi. 

1101, avril 21 (jour de Pâques). — En raison de la non apparition 
du feu sacré, le patriarche de Jérusalem ordonne qu’une 
procession solennelle se rende au Templum Domini . Le roi, 
le patriarche, le légat Maurice, le clergé et le peuple de la 
Ville sainte y prennent part. Pendant qu’elle se fait, vers 
7 h. du matin, le feu sacré s’allume dans l’église du Saint- 
Sépulcre, où étaient restés le clergé grec et le clergé syrien. 
La joie est alors grande dans la ville. Le roi, après avoir pris 
le repas de midi, se rend de nouveau à l’église du Saint- 
Sépulcre, où seize lampes s’allument miraculeusement avant 
3 h. Le génois Cafaro assistait aussi à ces événements. (557) 

Sources : Fouchér de Chartres (Hist. occid. d. crois., III, 
386 H) : « Mane autem cum dies S. Paschae clarescere coepisset, 
ad ecclesiam S. Sepulcri undique convenerunt, misericordiam 
Domini adhuc exspectantes . Et cum tune ad sepulcrum Domini 
patriarcha ingressus fuisset, quaerens an ignis adhuc inesset, cum 

non invenisset, regrediens doluit Fecerunt quidem tune pro- 

cessionein clerus et maior pars populi, rex et proceres sui, 

pedibus nudis ad Templum dominicum Dum autem in Templo 

dominico gens nostra oraret, in monasterio S. Sepulcri similiter 
Graeci et Syri, qui ibi remanserunt, non minus idem Sepulcrum 
cum processione circumgirantes; orationi vacabant, qui prae nimio 
dolore gênas suas et capillos suos ululando decerpebant. Cum 
ergo populus noster, oratione sua in Templo expleta, ad ecclesiam 
S. Sepulcri rediisset, antequam ianuas introisset, nuntiatum est 
patriarchae et ceteris ignem desideratissimum iam in lampade 
una ante ipsum Sepulcrum caelitus gratia Dei accensum fuisse, 
quem propius astantes, per fenestras quasdam rutilare viderant. . . 
... Quod cum videremus qui aderamus, omnes Kyrie eleison cum 
lacrymis exclamantes gaudio magno gavisi sumus, et quanto plus 

dolueramus tanto magis tune de miraculo exsultavimus Post 

missam solemnizatam, Balduinus rex... in templo Salomon ispran- 
dium suum festive et decentissime explevit. Nuntiatum est ei et 
ceteris aliis qui cum eo eramus ignem sanctissimum iterato 
adventu in 2 lampadibus quae in ecclesia dominici Sepulcri pende- 
bant divinitus accensum esse. Quo audito..., statim complures ad 
novummiraculum videndumlaetantes cucurrimus. Denique rex et 


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alii cum eo nos snbsecuti sunt, et cnm in ecclesia retroissemus, 
vidimus illico ignem, de quo fatum erat divinitns in lampadibus 
accendi... » — Bartolf de Nangis (i6irf.,525 D) : « Aurora subinde 
crastina illucescente reseratur a custodibus ecclesia, ingrédients 
tam clero quam populo et lumen tune saltem in venir© sperantes... 
Nulla adhuc luminis vestigia in totis lampadibus reppererunt..., et 

iam quasi prima hora praetereunte ad Templum Domini pro- 

cessionem fleri instituant..., redeunt ad Sepulcrum , lumen opta- 

tum inveniunt... solemniter missa celebrata est. » — Guibert de 
Nogent ( ibid ., IV, 256 G). — Anonyme rhénan, Hist. Godefridi 
(ibid. , V, 512-515). — Guillaume de Malmesbury, Gesta regum 
Angl., § 379 (éd. Hardy, II, 587). — Cafaro Liberatio civitatum 
Orientis (Hist. occid. d. crois. , V, 61 C) : « Mane veniente in die 
Resurrectionis Domini, patriarcha Daimbertus, una cum Mauritio, 
Portuensi episcopo et Romanae curiae legato, sermonem supra 
populum fecit... Sermon© completo, patriarcha simul cum Romanae 
curiae legato et cum rege Balduino caeterisque christianis sequen- 
tibus eos, discalciatis pedibus, cum magna devotione ad Templum 
Domini perrexerunt... Oratione in Templo facta, ad Sepul- 
crum Domini redierunt, et statim patriarcha cum legato Romanae 
curiae in domusculum Sepulcri per très vices introivit et in tertia 
vice in una de lampadibus Sepulcri lumen venit, et sic omnes 
laetati Te Deum laudamus omnes una voce cecinerunt et mis- 
sam dominicain audierunt, et post missam ad refocillanda corpora 
omnes ad hospitium perrexerunt. Iterum in circuitu ecclesiae 
deforis Sepulcri in una de lampadibus lumen coram multis viden- 

tibus ardere incepit ; et sic in die Resurrectionis post nonam 

palam coram omnibus in lampadibus xvi lumen, ut dictum est, 
taliter venit, et Cafarus, qui haec scribi fecit, interfuit et vidit et 
inde testimonium reddidit, et procul dubio ita verum esse affir- 
mât. » — Ekkehard, Hierosolymita i ch. xxxii : « Summo autem 
mane cum Iaetaniis a Sepulcro Domini nudipedes processimus, 

ingressique Templum Domini , mox, post preces lacrimasque 

füsas, needum atrium illud famosum egredimur; et ecce signa con- 
crepantia laudes altisonas in occursum nobis ab his qui remanse- 
rant reboantes audimus, intrantes vero ecclesiam praenominatam, 
lampades duas caelitus incensas gaudio immenso repleti conspici- 

mus Ante vesperas et inter ipsas vespertinas laudes usque 

ad xvi huiusmodi lumina visibiliter ampliantur. » — Mathieu 
d’Édesse (Hist. armén. d. crois ., 1, 54). 

Commentaire : Voy. n° 556. — Le samedi saint à la première 
heure, les fidèles se réunirent vers l’église du Saint-Sépulcre. 
La procession se forma vers 7 h. (« prima hora praetereunte », 
dit Bartolf) et se rendit au Templum Domini. Une heure après, 
elle revint à son point de départ, et trouva le feu allumé, pro- 
bablement vers 9 h. L’aprês midi, jusqu’à la 9« heure, c’est-à-dire 
jusqu’à 3 h., 16 autres lampes s’allumèrent. 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


423 


1101, après Pâques, du 24 au 25 avril. — Les Génois se rendent 
au Jourdain puis regagnent Joppe accompagnés du roi Bau- 
douin et de ses chevaliers. (558) 

Sources : Cafaro, Liberatio civitatum Orientis (. Hist . occid. d. 
crois., V, 62 E) : « Ianuenses vero in hebdomada ferialium ad flu- 
men Jordanie iverunt et postea cum rege ad Joppen redierunt. » 
— Foucher de Chartres ( ibid ., III, 387 H) : « Peracta autem solem- 
nitate Paschali, profectus est rex Joppen. » — Bartolf de Nangis 
ibid ., III, 527 A) : « Peracta itaque solemnitate rex cum omni 
militia sua Joppen profectus est. » — Lisiard de Tours (ibid., 
III, 558 B). 

Commentaire : Voy. Riant, dans Hist. occid. d. crois., V, 
62 n. — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jerus ., 20; — Hampe!, 
Untèrsuchungen über d. lat. Patriarchat in Jérusalem, 42. — 
Riant (loc. cit.) interprète l'expression « hebdomada ferialium » 
par semaine sainte (15-21 avril); c’est inexact ; il faut entendre 
par là la semaine de Pâques qui suit cette fête et « protenditur 
usque ad sabbatum in albis » (Ducange, Glossarium). Ce n'est 
certainement pas pendant la semaine sainte que les Génois se ren- 
dirent en pèlerinage au Jourdain. Cafaro rapporte la chose après 
le miracle du feu sacré, et il dit que les Génois arrivèrent à Jéru- 
salem le mercredi saint pour y célébrer les fêtes de Pâques. 
Sans doute ils ne s'absentèrent pas de la ville au moment des 
solennités du jeudi et du vendredi. D'ailleurs, ils n'auraient guère 
pu, dans l'espace de trois jours, se rendre au Jourdain et revenir 
à Jérusalem. — Ils assistèrent en effet, le samedi saint, à la céré- 
monie de l'église du Saint-Sépulcre. Enfin, d'après un usage très 
ancien, c'était toujours dans la semaine de Pâques que les pèle- 
rins présents à Jérusalem à cette époque de l'année accomplis- 
saient le pèlerinage du Jourdain. Cela dut se passer de même 
en 1101. 

1101, vers le 25 avril. — Le roi Baudouin conclut, à Joppe, avec les 
Génois, une convention assurant à ces derniers la possession 
d'un quartier dans toutes les villes qu'ils l'aideraient à con- 
quérir, avec un tiers du butin. (559) 

Sources : Foucher de Chartres (Hist. occid. d. crois., III, 

387 H) ; « Peracta solemnitate Paschali profectus est rex 

Ioppem, et facta conventione cum consulibus praedictae classis 
[Genuensium] ut quamdiu in terra sancta ob amorem Dei morari 
vellent, si Deo concedente et iu vante intérim de civitatibus 
Saracenorum aliquam comprehendere cum eodem rege possent, 
tertiam pecuniae partem hostibus internis ablatam, nulla iniuria 


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424 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Ianuensibus facta, communiter haberent, rex autem primam et 
secuadam, vicum insuper unum, in eadem ci vitale sic capta, iure 
perpetuo possiderent et hereditario. Quod cum fidei nexu inter- 
positae ab utraque parte firmatum fuisset, indilate oppidum iilud 
quod vocatur Arsuth tam per mare quam per terram obsederunt. » 
— Bartolf de Nangis ( ibid ., III, 527 A). — Lisiard de Tours {ibid., 
III, 558 C). — Cafaro, Lib. civit. Orientis (ioid., V, 62 C) : 
«Januensesposteacumrege ad Ioppen redierunt, ibique consilium 
fecerunt et ad Azotum inde perrexerunt et eum bellando per très 
dies ceperunt ». — Albert d’Aix, VII, liv : « Qua [die resurrec- 
tionis Domini] cum omni devotione celebrata, regem [Genuenses 
ac Pisani] adierunt summopere deprecantes, ut quam vellet civi- 
tatem gentilium occupare et expugnare liceret. Rex igitur deside- 
rium illorum intelligens, Assur obsidere per mare et aridam cons- 
tituit. » — Guillaume de Tyr, X, xiv. 

Commentaire : Voy. Haken, Gemàlde d. Kreuzzüge , II, 322 ; — 
Wilken, II, 102; — Michaud, III, 18; — HE, 220; — Wollf, Bal - 
duin [ v. Jérusalem, 9 ; — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jerus., 20; 
— Hampel, Unlersuchungen über d. lat. Pair, su «/enis.,42; — 
Foucher, Bartolf, Lisiard de Tours et Guillaume de Tyr nous ren- 
seignent sur les clauses de la convention; mais ni eux, ni aucune 
autre source n’en indique le jour, qui ne peut être déterminé 
exactement. Les Génois étaient arrivés à Joppe avec le roi dans 
le courant de la semaine de Pâques, au plus tard probablement 
le 25 avril (cf. ci-dessus, n° 549), et le traité fut sans doute conclu 
tout de suite après. Nous ne risquons pas de nous tromper de 
beaucoup en fixant la date vers le 25 avril. Michaud fait certaine- 
ment erreur lorsqu’il la place avant Pâques et avant la visite 
des Génois à Jérusalem. 

1101, avril 26. — Le roi Baudouin, avec son armée, et les Génois, 
avec leur flotte, partent de Joppe pour aller assiéger Arsuf. 

(560) 

Sources : Voy. n° 559. 

Commentaire : Voy. n°' 559 et 563. — La distance de Joppe à 
Arsuf est de 3 1/2 lieues. Foucher disant que, le traité une fois 
conclu, les croisés « indilate oppidum Arsuth obsederunt », on 
peut admettre qu’ils partirent de Joppe le jour même de la con- 
clusion du traité, ou le lendemain au plus tard. 

1101, fin d’avril et début de mai. — Guillaume de Nevers se trans- 
porte de Brindisi à Aulona. (561) 

Source et commentaire : Voy. n° 533. — Le 5 avril 1097, 
Robert de Normandie s’ôtait embarqué à Brindisi pour traverser 
l’Adriatique. Il aborda le 9 avril à Durazzo et atteignit Constan- 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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tinople le 14 mai, après un voyage de cinq semaines et quatre 
jours. On peut donc supposer que Guillaume de Nevers employa 
lui aussi six semaines environ à faire la route de Brindes à Cons- 
tantinople, où il arriva au milieu de juin. Ainsi, son départ de 
Brindes peut être fixé approximativement à la fin d’avril ou au 
commencement de mai. 

1101, fin d’avril. — Les Lombards, après être demeurés deux mois 
aux environs de Constantinople, sur la rive européenne du 
Bosphore, passent en Asie-Mineure et vont camper près de 
Nicomédie. (562) 

Sources : Ekkehard, Hierosolymita , ch. XXIII (voy. ci- 
dessus, n<> 535). — Albert d’Aix, VIH, ch. m : « Duobus mensibus 
a veris tempore illic (scil. Constantinopoli) consederunt [Longo- 
bardi] prias quam aliqua societas de regno Franciae aut Aleman- 
niae illis iungeretur. . . . » Ch. v : « Tandem Pascha Domini cele- 
brato, post aliquot dies Longobardi brachium maris transeuntes 
ad civitatem Nicomediam pervenerunt ». 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 535. — Pâques, en 1101, 
tomba le 21 avril; la traversée du Bosphore par les Lombards peut 
donc avoir eu lieu le 25 avril. Ils étaient arrivés à Constantino- 
ple a la fin de février. 

1101, avril 29. — Baudouin I, secondé par la flotte génoise, 
s’empare d’Arsuf, après trois jours de siège. (563) 

Sources : Foucher de Chartres (Hist. occid. d. crois., III, 
388 A) : « Cum fldei nexu interpositae ab utraque parte (scil. a 
Balduino et Genuensibus) flrmatum fhisset, indilate oppidum illud 
quod vocatur Arsuth tam per mare quam per terram obséderont. 
Sed cum inhabitatores Saraceni sentirent nullo modo a Chris- 
tianis se posse defendi, prolocutione apud regem callide Dicta, die 
in tertia muros régi reddiderunt, pecuniam autem suam exeuntes 
detulerunt. Quos Ascalonem abeuntes rex conviari tristissimos 
fecit. » — Bartolf de Nangis ( ibid ., III, 527 A). — Lisiard de Tours 
(ibid., III, 558 C). — Hist. Nicaena vel Antiochena (ibid., V, 
177 D). — Guil. de Malmesbury, Gesta regum Anglorum, (ôd. 
Hardy, II, 588). — Ekkehardi Hierosolymita , ch. XXI (Hist. occid . 
d. crois., V, 28 B; HE, 218) : « Deinde Assur et Caesaream civi- 
tates maritimas, caesisque qui inibi erant Saracenis, regnum suum 
regis Babyloniae darano dilatavit. » — Albert d’Aix, VII, liv : 
« Ipse [Balduinus] vero et omnis virtus eius ab Jérusalem movens, 
in sicco urbem [Arsuth] et moeniaeius cinxit; Pisani et Genuenses 
in littore maris navigio exitum illorum observabant. Vix tertia 
die ob&idionis expleta, cives Assur pacem cum rege quaerebant 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 28 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


componere, quatenus salva vita sanisque membris cum rebus 
suis ab urbe eis liceret exire, civitatem vero in manu regis red- 
dere ac relinquere. R ex quidem consilio suorum pepercit viris, 
pacifice eos prodire promittens cum omnibus, quae collo deferre 
possent, et usque in Ascalonem conductum eis sine respectu mor- 
tis largitus est. » — Calaro, Liberatio civit. orientis ( Hist . occ. 
des crois., V, 62 C) : « Januenses ... ad Azotum inde perrexe- 
runt et eum bellando per très dies ceperunt. » — Guill. de Tyr, 
X, xiv. — Ibn ai-Atyr, Kamcl Altcvarykh (Hist. orient, des 
crois. j I, 208). 

Commentaire : Voy. Haken, Gemælde d. Krcuzzüge, II, 321; 

— Wilken, II, 102 ; — Michaud, III, 19; — Rehm, Handbuch d. 
Gesch. d. Mittclaltc es , III, i, 87 ; — Sybel, Ueber d. Kônigr. 
Jrlrn. (dans Schmidt, Zaitschr, f. Gesch. Wisscnsch., III, 62) : 
« Nachdem Balduin Arsuf am 22 Mai genommen, rückte er ohne 
Aufenthait sogleich vor Caesarea ». — HE, 220; — HEp, 120, 420; 

— Kohl, Gesch. d. Mittelaltcrs, 39; — Prutz, Aus Phônizicn 
(Leipz., 1876), 40; — Wollf, Balduin 1 v. Jérusalem, 9; — Heyd, 
Ital. Handelscolonicn (dans Zcitschr. f. gesammte Staats- 
îcisscnch ., XVI, 10); — Id., Gesch. d. Levantehandcls , I, 152 : 

« Die Genuesen hall'en Balduin im Frühjahr 1101 Arsuf und Cae- 
sarea erobern, und zwar erstere Stadt am 9 Mai, letztere am 
31 Mai, wie Hagenmeyer zu Ekkehard Hierosolymita , p. 220 f. 
berechnet». — Kugler, Gesch. d. Krcuzz., 99; — Id., Albert 
v. Aachen , 301; — Ktihn, Gesch. d. ersten lat. Patriarchen v. 
Jérusalem , 37; — Umlauff, Balduin I, Kônig v. Jrlm., 6; — 

. Rühricht, Beitriige z. Gesch. d . Kreuzzüge, 11, 53 : « Arsuf fiel 
Ostern 1101 ». — Riant, dans Hist. occid. d. crois., V, 62, note c; 

— Koliler, ibid., Préf., p. xvii; — Rühricht, Gesch. d. Kônigr. 
Jrlrn., 20; — Id., Gesch. d. Kreuzz. im Umriss, 57; — Hampel, 
Untersuchungen iiber d. lat. Patriarchat zu Jrlm., 42. — La date 
précise du 29 avril n’est, à la vérité, donnée nulle part; mais elle 
peut s’établir à l’aide des renseignements suivants que nous four- 
nit Foucher : la bataille de Rama eut lieu la veille de la fête delà 
naissance de la Vierge, soit le 7 septembre 1101 (cf. ci-dessous, 
n° 605). A cette époque, le séjour de Baudouin à Joppe durait 
depuis 83 jours au moins, dont il avait consacré les 70 premiers à 
se reposer (« per 70 dies quieti sustinuimus •>) et les treize derniers 
à des préparatifs de guerre (voy. ci dessous, n° 596). Il était donc 
arrivé à Joppe le 17 juin. Auparavant, il avait campé avec son 
armée pendant 24 jours près de Ramleh (« ubi per xxiv dies 
exspectavimus bellum ab Ascalonitis et Babilonicis contra nos 
fieri »), où, par conséquent, il avait dù parvenir le 24 mai, après 
avoir occupé Césarée le vendredi 17 mai (voy. ci-dessous, n° 567). 
Le siège do Césarée avait commencé quinze jours avant, donc 
le 3 mai. Baudouin étant resté tout au plus 2 ou 3 jours à Arsuf, 
après la prise de la ville (voy. ci-dessous, n° 564), la dite prise doit 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


427 


se placer au 29 avril. D’ailleurs, le texte de Cafaro semble bien 
indiquer que l’occupation d’Arsuf eut lieu en avril et non en mai, 
le départ pour Césarée ayant eu lieu dans ce dernier mois : 
« Janunenses... Azotum bellando per très dies ceperunt et postea 
mense Madii ad Caesaream perrexerunt » . Il suit de là que Sybel 
se trompe en plaçant au 22 mai la prise d’Arsuf. De même, j’ai 
fait erreur, dans mon édition du Hierosolymita , en assignant à 
cet événement la date du 9 mai. Car il est impossible de faire 
durer le séjour de Baudouin à Joppe moins de 83 jours (voy. ci- 
dessous, n os 567, 596), et il faut nécessairement mettre le siège de 
Césarée non au 31 mais au 17 mai. Il est à remarquer aussi que 
Foucher dit expréssement que Baudouin partit pour faire le siège 
d’Arsuf tout de suite après avoir conclu son traité avec les Génois, 
à Joppe. Ce départ eut donc lieu certainement dans la première 
semaine après Pâques et non dans la troisième. 

1101, 2 mai. — Baudouin I se rend avec son armée d’Arsuf à 
Césarée, dont il commence le siège de concert avec les 
Génois. (564) 

Sources : Foucher de Chartres ( Hist . occid. d. crois. , III, 
388 E) : « Cumque rex Arsuth, prout opus erat, de gente sua munis- 
set, confestim Caesaream urbem Palaestinam adiit et obsidione 
coronavit; sed quia muro erat valde fortis, non potuit cito capi. » 
— Bartolf de Nangis (ibid., III, 527 B). — Lisiard de Tours (ibid. t 
III, 558 F). — Hist. Nicaena vel Antiockena i ibid ., V, 177 D). — 
Albert d’Aix, VII, ch. liv : « Ipse [BalduinusJ vero civitatem [Ar- 
suth] ingressus, cum uni versa multitudine equitum et peditum 
per dies octo illic requievit et consilia de reliquis civitatibus cum 

domino patriarcha et optimatibus regni sui egit » Ch. lv : 

a Placuit tandem cunctis, ut Caesaream mitteretur legatio regis 
Ammiraldo et primis civitatis ut régi redderetur urbs, alioquin 
obsidere eam certum haberent et, si vi caperetur, universos in ea 
repertos in ore gladii occidi debere. Ammiraldus cunctique habi- 
tatores civitatis responderunt in haec verba : Absit a nobis, ut nos 
et civitatem nostram in manum regis Christianorum tradamus 
cum in manu regis Babyloniorum in brevi liberandi simus, et non 
diu sit ex quo litteras eius susceperimus. Rex autem, illorum 
iactantiam comperiens, in ira magna una cum domino patriarcha 
ab Assur egressus, relictis in ea custodibus, Caesaream occupa- 
vit undique circa eam suorum viribus collocatis. » — Cataro, 
Libcratio civitatum Oriontis [Hist. occ. des crois. , V, 62 D) : 
« Januenses... postea mense Madii ad Caesaream perrexerunt et 
statim galeas in terra extraxerunt et jardinos omnes usque ad 
muros civitatis destruxerunt et castella et machinas fîaeere coe- 
perunt. » — Guill. de Tyr, X, xiv (fin) : « Captum ergo praesi- 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


dium Antipatridam, [i. e. ArsufJ, relictis ibi custodibus qui locum 
provide tuerentur, Caesaream confestim adiit, eam sine dilatione 
obsessurus. » 

Commentaire : L’expression « confestim », dans Foucher et les 
auteurs qui l'ont copié, indique que Baudouin partit très prompte- 
ment d’Arsuf, et n’y resta sans doute pas plus des 2 ou 3 jours 
indispensables pour la prise de possession de la ville. Albert d’Aix 
prétend bien que, durant le séjour du roi à Arsuf, des négociations 
furent entamées avec l'émir de Césarée; mais, apparemment, 
les négociations dont il veut parler sont celles que Baudouin 
poursuivit pendant le siège même de Césarée. 

1101, vers le 6 mai. — Les contingents du Poitou et les Allemands, 
au nombre desquels se trouvait le chroniqueur Ekkehard, 
entrent en Bulgarie. (565) 

Source : Albert d'Aix, VIII, xxxiv : « Willehelmus cornes et 
princeps Pictavensium, de sanguine Henrici IV imp. Rom., pacifice 
transito regno Ungarorum cum duce Bawariorum Welfone et 
cum comitissa nobili, nomine Ida, de marchia Oisterrich, in 
ingenti manu equitum et peditum et feminei sexus supra clx 
milia, in apparatu copioso terram Bulgarorum est ingressus ». 

Commentaire : Voy. ci dessous, n° 571. — D'après Ekkehard 
(voy. ci-dessous, n° 572), les bandes de Guillaume de Poitou et de 
Welf arrivèrent vers le l #r juin à Constantinople, où elles se 
trouvèrent toutes réunies 14 jours après l'arrivée des premières 
d'entre elles. On peut donc admettre qu’elles atteignirent suc- 
cessivement Constantinople du 26 mai au 8 juin. D'autre part, 
Ekhehard nous apprend que, depuis leur entrée en Bulgarie, jus- 
qu'à leur arrivée sous les murs de Constantinople, elles forent 
escortées 20 jours durant par les Petchônôgues. Ce fot donc vers 
le 6 mai qu’elles pénétrèrent en Bulgarie. 

1101, vers le milieu de mai. — Une armée égyptienne vient 
camper non loin de Rama. (566) 

Sources s Ekkehard, Hier osoly mita , ch. XXVII (Hist. occ, d . 
crois., V, 32 D) : « Post Maii quippe Kaleqdas non longe a Rama 
castrametatus est babylonicus exercitus, contra quem aciem 
Baldwinus instruxit, suos hortatus, ut sicut ante paucos dies per 
Dei gratiam parva manu multam de Arabia praedam tulerant, ita 
nunc hostium multitudini non cedant. » 

Commentaire : Voy. ci-dessous, n° 570; — Wilken II, 104; 
— HE, 255; — Woilf. Balduin / v. Jérusalem , 10; — Hampel, 
Untcrsuchungen iiber d. lat. Patriarchat v. Jérusalem , 43; 
— Rùhricht, Gesch . d. Konigr. Jérusalem , 23. — La date 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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« post Maii Kalendas » ne signifie pas sans doute que la marche 
de l'armée égyptienne eut lieu tout de suite au commencement de 
mai. Sûrement Baudouin ne s’est porté contre les Égyptiens 
qu'après la prise de Césarôe. Il n’avait encore aucune nouvelle 
de l’approche de cette armée, lorsque, le 2 mai, il partit d’Ar*uf 
pour Césarôe (voy. ci-dessus, n° 564); sans cela il aurait tout 
d’abord marché au devant d’elle. Ce fut seulement après l’occu- 
pation de Césarée (17 mai) qu’il fut informé de la présence de 
l’ennemi. On peut donc tenir pour à peu près certain que l'en- 
trée des Égyptiens dans le royaume de Jérusalem et leur arrivée 
à Rama doivent se placer aux environs du 15 mai. 

1101, mai 17. — Prise de Césarée parle roi Baudouin et les Génois. 

(567) 

Sources : Foucher de Chartres ( Hist . occid. d. crois., III, 
389 B) : « Sed cum per xv dies obsidionem tenuissent et cum 
petrariis arces mûri superiores aliquantisper laesissent, necdum 
turris lignea esset penitus compacta, moram eis fastidientibus, 
noluit diutius Francorum probitas prolongare, quin absqne 
machina praedicta et ceteris supplementis die quodam Vencris , 
civitatem ausu miriûco cum scutis et lanceis appeterent. Saraceni 
vero, prout fortins valebant, se defendebant, mutuo cohortantes. 
Franci autem, quorum Dominus erat Deus, erectis non lente 
scalis, quas ad id opus iam praeparaverant, per eas mûri fastigium 
conscenderunt, et quos sibi tune obvios invenerunt gladiis ilico 

peremerunt Pauci quidem de masculino sexu vitae reservati 

sont. Feminis quampluribus pepercerunt, ut molas manuales vol- 
viturae semper ancillarentur. Quas cum cepissent, alii aliis tam 
pulchras quam turpes invicem vendebant et emebant, masculos 
quoque. » — Bartolf de Nangis (ibid., III, 527 C). — Lisiard de 
Tours (ibid. 9 III, 558 G). — Historia Nicaena vcl Antiochena 
( ibid ., V, 177). — Guil. de Malmesbury, Gesta regum Anglorum , 
ôd. Hardy (1840), II, 589 : « At vero nostri... scalis erectis murum 
superare aggressi, obstinatione virium ad superiora evasere, 
conscientia virtutis frementes quod iam xv diebus Saracenicis 
bellis intenti... ». — Ekkehardi Hier osoly mita, ch. XXI (Hist. 
occid. d . crois., V, 28 B; HE, 218; cf. ci-dessus, n<> 563).— Gui- 
bert de Nogent (ibid., IV, 258 E) : « Igitur die obsidionis vige- 
sima, cum rex, fretus iuventute lectissima, oppidanos graviter 
urgeret, e machina muro repente insilit, post ipsum miles irruit, 
hostem fugacem disjicit. Francis itaque regem tota alacritate 
sequentibus, per urbem infinita turba perimitur, nemini parcitur, 
nisi quod puellaris al obsequium inventa servatur ». — CAro- 
nicon breve Hierosolymitanum (ibid., V, 370 A) : a Anno MCI 
Caesarea capitur ». — Chron. brève T. S. (ap. Kohler, Un 
rituel et un bréviaire du S, Sépulcre, dans Rev. de l'Or . lat., 


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A 



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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


VIII, 400) : « Anno MCI, Caesarea capitur ». — Chronicon Lupi 
Protospatae (Muratori, Script . rer. ItaL , V, 47; Mon . Germ 
Script., V, 63) : « Anno 1101 comprehensa est Caesarea a Christia- 
nia et ad soium usqae perducta ». — Cafaro, Liberatio civitatum 
Orientis (Hist. occid . d. crois., V, 63 F): « Saracenorum antem 
superbia christianis cognita, statim patriarcha [Dambertus] consu- 
libus [Janaensium] dixit: Facite parlamentum; et fecerunt; et in 
parlamento patriarcha sermonem super populum fecit : Fratresl... 
Mandat Deus et per me praecipit vobis, ut summo mane die Veneris, 
die passionis suae... et sine castellis et machinis, cum scalis 
galearum tantum muros ascendere incipiatis. Quod si feceritis et 
virtute Dei et non vestra civitatem habere putaveritis, prophetizo 
vobis, quod Deus dabit civitatem, viros et mulieres et pecuniam 
et omnia quae intus sunt, ante horam sextam, in potestate vestra. 
Sermonc completo, omnes una voce clamaverunt : Fiat, fiat! Post 
baec Guillermus Caputmallii, consul exercitus Januensium, 
surrexit et dixit : Cives et bellatores Dei, praecepta Dei, quae per 
patriarcham modo audistis, complere ne pigritemini ! Quare 
praecipimus vobis sub debito sacramenti, ut mane post missam, 
confession© facta et corpore et sanguine Domini suscepto, sine 
castellis et machinis cum galearum scalis ad muros civitatis, me 
praecedente sequendo, sine mora tendatis. Ego enim Deo concè- 
dent© muros ascendere prius incipiam et cum me ascendentem 
videbitis, illud idem facere non tardetis. Mane autem facto, omnia 

praedicta viriliter facere inceperunt et omnia huius diei 

incepta usque ad horam sextam, sicuti Dambertus patriarcha 
Januensibus nuntiaverat, Deo opitulante, patrata fuerunt. » — 

Albert d’Aix, VU, lv : « Rex Caesaream occupavit, undique 

suorum viribus collocatis.... ; in circuitu murorum flrmavit obsi- 
dionem per dies xv, componens machinam qua urbem expugnare 
et cives absterrere valeret.... Deinde iussu regis omnibus indictum 
est ut summo mane coram patriarcha et rege conferrentur e 
cunctis locis et tabernaculis eiusque caperent ammonitionem ad 
assiliendam urbem et implerent. Mane autem facto, ecce ex man- 
dato regis assunt universi Christianorum équités et pedites coram 
rege et patriarcha, qui delictorum suorum confessione facta, 
indulgentia accepta cum dominici corporis communione, urbem 

fortiter assiliunt in mari et terra cum Pisanis et Genuensibus 

Nona tandem hora diei facta, gravati cives crebris et nunquam 
intermissis assuitibus — , per vicos et diversa civitatis loca 
tremebundi fugerunt, quos Galli insequentes et hos muros 
similiter scalis transcendentes, grave illorum exterminium 
fecerunt. » — Guil. de Tyr, X, xv : « Cum ergo quasi diebus xv 
tam cives quam noster exercitus in eo persévérassent negotio 

(scil. urbem impugnandi) , nostri scalas applicant et subito 

certatim ascendentes, turres occupant et moenia : quorundam 
quoque studio reseratis aditibus, rex cum suis ingreditur, civitate 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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violenter effracta. Hijam passim discurrentes armati, et, quae sibi 
cives tuta putabant prae.<idia, domos effringentes, patribus- 
familias occisis, vasa, domus et quaelibet eius desiderabilia 
rapientes, caesa familia, atria possidebant. » — Ibn al-Atyr, 
Kamel-Altevarykh ( Hist . orient, d. crois., I, 20) : « En même 
temps ils entrèrent par capitulation dans Arsouf, et en firent sortir 
les habitants. Au mois de redjeb de Ja même année (mai 1101), 
ils conquirent par l’épée la ville de Césarée ; les habitants furent 
massacrés et leurs biens pillés. » 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 563. — Sybel, Gesch. d . 
ersten Kreuszuges , 98 (101) : « Albert lasst den Konig Caesa- 
rea am Pfingsttage (9 Juni) einnehmen und ihn bis zum 24 
(Johannes des Taufers Geburt) dort verweilen. Caesarea war 
aber, nach dem Zeugnis des anwesenden Fulcher, an einem 
Freitag — es ergibt sich der 7 Juni — gefallen, und Balduin 
sogleich nach der Eroberùng nach Ramla gezogen, wo er 24 Tage 
in steter Erwartong eines feindlichen Angriffs blieb, und als 
dieser nicht erfolgte, nach Joppe zurückgieng ». — Sybel, Uebcr 
d . Kônigr. Jérusalem (Schmidts Zeitschr. f. Geschichtsicis- 
sench., III, 62) : « Nach 15 tiigiger Belagerung ergibt sich die 
Stadt [Caesarea], am 6 Juni ». — D'après Guibert de Nogent, 
le siège de Césarée dura 20 jours. Mais ce renseignement ne 
saurait être tenu pour exact, attendu que Foucher, témoin 
oculaire, assigne au siège une durée de 15 jours seulement. Pour 
la date de la prise de la ville (17 mai), c'est également Foucher 
(pp. 390 D et 391 B) qui nous fournit les données les plus sûres. Il 
nous apprend en elfet qu’avant le jour où Baudouin apprit, le 
25 août 1101, l’arrivée d’une armée égyptienne, il avait séjourné 
70 jours à Joppe, donc depuis le 17 juin, et 24 jours entre 
Lyddaet Ramie, donc du 24 mai au 16 juin. Ces 94 jours, décomptés 
à partir du 25 août, nous reportent aux environs du 24 mai, et 
comme le roi, après la prise de Césarée, resta sans doute quelques 
jours dans cette ville, nous pouvons admettre qu’il y entravers le 
milieu de mai. Foucher, d’autre part, nous apprend que Césarée 
fut occupée un vendredi ; ce vendredi est donc très probablement 
le vendredi 17 mai. Ce ne peut être ni le vendredi 7 juin, comme le 
suppose Sybel, ni le vendredi 31 mai, comme je l’ai indiqué par 
erreur dans mon édition du fiicrosolymita. Sybel (Gesch. d. ersten 
Kreuzz., p. 98 [101]), dit : « La chronologie de Foucher se recom- 
mande d’eUe-mème. La bataiHe de Rama eut lieu le 7 septembre. 
Si, à partir du 7 juin, on compte 21 jours, on arrive au 1 er juillet; 
de là au 7 septembre, il y a 69 jours. » L'erreur de Sybel vient de 
ce qu’il décompte les 70 -f- 24 (= 94) jours en partant du jour de 
la bataille de Rama, alors qu’en réalité, d'après le texte de Fou- 
cher, l’arrêt de 70 jours à Joppe se terminait au moment où la nou- 
velle de l’approche de l'armée égyptienne parvint à Baudouin, 
c. à. d. le 25 août., donc 13 jours avant la bataille de Rama. Il 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


eût fallu par conséquent retrancher 70 + 24 4- 13 (= 107) jours à 
partir du 7 septembre, ce qui nous reporte bien au 24 mai, date où 
Baudouin partit de Côsarée pour Rama (voy. ci dessous, n° 570). 
Le calcul de Sybel ne laisserait pas supposer un seul jour de repos 
à Cêsarêe après la prise de cette Tille, ce qui n’est guère vraisem- 
blable. L’admettrait-on, que, même en faisant entrer dans le 
compte les journées du 7 juin et du 7 septembre, on n’aurait 
encore que 93 jours pour le laps de temps écoulé depuis l’arrivée 
de Baudouin à Rama, au lieu des 94 indiqués par Foucher. Mon 
calcul permet, au contraire, de faire séjourner Baudouin à Césarée 
une huitaine de jours après la prise de cette ville, ce qui s’accorde 
infiniment mieux avec les renseignements de Foucher et d’Albert 
d’Aix, suivant lesquels le roi, avant de partir de Césarée pour 
Rama, aurait eu à traiter diverses affaires (voy. ci-dessous, [n° 568). 

1101, 18-23 mai. — Un archevêque, nommé Baudouin, est établi à 
Césarée. 11 est consacré par le légat du pape, Maurice, qui 
dédie en môme temps deux églises dans cette ville, l’une 
sous le vocable de Saint-Pierre, l’autre sous le vocable de 
Saint-Laurent. (568) 

Sources : Foucher de Chartres (Hist. occ. d. crois., III, 
390 D) : « Et cum de Caesarea et de his omnibus quae in ea 
repperimus, una cum Januensibus prout libuit egissemus, et archi- 
episcopum communiter electum ibi praefecissemus, relictis ad 
custodiendum urbem paucis, festinavimus ire Ramulam civitatem, 
quae est prope Liddam ». — Bartolf de Nangis (ibid., III, 527 E) : 
« Expurgatis omnibus daemonum sordibus, ibidem [Caesareae] 
mox a nostris archiepiscopus praeponitur et consecratur, fitque 
deidolo ecclesia Dei, de infidelium superstitions religio christiana 
atque fidelium congregatio. » — Hist. Nicaena vel Antiochena 
( ibid ., V, 177 D). — Li Estoire de Jérusalem et d'Antioche , 
(i ibid ., V, 641 A). — Canonicus Hebronensis (ibid., Y, 305 C). — 
Cafhro, Liber atio doit. Orientis (ibid., V, 65 B) : « Praeterea 
paucis diebus transactis, Mauritius, Portuensis episcopus et 
Romanae curiae legatus, plures ecclesias in praedicta civitate 
[Caesarea] consecravit, maiorem scilicet ubi muscheta erat, in 
honorem beati Pétri, et ubi modo est episcopalis sedes, aliam in 
honore beati Laurent»; in quibus ecclesiis et in civitate tota 
nomen Jesu Cbristi adoratur et colitur, et diabolicum nomen 
Machometi inde expulsum est et non adoratur. » — Guili. lie 
Tyr, X, xvi : « Porro non habens rex moram ibi faciendi diutur- 
niorem ferias libéras, revocantibus eum aliis negotiis, electo ibi 
archiepiscopo quodam Balduino, qui cum domino duce Godefrido 
in expeditione venerat, relictis ad custodiam civitatis de exercitu 
nonnuilis, ipse cum caeteris Ramulam festinat. » 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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Commentaire : Voy. Wilken, II, 104; — Michaud, III, 21 ; — 
Eist. occ. d. crois III, 390 note c; — Kiihn, Gcsch. d . erst. lai. 
Patriarchen v. Jérusalem , 48; — Rôhriclit, Gesch . d. KÔnigr . 
Jérusalem , 22; — Id., Syria sacra ( Zeitschr . d. deutsch. 
Palaestinavereins, X, 12) ; — Id., Gesch. d. erst. Kreuss ., 117 ; 
— Hampe!, Untcrsuchungen über d. lat. Patriarchat su Jéru- 
salem , 43.-11 est certain que les Génois restèrent à Césarée 
après le 24 mai. Baudouin, au contraire, informé de rapproche 
d’une armée égyptienne, quitta cette ville pour se porter à la 
rencontre de l’ennemi. Son départ eut lieu au plus tard le 24 mai 
(voy. ci dessus, n° 567). Comme Foucher dit expressément que 
les diverses affaires ordonnées après la prise de Césarée le furent 
antérieurement au départ de Baudouin pour Rama, on peut tenir 
pour à peu près certain que l’établissement de l’archevêque Bau- 
douin se fit entre le 18 et le 23 mai. D’autre part, le récit de 
Cafaro nous montre que la dédicace des deux églises eut lieu 
immédiatement après l’occupation de Césarée. Le patriarche 
Daimbert accompagna le roi Baudouin à Rama, et l’on doit pré- 
sumer que cette dédicace se fit tandis qu’il était encore à Césarée. 

1101, vers le 20 mai. — Guillaume, comte de Nevers, faisant 
route d'Aulona à Constantinople, arrive à Thessalonique. 

(569) 

Source et commentaire : Voy. n 0i 533, 561. — Guillaume de 
Nevers se transporta de Brindisi à Aulona vers la fin d’avril 
(voy. ci-dessus, n° 561), et arriva à Constantinople le 14 juin 
(voy. ci-dessous, n° 574). La distance de Thessalonique à Constan- 
tinople étant plus grande de 100 kilom. environ que celle de 
Brindisi à Thessalonique, on peut fixer approximativement aux 
environs du 20 mai l’arrivée de Guillaume dans cette dernière 
ville. 

1101, mai 24. — Baudouin se transporte en toute hâte, avec son 
armée, de Césarée dans la région de Rama, pour prendre 
position contre les troupes égyptiennes. (570) 

Sources : Foucher de Chartres ( Hist . occid. d. crois., III, 
390 D) : « Cum de Caesarea et de his omnibus quae in ea reppe- 
rimus una cum Januensibus prout libuit egissemus..., festinavi- 
mus ire Ramulam civitatem quae est prope Liddam, ubi per xxiv 
dies exspectavimus bellum ab Ascalonitis et Babilonicis contra 
nos fleri, ob id illic congregatis. » — Albert d’Aix, Vil, lvi : 
« Hac civitate [Caesarea] attrita et expugnata, rex a diebus Pen- 
tecostes usque in natali S. Johannis Baptistae in omni plenitudine 
necessariorum requievit in ea... » Chap. lvii : « Post haec rex 
Joppen in magna gloria secessit. Joppe régi commoranti legatio 


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et fama Meravis a Babylonia innotuit, quatenus Babylonii omnes 
ad arma confluxissent et post vm .dies cum eo bellum committere 
decrevissent. Haec rex audiens, uni verso coetu suorum in unum 
convocato, ex consilio illorum exivit a Joppe, atque inter Ascalo- 
nem et Rames tribus bebdomadibus evolutis, in planitie amplis- 
sima resedit, una cum Patriarcha et omni apparatu suo ac uni- 
verso domo fratris sui ducis Godofridi. » — Guill. de Tyr, X, xvii 
(Hist. occid. d. crois., I, 424; voy. ci-dessous, n° 577). 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 568. — Suivant Albert d’Aix, 
Baudouin aurait séjourné à Césarée depuis la Pentecôte (9 juin 
1101) jusqu’à la fête de S. Jean-Baptiste; puis il serait parti pour 
Joppe, et de là, sur la nouvelle de l’approche des Égyptiens, 
aurait gagné la région de Rama. Les Infidèles n’ayant tenté 
aucune attaque, il serait retourné à Joppe au bout de trois semai- 
nes ; puis, des dissentiments avec le patriarche l’auraient obligé à 
se rendre à Jérusalem, le jour anniversaire de la Sainte Vierge; il 
en serait reparti peu après pour Joppe, afin de se porter contre les 
Égyptiens campés dans le voisinage de Rama. Ces renseignements 
sont en grande partie inexacts, et ne peuvent prévaloir contre ceux 
que donne Foucher, témoin oculaire. D’après Foucher, Bau- 
douin, ayant mis ordre aux affaires de Césarée, se rendit à Rama, 
où il séjourna vingt-quatre jours, attendant l’attaque des Infidèles. 
Ces vingt-quatre jours ne peuvent être placés qu’entre le 24 mai 
et le 17 juin, si l’on se réfère à d’autres informations très pré- 
cises également du même auteur, suivant lesquelles Baudouin 
séjourna soixante-dix jours à Joppe, puis consacra treize jours à 
réunir autour de lui ceux de ses hommes qui se trouvaient dissé- 
minés dans les châteaux de la contrée, ce qui fait en tout quatre- 
vingt-trois jours d’arrêt à Joppe (voy. ci-dessus, n° 567). Il s’ôtait 
rendu auparavant de Césarée à Rama, après la prise de la première 
de ces villes, et comme, avant de partir, il eut à prendre, de con- 
cert avec les Génois, diverses dispositions pour l’organisation de 
sa nouvelle conquête, il y resta sans doute une huitaine de jours 
après l’avoir occupée. 

1101, vers le 25 mai. — Les croisés de Guillaume d'Aquitaine 
étant arrivés près d’Andrinople, un prince ou chef des 
Bulgares nommé Guzh, avec ses Pétchénôgues, s’efforce de 
leur barrer le passage d’un pont, afin de les empêcher 
d’entrer dans la ville. Les Aquitains culbutent son armée, 
mettent le feu aux faubourgs d’Andrinople, font prisonnier 
le chef bulgare et se fraient, en combattant, un chemin vers 
Constantinople. (571) 

Sources : Ekkehard d’Aura, Hierosolymita , ch. XXIII : « Nam 
obsistente suspicione [Aîe.viiJ, paueissirais personis, et ipsis pretio 


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furtimque cuiusquam urbis vel castri sive munitionis per totum 
imperium eius permittebatur ingressus. Qua etiam causa dum 
Willihelmus cum exercitu per mediam Adrianopolim, qua regia 
strata ducit, transire prohiberetur, Aquitani mox genitali tumes- 
centes fastu, simbola conclamant, suburbana succendunt, civita- 
tem invadunt, cuius oppugnationi dum acriter insistunt, Pincena- 
torum exercitum, qui semper, ut praemissum est, iter ipsum iussu 
Caesaris observât, a tergo suscipiunt, quibus congressi multos 
sternunt, multos amittunt, tandem via dudum contempta vadunt. » 

— Albert d’Aix, VIII, xxxiv : « Willelmus, cornes et princeps 
Pictavensium..., paciflce transito regno Ungarorum cum duce 
Bavariorum..., in apparatu copioso terram Bulgarorum est ingres- 
sus. Ubi, sicut facile fit ab indomito et incorrigibili populo, discordia 
exorta et duce Bulgarorum, Guzh nomine, variis iniuriis mol es - 
tato, ad urbem Adrianopolim inexpugnatus in virtute suorum des- 
cendit. Sed eis pons, qui ducit in civitatem a duce praeocccupatus 
et interdictus est. . . » Chap. xxxv : « Quapropter hinc Pince- 
nariis et caeteris militibus Comanitis de regno imperatoris graviter 
pontem in areu et sagitta prohibentibus, Christianis vero pontem 
transire non minus contendentibus, adeo crudele utrinque com- 
missum est proelium, ut Rudolfüs, vir magnae nobilitatis, de 
Scegonges ortus, cognatus ipsius Willehelmi principis, illic 
sagitta percussus, interiret, Hartwigus de S. Medardo captus 
teneretur et plurimi, quos singulatim longum esset narrare. Illic 
siquidem in eodem proelio... contigit ipsum ducem Bulgarorum 
in manus Willehelmi et suorum incidere et teneri captivum, 
donec ipsa die hinc et hinc habitis consiliis, in concordiam 
universi redierunt, captivis quoque restitutis, Pincenarii et 
Comanitae sedati sunt.... » Chap. xxxvi : « Post haec concordia, 
placato duce et suis, in tantum processit, ut non solum dux 
Christianis peregrinis per pontem paciflce transitum concederet, 
licentiam eraendi necessaria non negaret, sed etiam conductum 
omnibus usque ad Constantinopoiim attribueret sine dolo et aliquo 
impedimento. » 

Commentaire : Voy. Besly, Hist . d. comtes de Poictou (Paris, 
1647, p. 113); — Haken, Gemælde d . Kreuzz ., II, 124; — Wilken, 
II, 143; — Rehm, Gesch. d . Mittelalters, III, i, 90; — Sporschil, 
Gesch. d. Kreuzz ., 157; — HE, 234; — Murait, Essai de Chron. 
byzant ., II, 95; — Knapp, Reiscndurch die Balkanhalbinsel , 54; 

— Chalandon, Essai, sur le règne d'Alexis, 229. — Les croisés, 
sous la conduite de Guillaume d'Aquitaine et de Welf, duc de 
Bavière, arrivèrent à Constantinople vers le 1 er juin 1101 et jours 
suivants (cf. ci-dessous, n° 572). Leur marche à travers la Bul- 
garie dura vingt jours; ils y ôtaient donc entrés le 10 mai. 
D’Andrinople à Constantinople, la longueur de la route peut être 
évaluée au quart de la distance franchie par eux en Bulgarie. 
Ils purent donc mettre environ cinq jours à la parcourir et arri- 


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ver ainsi vers le 25 mai à Constantinople. Ces renseignements 
chronologiques nous sont fournis par Ekkehard seul. — Murait 
se trompe complètement en assignant à l’année 1102 les combats 
entre les croisés et les Petchénègues. 

1101, vers le 26 mai-8 juin. — Les croisés poitevins et allemands, 
parmi lesquels Ekkehard, arrivent à Constantinople. Ils n'y 
trouvent plus les Lombards qui avaient déjà passé en Asie- 
Mineure. (572) 

Sources : Ekkehardi Hierosolymita , ch. XXIII (HE, 228; 
Hist. occid. d. crois. V, 29 B) : « Turci, explorata Longobardo- 
rum inertia, stipularum eos terebant more, in tantum ut exerci- 
tus Theutonicus, qui eadem via subsecutus circa Junii Kalendas 
ad eandem metropolin pervenit, quid de praecedentibus se gestum 
sit, nuilomodo, utpote nullo superstite de Roman iaredeunte, pos- 
set investigare. Ab ingressu quippe vel prima civitate Bulgariae 
usque ad sedem Alexii, semper nobis eius pacifici nuntii occurre- 
bant, qui tamen aliquando nos praecedentes vel comitantes favil- 
larum evanescentium more disparebant. Militum etiam suorum, 
quos Pincinatos vocitant, exercitus... semper nobis per viginti 
dies vicinus et infestus fuit, donec slatione fruentes praenominata 
cum turma Welfonis ducis exercituque Willihelmi diversis quoque 
cottidie confluentibus copiis, per dies quindecim ad c milia con- 
gregabamur ». — Matthieu d’Édesse {Hist. armén . d . crois., I, 
58) : « A la même époque, le grand comte frank de Poitou, à la 
tête d’une armée de 300,000 cavaliers, traversa le pays des 
Romains et des Grecs et parvint avec ses forces devant Constan- 
tinople. Il parla avec une souveraine hauteur à Alexis Il 

effraya Alexis et tous les Grecs. L’empereur se rendit au camp 
du comte de Poitou, avec les grands de sa cour et, à force d’ins- 
tances, l’amena dans la ville. Il lui fit une magnifique réception, 
lui donna d’immenses trésors et de splendides festins. » 

Commentaire : Voy. Haken, Gemælde d. Krcuzzüge, II, 125; 
— Wilken, II, 144; — Hormayr, Die Bayernim Morgcnlande 
(Münich, 1832), p. xvn; — Rehm, Handbuch d. Gesch. des 
Mittelalters, III, i, 90. — Giesebrecht, Gesch. d. deutschen Kai- 
serzeit, III (1868), 688. — Murait. Essai de chronol. byzant ., II, 
92, 94 : « Avant la Pentecôte (15 mai 1102), arrivent encore 
200,000 autres croisés, femmes et enfants, moines et vieillards. » — 
HE, 229, 232; — Pflüger, Die Chronikd. Ekkehard von Aura. 
Einleitung, p. vi; — Knapp, Reisen durch die Balkanhalbinsel 
(1880), p. 54; — Riezler, Gesch. Baye ms, 1,562; — Kugler, 
Albert v. Aachen , 318; — Riant, Le martyre de Thichnon de 
Salzburg (Rev. d. quest. histor t. XXXIX, p. 233; tir. à part, 
p. 16 h — Rühricht, Bcitrage zur Gesch. d. Kreuzzugc , II, 301 ; — 


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Id . , Gesch. d. Kônigr. Jérusalem , 32; — Id., Die Deutschen ira 
keiligen Lande (1894), 10; — Kohler, dans Hist. occid. d . crois., 
V. Préface, p. ni. — Ekkehard nous apprend que les Français, 
sous les ordres de Guillaume de Poitou, et les Allemands, conduits 
par Welf de Bavière, atteignirent vers le 1 er juin Constantinople, 
où les divers contingents des croisés parvinrent successivement 
dans l’espace de 15 jours. Leur arrivée sous les murs de Constan- 
tinople eut donc lieu probablement du 26 mai au 8 juin. C’est à 
tort que Murait les y fait arriver avant la Pentecôte, c’est-à-dire 
avant le 25 mai, 1102. 

1101, vers le 3 juin. — Une bande de croisés quitte Nicomédie et 
poursuit sa marche à travers TAsie-Mineure dans la direction 
d’ Angora. Elle se composait d'environ 2,000 Allemands com- 
mandés par Conrad, maréchal de l’empereur Henri IV, et 
d’un grand nombre de Français, parmi lesquels Étienne de 
Blois, Étienne de Bourgogne, Milon de Bray, Gui de Roche- 
fort, Hugues et Bartolf de Broyés, Engelhard, évêque de 
Laon, Reinold, évêque de Soissons, Baudouin de Grantpré, 
Dudon de Clermont, Gauthier, châtelain de Laon, qui, arrivés 
à Constantinople dans le courant de mai, s’étaient ensuite 
rendus à Nicomédie, et y avaient rejoint les Lombards. 
Alexis Comnêne leur fournit un renfort de 500 Turcopoles, et 
Raimond de Toulouse qui, depuis l’été ou l’automne de 1100, 
se trouvait à Constantinople reprend avec eux la route de 
Jérusalem. (573) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, ch. vi : « Conradus similiter, sta- 
bularius Henrici IV Romanorum imperatoris, cum II milibus 
Teutonicorum Constantinopolim perveniens, imperatori Alexio 
notificatus, gratiam in oculis eius invenit, prae cunctis dilectus, 
et magnificis donis honoratus, qui et ipse, brachio maris traiecto, 
Longobardorum principibus sociatur. Dehinc Stephanus, Blesen- 
sium cornes, poenitentia ductus, Hierosolymam reditum parat, 
Stephanus quoque dux Burgundiae, Milo etiam de Braio, Vido 
pariter Rufus capite, Hugo et Bartolfus de Breis, Engelradus, 
episcopus de monte Laudum, vicecomes de Firmamento, Reinol- 
dus, episcopus de Suessones, Balduinus de Grantpreit, miles pul- 
cerrimus, Dudo de Claromonte, Walbertus, castellanus Lauduni. 
Hi omnes de regno occidentalis Franciae cum omnibus copiis suis 
ibidem in civitate et regione Nicomediae Longobardis associati 
sunt, et diversis terris et regionibus piofecti, in eandem civita- 
tem convenisse et in eius ûnibus moras fecisse referuntur.... » 
Ch. vu : « Dehinc appropinquante die sanctaè Pentecostes, de 
diversis mundi partibus in unum congregati circiter cclx milia, 


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cum filiis et uxoribus plurimorum cum clericis et monacbis et plu- 
rima manu inertis vulgi, conductum imperatoris Constantino- 
politani quaesiverunt, qui precibus eorum satisfaciens, comitem 
S. Aegidii, qui erat ei privatus cum quingentis Turcopolorum 
equitibus illis constituit, quatenus eius conductu et ordinatione 
iter suum continuantes, provide agerent universa.... » Ch. viii : 

« Tribus dehinc septimanis evolutis , in ipsa vigilia S. Johan- 

nis Baptistae ventum est ad castellum quod dicitur An- 
cras » (cf. ci-dessous, n° 579). — Anna Comnena, 1. XI {Hist. 

grecs des crois. , I, n, 71 B) : « *0 oè jtaaiXg'j;.. tôv SiYTéXrjv xaî tôv 
TÇ ixav auvEx^itjL^ei toûtoi;, èç' cji tjjjlêouXeueivts Ta a-jvoîaovTa xat tôv 
^ apaXo^wv ôpp.u>v ô; evov avaastpa^Eiv avTOUç. AianspauoQévTEç oùv tôv 
ttjç Ki6wto 3 -opO;xov xai 7zpôç tov ’Apusviaxov in£iYO|XEvoi tt;v v Ayxjpav 
xaxaXa6ovTEç g J iy oBou thuttjv xa tet/ov. » 

Commentaire : Voy. Haken, Gemælde d. Kreuzz., II, 88; — 
Wilken, II, 125; — Sporschil, Gesck. d. Kreuzz., 149 ; — Rehm, 
Gesch. d. Mittelalters, III, 1 , 88; — Kausler, Wôrterbuch der 
Schlachten , IV, 73; — Damberger. Synchron Gesch., V II, 437; — 
Dulaurer, dans Hist . des crois. Doc. armén., I, 57; — Sybel, 
Gesch. d. ersten Kreuzz ., 81 (69). « Als Pfingsten herannaht 
(9 Juni), wird erst lange mit dem Kaiser verhandelt; dann ziehen 
sie c a 8 Juni ab. Am Tag vor Johanni, 23 Juni, stürmen sie 
Ankras ». — HE, 230, 252; — Kugler, Gesch. d. Kreuzz., 77; — 
Kugler, Alb. v. Aachen, 311 ; — Kohi, Gesch. d. Mittelalters , 34 : 
« So setzte sich dann nach Pfingsten unter dem Geleit der als 
Wegweiser von Alexios mitgegebenen 500 Turcopolen, die Menge 
nach dem inneren Asien in Bewegung ». — Rohricht, Gesch. d. 
Kônigr. Jérusalem , 31 : « Anfang Juni traten sie den Vormarscb 
nach Nicomedien an. » — Rôhricht, Gesch. d. Kreuzz. im Umriss , 
60; — Cbalandon, Essai sur le règne d'Alexis I Comnône , 225, 
226. — Sybel se trompe en croyant que les mots d’Albert d’Aix : 
« Appropinquante die S. Pentecostes » signifient que les croisés 
partirent de Nicomêdie la veille de la Pentecôte, à savoir le 
8 juin. En effet, le même Albert dit plus loin que les premiers 
combats entre les croisés et les Turcs eurent lieu le 23 juin, et 
qu’à ce moment trois semaines s’étaient écoulées depuis leur 
départ de Nicomêdie. Par conséquent, en disant qu’ils quittèrent 
Nicomêdie lorsque la Pentecôte approchait, il a voulu indiquer les 
tout premiers jours de juin, probablement le 3 juin, jour où les 
Lombards partirent. Kohl commet lui aussi une erreur en rap- 
portant que les croisés se remirent en marche après la Pentecôte 
(cf. ci-dessous, n° 579). 

1101, vers le 14 juin. — Le comte de Nevers arrive à Cons- 
tantinople. (574) 

Source : Albert d’Aix, VIII, xxvi ; « Deinde post plurimum 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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itineriset diversa hospitia... cornes |de civitate Navers] cum omni 
manu et apparatu suo Constantinopolim profectus, ab imperatore 
benigne et honorifice susceptus iu littore maris S. Georgii tentoria 
sua ponere ad hospitandam extra muros civitatis iussus est. Post ni 
deinde dies ex praecepto imperatoris cornes et totus exercitus 
brachium maris traicit et ad columnam marmoream, quae in sum- 
mitate arietem obtinet deauraturo, non longe a brachio maris ten- 
toriis fixis per xiv dies, qui sunt circa natalem B. Iohannis Bap- 
tistae illic moram fecit. » 

Commentaire : Voy. Hist. du Languedoc , II, 334; — Haken, 
Gemælde d. Kreuzz . , II, 113; — Wilken, II, 139; — Sporschil, 
Gesch. d. Kreuzz 155; — HE, 241; — Kugler, Albert von 
Aachen y 321 : « Der Ankunftstag Wilhelms von Nevers bei Cons- 
tantinopel lasst sich nicht mit voiler Sicherheit feststellen. Da wir 
aber llrsache haben ihn so früh als môglich zu setzen, so rücken 
wir ihn bis zum 6 oder 7 Juni vor. » — Rôhricht, Gesch . d . 
Kônig. Jerus.y 32 : « Wilhelm von Nevers erreichte Anfang Juni 
Constantinopel. » — Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis y 
228. — Seuls les renseignements fournis par Albert d'Aix nous 
permettent de déterminer la date de l'arrivée du comte de Nevers 
à Constantinople. Albert dit qu’il y resta trois jours, puis, qu’il alla 
camper sur la rive asiatique du Bosphore, où il resta 14 jours 
« circa natalem B. Johannis Baptistae. » La fête de S. Jean-Bap- 
tiste étant du 24 juin, on peut supposer que cet arrêt de 14 jours 
eut lieu du 17 juin au 1 er juillet environ; l’arrivée du comte et de 
sa troupe à Constantinople étant antérieure de trois jours à son pas- 
sage en Asie, peut donc être fixée approximativement au 14 juin. 

1101, du 15 juin environ au début de juillet. — La flotte génoise 
quitte le port de Césarée et se dirige vers l’embouchure du 
Sulina, où le butin fait jusque-là par elle est partagé entre 
les équipages. (575) 

Source : Cafaro, Liber atio civitatum Orientis (Hist. occ. d. 
crois. } Y, 65 C) : « Postea vero Januenses cum galeis et toto exer- 
citu iuxta Sulinum in plagia Sancti Parlerii venerunt et campum 
fecerunt [i. e. spolia diviserunt], et de pecunia campi decimam 
et quintum galearum primum extraxerunt. Aliud vero quod reman- 
sit, inter viros vin milia diviserunt et unicuique per partem 
solidos xlviii de Pictavinis et libras duas piperis dederunt prae- 
ter honorem consulum et naucleriorum et meliorum virorum, 
quod magnum fuit. At postea in vigilia sancti Jacobi Apostoli iter 
cum galeis veniendi Januam inceperunt et mense octubris cum 
triumpho et gloria redierunt, MCI » . 

Commentaire : Voy. Riant, dans Hist. occid. d. crois. , V, 65, 
note; — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem, 22 ; — HEp, 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


pp. 424, 453. — 11 n’est guère probable que les Génois aient quitté 
Césarée pour gagner le nord de la Syrie, dès le 24 mai, jour du 
départ du roi Baudouin ; car il leur fallut apparemment plus de 
huit jours pour embarquer leur butin. Nous pouvons même sup- 
poser qu’ils restèrent à Césarée tant que le roi Baudouin eut à 
craindre une attaque des Egyptiens du côté de Rama. Ce serait 
donc au plus tôt vers le milieu de juin qu’ils auraient quitté Césa- 
rée; ils auraient ensuite pu atteindre vers le milieu de juillet 
l’embouchure du Sulina. Une fois leur butin partagé, ils reprirent 
la mer, le 25 juillet, et firent voile pour Gênes, où ils arrivèrent 
vers le milieu d’octobre 1101. 

1101, juin 17. — Guillaume de Nevers avec ses gens quitte Cons- 
tantinople pour passer sur la rive asiatique du Bosphore, où 
il établit son camp vers le 1 er juillet. (576) 

Source et Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 574. — Le passage 
de Guillaume de Nevers sur la côte asiatique eut lieu trois jours 
après son arrivée à Constantinople. Albert d’Aix nous apprend 
qu’il y resta campé pendant 14 jours aux environs de la fête de 
S. Jean-Baptiste, c'est-à-dire du 24 juin. En admettant que le 
24 juin ait marqué la première moitié de cet arrêt, il serait parti 
de Constantinople le 17 du même mois. Mais on ne peut affirmer 
que ce soit bien là ce qu’Albert d’Aix a voulu dire. En tout cas, 
il ne faut pas induire du texte de cet auteur que la levée du camp 
eut lieu le 24 juin même (cf. ci-dessus, n° 574). Kugler, de son 
côté, se met en contradiction avec le témoignage d’Albert d’Aix 
en disant que le passage des croisés sur la côte d’Asie eut lieu le 
10 juin. 

1101, juin 17. — Baudouin, avec sa petite armée, revient de Rama 
à Joppé, après avoir attendu pendant 24 jours, depuis le 
24 mai, l’attaque des Sarrasins campés aux alentours de 
Rama. (577) 

Sources : Foucber de Chartres ( Hist . êccid. d. crois . , III , 390 D) : 
« Festinavimus ire Ramulam..., ubi per xxiv dies exspectavimus 
bellum ab Ascalonitis et Babilonicis contra nos fieri, ob id illic 
congregatis. Sed quia gens eramus rara, contra eos ire mctuentes, 
non ivimus, ne forte, si Ascalonae eos appeteremus, intra moenia 
et aggeres suos recursu continuo nos interceptos interimerent. 
Propterea venire contra nos nolebant, quia sic evenire putabant. 
Quorum calliditate comporta, tamdiu calliditatem eorum callidius 
callentes calluimus usque animis eorum pavore marcescentibus 
adversum nos venire penitus dimiserunt. Un de multi moram 
fastiditi et egestate pressi, ab exercitu suo discesserunt. Quo 
audito Joppen regressi sumus, et laudes Deo dedimus eo quod a 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 441 

congressu eorum liberi sic facti eramus. » — Lisiard de Tours 
(• ibid ., III, 559 F; cf. ci-dessous, n° 596). — Ekkehard, Hieroso - 
lymiia , XXVII (cf. n° 566) « ...non cedant ....arrectis suorum 
animis miro Dei omnipotentis nutu, ingens Saracenorum populus 
uni tantum vel paulo plus legioni nostrarum cessit, adeo uti ne 
congredi quidem praesumerent, sed post transactos aliquot in 
eadem statione dies turpiter et inacte redirent. » — Albert d'Aix, 
VII, lvi (voy. ci* dessus, n° 570). — Guill. de Tyr, X, xvii ( Bist . 
occ. d. crois., 1, 424) : « Rumor insonuerat, non multum a vero 
discrepans, quôd Aegyptius calipha quemdam militiae suae prin- 
cipem, cum ingcnti multitudine ad partes direxerat Ascalonita- 

nas Haec dominum regem fama a Caesarea mat ur are compu- 

lerat, timentem ne, de multitudine sua praesumentes, periculosas in 
regnum irruptiones molirentur. Quo perveniens, quasi per mensem 
exspectans, vide as quod non procéderont, Ioppen re versus est. » 
Commentaire : Voy. n 05 566, 568 ; — Wilken, II, 104 ; — HE, 
251 ; — Wollf, Balduin I v. Jérusalem, 10; — Rôhricht, Gesck. 
d. Kônigr. Jérusalem , 23; — Hampel, Untersuchung. über d. 
lat. Patriarchat von Jérusalem , 43. — Comme on le verra plus 
loin (n° 596), les 70 jours pendant lesquels, d'après Foucber, le 
roi Baudouin resta dans l'inaction à Joppe (« per lxx dies quieti 
sustinuimus »), sont compris non pas dans la période allant du 
28 juin au 6 septembre, mais dans celle du 17 juin au 25 août. 11 
s’ensuit que le retour de Baudouin de Rama à Joppe eut lieu non 
le 28 juin, comme je L'ai dit dans mon édition du Hierosolymita 
et comme d'autres l'ont répété après moi, mais le 17 juin 1101. 
Guiliaume de Tyr fait erreur en rapportant que Baudouin demeura 
un mois entier à Rama; il n’y resta que 24 jours. 

1101, juin 22. — Le comte Roger de Sicile, oncle de Boémond, 
beau-frère de Robert de Flandre et mari d'Adelasie, laquelle 
épousa, en 1113, Baudouin I, roi de Jérusalem, meurt à 
Mileto en Calabre, et y est enseveli dans l'église de la Tri- 
nité. (578) 

Sources : Necrologium Panormitanum ; dans Forschungen 
s. deutsch. Gesck., XVIII, 474 : « 9 kal. Junii (sic) 1101, obiit 
Rogerius, maximus cornes Sicilie et Calabrie, mense Junii ». — 
Annales Bencveniani (Mon. Germ., SS ., III, 183) : « 1101, [obiit] 
Rogerius cornes Siciliae et Calabriae ». — Romualdi Salernit. 
Annales (Mon. Germ., SS., XIX, 413) : « Anno ab incarnatione 
Domini 1101, indictione 9, mense Junii, Rogerius, Sicilie cornes, 
defunctus est anno vite sue quinquagesimo primo, comitatus 
autem eius anno 41 ». — Gauft». Malaterra, Hist. Sicula (ap. 
Muratori, SS. RR. liai., V, G03) : « Anno Dom. 1101, obiit maximus 
cornes Rogerius, pater regis Rogerii. Apud Melitam in eoclesia, 
Rbv. db l’Or, T. IX. 29 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


quam ipse fundaverat, sepultus est. — Annales Barenses {Mon. 
Germ SS., v, 63). — Lupus Protospata, Chron . (Muratori, 
SS. RR. liai., V, 47) : « Hoc anno 1101, obiit Arnaldus archiep. 
Acherontinus et Rogerius cornes Siciliae, in mense Junii » (Mura- 
tori : « Julii »). 

Commentaire : Voy. Fazelli, Reruui Sieularuni Script. 

( Frank f., 157'.);, 405 : « Rogerius cornes Calabriae et Siciliae obiit 
Meliti Calabriae anno 1101, mense Julio, 70 aetatis anno, febre 
correptus; ac in aede, quam ibidem ipse fundaverat et liberaliter 
dotaverat, magna Me tumulatus est. » — Rocco Pirro, Chronol. 
reg. Siciliae , p. 18; — Rehm, Gesch. d. Mittelalters , III, 1 , 383; 
— Rühs, Handb. d. Gesch. d. Mittelalters , 531; — Raumer, 
Gesch. der Hohenstaufen, 1,317 ; — Knight, Über d. Entioickelung 
d. Architektur unter d. Norrnannen (Leipz., 1841), 216, 306; — 
Valente, Mémo rie storiche sut regno di Napoli (1847), 166; — 
Damberger, Synchronist. Gesch., VII, 454 : « am 22 Joli 1101 starb 
Roger v. Sicilien, 70 Jahre ait. ». — Saulcy, Tancrède , dans 
Biblioth. de l'école d. Chartes , IV (1843), p. 306 : « Roger Bursa, 
mort en juillet 1101 »; — Giesebrecht, Gesch. d. deutschen Kai- 
scrzeit, III, 779; — HG., 152; — U. Chevalier, Répertoire : Bio- 
bibliogr ., p. 1991 : « f 1101 juillet ». — Wagner, Die unter- 
ital. Norrnannen u. d. Papsttum, 17 ; — Gigalski, Bruno v. Scgni 
(1898 ), 152. — La date de juin, fournie par le Nécrologe de Palermo 
et les Annales de Bari pour la mort du comte Roger, est exacte. 
Mais l’indication « 9 kal. lunii », que l’on prouve dans ce même 
Nécrologe, est certainement une erreur pour « 9 kal. Iulii ». Roger 
mourut, en effet, le 22 juin 1101. 

1101, juin 23. — Les Lombards et les Français, qui étaient partis 
vers le 3 juin de Nicomédie et avaient pris la route du Cho- 
rassan, dans le dessein de délivrer Boémond prisonnier des 
Turcs, rencontrent ceux-ci près d’Angora, les mettent en 
déroute, en leur tuant près de 200 hommes, et occupent la 
place, qu’ils abandonnent aux Grecs. (579) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, viii : « Tribus dehinc septimanis 

evolutis in ipsa vigilia S. Joannis Baptistae ventum est ad 

montes ascensu difficiles, et valles profundissimas, deinde ad cas- 
teilum, quod dicitur Ancras, ubi Turcos repertos assilientes, et in 
assultu usque in medium inane perdurantes, munitionem funditus 
diruerunt, CC is ibidem Turcis detruncatis. Hoc itaque castellum 
militibus imperatoris restituantes, eo quod de regno eius fuerit... » 
— Anne Comnône, l. XI ( Hist . grecs des croisades , I, ii, 71 B) : 
« Aexxspatf odivTz; oûv tôv tt)? KiSojtoj “ooOjjlÔv xal zpoç xôv ’Apjxsviaxôv 
£“iiYoij.evo' tt;v "Ayxupav xataXa6ovTs; èÇ içôBoi» TavTijv xailayov ». — 
Ibn al-Atyr, Kaniel Altevarykh {Hist. orientaux des crois., I, 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


443 


203) : « Sur ces entrefaites, il arriva de là les mers sept comtes 
francs, qui voulurent délivrer Boômond. Ils se rendirent devant le 
château appelé Ankovrya et, s’en emparant, ils mirent à mort les 
Musulmans qui s’y trouvaient. » 

Commentaire : Voy. Haken, Gemàlde d. Kreuzz., II, 92; — 
Wilken, II, 126; — Michaud et Poujoulat, Correspond. d’Orient, 
III, 171 ; — Sporschil, Gesch. d. Kreuzz ., 149; — Rehm, Gesch. d. 
Mittelaliers seit den Kreuzziïgcn, III, i, 88; — Raumer, Gesch. 
d. Hohenstaufen, 1, 363 ; — Damberger, Synchron. Gesch. ,V\\ i 437 ; 
— HE, 230; — Sybel, Gesch. d. Iten Kreuzz., 81 (69); — Kugler, 
Boemund und Tankred , 22, 66; — Kugler, Gesch. d. Kreuzz ., 
77; — Kugler, Albert v. Aachen, 311; — Tomaschek, Zur hist. 
Topogr. von Kleinasion im Xîittelalter , 87 ; — Kohl, Gesch. d. 
Mittelalters , 35; — Seignobos, Les croisades (dans : Lavisse et 
Rambaud, Hist. générale , II, 312) ; — Rohricht, Gesch. d. Kônigr. 
Jérusalem . , 31 ; — Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis Com- 
nône, 226. — Il n’y a aucune raison de révoquer en doute la date 
assignée par Albert d’Aix à cet événement. Sybel, par suite d’une 
interprétation fautive du texte de cet' auteur, croyait que la date 
du départ des croisés de Nicomédie était le 9 juin et qu’il leur 
avait fallu trois semaines pour atteindre Angora, ce qui eût été 
peu vraisemblable. Mais Albert ne dit pas cela, ainsi que l’a 
montré Kugler {Albert v. Aachen , p. 311). Cf. ci-dessus, n° 573. 

1101, du 1 er juillet, environ, au milieu d’août. — Le roi Baudouin se 
rend de Joppe à Jérusalem, et demande de l’argent au 
patriarche Daimbert, afin de pouvoir payer à ses chevaliers 
la solde qui leur est due. Cette demande d’argent occasionne 
un nouveau conflit entre le roi et le parcimonieux patriarche, 
qui, après avoir paru se rendre à la réclamation de Baudouin, 
finit par n’en point tenir compte. (580) 

Source : Albert d’Aix, Vil, lviii-lxi : « Nec lougo post haec 
intervallo, rex a militibus suis in urbe Japhet pro pecunia angus- 
tiatus est, quam illis debebat pro conventione solidorum, qui etiara 
fratri eius Godefrido, principi Jérusalem, multum obsequii impen- 
derant, et nunc eius causa et honore non minore studio militare 
laborabant. Quapropter Hierosolymam profectus, Patriarcham 
compellat, quatenus sibi aiiquod pecuniae de oblatione fidelium 
impertiret, quam militibus dividens, voluntarios eos sibi redderet 
ac secum teneret, alioquin eos in terminis Jérusalem non velle 
remanere et sancta sanctorum defensare. Patriarcka regis audita 
petitione ...., cc marcas argenti se ad usus lïatrum... habuisse et 
non amplius profitetur et easdem benigne in eius mandato distri- 
buer© concessit. Credidit rex in verbis quae a Patriarcha refere- 
bantur et oblatum argentum suscepit. Sed Arnolfus, S. Sepulcri 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


cancellariu*, et ceteri complures asserebant inaestimabilem 

pecuniam clanculum suis locellis repisuK<e eum. Hac Arnolfi 
assertion© et populi opinion© super thesauro abscondito, rex nimium 
iratus vehementer Patriarcham urgere coepit ut ex oblationibus 
fidelium milites xl procuraret... Patriarcha vero in nullo eum 
super bis audiret.... tandem a rege ... convictus, ex consilio fratris 
Mauritii xxx milites in convention© solidorum se procurare pro- 
misit; sed in brevi eorum taedio affectus, talentum inaestimabilis 
pecuniæ sustulit, milites vacuos et immunes reliquit. Bex autem 
hypocrisin illius de die in diera cognoscens, vehementius eum 
urgebat et de militari officio sollicitabat. Ille e contrario aures 
surdas ad omnia faciebat. » 

Commentaire : Haken, Gemiilde d. Kreuzz., Il, 250 252; — 
Wilken, l, 105, 106; — Raumer, Gesch. d. Hohensiaufen , 1,366; 
— Sybel, Gesch. d. / Krcuss., 08, 99 (100-102); — Kohl, Gesch. 
d. Mittelalters, 39; — Kugler, Alb . v. Aachen , 288-290; — 
Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem , 24. — Il n’y a aucune 
raison de douter de la vérité du récit d’Albert d'Aix en ce qui 
touche les demandes d’argent adressées par le roi au Patriarche, 
et le différend qui en résulta entre ces deux personnages, Sybel 
croyait pouvoir s’appuyer sur le texte de Foucher (cf. ci-dessus, 
n°527) pour établir que Baudouin n avait pas quitté Joppe en juillet 
et août 1101 , et 11 en concluait que tous les incidents rapportés par 
Albert d’Aix à propos du séjour de Baudouin à Jérusalem à cette 
époque étaient des inventions. Mais le texte de Foucher n’a pas 
une précision telle qu’il doive nécessairement être interprété 
comme le fait Sybel. Kugler remarque avec raison, que Foucher 
dit simplement ceci : à savoir que Baudouin et son armée, après 
être rentrés à Joppe, se reposèrent 70 jours. Il n 'affirme nulle- 
ment qu’ils passèrent ce temps de repos à Joppe même, et rien 
n’empêche d’admettre qu’ils aient séjourné pendant cette période à 
Jérusalem et en d’autres endroits. Aux termes du récit d’Albert, 
Baudouin se serait rendu de Joppe à Jérusalem peu de temps après 
son arrêt de trois semaines près de lUma (« non longo post haec 
intervallo » ; cf. ci dessus, n° 574), et il n’aurait pas séjourné long- 
temps à Joppe, d’où la nécessité d’aller chercher de l’argent destiné 
à la solde de ses chevaliers le fit partir pour Jérusalem. Comme il 
s’ôtait rendu de Rama à Joppe le 17 juin, il est vraisemblable qu’il 
demeura au plus une quinzaine de jours dans cette dernière ville; 
il serait donc arrivé à Jérusalem vers le 1 er juillet 1101. De Jéru- 
salem il dut repartir pour Joppe dans la seconde quinzaine d’août 
au plus tard. Albert d’Aix se trompe certainement en disant qu’il 
resta à Jérusalem jusqu’au 8 septembre (cf. ci-dessous, n° 604). 
Quant à Daimbert il ne quitta probablement pas Jérusalem avec 
le roi, car aucun des chroniqueurs qui ont raconté la bataile du 
7 septembre ne le mentionne parmi ceux qui y assi-tèrent. Il dut 
partir pour Joppe vers le milieu de septembre, y passa l’automne, 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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puis l’hiver de 1101-1102, et se rendit ensuite, au début de mars 
1102, auprès deTancrède à Antioche (cf. ci-dessous, n os 619, 633). 

1101, juillet 1-23. — Tancrôde donne aux Génois le tiers des 
revenus du port de Solinum (Saint-Siméon); à Antioche, une 
rue et l’église de Saint-Jean qui leur avait été déjà attribuée 
par Boémond (cf. ci-dessus, n°300); la moitié des revenus 
du port de Laodicée; une rue et une église dans cette ville, 
avec le château Élie ; enfin des terres à Gibelet. Il leur pro- 
met de ne mettre aucune entrave à leur commerce ni dans 
les places susdites, ni dans les ports qui restent à conquérir 
sur la côte syrienne. (580 a ) 

Éditions do l’acte de donation dans : Federici, Lettere a G . 
Scioppio suite cose di Gctiova (1641), p. 147 ; — Ughelli-Coleti, lia - 
lia sacra , IV (1719), p. 817-848; — Lünig, Cod. diplom . Italiae 9 
II, h, pp. 2079-2082. — Début de la pièce : « Ego Tankredus iuro 
vebis consulibus Januensibus aliisque vestris sociis aut oui vos 

dederitis tertiam partem cinctis reditus Solini » — Fin : « 

ego sum consi lio domini patriarchae et baron um meorum et illo- 
rum Januensium, qui tune temporis aderunt, ego recipiam iusti- 
tiam, alio modo minime ». 

Commentaire : Fanucci, Storia di trecelebri popoli maritimi 
deir Italia, Vcneziani , Gcnovesi et Pisani (Pisa, 1817), t. I, p. 163; 
— Riant dans Hist. occid. d. crois. , V, p. 59, note; — Belgrano, 
Annali Gcnovesi di Caffaro , I (1890), p. 114; — Prutz, Kultur - 
gesch. d. Kreüzz., 377; — Heyd, Hist. du commerce du Levant 
au moyen âge, X. I, pp. 133, 150; — Rôhricht, Regesta regni 
Hier os. y p. 5, n° 35. — La date exacte de cette donation n’est pas 
fournie parle texte même de l’acte. Ughelli l’assigne à l’année 1101, 
et Rôhricht a, avec raison, adopté cette date; tandis que Fanucci 
place la rédaction du document entre les années 1106 et 1108 et que 
Prutz la recule jusqu’en 1109. Fanucci et Prutz n’ont pas pris en 
considération la note qui précède le texte de l’édiiion d’Ughelli, et 
qui montre que celui-ci a emprunté la date donnée par lui à l’acte 
même qu'il reproduisait: « Aycardi episcopi tempore, anno scili- 
cetllül, a principe Tancredo Normande Januensibus ac cathedrali 
ecclesiae S. Laurentii >equens bonorum ac iurium in partibus 
Hierosolymitani regni donatio facta est, ex copiali. » La flotte 
génoise ôtait arrivée à Laodicée en septembre 1100 (voy. ci dessus, 
n® 502); à la fin d’avril 1101 elle avait conclu un accord avec 
Baudouin devant Joppe (voy. ci-dessus, i,° 559); ensuite, vers le 
15 juin, elle était partie de Cô<arée pour le port Saint-Siméon (voy. 
ci-dessus, n° 575), et y était restée à l’ancre jusqu’au 24 juillet 
(voy. ci-dessous, n° 585). Il est fort probable que la donation de 
Tancrède doit se placer entre le début de juillet et le 24 du même 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


mois, pendant le temps où les Génois se trouvaient au port Saint- 
Simêon, à proximité d'Antioche. Le 24 juillet, ils mirent à la voile 
pour rentrer dans leur patrie (voy. ci-dessous, n° 585). Les termes 
de la donation : « et si deinceps aliquo tempore stoius Jafouensium 
Syriam venerit » semblent bien indiquer qu’au moment de la 
rédaction de l’acte la flotte génoise était sur le point de quitter les 
côtes de Syrie. 

1101, début de juillet. — Ekkehard d'Aura, avec d’autres pèle- 
rins, s'embarque à Constantinople et continue par mer son 
voyage vers la Palestine. (581) 

Source : Ekkehard, Hierosolymita , XXIV : « Nos quoque 
eadem animi mutatione diu multumque vexati, tandem inter 
eos qui se salo credere praesumserant, divina miserias nostras 
gubernante clementia, Joppe portum post vi ebdomadas attigimus, 
benedictus per omnia Jésus Christus î » 

Co mm entaire : Voy. n° 572 ; — Wilken, II, 144 ; — Waitz 
Ekkchardi Chronicon (Mon. Germ. Script., VI, 2) ; — Sybel, 
Gesch. d. I. Kreuzz ., 57 ; — Sybel, Gesch. d. I. Kreuzz. (2« éd.), 
p. 57; — Riezler, Gesch. Baierns , 1,563; — Pflüger, Die Chronik 
Ekkehards von Aura (1879), p. vi; — Kohler, dans Hist. occid . 
d. crois., V, Préf., p. m; — Rühricht, Beitràge zur Gesch. d . 
Kreuzz ., II, 300; — Id . y Die Deutschen im H. Lande , 10; — HE, 3, 
239. _ D'après Albert d’Aix, VIII, xxxvj, le duc Welf de Bavière, 
la comtesse Ida d’Autriche et Guillaume, duc d’Aquitaine, arrivés 
à Constantinople vers le l #r juin (voy. ci-dessus, n° 572), y res- 
tèrent cinq semaines avant de reprendre leur marche. Ekkehard 
y était parvenu avec eux, et on peut supposer qu’il y séjourna le 
même temps qu'eux. Son départ aurait donc eu lieu dans la 
première partie de juillet. 

1101, vers le 1 er juillet. — Guillaume de Nevers quitte avec son 
armée son campement de la côte asiatique, où il se trouvait 
depuis le 17 juin environ ; il gagne Civitot, d’où il repart pres- 
que aussitôt pour continuer sa route à travers l’Asie-Mineure 


dans la direction d’Ancyre. (582) 

Source : Albert d’Aix, VIII, xxvi : a Cornes ad columnam 


marmoream, quae in summitate arietem obtinet deauratum, 

per xiv dies qui sunt circa natalem B. Johannis Baptistae illic 

moram fecit » Ch. xxvii : « ... denique post B. Johannis nativi- 

tatem Civitot profecti sunt, ubi non diu moram facientes, relicto 
itinere, quo-1 ducis et Boemundi prior incessit exercitus, saltus 
densissimos itinera duarum dierum perambulantes Ancras perve- 
nerunt. » 

Commentaire : Voy. n os 574, 576. — On a vu ci-dessus (n° 574) 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


147 


que Guillaume de Nevers campa sur la côte asiatique en face 
de Constantinople pendant deux semaines qui prirent fin vers 
le 1 er juillet. De là, il se rendit à Civitot, en passant très pro- 
bablement par Nicomôdie, ce qui dut prendre deux ou trois 
jours. Peut-être s’arrêta-t-il deux ou trois jours également à 
Civitot. Son départ de cette ville put donc avoir lieu vers le 
5 juillet. Kugler pense que Guillaume de Nevers leva son camp 
delà côte asiatique vers le 24 ou le 25 juin, c’est-à-dire aussitôt 
après la saint Jean Baptiste. Mais ce n’est pas de cette façon, 
semble-t-il, que l’on doit interpréter le texte d’Albert d’Aix, 
d’après lequel Guillaume de Nevers aurait séjourné sur la côte 
asiatique du Bosphore « per xiv dies qui sunt circa nativitatem 
B. Johannis Baptistae. » 

1101, vers le 2 juillet. — Les Lombards et leurs compagnons de 
route ravagent les environs du château de Gangres, dont ils 
n'avaient pu s'emparer. A partir de ce moment, les Turcs 
harcèlent continuellement les croisés et leur tuent beaucoup 
de traînards. (583) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, vin : « Hoc itaquo castellum 
[Ancras] militibus imperatoris restituentes, eo quod de regno eius 
fuerit, et iniusta invasione Turcorum amiserit, profecti sunt ad 
praesidium Gargara, segetes et omnia sala regionis depopulantes, 
eo quod praesidio nocere nequiverant propter eius munitionem, 
situ et natura locorum validam et insuperabilem. Hoc praesidio 
illaeso...., Turci abea die ac deinceps exercitum persecuti minus 
sequi valentes prae lassitudine incursabant et crebra caede sagit- 
tarum mortificabant. » — Orderic Vital, éd. Le Prévost, IV, 126 : 
« Nostrates... iter inierunt et .ni. septimanis per nimias difficul- 
tates usque ad magnam Barbarorum urbem, quae Garniras vocatur, 
abeuntes erraveruut. Tramitem namque, qui per Romaniam et 
Syriam in Jérusalem ducit, ad dexteram omnino dereliquerunt et 
per Pontum, Metridatis, quondam xx duorum regnorum regis, 
regnum, ad Aquilonem usque in Paphlagoniam dévia tenuerunt. 
Incertum habeo utrum cornes S. Egidii sic deviaverit per ignoran- 
tiam, an causa vindictae socios suos ita seduxerit per malivo- 
lentiam. » 

Commentaire : Voy. n° 579; — Haken, Gemnldc d. Rreuzzügc , 
II, 92; — Sporschil, Gesch. d. Rreuzz., 119; — Sybel, Gesch. d. 
Kreuzz., 70 (81) ; — HE, 230 ; — Kugler, Albert, v. Aachen , 313; 
— Tomaschek, Zur historischen Topographie von Rloinasicn , 
87; — Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis f Comnène , 227. 
— D’Ancyre à Gangres(auj. Kanqari), il y a 100 kilom. En suppo 
sant, ce qu’autorise le récit d’Albert d’Aix, que les croisés restèrent 
quelques jours dans la première de ces villes, où ils étaient arrivés 


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le 23 juin (voy. ci-dessus, n° 579), on peut admettre qu’ils attei- 
gnirent Gangres vers le 2 juillet. Suivant Orderic Vital, ils seraient 
parvenus à Gangres trois semaines après leur départ de Constan- 
tinople. Cela est certainement une erreur. Au surplus, le récit 
d’Orderic Vital, pour ce qui touche l’arriére croisade de 1101, est 
très peu sûr. 

1101, vers le 12 juillet. — Guillaume d'Aquitaine, Welf de Bavière 
et la comtesse Ida, après avoir séjourné cinq semaines à 
Constantinople, poursuivent leur marche à travers l'Asie 
Mineure. (584) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, xxxvi : a Inhac civitate [Constan- 
tinopoli], idem princeps Wiliehelmus, Welfo dux et Ida comitissa 
v hebdomadarum curriculo commorantes, domino Alexio impera- 
tori innotuerunt cum omni voto, quod devoverant in Jérusalem et 
idcirco fldei sacramento sibi astricti plurima necessariarum rerum 
dona et licentiam emendi necessaria suscipere meruerunt. . . » 
Ch. xxxvii : « Posthaec, messis tempore imminente, brachium maris 
S. Georgii ex iussione et suasione imperatoris navigio superantes, 
in terram civitatis Nicomediae descenderunt, et iter suum con- 
tinuantes per amoena loca, etc » — N ar ratio Floriacensis 

( Hist . occid. d. crois., V, 360 I) : « Qui dum Constantinopolim 
appropiaret, audito tanli ducis adventu imperator pertimuit. As- 
serto igitur eo caeterisque optimatibus, qui cum eo erant, ad 
colloquium, plura donaria ei dhtribuit, plurima promittens si ei 
fldem servarent, datis etiam itineris comitibus, qui eos docerent, 
per quae loca exercitum ductarent. » — Matthieu d’Édesse (Hist. 
armén. d. crois., I, 59) : « Alexis fit de grands frais pour trans- 
porter le comte de Poitou de l’autre côté de l’Océan dans la con- 
trée de Kamir. Il lui donna aussi des troupes grecques pour l’ac- 
compagner. » 

Commentaire : Voy. Besly, Hist . d. comtes de Poitou (1647), 
p. 113 : « Les nostres s’embarquèrent et traiectans le bras de 
S. Georges au mois d’aoust 1101 ». — Haken, Gemalde d. Kreuzz ., 
II, 128; — Wilken, II, 144, 145; — Michaud, II, 146; — Michaud 
et Poujoulat, Correspondance d’Orient, III, 177, lettre LXIII; — 
Rehm, Gesch. d. Mittelalters, III, i, 90; — Sporschil, Gcsch. d. 
Kreuzz ., 157, 158; — HE, 241. — Riezler, Gesch. Baicrns, I, 
562; — Kugler, Alb. v. Aachen , 323 : a Das dritte Heer unter 
Wilhelm v. Poitou, Welf v. Baiera und vielen andern, verliess 
eh* a Mitte Juli Constantinopel und marschirte über Nikomedia, 
Nicaea, Phiiomelium an Ikonium vorbei, über Ismil bis in die 
Nâhe von Eregli. » — Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jerus., 32. — 
D’une part, Albert d’Aix nous apprend que les Français, conduits 
par Guillaume d’Aquitaine, et les Allemands, sous le commande- 
ment de Welf de Bavière, séjournèrent cinq semaines à Constan- 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 449 

tinople, puis se remirent en marche vers le milieu de juillet 
(« messis tempore imminente »). D’autre part, nous savons par le 
témoignage d’Ekkehard que les diverses hnndes des croisés arri- 
vèrent successivement à Constantinople aux environs du l #r juin, 
donc, approximativement, du 26 mai au 8 juin. En combinant ces 
deux témoignages, nous pouvons assigner au 12 juillet environ la 
date du départ de Constantinople. — Besly, dans son Hist. d. com- 
tes de Poitou dit que ce départ eut lieu au mois d’août. C’est ainsi 
qu’il a traduit l’expression « messis tempore imminente » d’Albert 
d’Aix. Mais les autres indications chronologiques fournies par 
Albert d’Aix et Ekkehard nous obligent à considérer comme 
inexacte cette interprétation. 

1101, juillet 24. — La flotte génoise, mouillée à l'embouchure du 
Sulina, met à la voile pour retourner à Gênes. (585) 

Source : Cafaro, Liberatio civilaium Oricntis {Hist. occ. d. 
crois., V, 65 D) : « At po^tea in vjgilia S. Jacobi apostoli iter 
cum galeis veniendi Januam inceperunt et mense octobris cum 
triumpho et gloria redierunt, MCI. » 

Commentaire : Yoy. n° 575; — Kohler, dans Hist . occid. d. 
crois., V, Préface , xvn. — Le départ de la flotte génoise, qui eut 
lieu la veille de la fête de S. Jacques apôtre, doit être fixé au 24 juil- 
let et non au 25, comme l’a dit Riant (Hist. occid., V, 65) et comme 
je l’ai dit moi-même dans mes Epistulae et chartae , 423 et 453. 

1101, vers le 25 juillet. — Le comte Guillaume de Nevers arrive 
à Ancyre, d’où, après un arrêt d'un jour, il part dans la direc- 
tion du sud, se rendant à Iconium. (586) 

Source : Albert d’Aix, VIII, xxvii (voy. n° 582) : « Ancras 
pervenerunt ad eandem videlicet, quam cornes Raimundus et 

manus Longobardorum recenter expugnaverunt per diem 

autem unum illic in praedictae civitatis loco moram facientes et 
nequaquam Longobardorum societatem assequi valentes, qui per 
Fiaganiam iter continuabant, a sinistris illos relinquentes a dextris 
viam accipiunt, quae ducit ad civitatem Stanconam, in ea ali- 
quandiu moram habituri et de eventu Longobardorum audituri 
aliquid. » 

Commentaire : Voy. n os 576, 582; Haken, Gcmàldc. d. 
Kreuzz . , II, 115; — Wilken, II, 140; — Michaud, II, 145; — 
Relim, Gesch. d. M.-Alters , III, i, 89; — HE, 241; — Kugler, 
Gesch. d. Kreuzz 80; — ld., Albert v. Aachen , 322; — 
Rôhricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem, 32; — Tomaschek, 
Zur histor. Topogr. Klcinasiens, 88; — Chalandon, Essai sur 
le régne d'Alexis, 228. — Les Lombards mirent 20 jours à par- 
courir la distance de Nicomédie à Ancyre (voy. ci-dessus, n° 579); 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


on peut donc supposer que la marche de l'armée de Guillaume 
de Nevers dura à peu prés le même temps. Comme cette armée 
était partie de Nicomêdie vers le 5 juillet, il est à présumer 
qu'elle arriva à Ancyre vers le 25 du même mois. 

1101, août et septembre. — Une peste effroyable sévit en Pales- 
tine. Le chroniqueur Ekkehard d'Aura fut sur le point d’y 
succomber. (587) 

Source : Ekkehard, Hierosolymita, ch. XXIX (HE, 262; Hist. 
occid. d . crois. y V, 33 E) : <c Vidimus hisdem diebus tantam mor- 
talitatem, quam etiam vix evasimus, in populo grassari, ut ad 
ccc cadavera singulis diebus Hierosolymae exportata numera- 
rentur, Joppe vero in gens campus intra paucos dies tumulis 
occuparetur ». 

Commentaire : Voy. HE, 262 ; — Riezler, Geschichte Baicms , 

1, 564; — Prutz, Kulturgesch. d . Kreuzzüge , 93; — Pflüger, 
Ekkehard v. Aura, Einleitung , p. vi ; — Wollf, Balduin / v. 
Jérusalem , 56; — Riant, dans Hist. occid. d. crois., V, 33, n. 
— Par les mots « hisdem diebus », Ekkehard désigne l'époque 
de son séjour en Palestine, lequelle dura du milieu d août au 
26 septembre 1101 (voy. ci-dessous, n 0# 594, 620). 

1101, août. — Mort de Wicker l’Allemand, qui s'élait signalé dans 
un combat avec un lion. (588) 

Source : Albert d’Aix, VII, lxx : <c Wickerus autem Alemanus 
eodem anno paulo ante hoc praelium validis febribus correptus, 
in mense Augusto obiit, sepultus in civitate Joppe. Qui gladio suo, 
quo Turcum trans loricam et vestes super pontem Antiochiae 
medium secuit, non modicam Régi opem hic contulisset, nisi morte 
interveniente vitam finiisset. Hic miles magniflcus leonem 
magnum et horribilem, viros et armenta saepius iuxta montana 
devorantem, in regione Joppe die quadam equum pascentem 
invadere volentem, munitus clypeo aggressus est, quem facili pede 
et saltu facie ad faciem sibi occurrentem eiusdem gladii acutissimi 
ictu percussit ae fortiter cerebro eius in partes diviso, crudele 
et intrepidum animal in campestribus mortuum reliquit. » 

Commentaire : Voy. Wilken, II, 108; — Rôhricht, Beitrâge 

2 . Gesch. d. Kreuzzüge, II, 39, 307; — Id. , Gesch. d. Kônigr. 
Jérusalem , 23; — Id., Gesch. d. crsi. Kreuzz ., 170, note. — Par 
les mots « paulo ante hoc praelium », il fait allusion à un combat 
dont il parle dans le récit précédent et qui eut lieu le 7 septembre 
à Rama entre des troupes égyptiennes et les Francs. 

1101, lundi 5 août. — L'armée des croisés franco-lombards est 
complètement battue dans les environs d'Amasia. Les trou- 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 451 

pes réunies de Malek Ghazi Mohammed ibn-Danischmend, 
dit Gumuchtekin, de Kilidj-Arslan d'Iconium et de Rodhuan 
d’Alep cernent les croisés et les massacrent presque tous. 
Parmi les chefs, Baudouin de Grandpré, Dudon de Clermont, 
Guibert de Laon sont tués. Les survivants s’enfuient dans 
leur camp, d’où, la nuit suivante, le comte Raimond se retire 
dans la direction de Bafira. D’autres, comme Étienne de Blois 
et le maréchal Conrad, s’enfuient à Sinope. (589) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, ch. xv-xvm : « Secunda autem 
feria iam primo sole radiante, episcopus Mediolanensium... hac die 
bellum affuturum praedixit... aciebus sic ordinatis : Longobardi 

in fronte constituti sunt ut ad versus Turcorum acies, quae 

illis vicinae erant, fixae etimpenetrabiles facie ad faciem obstantes, 
eos oppugnarent. Deinde singulae acies christianorum usque- 
quaque a dextris et sinistris positae singulis gentilium aciebus 
obstabant, saepius eos in fugam rémittentes et saepius ad versus 
eos bellum itérantes. Sed Turci, callidi et proelio docti, post ali- 
quantulum fugae subito frena reiicientes ac sagittarum grandine 
remordentes, gravi vulnere tam homines quam quos perime- 

bant » Chap. xvi : «... Ilia Longobardorum adunatio cum 

ducibus et principibus suis in fUgam usque in tentoria remissa 

est. Conradus , cum sua acie, irrupit Turcos expugnans et dissi- 

pans a prima hora diei usque post meridiem. Tum tandem victus 
fugam arripuit cum manu diu famé macerata... et ipse in tentoria 

reversus est. Stephanus cum Burgundionibus vehementer 

hostes expugnabat; sed ad ultimum. .. simili füga ad tentoria 
repèdavit. Stephanus Blesensis respiciens omnia tam Longobardis 
quam Gallis verti in malum, cum omnibus Francigenis. . . bellum 
committere usque ad vesperum non abstinuit. Tandem victus et 
attritus simili fuga qua et socii in castra relatus est. Ceciderunt 
in eius acie viri illustrissimi Baldewinus de Grantpreit, Dudo de 
Claromonte, Wigbertus de monte Lauduni,.. et plurimi potentes 
ac primi exercitus, quorum nomina omnia scire et investigare 
nequimus. Cornes vero Raymundus cum militibus imperatoris, 
Turcopolis, et suis provincialibus cuneis socios revelare in eodem 
certaraine festinans, multos Turcos repente prostravit... donec 
tota manus Turcopolorum exterri ta et fuga dilapsa ad loca taber- 
naculorum divertit... »Ch. xvn: « Videns cornes fugam Turcopolo- 
rum.. . versus montana et per angusta loca declinans in summitate 
cuiusdam praecelsi silicis ascensu diflicili astitit cum x tantum 
sociis, de quo Turcis insequentibus resistere cum suis conabatur... 
Stephanus cornes ducentis sociis in lorica et galea readunatis 
Raymundum ab invasione Turcorum liberare festinans, Turcis 
fugatis, qui eum insecuti fuerant... comitem salvum... ad tentoria 
reduxit... Eadem nocte,.... primo noctis facto silencio, idem cornes 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Raymundus cum omnibus suis... fugam iniit, ac. .. iter permontana 
et invialoca acceleransad castellum imperatoris, Pulveral nomine, 
veniss© perhibetur. » — Chap. xvm : « Igitur hac illius fuga co- 
gnita..., universos tantus metus invasit, ut nec unus de principibus 
remaneret, sed omnes vitae dilfldentes dlffugium maturarent, 
magni et parvi, nobiles et ignobiles, usque ad Synoplum, impera- 
toris praesidium. » — Orderic Vital, éd. Le Prévost, IV, 126 : 
« Cumque Christiani per aspera loca et periculosa flumina, devias- 
que silvas pertransissent et post m hebdomadas vix ad urbem 
Gandras pervenissent, ibique post multos labores aliquandiu 
requiescere decrevissent, ecc© multitudo paganorum, ut arena 
maris innumerabilis, occurrit et imparatos nimiumque pluribus 
angustiis fessos provocavit... Christiani autem famé et siti aliisqu© 
iniuriis fatigati, ut belio perurgeri coeperunt... armati processe- 
runt, aniraisque resumptis et viribus, acies suas ordinaverunt et 
per v dies in nomine Domini viriliter pugnaverunt. Ibi, ut veraces 
peregrini ferunt,.... d. milia paganorum terribiliter impetierunt. 
Ex utraque parte acerrime pugnatum est, et multorum milium 
occisio facta est. Cumque Turci quinto die phalangas suas defeciss© 
vidissent..., sequenti nocte ad fugiendum a facie hostium parati 
essent. Ignorantes autem Christiani Turcorum defeclionem, pro 
dolor! ipsi defecerunt, et incipiente nocte Raimundus cornes cum 
Turcopolis Augusti et provincialibus suis terga verterunt et furtim 
ftigere coeperunt. .. Pictavensis dux et Blesensis Stephanus aliiqu© 
proceres cum suis agminibus, postquam perfidorum fugam conso- 
dalium cognoverunt, ipsi quoque mentis inopia territi per diversa 
fugere moliti sunt. Turci... comperientes quod Franci fugiebant... 
armis hostes insecuti sunt et multa milia trucidaverunt. Quosdam 
vero, qui flore iuventutis vernabant, in captivitatera abduxerunt. 
Pene quadringenta milia Christianorum corporaliter interierunt. » 
— Foucher de Chartres (Hist. occid. d. crois . , III, 398 A) : « Cum 
Francorum exercitus ingens Jherusalem tenderet, aderant in ilia 
multitudine simul Guillelmus, Pictavensium cornes, et Stephanus, 
cornes Blesensis, qui ab Antiochia discesserat. Cum his etiam Hugo 
Magnus erat qui, post Antiochiam captam, in Gallias repedaverat. 
Aderatque cum his Raimundus, cornes Provincialium, qui apud 
Constantinopolim moratus erat postquam de Jherusalem hucusqu© 
regressus fuerat. Aderat quoque Stephanus, Burgundiae cornes 
nobilis, adiecto populo innumero deequitibus et pedifibus exercitu 
bipartito. His in Romaniae finibus obstitit Soliman Turcus, cui iam 
diu Franci Nicaeam urbem abstulerant. Sed detrimenti sui non 
immemor, cum multitudine Turcorum magna cxercitum Franco- 
rum in féliciter dispersit et confudit et totum ferme ad interitum 
advexit. Sed quia, Domino providente, catervatim per plures 
incedebant vias, nec contra omnes diroicare nec omnes occidere 
potuit. Sed quia eos fatigatos et famé et siti anxios atque pugna© 
ppgittariao indoctos esse didicit, magis quam c. milia equitum et 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


453 


peditum gladio peremit. De mulieribus nempe alias occidit, alias 
stcura abduxit. Multi vero per dévia fugientes et montana, siti et 
angustia extincti sunt, quorum equos et mulos iumenta quoque 
et ornamenta multi forma Turci habuerunt. » — Bartolf de Nangis 
(, ibid. t III, 532 A). — Lisiar.i de Tours ( ibid ., III, 561 H— 562 B). — 
Hist. Nicaena vol Antiochena {ibid.,V, 179 B). — Li esioire de 
Jérusalem et d' Antioche {ibid., V, 641 G). — Richardi Cluniacen. 
Chron. (Muratori, Aniiq. liai., IV, 1092 D). — Guibert de Nogent 
{ibid., IV, 243 H) : « Per Paflagoniam igitur, non dicam modo qui- 
buslibet peregrinantibus, sed ne scripturis quidem, nisi quam 
rarissime, cognitam provinciam, nescio quod monentur intrare 

desertum Armeniorum iampene fines attigerant, exesis homi- 

nibus, animalibus inedia moribundis : subito ingruunt milia 
Turcorum numerosa ; sed Franci, qui primas tune exercitus 
videbantur actitare custodias, facile eorum, lassabundi licet, illico 
obtudere molimina. Postridie cum Turci Francos a prima fronte 
discessisse vidissent, Longobardis, Liguribus et Itaiis priora, pro 
dolorl occupantibus loca, irruunt, persensa anteriorum ignavia 
hostes acerrimi. Hisque qui praeibant et signa ferebant foede 
terga dedentibus, totus non tam fugae, quae nimium tenuis, utpote 
famé tabentium, fuerat, sed internecioni miserandae patet exer- 
citus... Eorum caedes et insecutio perse veravit pene vin diebus 
continué. Erat in eo quidam archiepiscopus Mediolanensis exer- 
citu. . . » — Guill. de Tyr, X, xm. — Anne Comnène, Alexias , XI 
{Hist. grecs des crois., I, ii, 71 C) : « Kal ovrew xôv "AXuy ota6dvx£ç,.. 
xal oeppovxlaxto; xoj Xoizoj oj; zpoç ’AudaE'.av àîiovEuaavxEç xtjv BBouioplav 
è~o:ojv70. Ol Bi Tojpxot ea^stpo^dXsaoi ovxeç, ::poxaxaXa6o'vx£; xà; xcofiaç 
-dsx; xal xà y opxoca;j.axa “dvxa ivé-pr^av, ioOaxo'xE; 81 xqvxou; ôÇéwç 
rpoai6aXov, BrjxÉpa oi r ( v xaO’ r ( v ’j-îp-T/ jaav xouxtov ol Toopxoï. Kai 
XTjVix ajia ajxoO ~oj xaxaax7jVi«iaavx£; ydpaxd t£ 7T7]ÇduEvot, xà; oxEoàç 
èvaniOsvro. 8 k ;j.£x’ ao X7,v auQt; auçoj ijxdyovxo xà axpax£juaxa. 01 Be 
Tojpxo' xuxXoxep 6>; xa7aax7jvr.>aav7£;, où yopxay'ovla; yoipav xoùxoi; 
eolBouv, o J7£ afjv xà xal xoô; t7tno»ç k; “toxôv içayeiv auveyoSpouv. 

T^v lajxûv ojv nzvtoXsQsiav i”’ ôçOaXuôjv fjôrj ôpwvxe; ol KeXxol, xfj; 
lauxtov Z'orj; à^eioTj'jxvxE;, xf] ;aex’ aùxijv, xexpà; Bi ^v, xapxepto; ÔTiXtaa- 

;j.£voi, xôv jjiExà x(ï)v JsxpBxpMV àv£oi£avxo 7:ôX£uov. Ol Bi Toopxoi 

àyyiaa/ov xf,v txà/7jv i-oiojvro xal rrapîuOj rpéxo'jzi xoù; Nopuavo'j; 

Aoi“ov £7:1 X7)v xoj ^ayyiX7] xal xoj TÇlxa yv(ô<ji7]v xaxaçsûyojaiv, aua Bi xal 
cl yyopa xt; xwv xôv aùxoxpdxopa xXr^lov 7:apàx£ixai IrcovOàvovxo àva^rj- 

xojvxe; ajX7[v. K al xoî; lolot; irroyrjOivxe; o>- elyov xdyou; 

zpô; xà “apà OàXaaaav xoj 'Apusviaxoj xal xi); IIa’jpàx7j; k'Oêov » . — 
Mathieu d'Édesse {Hist. d. crois. Doc. armèn., I, 56) : « Le 
comte de S. Gilles comptait 100,000 guerriers sous ses ordres... 
L’empereur [Alexis] renouvela envers les Francs l'œuvre de 
Judas ; car il fit dévaster pur l’incendie tous les pays qu'ils avaient 
ù parcourir, ordonna de les guider à travers des plaines désertes, 
et, empêchant qu'ils reçussent des vivres, les condamna à souffrir 


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les tourments de la faim. Réduits aux dernières extrémités, Us 
mangèrent leurs chevaux. Alexis, qui avait fait prévenir sous 
main les Turcs de leur marche, souleva toutes les forces des 
Infidèles contre eux. Le sultan Kilidj-Arslan accourut, leur livra 
une grande bataille dans les environs de Nicée, et en fit un 
horrible carnage; 100,000 Turcs périrent. S. Gilles se sauva avec 
300 hommes seulement et se réftigia dans Antioche. Tout le reste 
do l’armée chrétienne avait passé sous le tranchant du glaive. Les 
femmes et les enfants furent emmenés esclaves en Perse. » — Ibn 
al-Atyr, Kamci Altavarykh ( Hist . orient, des crois . , I, 203) : 
« Le Danischmend se hâta de rassembler toutes ses forces et 
marcha contre eux. Dans le combat qui s'engagea, il mit une 
partie de ses troupes en embuscade; au milieu de l’action, les 
troupes sortirent du lieu où elles étaient cachées. Les Francs 
étaient au nombre de 300,000 hommes ; il ne s’en sauva que 3,000 
qui s’enfuirent, pendant la nuit, couverts de blessures. » — Ibn 
Khaldun, dans Rùhricht, Quellenbeitrage zur Gesch. d. Kreuzz. 
(1875), p. 7. 

Commentaire : Voy. Hist. gén. de Languedoc , II, 332; — 
Heller, Gesch. d. Kreuzz., II, 316; — Haken, Gemalde d. 
Kreuzz., II, 102-109; — Wilken, Heruni ab Alcxio gcst. 
Comment ., 376; — Wilken, Gesch. d. Kreuzz ., Il, 132-136; — 
Michaud et Poujoulat, Corresp. d’Orient , lettre 63 féd. Bruxelles, 
1841, III, 174); — Rehm, Gesch. d. Mittclalters , III, i, 89; — 
Kausler, Wôrtcrbuch d. Schlachten , IV, 72-76; — Raumer, 
Gesch. d. Hohenstaufen, I, 364; — Weil, Gesch. d. Chalifen , III, 
181; — Sporschil, Gesch. d. Kreuzz . , 151-155; — Murait., Essai 
de chronogr. byz ., II, 94 : « 1102 après Pâques. » — Dulaurier, 
dans Hist. armén. d. crois . , I, 57 ; — Damberger, Synchron. 
Gesch., VII, 437; — Sybel, Gesch. d. I Kreuzz., 81 (70); — Collin 
de Plancy, Godefr. de Bouillon (Brux., 1842), 210; — Kugler, 
Gesch . d. Kreuzz ., 78-79; — Kugler, Albert v. Aachen , 313, 314; 
— HE, 243, 244; — Kohl, Gesch. d. Mittclalt., 35; — Heer- 
mann, Gcfechtsführimg abendl. Heere im Orient , 64-65; — 
Riant, Le martyre de Thiémon de Salzbourg (1886), p. 16 : « Le 
premier corps d’armée de l’arrière -croisade, battu et massacré par 

les Turcs à la fia de juin 1101 près de Marsivan » — Rùhricht, 

Beitrdge z. Gesch. d. Kreuzz ., II, 41 ; — Id., Gesch. d. Kreuzz. 
im Umriss, 60; — Id., Gesch. d. Konigreichs Jérusalem , 31 : 
« Ende Juli 1101. » — Tomaschek,Zur hist. Topogr . Kleinasiens , 
88; — Seignobos, Les croisades { dans Lavisse et Rambaud, Hist. 
gén., II, 312); — Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis I 
Comnène, 227. — Aucune des sources indiquées ci-dessus ne donne 
la date de cette bataille; et c’est d’après certaines indications 
d’Anne Comnène et d’Albert d’Aix qu’il nous est possible de la 
déterminer. Albert d’Aix dit (ch. 31) : « Acta sunt crude- 
lissima haec bella et saevissimae strages Christianorum in mense 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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Augusto. » Par les mots « bel la » et « strages », Albert entend les 
combats livrés aux Turcs d’Asie-Mineure par les Lombards et 
l'armée de Guillaume de Nevers. Il ne s’agit pas là seulement de 
la défaite de l’armée du comte de Nevers, mais aussi des combats 
livrés par les Lombards et de l’anéantissement 4e ces derniers. 
C’est ce que montrent l’expression de « christianorum » dont se 
sert l’auteur, et ce qui ressort au surplus des rapports de ce pas- 
sage avec ce qui précède. En admettant que ces combats avec les 
Turcs eurent lieu au mois d’août, nous avons alors un point de 
repère qui, grâce à d’autres indications fournies par Albert, nous 
permet d’établir avec beaucoup de vraisemblance la date du 5. 
Albert et Anne Comnêne nous font connaître les jours de la se- 
maine dans lesquels les Lombards livrèrent bataille aux Turcs. 
D’après Albert, la rencontre dont nous nous occupons ici eut lieu 
un lundi (« secunda feria »), et c’est bien aussi ce que dit Anne 
Comnène (Seutepa r,v). Le premier lundi d’août tombait le 5, le 
second, par conséquent, le 12. Les raisons suivantes me portent à 
croire qu’il faut adopter de préférence le premier lundi. Le lieu du 
combat et l’emplacement du camp d’où les croisés fuirent devant 
les Turcs, doivent certainement être cherchés dans le voisinage 
d’Amasia. C'est ce que nous indique Anne Comnène et ce que l’on 
peut induire du texte d’Albert, qui place le champ de bataille dans 
la région de Marasch, c’est-à-dire évidemment aux alentours de 
Marsivan ou d’Amasia, localités éloignées seulement de 7 lieues, 
dans la vallée du Tersakan-sou. Nous savons par Albert d’Aix que 
la marche des Lombards, de Nicomêdie à Ancyre, s’exécuta en 
trois semaines. La distance à vol d’oiseau entre ces deux villes est 
de 270 kilomètres, et l’on peut admettre qu’ils consacrèrent au 
repos environ 5 jours. Ils parcoururent donc en moyenne 16 kilo- 
mètres par jour. D’ Ancyre à Gangres il y a 100 kilomètres, et de 
Gangres à Amasia 190 kilomètres. Les croisés purent donc aisémeut 
franchir cette distance en un peu plus de trois semaines. De plus, 
nous devons conclure des récits d’Anne Comnène et d’Albert d’Aix 
qu’ils ne firent nulle part de halte prolongée, et qu’ils traversèrent 
le plus rapidement possible ces régions stériles où la disette de 
vivres ne leur eût pas permis de séjourner. Comme ils ôtaient 
partis d’Ancyre vers le 25 juin, il est peu probable qu’ils soient 
arrivés à Amasia vers le 12 août seulement. Par conséquent, le 
premier lundi du mois, donc le 5 août, doit être adopté de préfé- 
rence, comme date de la bataille. Les dates proposées par Riant 
(fin juin 1101), par Kohl (milieu de juillet), par moi-même dans 
mon édition d’Ekkehard, 244, et par Rühricht (fin juillet), enfin, par 
Murait (après Pâques, 1102) doivent donc être rejetées. Il en est de 
même de la date fournie par Ibn al Atyr, qui place la victoire des 
Turcs en l’année 493 (= 1099-1 100), et de celle que donne Collin de 
Plancy, suivant lequel la défaite de l’armée franco-lombarde aurait 
eu lieu en 1103. — Sur l’emplacement du champ de bataille on 


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pourra consulter Michaud et Poujoulat, Weil et Tomaschek. — 
Mathieu d’Édesse se trompe complètement en disant que la ren- 
contre eut lieu aux environs de Nicée, et que Raimond de Saint- 
Gilles avait séjourné deux ans à la cour d’Alexis lorsqu’il en 
repartit avec les croisés lombards. 

1101, août 6. — Après le départ de Raimond de Saint-Gilles et des 
autres chefs dans la nuit du 5 au 6 août, les Turcs mettent au 
pillage le camp des croisés qu’ils massacrent ou réduisent 
en esclavage. (590) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, ch. xix : « Turci... primo diluculo 
affuerunt in tentoriis Christianorum, ubi mulieres nobilissimas et 
matronas egregias tam Gallorumquam Longobardorum crudeiiter 
aggressi impie raptas et vinculatas tenuerunt, in barbaras nationes 
et ignotam linguam supra mille transmittente>... et perpetuo exilio 
in terram Corrozan quasi in carcere et conclavi eas constituantes : 
caeteras aliquantulum provectae aetatis glailio interemerunt... » 
Ch. xx : « Repartis itaque et captis tothonestis mulieribus in ten- 
toriis fhgientiumChrhtianorum, Turci celeritate equorum insecuti 
sunt tam équités quam pedites, tam clericos quarn monachos et 
totum femineum sexum, qui fuga evaserant de castris... Nulli 
aetati aut ordini parcebant : solos iuvenes imberbes, viros militaris 
officii captivabant, quos... Corrozan abduci destinabant. — ■ Anne 
Comnène, Alexias , XI ( Hist . grecs des crois , I, il, 73 A) : 
(t Kai <>r\ xdç t£ axsuà; xal xi; axijvàç xai xo ;re£ôv oc7:av aùxoo îtoü xaxa- 
Xiro'vxsç, xot; iàlot; irîïO'.; èroy 7)Glvxe; wç s!y ov xay ou; xp'j; xi xapà GdXaa- 
aav tou ’Apjxeviaxou xat xtj; Iïaupdx7]ç ÏO eov. *E“2i.a7:eao'vxe; 8’àGpcfov ot 
Toupxoi xoùxwv t ( o yapaxt 7:ocvxa à&elXovxo. Elxa xaro’^iv xouxtov SttoÇav- 
zeç t 6 î:e£Ôv arav içôax^xe; àvstXov, xivà; xal xaxaayo’vxEç, izpôç x<$v 
Xopoaav BeiyuLa àT:7fyarfov. » — Pour les autres sources, voy. le n° 589. 

Commentaire : Voy. n° 589. — Albert d’Aix dit expressément 
que le pillage du camp par les Turcs eut lieu le lendemain de la 
bataille, donc le 6 août, puisque la bataille eut lieu le 5, suivant 
le calcul exposé ci-dessus, n° 589. 

1101, août 6 et 7. — Les Turcs poursuivent les Francs qui fuient 
dans la direction de Sinope, et ils en tuent un grand nombre 
qui s’étaient dispersés. Parmi les morts, sont nommés les che- 
valiers Dudon et Arnoul, Erald et Engelrad, tous deux de Châ- 
lons-sur-Marne, et Gaulier de Châtillon. (591) 

Source : Albert d’Aix, VIII, xxin : « Solimannus, Donimannus, 
Balas de Sororgia, non adhuc caede satiati, a tertia feria usque 
in quarlam feriam eos persecuti sunt eodem tramite quo ten- 
debant po^t piincipes fugitivos ad Synoplum, ut eos detruncarent 


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, et captivarent. Sed minium prolongatos ultra persequi non audentes 
propter vires et civitatem imperatoris, reversi sunt. Revertentes 
vero, de dispersis et retardatis, qui eis obviam fuere, eadem die 
mille amputatis collis, sparsim peremerunt. Ibi impiis tyrannis vir 
nobili8 Eraldus obviam factus, sagitta illorum occubuit, ortus de 
civitate Cadelun. Engelradus pariter de eadem patria, Dodo miles 
egregius, Àrnulfus filius Villici, Walterus de Cbastillon et plurimi 
potentissimi milites, quibus equorum cursus minime prodesse 
poterat, eisdem carniflcibus obviam facti, sagittis occisi sunt ». — 
Anne Comnène, Alexias , XI ( Hist . grecs des crois., 1, h, 73 A). 
Voy. ci-dessus, n° 590. — Orderic Vital, éd. Le Prévost, IV, 127. 
Voy. ci-dessus, n° 589. — Guibert de Nogent (Hist. occ. d. crois., 
IV, 243). Voy. ci-dessus, n° 589. 

Commentaire : Voy. Haken, Gemâlde d. Kreuzz., II, 110; — 
Wilken, Rer. ab Alexio gest. comment ., 377; — Id., Gesch . d. 
Kreuzz., II, 138; — Micbaud, Hist. d. crois., II, 144 ; — Micbaud 
et Ponjoulat, Correspondance d'Orient, lettre 63 (éd. de Bruxel- 
les, III, 175); — Weil, Gesch. d. Chalifen, III, 182; — Sporschil, 
Gesch . d. Kreuzz ., 154; — Tomaschek, Zur hist. Topogr. Klein - 
asiens , 88. — Albert d’Aix seul indique la date de cette poursuite, 
qui eut lieu selon lui « tertia et quarta feria », donc le 6 et le 7 août, 
puisque la bataille eut lieu le lundi 5 août. D’après Guibert de 
Nogent, la poursuite dura 8 jours. Mais cela est invraisemblable, 
car nous voyons que ces mêmes Turcs, moins de 8 jours après la 
bataille du 5 août, attaquèrent encore et mirent en déroute Guil- 
laume de Nevers. Cf. ci dessous, n° 595. 

1101, vers le 10 août. — Les Poitevins et les Allemands, sous la 
conduite de Guillaume de Poitou et de Welf de Bavière, pil- 
lent Philoraelium. (592) 

Source : Albert d’Aix, VIII, ch. xxxvm : « Videntes itaque Wil- 
lehelmus et Welfo et sui consodales bas Turcorum nequitias et 
dolos, urbes, quae de eorum erant potestate, scilicet Phiniminum 
et Salamiam assilientes, plurimo conatu stragis diruerunt, sed et 
omnia ioca circumquaque illis subdita vastare minime peper- 
cerunt. » 

Commentaire: Voy. Haken, Gemàlde d. Kreuzz., II, 129; 
— Wilken, Gesch. d. Kreuzz., II, 148; — Michaud, Hist. d. 
crois., III, 146; — Michaud et Poujoulat, Correspondance 
d'Orient, lettre 63 (p. 177); — Rehm, Gesch. d. Mittelalters, III, 
i, 90; — Sporschil, Gesch . d. Kreuzz., 158; — Sybel, Gesch. d. 
/. Kreuzz., 82 (71) ; — Kugler, Alb.v. Aachen , 312, 323 ; — Riezler, 
Gesch . Baierns, I, 563 : oc Des Albert Aq. Angabe dass sie 
. unterwegs Phiniminum und Salamia einnahmen und zerstôrten 
unterliegt schweren Bedenken, wie denn die Ortsangaben dieses 
Autors überhaupt vielfach unzuverlassig sind. » — Tomaschek, 
Rbv. dk l’Or, latin. T. IX. 30 


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À 



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Zurhist. Topogr. v. Kleinasien , 89. — Albert d'Aix est seul à 
parler du pillage de Philomelium et de Salamia par les Poitevins 
et les Allemands. 11 n'y a pas de raison toutefois de douter de 
l'exactitude de ce renseignement. Les objections de Sybel ont ôté 
réfutées par Kugler; et Riezler, qui conteste lui aussi la véracité 
d'Albert sur ce point, ne donne aucune raison pour justifier son 
opinion. L’armée des Poitevins et des Allemands mit 56 jours envi- 
ron, soit du 12 juillet au 5 septembre (cf. ci-dessous, n° 603), à 
parcourir la distance qui sépare Constantinople d'£regli, et qui, 
à vol d’oiseau, est d’environ 620 kilom. ; d'Eregli à Philomelium, 
il y a environ 360 kilom. Pour franchir ces 360 kilom., les Poite- 
vins et Allemands durent donc employer environ 32 jours. Leur 
arrivée à Philomelium peut par conséquent être placée aux alen- 
tours du 10 août. — Sur le pillage de Salamia, cf. ci-dessous à la 
date du 26 août. 

1101, vers le 12 août. — Le comte Raimond de Saint-Gilles, 
fuyant devant les Turcs, arrive & Bafira, puis gagne Sinope. 
Le lendemain de son arrivée dans cette dernière ville, il s’em- 
barque pour retourner à Constantinople. (593) 

Source : Albert d’Aix, VIII, ch. xvii : « Cornes Raimundus... 
cum omnibus suis et cunctis Turcopolis imperatoris. . . tota nocte 
fugiendo... ad castellum imperatoris Pulveral nomine venisse 
perhibetur. » — Ch. xxii : « Cornes vero Raimundus per abrupta 
montium et ima convallium Synoplum cum Turcopolis impera- 
toris Graeciae, omnibus sociis et principibus praetermissis, ingre- 
diens pernoctavit, et die crastina navem ascendens per mare 
Constantinopolim advectus est. » 

Commentaire : Voy. Hist. gén. de Languedoc , II, 334 ; — 
Haken, Gemalde d. Kreuzz ., II, 112; — Michaud et Poujoulat, 
Corresp. d'Orient , lettre 63 (ôd. de Bruxelles, 1841, III, 174-175); 
— Rehm, Gesch. d . Mittelalt ., III, i, 89; — Weil, Gesch. d . Cka- 
lifen , III, 182; — Murait, Essai de chronogr . bysant ., II, 94; — 
Duiaurier, Hist . armén . d . crois., I, 57; — Rôhricht, Gesch . d. 
Kônigr. Jérusalem , 32; — Tomasehek, Zur hist . Topogr . Kleina- 
siens, 88 ; — Seignobos, Les croisades (dans Lavisse et Rambaud, 
Hist. gén., II, 312); — Chalandon, Essai sur le régne d'Alexis, 
227. — Albert d'Aix nous apprend que le comte Raimond, après 
avoir quitté le camp des croisés dans la nuit du 5 au 6 août (voy. 
ci-dessus, n° 589), s’enfuit tout d'une traite jusqu'à Pulveral, c'est- 
à-dire Bafira (voy. n° 589), mais sans dire s'il y arriva dès le len- 
demain, ou, ce qui est plus vraisemblable, un peu plus tard. De 
Bafira, il gagna Sinope sur la mer Noire. La distance d’Amasia à 
Bafira est de 100 kilomètres et celle de Bafira à Sinope de 80 kilo- 
mètres. On peut admettre que Raimond marcha très rapidement et 
qu'il dut parvenir à Sinope dans les huit jours qui suivirent son 


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départ d’Amasia, donc vers le 12 août. 11 ne resta qu’un jour à 
Sinope, d’où il s’embarqua pour Constantinople. Michaud et Pou- 
joulat estiment que Raimond put aller d’Amasia à Sinope en 
quatre ou cinq jours. Sur l’époque de son arrivée à Constantinople, 
voy. ci-dessous, n° 599. 

1101, milieu d’août. — Ekkehard d’Aura débarque à Joppe, venant 
de Constantinople, où il s’était embarqué six semaines aupa- 
ravant, avec d’autres pèlerins. (594) 

Source : Ekkehardi Hierosolymita , XXIV, 5 (HE, 238; Hist. 
occid . d. croisades } V, 30 F) : « Nos quoque eadem animi muta- 
tions diu multumque vexati, tandem inter eos qui se salo credere 
praesumpserant, divina miserias nostras gubernante clementia, 
Joppe portum post vi hebdomadas attigimus. Benedictus per omnia 
Iesus Christus. » 

Commentaire : Voy. HE, 239; — Pflüger, Die Chronik Ekke- 
hards von Aura . Einleitung , VI; — Wollf, Kônig . Balduin I v . 
Jérusalem , 12; — Riant, dans Hist . occ . d . crois. , V, 30; — 
Kohler, ibid. t V, Préface m. — Hagenmeyer, Das Verhdltnis der 
Gesta Francor . zu d. Hierosolymita Ekkehards , dans Forschun- 
gen z. deutsch. Gesch ., XV (1875), 39; — HE, 417, 453; — 
Rühricht, Gesch. d. Kônigr. Jérusalem, 32, note 3; — Chalandon, 
Essai sur le règne d'Alexis (1900), p. 229. — Ekkehard ôtait par- 
venu à Constantinople au début de juin 1101 (voy. ci-des9us, 
n° 572) et il en ôtait parti au début de juillet (voy. ci-dessus, 
n° 581). Son arrivée à Joppe eut donc lieu vers le milieu d’août. 

1101, vers le 15 août. — Après trois jours de combats avec des 
détachements turcs, dans lesquels fut tué le comte lombard 
Henri, les croisés, conduits par le comte Guillaume de Nevers, 
arrivent à Iconium, dont ils essaient en vain de s’emparer. 

(595) 

Source : Albert d’Aix, VIII, ch. xxvii-xxix j « Àrripiunt viam 
quae ducit Stanconam, in ea aliquamdiu moram habituri et de 
eventu Longobardorum audituri aliquid. Ad haec, cum nondum 
civitati appropinquassent, Solymannus et Donimanus cum copiis 
et armis Turcorum a recenti caede Longobardorum vix diebus viii 
peractis reversi, et comitis de Navers subsecutione comporta, fes- 
tinato per notas semitas collium et vallium accélérantes, illis 
occurrerunt ac sagittis crudeliter assilientesper triduum exercitum 
ante et rétro positis insidiis bello gravissimo et acerbis plagia fati- 
gabant; sed nondum in his locis obtinuere victoriam, licet plurimae 
copiae peregrinorum incaute et lento gressu prae lassitudine sub- 
séquentes creberrimo assultu ceciderint, et quidam Henricus, 
genere Longobardus, cornes sua in terra magniûcus, inter sooios 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


sagitta transflxus obierit. Nam christiani milites viriliter adhuc 
resistentes Turcis, plurimos perimebant, alios in fugam saepias 
remittebant, et facile quidem remittere poterant, cum nondum illis 
aquae penuria fuisset nec ©quorum virtus defecisset. Sic tandem 
christiani milites in itinere a plurima infestatione defensi, Stanco- 
nam pervenerunt, ubi Turcorum custodiam et vires in praesidio 
reperientes, moenia fortiter assiliunt, et dum hostes ab intas pro 
anima eis resistunt, utrinque plurimi occisi sunt. Nihil autem in 
hac praesidii oppugnatione profecerunt. » 

Commentaire : Voy. n° 586. — L'armée des croisés ayant mis 
environ 20 jours pour franchir la distance de 270 kilomètres qui 
sépare Nicomêdie d’Ancyre, dut employer à peu prés autant de 
temps pour se rendre d’Ancyre à Iconium qui sont distantes de 
235 kilomètres. Leur arrivée à Iconium peut donc être fixée vers 
le 15 août. Les combats qu’ils livrèrent aux Turcs pendant trois 
jours eurent lieu certainement dans la seconde partie de leur 
marche d’Ancyre à Iconium, donc probablement du 10 au 12 août. 
Ces Turcs n’appartenaient pas, semble-t-il, au gros de l’armée qui 
avait été opposée aux Lombards (cf. ci-dessus, n° 589) ; c’étaient, 
comme le pense Kugler, de petites bandes levées chez les Seldjou- 
kides dTconium. 

1101, août 25— septembre 6. — Le roi Baudouin I reçoit, à Joppe, la 
nouvelle de l’approche d’une armée égyptienne. Il rassemble 
alors dans cette ville tous les hommes dispersés dans les villes 
et châteaux du royaume . (596) 

Sources : Foucher de Chartres ( Hist . occ. d. crois., III, 391 B) : 
« Sed cum postea, auribus ad eos semper intentis, per LXX dies 
quieti sustinuissemus, intimatum est régi adversarios nostros 
animositate iterata commoveri, etiam nos appetere parari. Hoc 
autem audito, fecit rex gentem suam prompte congregari, de 
lherosolyma videlicet et Tyberiade, Caesarea quoque et Caypha. 
Et quia nécessitas nos urgebat, pro eo quod militum eramus 
egentes, monente rege, quicumque potuit de armigero suo mil item 
fecit. Itàque milites nostri omnes CCLX tantum modo fuerunt, 
pedites vero DCCCC. Qui autem contra nos XI milia militum et 
XXI milia peditum simul erant. » — Bartolf de Nangis ( ibid III, 
527 F). « Rex autem Balduinus, ut audivit quia congregatus est 
exercitus gentilium, relictis in Caesarea paucis admodum custo- 
dibus, cum exercitulo suo properavit eis obviam ire. Et venions 
Ramulam, misit pro eis qui in Iherusalem erant et in loppen et in 
omnibus finibus eorum ; et confiavit exercitum suum de universis 
quos habere potuit; et fuerunt ei CCLX milites, pedites vero 
DCCCC. Hostes quidem, sicut ab eisdem captis postea scitum est, 
XV centena milia equitum et XX milia peditum numeraverant ». 
Lisiard de Tours (ibid., III, 559 F) : « Expugnata urbe Caesarea..., 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


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rex et exercitus Christianoram Ramulam civitatem Lidae 
proximam adiré festinaverunt. . . Ismaelitae suam sibi callidi- 
tatem nil valere. . . alii alibi sunt dispersi. Quod rex et sui 

cognoscentes, laeti et alacres Ioppen redeunt ; verum post 

duos menses, cum iotimatum fuisset régi adversarios suos... 
Ascalone esse congregatos, congregat et ipse apud Ioppen quan- 
tum praevalet exercitum, CCLX milites et pedites DCCCC, cum 
bis contra XI milia militum et XX peditum milia pugnaturus ». — 
Hist. Nicena vel Antiochena ( ibid ., V, 178 B). — Anonyme 
rhénan, Hist. Godefridi (ibid., 505 E) : « Deinde transactis VII 
mensibus, anno Domini MCII°, ab urbe Iherusalem capta anno 
tertio rex Babyionis congregavit exercitum magnum.... ». — Li 
estoire de Jérusalem et d'Antioche (ibid.,§\ 1 A). — Raim. d’Agui- 
lers (Hist. occid. d. croisades , III, 307 F) : « Qualiter autem id 
actum sit, praesentium tune et veracium relatione didicimus. Asca- 
lonitae, inquiunt et Babilonici adversarii, multitudine et diversitate 
nimia confidentes ante XV praefatae solemnitatis [scil. Nativitatis 
B. M.] dies, publico denuntiato bello, Iherosolymitanum regem et 
Christianos omnes expugnare, et Ioppe ciyitatem, communem 
nostrorum portum peregrinorum sanctaeque urbis filiam et 
adiutricem, obsidere minabantur. Convocato itaque rex omni 
Iherosolymitano populo cum peregrinis, in commune Dominum 
deprecari et ad bellum viriliter istud omnes praeparare horta- 

batur Missis ergo ubique regiis nuntiis, convocatisque paucis 

Cbristianis qui per diversa loca erant, quoniam et maxima pars 
nostri exercitus ad propria redierat et Pictavensis cornes et alii pro- 
ceres needum advenerant, statuit rex cum tam parva manu innu- 
merabiles hostium phalanges circa quoddam fiumen praestolari. 
Gaudemarus.... » (voy. la suite n° 615). — Ekkehard, Hierosoly- 
mita, ch. xxviii (ibid., 33 C; HE, p. 258) : « Rursum circa Kal. 
Septembres, quo scilicet tempore christianorum, quos ante mémo- 
ravimus, adventantium fama Babyloniae régna terruerat, inito 
consilio, praeoccupare nostram, hoc est universorum qui tune in 
Judaea vel in cunctis finibus illis reperirentur, interneciem dispo- 
nebant, missisque epistolis Damasco, Tripoli, Gibel, ceterisque bar- 
baris civitatibus, adversus nomen christianitatis se invicem quali- 
cumque pacto confortabant. Egressus itaque xl milium exercitus 
de Babylone primum ad obtinendam Ioppen tendens, non longe 
ab Ascalone, sumtis nimirum inde sociis consedit. Baldewinus 
vero, rem non ignorans, suos undique, hoc est ab Hierusalem, 
Nicopoli, monte Thabor, Ebron, Caesarea et Assur, in Ioppen, 
ubi tune non parva manebat peregrinorum turba, convocavit. » 

— Albert d'Aix, 1. VII, ch. lxiii : « Interea crudelis legatio a 

Babylonia descendit, scilicet quod Meravis, qui est secundus in 
regno cum tota virtute et apparatu regis Babyloniae properaret, 
bellum in brevi cum eo habiturus. Rex autem Baldewinus tam 
crudelia nuntia intelligens, non secure non facile auribus inmisit, 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


sed a Jérusalem in septembri mense, in solenni riati vitale matris 
ae Virginia Mariae, anno primo regni, descendons, urbem Ioppen 
cum omni virtnte peditnm et eqnitnm introivit, eiosqne moenia 
piorima snarum manions flducia, cum trecentis tantum equitibus 
et mille peditibas in occursam inimicoram festinavit, ut cognos- 
ceret si vera belli legatio aibi innotuisset. » — Guill. de Tyr, 
X, xvii ( Hist . occ. d. crois., I, 425) : « Tandem mense ter- 
tio.... ubi domino régi nuntiatum est, collectis regni modicis 

copiis exercitum circa Liddam et Ramulam colligit quantum 

poteat ». 

Commentaire : Voy., n 01 604, 605; — Wilken, II, 108; — 
Michaud, III, 21; - Sybel, Gesch. d. I. Kre u*sr., 98 (101); — 
HE, 258, 260; — Wollf, Balduin I von Jérusalem , 10; — 
Heermann, Gefechtsfûhrung abendl. Heere im Orient , 59 ; — 
Hampe!, Untersuckungen überd. lat. Patriarchat in Jérusalem , 
43; — Rôhricht, Gesch . d. Konigr. Jérusalem , 24. — D'après 
Foucher, le roi Baudouin avait passe 70 jours dans l'inaction à 
Joppe, lorsque lui parvint la nouvelle de l’approche de l’armôe 
égyptienne, qui l’obligea à convoquer dans cette place ceux de 
ses hommes qui tenaient garnison dans les autres villes et châteaux. 
Ces 70jour8, d’après un renseignement fourni par Ekkehard, 
doivent se placer aux environs du l‘ r septembre 1101 (« circa 
kalendas Septembris »). Quant à ce que nous trouvons dans le 
Fragment joint à VHistoria Eierosolymitana de Raimond d’Agui- 
lers, à savoir que Baudouin aurait reçu la nouvelle de l’approche 
de l’armée égyptienne dès le 25 août (15 jours avant le jour de la 
naissance de la Vierge), cela n’est certainement pas erroné. Comme 
la rencontre des croisés et des Égyptiens eut lieu le 7 septembre, 
si l’on admettait que le dernier des 70 jours fût le 6 septembre et 
non le 25 août, il faudrait supposer aussi que la mobilisation de 
l'armée royale et de toutes les garnisons placées dans les villes 
et châteaux n’exigea pas plus d’un jour, ce qui est matériellement 
impossible. Cette mobilisation ne put se faire en moins de 12 à 
13 jours; de telle sorte qu’entre le moment où Baudouin quitta 
Césarôe et le jour de la bataille de Rama (7 septembre), il faut 
compter au moins 13 + 70 + 24 jours. Si donc l’on prend le 
25 août comme terme final des 70 jours, il en résulte que Bau- 
douin partit de Rama le 17 juin (cf. ci-dessus, n° 577). Son départ 
de Césarée, ayant eu lieu 24 jours auparavant, doit donc être fixé 
au 24 mai (cf. ci-dessus, n° 570). Par conséquent la prise de 
Césarée par les croisés ne peut se placer au vendredi 31 mai ; il 
faut la placer au vendredi 17 mai, sans cela il ne nous resterait 
aucun laps de temps pour le séjour de Baudouin à Césarée, lequel 
dut certainement être de quelque durée (voy. ci-dessus, n #i 567, 
568). Je me suis trompé dans mon édition du Hierosolymita 
d’ Ekkehard, en assignant le 6 septembre comme terme final des 
70 jours d’inaction, d’où je concluais que Baudouin était parti de 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 463 

Rama pour Joppe le 28 juin (= 24 jours auparavant), et que la 
prise de Césarée était du 31 mai. 

1101, vers le 26 août. — Les Poitevins et les Allemands, sous la 
conduite de Guillaume de Nevers et de Welf de Bavière, pillent 
Salamia (Ismil) . (597) 

Source : Albert d'Aix, VIII, ch. xxxviii (voy. ci-dessus, n° 592). 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 592. — La distance de Phi- 
lomelium à Salamia est de 180 kilom., celle de Salamia à Eregli 
de 90 kilom. Les croisés, ayant quitté Philomelium vers le 10 août 
(voy. ci-dessus, n° 592) et ôtant arrivés vers le 5 septembre à 
Eregli (voy. ci-dessous, n° 603), ont dû atteindre Salamia dans les 
environs du 26 août. 

1101, vers le 29 août. — Les bandes de Guillaume de Nevers sont 
anéanties dans la région d’Eregü. Sept cents hommes seule- 
ment survivent à cette déroute. (598) 

Source : Albert d'Aix, VIII, ch. xxix-xxxi : « Nihil autem in hac 
praesidii [Stanconae] oppugnatione proflcientes, castra hinc amo- 
ventes ad civitatem Reclei applicuerunt, ubi triduo siti adeo into- 
lerabili oppressas elanguit exercitus, ut supra CCC extincti gra- 
vissima morte illic periciitarentur, ceteri vero vivantes viribus 
exhausti et necessariorum defectione inflrmati parum ad resisten- 

dum valerent Turci autem post paululum temporis compe- 

rientes exercitum iam sitis gravi passione defectum et parum posse 
resistere, extemplo eos insecuti, sagittis adgressi sunt per diem 
integram proelium grave hinc et hinc committentes et utrinque 
in gladio, areu et lancea corruentes,totam latissimam vallem san- 
guine suo repleverunt ac densis corporibus occisorum virorum ac 
mulierum terra regionis huius occupata est... Turcorum ferocitas 
exaltata coepit invalescere, et Christianos victos atrociter in ftigam 

cogéré Acta sunt crudelissima haec bella et saevissimae 

strages Christianorum in mense Auguste. » 

Commentaire : Voy. Haken, Gemælde d. Kreuzz ., II, 117; — 
Wilken, Gesch. d . Kreuzz ., II, 141; — Michaud, Hist. d. croi- 
sades , II, 145; — Idem. Correspondance d'Orient, lettre lxiii 
éd. de Bruxelles, III, 177) ; — Rehm, Gesch. d . Mittelalters, III, 
i, 89; — Kausler, Wôrterburch d. Schlachten , IV, 77; — Spor- 
schil, Gesch . d. Kreuzz 156; — Weil, Gesch. d. Chalifen , III, 
182 et suiv. ; — HE, 244; — Kugier, Albert v . Aachen, 322; — Sei- 
gnobos, Les croisades (dans Lavisse et Rambaud, Hist. gén. y II, 
312) ; — Tomaschek, Zur hist . Topogr. Kl. Asiens f 88 ; — Chalan- 
don, Essai sur le règne d'Alexis , 228; — Rôhricht, Gesch. d. 
Kônigr . Jérusalem , 32; — Guillaume de Nevers était arrivé vers 
le 15 août aux environs d’Iconium, et, après la tentative infruc- 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


tueuse qu’il avait faite pour s’emparer de cette place, il ôtait sans 
doute parti presque aussitôt pour Eregli. D'Iconium à Eregli il y a 
146 kilom., et les croisés, malgré la chaleur torride dont ils eurent 
à souffrir, purent franchir cette distance en 11 jours environ. Us 
parvinrent certainement jusqu’à Eregli même, ainsi que l’a montré 
Kugler et comme l’indique le texte d’Albert d’Aix : « ad civitatem 
Reclei applicuerunt, ubi triduo siti oppressos... » Trois jours 
après leur arrivée eut lieu le combat avec les Turcs, dans lequel 
Guillaume de Nevers subit une complète défaite. Albert d’Aix 
nous apprend que la rencontre eut lieu au mois d’août ; ce dut 
être vers la fin de ce mois puisque, vers le 15, les croisés étaient 
encore à Iconium. 

1101, de fin août à fin septembre. — Les survivants de l'armée 
lombarde battue à Amasia par les Turcs rentrent ô Constan- 
tinople. Avec eux se trouvaient Raimond de Saint-Gilles qui 
s’était embarqué ô Sinope, le comte Étienne de Blois, le duc 
Étienne de Bourgogne, le maréchal Conrad, Anselme, arche- 
vêque de Milan, les évéques de Laon et de Soissons, qui 
s’étaient enfuis eux aussi jusqu’à Sinope mais qui, de là, 
avaient gagné Constantinople par la voie de terre. (599) 

Sources : Albert d’Aix, VIII, ch. xxn : « Igitur exercitus sic 
attritus et profugus equo vel mulo evadere festinans, ad civitatem 
Synoplum, quam milites imperatoris tuebantur, sparsim fügiendo 
pervenit et sic semper fagiens usque ad regiam urbem Constan- 
tinopolim partim reversus est. Stephanus autem dux Burgundiae, 
Stephanus Blesensis, Conradus stabularius imperatoris Roma- 
norum, Episcopus Mediolanensis, Episcopus Lauduni, Episcopus 
de Suessones, Wido Rufus, Hugo Bardolfus et ceteri comprimores 
et universi, qui gravissima Turcorum arma poterant effugere, 
Constantinopolim per montana et invia fugientes regressi sunt. 
Cornes vero Reymundus... navem ascendens [Synopli] per mare 

Constantinopolim advectus est » (voy. ci-dessus, n° 593). — 

Orderic Vital, éd. Le Prévost, IV, 128 : « Tolosanus cornes cum 
suis et Turcopolis Constantinopolim fhgientes redierunt et tristi 
eventu Christianorum relato, magnum imperatori gaudium intu- 
lerunt. » — Anne Comnène, Alexias, XI (Hist. grecs des crois., 
I, II, 73 B) : ’AXXà TotCrca jiev Ta tûv Toupxwv xaxà tûv Nopjxavwv 
àv5paya0i[(xaTa. f O 81 ye SayyéXqç xaî ô TÇttas [xETa tûv xaxaXEt^OévTtuv 
oXiytuv teîiÉtov TT jv {JaatXcoouaav xaTaXa(i6avouai. )) — Matthieu d’Édesse 
(Hist. armén. d. crois., I, 56) : « Saint-Gilles se sauva avec 
300 hommes seulement, et se réfugia dans Antioche ». 

Commentaire : Voy. ci-dessus, n° 593; — Chalandon, Essai 
sur le règne d'Alexis, 227 : « Les survivants de l’expédition ne 
rentrèrent à Byzance qu’à la fin de 1101 ». — Mathieu d’Edesse 


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CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE JÉRUSALEM 


465 


fait erreur en disant que Raimond de Saint-Gilles s’entait à Édesse 
et ne parvint à Constantinople que le printemps suivant. Selon 
toute apparence, Raimond, qui s’ôtait embarqué ft Sinope, arriva à 
Constantinople avant les autres tagitife, deux semaines environ 
après son embarquement. Il put atteindre la ville impériale vers 
la fin d’août. Les autres croisés partis de Sinope par la route de 
terre, eurent à franchir une région montagneuse et difficile; leur 
voyage ne put se taire aussi rapidement, et ils n’arrivèrent sans 
doute à Constantinople que dans le courant de septembre. Ils y 
étaient peut-être tous réunis dès avant la fin de ce mois, car c’est 
lé que mourut, le 30 septembre, Anselme, archevêque de Milan 
(voy. ci-dessous, n° 622). On peut admettre toutefois que d’autres 
tagitifs isolés, ou en petites bandes, arrivèrent encore pendant 
les mois d’octobre et de novembre. 

( A suivre.) 

H. Hagbnmeyer. 


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HISTOIRE D’ÉGYPTE 


*? 


DE 


MAKRIZI 

TRADUCTION FRANÇAISE ACCOMPAGNÉE DE NOTES 
HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES 

(Suite ) 1 . 


Les Francs s'en revinrent à Mardj-'Akka. Les Musulmans subi- 
rent un dommage considérable; les Francs leur firent un grand 
nombre de prisonniers et s’emparèrent d’un butin considérable ; 
il est impossible de décrire les ravages qu’ils firent par le fer et 
par le feu. Ils ne restèrent que peu de temps à Mardj-’Akkâ, et ils 
allèrent ensuite faire une seconde expédition, au cours de laquelle 
ils saccagèrent Saidâ et Shaklf; puis, ils s’en revinrent dans leurs 
états. Tous ces événements se passèrent depuis le milieu du mois 
de Ramadhan jusqu’au jour de la fête de la rupture du jeûne. 

Al-Malik-ad-’Adil s’en vint camper à Mardj-as-Sofar *; il aper- 
Foi. «o v. çut en chemin un homme qui portait quelque chose et qui tantôt 
marchait, tantôt s’asseyait. Il lui dit : « Vieillard, ne te hâte point 
tant et prends garde de te fatiguer ! » L’homme lui répondit : « O 
sultan des Musulmans 1 ne te hâte point tant toi-même; car, 


1. Voy. Rev. de l’Or, latin, t. VI, pp. 435-489; t. VIII, pp. 165-212, 501-553; 
t. IX, pp. 6-163. 

2. Quand al-Malik-al-'Adil vint camper à Mardj-as-Safar, dit Djamàl-ad- 
Din-ibn-Wàsil ( Histoire des Ayyoubites , ms. ar. 1702, folio 183 v°),il envoya son 
fils à Malik-al-Mo'aththam, à Nâbolos, avec un détachement de son armée 
pour couvrir Jérusalem et en tenir les Francs écartés ; il envoya également 
un officier à l’atabek Shihâb-ad Din-Toghril, vice roi d’Alep, avec une robe 
d’honneur pour al-Malik-al-'Aziz, fils d’al-Malik-ath-Th&hir. 

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histoire d’égypte de makrizi 


467 


quand nous te voyons te presser dé te rendre chez toi en nous 
abandonnant aux mains de nos ennemis, comment ne nous hâte- 
rions-nous pas, nous aussi? » 

Pendant le temps qu’al-Malik al-'Adil passa à Mardj-as-Sofar, il 
écrivit aux princes ayyoubites de l’Orient, pour les prier de venir 
le trouver; le premier de ceux qui répondirent à son appel fut 
Asad-ad-Din-Shirkoüh, prince de Homs. Ensuite al-'Adil envoya 
son fils al-Malik-al-Moaththam-'Isa, avec un détachement de l’ar- 
mée à Nabolos, pour empêcher les Francs de s’emparer de Jéru- 
salem. Les Francs vinrent alors assiéger la citadelle de Tour, 
qu’al-Malik-al-’Adil avait fait construire ; ils combattirent avec la 
dernière vigueur la garnison de cette place, et s’emparèrent des 
ouvrages fortifiés qui l’entouraient. Elle allait tomber en leur 
pouvoir, quand Allah voulut qu’un de leurs rois fût tué. Les Francs 
levèrent alors le siège de Tour et se retirèrent à 'Akkft après 
être restés devant cette place durant dix-sepl jours. 

L’année se termina, les Francs se trouvant campés à Mardj- 
'Akka, et al-Malik-al-'Adil à Mardj-as-Sofar. 

Cette même année, mourut le kâdi al-kodât de Damas, 'Aboü- 
T-Kàsim-'Abd-as-Samad-ibn-Mohammad-ibn-Aboü-T-Fadl-ibn-'Ali- 
ibn-'Abd -al-Vahid-al-Ans&ri-al-Khazradji-al-'Abbâdi - al-Sa'adi-al- 
Dimishkl-al-Shafe'i-Djam&l-ad-Dîn-ibn-al-Khorastâni *, le quatrième 
jour du mois de Dhoü’-l-Hidjdjah. Il était né à Damas au commence- 
ment de l’un des deux mois de Rabi' de l’année 520. — Cette année 
mourut également le grand émir Badr-ad-Din-Mohammad-ibn- 
Aboü’-l-Kasïm-ibn-Mohammad-al-Hakkarï ; les Francs le tuèrent 
au siège de Tour. On transporta sa dépouille mortelle à Jérusalem 
et il fut inhumé dans le tombeau qu’il s’y était fait construire. Et 
cette année mourut aussi Shodja'-ad-Dln-Mahmoüd-ibn-ad-Dab- 
b&gh, qui était le bouffon d’al-Malik-al-'Adil. 


Année 615. 

Dix-neuvième et dernière année du règne du sultan Al-Malik 
al-'Adil-Aboü-bakr en Égypte. 


Cette année, les Francs se décidèrent d’un avis unanime à 
quitter 'Akkà, à marcher contre l’Égypte et à faire tous leurs 


1. Ou peut-être al-Khouzistani ; dans le premier cas, ce surnom indique- 
rait que le personnage en question était originaire du Khorasan, dans le 
second du Khouzistan ou Susiane, l'Ahvâz des géographes musulmans. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


efforts pour s’en emparer. Ils mirent à la voile et vinrent mouiller 
devant Damiette, le mardi, quatrième jour du mois de Rabi’ 
premier, date correspondante au deuxième jour du mois de 
Haziràn, devant la rive de Djizah, le Nil coulant entre eux et 
la ville. Il y avait à cet endroit sur le Nil une tour très puissam- 
ment fortifiée et dont il n’y avait point moyen de s’emparer. On y 
avait placé d’énormes chaînes de fer d’une solidité à toute épreuve 
qui étaient tendues sur le Nil, pour empêcher les navires arrivant 
de la haute mer de pénétrer en Égypte. Ces chaînes étaient fixées 
à la seconde tour qui se trouvait en face de la précédente, et ces 
deux tours étaient remplies de combattants; aujourd’hui l’em- 
placement sur lequel elles se dressaient & Damiette se nomme 
Bein-al-Burdjein, « entre les deux tours ». 

Les Francs vinrent camper à l'ouest du Nil ; ils entourèrent 
leur camp d’un fossé et bâtirent un mur tout autour de ce fossé, 
après quoi ils commencèrent l’attaque de la ville de Damiette. Ils 
. «i r*. construisirent des machines, de gros navires pour les porter 
(maremmût) et des tours. Ils s’avancèrent sur leurs vaisseaux 
jusqu’à la Tour de la Chaîne dans l’espoir de s’en emparer et de 
se rendre ainsi maîtres de la ville. Al-Malik-al-Kàmil fit une sor- 
tie avec les troupes qui étaient restées auprès de lui, trois jours 
après avoir reçu des dépêches par pigeons, cinq jours manquant 
du mois de Rabi’ premier. Le sultan donna ordre au gouverneur 
de la Province occidentale (gharbiyya ) de réunir tous les Arabes 
nomades, et il se mit en marche à la tête d’une nombreuse 
armée. La flotte appareilla et vint mouiller au-dessous de 
Damiette; le sultan vint camper dans les environs d’al-'Adiliyya, 
localité proche de Damiette et envoya un corps d’armée pour 
empêcher les Francs de traverser le Nil ; chaque jour, ce prince 
montait à cheval et se rendait plusieurs fois d’ 'Adiliyya à Damiette 
pour diriger la défense et pour jouer toutes sortes de tours aux 
Francs. Ceux-ci continuèrent l’attaque de la Tour de la Chaîne, 
mais ils ne purent réussir à s’en emparer; leurs maremmes 
furent brisées, ainsi que les machines de guerre qu’elles por- 
taient. Les choses restèrent dans cet état durant ces quatre mois. 
Al-Malik-al-'Adil fit venir régiment par régiment l’armée de Syrie 
à Damiette, pour que al-Kàmil eût sous la main le plus grand 
nombre de troupes possible. Sur ces entrefaites, on reçut la nou- 
velle que Kaî-Kâoüs, le sultan seldjoukide du pays de Roüm, 
s’était mis en marche et qu’il se dirigeait vers la Syrie, comme 
il en était convenu avec al-Malik-as-Sâlih, prince d’Amid, et avec 
d’autres princes de Syrie ; on apprit qu’il était arrivé à Manbadj, 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


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qu’il s’était emparé de Tell-Bâshir *, qu’il avait convenu avec al- 
Malik-al-Àfdal-'Ali, fils de Salâh-ad-Din de lui donner toutes les 
villes qu’il conquerrait. Mais le Seldjoukide ne tint pas la parole 
donnée, et il mit dans les places dont il s’élait emparé des 
officiers pour y gouverner en son nom. Cette manière d’agir 
détacha de son parti un grand nombre de personnes. Les Arabes, 
avec un détachement de l’armée, l’attaquèrent; ils lui firent un 
grand nombre de prisonniers et s’emparèrent de beaucoup de 
butin. Le sultan du pays de Roüm s’en retourna alors dans ses 
états sans avoir réussi dans son entreprise. 

Pendant ce temps, al-'Adil était campé à Mardj-as-Sofar et il 
s’occupait activement de se défend re contre les Francs ; c’est là qu’il 
reçut la nouvelle que les Francs s’étaient emparés de la Tour de la 
Chaîne à Damiette. Le sultan soupira profondément et se frappa 
la poitrine d’un air désespéré ; il tomba malade sur le champ 
et rétrograda de Mardj-as-Sofar à ’Alikam *. Sa maladie s’ag- 
grava et il rendit le dernier soupir le jeudi, septième jour du 
mois de Djoumàda second. Ses officiers cachèrent sa mort et 
dirent : « Le médecin a donné au sultan le conseil de se rendre à 
Damas pour s’y soigner ». On le transporta alors dans une litière 
fermée; son eunuque et son médecin montés à cheval, marchaient 
à côté de la litière, et le grand échanson préparait des breuvages 
qu’il portail à l’eunuque pour que le sultan les bût. La foule se 
laissa prendre à ce manège et tout le monde crut que le sultan 
était vivant, jusqu’au moment où on le fit entrer dans la citadelle 
de Damas. C’était dans cette forteresse que se trouvaient les tré- 
sors du prince, ses femmes et toute sa famille. La mort du sultan 
fut annoncée au peuple après que son fils al-Malik-al-Mo'alhlham 


1. Nom d’une puissante forteresse située au nord d’Alep, à deux jours de 
distance de cette ville. 

2. Le sultan al-Malik-al-'Adil était né à Ba'albek en l’an 534 de l’hégire, alors 
que son père était gouverneur de cette ville au nom de Zengl ; on dit aussi 
qu’il naquit en 538, ou même au commencement de 540. 11 fut élevé à la cour 
de Yatàbek Noür-ad-Dïn-Mahmoüd. Son frère Salâh-ad-Dln, qui avait deux ans 
de plus que lui, l’aimait beaucoup. Ibn Khallikan rapporte sur ce prince une 
anecdote assez curieuse : al-'Adil racontait lui-même que lorsqu’il fut sur le 
point de partir pour l’Égypte avec Salâh-ad-Dln, il demanda à son père une 
sacoche dont il avait besoin pour mettre quelque argent. Nadjm-ad-Dinla lui 
remit en lui disant : « Aboü-Bakr, quand tu seras maître de l’Égypte, tu me 
la rendras pleine d’or ! » Quand Nadjm-ad-Dîn vint en Égypte, il demanda sa 
sacoche pleine de dinars à son fils, mais ce dernier qui était d’une avarice 
sordide la remplit de dirhems noirs et mit sur le dessus quelques pièces d’or ; 
Nadjm-ad-Dïn ne fut pas dupe du stratagème ; il renversa la sacoche à terre 
et quand l’on vit rouler les pièces d’argent, il dit à son fils : « Eh bien I Aboü- 
Bakr, tu as déjà appris les ruses des Égyptiens ! » Il paraît que ce prince 
aimait beaucoup à faire la cuisine lui-même. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


eut pris possession des richesses qui se trouvaient dans la cita- 
Foi. si t*. delle, ainsi que des objets mobiliers. Al-Malik-al-'Adil fut inhumé 
dans la citadelle. 

Les habitants de Damas se livrèrent à tous les désordres, et 
cela dura jusqu'au moment où al-Malik-al-Mo'aththam monta à 
cheval ; le tumulte s'apaisa et on cria dans la ville : « Implorez la 
miséricorde d’Allah pour notre seigneur le sultan al-Malik-al-'Adil 
et priez pour votre sultan al-Malik-al-Mo'aththam ; qu’AUah lui 
accorde un long règne ! » Les gens pleurèrent abondamment et 
ils ressentirent une vive douleur de la mort d’al-'Adil. 

Al-Malik-al'Adil était né au mois de Moharramde l'année 540 ou, 
suivant d’autres personnes, de l’an 538,. à Damas. Il avait étudié 
les traditions musulmanes avec al-Salafi etlbn-'Aoüf. Il avait com- 
battu avec le plus grand courage à Damiette, en l’an 565, sous le 
règne du khalife al-'Adid, ainsi que dans la ville d"Akkâ. Il 
régna sur Damas en l’an 592 et en fut souverain durant 23 ans; il 
devint ensuite sultan en Égypte en l’an 596. La durée de son règne 
dans ce pays fut de 19 années, un mois et 19 jours. Le nombre de 
ses enfants fut de 19 garçons, sans compter les filles. C’étaient : 

Al-Malik-al-Avhad-Nadjm-ad-Dln-Ayyoûb, prince de Khil&t, 
homme extrêmement petit, mais très attentif aux affaires de 
l’état et très courageux. Il aimait à répandre le sang et mourut 
pendant le règne de son père. 

Al-Malik-al-Fâîz-Ibrahim et al-Malik-al-Moughith-'Omar, qui 
moururent également tous les deux avant leur père. 'Omar laissa 
un fils nommé al-Malik-al-Moughith-Shihab-ad-Din-Mahmoûd, qui 
fut élevé par son oncle al-Malik-al-Mo'aththam-'Isa. 

Al-Malik-al-Djarrâd-Shams-ad-Dîn-Maudoûd, qui mourut égale- 
ment sous le règne de son père, laissant un fils nommé Mothaffar- 
ad-Dln-Yoûnis, qui resta auprès de son oncle al-Malik-al-'Adil, en 
Égypte. Il devint ensuite prince de Damas et d’autres villes. C’était 
un homme généreux et brave. 

Al-Malik- al-Kâmil-Nàsir-ad-Dîn-Mohammad, qui fat sultan 
d’Egypte. 

Al-Malik al-Mo'aththam - Sharaf- ad-Dln - Abou-’l-Ghanaîm-'lsâ, 
prince de Damas ; ces deux derniers princes étaient frères utérins. 

Al-Malik- al-' Azîz-'lmad- ad -Dïn-'Othman, prince de Banias. 
C'était un prince courageux et actif. 

Al-Malik-al-Amdjad-Madjd-ad-Din-Hasan ; il mourut à Jéru- 
salem sous le règne de son père, et il fut inhumé dans son 
médréaéh qu’il avait fait construire dans cette ville ; dans la suite 
son corps fut transporté à Karak. 

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histoire d’égypte de makrizi 


471 


Al-Malik-al-Ashraf-Mothaffar-ad-Din-Moüsâ, prince des pro- 
vinces orientales et de Khilât, après son frère al-Malik-al- 
Avhad. 

Al-Malik-al-Mothaffar-Shihàb-ad-Din-Ghâzi, prince de Miyyafâr- 
kin, et ses deux frères utérins, al-Malik-al-Mo'izz-Modjir-ad-Dïn- 
Ya'koub et al-Malik-al-Kâhir-Bahà-ad-Din-Tâdj-al-Moloük-Ishak. 

Al-Malik-as-Salih-'Imad-ad-Din-Ismà'il, prince de Bosra; il devint 
par la suite souverain de Damas. 

Al-Malik-al-Mothaffar-al-Fadl-Kotb-ad-Din-Ahmad, qui mourut 
en Égypte, sous le règne de son frère al-Malik-al-Eamil, dans le 
Fayyoûm ; on transporta son corps dans un cercueil au Kaire au 
milieu du mois de Radjab de l’an 618. 

Al-Malik-al-Amdjad-Taki-ad-Din-'Abbas, leur cadet, qui naquit f«i. »î *. 
en l’an 603 et qui mourut après eux à Damas, en l’an 669, sous le 
règne d’al-Malik-ath-Thâhir-Baibars. 

Al-Malik-al-Hafith-Noür-ad-Dîn-ArsIân, prince de la citadelle de 
Dja'bar. 

Al-Malik-al-Kahir-Bahâ-ad-Dîn-Khidr. 

Al-Malik-al-Moughîth-Shihab-ad-Dïn-Mahmoûd. 

Al-Malik-an-Nasir-Salah-ad-Dïn-Khalïl. 

Il eut pour vizir durant son règne, un court espace de temps, 
Aboü-Sa'îd-ibn-Abi-’l-Yaman’ibn-al-Khal ; ce personnage était un 
chrétien qui abjura le Christianisme entre les mains d’al-'Adil, 
après que ce prince fut revenu en Égypte avec al-Afdal-'Ali-ibn- 
Salah-ad-Dïn, en l’an 582. Après la mort d’Abou-Sa'id, le sultan 
prit pour vizir le sahib Safi ad-Dîn-'Abd-Allah-ibn-Shakir-al- 
Demiri. Ce dernier sut dominer l’esprit du sultan et il acquit un 
grand pouvoir sur lui, traitant durement les plus grands person- 
nages et les grands fonctionnaires ( kouttàb ), de l’état, allant 
jusqu’à s'emparer de leurs fortunes. Le Icadi al-Ashraf, fils du 
kâdi al-Fadil, s’enfuit du Kaire pour se soustraire à sa colère et se 
rendit à Bagdad, où il demanda au khalife al-Nasir d’intercéder en 
sa faveur. Le khalife écrivit à al-’Adil une lettre dans ce sens. 
’AIam-ad-Dm-ibn-Abi-’l-Hadjadj, titulaire du ministère (Sâhib-dïvân) 
de la guerre, et al-As'ad-ibn-Mammali, titulaire du ministère des 
finances, s’enfuirent pour la môme raison à Alep. Al-Malik-ath- 
Thahir, qui régnait alors dans cette ville, les traita avec les plus 
grands honneurs, et ils restèrent tous les deux auprès de ce prince 
jusqu'à leur mort. Le vizir Safi-ad-Din tyrannisa aussi les Banôu- 
Hamdàn, les Banou Habbàb, les Banoü-al-Halïs, les principaux 
employés de la chancellerie, les mosiaufis; al-Malik-al-’Adil ne s’y 
opposait pas, et ne l’empôchait en rien d’agir ainsi. Un jour, en 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


l’an 607, le vizir alla jusqu’à s’emporter avec violence contre le 
sultan et jura qu'il ne resterait pas plus longtemps à son service. 
Al-Malik-al-'Adil le chassa alors d’Égypte en lui laissant emporter 
tous ses biens et emmener ses femmes ; le tout formait la charge 
de trente chameaux. Ses ennemis conseillèrent à al-'Adil de con- 
fisquer ses biens ; mais celui-ci ne voulut point y consentir. Le 
vizir se rendit à Amid, et demeura auprès d'al-Malik-as-Sàlih-ibn- 
Ortok. 

Al-Malik-al-'Adil prit alors comme vizir le kàfi al-A’azz-Fakhr- 
ad-Din-ibn-Mikdam-ibn-Shakr ; mais, en l’an 612, il le punit sévè- 
rement, le fit frapper de coups et enchaîner ; puis il le bannit 
d’Égypte. Il ne donna ensuite sa place à personne. 

Il est à remarquer qu’al-Malik-al-Afdal-’Ali, fils de Sal&h-ad-Din- 
Yoûsoüf, ne posséda aucun royaume, que son oncle al- Adil ne le lui 
ait enlevé. La première fois, les choses se passèrent ainsi : son père 
[Salah-ad-Dïn] lui avait donné à titre de fief les villes de Harrân, 
d’ar-Rohâ et de Miyyaf&rkïu, en l’an 586 ; le prince s’était mis en 
marche pour s’y rendre, et il était arrivé à Alep, quand son père 
lui donna l’ordre de revenir et envoya al-Malik-al-'Adil prendre 
possession de ces villes. Après la mort de son père, al-Afdal régna 
sur Damas; mais al-'Adil la lui enleva également. Après ces évé- 
nements, il régna sur l’Égypte, et al-'Adil vint encore une fois lui 
en enlever la souveraineté. Il alla ensuite régner à Sarkhad, et 
de nouveau al-'Adil lui prit cette ville ; il lui donna en échange 
la citadelle de Nadjm et la ville de Saroudj; puis il lui fit rendre 
ces deux places. 

Quand ses états se furent ainsi étendus, al-'Adil les divisa entre 
Foi. 6ït*. ses enfants, de telle sorte que lui et ses fils régnaient depuis 

Khilât jusqu’au Yémen *. Il laissa une fortune immense dont 

une partie était dans le trésor dont s’empara son fils, al-Malik-al- 
Mo'aththam. Ce trésor contenait 700,000 dinars égyptiens; il y 
avait en plus à Karak des sommes d’argent sur lesquelles al- 
Mo'aththam mit également la main. 

Al-Malik-al-Mo'izz s’établit dans le camp en face de Damiette et 
cacha avec soin la mort de son père, de peur des Francs. 


1. Il y a ici quelques lignes que je passe, car on n’y trouve guère que les 
louanges ordinaires appliquées à tous les princes musulmans. 


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histoire d’égypte de makrizi 


473 


V 

Règne du sultan al-Malik-al-Kamil-Nasir-ad-Dîn-Abou-’l-Ma'ali- 

Mohammad, fils d’al-Malik-al-'Adil-Abou-Bakr-ibn-Ayyoub *. 

Ce fut le sixième des souverains d’Égypte. Il prit les rênes du 
pouvoir après la mort d’al-'Adil, comme ce prince l’avait décrété 
durant sa vie, au mois de Djoumâda second de l’année 615. Foi.«3r*. 
Quand il apprit la mort de son père, al-Kàmil se trouvait alors au 
camp d’ 'Adiliyya occupé à combattre les Francs, qui s’étaient 
emparés de la rive occidentale de l’Égypte. Il avait déjà dépensé, 
pour la tour et la digue, plus de 70,000 dinars. Al-Malik-al-Kâmil 
avait fait établir, pour remplacer les chaînes qui barraient le Nil, 
une grande digue, de façon à empêcher les Francs de le tra- 
verser, mais les Francs l’attaquèrent avec la dernière violence 
et parvinrent à couper la digue. Al-Malik-al-Kâmil ordonna alors 
de couler à fond plusieurs navires dans le Nil pour empêcher les 
Francs de naviguer sur le fleuve. Les Francs changèrent de 
route et ils se dirigèrent vers le canal qui est connu sous le nom 
d’al-Azrak, et dans lequel le Nil avait coulé autrefois. Ils le creu- 
sèrent très profondément et y firent couler l’eau jusqu’à la Médi- 
terranée; leurs vaisseaux remontèrent ce canal jusqu’aux envi- 
rons de Boüra ! , localité qui se trouve dans le canton de Bohaïra 
et de Damiette, en face du camp d’al-Malik-al-Kàmil, afin de l’atta- 
quer en cet endroit. Quand les Francs furent installés à Boüra, 
ils attaquèrent al-Kâmil par le fleuve et ils renouvelèrent à plu- 
sieurs reprises leur tentative, mais sans pouvoir remporter aucun 


1. Dhahab! nous apprend que ce prince portait les deux noms d’Aboü’-l- 
Ma'âlt et d’Aboü’l-Mothaffar (Aboü’l-Mahâsin, Histoire d’Êgypte , ms. ar. 1779, 
folio 62 recto), et il dit qu’il naquit en 576. Cette assertion contredit celle 
d’Aboü-’l-Mothaffar-al-Djoüzî qui d’après Dhahab! donne la date de 573; de 
semblables divergences se produisent souvent et elles n’ont rien d’extraordi- 
naire, quand on pense que les Musulmans n’avaient point d’état civil. Aboü-’l- 
Mahâsin se montre plutôt disposé à accepter la seconde de ces dates parce que, 
dit-il, Ibn-Djoüzî fut le commensal d’al-Malik-al-Mo'aththam-*Isâ, frère d’al- 
Malik-al-Kàmil. 

2. Yakoût rapporte, dans le Mo r djam-al-bouldàn (tome I, p. 755), que c’est 
une ville située sur le rivage de la mer, près de Damiette, où l’on faisait des 
turbans, qui étaient connus sous le nom de turbans de Boüra (al-bouriyya); 
on y pêchait un poisson nommé boürï. Aboü-’l-Fidâ parle également de ce 
poisson, avec lequel on faisait de la boutargue en Europe ; mais il affirme qu’il se 
trouve dans le lac de Koûâr dont l’eau est douce. Ce lac se trouve beaucoup 
plus bas dans la zone torride de l’Afrique, dans le second climat, bien à l’est 
du pays de Ghana. Idrisi (trad. Jaubert, tome I or , page 321) dit que Boüra est 
à 15 milles de de Fariskoür. 

Rbv. dk l’Oh. latin. T. IX. 31 

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474 


RBVUB DE L’ORIENT LATIN 


avantage sur ce princo. Cette attaque des Francs ne causa aucun 
dommage à la population de Damiette, parce qu'elle ne l'empêchait 
point de recevoir des renforts et des approvisionnements; en effet 
le Nil coulait entre cette ville et les Francs. Les portes de la ville 
restaient ouvertes et il n’y avait aucune gêne ni aucune incom- 
modité pour les habitants de cette ville. 

Quand la nouvelle de la mort du sultan al-Malik-al-'Adil arriva è 
l'armée, une sédition éclata contre al-Malik-al-Kamil. Les Arabes se 
mirent en insurrection sur les frontières de l’Égypte et causèrent 
beaucoup de désordres. Sur ces entrefaites, l’émir 'Imad-ad-Din- 
Ahmad, fils de l’émir Saîf-ad-Dîn-Abou-’l-Khaïr-'Alx-ibn-Ahmad-al- 
Hakkarl, connu sous le nom d’Ibn-al-Mashtoûb, s’insurgea égale- 
ment. C'était un des plus célèbres émirs; il commandait un impor- 
tant corps de kurdes Hakkariens, qui reconnaissaient son autorité 
et lui obéissaient passivement. Avec tout cela, il jouissait d’une 
grande considération auprès des princes ayyoubites, qui le trai- 
taient comme leur égal. C’était un homme connu par ses vastes 
projets, par son extrême bonté, sa générosité et son courage à 
toute épreuve ; les princes le craignaient beaucoup, et plusieurs 
de ses révoltes étaient restées célèbres. Le père d’Ibn-al-Mashtoüb 
possédait au moment de sa mort la ville de Nabolos en fief ; le 
sultan $alah-ad-D"m-Yoûsouf-ibn-Ayyoûb assigna un tiers des 
revenus de celte ville pour l’administration des affaires de Jéru- 
salem, et il donna le reste en fief à son fils 'Imâd-ad-Dîn. Durant 
tout le règne de Salàh-ad-Dïn, cet émir ne cessa pas de jouir d’une 
haute considération. 

Il s’entendit alors avec plusieurs émirs Kurdes et les troupes 
pour renverser al-Malik-al-Kamil et pour mettre -à sa place sur le 
trône al-Fâîz-Ibrâhim, de façon à être les véritables maîtres de 
l’empire. L'émir 'Izz-ad-Din-al-Hamïdï, l’émir Asad-ad-Dîn-al- 
Hakkari, l’émir Moudjahid-ad-Din et plusieurs autres émirs 
embrassèrent son parti. Quand al-Malik-al-Kamil apprit leur des- 
sein, il pénétra chez eux; ils se trouvaient alors tous réunis, 
Foi. 63 v. ayant devant eux un Koran sur lequel ils avaient prêté serment 
à son frère al-Fâïz. Dès qu’ils aperçurent al-Kamil, ils prirent la 
fuite et se dispersèrent ; mais celui-ci craignit quelque attentat de 
leur part et sortit. 

Sur ces entrefaites, arriva Safï-ad-Dïn-ibn-Shakir qui venait 
d’Amid. Al-Kamil l’avait prié de revenir après la mort de son 
père, al-'Adil; il se rendit au-devant de lui, lui témoigna beaucoup 
de considération, et il convint avec lui de ce qu’il était urgent de 
faire contre les émirs qui l’avaient trahi. 

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histoire d’égypte de makrizi 


475 


Le sâhib l’encouragea el l’assura qu’il saurait trouver de l'argent 
et mettre ordre aux affaires. Comme la nuit était venue, al-Kamil 
se rendit avec une faible escorte du camp d”Adiliyya à Ashmoûm- 
Tannàh *, où il campa. Au matin, l'armée s’aperçut que le sultan 
était parti. Chacun s’en alla alors suivant son bon plaisir, sans 
s’occuper de ses compagnons : les soldats abandonnèrent leurs 
bagages, leurs tentes, leurs biens, leurs armes et n’emportèrent 
que ce qu’ils pouvaient facilement transporter. Les Francs s’em- 
pressèrent alors de traverser le Nil et de pénétrer sur le 
territoire de Damiette, étant sûrs de ne rencontrer ni obstacle 
ni résistance; ils s'emparèrent de tout ce qui se trouvait dans 
le camp des Musulmans : il y avait là un nombre incalculable de 
choses. Cet événement arriva le vingt et un du mois de Dhou’l- 
Ka'ada. Les Francs étaient venus camper devant Damiette le 
mardi deuxième jour du mois de Rabi' premier, de l’an 615, et ils 
s’établirent sur la rive orientale, où se trouvait la ville de 
Damiette, le mardi, sixième jour du mois de Dhou’l-Ka'ada de 
l’année 616. 

C’est ainsi que les Francs arrivèrent à Damiette pendant qu’al- 
Malik-al-K&mil pensait un instant à abandonner l'Égypte. Mais ce 
prince ne tarda pas à reprendre courage ; l’armée revint auprès 
de lui et, deux jours après, arriva son frère al-Malik-al-Mo'ath- 
tham-'Isû, prince de Damas. Al-Kamil se trouvait encore dans son 
campement d’Asmoam, le douzième jour du moisde Dhoü’l-Ka'ada. 
Al-Mo'aththam fit reprendre courage à son frère, qui lui apprit la 
conduite d’Ibn-al-Mashtoüb. Al-Mo'aththam lui promit qu’il saurait 
bien le débarrasser de ce personnage ; il se rendit immédiatement à 
cheval à la tente d’Ibn-al-Mashtoüb, et il lui intima l’ordre de venir 
se promener avec lui. L’émir lui demanda d’attendre qu’il se fût 
habillé ; mais le prince n’y voulut point consentir et ne lui donna 
pas de répit. Ibn-al-Mashtoüb monta à cheval avec al-Mo'aththam- 


1. Deux localités situées en Égypte portent le nom d’Ashmoüm : Ashmoüm 
Tannâh qui est proche de Damie tte et qui n’est autre que la ville de Dakahliyya 
dont il a été parlé plus haut; l’autre, Ashmoûm-al-Djourlsât, se trouve dans le 
canton de Manouflyya (Yâkoüt, Mo'djam-al-bouldân , tome I« r , p. 282). Cette 
dernière localité est nommée Ashmoüm Djarish par Idrisi (trad. Jaubert, 
tome 1 er , page 323) et ce géographe nous apprend qu’elle est distante de 
15 milles de Shantoüf. Il y a en Égypte une ville dont le nom est peu diffé- 
rent, celle d’Ashmoün ou d’Ashmoünaîn,auduel, comme prononçaient les Égyp- 
tiens ; c’était, au dire de Yâkoüt {ibid., page 383), une ville fort ancienne où l’on 
voyait des ruines, située dans le Sa'Id inférieur, à l’ouest du Nil. 11 ne faut pas 
la confondre, comme l’on voit, avec Ashmoüm. Les Musulmans prétendent 
qu’elle avait reçu son nom de Ashmoün, fils de Misr, fils de Bisar, fils de Cham, 
fils de Noé. 

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Fol. 64 r # . 


476 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

'Isa, sans se douter du but de cette excursion, et il marcha à côté 
de lui jusqu’à ce qu’ils fussent sortis du camp et s’en trou- 
vassent assez éloignés. Al-Mo'aththam se tourna alors vers l'émir, 
et lui dit : « Eh bien 1 'Imad-ad-Din, ces pays que voici sont à toi, 
il faut que tu nous les donnes! » Il lui remit une somme d’argent et 
il le confia à la garde de quelques-uns de ses soldats dans lesquels 
il avait toute confiance et qu’il avait préparés à cette aventure. 11 
leur ordonna de surveiller attentivement l’émir jusqu’à ce qu’il fût 
sorti du Raml, et de ne pas le perdre de vue un seul instant jus- 
qu’à son arrivée en Syrie. Ibn-al-Masthoùb ne put résister, ni 
revenir en. arrière, car il était absolument seul au milieu des 
gens d'al-Mo'aththam, qui l’accompagnèrent jusqu’en Syrie dans 
cet état. lbn-al-Mashloüb arriva à Hainah auprès d’al-Malik-al- 
Mansour, ayant avec lui quatre serviteurs *. 

Quand al-Mashtoub fut parti, al-Mo'aththam retourna auprès de 
son frère al-Kâmil, et il ordonna à son frère al-Fâîz de se rendre 
auprès des princes ayyoubites de Syrie et des provinces orientales, 
en qualité d’ambassadeur d’al-Malik-al-Kâmil et de leur ordonner 
d’envoyer les troupes de l’Islam pour délivrer Damiette et l’Égypte 
du joug des Francs, Al-Kâmil écrivit une lettre à al-Ashraf, le 
Shàh-i-Armin pour le prier de venir le plus vite qu’il pourrait 
auprès de lui. Al-Malik-al-Fâîz se mit en route; le dessin d’al- 
Malik-al-Kâmil et d’al-Mo'aththam était de l’éloigner de l’Egypte. 
11 se rendit à Damas, puis revint de là à llamâh, et, de cette ville, il 
se rendit en Orient. Quand l’autorité d’al-Kâmil fut bien reconnue 
et qu’il put gouverner son royaume à sa guise, al-Malik-al-Mo'ath- 
tham le quitta. 

Les Francs entouraient Damiette du côté de la terre et du côté 
de la mer, et en faisaient le blocus. Ils réduisirent la population 
de la ville à la dernière extrémité, en empêchant les vivres d’ar- 
river jusqü’à elle. Ils creusèrent tout autour de leur camp qui 


1. Cette année fut signalée par un grand nombre d’événements mémorables : 

Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil raconte dans le MofarradJ (ms. ar. 1702, folio 184 
r°)que 'lmâd-ad-Dîn-Zangî-ibn-Arslân-Shâh, ayant repoussé l’armée de Badr-ad- 
Dîn-Loûloù, retourna à la forteresse d’al-'Afar qui appartenait à ce prince, dans 
l’intention de s’emparer de la province de Mausil. Le prince d’Arbèles, Motha- 
ffar-ad-Dln, lui fournit des renforts. Quand Badr-ad-Din-Loûloû apprit ces faits, 
il envoya un détachement de son armée versMaüsil pour en éloigner 'Imâd-ad- 
Dln. Ses* troupes vinrent camper à quatre parasanges de Maûsil et se prépa- 
rèrent à attaquer 'Imâd-ad-Dln qui était renfermé dans la citadelle de 'Afar 
avec ses soldats. Les troupes de Badr-ad-Dïn laissèrent leurs bagages et cou- 
rurent à la rencontre d’Imâd ad-Dln ; elles le rencontrèrent à l’aube du diman- 
che, quatre jours restant du mois de Moharram. Après un sanglant combat, 
f Imad-ad-Dîn-Zangi fut mis en déroute et se réfugia à Arbèles, pendant que 
l’armée de Badr-ad-Din-Loûloü revenait à ses quartiers. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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enserrait Damiette, un fossé sur le bord duquel ils élevèrent un 
mur. Les habitants persistèrent avec le plus grand courage, et 
Allah leur fit prendre leurs maux en patience ; ils demeurèrent 
fermes, quoiqu’ils eurent à souffrir d’une grande pénurie et que le 
prix des denrées fût extrêmement élevé. 

Al-Malik-al-Kâmil se décida à attaquer les Francs qui étaient 
entre lui et Damiette. Aucune des personnes qui se trouvaient 
auprès du sultan n’avait pu pénétrer dans la ville, à l’exception 
toutefois d’un de ses djandàrs. Cet homme était venu au Kaire, 
d’un des villages qui dépendent de Hamàh nommé Shamàil ; il 
finit par faire partie de l’escorte du sultan en qualité de djàndâr. 

Cet homme traversa le Nil à la nage, en exposant mille fois sa vie, 
au milieu des navires francs qui couvraient le fleuve, et sans 
qu’ils s’en aperçussent. Il pénétra ainsi dans Damiette et rapporta 
au sultan des nouvelles de la population de celle ville; son arrivée 
rendit le courage aux défenseurs de la place, et il leur promit que 
des renforts ne tarderaient pas à arriver; cet acte de courage lui 
valut les bienfaits d'al-Malik-al-Kâmil qui lui donna un avance- 
ment rapide et qui le nomma émir djàndâr et exécuteur des hautes 
œuvres 1 . Il le nomma également gouverneur du Kaire et lui attri- 
bua les revenus de Shamàïl. Il y avait alors dans Damiette un 
émir nommé Djamal-ad-Dïn-ibn-al-Kanànî qui composa une pièce 
de vers qu’il envoya au sultan al-Malik-al-K&mil attachée à une 
flèche de bois 

Quand le sultan eut terminé la lecture de ces vers, il ordonna 
que les habitants du Kaire et de Misr se réunissent pour marcher Foi.**»», 
à la guerre contre les Francs. L’année se termina, les choses 
étant dans cette situation. 

Cette même année, al-Malik-al-Ghâlib-Kai-Kàoüs, fils de Kai- Foi. «s r*. 
Khosrâv, fils de Kilidj-Arslân, souverain [seldjoukide] du pays de 
Roüm, pria al-Malik-al-Afdal-Noùr-ad-Dln-'Ali, fils du sultan 
Salàh-ad-Dm-Yousoüf, de venir le trouver. Le prince ayyoubite 
se trouvait à Soumaisath, où il faisait réciter la khotba au nom 
d’al-Malik-al-Ghâlib. Quand il fut arrivé, le sultan du pays de Roüm 
lui prodigua toutes les marques d’honneur, et lui donna une 
somme considérable en argent, en chevaux, en armes et en autres 
objets. Les deux princes s’engagèrent par serment à attaquer le 
royaume d’Alep, et à le conquérir, à cette condition qu’al-Malik- 
al-Ghâlib donnerait Alep à al-Malik-al-Af<lal, ainsi que toutes les 
places dont il s’emparerait, mais qu’en revanche on y ferait la 


1. Ou plutôt officier chargé do la surveillance des exécutions, ce qui n’était 
pas une sinécure à cette époque. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


kholba et qu’on y frapperait la monnaie au nom du souverain 
seldjoukide du pays de Roüm, et qu’ai- Afdal se reconnailrait 
comme son vassal *. Quand ce pacte eut été conclu, ils se mirent 
en marche vers les provinces orientales, s’emparèrent de Har- 
rân, d’ar-Rohà ainsi que d’autres villes. Les deux souverains 
marchèrent ensuite sur Ra’b&n 2 , s’en emparèrent et al-Malik- 
al- Afdal en prit possession. Les habitants de celte ville se ren- 
dirent à al-Malik-al-Ghalib par suite de l’ affection qu’ils ressen- 
taient pour al-Afdal. Ils continuèrent leur marche et arrivèrent 
devant la citadelle de Tell-R&shir qu’ils assiégèrent et dont ils 
s’emparèrent. Mais le sultan du pays de Roüm ne la remit point, 
comme il avait été convenu, à al-Afdal, et il y plaça au contraire 
un nmb pour y gouverner en son nom. Gela détermina al-Afdal 
à abandonner le parti du sultan, et son amitié pour le Seldjou- 
kide se refroidit beaucoup ; il comprit que c’était là le commence- 
ment de la défection de son allié; la population du pays se dé- 
tourna également du parti d u sultan de Roüm. Les habitants d’ Alep 
se préparèrent à la résistance, et ils appelèrent à leur secours 
al-Malik-al-Ashraf qui campait près du lac de Kods, en face des 
Francs; ce prince arriva à Alep à la tôle de ses troupes; les Ara- 
bes de la tribu de Tàï et d’autres vinrent devant Alep. Al-Afdal 
conseilla à al-Malik-al-Ghâlib de marcher sur Manbadj ; le sultan se 
dirigea vers cette ville, mais les Arabes tombèrent sur son avant- 
garde et la dispersèrent. Les Arabes, aidés des troupes d’al-Ashraf, 
lui firent de nombreux prisonniers. Cette défaite détermina le 
sultan du pays de Roum à rentrer dans ses états; al-Ashraf alla 
ensuite s’emparer de Ra'bân et de Tell-Bàshir. 

Cette môme année 3 , mourut al-Malik-al-Kahir-'Izz-ad-Dïn- 


1. C’était en effet une des manies du sultan seldjoukide Kal-Kaoüs de 
se faire reconnaitre comme suzerain par le plus grand nombre de petits 
princes qu’il en pouvait trouver. Il fallait être d’une vanité insensée pour 
faire les frais d’une pareille expédition uniquement pour voir son nom gravé 
sur des pièces d’or et d’argent. 

2. Nom d’une ville située entre Alep et Soumalsat, près de l’Euphrate ; elle 
avait une forteresse bâtie au pied d’une montagne ; elle fut complètement 
détruite par un tremblement de terre en 340. Saïf-ad-Daülah-ibn-Hamdân 
envoya un officier nommé Aboü-Fâris, avec un corps de son .armée, pour la 
réédifier, ce qui fut exécuté en 37 jours. 

3. Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil raconte, dans le Mofarraâj (ms. ar. 1702, folio 
184 verso), que cette année, mourut Noür-ad-Dln-Arslàn-Shâh-ibn-al-Malik-al- 
Kâhir-'Izz-ad-Dln-Mas'oüd qui était malade depuis fort longtemps ; l’atabek 
Badr-ad-Dln Loûloü fit alors prêter serment par les troupes à son frère Nâsir- 
ad-Dîn-Mahmoad, fils d’al-Malik-al-Kâhïr qui à cette époque n’était âgé que 
de trois ans. Al-Malik-al-Kâhir ne laissait pas d’autre enfant. Ce fut le dernier 
atabek au nom duquel on fit la. khotba. Nâsir ad-Dln ne tarda pas à mourir et 
Badr-ad-Dln-Loüloü s’empara du pouvoir. A la mort de Noür-ad-Dîn, f Imâd-ad- 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Mas'oâd-ibn-Arslàn-Shâh-ibn-Mas'oüd-ibn-Ma&doüd-ibn-'Imad-ad- 
Din-Zangi-ibn-Ak-Sonkor, prince de Maûsil, le vingt-septiôme jour 
du mois de Rabi'premier. Il avait régné sur Maûsil durant sept 
ans et neuf mois. Après lui, régna son fils Noür-ad-Din-Arslàn-Sh&h 
qui avait 20 ans. Ce fut l’émir Badr-ad-Din Loû’loü Yatàbek qui 
exerça la régence; le khalife an-N&sir reconnut Noùr-ad-Din 
comme souverain et Loü’loü comme atàbek. 


Année 616. 

Deuxième année du règne du sultan al-Malîk-al-Kamil-Nasir- 
AD-DiN- M ohammad en Égypte. 

Cette année, al-Malik al-Mothaffar-Takî-ad-Din-Mahmoûd-ibn- 
al-Mansotir-Mohammad - ibn-Omar-ibn - Shahanshâh-ibn- Ayyoüb, 


Dln-Zangî et Mothaffar-ad-Dïn, prince d’Arbèles, se disposèrent à entrer en 
campagne pour essayer de s’emparer de Maûsil. Ils commencèrent par envoyer 
quelques troupes pour ravager les environs de cette ville. Un peu auparavant, 
Badr-ad-Dîn-Loûloü avait envoyé son flls auprès d’al-Malik-al-Ashraf avec un 
corps de troupes assez important, pour que le prince ayyoubite, qui assiégeait 
alors la ville d’Alep, pût disposer d’une partie de ses troupes et les envoyer à 
Damiette, alors attaquée par les Francs. Quand l’atabek Badr-ad-Dîn-Loûloü 
eut connaissance du mouvement offensif de Mothaffar-ad-DIn et d ,e Imàd-ad- 
Dîn, comme une partie de son armée se trouvait en Syrie, il écrivit au prince 
ayyoubite al-Malik-al-Ashraf pour le prier de lui envoyer des secours. Ce sou- 
verain lui envoya un corps de troupes sous le commandement d’un de ses 
mamloûks qui se nommait Aïbek ; elles arrivèrent devant Maûsil le quatrième 
jour du mois de Radjab de cette année 615. Badr-ad-Dîn-Loüloü trouva que 
c’était bien peu de chose en comparaison des troupes qu’il avait envoyées en 
Syrie. Aïbek insista vivement pour traverser l’Euphrate et pour aller attaquer 
Arbèles; mais Badr-ad-Dïn n’y voulut point consentir, et il lui donna l’ordre de 
s’en retourner; l’éjnir refusa, campa en face de Maûsil, et força Badr-ad- 
Dtn à en passer parce qu’il voulait, c’est-à-dire à traverser l’Euphrate et à 
marcher sur Arbèles. Aïbak et Badr-ad-Din vinrent camper ensemble sur la 
rive orientale du fleuve à une parasange de Maûsil. Quand Mothaffar-ad-Dïn 
et *Imàd-ad-Dïn apprirent cela, ils marchèrent contre Badr-ad-Din. L’atabek 
de Maûsil et le général d’al-Maiik-al-Ashraf, Aïbek ne parvinrent pas à s’en- 
tendre et ce dissentiment fut cause que Mothaffar-ad-Din et 'Imâd-ad-Dïn leur 
infligèrent une sanglante défaite. Badr-ad-DIn-Loüloü fut réduit à s’enfuir à 
Maûsil, Mothaffar-ad-DIn vint camper avec ses troupes derrière la forteresse 
de Savî (?), où il resta pendant trois jours ; mais l’atabek, loin de perdre la tête, 
réunit son armée et se disposa à marcher contre Mothaffar-ad-Dïn, qui leva le 
camp et s’en retourna à Arbèles. La paix ne tarda pas à être conclue entre les 
belligérants. Je ne donnerai pas le récit de l’invasion des Mongols dans l’empire 
musulman d’après le récit du kâdi Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil, non qu’il ne soit 
fort important, mais seulement parce que ces extraits occuperaient une place 
réellement exagérée. Je compte d’ailleurs les publier en appendice, car ils 
complètent sur plus d’un point ce que l’on sait par Rashld-ad-Dîn ou par le 
récit du vizir Ala-ad-Dïn-Atâ-Malik-al-Djouveïnï. 

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A 



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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


prince de Hamah, arriva au secours d’al-Malik-al-Kâmil avec une 
armée considérable ; il était accompagné de l’eunuque Moursbid-al- 
Mansoüri . Le sultan alla au devant de ce prince, lui témoigna les 
f«i. # s t*. plus grands égards et le fit asseoir à sa droite ; c’était la place qui 
était réservée à son pôre et à son aïeul chez le sultan Salâh-ad- 
Din-Yoüsouf. 

Al-Malik-al-Fàiz-Ibrahîm, fils d’Al-Malik-al-'Adil arriva auprès de 
son frère al-Ashraf-Moüsa 1 , venant en qualité d’ambassadeur de la 
part de leur frère al-Kâmil, pour lui demander du secours contre 
les Francs. Al-Ashraf le reçut très affectueusement et le retint 
auprès de lui. C’était le seul but qu’on avait cherché en le faisant 
sortir d’Égypte. 

Cette même année, les Francs continuèrent avec acharnement 
leur lutte contre Damiette. Cetté place avait une garnison d’envi- 
ron 20,000 combattants qui étaient décimés par les maladies ; de 
plus, les vivres atteignirent un prix si élevé qu’un œuf de poule se 
vendait plusieurs dinârs. Les rues étaient jonchées de cadavres ; 
les vivres vinrent à manquer complètement, le sucre se fit aussi 
rare que le rubis, et l’on ne trouva plus de viande. Cette situation 
se prolongea jusqu’au moment où il ne resta plus à la population 
que très peu de froment et d’orge. Les Francs donnèrent alors 
l’assaut à la ville et montèrent sur les murailles ; ils s’emparèrent 
ainsi de la ville, cinq jours restant du mois de Sha'bàn ; le 
siège avait duré seize mois et vingt-deux jours. 

Quand les Francs se furent emparés de Damiette, ils massacrè- 
rent la population ; le nombre des victimes fut tellement considé- 
rable qu’on ne put savoir au juste combien d’habitants avaient 
péri dans ce massacre. Deux jours après cet événement, le sultan 
se mit en marche, et vint camper en face de Talakha *, qui se trou- 
vait à l’intersection du bras de Damiette et du brasd'Ashmoüm. Il 
fit établir son camp dans une localité que l’on nomme al-Mansoû- 
rah s . Les Francs fortifièrent les murs de Damiette et transformé- 


1. On a vu sous la rubrique de l’année précédente que ce prince avait été 
envoyé en cette qualité dans les provinces les plus lointaines de l’empire 
ayyoubite, uniquement pour l’éloigner de l’Égypte, où un parti assez impor- 
tant, dont l’émir 'Imâd-ad-DIn-ibn-al-Mashtoüb était le chef, voulait lui donner 
la couronne. 

2. Les géographes orientaux ne donnent pas plus de détails sur cette loca- 
lité que Makrizi lui-mème. 

3. Il y a dans l’Islam plus d’une localité nommée Mansourah « la victorieuse », 
une dans l’Indoustan qui reçut son nom de Mansoûr-ibn-Djoumhoûr, une 
dans le Khvàrizm, une près de Kairouân qui fut restaurée par al-Mansoür- 
ibn-al-Kàlm-ibn-al-Mahdï, en 337, et une autre dans le Yémen; ce fut Saif-al- 
Islâm-Toughatlkin-ibn-Ayyoüb qui jeta les fondements de cette dernière. 
(Voir Aboü-’l-Fidà, tome II, partie I, page 146). 

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histoire d’égypte de makrizi 


481 


rent les mosquées de cetle ville en églises ; ils envoyèrent des 
détachements de cavalerie dans les villages environnants pour 
massacrer les habitants ou les faire prisonniers; ils causèrent ainsi 
un mal inouï. Le sultan fit alors venir des officiers qu'il envoya 
dans toutes les directions; ils allèrent dans tous les pays 
implorer le secours des peuples pour délivrer la terre d’Égypte 
des mains des Francs. 

Le sultan al-Malik-al-Kamil s’occupa de faire construire des 
maisons, des magasins, des bains et des marchés dans le campe- 
ment d’al-Mansoürah. Les Francs envoyèrent par mer leurs pri- 
sonniers musulmans à Akkâ et sortirent de Damiette dans l’inten- 
tion de s’emparer de Misr et du Kaire. Ils vinrent camper en face 
du sultan qui était établi à al-Mansoûrah, les deux bras d’Ash- 
moûm et de Damiette les séparant de l’armée musulmane. Les 
Francs étaient au nombre de 200,000 hommes de pied et 10,000 
cavaliers; le sultan envoya une escadre de cent voiles devant 
al-Mansoûrah, pendant que les habitants du Kaire, de Misr et des 
autres provinces situées entre le Kaire et Asouan, s’assemblaient. 

L’émir Hosam-ad-Din-Yoünis et le fakih Taki-ad-Dîn-Thahir arri- Foi. &»*>. 
vèrent et firent sortir la population du Kaire et de Misr; on sonna 
de la trompette pour rassembler les gens. On racontait que le 
roi des Francs avait divisé la terre d’Égypte en fiefs qu’il avait 
distribués à ses compagnons d’armes. 

De plus, les habitants du Rif, dont la puissance était considérable, 
avaient conçu le projet de s’emparer de l’empire du sultan ; ils 
tramaient sous main des intrigues contre lui en profitant de 
ce qu’il était occupé à lutter contre les Francs. L’émir 'Alâ-ad- 
Din-Djildak et l’émir Djamâl-ad-Dïn-ibn-Sâiram réunirent tous les 
hommes qui se trouvaient depuis le Kaire jusqu’au Djoûf de l’Est. 

Un nombre très considérable de Musulmans se trouvèrent ainsi 
réunis, et le Sultan envoya dans les environs de Shârmasàh 1 deux 
mille cavaliers avec mille Arabes pour qu’ils pénétrassent entre 
l’armée des Francs et Damiette. La flotte, dans laquelle on comp- 
tait de nombreux brûlots, s'avança jusqu’à la tête du canal de 
Mahalla ; elle était commandée par l’émir Badr-ad-Dln-ibn-Hassoün ; 
cela empêcha les Francs de recevoir des vivres et de se ravitailler 
soit par terre, soit par mer. Les Musulmans reçurent des secours de 
Syrie et une quantité de Francs vinrent des pays d’outremer pour 
renforcer ceux qui étaient occupés à Damiette. Cette ville fut bien- 


1. Très gros bourg presque aussi considérable qu'une ville, distant de quatre 
farsakhs de Boûra et de cinq farsakhs de Damiette ; il dépendait du canton 
de Dakahliyya. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


tôt remplie d’une quantité innombrable de leurs troupes. Quand 
ils se furent tous rassemblés à Damiette, ils sortirent de celte ville 
dans l’intention d'aller faire la conquête de toute la terre d’Egypte. 
Le premier corps de secours qui arriva de Syrie aux Musulmans 
fut amené par al-Malik-al-Ashraf-Moûsa-ibn-al-'Adil; al-Malik-al- 
Mo'aththam-'Isâ vint ensuite, en plus de ces deux princes arrivèrent 
les autres rois, à savoir : al-Mansoûr, prince de Hamâh * ;[an-Nâsir- 
Salàh-ad-Dïn-Kilîdj-Arsl&n, al-Moudjhàhid, prince de Homs ; al-Amd- 
jad-Bahrâm-Sh&h, prince de Ba'albek, et encore d’autres. Quand les 
Francs apprirent l’arrivée de ces princes, ils furent terrifiés. 
Ces différents corps de secours commencèrent à arriver le trei- 
zième jour du mois de Djoumâdà second de l’année 66 * ; et ils 
se succédèrent jusqu’à ce que le nombre des cavaliers musulmans 
approchât de quarante mille hommes. Les troupes du sultan atta- 
quèrent les Francs par terre et par mer; elles leur prirent 
six galères, un croiseur, uu vaisseau, et leur firent prisonniers 
2,200 hommes; elles leur infligèrent un second échec, et leur 
enlevèrent trois unités de combat. Les Francs furent profon- 
dément affligés de leur défaite et ils se trouvèrent serrés de 
près dans leur campement ; aussi ils envoyèrent faire des offres 
de paix au sultan, comme cela sera raconté plus loin, s’il plaît à 
Allah! 

Cette môme année, mourut Kotb-ad-Dln-Mohammad-ibn-'Im&d- 
ad-Dîn-Zangï-ibn-Maüdoüd, prince de Sindjàr; il eut pour succes- 
Foi. «e »•. seur son fils, 'Imàd-ad-Dïn-Shahànshàh . Ce prince fut assassiné 
par son frère al-Malik-al-Amdjad-'Omar. Noûr-ad-Din-Arslân-Shah, 
prince de Maüsil, mourut également cette année ; après lui, régna 
l’émir Badr-ad-Dln-Lou’lou’, d’abord comme atâbek de son frère 
Nâsir-ad-Din -Mahmoud -ibn-al-Kàhir-'Izz-ad-Din; il avait trente 
ans *. 


1. Cette année, dit Djamâl-ad*Dln-ibn-Wâsil dans le Mofarradj-al-kouroûb 
(ms. ar. 1702, folio 199 recto), al-Malik-al-Mansoûr-Mohammad, fils de Takl-ad- 
Dln, ordonna aux habitants de sa capitale de prêter serment de fidélité à son 
fils al-Malik-al-Mothaffar-Taki-ad-Dln-Mahmoüd, qui était alors âgé de 17 ans, 
étant né en l’année 597. Quand cette cérémonie fut accomplie, al-Mansoûr 
envoya son fils auprès d’al-Malik-al-Kàmil, à Damiette. Djamal-ad-Din donne 
à l’eunuque qui accompagnait le jeune prince le nom de Shodjà'-ad-Dîn- 
Mourshid-al-Mansoürl. 

2. Le manuscrit du Kitàb-as-soloük, dont je me suis servi, porte 618, mais 
c’est là une erreur évidente du copiste. 

3. Ibn-al-Athïr raconte dans le Kdmil ( Historiens orientaux des croi- 
sades , tome II, page 13-1) que Noür-ad-Dln fut malade durant tout le temps de 
son règne ; il était d’une si faible constitution qu’il ne pouvait même monter 
à cheval. Nâsir-ad-Din-Mohammad avait trois ans à la mort de son frère. 
Loù’loü’ le fit monter à cheval et lui fit prêter serment par l’armée. La jeu- 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Cette même aimée, al-Malik-al-Mo'aththam-'Isâ ordonna de 
démanteler Jérusalem dans la crainte que les Francs ne vinssent 
& s’en emparer. Les murs de la ville furent abattus ainsi que 
tqutes les tours. La tour de David qui se trouvait à l’occident de 
la ville fut seule respectée ; al-Malik-al-Mo'athtfiam fit sortir de 
Jérusalem toute la population qui y demeurait, et il n’y resta qu’un 
très petit nombre de personnes; ce prince fit enlever de Jéru- 
salem les armes et les engins de guerre qui s’y trouvaient. Le 
démantèlement de Jérusalem fut une chose aussi pénible pour les 
Musulmans que la prise de Damiette. Al-Malik-al-Mo'aththam fit 
raser de la même façon la forteresse de Thoür que son père al- 
‘Adil avait élevée; il la rasa jusqu'à terre et n’en laissa pas sub- 
sister un seul pan de mur. 

Cette année, le khalife an-Nàsir envoya des lettres à tous les 
princes musulmans pour leur ordonner d’aller porter aide à al- 
Malik-al-Kàmil à Damiette. 

Cette année, mourut 'Izz-ad-Dln-Kai-Kaoüs-ibn-Ghiy&th-ad-Dïn- 
Kai-Khosrav-ibn-Kilidj-Arslân-ibn-Mas'oûd-ibn-Kilîdj-Arsl&n, sou- 
verain de Konia, après s’être emparé d’Arzan-ar-Roüm 4 qu’il 
enleva à son oncle Toghril-Shah-ibn-Kilidj-Arslàn; il avait pris 
Ankoria 2 à son frère Kaï-Kobàd ; il devint sultan du pays de Roüm, 
et son frère 'Ala-ad-Din-Kai-Kobad lui succéda sur le trône. 

Ce fut cette année que les Tatars firent leur première appari- 
tion. La contrée qu’ils habitaient était les montagnes de Tamghadj 3 


nesse du nouveau prince de Maüsil ne tarda pas à amener les plus graves 
conflits. 

1. Yakout dit, d’après Aboû-'AlI, que dans le mot Arzan, l’a est prostéthique. 
Hadji Khalifa nous apprend qu’à son époque, Arzan était la capitale de tout 
le liva correspondant, et la résidence du pacha. La ville se divisait en deux 
parties, l’ancienne cité et la nouvelle; toutes les deux étaient entourées de 
murailles. La contrée qui avoisinait Arzan était riche, mais il n’y avait ni 
arbres ni fruits, et on était obligé d’y apporter le bois à brûler de deux journées 
de distance; on y brûlait surtout de la bouse de vache. Il y avait près de la 
porte de Taürlz une ancienne église dont une arcade s’écroula le jour de la 
naissance de Mohammad ; on ne put jamais la réparer. Les Musulmans firent 
construire en face de cette église une mosquée qui avait les dimensions exactes 
de la mosquée de la Mecque. 

2. C’est la ville bien connue d’Ancyre ; les historiens arabes rapportent que 
c’est dans cette ville que l’empereur grec envoya des vêtements empoisonnés 
à Imr-al-Kaïs (Yâkoüt, Mo'djam-al-bouldàn , tome I er , p. 391). Aboû-’l-Fidà 
nous apprend qu’il n’y avait dans ses environs ni vergers, ni eaux courantes 
(tome II, partie II, page 136). 

3. Dans les inscriptions turques de l’Orkhon (. Inscriptions de VOrhhon 
déchiffrées* par Vilh. Thomsen, dans Suotnalais-Ugrilaisen seuran toimi- 
tuksia , tome V, page 139), le mot Tdbgatch désigne la Chine et dérive probable- 
ment de l’ouigour tapqatch « illustre ». C’est le nom que, de tout temps, les 
Turcs ont appliqué à la Chine. Théophylacte Simocatta(VII, 7 et 9) mentionne 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


qui dépendent de la Chine (Sin) \ montagnes situées entre ce 
pays et le Turkestan. Cette contrée s'étend sur plus de six mois de 
chemin. Les Tatars s’emparèrent de la plus grande partie des pays 
de l'Islam ; ils n’avaient point de religion quoiqu’ils connussent 
un Dieu suprême ; mais ils n’obéissaient pas à un code de loi 2 . 
Ces Tatars s’emparèrent de la Chine; leur roi se nommait 
Djengis-Khan *. Ils marchèrent ensuite contre le Turkestan et le 
pays de Kashghar ‘ dont ils s’emparèrent. Après ces événements 
ils firent une expédition contre le royaume du sultan 'Ala-ad- 
Dîn-Mohammad, fils du Khvârlzmshah Tukush, fils d’Alp-Arslan- 

la ville de Tauyior et tous les détails qu’il fournit sur elle montrent que c’est 
bien de la Chine qu’il s’agit. La transcription Totoydat (pour tauyotti;) de Tàbgatch 
recouvre, soit Tawgadj , soit Tawgatch et n’offre rien d’insolite. C’est ce 
même mot que les Musulmans ont emprunté aux Turcs et qu’ils ont transcrit 
Tamghàdj. lbn-Sa*id, cité par Aboü’-l-Fidâ (tome II, partie II, page 230) dit 
que Tamghàdj est la Chine du Nord et que sa frontière occidentale est le 
Kashmlr. Le Kânoün cité par Aboü-’l-Fidâ (tome II, partie II, page 123) donne 
à l’empereur (fdghfoür ) de Chine, le nom de Tamghàdj-Khan ; enfin, l’historien 
arabe Nasawi appelle la Chine Taüghâdj, ce qui, comme on le voit, est identi- 
quement la même forme que celle de Théophylacte (ibid., p. 123). Ces diffé- 
rents témoignages prouvent d’une façon certaine que le pays de Tamghàdj 
n’est autre que la Chine du Nord. 

1. Je donnerai en appendice la traduction do passages d’historiens orientaux 
concernant le pays de Sln. 

2. C’est ce que racontent tous les historiens, aussi bien occidentaux qu’orien- 
taux, et les voyageurs comme Guillaume de Rübrück, le frère Jean de Plan 
Carpin et Marco Polo. Les Mongols n’avaient, pas de livre révélé, mais ils 
croyaient en l’existence d’un dieu éternel, créateur de l’univers, qu’ils nom- 
maient Itoga (atzaïci en kalmouk signifie encore aujourd’hui créateur) d’après 
G. de Rübrück, ou Nacigay d’après Marco Polo. Ils avaient encore d’autres 
divinités représentant les génies protecteurs des troupeaux, et ils les représen- 
taient par des idoles de feutre ou de soie. Il est vraisemblable que primiti- 
vement ces poupées ou ces étoffes découpées représentaient les âmes des 
ancêtres défunts; c’est ainsi que devant les tentes kalmoukes, il y a toujours 
une corde tendue à laquelle on accroche des chiffons qui sont censés être les 
ancêtres, tout comme les Romains mettaient leurs statues au foyer. Comme 
chez les Turcs et les Chinois primitifs, les Mongols adoraient le ciel bleu, divi- 
nité bienfaisante, la terre noire, déesse redoutable, les quatre points cardi- 
naux, le soleil, les astres et surtout les esprits des morts et le feu, ce qui rap- 
proche singulièrement la religion de ces nomades de la Tartarie de celle de la 
Rome antique. 

3. En Mongol Tchînkkïz-Khàkân « le souverain des puissants ». 

4. Ce nom de ville est peut-être formé avec le mot turc garou « contrée » 
qu’on trouve dans Tabgadjgaru « la contrée de Chine » (Inscriptions de 
VOrhhon , page 126). J’ignore la valeur du premier élément hàsh; peut-être 
est-ce le même qui forme le nom de la ville de Kesh, près de Samarkand. On 
peut aussi voir dans le dernier élément gar du nom de cette ville le mot ira- 
nien -gairi qui signifie une montagne. Les géographes musulmans ne donnent 
presque aucun renseignement sur cette ville qui est la capitale du Turkestan 
chinois, le Kânoün cité par Aboü-’l-Fidâ (tome II, partie II, page 230) nous 
apprend qu’elle était également connue sous le nom turc d’Oûrdoûkend « la 
ville du camp ». Idrisi (trad. Jaubert, tome I or , page 188) la nomme Kàshgharà, 
il dit qu’il s’y faisait un grand commerce. 

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HISTOIRE D’ÊGYPTE DE MAKRIZI 485 

Mohammad -ibn - Djaghrl- Beg-Daoüd -ibn-Mikâïl-ibn - Saldjouk ; ils 
s’emparèrent de Boukhara 1 et d’autres villes de l'Iran 2 . 


Année 617 3 . 

Troisième année du règne du sultan al-Malik-al-Kamil-Nasir- 
ad-Dîn-Mohammad en Egypte. 

L’année commença et se termina, les hostilités continuant 
entre les Musulmans et les Francs devant Damiette, au camp 
de al-Mansoürah. — Celte même année, les Tatars s’empa- 
rèrent de Samarkand 4 , et ils mirent en déroule le sultan ’Alâ- 


1. Nom d’une des villes les plus célèbres de la Transoxiane; son nom dérive 
du mot sanskrit vihdra « monastère bouddhique », qui est devenu en mongol 
boukhar « temple d’idoles ». Les géographes musulmans se sont évertués à 
trouver à ce nom de ville une étymologie arabe et sont arrivés à des résultats 
absurdes. Ptolémée (cité par Yâkoüt, tome I, page 517) lui donne comme coor- 
données : L 37°, X 41° ; il dit qu’elle est distante de 12 étapes de Merv, de 15 jours 
de Khvarizm, de 7 jours, soit 37 farsakhs, de Samarkand. M. Schefer a publié 
dans la Bibliothèque de V Ecole des Langues orientales la recension persane de 
la description de Boukhara écrite par Mohammed Nershâkhi. 

2. Sur ce nom et toutes les fables que l’on a débitées sur son origine, voir 
le Dictionnaire géographique de la Perse et des contrées adjacentes , parM. Bar- 
bier de Meynard. Paris, Imprimerie impériale, MDCCCLXI, page 63. 

3. Les hostilités ne tardèrent pas à recommencer entre Badr-ad-Dln-Loüloü 
et Mothaffar-ad-Dln-ibn-Zaln-ad-Dln, prince d’Arbèles. Ce dernier avait écrit 
à tous les princes ayyoubites pour les prier de lui concilier les bonnes grâ- 
ces d’al-Malik-al-Ashraf qui, à cette époque, soutenait Badr-ad-Dïn-Loüloü ; 
les princes de Mârdln et d’Amid s’empressèrent de faire ce qu’il leur deman- 
dait (Djamâl-ad-Dïn-ibn-Wàsil, Mofarradj-al-kouroüb, ms. ar. 1702, folio 201 
recto). Al-Malik-al-Ashraf, dit Djamâl-ad-Dïn (folio 202 r°), étant parti de 
Harràn vint à Dathlr dont il s’empara, ainsi que du pays de Mârdln, parce que 
le prince de cette ville, al-Malik-al-Mansoür-Nâsir-ad-Dïn-Ortok-ibn-Ilghàzî, 
l’Ortokide, était du parti de Mothaffar-ad-Dîn, prince d’Arbèles; il s’empara de 
tout le pays qu’il divisa en fiefs pour ses officiers. Al-Malik-al-Ashraf et le 
prince de Mârdln échangèrent à ce moment plusieurs ambassades; al-Malik-as- 
Sâlih-Noür-ad-Dïn-Mohammad-ibn-Mohammad l’Ortokide alla trouver al-Ash- 
raf et parvint à faire conclure la paix entre les deux belligérants. Le prince 
de Mârdln dut payer une contribution de guerre et céder dix villages à 
al-Ashraf. Le souverain ayyoubite se rendit ensuite à Nislbln .dans l’intention 
de marcher sur Sindjâr; ces succès alarmèrent beaucoup le prince qui régnait 
dans cette ville, car il voyait bien qu’il lui serait impossible de résister, à cet 
ennemi; aussi il lui dépêcha un ambassadeur pour lui demander de lui donner 
Rakka enéchange de Sindjâr. Al-Ashraf s’empressa d’accéder à cette dem'ande. 

4. Les géographes musulmans prétendent que cette ville fut fondée par 
Alexandre; on sait qu’il ne faut pas toujours attacher une grande importance à 
ces allégations, mais ce fait n’est pas impossible et phonétiquement, Samarkand 
se rattache très bien au nom de Mapaxavoa (cf. E. Blochet, L'ascension au ciel 
du prophète Mohammed dans la Revue de l'histoire des religions , 1899). Le 
conquérant macédonien l’entoura d’un mur dont le circuit était de douze far - 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


ad-Din. Ils s’emparèrent également de Rai \ d’Hamadh&n *, de 
Kazwin et firent la guerre aux Géorgiens *. Ils conquirent 
le Ferghana • , Termid le Khvàrizm 7 , le Khorasan Merv *, 


sakhs ; cette enceinte était percée de douze portes distantes chacune d'un 
farsakh; ces portes étaient blindées et surmontées de tours. Cette première 
enceinte en comprenait une autre percée de quatre portes ; c’était la véritable 
ville, car dan^tout le reste, on trouvait des jardins et des champs ; dans la ville 
centrale s’élevait la grande mosquée et la citadelle ; c'était là que demeurait 
le prince de la ville; l’eau y était amenée dans des conduites de plomb (Yâkoût, 
Mo'djam-al-boulddn , tome III). Je ne crois pas utile de revenir sur la question 
des inscriptions himy&rites qu’Ibn-Haükal et lstakhri disent avoir vues sur 
l'une des portes de Samarkand (Aboü-’l-Fidâ, tome II, partie II, page 219). 
Hadji-Khalifa donne aux quatre portes de la ville intérieure le nom de portes 
de Boukhàrà au nord, de Kesh au midi, de Tchln à l'Orient et du Naûbéhàr 
à l’ouest. 

1. Dictionnaire géographique de la Perse , par M. Barbier de Meynard; 
Paris, MDCCCLXI, page 273. 

2. Ibid ., p. 597. 

3. Ibid., p. 441. 

4. Les auteurs musulmans donnent toujours aux Géorgiens le nom de 
Kurdjes. 

5. C’est le nom d’une très vaste contrée de la Transoxiane à l’est du Khanat 
de Samarkand, sur la frontière du Turkestan chinois. Yàkoüt rapporte dans le 
Mo'djam (tome III, page 878 ssq.) qu’il y avait dans cette province quarante 
mosquées dans lesquelles on faisait la grande prière du vendredi. La ville 
principale du Ferghanah était Khokhand; ce pays était très cultivé mal- 
gré le froid intense qui y règne en hiver. Aboû-’l-Fidâ nous apprend 
(tome II, partie I, page 297) qu’il y avait un mois de marche pour se rendre 
du Ferghana dans le pays des Toukoüz-Oughoüz, à travers le pays des Kar- 
louks. Ibn-Haükal, cité par Aboü-’l-Fidâ {ibid. tome II, partie II, page 228), 
dit que la ville principale de cette contrée est Sipldboulân. L’auteur du Heft- 
Iklim , cité par Hadji-Khalifa dans le Djihan-Numâ , donne à ce pays comme 
frontières, à l’orient Kâsghar, à l’ouest Samarkand, au sud le Badakhshan, 
au nord le Turkestan ; il ajoute que les villages y étaient très grands et que 
la vie y était fort chère. Il y a dans le Ferghanah des mines d’or et d’argent, à 
Akhsikîth, des mines d’argent dans les montagnes de Sourkh; on y trouve 
également des sources de bitume, de naphte, des mines de fer et d’éme- 
raudes. Le même auteur ajoute que Khosrav-Anoüshirvàn fit bâtir dans ce pays 
une ville qu’il nomma Erhoukhanah donton a tiré dans la suite Ferghanah; en 
réalité, ce nom est formé de fargh- avec le suffixe géographique -an, ànah du 
persan ; peut-être faut-il voir dans fargh- le mot grec -irupyo^, feu; on sait que ce 
pays a été, comme tout le Turkestan, un centre fort important du Mazdéisme. 

6. On prononçait également Tarmîdh ou Tirmïdh, mais Yâkoüt (Mo'djam, 
tome I, page 843) donne la préférence à la seconde de ces formes. C’était une 
très grande ville sur le Djîhoün; elle possédait une forteresse et un faubourg 
entouré par une puissante muraille. Le Kànoün cité par Aboü-’l-Fidâ (tome II, 
partie II, page 227) dit que ses rues et ses avenues étaient pavées de briques, 
et que les villages qui en dépendent tiraient leur eau de la rivière de Saghâ- 
nyân. Hadji-Khalifa rapporte dans le Djihdn-Numà que cette ville se trouve 
à une journée de Balkh. 

7. Le célèbre historien lbn-al-Furât prétend que ce nom signifie « pays des 
gens vils ». Cette étymologie est insensée, et Khvàrizm, l’Uvarazmia du perse, 
le Hvalrizem du zend, signifie la terre du soleil, de l’Orient. L’auteur du Ueft 
Iklim propose une étymologie aussi absurde et prétend que ce nom serait 
formé de deux mots du pays Khor a viande » et Zem « bois » . Cette contrée 

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Nîsapoür *, Toüs *, Hérai * et Ghazna 4 . — Cette année, al-Malik- 
al-Ashraf-Moüsâ-ibn-al-'Adil s'empara de Màrdin et de Sandjàr. 

Cette môme année, mourut al-Malik-al-Mansoùr-Nasir*ad-Dïn- Foi.«7r*. 
Mohammad- ibn- f Omar- ibn-Shâhânshâh-ibn-Ayyoüb- ibn-Shàdi, 
souverain de Hamàh. Ce prince était très versé dans le droit ainsi 
que dans d'autres sciences, et il reste de bons versde sa composition. 

Il mourut au mois de Dhou’l-kmin'ada, à l'âge de cinquante ans, 
après en avoir régné trente. Son fils aîné, al-Malik-al-Mothaffar- 
Taki-ad-Din-Mabmoüd se trouvait à cette époque dans le camp de 
son oncle al-Malik-al-Kàmil à al-Mansoürah, et combattait contre les 
Francs. Al-Malik-an-Nàsir-Kilidj-Arslân-ibn-al-Mansoür monta sur 
le trône de Hamàh; il était alors âgé de dix-sept ans *. Gela fâcha 

est bornée au sud par le Khorasan, à l'ouest par le Turkestan, à l'est par la 
Transoxiane et au nord par le pays de Derek. C’est l’une des contrées les plus 
froides de l’Asie. 

8. Barbier de Meynard, Dictionnaire géographique de la Perse, p. 107. 

9. Ibid., p. 525. 

1. Ibid., p. 577. 

2. Ibid., p. 395. 

3. Ibid., p. 592. 

4. Ibid., p. 404. 

5. Djamàl-ad-Dln-ibn-Wàsil dit, dans le Mofarradj (ms. ar. 1702, folio 205 r°), 
qu’al-Malik-al-Nàsir-Salàh-ad-Dîn-Kilidj-Arslàn était auprès de son oncle al- 
Malik-al-Mo'aththam-Sharaf-ad-Dln-'Isà, prince de Damas, qui était alors 
occupé à assiéger les forteresses des Francs dans le Sahel. Il venait de s’em- 
parer de Kalsariyya et l’avait détruite ; de là, il avait marché contre Athlith 
qu’il assiégeait. Le vizir du souverain de Hamàh était à cette époque Zaïn-ad- 
Dln-ibn-Firandj (?). Ce fonctionnaire s’entendit avec plusieurs des principaux 
officiers et des dignitaires de l’Etat pour donner le trône à al-Malik-an-Nàçir. 

Ils écrivirent à ce prince pour lui faire connaître leur décision et pour le prier 
de venir prendre possession du gouvernement ; mais quand son oncle al-Malik- 
al-Mo'aththam eut été informé de ce qui se passait, il ne voulut pas le laisser 
partir si les membres du gouvernement ne s’engageaient pas à lui envoyer 
une somme d’argent qu’il fixa à 400,000 dirhems. Quand ils eurent accepté ces 
conditions, al-Malik-al-Mo'aththam permit à son neveu de partir pour Hamàh. 

Il s’y rendit immédiatement et il eut une entrevue avec le vizir Zain-ad-Dln 
ainsi qu’avec les gens qui lui avaient écrit pour lui proposer le trône ; ils lui 
jurèrent fidélité et le conduisirent à la citadelle, où son frère était encore 
vivant, puis ils le firent monter à cheval avec les drapeaux impériaux et il 
l’acclamèrent. Al-Malik-al-Nàsir venait d’atteindre sa dix-septième année 
quand il devint ainsi souverain de Hamàh, car il était né en l’an 600. Il con- 
serva d’abord, comme vizir, Zaln-ad-Dïn; puis au bout de quelque temps il lui 
donna un successeur et l’éloigna de la cour. Il manda auprès de lui un homme 
de Hamàh, nommé Shihâb-ad-Dln, fils de Kotb-ad-Din. Ce Kotb-ad-Dîn était un 
homme très versé dans les sciences et dans la jurisprudence. Shihâb-ad-Dîn 
avait étudié auprès de lui le droit, l’éthique et les belles lettres ; puis il s’était 
rendu dans l'Irak et avait étudié à Bagdad durant un certain temps ; il était 
ensuite venu à Hamàh où il avait suivi, au collège impérial Mansoürl, les 
cours du Sheïkh Saif-ad-Dïn-al-Amidï. Il arriva ensuite que le sultan al- 
Malik-al-Mansoùr le chargea d’une affaire dans laquelle il abusa de la confiance 
dont le souverain l’avait ainsi honoré ; aussi, al-Malik-al-Mansoùr le fit empri- 
sonner dans la grande mosquée de la citadelle. Shihàb-ed-Dïn avait un frère 

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vivement al-Mothaffar qui était l’ainé ; aussi ce prince demanda à 
al-Malik-al-Kamil la permission de s’en retourner à Hamah, pen- 
sant qu’il pourrait se faire reconnaître comme souverain de la ville, 
puisqu’il était l’héritier légitime d’al-Mansoür. Al-Malik-al-Kàmil 
lui ayant accordé la permission qu’il sollicitait, il partit et rencontra 
dans le Ghaur al-Malik-al-Mo'alhlham qui l’intimida en lui défen- 
dant d’aller attaquer 1 son frère; aussi al-MothafFar resta à Damas, 
puis il s’en retourna auprès d’al-Malik-al-Kàmil qui lui donna un 
fief; cela le détermina à rester auprès de son oncle le Sàhib. Cette 
môme année, Safi-ad-Din-ibn-Shakir continua ses persécutions 
contre les riches marchands et les fonctionnaires de Misr et du 
Caire ; il établit des aumônes forcées sur les biens fonds ; la per- 
ception de cet argent n'alla pas sans quelques accrocs, mais cela 
fit des sommes immenses. 

Cette même année, les Francs s’acharnèrent encore plus qu’au- 
paravant à se rendre^ maîtres de l’Égypte; ils résolurent de mar- 
cher contre les Musulmans pour les chasser de leur camp et se 
rendre ainsi maîtres du pays. L’année se termina, les deux armées 
se trouvant en présence, à la tôle du bras d’Ashmoum et du bras 
de Damiette. — Il y eut une disette en Égypte ; le froment attei- 
gnit le prix de trois dinars 1 ’ardeb; ce fut une des années les plus 


nommé 'Imâd-ad-Din-ibn-Kotb-ad-Dîn qui était très versé dans le droit, ce qui 
détermina le sultan al-Maiik-al-Mansoùr à lui donner la charge de kàdî. Quand 
Shihàb-ad-Dln eut été enfermé dans la citadelle, al-Malik-an-Nasir vint lui 
rendre visite et le traita d’une manière honorable; il vint le trouver à plu- 
sieurs reprises. Un jour Shihâb-ad-Dln-ibn-Kotb-ad-Din dit au prince ayyou- 
bite : « Il faut que je t’annonce une bonne nouvelle !» — « Et laquelle, dit al- 
Malik-an-Nàsir ?» — « C’est que tu monteras sur le trône après la mort de ton 
père et que ce ne sera pas ton frère qui lui succédera » — « Comment le sais-tu, 
lui demanda al-Nàsir? » — « J’en ai entendu la prédiction en songe, répondit le 
prisonnier ; un homme m’est apparu qui m’a récité ce vers : 11 n’y aura pas 
d’autre souverain parmi ses fils que Kilidj, celui que les femmes n’ont jamais 
dominé. » Al-Malik-an-Nàsir fut extrêmement joyeux de cette prédiction et il 
lui promit que lorsqu’il serait monté sur le trône, il le comblerait de ses bien- 
faits et qu’il lui conférerait la direction des affaires de son royaume. Quand il 
eut succédé à son père, il lui donna en effet un fief très important. Shihâb- 
ad-Dln quitta alors le turban des hommes de loi et prit le sharboush et l’uni- 
forme des émirs. Ce personnage ne tarda pas à devenir l’égal du sultan al- 
Malik-an-Nâsir, et il reçut le titre d'àtâbek des armées, pendant que son frère 
'Imâd-ad-Dln était investi de la charge de kâdi d’Hamâh. Postérieurement, 
en 622, al-Malik-an-Nâsir, se fâcha contre eux, il fit emprisonner Shihàb-ad- 
Dïn et destitua f lmàd-ad-Dîn, qui s'enfuit, laissant son frère captif dans la 
citadelle de Hamàh. Il resta dans la situation la plus affreuse jusqu’à l’époque 
où al-Malik-al-Mothaffar monta sur le trône. Ce prince le remit en liberté et le 
traita avec égards. 

1. Djamàl-ad-Dln dit (ms. ar. 1702, folio 206 r°) qu’al-Malik- al-Mothaffar lui 
conseilla seulement de se rendre à Damas et de ne pas essayer d’aller à 
Hamah ou son frère le ferait certainement emprisonner. 

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histoire d’égypte de makrizi 


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dures que l'on ait vues, et la population de l’Égypte en souffrit 
beaucoup. — Cette même année mourut à la Mecque le shérif 
Aboü-'Azîz-Kaltada-ibn - Aboû-Mâlik- Idris- ibn-'Abd-al-Karim-ibn- 
’Isa-ibn-Hosain - ibn - Solaiman • ibn -Aboü -'Ali-ibn-'Abd-Allah-ibn- 
Mohammad-ibn-Mous&-ibn- 'Abd - Allah -ibn- Mousa- ibn-' Abd- 
Allah-ibn-al-Ha9an-ibn-al-Hosaïn-ibn-'Aliibn-Aboü-Talib, (qu’ Allah 
soit satisfait de lui!), sultan delà Mecque, dans les derniers jours 
du mois de Djoumada second, à l’âge de 90 ans. Il avait composé 
de bons vers. Il était venu plusieurs fois au Caire accompagné de 
son frère Aboü-Moüsâ-'Isà ; il était né et avait été élevé à Ianbo'. 
Après sa mort, son fils Hasan-ibn-Kattada régna à la Mecque. 
Radjih-ibn-Kattada s’insurgea contre lui et intercepta le chemin, 
à l’époque du pèlerinage entre la Mecque et 'Arafa *. Akbash, 
émir du pèlerinage de l”Irak s’empara de lui. Le shérif Hasan 
envoya à Akbash une somme d’argent pour qu’il lui livrât Radjih; 
mais ce dernier promit à l’émir une somme bien plus considérable 
[s’il le laissait en liberté]. Radjih [aidé d’Akbash] marcha sur la 
Mecque *; mais Akbash fut tué, de telle sorte que Radjih s'enfuit 
auprès d’al-Malik-al-Mas'oud dans le Yémen. Allah seul connaît la 
vérité 1 1 


Année 618. 

Quatrième année du règne du sultan al-Malik-al-Kauil 
Nasir-ad-Din-Mohammad en Égypte. 


Cette année, les forces des Francs s’accrurent de renforts qui rot. «7 »•. 
leur arrivèrent par mer. Al-Malik-al-Kamil envoya plusieurs 
ambassadeurs pour solliciter des secours, et les princes arrivèrent 
auprès de lui avec leurs armées comme cela a été dit plus haut *. 


1. Nom d'une montagne bien connue, dans le voisinage de la Mecque. 

2. On pourrait également comprendre : « Radjih se décida à lui offrir de lui 
livrer la Mecque ». Akbàsh est un nom turc qui signifie « tète blanche ». 

3. Cette môme année, le prince ayyoubite al-Malik-al-Mo{haffar-Shihâb-ad- 
Din-Gh&zl, fils du sultan d’Egypte al-Malik-al-'Adil, s’empara d'Ikhlàt avec 
Miyâf&rkln. Djamàl-âd-Din-ibn-W&sil rapporte, dans le Mofarradj-al-kou - 
roüb (ms. ar. 1702, folio 206 v°),qu’al-Mothaffar possédait depuis le règne de son 
père les villes de Rohâ et de Saroüdj. Àl-Ashraf, son frère, les lui prit et lui 
donna en échange Ikhlât et tout le pays qui en dépendait, ce qui formait un 
royaume considérable, aussi grand que l'Egypte. 

4. L’auteur de Y Histoire des Patriarches d'Alexandrie raconte (ms. arabe 302, 
page 340) qu’en l'année 937 des Martyrs, al-Malik-al-Ashraf, souverain de 
Syrie, se rendit en Égypte en villégiature, et aussi pour rendre visite à son 
frère, le sultan al-Malik-al-Kâmil ; ce dernfer lui envoya des provisions et des 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 32 

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La lutte recommença arec une nouvelle ardeur des deux côtés» 
aussi bien sur terre que sur mer ; il y avait tant de Francs et de 
Musulmans réunis dans cet endroit qu’ Allah seul pouvait en savoir 
le nombre . Le peuple attaqua les Francs avec plus de vigueur 
quoies troupes régulières ; un détachement de l’armée s’avança 
sur un des canaux dérivés du Nil, dans la partie occidentale (du 
Delta), qui est connu sous le nom de Bahr-al-MahaOa; ils y 
livrèrent bataille aux Francs et l’escadre musulmane descendit 
le Nil pour aller attaquer la flotte franque. Les Musulmans pri- 
rent aux Francs trois galères avec leurs équipages et leur arme- 
ment. 

Les Francs envoyèrent alors plusieurs ambassades pour pro- 
poser de faire la paix aux conditions suivantes : ils recevraient 
Jérusalem, Askalon, Tibériade, Djibala, Laodicée ainsi que toutes 
les places que le sultan $al&b-ad-Din avait conquises dans le Sàhel. 
Les princes musulmans consentirent A ces conditions, en excep- 
tant toutefois les deux citadelles de Karak et de Shaùbak. Les 
Francs ne voulurent point admettre cette restriction et dirent : 
« Nous ne vous rendrons Damiette que lorsque vous nous aurez 
donné toutes ces villes ». Al-Malik-al-K&mil consentit encore à 
cette clause, mais les Francs refusèrent de nouveau et dirent : « Il 
faut encore que vous nous donniez cinq cent mille dinars pour 
que nous puissions restaurer les murs de Jérusalem que vous avez 
rasés, et cela en plus des villes précitées, ainsi que de Karak et 
Shaabak » . 

Les Musulmans se virent alors dans l’obligation de recom- 
mencer la lutte contre les Francs ; un détachement des troupes 
égyptiennes traversa le bras deMahalla pour se rendre sur la rive 
opposée, où se trouvait le camp de l’armée franque, et les soldats 
pratiquèrent une énorme brèche dans la berge du fleuve» C’était 
justement l’époque à laquelle la crue atteignait son maximum, 
car on se trouvait dans la première nuit du mois de Tôt. Les 
Francs ne connaissaient pas les conditions climatériques de 


cadeaux quand il se trouva dans le Raml ; al-Ashraf fit son entrée au Caire le 
jeudi, dixième jour du mois de Touba de cette année. La ville fut splendide- 
ment pavoisée et jamais l'on n'avait vu une telle décoration ; ce fut l'un des 
jours les plus mémorables. Al-Malik-al-Ashraf fit plusieurs excursions en 
Égypte, du Caire à al-Kh&k&niyya, à Ashmoüm, à Abttr, à Djazirah Misr. Il 
arriva à al-Djazlrah au moment de la crue du Nil. On avait préparé des illu- 
minations avec des torches et des rameaux d'olivier; elles durèrent toute la 
nuit... Al-Malik-al-Ashraf quitta les minarets (man&thir) de Salf-al-Isl&m, qui 
sont au-dessus de la Piscine de l'Eléphant ( birkat-al-fil ), le samedi, onzième 
jour du mois de TôpLe sultan al-Màlik-al-Kâmil sortit pour lui faire ses adieux. 

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l’Égypte, et ils ignoraient ce qu’était la crue du Nil. Ils ne s'aper- 
çurent de rien jusqu’au moment où l’eau eut submergé la plus 
grande partie du terrain sur lequel ils étaient campés, et quand 
les flots leur eurent coupé le chemin de Damiette; il ne leur resta 
plus d’autre chemin à suivre qu'un sentier très étroit. Le sultan 
ordonna sur le champ de jeter des ponts de bateaux sur le bras 
de Ashmoüm-Tannàh. Dès que ces ponts eurent été terminés, les 
troupes musulmanes traversèrent ce bras du Nil et s’établirent 
sur le chemin que suivaient les Francs pour se rendre à Damiette. 

Ils se trouvèrent alors cernés de toutes parts et Allah (qu’il soit 
exalté!) voulut qu’un grand navire de commerce 1 franc arriva 
en vue des côtes, il était convoyé par plusieurs petits navires de 
guerre destinés à le défendre. Tous ces navires étaient remplis de 
provisions, d’armes et de tous les autres objets dont les Francs 
avaient besoin. L’escadre musulmane appareilla pour aller joindre 
eette escadrille et engagea la lutte. Allah ht descendre la victoire 
sur les Musulmans, qui s’emparèrent du transport de commerce 
franc, ainsi que des navires de guerre qui le convoyaient. 

Cet échec découragea les Francs et les épouvanta. Ils en con- 
çurent une violente humiliation après avoir été si près de triom- Foi. es r*. 
pher des Musulmans; ils virent qu’ils se trouvaient dans une 
situation presque désespérée, qu’ils ne pourraient échapper à la 
captivité et que les Musulmans étaient en état de les couvrir de 
flèches et d’envahir l’endroit sur lequel ils se trouvaient. Ils furent 
tous d'avis de fondre sur les Musulmans, dans l’espoir de pouvoir 
parvenir ainsi jusqu’à Damiette. En conséquence, ils brûlèrent 
leurs tentes et leurs machines de guérre dans l'intention de 
se ruer tous comme un seul homme sur l’ennemi. Mais ils ne 
trouvèrent pas de chemin par suite de l’irruption des eaux qui 
avaient envahi les terres tont autour d’eux; il leur était également 
impossible de rester dans cette place parce qu’ils n’avaient 
presque plus de vivres. Ils ne virent alors pas d’autre issue que 
de demander la paix à al-Malik-al-Kâmil ainsi qu’à ses frères, al- 
Ashraf .et al-Mo'aththam, aux conditions suivantes : qu'ils auraient 
la vie sauve et qu'ils rendraient Damiette sans aucune compen- 
sation. Al-Malik-al-Kâmil pensait que l’on pouvait traiter à ces con- 
ditions, mais l’avis de ses frères était tout différent : ils voulaient 
qu’on marchât immédiatement contre les Francs et qu’on les 
anéantît jusqu’au dernier. Al-Malik-al-Kâmil craignait qu’en agis- 


1. Maramma dit le texte arabe; les navires qui l'accompagnaient sont nom- 
més harraka qu'on traduit généralement par « brûlot »; ils devaient corres- 
pondre à peu près aux croiseurs d'escorte. 

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saat ainsi, les Francs qui restaient dans Damiette se refusas- 
sent à la livrer aux Musulmans, et que l’on fût obligé d'assiéger 
la ville pendant un certain temps. Damiette était entourée d’une 
enceinte fortifiée presque inexpugnable, et les Francs y avaient 
fait des ouvrages de défense à l'époque où ils s’en étaient empa- 
rés ; on ne pouvait savoir si le siège ne serait pas très long et ai, 
pendant ce temps, les princes Francs n’enverraient pas des ren- 
forts aux défenseurs de la place pour essayer de venger les grands 
personnages de leurs nations qui avaient été tués sous ses murs. 
D’ailleurs, l’armée musulmane aspirait au repos, et la longueur 
de la guerre l’avait épuisée, car il y avait déjà trois ans et plusieurs 
mois qu’elle luttait contre les Francs. Al-Malik-al-Kamil ne cessa 
de faire prévaloir dans le conseil l’idée qu’il fallait accorder une 
capitulation aux Francs ; il fut donc convenu avec tous les rois 
latins que les Francs enverraient des otages choisis parmi leurs 
rois et non parmi leurs généraux, et qu’ils seraient retenus jusqu’à 
la reddition de Damiette. En revanche, les Francs demandèrent 
que le fils d’al-Malik-al-Kamil demeurât auprès d’eux, comme 
otage, jusqu’à ce que les leurs fussent revenus après la reddition 
de la place ; le sultan y consentit et tous les princes, musulmans 
et francs, se jurèrent d’observer mutuellement ces conditions, le 
septième jour du mois de Radjab. 

Les Francs envoyèrent ainsi vingt de leurs princes comme 
otages auprès du sultan; parmi eux se trouvaient Jean, seigneur 
d”Akka, et le légat du Pape; al-Malik-al-Kamil leur envoya son 
fils al-Malik-as-S&lih-Nadjm-ad-Din-Ayyoüb, qui était âgé à cette 
époque de quinze ans ; le jeune prince était accompagné de plu- 
sieurs de ses familiers. Au moment où arrivèrent les princes 
francs, al-Kamil tint une grande séance pour leur faire honneur ; 
les rois ses frères et les membres de sa famille se tenaient devant 
lui en face de Barmoün, le mercredi, dix-neuvième jour du mois 
de Radjab. Les Francs furent étonnés du spectacle magnifique 
qu’ils eurent sous les yeux et de la splendeur de cette cérémonie. 
Les prêtres Francs ainsi que leurs moines se rendirent à Damiette 
pour remettre cette place aux mains des Musulmans qui en prirent 
possession le mercredi, dix-neuf du mois de Radjab. Ce même 
foi. «s »•. jour un renfort important arriva aux Francs ; on dit qu’il se com- 
posait de mille (sic) navires. Le retard qui ne les fit arriver 
qu’aprôs que les Francs eurent rendu Damiette fut un grand 
bienfait d'Allah ! Les Musulmans s’aperçurent en entrant dans la 
ville que les Francs y avaient fait de tels travaux de fortifications 
qu’il eût été impossible de s’en emparer par un assaut. 

Le sultan mit en liberté les otages francs qu’il avait auprès de 

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lui et al-Malik-as-Çâlib ainsi que les personnes qui raccompa- 
gnaient revinrent de leur côté. Une trêve fut conclue entre les 
Francs et les Musulmans pour une durée de huit années, à la 
condition que des deux côtés on remettrait en liberté les prison- 
niers qu’on avait faits. Le sultan, ses frères et les rois des Francs 
jurèrent d’observer cette trêve et les troupes se disloquèrent. 

La durée de l’occupation de Damiette par les Francs avait été 
de un an, dix mois et vingt-quatre jours. Le sultan y flt son entrée 
avec ses troupes et sa famille; cela provoqua une grande joie et 
une grande allégresse. Les Francs s’en retournèrent dans leurs 
états et le sultan revint au Château de la Montagne, le vendredi, 
douzième jour du mois de Ramadan. Le sàhib Safî-ad-Din-ibn- 
Shakir rentra par le Nil jusqu’au Caire et mit en liberté tous 
les prisonniers chrétiens qui se trouvaient renfermés dans cette 
ville. Il y en avait parmi eux qui avaient été faits prisonniers 
sous le règne du sultan Salah-ad-Din ; quant aux Francs, ils ren- 
dirent également la liberté aux prisonniers musulmans qui se 
trouvaient dans leur pays. 

Quand les Francs eurent quitté l’Égypte, il arriva que les deux 
frèresd’al-Malik-al-K&mil, al-Malik-al Mo'aththam-'Isa etal-Ashraf- 
Moûsa, vinrent passer une nuit chez lui; al-Ashraf-Moüsâ ordonna 
à une de ses jeunes esclaves nommée Sitt-al-Fakhr de chanter, 
cette personne récita ces deux vers : 

Quand le Pharaon d’ 'Akkd a' en vint en Égypte, accompagné de 
Fange de la mort pour y semer la ruine et la désolation , al-Ashraf- 
Moûsa s’avança contre lui , la verge à la main et les engloutit 
dans la mer, lui et tous les siens 1 2 . 

Al-Ashraf fut enchanté des paroles de la chanteuse et il la 
pria de répéter ces deux vers; mais al-Malik-al-Kamil en fut blessé 
et lui ordonna de garder le silence. Il dit à une de ses esclaves de 
chanter à son tour, ce qu’elle fit en ces termes : 

Infidèles, considères ce qui vient de se passer à notre époque , 
et vous surtout qui appartenez à la religion cFIsa (Jésus-Christ) : 
'Isa et son peuple, Moûsa et les siens sont venus porter secours à 
Mohammad * . 


1. La chanteuse d’al-Ashraf joue ici sur le mot Moûsa qui désigne le Pro- 
phète Moïse et qui était le nom du prince ayyoubite al-Malik-al-Ashraf. C'était 
comparer le rôle de ce prince en Égypte à celui que joua Moïse lors de l’Exode 
et rabaisser singulièrement celui de son frère al-Malik-al-Kàmil. 

2. Il y a ici un triple jeu de mots analogue au précédent : la chanteuse joue 
sur 'Isa qui est le nom de Jésus-Christ et qui était porté par l’ayyoubite al- 
Malik-al-Mo'aththam, sur Moûsa, nom de Moïse et d’al-Malik-al-Ashraf, et snr 
Mohammad, nom du Prophète de l'Islam et du sultan d’Égypte, al-Malik-al- 

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REVUE DE L’ORl|fNT LATIN 

AJ-Kàmil admira beaucoup ces vers et fit compter cinq cents 
dinar» à sa chanteuse ainsi qu'à celle de son frôre al-Ashraf. 

Foi. «« ■*. On a dit que cette soirée avait été donnée à al-Mansoürah, quand 
al-Malik-al-Kâmil arriva au trône. 

Les princes ayyoubites se rendirent alors chacun dans ses états. 
La joie de la prise de Damiette par les Musulmans fut universelle, 
et cette heureuse nouvelle se répandit dans toutes les contrées 
de la terre. — Pendant ce temps, les Tatars avaient organisé leur 
empire dans l’Est (de l’Asie). — La Syrie et l’Égypte pensèrent être 
enfin délivrées des misères que les Francs faisaient fondre sur leur 
population depuis qu’ Allah les avait favorisées et avait accordé 
la victoire à ses esclaves, les vrais croyants, en venant à leur 
secours après que leur situation eut été désespérée et qu’ils eurent 
subi une commotion aussi violente. Le sultan al-Malik-al-K&mil 
reçut de nombreuses adresses qui lui furent envoyées par des 
Foi. ##»•. poètes; la première fut celle de Ashraf-ad-Din-ibn-'Onaîn. Il reçut 
également un poème du kàdi Baha-ad-Din-Zohair-ibn-Mohammad- 
ibn-'Alï-al-koüsi, et ceux d’autres poètes. 

Cette même année les Tatars s’emparèrent de Mar&gha , 1 d’Ha- 
mad&n, de l’Azerbaïdjan et de Tauriz. — Celte année, mourut 
al-Malik-as-S&lih-N&sir-ad-Din-Mahmoûd-ibn-Mohammad-ibn-Ka- 
râ-Arslan - ibn-Sokm&n - ibn-Ortok, l’Ortokide, prince de Hisn- 
Kaïfa *; son fils, al-Malik-al-Mas'oùd-D&oüd, régna après lui. 
— Au mois de Dhou’-'l-ka'ada, al-Malik-al-Kàmil se rendit du 
Château de la Montagne chez le sàhib Safï-ad-Dîn-ibn-Shakir qui 
habitait sur le Canal à Misr ; il causa avec lui du projet qu’il avait 
formé d’éloigner les émirs du parti d’al-F&iz, qui se trouvaient 
alors dans le canton de Damiette, occupés à la reconstruction 
de cette ville. Le sultan leur écrivit qu’ils eussent à sortir 
d’Égypte et à se retirer là où ils voudraient. Ils se rendirent 
tous en Syrie, et le sultan ne confisqua rien de ce qu’ils possé- 
daient. Les troupes qu’ils commandaient furent versées dans les 
Mamloùks du sultan. 

Cette môme année, moururent Amin-ad-Dïn-Mourtaki'-ibn- 
Sa'&d, gouverneur de Misr, le vendredi troisième jour du mois 
de Moharram ; — et le souverain de Tunis et de la province 


Kàmil. Quand la chanteuse semble dire que les prophètes Jésus et Moïse sont 
venus prêter secours au prophète Mohammed, il faut comprendre que les deux 
princes ayyoubites de Syrie étaient venus renforcer l’armée d’al-Malik-al- 
Kàmil. 

1. Sur ces villes, voir M. Barbier de Meynard, Dictionnaire géographique de 
la Perse et des contrées adjacentes. 

2. Forteresse située entre Amîd et Djazirat-ibn- f Omar qui domine le Tigre. 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRlZI 


495 


d’ Afrique l’émir Aboü-Mohatamad »• 'Abd - al- Wahid-ibû-Aboû- 
Hafa-'Omar-ibn-^al-Hant&nï, le jeudi premier jour du mois de 
Moharram. Il avait été nommé gouverneur de ces pays par an- 
Nàsir-Aboü-'Abd-Allah- Mohammad -ibn-Ya'koùb- al-Mansoür-ibn- 
Yousouf-al-'Omari-ibn 'Abd-al-Moumin, souverain almohade, en 
l’an 602. Il régna à Tunis jusqu'au temps où son frôre Aboü- 
Mohammad-'Abd-AUah-ibn-'Abd-al-Wahid fut investi du gouver- 
nement de la province d’Afrique par al-'Adil-'Abd-Allah-ibn-al- 
Mansoür-ibn-Ya'koûb, le cinq du mois de Ramadan de cette Foi. 70 r*. 
môme année; cela dura jusqü’à l’époque où son frère Aboü- 
Zakariyâ-Yahyâ-ibn-'Abd-al*Wahid arriva au trône. L’émir Aboü* 
Mohammad-'Abd-al-Wàhid-ibn-Aboû-Hafs fut le premier Hafside 
qui régna à Tunis. 


Annéb 619 J . 

Cinquième année du règne du Sultan al-Malik-al-KaMil-Nasir- 

AD-DîN-M0HAMMAD EN ÉGYPTE* 

Celte année, al-Malik-al-Ashraf-Moüsa se rendit au Caire et il 


1. Les Arabes divisent ainsi qu’il suit la côte nord de l’Afrique : le Maghrib* 
al-aksa qui s’étend depuis les rives de l’Atlantique jusqu’aux environs de 
Tlemcen, le maghrib-al-awsath, de Tlemcen à Bougie, et l’Ifrikiyya, de Bougie 
à Barka (Aboü-’l-Fida, tome II, partie I, page 168). Yâkoût ( Mo'djam , tome I, 
page 324) ajoute que l’Ifrikiyya est une vaste province située en face de la 
Sicile et qu’elle se termine en face de l’Espagne et des deux lies (les Baléares) 
qui se trouvent au Nord. 

2. Cette année, dit Djamâl-ad-Dln-ibn-Wàsil ( Mofarradj-al-kouroùb , ms. ar. 
1702, folio 213 v°) les Ktxrdjes sortirent de leur pays et se dirigèrent vers la 
province d’Arran, ils attaquèrent la ville de Beilekân que les Mongols avaient 
déjà saccagée. Quelques habitants y étaient revenus après ce désastre et 
l’avaient reconstruite tant bien que mal. Les Kurdjes n’y laissèrent pas pierre 
sur pierre. — Cette môme année l’atabek de Maâsil, al-Malik-an-Rahlni-Badr- 
ad-Dïn-LoQ-loü, alla attaquer la forteresse de Shoûs, qui appartenait à 'Imâd- 
ad-Dïn-Zangl-ibn-Noür-ad-Din-Arsl&n-Shàh-ibn-'Izz-ad-Dln-Mas'oûd-ibn-Kotb- 
ad-Din-Maüdoùd-ibn-Zangî-ibn-Aksonkor, lequel avait épousé la fille de 
Mothaffar-ad-Dln-Kokboüri-ibn-Zaln-ad-Dln-'All’Koutchuk, prince d’Arbèles, 
dont la mère se nommait RabVa-Khàtoün, fille de Nadjm-ad-Dïn-Ayyoüb et 
sœur d’al-Malik-an-Nâsir-Salâh-ad-Dln et d’al-Malik-al-'Adil. Al-Malik-al- 
Kàhir-'Izz-ad-Din-Mas'oüd-ibn-Arslân-Shâh était marié à la fille de l’autre 
Mothaffar-ad-Din. Badr-ad-Din-Loûloü s’empara de cette citadelle après un 
siège assez court ; le fils d’al-Malik-al-Kâhir qui était le souverain nominal 
de Maùsil étant venu à mourir, Badr-ad-Dln -Loulou se déclara souverain et 
prit le titre d’al-Malik-al-Rahlin (le roi miséricordieux); le khalife abbasside lui 
envoya les vêtements d’honneur de la souveraineté et les rois le reconnurent. 
— En l’année 612, dit Djamàl-ad-Dln-ibn-Wâsil dans le Mofarradj-al-kouroùb 
al-Malik-al-Mas'oad-8alâb-ad-Din-Yoiisouf, fllsdu sultan d’Egypte al-Malik-aL 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


demeura dans cette ville chez le sultan pendant un certain temps ; 
puis il s’en retourna au mois de Ramadh&n. — Cette année, les 

Kâmil, s’était emparé du Yémen et y avait fait arrêter Solalmàn-Shâh-ibn-Sa'd- 
ad-Dîn-Shàhànshàh-ibn-al-Malik-al-Mothaffar-Takï-ad-Dln, qu’il avait vaincu 
quélque temps auparavant, et il l’avait envoyé en Égypte. Le prince de la Mec- 
que était le shérif Aboü-'AzIz-Kattâda-ibn-Idris-al-'Alavi-al-Hosaïnl, dont l'au- 
torité était reconnue depuis les frontières du Yémen jusqu’à Médine ; il était 
à cette époque âgé d’environ quatre-vingt-dix ans. Il possédait la citadelle de 
Yanbo* et une nombreuse armée ; quand il fut devenu souverain de la Mecque, 
il montra une grande habileté pour les choses de l’état et en chassa tous les 
mauvais sujets, mais par la suite, il se livra à des actes condamnables et com- 
mit de nombreux abus, comme de faire dépouiller les pèlerins. En l’année 
618, il réunit une armée assez considérable, partit de la Mecque et se rendit à 
Médine; il vint camper dans le vadi-el-sabba* , où il tomba malade ; il était 
accompagné de son fils al-Hasan-ibn-Kattâda. Le frère du shérif ayant appris 
sa maladie, en profita pour se faire déclarer prince de la Mecque. « J’ai appris, 
dit Hasan à son oncle, que tu as fait telle et telle chose. » — « Ce n’est point vrai, 
répondit celui-ci ». Hasan ordonna alors aux assistants de tuer son oncle, 
mais ils s’y refusèrent en disant : « Tu es un émir, et lui aussi est un émir, il ne 
convient pas à l’un de nous de tuer l’un ou l’autre de vous ». Hasan avait deux 
mamlouks qui auparavant avaient été les mamlouks de son père Kattâda; 
ils lui dirent : « Nous sommes tes esclaves, ordonne-nous ce que tu voudras ! » 
Il leur commanda de tuer son oncle, et les deux mamlouks l'étranglèrent 
avec son turban. Al-Hasan s’en retourna après ce tragique événement à la 
Mecque, et il se dirigea vers la maison de son père, accompagné seulement de 
quelques personnes ; il vit à la porte de la maison une troupe considérable de 
gens qui sur son ordre s’écartèrent et le laissèrent pénétrer dans l’intérieur ; 
quand le vieillard l’aperçut, il lui reprocha en termes véhéments l’assassinat 
dont il s’était rendu coupable. Hasan se jeta sur lui et l’étrangla. Il sortit de 
la maison, se rendit à la Mosquée-Sainte ( al-haram-al-sharif) et après avoir 
fait assembler les notables, il leur tint ce langage : « La maladie dont mon père 
était atteint vient de s’aggraver, en conséquence, il vous ordonne de me prêter 
serment de fidélité et de me reconnaître comme votre émir ». Les gens firent 
ce qu’il désirait et ensuite il leur apprit la mort de son père. Hasan avait un 
frère dans la forteresse de Yanbo* ; il lui envoya un message au nom de son 
père pour le mander auprès de lui; quand le malheureux arriva, il le fit assas- 
siner comme son père et son oncle. Le règne de Hasan marqua le commen- 
cement de la décadence de la dynastie de Kattâda. Kattâda avait un autre 
frère, nommé Radjih, qui demeurait chez les Arabes en dehors de la Mecque et 
qui ne voyait pas les autres membres de sa famille. En l’année 618, le pèleri- 
nage de l’Hrâk arriva à la Mecque commandé par un émir qui était un 
mamlouk du khalife an-Nâsir-li-dïn-Allah, et qui se nommait Akbâsh; c’était 
un homme connu pour son intégrité. Ràdjih, fils de Katt&da, lui offrit, ainsi 
qu’au khalife, une somme d'argent considérable s’il voulait l’aider à arracher 
la Mecque à son frère Hasan et à le reconnaître comme émir de cette v.ille. 
Akbâsh accepta ces propositions et tous les deux marchèrent sur la Mecque 
pour en chasser Hasan-ibn-Kattâda. Hasan avait réuni une armée considérable 
d’Arabes et d’autres gens, il livra bataille à Akbâsh qui fut tué dans le com- 
bat. Sa tète fut promenée à la Mecque, plantée au bout d’une lance, et les 
pèlerins furent dispersés. Hasan leur envoya son turban comme signe de par- 
don et ses troupes les épargnèrent ; le shérif leur permit d’entrer à la Mecque 
et de s’acquitter des cérémonies religieuses, puis ils regagnèrent leur pays. 
Cette aventure causa un vif dépit au khalife al-Nâsir-li-Dln- Allah, et il 
fut très dépité qu’al-Hasan eût tué l’émir du pèlerinage de l’Irak. Toutefois le 
khalife ne sut pas refuser au shérif le pardon qu’il lui envoya demander. A 
l’automne, al-Malik-al-Mas'oQd, fils d’al-Malik-al-Kâmil, partit du Yémen pour 

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histoire d’égypte de makrizi 


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Tatars combattirent les Kurdjes. — Al-Motaffar-Moùea se rendit 
auprès de son oncle al-K&mil au Caire. — Al-Malik-al-Mas'oüd-Yoû- 
souf, fils d’al-Malik-al-Kamil se rendit du Yémen à la Mecque au 
mois de Rabi premier. Le shérif Hasan-ibn-Kattâda avait quitté 
cette ville et Radjih-ibn-Katt&da accompagna al-Mas'oüd dans cette 
expédition. Al-Malik-al-Mas’oud rendit aux habitants du Hidj&z 
leurs biens, leurs propriétés et les maisons, qui leur avaient été pris 
à la Mecque et à al-Vadi; puis, ce prince fit le pèlerinage et s'en 
retourna dans le Yémen. Il refusa de faire flotter les drapeaux du 
khalife au-dessus de tous les autres et il fit élever plus haut qu’eux 
les drapeaux de son père al-Malik-al-Kamil. Ce fut lui le premier 
qui osa tirer sur les colombes du Haram à coups d’arquebuse au- 
dessus du puits de Zemzem et des endroits environnants. Les 
gens de l”Irak complotèrent de le tuer, mais ils n’y purent réus- 
sir. Al-Malik-al-Mas’oud laissa à la Mecque, comme son lieutenant, 
l’émir Nour-ad-Din-’Omar-ibn-’Ali-ibn-Rasoül avec une garnison 
de trois cents cavaliers; le shérif H asan-ibn-Kalt&da venait 
d’arriver à lanbo'. Radjih-ibn-Kattada y vint peu après, le flatta 
et partagea avec lui le gouvernement de la citadelle ; ensuite le 
shérif Has&n rassembla une armée, marcha contre la Mecque, 
battit lbn-ar-Rasoul et s’empara de cette ville. — Cette année, 
mourut l’émir 'Imad-ad-Din-Aboû-VAbbas-Ahmad, fils de l’émir 
Saïf-ad-Dln-Aboü-’l-Hasan-’AIi-ibn-Ahmad-al-Hakkari, connu sous 
le nom d’Ibn-al-Mashtoûb. C'était un des émirs Sàléhis; il mourut 
en prison au mois de Rabi' second. 


Année 620 . 

Sixième année du règne du sultan al-Malik-al-Kamil- 
Nasir-ad-Dîn-Mohammad en Égypte. 


Cette année, al-Malik-al-Mo’aththam-Isa s'empara de Ma’arrat et 

la Mecque dans l'intention d'y faire le pèlerinage. Le jour de 'Arafa, on avait 
arboré sur la montagne les étendards du khalife. Al-Malik-al-Mas'oûd s’avança 
avec ses troupes, les fit abattre, et ordonna que l’on plantât à leur place les 
drapeaux de son père al-Malik-al-Kàmil. Les sujets du khalife voulurent s’op- 
poser à cette mesure qu’ils regardaient comme une profanation. Après s'ètre 
acquitté des obligations requises de chaque pèlerin, al-Malik-al-Mas'oûd 
mourut dans le Yémen. Le khalife fut vivement blessé des procédés d’al- 
Malik-al-Mas'oüd, et il envoya un ambassadeur à al-Malik-al-Kâmil pour lui 
demander de désavouer son fils. Le sultan fit ce qu’il demandait. Au mois de 
Rabî premier de l’année 620, al-Malik-al-Mas'oûd partit pour la Mecque, il 
mit en fuite les troupes de Hasan-ibn-Kattâda et s’empara de la ville sainte. 

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RBVUE DE L’ORIENT LATIN 


de Salamiyya et vint assiéger Hamàh Son frère, aUMalik-al- 
Âshraf en conçut un très vif dépit ; il se trouvait à cette époque au 
Caire et il s’en ouvrit à al-Ashraf qui blftma comme lui cette façon 
d’agir. Aussi il envoya un ambassadeur à al-Malik-al-Mo'âththam 
pour le prier de lever le siège de Ham&h *. Al-Mo'aththam obéit, 
très fâché de l'intervention du sultan. 

Cette année, al-Malik-al-'Adil, al-Malik-al-Djav&d et al-Malik- 
al-FâU se rendirent du Caire au pèlerinage, et ils élevèrent les 
drapeaux du khalife plus haut que les drapeaux du sultan al-Malik- 
al-K&mil, à l’ascension du mont’Arafa *. — Al-Malik-al-Ashraf quitta 


1. Nom d'une ville située près du désert de Syrie dépendante de la cir- 
conscription de Ham&h, dont elle est éloignée de deux jours de marche. Hadji- 
Khalifa ajoute, dans le Djihdn Numâ, qu'elle est un peu à l’est de l'Oronte et 
seulement à une journée d’Ham&h. 

2. Djaraàl-ad-Dln-ibn-Wà§il ( Mofarradj , ms. ar 1702, folio 214 verso) place 
cette expédition en l’année 619, au mois de Dhoü-’l-hidjdja. 

3. On lit dans le Mofarradj-al-kouroüb du kàdi bjamal-ad-Dln-ibn-Wàfil 
(ms. ar. 1702, folio 218 V) : Quand al-Malik-al-Àshraf apprit au Caire la façon 
dont son frère al-Malik-al-Mo*aththam s'était conduit vis-à-vis d’ai-Malik-al- 
Nâsir, il en fut très vivement blessé et dit à al-Malik-al-Kàmil': « Est-ce que 
nous allons laisser al-Malik-al-Mo'aththam assiéger Ham&h et s’en emparer 
pour qu’ensuite il ait encore envie de prendre tout le reste. Il faut lui dire ce 
que nous en pensons, lui défendre de continuer à agir ainsi et lui intimer 
l’ordre de lever le siège de Hamàh et de rentrer chez lui ». Il fut convenu entre 
les deux princes qu’al-Malik-al-Ashraf écrirait à son nàib Hosàm-ad-DIn-'AU 
de se rendre à Alep et d’y avoir une entrevue avec l’atabek Shihab-ad-Dïn-Toghrfl, 
de lui dire qu’al-Malik-al-Ashraf avait écrit à al-Mo'aththam pour le prier de 
lever le siège de Hamàh, et qu'al-Malik-al-Kâmil n’était pour rien dans tout 
ce qui s’était passé, pas plus qu’al-Ashraf. Après s’ètre rencontré avecl’atabek 
le hâdjib Hos&m-ad-Dïn-'All alla trouver al-Malik-al-Mo'aththam en même 
temps que le sultan d’Egypte, al-Malik-al-Kàmil envoyait à ce prince l’émir 
Nàsih-ad-Dln-Aboü-’l-Ma'lï-al-Fârisï, un des émirs d’Alep qui se trouvait alors 
au Caire et qui faisait partie de la maiBon militaire d’al-Ashraf. Les deux 
envoyés sommèrent al-Malik-al-Mo'aththam de lever le siège de Hamàh. A 
cette même époque, al-Malik-al-Mo'aththam échangea plusieurs ambassades 
avec le prince de Hamàh par l’entremise de 'Afîf-ad-Dln-'Abd-Allah-al-Sal- 
m&nl-ibn-Maràdjil, fils du frère du kàdi Hudjdjat-ad-Dln, kàdi de Hamàh qui 
était depuis fort longtemps au service des princes de la dynastie ayyoubite. 
Ces ambassades aboutirent à la conclusion de la paix entre les deux sou- 
verains. Al-Malik-al-Kàmil, sultan de l’Egypte, dit Djam&l-ad-Dln (ibid. y 
folio 219 r°), avait reconnu la souveraineté de Hamàh à son neveu al-Malik-al- 
Mothaffar pendant que ce dernier résidait auprès de lui en Egypte; ce prince 
était, en effet, l’ainé de sa famille et. son père lui avait conféré le titre d’hé- 
ritier présomptif; al-Malik-al-Kàmil avait d’autant plus d’affection pour lui 
qu’al-Malik-al-Ashraf le détestait profondément. Al-Kàmil écrivit plusieurs 
fois à ce sujet à al-Ashraf et il fut convenu à la fin qu’al-Malik-al-Mo'afhtham 
recevrait la ville de Salamiyya. Alep, Ma'arrat-al-No'màn et Ba'rïn restèrent 
au pouvoir d’al-Malik-al-Nâsir; al-Mothaffar envoya l’émir Hos&m-ad-DTn- 
Aboü-'Ali-Mohammad-ibn-'Ali-al-Hindabànl prendre possession de Salamiyya 
et il le chargea de mettre en état de défense la citadelle de cette ville. Al- 
Malik-al-Kàmil essaya bien de faire donner d’autres villes au jeune prince, 
mais al-Ashraf s’y oppposa formellement. 

4. C’était, comme on vient de le voir, le contraire de ce qu’avait fait l’année 

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histoire d’égypte de makrizi 


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l’Égypte pour s’en retourner dans ses étals al-Malik-al-Kâmil 
l’accompagna durant un certain temps. Al-Ashraf emportait avec 
lui le diplôme d’investiture qui avait été envoyé par le khalife pour 
Alep et qui conférait la souveraineté à al-Malik-al-'Azîz-Nâsir-ad- 
Dm-Mohammad, fils d’al-Malik-ath-Thàhir-Ghàzi. Al-Ashraf arriva 
à Alep au mois de Shavv&l et al-'Azîz se rendit au-devant de lui, il 
avait alors 10 ans. Al-Ashraf le revêtit des robes d’honneur 
données par al-Malik-al-K&mil, et il porta le ghaahxah devant lui ; il 
resta auprès du jeune souverain d’Alep durant quelques jours, 
puis il se rendit à Harran. — Cette année, les sauterelles dévas- 
tèrent tout l’Irak, le Djazira, le Dyâr-Bakr et la Syrie. — Les Tatars Foi. 70 T'- 
attaquèrent les Russes. — Cette même année, Sahm-ad-Din-'Isa, 
gouverneur du Caire, se pendit, et on le trouva attaché à une 
corde dans le Palais du Vizirat, durant la nuit du jeudi, sixième 
jour du mois de Shaowàl *. 

précédente, le prince ayyoubite al-Malik-al-Mas’oud et cette mesure avait été 
prise comme réparation de l'offense faite au khalife. 

1. Cette année, dit Djamâl-ad-Dln-ibn-Wàsil, dans le Mofarradj-al-houroûb 
(ms. ar 1702, folio 219 v°), al-Malik-al-Ashraf partit du Caire pour regagner ses 
états ; le sultan al-Malik-al-Kâmil le chargea de porter à Alep les robes d’hon- 
neur impériales, les étendards et le diplôme conférant le titre de sultan à al- 
Malik-al-'Azlz-Ghyàth-ad-Dïn-Mohammad, fils d’al-Malik-ath-Thàhir-Ghâzi, fils 
du sultan Salâh-âd-Dîn-Yoüsouf-ibn-Ayyoüb. Quand al-Malik-al-Ashraf arriva 
à Damas, son frère al-Malik-al-Mo'athtam se rendit au-devant de lui et le fit 
descendre dans la forteresse. Il y demeura pendant trois jours, puis il se ren- 
dit à Alep où il arriva au mois de Shawâl de cette môme année ; le sultan al- 
Malik-al-'Azîz, qui avait alors vingt ans, sortit de la ville ; al-Ashraf vint cam- 
per au sud et à l'est du Makàm près dun village qui se nomme Karbilà (?) 
Al-Malik-al-'Aziz et les dignitaires de son gouvernement, les émirs et les chefs 
de la police se rendirent au campement d’al-Malik-al-Ashraf et lui présentèrent 
leurs hommages ; le jour même al-Ashraf remit à al- Azlz les vêtements d’hon- 
neur que lui envoyait al-Malik-al-Kâmil. 

2. Le prince de Sàmarâl, dit Djamâl-ad-Dln (tôtd., folio 220 recto), qui dépend 
d’lklilât,vint se soumettre au sultan al-Malik-al-Mothaffar-Shihàb-ad-Dïn-Ghazî- 
ibn-al-Malik-al-'Adil, souverain d’Ikhlât. Le prince de Sâmaràl avait laissé dans 
cette ville un émir pour y gouverner durant son absence; cet émir réunit une 
armée considérable et marcha vers le pays des Kurdjes dans lequel il pilla 
plusieurs villages, après quoi il s'en revint. Le prince de Douvln, qui était l’un 
des meilleurs généraux des Kurdjes, réunit une armée et vint mettre le siège 
devant Sàmarâl ; il ravagea tout le pays qui en dépendait et le mit à feu et à 
sang. Quand le prince de Sàmarâl apprit cette expédition des Kurdjes, il revint 
immédiatement dans sa capitale, et il y arriva le jour môme que les Kurdjes 
en levaient le siège. Il prit le commandement de son armée et se mit à 
leur poursuite ; il leur livra un violent combat, dans lequel il leur tua 
beaucoup de monde, et il leur enleva tout ce qu’ils lui avaient pris. Il s’en 
revint après cela dans ses états. Le prince de Doüvîn réunit alors de nouveau 
une armée considérable de Kurdjes et marcha sur Sâmaràl dans l’intention de 
l’assiéger. Le prince de Samarâl, ayant appris quelles étaient ses intentions, 
s’empressa de mettre cette ville en état de défense ; il y amassa toutes les pro- 
visions dont il pouvait avoir besoin. Sur ces entrefaites, il apprit que les Kur- 
djes se trouvaient empêtrés dans une vallée étroite, il se mit immédiatement 

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RB VUE DE L’ORIENT LATIN 


Année 621. 

Septième année du régne du sultan al-Malik-al-Kamil-Nasir- 
ad-Din-Mohammad en Egypte. 

Cette année, les Tatars s’emparèrent de Koûm 1 de K&shân, et 
d’Hamadh&n. — Cette même année, la discorde éclata entre al-Mo- 
thaffar-Ghazi, prince d’Arbèles (Irbil) * et son frère al-Malik-al- 
Ashraf. Al-Mo'aththam partit de Damas pour aller faire la guerre à 


ôn route avec ses troupes, qu'il divisa en deux corps dont il plaça l'un on haut 
de la vallée et l'autre en bas. Les soldats du prince de Sàmarâl tombèrent sur 
les Kurdjes et les sabrèrent; un nombre considérable des envahisseurs 
périrent et un nombre aussi grand restèrent prisonniers. Parmi ces derniers, se 
trouvait le prince de Doüvln avec beaucoup d’officiers inférieurs. Dans cette 
expédition, le prince de S&mar&I avait sous ses ordres une partie de l’armée 
d’al-Malik-al-Mothaffar-Shih&b-ad-DTn-Gh&zI, fils d'al-Malik-al-'Adil. Quand 
le roi des Kurdjes apprit ces événements, il envoya au prince de Samar&I un 
ambassadeur pour traiter des conditions de la paix. — Cette même année, on 
transféra le cercueil qui contenait les restes du sultan al-Malik-ath-Th&hlr- 
Ghâzi, du caveau dans lequel il avait été déposé dans la citadelle d’Alep, et 
on le plaça dans l’édiflce qu'il avait élevé pour le recevoir dans le collège 
bâti par l’atabek. 

1. Sur ces trois villes, voir le Dictionnaire géographique de la Perse et des 
contrées adjacentes , par M. Barbier de Meynard. 

2. Yâkoùt nous avertit, dans le Mo' djam-alrbouldân (tome I, page 186), qu’il 
faut prononcer Irbil et non Arbil, car Arbil n’est pas une forme arabe. Cette 
raison n’est pas des meilleures qui se puissent trouver, car le nom de cette 
ville est bien antérieur à l’époque arabe ; on le trouve, en effet, dans les inscrip- 
tions assyriennes sous la forme Arba'-ilu « les quatre dieux ». Cette ville, qui est 
l'ancienne Arbèles, possédait à l’époque de Yàkoüt une puissante forteresse; 
elle est bâtie dans une très vaste plaine et sa citadelle était protégée par un 
fossé très profond. La forteresse était bâtie sur l’un des cêtés et non au cen- 
tre delà ville et elle coupait le mur d’enceinte de la ville en deux parties; 
elle s’élevait sur une haute colline. On trouvait dans cette citadelle des bouti- 
ques et des logements pour les habitants, ainsi qu’une grande mosquée. D’après 
Yâkoût, elle était identique comme construction à la citadelle d’Alep, quoique 
cette dernière fût encore plus grande. Arbèles est bâtie entre les deux Zâb,et on 
la fait dépendre administrativement de Maùsil dont elle est éloignée par deux 
jours de marche. Ce fut l’émir Mothaffar-ad-DIn-Koûkboùrl-ibn-Zaln-ad-Dln- 
'Ali-Kutchuk qui ât construire le mur d’enceinte et les marchés de cette ville. 
La plus grande partie de sa population était composée de Kurdes. Les cara- 
vanes mettaient sept jours pour se rendre d’Arbèles à Bagdad. Kazwlnl ajoute, 
dans le Athàr-al-bilàd (éd. Wüstenfeld, page 193), que la mosquée de la cita- 
delle portait le nom de Mosquée de Kejf\ il y avait dans cette mosquée une 
pierre sur laquelle on voyait distinctement l’empreinte de la main d’un homme, 
d’où le nom de la mosquée ; les gens d’Arbèles en donnaient différentes expli- 
cations que cet auteur ne rapporte pas. 11 y avait à Arbèles toute une canali- 
sation souterraine pour amener l’eau chez les habitants (Aboù-’l-Fidâ, tome II, 
partie II, page 161). Hadji Khalifa raconte, dans le Djihan Numa , que Arbèles 
(Irbil) fut autrefois la capitale du pays de Scherhzour. 

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histoire d’égypte de makrizi 


501 


al-Ashraf ; mais al-Malik-al-K&mil loi envoya dire : « Si tu sors de 
tes états, j'irai te les enlever » ; al-Mo'aththam prit peur et s’en 
retourna à Damas. — Cette année mourut au Caire le vizir al- 
A'azz-Aboü- l-'Abb&s-Ahmad, connu sous le nom de Fakr-ad-Dïn- 
Mokaddam-ibn-Shakir, le dernier jour du mois de Sha&ban. — 
Celte année, l’armée égyptienne prit Ianbo' aux troupes des Banoü- 
Hasan ; les Égyptiens l’avaient achetée au prix de quatre mille 
mithkâU. Cette ville resta en leur possession jusqu’en l’an 630 


1. Cette année, dit Djamàl-ad-Dtn-ibn-W&sil (ibid. fol. 222 r°), al-Malik-al- 
Mothaffar-Shihâb-ad-Dln-Ghâzl se brouilla avec al-Malik-al-Ashraf à propos 
de la ville de Khilàt. Al-Mothaffar envoyades ambassadeurs à Mothaffar-ad-Dln- 
Kôkboürl-ibn-ZalD-ad-Dïn-'Ali-Kutchuk, prince d’Arbèles, pour lui demander 
de faire alliance avec lui et pour le prier d’aller attaquer l’atabek Badr-ad-Dln- 
Loùloû, prince de Maûsil, qui était du parti d’al-Malik-al-Ashraf. Mothaffar- 
ad-Dln était hostile à Badr-ad-Dîn-Loùloü parce que ce dernier avait mis fin 
à la puissance de la dynastie des atabeks et qu’il s'était emparé de la cou- 
ronne au détriment des enfants d’al-Malik-al-Kàhir qui étaient ses neveux et 
qui descendaient de Rabi'a-Kh&toûn, sœur de Salàh-ad-Dln. Mothaffar-ad-Dln 
acquiesça à cette demande et il équipa une armée pour aller faire le siège de 
Maûsil. Al-Malik-al-Mo'aththam écrivit également à son frère al-Malik-al- 
Mo|haffar-Shihàb-ad-Dïn pour lui montrer les avantages qu’il y aurait pour lui 
à secouer la tyrannie d’al-Malik-al-Ashraf ; al-Mo'aththam promit à Kokboùrl 
et à son frère de partir de Damas avec son armée et d’aller envahir les pro- 
vinces orientales pour les arracher à al-Ashraf. Al-Malik-al-Mothaffar consentit 
à ce que lui demandait son frère al-Malik-al-Mo'aththam et il se révolta dans 
Khilàt contre son frère al-Ashraf. Dès que ce dernier eut appris cette coali- 
tion, il lui envoya des gens pour le ramener à lui et pour lui montrer combien 
sa conduite était coupable, mais al-Mothaffar ne voulut rien entendre. Al-Malik- 
al-Mo'aththam, al-Malik-al-Mothaffar-Shihâb-ad-Dln, prince de Khilàt et Mo- 
thaffar-ad-Dln, prince d’Arbèles, se préparèrent alors à la guerre contre al- 
Ashraf ; al-Malik-al-Mo'aththam partit de Damas avec son armée et s'en vint 
camper dans une localité nommée al-'Atika. Pendant ce temps, al-Malik-al- 
Ashraf envoyait un ambassadeur à son frère le sultan d’Egypte al-Malik-al- 
Kâmil, pour l'informer de ce qui se passait. Le sultan envoya immédiatement 
menacer son frère al-Malik-al-Mo'a{h{ham d'intervenir dans le conflit en faveur 
d’al- Ashraf . Cela détermina al-Mo'aththam à rentrer à Damas. Mothaffar-ad-Dln, 
prince d’Arbèles, réunit son armée, marcha sur Maüsil et vint l’assiéger le 
mardi 13* jour du mois de Djoumada second de cette année, pensant qu’al- 
Malik-al-Ashraf ne pourrait aller attaquer Ikhlàt et que ses deux frères, al- 
Malik-al-Mothaffar et al-Malik-al-Mo'a(htham, marcheraient contre lui. Mo(haf- 
far-ad-Dln, prince d’Arbèles, resta dix jours devant Maûsil; mais il vit que 
tous ses efforts ne le rendraient pas maître de cette place; aussi il leva le 
siège, sept nuits manquant du mois de Djoum&da second, car il venait 
d’apprendre qu’al-Malik-al-Ashraf s’était emparé de la ville de Khilàt. Ce 
prince avait mandé auprès de lui l’armée d’Alep, et il avait reçu un renfort 
considérable de cette ville, dans laquelle se trouvaient Salf-ad-Dln-ibn-Kilidj, 
'Alam-ad-Din-Kalsar et Hosàm-ad-Dln-Bouldak. 11 marcha avec cette armée 
contre Ikhlàt, pendant que d’autres troupes le suivaient, ainsi que l’armée 
de Maûsil. Quand il fut tout près dlklhàt, son frère lal-Malik-al-Mothaffar- 
Shihâb-ad-Din vit que sa propre situation était désespérée et il comprit 
qu’il ne pourrait résister à l’agresseur, car il avait dispersé son armée dans 
les différentes places de ses états pour les défendre, comptant que Mo|haffar- 
ad-Dln, prince d’Arbèles, lui enverrait des secours pendant qu’al-Malik-al- 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


5Ctô 


Année 622. 

Huitième année du règne du sultan al-Malik-al-Kamil-Nasir-ad- 
Din-Mohammad en Ëgtpte. 


Cette asaéft, al-Malik-al-Djavâd-Mothaffar-ad-Din-Yoünis-ibn- 
Maudoûd s’enfuit d’Égypte par mer, parce qu’il avait grand peur 
de son oncle al-Malik-al-K&mil et il se rendit chez son autre oncle 
al-Malik-al-Mo'aththam . 

Cetteïmôme année, al-Malik-al-K&mil craignit que ses émirs 
n’éprouvassent de l’inclination pour son frère al-Mo'aththam. Il en 
fit arrêter un certain nombre, et envoya des troupes pour garder 
les chemins ; puis il dépêcha des ambassadeurs auprès des princes 
vassaux de son frôre al-Malik-al-Ashraf, pour que ce dernier 
leur ordonnât de prendre parti pour lui et de se ranger à sa cause. 
— Cette même année, le sultan Djalal-ad-Din, fils du Khvârizmsh&h, 
s’en retourna dans ses états et reprit l’avantage sur les Tatars. H 
s’empara de 1’ 'Irait-' Adjaml, et marcha sur Mardîn dont il s’em- 
para; il se dirigea ensuite sur le Khouzistan, à la grande terreur 
du khalife an-Nasir. Il continua sa route jusqu’à Ya'koüb, qui est 
une localité distante de Bagdad de sept farsakhs, et le khalife 
s’apprêta à soutenir un siège. Le Khvarizmsh&h dévasta le 
pays; il y prit tout ce qui lui tomba sous la main et il y fit encore 


Mo'aththam attaquerait les possessions d’alrMalik-al-Ashraf. Ces événements 
ne s'étant pas réalisés, al-Ashraf mit le siège devant Ikhlàt ; la population 
de cette ville se sentait portée vers lui à cause de sa justice et de l'hon- 
nêteté de ses mœurs, qui contrastait vivement avec la dépravation de son 
frère al-Malik-al-Mothaffar-Shihâb-ad-Dln. Aussi la ville lui fut rendue, le 
lundi douzième jour du mois de Djoumàda de cette même année 621. Al- 
Malik-al-Mothaffar-Shihàb-ad-Dln se réfugia dans la citadelle; mais, quand 
la nuit fut venue, il descendit auprès de son frère et lui demanda pardon de 
sa conduite. Al-Malik-al-Ashraf le lui accorda facilement et lui laissa la ville 
de Miyâfarkîn. Al-Malik-al-Ashraf partit d’Ikhlât avec l’armée d’Alep, au 
mois de Ramadan de cette année, et il se rendit à Sindjâr où il passa l’hiver. 
— Cette même année, dit Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil (tôtd., folio 223 v°), mon 
père reçut une lettre du sultan al-Mâlik-al-Mo‘aththam (qu’Allah lui fasse 
miséricorde !) pour lui demander de se rendre auprès de lui. Cette lettre lui 
fut apportée par 'Aflf-ad-Dîn-ibn-Marâhil-al-Salmânt qui était venu plusieurs 
fois à Hamâh pour apporter des lettres d’al-Malik-al-Mo'aththam à al-Malik-al- 
N&sir, souverain de Hamâh ; nous partîmes alors de Ham&h dans les derniers 
jours du mois de Sha'bàn et nous fûmes reçu de la façon la plus gracieuse 
par al-Malik-al-Mo f aththam. Ce prince aima toute sa vie la société des gens 
de science, et il prenait plaisir à discuter avec eux sur des points de détail. 
Mon père lui demanda la permission d’aller demeurer à Jérusalem, mais il 
n'y voulut point consentir ». 

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histoire d’égypte de makrizi 508 

plus de mal que les TaUra. AHIalik ■t-Mo’eththem écrivit & ee 
prince, et fit alliance arec lui pour faire pièce à ses deax Urina, 
al-Malik-al-Kamil et al-Malik-al-Ashraf, souverain des provinces 
orientales. Le sultan Djalal-ad-Dïn envoya le fils du kàdl Madjd-ad- 
Din, kàda de son royaume, en qualité d’ambassadeur auprès d’al- 
Malik-al-Asbraf, puis vers al-Malik-Mo'aththam et enfin vers al- 
Malik-al-K&mil. Djalâl-ad-Dïn marcha ensuite sur l”Ir&k-al-'Adjam, 
s’empara d’Hamad&n, de Taurïz, et tomba sur lesKurdjes. — Cette 
même année, al-Malik-al-Afdal-'Alî, fils du sultan Salàh-ad-Dïn- 
Yousoûf, prince deSoumais&t, mourut dans sa capitale au mois de 
$afar ; il était né au Caire le jour de la fête de la rupture du 
jeûne de l’an 565, ou, suivant d’autres, de l’an 566; il était l’ainé 
des fils de $alah-ad-Dîn, et, en cette qualité, il avait été nommé 
héritier présomptif par le sultan. Ce prince étudia les traditions h ré- 
sous la direction d’Ibn-'Aoûf et d’Ibn-Barï; après la mort de son 
père, il devint prince de Damas, mais il ne réussit à rien parce 
qu’il n’avait point de chance, et son frère al-’Aziz-Othm&n, sultan 
d’Égypte, lui enleva cette ville. Il devint ensuite atàbek d'al-Malik- 
al-Mansoûr, fils d’al-'Azîz, en Égypte. Il assiégea Damas, où se 
trouvait son oncle, et il fut à deux doigts de s’en emparer, mais la 
ma le chance le poursuivait toujours et il dut s’en retourner en 
Égypte, poursuivi par son oncle al-Malik-al-'Adil, qui lui enleva la 
possession de ce pays; il ne lui resta plus que la ville deSarkhad. 

Il retourna attaquer une seconde fois Damas, accompagné de son 
frère al-Malik-ath-Thâhir-Ghâzi, prince d’Alep, mais une discus- 
sion qui éclata entre les deux princes fit échouer leurs projets; il 
finit par ne plus posséder que la ville de Soumaïsat. Quand mou- 
rut son frère al-Malik-ath-Th&hiivGh&zï, prince d’Alep, il voulut 
s’emparer de cette ville et il marcha contre elle avec le sultan 
’Izz-ad-Dm-Kai-Kâoüs, le Seldjoukide, souverain du pays de Boum; 
mais leur projet échoua, et il dut s’en retourner à Soumaïsat, où il 
vécut dans la médiocrité et où il finit par mourir d’ennui. C’était 
un prince instruit et savant; sa conduite ne donna jamais lieu au 
moindre reproche, et il écrivait d’une façon élégante. Il avait 
toutes les qualités, mais il manquait complètement de chance. 

Ses poésies sont excellentes ; quand son frère, al-Malik-al-'Azïz- 
Othmân et son oncle al-Malik-al-'Adil-Aboü-Bakr lui enlevèrent 
Damas, en l’an 592, il écrivit au khalife abbasside an-Nasir une 
lettre en vers dans laquelle il se plaignait que ces deux princes 
hii eussent arraché l’héritage de son père. Le khalife lui écrivit 
également une lettre en vers pour lui répondre. Al-Malik-al-Afdal- 
’Alï eut pour successeur à Soumaisât son frère, al-Malik-al- 

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504 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

Mofa<Jdal-Kotb*ad-Dïn-Moüsa ; les fils d’al-Afdal lui firent une vive 
opposition. 

Cette année, mourut également le khalife an-N&sir-li-Dîn-Allah- 
FoL 7i y. jbn-Ahmad - ibn - al - Mostafiî -bi-amr- Allah -al-Hasan-ibn-al- Mos- 
tandjid-billah-Yoûsouf, le deuxième jour du mois de Shavv&l ; il 
était né le dixième jour du mois de Radjab de l’an 553 et il était 
resté sur le trône du Khalifat durant 47 années moins 36 jours. Sa 
mère était une esclave affranchie nommée Zamarroud ou, suivant 

d'autres, Nardjïs *. — Cette même année, al-Malik-al-Mas’oüd 

partit du Yémen pour se rendre à la Mecque, puis il se dirigea vers 
le Caire en passant par 'Aidab. Il vint trouver son père al-Malik- 
al-K&mil, dans la Forteresse de la Montagne et il lui apporta des 
présents magnifiques. — Cette année, mourut au Caire, le vulr, 
le sàhib Safi-ad-Dïn-'Abd-Allah-ibn-Aboü’-l-Hasan-'Ali-ibn-al- 
Hosain-ibn-'Abd-al-Kh&lik-ibn-al-Hosain-ibn-Mansoùr-ibn-Ibrahîm- 
ibn-'Ammâr-ibn-'Ali-al-Sibî (?), connu sous le nom d’ibn Mansoür 
fâlnh (professeur de droit) ibn-Shakir-al-Damiri, le Malikite, le 
vendredi, huitième jour du mois de Sha'bftn ou de Shavv&l, suivant 
d’autres personnes. Il fut enterré dans son ermitage. Il était né à 
Damirah* qui est un village de l’Égypte maritime le neuf Çafarde 
l’année 548. Il avait suivi les leçons de traditions d’Ibn-'Aüf et 
d’autres savants; c’était un homme orgueilleux, qui encourageait la 
canaille de tous ses moyens et qui faisait tout ce qu’il pouvait pour 
empêcher les honnêtes gens d'arriver à quoi que ce fût. — Cette 
même année, le shérif K&sim-al-Hosaîni, émir de Médine, marcha 
contre la Mecque et assiégea durant environ un mois cette ville 
qui était défendue par les officiers (ncTibs) d'al-Malik-al-K&mil. Le 
shérif ne put réussir à s’en emparer et il fut tué devant la place *. 


1. M&krizi consacre à la vie de ce khalife quelques lignes dans lesquelles on 
ne trouve que ce qui est raconté avec bien plus de détails dans Ibn-Khallikan, 
et dont je supprime la traduction. 

2. Nom d'une très grosse bourgade en Égypte, proche de Damiette ; cette 
bourgade est, en réalité, composée de deux villages séparés par le Nil, c’est 
pourquoi on trouve quelquefois son nom au duel, Damirat&n « les deux Damlra » 
(Y&koùt, Modjam-al-bouldân , tome II, page 602). Parmi les gens célèbres ori- 
ginaires de cette localité, Yàkoüt cite Aboü-Touràb-'Abd-al-Wahh&b-ibn-Kha- 
laf-ibn-'Amroü-ibn-Yazid-ibn-Khalaf-al-Damlrl, connu sous le nom de al-Khouff, 
qui y mourut en l’année 270; le vizir Safl-ad-Dïn- Abd-AUah-ibn-'Ali-ibn-Sha- 
kïr, qui fut vizir d’al-Malik-al-*Adil et d’al-Malik-al-Kâmil et qui mourut en 
622; Aboü-Ghassàn-Malik-ibn-Yahyà-ibn-Malik-al-Damïrî, qui suivit les leçons 
de traditions de Yazïd-ibn-Haroün et qui eut pour élève Abou’-l-Hosain- 
Mohammad-ibn-'Ali-ibn-Dja'far-ibn-Khallâd-ibn-Yazlti-al-Tamlml-al-Djaühari ; 
le kddî Aboü’-l-Abbâs-Mohammad-ibn-Ismâ'il-ibn-al-Mohallab-al-Damlrï, élève 
de Djlroün-ibn- f Is&-al-Balavl. 

3. Djamâl-ad-DIn-ibn-Wâsil raconte, dans le Mofarradj (ms. ar. 1702, folio 225 
v°), que le Shirvânshâh Rashïd, prince du Derbend, était un homme de mau- 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


505 


Année 623 . 

Neuvième année du régne du sultan al-Malik-al-Kamil-Naçir- 
ad-Din-Mohammad en Égypte. 

Cette année, les dissentiments qui séparaient al-Mo'aththam 1 
et ses deux frères, al-K&mil et al-Ashraf s’aggravèrent. — Cette 
môme année, le khalife ath-Th&hir-bi-amr-AUah envoya les pré- 
sents d’usage aux souverains ayyoubites par Mohyi-ad-Din-Aboü’- 
’l-Mothaffar, fils du hàfifh Djamal-ad-Diu-Abou’-’l-Faradj-ibn-al- 
Djaûzi. L’ambassadeur commença par al-Malik-al-Ashraf-Moûsa, 


vaises mœurs qui traitait ses sujets d'une façon tyrannique, abusant de leurs 
femmes et de leurs enfants; le peuple en était indigné et une partie de l’armée 
complota avec son fils pour le renverser. Ces soldats le chassèrent du pays et 
mirent sur le trône son fils qui traita avec bonté l’armée et ses sujets. Le Shir- 
vânshâh se rendit alors dans le pays des Kurdjes et leur demanda aide; il les 
pria de lui donner une armée avec laquelle il pût reconquérir son royaume et 
en chasser son fils. Les Kurdjes lui fournirent des troupes nombreuses et il 
se mit en marche avec elles ; il arriva ainsi jusqu'à la ville de Shirvàn. Quand 
son fils apprit cette marche, il se mit à la tète de ses troupes et s’avança contre 
lui avec une armée qui comptait environ un millier de cavaliers ; il rencontra 
son père avec son armée de Kurdjes, qui était forte d’à peu près 3,000 cavaliers. 
Ils se livrèrent un combat furieux dans lequel les Kurdjes furent mis en fuite 
après avoir perdu beaucoup de monde et en laissant de nombreux prisonniers 
aux mains du fils du Shirvànshàh. Ce prince garda ainsi la couronne et il rendit 
à ses sujets tout ce que son père leur avait pris. Cette même année, une troupe 
de Kurdjes partit de Tiflis dans l’intention d’aller attaquer TAzerbeidjan, qui 
appartenait à Mothaffar-ad-Dln-Uzbek-ibn-Ilpehlivân; ils vinrent camper der- 
rière un défilé dans les montagnes, défilé tellement étroit que les cavaliers 
n’y pouvaient passer qu’un à un ; se trouvant réduits à la dernière extrémité, 
ils demandèrent aux Musulmans à capituler. Une partie de l’armée musul- 
mane marcha vers eux et les attaqua. Beaucoup de Kurdjes périrent dans 
cet engagement et un grand nombre d’entre eux restèrent prisonniers. Cette 
défaite irrita vivement l’orgueil du roi des Kurdjes, qui équipa une nouvelle 
expédition pour aller attaquer l’Azerbeîdjan, dans l’intention de l’enlever aux 
Musulmans. 

1. Djamâl-ad-Din-ibn-Wàsil raconte, dans le Mof arradj -a Vhouroüb (ms. ar. 
1702, folio 239 r°), que, lorsque le Khvârizmshâh Djalâl-ad-Dïn partit de Tiflis 
pour se rendre dans le Kirmân, il laissa à Tiflis une armée commandée par 
son vizir Sharaf-al-Moulk. Les vivres étant venus à manquer à ses soldats, ils 
se rendirent à Arzan-ar-Roûm, qu’ils livrèrent au pillage. Ils emmenèrent les 
femmes en captivité et s’emparèrent d’un butin immense ; puis ils se 
mirent en marche pour regagner Tiflis et passèrent non loin d'Ikhl&t. A 
cette époque, le gouverneur d’Ikhlât au nom du sultan al-Malik-al-Ashraf 
était le hàdjib Hosâm-ad-Dîn-*Alî, l’un des principaux familiers de ce prince. 
Quand cet officier eut appris la marche des Khvârizmiens, il rassembla des 
troupes et alla les attaquer ; il les battit complètement et leur reprit la plus 
grande partie de leur butin. Quand le vizir de Djalàl-ad-Din eut appris 
cela, il eut peur de ce qui pouvait arriver et il en avertit son souverain qui 
revint immédiatement à Tiflis. 

Bbv. db l’Or, latin. T. IX. 83 

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506 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


prince des provinces orientales, auquel il remit les vêtements 
d’honneur envoyés par le khalife ; il se rendit ensuite à la cour d’al- 
'Aziz-Ghiyâth-ad-Dïn-Mohammad, fils d’al-Malik at-Thâhir-Ghâzi, 
prince d’Alep, et lui remit une large tunique à manches noires, 
ainsi qu’uD turban noir orné de broderies d’or et un habit éga- 
lement brodé d’or. L’ambassadeur du khalife se rendit ensuite à 
Damas où il revêtit al-Malik-al-Mo'athtam-'lsà, prince de cette ville, 
des habits qui lui étaient destinés. De là, il alla au Caire, portant 
le diplôme d’investiture et les vêtements destinés à al-Malik-al- 
K&mil; il les lui remit en dehors de cette ville. Le sultan revêtit 
ces habits ainsi que ses deux fils. Le sàhib Safi-ad-Din venait de 
mourir, aussi Mohyi-ad-Din revêtit de la robe d’honneur qui lui 
était destinée le kàdî Fakhr-ad-Dîn-Solaïmân-ibn-Mahmoüd-ibn- 
Aboü-Ghâlib-[ibn]-Aboü-’r-Rabî'-al-Dimashki, secrétaire de la 
chancellerie. Al-Kâmil sortit à cheval par la Porte de la Victoire et 
traversa le Caire, après quoi il monta à la Citadelle de la Monta- 
gne. Ce fut une fête splendide. 

Cette même année, al-Malik-al-Kâmil fil emprisonner les en- 
fants du sàhib Safi-ad-Din-ibn-Shakir, et confisqua toute sa 
fortune. Il fit enfermer ses deux fils, Tadj-ad-Dïn-Yoüsouf et 'Izz- 
ad-Din-Mohammad, dans le souterrain de Sahm-ad-Din dans la cité 
d’Asvan au Caire, et il ne donna la place de vizir à personne après 
Ibn-Shakir. Celte année, al-Malik-al-Mo'aththam se rendit du Caire 
dans le Yémen, et al-Malik-al-Kâmil se défia de plus en plus de 
son armée. En effet, al-Malik-al-Mo'aththam 1 lui avait envoyé 
une lettre dans laquelle il lui disait, entre autres choses : « Je t’at- 
taquerai, et ce n’est pas avec une autre armée que la tienne que 
je te prendrai! » Ces paroles firent craindre au sultan une trahi- 
son de la part de tous ceux qui étaient à son service, et il n’osa 
point sortir d’Égypte pour aller combattre al-Mo'alhlham . 


1. Al-Malik-al-Mo'aththam, souverain de Damas, dit Djamàl-ad-DIn (tôid., 
folio 259 r°), avait comme on l’a vu plus haut, écrit à MothalTar-ad-Din- 
ibn-ZaTn-ad-Dln pour le prier de se joindre à lui et de venir faire le siège 
de Maüsil. Ce prince partit au mois de Djoumadâ premier et vint camper 
à al-Zâb. Le prince de Maüsil, Badr-ad-Dln-Loüloü, avait envoyé une dépu- 
tation au sultan al-Malik-al-Ashraf pour lui demander secours et pour le 
prier de venir en personne à Maüsil ; al-Malik-al-Ashraf se trouvait à cette 
époque à Rakka ; il partit de cette ville pour Iïarrân et de Ilarràn pour Damar 
(ou Dahar). Il saccagea la ville de Miyâfârkln et marcha vers Damas, où 
il rejoignit son frère al-Malik-al-Mo'aththam; al-Malik-al-Mothaffar ne rem- 
porta aucun avantage devant Maüsil, et, voyant qu’il ne pourrait jamais 
venir à bout de la résistance de cette ville, il leva le siège et s’en retourna 
à Arbèles, après avoir mis à feu et à sang plusieurs des cantons dépendant 
de Maüsil. 


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histoire d’égypte de makrizi 


507 


Al-Mo'ath|.ham entra en campagne, vint assiéger Homs 1 et sac- 
cagea les villages dépendants de cette ville ainsi que les endroits 


1. Voici comment le kddi Djamâl-ad-Dln- ibn - Wâsil raconte, dans le 
Mofarradj-al-kouroüb (ms. ar. 1702, folio 235 verso), le siège de Homs par al- 
Malik-al-Mo'aththam, ce qui lui arriva, ainsi qu’à Mothaffar-ad-Dln-ibn- 
ZaIn-ad-Dln-KôkboürI-ibn-*Ali-Kutchuk, prince d’Arbèles, au Khvarizmshàh 
Djalâl-ad-Dln, l’alliance que ces princes conclurent, l’attaque de Maüsil par 
Mothaffar-ad-Dln, celle d’Ikhlàt (Khilât) par le Khvarizmshàh Djalâl-ad-Din, 
celle de Homs et de Hamàh par al-Malik-al-Mo'aththam : 

Le prince de Homs, de Hamàh, les habitants d’Alep et le prince de Maûsil 
étaient les alliés d’al-Maiik-al-Ashraf ; al-Malik-al-Mo'aththam n’avait dans 
son parti, en fait de princes de sa famille, qu’al-Malik-al-Àmdjad-Madjd-ad- 
Dîn-Bahràmshâh-ibn-'Izz-ad-Dln-Farroukshâh, prince de Ba'lbek, al-Malik-al- 
*Aziz et al-Malik-as-Sâlih, fils d’al-Malik-al-'Adil, sultan d’Égypte et al-Malik- 
aç-Sàlih-Imàd-ad-Dîn-Ismà’il, prince de Bosra et de la province qui en dépen- 
dait. Al-Malik-al-Mo'a|htham était d’autant plus décidé à attaquer al-Malik- 
al-Kàmil, son frère, qu’il savait que ce prince avait peur de son armée, et qu’il 
n’oserait pas se risquer à sortir du Caire. C’est pourquoi al-Malik-al-Mo'aththam 
conçut le projet d’aller attaquer Homs et Hamàh. Il commença par Homs ; il 
envoya tout d’abord de Damas un détachement d’Arabes qui ravagèrent les 
environs de cette localité et qui mirent tout à feu et à sang. En même temps, 
arriva un émir envoyé par al-Malik-al-Ashraf, qui se nommait Màni-ibn- 
Hodalfa, émir de la tribu de Fadîl, à la tête d’un fort détachement d’Arabes 
qui devaient renforcer l’armée d’al-Malik-al-Modjàhid-Asad-ad-Dïn-Shlrkoüh, 
prince de Homs. Al-Malik-al-Mo'aththam partit de Damas avec son armée et 
quand il arriva devant Homs, l’émir Màni recula avec les Arabes d’Alep jus- 
qu’à Kinnisrîn ; ils laissèrent leurs impedimenta à Mardj-Dâbik et se dirigè- 
rent, armés à la légère, du côté de Homs, pour porter secours à ia garnison de 
cette ville. Les Arabes de Manf et les Arabes de Damas se livrèrent plu- 
sieurs combats ; l’âtâbek Shihàb-ad-Dln envoya également d’Alep des troupes 
pour renforcer l’armée du prince de Homs. L’arrivée de ces troupes coïncida 
avec celle d’al-Malik-al-Mo'aththam. Après un vif combat, les gens d’Alep par- 
vinrent à entrer dans Homs; à ce moment, al-Malik-al-Ashraf campait à Rakka; 
il reçut dans cette localité la nouvelle que le sultan 'Alâ-ad-Din-Kal-Kobàd, 
fils de Kal-Khosraü, fils de Kîlidj-Arslàn, souverain seldjoukide dû pays 
de Roum, marchait contre la ville d’Amid, où régnait al-Malik-al-Mas'oüd- 
ibn-ai-Malik-aé-Sâlih-Mahmoüd-ibn-Mohammad-ibn-Karâ-Arslàn-ibn-Sokmàn- 
ibn-Ortok, et que ce sultan venait de s’emparer de Hisn-Mansoür et d’al- 
Kahtln. Al-Malik-al-Ashraf envoya alors un corps de secours au prince 
d’Aiep; ces troupes rencontrèrent l’armée du sultan 'Alà-ad-Dîn-Kaî-Kobàd, 
fils de Kal-Khosraü, dis de Kilidj-Arslàn, mais elles furent battues. Le sultan 
al-Malik-al-Ashraf rétrograda alors jusqu'à Harrân, pendant que le reste des 
troupes d’Alep se rendait à Kinnisrîn pour renforcer l’armée d’al-Maük-al- 
Modjàhid, prince de Homs. Àl-Malik-al-Mo'aththam avait fait saccager les 
villages qui dépendaient de cette ville et brûler les moissons ; ces ravages 
s’étendirent jusqu’à Salamiyya qui appartenait à al-Malik-al-Mothaffar, dis 
d’al-Malik-ai-Mansoür, qui se trouvait à cette époque au Caire auprès de son 
oncle al-Malik-al-Kâmil. Al-Malik-al-Mo'aththam continua le siège de Homs 
durant quelque temps, mais sans pouvoir s’en emparer. Aussi, il dnit par 
abandonner ces opérations et s’en retourna à Damas au mois de Ramadan de 
623. Al-Malik-al-Ashraf partit avec une toute petite escorte et alla rejoindre 
son frère al-Mo'aththam qui montra la plus vive joie de son arrivée. La ville 
de Damas fut pavoisée, les musiques militaires donnèrent des concerts et on 
éleva des arcs de triomphe ; mais les sentiments intimes d’al-Malik-al- 
Mo'aththam étaient bien différents et il ne songeait qu’à jouer quelque 
mauvais tour à son frère. Pendant ce temps, le sultan al-Malik-Mo'a(htham 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Foi. 7 î y . où l’on avait fait les semailles ; mais la citadelle et la ville se défen- 
dirent si bien qu’il ne put s’en rendre maître. Quand il vit que les 
opérations traînaient en longueur, il leva le siège après que son 
armée eut été décimée par les maladies. Son frère al-Malik-al- 
Ashraf vint alors le rejoindre avec une petite escorte ; al-Mo'ath- 
tham s’en réjouit beaucoup et lui fit toutes sortes d'amabilités. — 
Cette même année, mourut le khalife ath-Thàhir-billah-Moham- 
mad-ibn-an-Nasir, le quatorzième jour du mois de Radjab, après 
un règne de neuf mois et neuf jours. Ce prince eut une conduite 
louable et il était très savant. Son fils, al-Moslansir-billah-Aboü- 
Dja'far- al-Mançoür devint khalife après lui, à l’âge de 20 ans. Il 
reçut des ambassadeurs des souverains des différentes parties de 
l’Asie ; al-Malik-al-Kàmil lui envoya en ambassade Mo'în-ad-Dïn- 
Hasan, fils du grand theikh Ibn-Hamaviyya *. 

Cette même année, arriva un ambassadeur d’ 'Alà-ad-Din-Kaï- 
Kobàd, souverain du pays de Roûm, apportant de beaux présents 
à al-Malik-al-Kàmil. 


Année 624. 

Dixième année du règne du sultan al-Malik-al-Kamil-Nasir- 
ad-Din-Mohammad en Égypte. 

Cette année, al-Malik-al-Ashraf partit de Damas pour se rendre 
chez lui * après avoir juré à al-Mo'aththam qu’il le soutiendrait 

échangeait des ambassades avec le sultan Djal&l-ad-Dîn, fils du Khvarizm- 
shah, Alà-ad-Dtn. Un envoyé de ce sultan arriva portant un vêtement d’hon- 
neur de grand prix, destiné à al-Malik-ai-Mo'aththam ; le souverain ayyoubite 
s’en revêtit et monta à cheval pour se montrer au peuple ; il conçut alors le 
projet de demander en mariage l’une des filles du sultan Djalàl-ad-Dïn ; les 
deux princes s’envoyèrent plusieurs ambassades à ce sujet. A la fin du mois 
de Ramadan, al-Malik-al-Mo'aththam sortit accompagné de son frère al-Malik- 
al-Ashraf, dans l’intention de se livrer au plaisir de la chasse ; ils furent 
rejoints en route par deux ambassadeurs qu’on leur envoyait d’Alep et qui 
étaient le kddi Zaln-ad-Dïn-ibn-al-Oustàd, substitut {ndib) du kddi Bahâ-ad- 
Dln-ibn-Shaddâd et Mothaffar-ad-Dln-ibn-Djourdîk ; ces envoyés venaient prier 
les deux princes de s’engager de nouveau par serment envers leur souverain, 
le sultan d’Alep, al-Malik-al- f Az!z, et envers l’atàbek Shihâb-ad-Dîn-Toghril. 
Les ambassadeurs s’aperçurent alors qu’al-Malik-al-Ashraf était dans la dépen- 
dance complète d’al-Malik-al-Moththam. — On trouvera dans Y Histoire cCAlep 
du sdhib Kamâl-ad-Dïn-ibn-al-'Adim le récit de ces événements dans une rédac- 
tion presque identique à celle de Djainâl-ad-Dïn-ibn-Wâsil, ce qui me dispen- 
sera d’y insister plus longtemps. 

1. Ou Hoummouya. 

2. C’est au mois de Djoumâda second, d’après Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil 
(ms. ar. 1702, folio 245 recto) que le sultan al-Malik-al-Ashraf quitta Damas 

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histoirb d’égypte de makrizi 


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contre son frère al.K&mil, contre al-Malik-al-Moudjàhid, prince de 
[Roms] ’ et al-Malik-an-Nâsir, prince de Hamàh. — L'ambassadeur 
d"Al&-ad-Din, souverain du pays de Roüm *, s'en retourna auprès 
de son souverain. — Celte môme année, al-Malik-al-Kâmil et ses 
deux frères, al-Mo'aththam et al-Ashraf, se brouillèrent complè- 
tement. Al-K&mil avait peur que la puissance de son frère al- 
Mo’aththam ne s’accrût ; quant à ce dernier, il envoya un am- 
bassadeur au sultan Djâlàl-ad-Dïn, fils du Khvârizmshàh . De 
son côté, al-Malik-al-Kàmil envoya l’émir Fakhr-ad-Dm-You- 
souf, fils du grand sheïkh, auprès du roi des Francs, pour l’en- 
gager à venir à ’Akkâ; il lui promit de lui donner plusieurs des 
villes du Sâhel qui appartenaient aux Musulmans *, s’il occupait 


pour s'en retourner dans ses états ; dès qu'il fut délivré de la contrainte morale 
que son frère al-Malik-al-Mo'aththam avait fait peser sur lui, il revint sur tous 
les engagements qu’il avait pris envers ce prince. Al-Malik-al-Mo'aththam 
envoya les Arabes contre Homs et Hamàh qu’ils mirent au pillage. Cette 
même année, al-Malik-an-Nâsir-Daoûd, fils d’al-Malik-al-Mo’aîhtham quitta 
Arbèles pour retourner auprès de son père ; il était accompagné du sheïkh 
Shams-ad-Dln-'Abd-al-Hamid-al-Khosravshàhï qui avait été le disciple de 
Yimàm le plus savant de son époque, le célèbre Fakhr-ad-Dln-ibn-al-Khatib- 
al-Râzï. Al-Malik-an-Nâsir-Dàoûd étudia sous sa direction. 

1. Le nom manque dans le manuscrit, ou plutôt il a été omis par le copiste; 
il faut restituer le nom de la ville de Homs. 

2. L’auteur de Y Histoire des Patriarches d’Alexandrie (ms. arabe 302, page 345 
et 346) raconte que cette année arriva au Caire un ambassadeur envoyé par le 
Khvârizmshàh, mais que l’on ne put savoir de quelle mission il était chargé : 
« L’ambassadeur du khalife, commandeur des Croyants, Abou-Nasr-ath- 
Thàhir-bi-amr-Allah, qui avait succédé à son père al-Nà§ir, arriva également 
cette année pour notifier cet événement au sultan, il apportait un magnifique 
vêtement d’honneur noir avec des broderies d’or, une selle également dorée 
pour le cheval de parade du sultan ; le sultan et ses fils revêtirent ces habits 
et se coiffèrent des turbans; les généraux et les grands émirs revêtirent 
aussi des habits (envoyés par le khalife), mais moins beaux. Ensuite arri- 
vèrent un ambassadeur du sultan du pays de Roum, prince de Koniyya 
et d’Akséraï, un ambassadeur du roi des Kurdjes; on reçut également plu- 
sieurs envoyés venant de tous les côtés qui effrayèrent les gens en racon- 
tant que le Khvârizmshàh avait battu l’armée des Kurdjes et qu’il s’était 
emparé de Tiflis. 

3. D.jamàl-ad-Dln (ms. arabe 1702, folio 245 v*) dit que le sultan d’Égypte 
offrit à l’empereur, qu’il appelle Verderik, la ville de Jérusalem avec d’autres 
places du Sahel ; aussitôt al-Mo'ath(ham écrivit à al-Ashraf, lui prodigua 
toutes sortes de belles paroles et lui proposa une alliance, mais al-Ashraf lui 
répondit par une lettre de sottises. — Il ajoute ( ibid ., folio 246) « Le sultan 
Djalàl-ad-Dïn, fils du Khvârizmshàh, avait épousé la fille du sultan Toghril; 
cette personne avait déjà été mariée à Mothaffar-ad-Dln-Uzbek, fils d’Il-pehle- 
vàn, et elle prenait une si grande part aux affaires de l’état que son mari 
n’avait aucune autorité. Elle envoya le gouverneur (vâli) de Djoûî à l’émir 
Hosàm-ad-Dïn f Alï, lieutenant d’al-Malik-al-Ashraf à Ikhlàt, pour lui offrir de 
le rendre maitre de tout le pays. L’émir se mit en route avec l’armée d’Ikhlâ( 
et s’empara des villes de Djoûî et de Salmàs; la population de Nakhtchévan 
lui écrivit également pour lui offrir de se soumettre à lui; il n’eut que la 
peine de se rendre dans cette ville pour s’en rendre maitre. Après cela, il s’en 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


son frère al-Malik-al-Mo'alhtham. L’empereur, souverain des 
Francs, envoya une armée dans le Sàhel ; quand al-Malik-al-Mo'ath- 
tham l’apprit, il écrivit une lettre au sultan Djalal-ad-Dîn pour lui 
demander secours contre son frère al-K&mil, lui promettant de 
faire réciter la kho}ba dans son empire et d’y faire frapper la mon- 
naie à son nom. Djal&l-ad-Din lui envoya alors une robe d’honneur, 

. dont il se revêtit et avec laquelle il traversa Damas ; il supprima en 
même temps le nom d’al-K&mil dans la khotba. Quand al-Malik-al- 
Foi. 73 f. Kamil fut informé de la conduite de son frère, il sortit du Caire 
avec son armée et s’en vint camper à Bilbis au mois de Ramadhan. 
Al-Mo'aththam lui envoya une lettre ainsi conçue : « Je jure par 
Allah, le Très-Haut! qu’à chaque étape que tu feras pour me 
venir attaquer, je donnerai mille dinars en aumône aux pauvres, 
car toute ton armée m’est dévouée comme le prouvent les lettres 
que j’ai entre les mains; je te ferai prisonnier toi et ton armée! ». 
Al-Mo‘alhtham lui fit parvenir cette lettre en secret, et il lui en 
envoya en même temps une autre qu’il rendit publique et dans 
laquelle il lui disait : « Je suis ton mamlouk, je n’ai cessé de te 
chérir et de te considérer comme mon suzerain. Il ne convient 
point que tu te mettes en campagne contre moi et que tu viennes 
me combattre. Je suis le premier de tes vassaux et ton premier 
serviteur parmi les princes de Syrie et des provinces orien- 
tales 1 ». 


retourna à Ikhlât, mais le sultan Djalàl-ad-DTn ne tarda pas à reconquérir ces 
villes. Quant à la fille de Toghril, elle se fixa à Ikhlât, où elle vécut entourée 
de la considération générale. 

1. A cette époque, dit Djamâl-ad-Dln ibn-Wâsil, dans le Mofarraâj-al-kou- 
roùb (ms. ar. 1702, folio 244 recto), le prince d’Amid était al-Malik-al-Mas’oüd- 
ibn-al-Malik-as-Sâlih l*Ortokide. Ce prince était l’allié d’al-Malik-al-Mo f ththam, 
souverain de Damas, de Mothaffar-ad-Dln-ibn-Zaln-ad-Dîn, prince d’Arbèles et 
du Khvarizmshâh, Djalâl-ad-Dîn-ibn-*Alà-ad-Din. Le sultan seldjoukide ’Alâ- 
ad-Dln-Kaï-Kobâd-ibn-Kilidj-Arslàn avait peur de Djalâl-ad-Dln, et il fit 
alliance avec le sultan al-Malik-al-Ashraf. Ce prince le pria d’aller attaquer 
Amid. Kaî-Kobàd marcha sur Mala^iyya et envoya de là une armée vers 
Amid; ses troupes s’emparèrent d’tlisn-Mansoür et d’autres places. Quand le 
prince d’Amid sut ce qui arrivait, il écrivit à al-Malik-al-Ashraf pour lui propo- 
ser de faire alliance avec lui ; al-Ashraf y consentit et il pria Kai-Kobàd de ren- 
dre au prince d’Amid ce qu’il lui avait pris, en lui faisant connaître qu’il avait 
contracté une alliance avec ce prince : a Je ne suis pas le vassal d’al-Malik- 
al-Ashraf, répondit Kaî-Kobâd, qui ordonne un jour ce qu’il défend le lende- 
main ». Le sultan al-Malik-al-Ashraf envoya alors une armée au secours du 
prince d’Amid, pendant que ce dernier, de son côté, mobilisait ses troupes. 
Les deux armées marchèrent contre celle du sultan du pays de Roum, qui 
assiégeait al-Kahtîn, dépendance des états du prince d’Amid; il y eut 
une bataille, au cours de laquelle le prince d’Amid et ses alliés furent complè- 
tement battus, et laissèrent aux mains des troupes du pays de Roum un nom- 
bre de prisonniers très considérable. Le sultan Alâ-ad-Dln-Kal-Kobâd s’empara 
également d’al-Kahtln. 

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histoire d'égypte de makrizi 


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Al-Malik-al-Kàmil montra cette seconde lettre 6 ses émirs, et il 
s’en retourna d’'Abbàsa au château de la Montagne. Dés qu'il fut 
arrivé au Caire, il fit emprisonner un certain nombre des émirs 
et des mamlouks de son père à cause de la correspondance qu'ils 
avaient entretenue avec al-Malik-al-Mo'aththam ; parmi ces émirs 
et ces mamlouks se trouvaient Fakhr-ad-Din-Altoünbogh&-al- 
Djaïshî, et Fakhr-ad-Din-Altoün.... 1 al-Fayyoümi, qui était émir 
djàndàr d’al-Malik-al-Kàmil. Il fil encore emprisonner dix émirs 
bahris 'adilis 1 ; quant aux autres, il leur confisqua toute leur for- 
tune qu’il distribua à son armée pour lui faire prendre goût à une 
expédition contre Damas. — Cette année arriva l’ambassadeur 
du roi des Francs ; il apportait au sultan al-Malik-al-Kàmil des 
cadeaux très précieux et de riches présents ; il lui offrit entre 
autres plusieurs chevaux, parmi lesquels se trouvait le propre che- 
val du roi avec une selle d’or incrustée de pierreries. Al-Kâmil se 
rendit au devant de l’ambassadeur avec des provisions de bouche 
( ikàmèh ) pour la route qui mène d’Alexandrie au Caire. Al-Malik- 
al-Kamil se rendit en personne au-devant de l’ambassadeur auprès 
du Caire, il le combla de grandes marques d’honneur et il lui 
donna comme demeure la maison du vizir Safi-ad-Dïn-ibn- 
Shàkir 3 . 11 s’occupa ensuite d’envoyer des présents au roi des 
Francs, parmi lesquels se trouvaient des cadeaux venant de l’Inde, 
du Yémen, de l"Irâk, de Syrie, de l’Egypte, de l”Adjem, dont la 
valeur dépassait de beaucoup celle des présents qui lui avaient 
été envoyés. — Cette année, le sultan envoya à son fils al-Malik- 
al-'Adil-Aboü-Bakr, le dix-neuvième jour du mois de Shavvàl, une 
selle d’or, sur laquelle se trouvaient des pierres précieuses pour 
une somme de dix mille dinars égyptiens ; il confia à Djamâl- 
ad-Dln-ibn-Mounkid-al-Shaïzârî le soin de porter ce présent au 
prince. — Cette môme année, arriva par mer auprès d’al-Malik- 
al-Kâmil, un ambassadeur de l’empereur grec. — Al-Mo'aththam 
partit de Damas pour aller détruire Jérusalem ; il ruina les cita- 
delles et les citernes de cette ville, lorsqu’il sut que les Francs 
s’étaient mis en campagne. — Cette môme année, al-’Malik-al- 
Kâmil envoya Kamâl-ad-Din et Mo'in-ad-Din, fils du grand sheïkh 
Ibn-Hamaviyya, et avec eux le shérif Shams-ad-Din-al-Armâvl, 


1. Ce nom est incomplet de la fin, il manque un second élément qui a été 
oublié par le copiste, soit boghà soit tâsh. 

2. Comme l’indique leur nom d’ * adilis , ces officiers avaient, anciennement, 
été attachés à la personne du sultan ai-Malik-al- f Adil. 

3. Comme on l’a vu plus haut, ce personnage était mort tout récemment et 
ses deux fils avaient été emprisonnés par les ordres du sultan d’Egypte, al- 
Malik-al-Kâmil. 

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RBVUB DE L’ORIENT LATIN 


fcddî de l'armée, auprès d’al-Malik-al-Mo'aththam. Il donna à 
Kamftl-ad-Din l’ordre de porter à al-Malik-al-Moudj&hid, à Homs, la 
réponse que ferait ce prince et de lui faire connaître quelle était 
la situation ; il ordonna à Mo'in-ad-Dîn de se rendre ensuite à 
Baghd&d en qualité d’ambassadeur auprès du khalife; les deux 
envoyés partirent au mois de Sha'bân. — Cette année, la fête de la 
rupture du jeune coïncida avec la fête des Juifs et avec celle des 
Chrétiens. — Cette année, mourut al-Malik-al-Mo'atht-ham-Aboü-’l- 
Fath-'Isâ, fils d’al-Malik-al-'Adil, prince de Damas, le vendredi, 
dernier jour du mois de Dhou’-l-ka'da. Il mourut à Damas et fut 
inhumé dans la citadelle de cette ville ; son corps fut par la suite 
poL7»t«. transporté à al-Sâlahiyya. Il était né à Damas en l’an 578. Son 
frère, al-Kâmil, qui le craignait beaucoup, se réjouit de sa mort 1 . 


1. Le kàdl de Hamâh-Djamàl-ad-Dîn-ibn-Wâ$il dit, dans le Mofarradj-al - 
houroüb (ms. ar. 1702, folio 246 r°), que ce prince mourut de dyssenterie 
(dousitâr) ; c’était d’ailleurs presque toujours de cette façon que mouraient 
les souverains à cette époque quand ils n’étaient pas assassinés. Il était âgé 
de 47 années musulmanes et il avait régné à Damas neuf ans et quelques 
mois. Son royaume comprenait la province qui s’étend entre Homs et al-'Arlsh, 
nommée 'Arlsh Misr par Djamâl-ad-Dln. Son armée se composait d’environ 
4,000 cavaliers, et aucun de ses frères ne pouvait mettre une pareille force en 
campagne. Il n’y avait parmi les princes ayyoubites que le sultan d’Égypte, 
al-Mailk-al-Kàmil, qui disposât d’armées plus nombreuses ; ce souverain 
pouvait en effet mettre en ligne 12,000 cavaliers. Al-Malik-al-Mo'aththam était 
un homme très simple, qui ne se montrait pas volontiers entouré de la pompe 
de la souveraineté. « Je l’ai vu, dit l’auteur du Mofarradj ( ibid. y folio 246 verso), 
à Jérusalem en l’année 623; les hommes, les femmes et les enfants se pressaient 
autour de lui dans la Mosquée al-Aksà implorant sa charité, et il n’en repous- 
sait aucun. Sa conduite était passée en proverbe, et quand un homme agissait 
sans aucune cérémonie, on disait de lui qu’il était un Mo'aththami. Il étudia 
les belles lettres avec le sAetfcATâdj-ad-Dln-Aboü’-l-Yaman-Zaid-ibn-al-Hasan- 
al-Kindl, et la jurisprudence sous la direction dusheïkh Djamàl-ad-Dîn-al-Khi- 
drl. C’était avec ces deux savants qu’il passait la plus grande partie de son 
temps. Il lut avec T&dj-ad-DIn la grammaire de Sibawaiyyih ; j’ai même vu 
un exemplaire de ce livre qui portait des annotations de la main d’al-Malik-al- 
Mo'aththam, en six endroits, autant que je puis me le rappeler. Dans l’un d’eux 
on lisait ceci : J’ai terminé à plusieurs reprises la lecture de ce livre, alors 
que je demeurais dans la ville d’Arsoûf ; et dans un autre : J’ai terminé à 
plusieurs reprises la lecture de ce livre alors que j’étais à Nàbolos. Tous 
les princes de la dynastie ayyoubite suivaient le rite des Shâfeïtes, et il 
était le seul qui fût de la secte de l’imam Aboü-Hanifah ; j’ai entendu dire 
que le sultan al-Malik-al-*Adil lui avait fait des remontrances à ce sujet. Il 
était tellement attaché à cette secte qu’il destitua le prédicateur (k/tâfî&) de la 
Mosquée al-Aksa, parce qu’il était shaféïte, et qu’il le remplaça par un hanéfite 
nommé Shih&b-àd-Dln. » — « Quand al-Malik-al-Mo'aththam vint à Jérusalem en 
l’année 623, dit encore Djamâl-ad-DIn ( ibid ., folio 247 v*), il s'assit en dehors du 
Dôme de la Roche (koubbat-al~sahhra)\ il fit venir plusieurs jurisconsultes, 
parmi lesquels se trouvait mon père, et il lui posa des questions sur le droit et 
la grammaire ; il avait auprès de lui, quand il voyageait, des savants qui ne le 
quittaient jamais. » L’un deux était Fakhr-al-Koud&t-Nasr-Allah-ibn-Barakat- 
al-Misri, homme très versé dans la littérature, là poésie et l’art épistolaire ; 

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histoire d’égypte db makrizi 


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C’était un prince généreux, brave et lettré, d’un caractère agréa- 
ble. Il connaissait le droit et était très fanatique pour la secte 
d’Aboü-tyanifa (qu’ Allah l’ait en pitié 1). Il possédait des connais- 
sances étendues en grammaire et en d’autres sciences. Son frère 
lui dit un jour : « Comment se fait-il que tu te sois attaché à la 
doctrine d’Aboo-Hanifa quand tons les membres de ta famille sont 
Schafeïtes? ». Il lui répondit : « O mon maître ! il fallait bien qu’il 
y eut dans votre famille un homme qui fut bon musulman ». 

Ce prince composa un ouvrage auquel il donna le litre : « La 
flèche qui atteint son but *, ou réfutation du khajib Aboü-'Bakr- 


un autre était Sharaf-ad-Dîn-Aboü-’l-Mahâsin-ibn-'Onaïn-al-DimishkT, qui 
était secrétaire à la chancellerie. L’un des familiers d’al-Malik-al-Mo f aththam 
était également {ibid., folio 248 recto) Djamàl-ad-Din-ibn-Shaît, secrétaire à 
la chancellerie (Kâtib-al-inshâ). — Al-Malik-al-Mo'aththam avait eu quatre 
fils, dont l'un mourut en bas âge; les trois autres étaient: le sultan al-Malik- 
al-Nâsir-Aboü-’l-Mothaffar-Dâoüd, qui porta d’abord le surnom d’al-Malik-al- 
Hâkim; il naquit en l’année 603; à la mort de son père, il était par consé- 
quent âgé de 21 ans. Sa mère était une turque; elle mourut après lui en 
l’année 672, à plus de 90 ans ; le second était al-Malik-al-Moughith-Shihâb- 
ad-Dln-'Abd-al-'AzIz, dont la mère était également une turque ; il mourut 
en 649, laissant un certain nombre d’enfants. Le troisième était al-Malik-al- 
Kâhir-Bahâ-ad-Dln-'Abd-al-Malik, dont la mère était une femme du pays de 
Roüm ; à l’époque où écrivait le kâdi de Hamâh, Djamâl-ad-Dîn, ce prince 
était au service du sultan mamlouk bahrite al-Malik-ath-Thâhir-Rokn-ad- 
Dln-Bàîbars-al-Bondokdàrî. Al-Malik-al-Mo'aththam laissa également un cer- 
tain nombre de filles, dont l’une épousa le sultan Djalâl-ad-Din, fils du Khvà- 
rizmshâh 'Alâ-ad-Din; mais cette personne resta dans sa famille. Elle mourut 
peu de temps après son père et elle fut enterrée sur le mont Kâsioùn, dans le 
collège al-Ilanaflyyah qu’elle avait bâti. 

1. On trouve cet ouvrage cité, mais sans plus de détails que n’en donne 
Makrizi par Hadji-Khalifa, dans son Dictionnaire bibliographique (tome III, 
page 632, notice 7698). L’Histoire de Bagdad (Târihh Bagdad ), d’Aboü-Bakr- 
Ahmad-ibn- f Ali-ibn-Thâbit-al-Khâtib-al-Baghdàdi, mort en l’année 463 de l’hé- 
gire, soit en 1071 de J.-C., se trouve en fragments à la Bibliothèque Nationale 
Dans son Dictionnaire bibliographique (tome II, page 119, notice 2179), Hadji- 
Khalifa donne quelques renseignements intéressants sur ce dernier ouvrage 
et sur son auteur. Il nous apprend en particulier que l’auteur fut le premier 
qui songea à écrire une histoire de Baghdad; elle comprenait quatorze 
volumes, et il légua son manuscrit autographe au célèbre collège al-Mostan- 
çarriyya, à Bagdad. Cette chronique fut continuée par Yimâm Aboü-Sa'd-'Abd- 
al-Karlm-ibn-Mohammad-al-Sam'anl, qui était connu par sa science des 
généalogies et qui mourut au cours de la cinq cent soixante-deuxième année 
de l’hégire; cette continuation ne se composait pas de moins de 15 volumes; 
ce nouvel ouvrage fut a son tour continué par un nommé 'Imftd-ad-Dln-Aboü- 
*Abd-Allah-Mohammad-ibn-Mohammad-ibn-Hâmid, qui fut vizir et qui mourut 
en 597 de l’hégire; ce continuateur donna à son travail, qui comprenait trois 
volumes, le titre de al-Sail-alà-al-Zail. Un nommé Aboü-'Abd-Allah-Moham- 
mad-ibn-Sa f ld, connu sous le nom de Ibn-al-Dobalthl-al-WasitI (| 637), 
continua à son tour l’œuvre de Sam'ânl. Ibn-al-Katfl ajouta un nouveau sup- 
plément à celui d’al-Dobalthl ; le hâfith Shams-ad-Dln-Mohammad-ibn-Ahmad- 
ad-Dahabi (f 748), abrégea le supplément d’al-Dobalthl et le réduisit de 
moitié. Le Târihh Bagdad fut continué directement par le hâfith Mohibb-ad** 

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514 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Ahmad-ibn-Thâbit, sur ce que cet auteur avait dit au sujet d’Aboü- 
Hanifa dans son histoire de Baghdâd. » Ce fut lui qui attira le 
sultan du Khvârizm dans le pays. Il régna après la mort de son 
père durant huit ans et sept mois, moins huit jours. Il eut pour 
successeur, al-Malik-an-Nâsir-Dâoüd 1 qui avait 21 ans. Le jeune 
prince envoya une lettre à son oncle al-Malik-al-K&mil, et célébra 
les obsèques de son père. Al-Malik-al-Kâmil lui envoya l’émir 
' Alâ-ad-Di n -ibn-Shodja'- ad-Din - Djildak - al - Mothaffari - al-T a ka vi 
avec un vêtement d’honneur et l’étendard du sultanat, et il lui 
accorda l'investiture de ses états. An-Nâsir-Dâoüd revêtit le vête- 
ment d’honneur que lui avait envoyé al-Malik-al-Kâmil et il monta 
à cheval avec l’étendard. Le sultan al-Malik-al-Kâmil envoya alors 
prier le prince de Damas de lui abandonner la citadelle de Shaubak 
pour y déposer ses trésors, mais il n’y voulut point consentir. Ce 
refus fut cause qu’al-Kâmil et an-Nâsir se brouillèrent. — Cette 
même année, le sultan al-Malik-al-Kâmil ordonna de raser la ville 
de Tinnis et les beaux édifices qui s’y trouvaient furent ruinés. 
Il n’y avait pas dans toute l’Égypte de plus belle ville que Tinnis; 
depuis ce temps, elle est restée en ruines. — Cette année, au mois 
de Radjab, l’émir Aboü-Zakaryâ-Yahyâ-ibn-'Abd-al-Vâhid-ibn-Aboü- 
Hafs se déclara indépendant à Tinnis et on lui donna le titre de 
« sultan heureux » ( el-sultan el-said). Personne ne songea à 
l’en empêcher dans toute la province d’Afrique tant était com- 
plète la décadence de la dynastie des 'Abd-al-Moü’min *. 


Dln-Mohammad-ibn-Mahmoùd-al-Bagdâdï, surnommé Ibn-al-Nadjdjâr (f 643); 
cette continuation comprenait, parait-il, trente volumes, et Hadji-Khalifa en 
vit un, le dix-septième, qui contenait les biographies des personnages dont 
le nom commençait par un 'Ain. Ce travail fut continué successivement par 
Takl-ad-Dln-Mohammad-ibn-RàfT (f en 774), et par Aboü-Bakr-al-Mâristànî. 
Le Tarikh-Bagdàd avait été abrégé par AboG-’l-Yaman-Mas'oüd-ibn-Moham- 
mad-al-Bokhhârî (f 461). 

1. Djamàl-ad-Din dit, dans le Mofarradj (ms. ar. 1702, folio 250 r°), qu’ai-. 
Malik-al-Nàsir-Dâoùd garda comme ostâddâr l’émir 'Izz-ad-Dîn-Aïbek-al- 
Mo'aththami, qui possédait Çarkhad en fief ; son oncle, al-Malik-al-'Aziz- 
Othmân, prince de Bânlâs, resta auprès de lui; de même firent al-Malik-as- 
Sâlih-'Imâd-ad-Dln-Isma'il, qui possédait Bosrâ et le Savâd, et al-Malik-ai- 
Moughlth-Shihâb-ad-Dln-Mahmoüd-ibn- al-Malik-al-Moughîth-ibn-al-Malik- 
al-'Adil. 

2. Cette année, dit l’auteur de l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie 
(année 942 des Martyrs), la crue du Nil fut insuffisante, de telle sorte que les 
denrées furent chères ; un ardeb de blé se vendit jusqu’à vingt dirhems, un 
ardeb dorge treize dirhems, de fèves, dix dirhems, et le tout à l’avenant. 

« Le sultan ayant conçu de vives craintes de la conduite des émirs, en fit 
arrêter un certain nombre ; il fit arrêter les enfants du sàhib Ibn-Shokr-al- 
Hàkim ainsi que ses domestiques; il les fit torturer et les força à lui donner 
de l’argent. Ce fut un temps désastreux, parce que le sultan al-Malik-al-Kâmil 
exigeait que les gens lui payassent l’arriéré des impôts, que l’on fit rentrer 

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HISTOIRE D’ÉGYPTB DE MAKRIZI 


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Année 625. 

Onzième année du règne du sultan al-Malik-an-Kamil-Nasir- 
ad-Din-Mohammad en Égypte. 


Cette année, al-Malik-al-Kàmil envoya le sheïkh des sheikhs 
Ibn-Hamaviÿya, avec des vêtements d’honneur auprès de son 
neveu an-N&sir-D&oüd, fils d’al-Mo’aththam, à Damas. L’ambassa- 
deur du sultan d’Égypte porta le ghàshiah devant lui ; les deux 
oncles du jeune prince, al-Malik-al-'Aziz et al-Malik-as-Sâlih le 
portèrent ensuite ; al-Malik-al-Kâmil envoya de môme des robes 
d’honneur à al-Malik-al-Moudjahid, prince de Homs. — Cette 
môme année, al-Malik-al-K&mil se brouilla avec son neveu an- 

dans les caisses du trésor les taxes en retard et que Ton dressât de nouyeaux 
rôles. Il demeurait alors dans la citadelle de la Montagne au Caire, ayant avec 
lui son fils, le souverain du Yémen ; toutes les troupes vinrent camper durant 
quelques jours en dehors du Caire après être sorties de leurs casernes dans 
les derniers jours de l’année précédente ; elles se mirent en grande tenue 
et chaque émir passa son corps en revue. Le sultan donna l’ordre que pas 
un homme ne se rendit dans le Rif et que tout le monde restât au Caire, 
que ce fût un officier ou un simple soldat. » — L’auteur de V Histoire 
des patriarches d'Alexandrie rapporte sous la rubrique de l’année 942 des 
Martyrs (ms. ar. 302) qu’il y eut à cette date en Égypte une crise moné- 
taire extrêmement grave et que le change de l’or monta à un taux extraor- 
dinaire ; il fallait donner 44, 5 dirhems pour un dinar d’or. Pour remédier 
à cette fâcheuse situation, le sultan fit ouvrir un atelier de frappe dans 
la Citadelle et un autre à Misr; il y en avait déjà un au Caire. On frappa 
dans l’atelier du château de la Montagne des dirhems ronds *, pendant ce 
temps, les pièces d’or vinrent à manquer complètement et on ne put en trou- 
ver qu’avec un change extraordinaire; il fallut donner 60 dirhems pour un 
dinar, ou tout au moins 47. Quand la frappe des nouveaux dirhems fut ache- 
vée et qu’ils eurent été mis en circulation, le change baissa d’une façon 
sensible ; le sultan le fixa à 37 des nouveaux dirhems pour un dinar et 42 des 
anciens dirhems pour un dinar. La population souffrit extrêmement de cette 
pénurie d’or, mais cela n’empêcha pas le sultan d’y amasser une somme respec- 
table; peut-être même n’avait-il pas été étranger à cette manœuvre de bourse. 
Peu de temps après, le sultan prohiba sous peine de mort la circulation des 
anciens dirhems, tous ceux qui en possédaient durent les porter au change et 
ils reçurent un dinar contre 45 de ces pièces ; il leur fallut ensuite échanger 
leurs dinars contre les dirhems nouvellement frappés, au change de 35 dirhems 
pour un dinar, de telle sorte qu’ils perdaient considérablement. En réalité, 
toutes ces mesures n’avaient qu’un but, faire rentrer l’or dans les caisses du 
sultan et elles portèrent un grave préjudice au commerce de l’Égypte. Il parait 
que l’on frappait chaque jour 100,000 dirhems dans les ateliers établis par le 
sultan et que cela représentait une somme de 500 dinars. Le sultan fit égale- 
ment frapper des monnaies de cuivre; cette émission fut mieux vue que 
celle des nouveaux dirhems d’argent, car elle n’avait pas fait entièrement 
disparaitre l’ancienne monnaie qui était tombée à la moitié et même au quart 
de sa valeur. 

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RBVUE DB L’ORIENT LATIN 


Nâsir-Dàoùd, et il conçut le projet de marcher contre lui et de lui 
enlever Damas. Il nomma son fils al-Malik-as-S&lih-Nadjm-ad-Din- 
Ayyoüb, son héritier présomptif, et le fit monter à cheval revêtu 
des insignes de la souveraineté. Le jeune prince traversa le Caire 
et on porta le ghàshiah devant lui ; les émirs se disputèrent à tour 
de rôle l’honneur de le porter devant lui. Al-Kamil lui assigna 
comme demeure le Palais du Vizirat; il avait à cette époque envi- 
Foi. 7* r*. ron vingt-deux ans. — Cette même année, al-Malik-al-Amdjad- 
Bahrâm-Shâh, fils d"Izz-ad-Dln-Farrukh-Shàh, prince de Ba'albek, 
tyrannisa ses sujets ; il s’empara de leurs biens et de ceux de 
leurs familles. Une partie dé ses soldats offrit à al-'Azîz-Fakhr- 
ad-Din-'Othmân, fils d’al-Malik-al-’Adil, de lui livrer Ba'albek. Al- 
'Azîz vint assiéger la ville ; mais al-Amdjad fit arrêter ceux qui 
s’étaient entendus avec al-'AzIz; il en fit massacrer une partie et 
fit enchaîner le reste. Al-Malik-an-N&sir-D&oüd, prince de Damas, 
envoya ensuite prier al-'Àzîz de lever le siège de Ba'albek; ce der- 
nier obéit, très fâché de cette intervention, et il se rendit auprès 
d’al-Malik-al-Kftmil; le sultan en fut très aise et lui promit d’en- 
lever Ba'albek à al-Amdjad et de la lui donner. — Cette même 
année, al-Malik-an-Nasir-Dâoûd traita avec dureté les habitants 
de Damas, et confisqua leurs biens; de plus il négligea le gouver- 
nement de ses états pour s’occuper de futilités. Al-Malik-al-Kàmil 
fut vivement contrarié de cette conduite, qui le forçait de lui 
enlever Damas * ; il se mit en marche au mois de Radjab pour 
aller lui faire la guerre, laissant en Égypte son fils al-Malik-al- 
Sâlih, en qualité de vice-roi ( nâïb ). Il désigna, pour rester avec ce 
dernier, l’émir Fakhr-ad-Dm-Yoüsouf, fils du sheïkh des sheikhs, 
avec la charge de recouvrer les revenus et de gouverner l’empire. 

Le sultan partit du Caire, le dimanche, quatorzième jour du 
mois de Sha'bân, à la tête d’une armée très nombreuse ; il était 
accompagné d’al-Malik-al-Mothaffar- Takî-ad-Din-Mahmoùd, fils 
d’al-Malik-al-Mansoür, à qui il avait promis la ville de Ham&h ; 
d’al-Malik-al-Djavad-Mothaffar-ad-Dïn-Yoünis, fils de Maüdoud, fils 
d’al-Malik-al-'Adil. Al-Djav&d avait été élevé par sou oncle al- 
Malik-al-Kâmil, après la mort de son père, et le sultan d’Égypte lui 
avait donné en fief la ville de Djizéh 2 , en Égypte. Quand al-Malik- 
an-Nâsir apprit que son oncle s’était mis en campagne pour venir 
l’attaquer, il ne songea point à apaiser sa colère par des flatteries, 

1. En fait, le sultan d’Égypte qui ne cherchait qu’une occasion de s’empa- 
rer de Damas, dut être enchanté de ce qu’il considérait comme un motif 
suffisant d’intervention. 

Ou plutôt la Bohaxra. 

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histoire d’égypte de makrizi 


517 


mais il se rendit auprès de son autre oncle, al-Ashraf. Al-Malik- 
al-Kâmil marcha avec son armée et les Arabes jusqu’à Tell-al- 
’Adjoül, et de ce point, il envoya des troupes 6 Nabolos, 6 Jérusalem 
et dans les cantons qui dépendaient de ces villes. Il fit partir l’émir 
Ros&m-ad -Din-Aboû-'Ali-ibn-Mohammad - ibn-Aboü-'Ali-al-Hadh- 
bànî, qui était l’un des officiers de al-Mothaflfar-Takï-ad-Dïn, et il 
le renvoya au Caire ; al-Malik-as-Sàlih le prit à son service et le 
nomma son oatàdâr. 

Les troupes d'al-Malik-al-Kâmil s’emparèrent de Nabolos et de 
Jérusalem ; quand al-Malik-an-Nâsir l’apprit, il se fit prêter ser- 
ment par ses troupes et se prépara à entrer en campagne. Son 
oncle al-Malik-as-Sâlih, prince de Bosrâ, vint le rejoindre, ainsi que 
l’émir 'Izz-ad-Din- Aïbek de Sarkhad, et leur arrivée l’encouragea à 
la résistance. Il envoya les deux émirs 'Imâd-ad-Dîn-ibn-Moüshak 
et Fakhr-al-Kou<jat-Nasr-Allah-ibn-Barakat demander à son oncle 
al-Malik-al-Âshraf de venir de ses provinces orientales pour lui 
porter secours. Al-Malik-al-Ashraf les fit reconduire par al-Ashraf, 
fils du kàdi al-F&dil : il consentit à venir en personne au secours 
de son neveu. Il laissa dans son royaume pour le gouverner 
durant son absence, al-Malik-al-Hafith-ibn-al-'Adil, et il se mit en 
marche. Le prince de Hamâh vint au-devant de lui, de Salamiyya, 
en lui apportant de l’argent et des chevaux; le prince de Homs Foi. 74 v. 
se rendit également au-devant de lui avec ses fils. Al-Malik-al- 
Ashraf continua sa route vers Damas et al-Malik-an-Nftsir sortit 
pour se rendre au devant de lui, dans les derniers jours du mois 
de Ramaçlhan; la ville de Damas fut pavoisée à l’occasion de 
son arrivée. Il se rendit à la citadelle, pendant que l’on faisait 
flotter au-dessus de sa tête un grand drapeau dont la hampe por- 
tait en son milieu une cravate ; an-Nâsir se réjouit beaucoup de 
son arrivée et lui donna toute autorité dans son royaume et sur 
ses finances. Al-Ashraf admira la beauté de Damas et travailla 
en dessous pour se rendre maître de cette ville et l’enlever à 
an-Nâsir. 

Ensuite arriva al-Modjhàhid-Asad-ad-Dïn-Shîrkoûh-ibn-Mobam- 
mad, prince de Homs. Al-Malik-al-'Azîz, fils d’al-'Adil se rendit 
auprès d’al-Malik-al-Kâmil et il le rejoignit en chemin. L’arrivée 
de ce prince réjouit beaucoup le sultan d’Égypte qui lui fit de 
grands présents; al-Malik-al-Âshraf envoya auprès d’al-Kâmil 
l’émir Saïf-ad-Dln-'Ali-ibn-Kilidj pour intercéder en faveur d’al- 
Malik-an-Nâsir et pour le prier de laisser ce prince en possession 
de Damas, il lui fit dire : « Nous reconnaissons tous ton autorité, et 
aucun de nous ne cessera d’étre ton allié ». Al-Malik-al-Kâmil 

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518 REVUE DE L’ORIENT LATIN 

reçut l’envoyé d'al-Ashraf avec beaucoup d’honneurs, et al-Ash- 
raf, accompagné d’an-N&sir, sortit de Damas pour se rendre au 
devant d’al-Malik-al-K&mil et conclure un arrangement avec lui. 
Quand al-K&mil apprit le départ d’al-Ashraf et d'an-Nâsir, il en fut 
très fâché, et il partit de N&bolos pour s'en retourner au Caire; 
al-Ashraf arriva au moment où al-K&mil était à Tell-al-'Adjoûl. Le 
sultan d’Égypte se rendit au-devant d’al-Ashraf et vint avec lui 
dans son camp, où les deux princes campèrent. Ils s’entendirent 
pour enlever Damas à leur neveu al-Malik-an-N&sir-D&oüd et ils 
convinrent qu’al-Malik-al-Ashraf en prendrait possession, ainsi 
que de ce qui en dépendait jusqu’au dédié de Fik; qu’al-Malik-al- 
K&mil aurait pour sa part tout le pays et les forteresses qui se 
trouvaient entre le dédié de Fik et de Ghaz&, le tout formant les 
conquêtes de Sal&h-ad-Dïn. Les deux princes convinrent encore 
que l’on donnerait à al-Malik-an-N&sir, à la place de Damas, les 
villes de Harrân, Rakka, Saroûdj et Ra’as-’Ain, ce qui était du 
domaine d’al-Ashraf, qui devait enlever Ba'albek à al-Malik-al- 
Amdjad-Bahr&m-Sh&h et la donner & leur frère al-Malik-al-'Azîz- 
'Othm&n ; la ville de Ham&h devait de même être enlevée à 
al-Malik-an-N&sir-Kilidj-ArsI&n-ibn-al-Mansoûr et devenir la pro- 
priété d’al-Mothaffar-Takî-ad-Dm-Mahmoüd-ibn-al-Mansoûr, à la 
place de Salamiyya que l’on donnerait à al-Moudjh&hid, prince 
de Homs. 

Celte même année, mourut l’empereur des Mongols et des 
Tatars, Djingiz-K&an, près de Saroübalik; on transporta ses restes 
dans la capitale de l’empire du Khita *. Son plus jeune fils lui suc- 
céda; l’aîné monta sur le trône de Chine, et ses trois autres frères 
se partagèrent l’empire de leur père. — Cette môme année, les 
Tatars envahirent les pays de l’Isl&m, et ils luttèrent à plusieurs 
reprises contre le sultan Djal&l-ad-Din. Ce souverain fut battu 
plusieurs fois; à la fin cependant, il les vainquit et les mit en fuite. 

Foi. 75 r*. Quand il fut débarrassé d’eux, il marcha sur la ville d’Ikhl&t qui 
faisait partie des provinces orientales ; il livra cette ville au plus 
affreux pillage, réduisant les femmes en captivité, faisant passer 
leurs enfants au fil de l’épée et massacrant les hommes; il mit à 
feu et à sang les villages qui dépendent de cette ville et il y commit 
des atrocités que des infidèles eux-mêmes n’auraient pas faites. 
Après cela, il rentra dans ses états, après avoir fait trembler les 
villes d'Harr&n et d’Édesse. La population de Saroûdj s’enfuit à 

1. C’est une erreur. Djingiz-Khàn fut inhumé dans le désert. Ce fut Ogotaï 
Kààn qui lui succéda sur le trône de Chine. Les renseignements donnés par 
Makrizl sont ici fort inexacts. 

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histoire d’égypte de makrizi 


519 


Manbadj. Ce prince avait le dessein de venir attaquer la Syrie, 
mais Allah fit échouer son projet. — Cette même année, l’em- 
pereur, souverain des Francs, arriva à 'Akka 1 sur la demande 
que lui en avait faite al-Malik-al-Kamil, comme nous l’avons dit 
plus haut. Il devait de cette façon occuper al-Malik-al-Mo'aththam, 
frère de al-Malik-al-Kamil, et le détourner ainsi de ses projets 
contre l’Égypte. Al-Mo'aththam était mort sur ces entrefaites; 
quand l’empereur arriva à 'Akka, il envoya à al-Malik-al-Kamil 
un ambassadeur, auquel il ordonna de tenir au prince ce lan- 
gage : « Le roi te dit : L’intérêt bien compris des Musulmans eût 
été de me donner toutes les choses [qui avaient été convenues], 
car dans ce cas, je ne serais pas venu. Vous nous avez offert à 


1. L’auteur de Y Histoire des Patriarches d’ Alexandrie (ms. arabe 302, 
page 352) raconte que l’empereur arriva d’Occident à Chypre ; il se rendit de 
Chypre à 'Akka, et ses ambassadeurs vinrent trouver le sultan (al-Malik-al- 
Kâmil) ; c’étaient deux chevaliers dont l’un était prince de Saida et l’autre le 
comte Thomas ( Tamas ), gouverneur d’'Akkà au nom du roi des Francs; ils 
apportaient des présents splendides. Le sultan les reçut avec de grands hon- 
neurs; toute l’armée prit les armes le jour de leur arrivée. Le sultan leur 
envoya à plusieurs reprises des plénipotentiaires et ils en firent de même. Cet 
empereur était un savant homme, très généreux, très abordable et de bonnes 
mœurs. Le sultan lui envoya dos cadeaux comprenant des juments, des mules, 
des chameaux, des étoffes et les autres choses que les rois ont coutume de 
s’offrir. Après cela, le sultan partit d’au-dessus de Nâbolos et retourna à Madjal- 
Yabâ où il campa; de là il se transporta à un endroit proche d’ f Askalân, où il 
fut rejoint par son frère al-Malik-al-Ashraf, sultan des Provinces Orientales, 
le jour de la fête des Sacrifices de l’année 625 de l’hégire. Pendant ce temps, 
l’empereur ne cessa d’envoyer des plénipotentiaires et le sultan (qu’Allah le 
favorise de son aide) en fit autant. Il fit venir de Misr un éléphant qu’al-Malik- 
al-Mas r oüd, souverain du Yémen et du Hidjaz, avait amené avec plusieurs 
autres ; c’était le seul qui restait, et tous les autres étaient morts ; il l’envoya à 
l’empereur. L’empereur quitta 'Akka et vint camper à Jaffa ; il rebâtit cette 
ville, après en avoir fait autant à Kaisariyya. Cette année, le Nil monta à 
17 coudées et 20 doigts. Les denrées furent à très bas prix en Égypte, mais 
elles furent au contraire très chères en Syrie, de telle sorte que l’armée en 
souffrit beaucoup; elles furent à un si haut prix que les soldats vendirent 
leurs chevaux et leurs équipements pour pouvoir s’en procurer. Le sultan 
partit et vint camper à Tell-al-*Adjoûl, ayant avec lui al-Malik-al-Ashraf; 
al-Malik-al-Nâsir, fils d’al-Malik-ai-Mo'aththam, prince de Damas, partit pour 
aller prendre possession de ses états qui s’étendaient depuis le Ghoür jusqu’à 
Ghazâ, de telle sorte que le sultan ne possédait plus en Syrie que Ghazâ 
et Daroüm; al-Malik-al-Modjhahid, prince de Homs, vint trouver le sultan 
dans cet endroit et y resta quelque temps. L’empereur, qui était à Jaffa, et le 
sultan ne cessaient de s’envoyer mutuellement des parlementaires. Sur ces 
entrefaites, al-Malik-al-Ashraf et le prince de Homs partirent, tandis qu’un 
grand nombre de soldats de l’armée de Damas vinrent prendre du service dans 
l’armée du sultan qui les reçut le mieux qu’il put et leur fit beaucoup de 
cadeaux. Parmi les derniers qui vinrent le trouver était 'Izz-ad-Din-Altimour, 
un des meilleurs émirs, qui occupait la charge d'ostdd-dàr. Le sultan lui fit de 
tels présents qu’il est impossible de les décrire... — On reçut la nouvelle de 
la mort d’al-Malik-al-Mas'oüd, prince du Yémen et du Hidjaz; il mourut à 
la Mecque ; il s’était mis en route pour venir du Yémen en Égypte. 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


l’époque du siège de Damiette de nous donner tout le Ç&hel et 
de nous concéder les droits sur Alexandrie. Nous n’avons pas 
accepté ces propositions. Allah vous a ensuite accordé la victoire 
et vous a rendu Damiette, mais maintenant vous ne pouvez 
m’offrir moins que vous n’offriez alors aux Francs ». Al-Malik-al- 
Kàmil tomba dans un grand embarras, car il ne pouvait refuser 
à l’empereur, ni lui déclarer la guerre après la convention qui 
avait été conclue avec lui ; aussi il lui envoya un ambassadeur 
pour flatter son orgueil. L’émir Fakhr-ad-Din-Yoûsouf, fils du 
8heîkh des sheîkhs, se rendit plusieurs fois en mission diploma- 
tique auprès de l’empereur. — Pendant ce temps, les Francs pous- 
saient avec la plus grande activité la mise en état de défense de 
Çaïda (Sidon) qui était divisée par moitié entre les Francs et les 
Musulmans; les Francs relevèrent les fortifications qui étaient 
en ruines, puis ils en chassèrent les Musulmans. L’année se ter- 
mina alors, al-Malik-al-K&mil se trouvant à Tell al-’Adjoùl et le 
roi des Francs à ’Akka, tous les deux s’envoyant mutuellement 
des ambassadeurs *. 


Année 626. 

Douzième année du règne du sultan al-Malik-al-KAmil-NAsir- 
ad-Din-Mohammad en Égypte. 

Cette année, les vivres atteignirent un prix très élevé dans le 

1. L’auteur de V Histoire des Patriarches d\ Alexandrie (ms. arabe 302, 
p. 348) nous apprend qu’après une assez longue stagnation, l’eau du Nil se 
décida à monter; on ouvrit l’écluse du canal d’Abou-’l-Manadjâ le mardi, 
quatrième jour du mois de Tôt; le mercredi, cinq de ce même mois, le Nilo- 
mètre indiquant que la crue était suffisante, on ouvrit l’écluse du premier canal 
(al-k?ialidj-al-hadi), le jeudi six. — Al-Malik-al-Mo r aththam, souverain de 
Syrie, fit alliance avec al-Malik-al-Ashraf, souverain des Provinces Orien- 
tales, frère du sultan al-Mâlik-al-Kâmil (qu’Allah le favorise de son aide), et 
les dissentiments qui les séparaient cessèrent alors ; notre seigneur, le sultan 
al-Malik-al-Kâmil, revint avec son armée d’'Abbâsa au Caire. Cette même 
année, on apprit que le khalifat avait passé à l’imam al-Mostansir-Abou- 
Dja'far-al-Mansoür; on fit la prière à son nom et on frappa la monnaie à son 
chiffre; il était le fils de l’imam at-Thàhir Aboü-Nasr-Mohammad qui venait 
de mourir. — A cette époque, al-Malik-al-Mas r oud, sultan du Yémen, se pré- 
para à retourner dans son royaume ; il envoya la plus grande partie de ses 
bagages par mer, et il avait primitivement l’intention de partir par le même 
chemin ; il changea ensuite d’avis, donna l’ordre à sa smala d’aller camper à 
l’Etang et résolut de s’en retourner chez lui par terre. Le sultan prit l’habi- 
tude d’aller souvent aux minarets de l’Etang (manâthir-al-birhat), que l’on 
connait mieux sous le nom de minarets de Saif-al-Islâm ; il ordonna aux genB 
qui habitaient dans cette localité de l’illuminer pendant les nuits qu’il y pas- 
sait, et de lancer des barques et des canots sur l’étang. 

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HISTOIRE D’ÉGYPTE DE MAKRIZI 


521 


S&bol et à Damas; des secours envoyés d’Alep arrivèrent dans 
le Ghaür; Aitimour-al-Mo'aththami vint chercher asile auprès 
d’al-Malik-al-K&mil qui le reçut bien. Al-Ma lik-an -Nasir-Dâoüd 
s'enfuit de N&bolos, quand il apprit qu’al-Malik-al-Ashraf et al- 
Malik-al-Kâmil avaient fait alliance contre lui, et il s’en retourna 
à Damas. Al-Ashraf apprit -son départ, se trouvant à Tell-al-'Ad- 
joûl; il partit immédiatement pour le rejoindre et le rattrapa à 
Kosair-ibn-Mo'm-ad-Din *, localité qui dépend du Ghaûr et qui 
est située au-dessous du défilé de Fik ; il lui raconta l’arrivée d’al- 
Malik-as-Sâlih-Isma'il, d’al-Malik-al-Moughith, et de l’émir ’lzz-ad- 
Din-Aïbek-al-Mo'aththami * qui s’étaient entendus avec al-Malik-al- 

1. Y&koflt nous apprend, dans le Mo'djam-al-botMdn (tome IV, page 126), 
que c’est une localité dans le Ghaür, qui dépendait administrativement de la 
province du Jourdain et qu’on y cultivait la canne à sucre. 

2. Depuis le commencement de l’année hoükàr, dit Rashld-ad-DIn (Djàmf- 
at-tavarihh, ms. supp. persan 209, folio 179 v° et sq.), date correspondante 
au mois de Rabf premier de l’année 626, jusqu’à la fin de l’année du cheval 
(moürin), date correspondante au mois de Djoumâdà premier de l’année 631 
de l’hégire, l’Irak et l’Azerbeïdjan furent gouvernés par le sultan Djalâl- 
ad-Din ; au commencement de l’année 625, ce prince partit d’Isfahân et se 
rendit à Tabrlz (Tauris) dans l’intention d’aller faire la guerre aux Kurdjes. 
Comme le sultan du pays de Roum, les rois de Syrie, d’Arménie et des 
autres contrées avoisinantes craignaient qu’il ne s’emparât de leurs états ; 
ils s’unirent tous ensemble pour le repousser ; ils réunirent leurs troupes 
aux Kurdjes, aux Arméniens, aux Alans, aux Soüns, aux Lezguiens, aux Ab- 
khazes, aux Kiptchaks, aux Soüns. Le sultan vint camper à Mendoür dans 
le voisinage de leur armée, et le grand nombre des cavaliers de l’ennemi 
l’inquiéta vivement; il tint conseil de guerre à ce sujet avec son vizir Youl- 
doüzdjl et avec les grands personnages de son gouvernement; YouldoüzdjI 
lui dit : « Comme le nombre de nos soldats n’est pas de un contre cent des 
leurs, je suis d’avis de sortir de Mendoür, de leur enlever l’eau et le bois; 
nous attendrons qu’ils soient épuisés par la faim et la soif, et que leurs 
chevaux ne soient plus bons à rien, alors nous leur livrerons combat comme 
il nous plaira. » Ce discours mit le sultan dans une violente colère et il 
jeta une écritoire à la tète du vizir en lui disant : « Ces gens-là sont un 
troupeau de moutons, est-ce qu’un lion s’effraierait à cause d’une multitude 
de moutons? » Djalâl-ad-Din ajouta : « Si dangereuse que soit la situation 
dans laquelle nous nous trouvons, il faut nous en remettre à la volonté de 
Dieu et leur livrer combat ». Le lendemain les troupes se rangèrent en bataille 
et le sultan au milieu de ses soldats sembla à l’armée ennemie une mon- 
tagne qui s'élèverait au centre d’un hippodrome. Djalàl-ad-Dîn monta sur une 
éminence pour examiner cette armée, et il aperçut les étendards des troupes 
du Kiptchâk, dont l’effectif atteignait 20,000 hommes; il envoya Koushjpz 
auprès d’eux avec une miche de pain et un peu de sel pour leur rappeler les 
liens qui jadis les avaient unis à lui; immédiatement les Kiptchàks tournèrent 
bride et quittèrent le champ de bataille. La division kurdje s’étant avancée, 
le sultan leur envoya un officier pour leur dire : « Voilà que vous ôtes 
venus et vous êtes fatigués ! qu’aujourd’hui en guise de combat les jeunes 
gens des deux armées luttent ensemble ; pour nous, nous les regarderons 
faire ». Les Kurdjes approuvèrent ces paroles et ce jour là jusqu’à la 
nuit tombante, les jeunes gens combattirent ensemble; à la fin un des plus 
vaillants soldats des Géorgiens se présenta devant le sultan et fondit sur lui. 

Rbv. dk l’Or, latin. T. IX. 34 

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522 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


K&mil dans le seul but de rétablir la paix entre eux deux; que 
lui-même, en particulier, avait fait tous ses efforts pour arriver b 


Cet homme avait trois fils; ils se présentèrent tous les trois pour combattre 
le sultan qui les tua tous. Un autre cavalier d'une taille prodigieuse et d'un 
aspect terrifiant entra dans la lice; comme le cheval du sultan était fatigué, 
il faillit remporter la victoire. En un clin d’œil, Djalâl-ad-Dïn sauta à bas de sa 
monture jeta son ennemi à terre d’un seul coup de lance, et le tua. Quand le 
sultan vit comment les choses avaient tourné, il chargea les ennemis avec 
toutes ses troupes et les mit dans une déroute complète. Le sultan marcha 
sur Khilât, la population ferma les portes de la ville et refusa d’écouter ses 
propositions ; il resta deux mois occupé à faire le siège de la place. Les habi- 
tants réduits à la famine se rendirent à discrétion; le sultan ordonna de réunir 
toutes ses troupes en un seul corps, et elles entrèrent ainsi dans la ville. Quant 
à lui, il descendit dans le palais de Malik-Ashraf. Le frère de ce prince, Mod- 
jlr-ad-Dïn et son mamlouk 'Izz-ad-Dïn-Aïbek se réfugièrent dans la citadelle 
sans avoir de provisions ; un peu plus tard, Modjïr-ad-Din en descendit, et 
le sultan le reçut avec distinction. ’Izz-ad-Dïn-Aïbek descendit un peu après 
lui. Djalâl-ad-Dïn fit verser la fortune de Malik-Ashraf dans son propre tré- 
sor. Quand le sultan eut défait les Kurdjes et qu’il se fut emparé de Khilât, 
le bruit de ses exploits et de sa vaillance se répandit en tous lieux. Les rois 
d’Égypte et de Syrie, pour obéir à l’ordre des khalifes de Madïnat-as-Salàm 
(Bagdad), envoyèrent des ambassadeurs avec des présents et des cadeaux. La 
puissance de Djalâl-ad-Dïn s’accrut encore; et, de Khilât, il marcha sur Khar- 
tapirt ; mais à cette époque il avait l’esprit atteint. Sur ces entrefaites, le 
prince d’Arzan-ar-Rofim (Rokn-ad-Dïn-Djihânshâh), qui avait aidé l’armée de 
Djalâl-ad-Dtn, à l’époque du siège de Khilât, en lui fournissant des vivres et du 
fourrage, reçut de grandes distinctions ; il exposa au sultan que l’empereur 
du pays de Roüm, Alà-ad-Dïn, avait fait alliance contre lui avec les princes 
d’Alep et de Damas, et qu’ils ne cessaient de mettre leurs armées en état de 
l’attaquer. Ce prince ajouta que les confédérés le menaçaient continuellement 
en lui disant que s’il n’avait pas fourni des vivres au sultan pendant qu’il se 
trouvait devant Khilât, il n’aurait pu en continuer le siège. Quand Djalâl-ad- 
Dln eut entendu ces paroles, il monta immédiatement à cheval, quoiqu’il fût 
très faible. Lorsqu’il arriva dans la plaine de Moûsh, un corps de six mille 
hommes, qui allait rejoindre les confédérés, se trouva sur son passage; il fon- 
dit sur eux [avec ses troupes] et les massacra tous. Quelques jours après, les 
deux armées [khvarizmienne et syrienne] se trouvèrent en présence, et le 
sultan du pays de Roum, Malik-Ashraf, et les autres rois se trouvèrent 
réunis avec un matériel de guerre considérable ; ils formèrent leur ligne de 
bataille sur le haut d’une colline ; les artificiers {naffâtàn) et les arbalétriers 
se tenaient en avant, protégés par des boucliers en cuir de bœuf ; les cavaliers 
et les fantassins étaient rangés derrière eux. Quand le moment du combat fut 
arrivé, le sultan voulut sortir de la litière dans laquelle il se faisait transporter 
et il monta à cheval; mais il était tellement malade qu’il ne pouvait même 
pas tenir ses rênes, de telle sorte que son cheval fit un faux pas. Son 
entourage lui dit qu’il fallait qu’il se reposât un instant et cela fit que l’éten- 
dard particulier du sultan disparut du champ de bataille. Les troupes de 
l’aile droite et de l’aile gauche s’imaginèrent que le sultan avait pris la fuite, 
et elles se débandèrent ; quant aux ennemis, ils crurent que c’était là une 
ruse de Djalâl-ad-Dïn et qu’il voulait ainsi les faire tomber dans un piège ; 
les crieurs proclamèrent dans les rangs de leurs troupes qu’aucun soldat ne 
bougeât de son poste. Le sultan du pays de Roüm, 'Alâ-ad-Dïn-Kaï-Kobâd, 
était saisi d’une telle frayeur qu’il ne pouvait tenir en place et qu’il allait 
s’enfuir. Malik-Ashraf ordonna qu’on lui liât les mains et les pieds avec des 
lanières de cuir. Quand son armée se fut ainsi dispersée de tous côtés, le 
Khvarizmshàh se réfugia à grand peine dans Khilàt, il rappela les personnes 

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histoire d’égypte de makrizi 


523 


ce but et qu’il avait exhorté al-Malik-al-Kamil à abandonner ses 
projets contre lui, mais que le sultan d’Égypte n'avait rien voulu 


qu’il avait désignées pour la garder et partit pour Khoûl ; il renvoya le frère 
de Malik-Ashraf, Modjlr-ad-Dln, après l'avoir traité avec la plus grande dis- 
tinction, et il permit à Taki-ad-Dïn de partir sur l’intercession du khalife; 
quant à Hosàm-ad-Dîn-Ralmérl, il prit la fuite ; le Khvârizmshâh n’en laissa 
pas moins partir l’épouse de ce dernier personnage, qui était la fille de Malik- 
Ashraf, après l’avoir traitée avec tous les égards dus à son sexe. *Izz-ad-Dln« 
Albek resta enfermé et enchaîné dans la citadelle de Dezzamâr. 

Sur ces entrefaites, on reçut la nouvelle que Djourmâghoün Noyân avait 
traversé l’Oxus (Amoûyah) à la .tète d’une armée considérable et qu’il 
marchait contre le sultan. Ce prince laissa le vizir Shams-ad-Dîn-Yoüldoüzdjl 
pour garder la forteresse de Gïrân et lui confia ses femmes; quant à lui, il se 
rendit à Tabrlz. Bien qu’il fût en guerre avec le khalife, les rois et les sultans 
des pays de Roûm et de Syrie, il envoya à chacun d’eux un ambassadeur pour 
les avertir de l’arrivée des Mongols ; on lisait dans la lettre qu’il leur fit 
remettre à cette occasion : « Les Tatars sont en nombre immense, et cette fois 
ils sont bien plus nombreux qu’ils ne l’ont jamais été ; les armées du pays où 
je suis ont pris la fuite devant eux; si vous voulez me fournir des secours 
et des renforts, moi qui suis comme un rempart entre vous et eux ; je me 
dresserai et vous n’aurez point la peine de combattre contre ces envahis- 
seurs ; donnez pour votre salut, celui de vos enfants et de tous les musul- 
mans ; envoyez tous des renforts à mon armée de telle sorte que, lorsque les 
Mongols apprendront que nous sommes alliés, la peur entre dans leur âme 
et que le courage de nos soldats soit raffermi ; si vous ne voulez pas agir 
ainsi, vous verrez bien ce qui vous arrivera 1 » 

Pendant la nuit, la corniche du palais dans lequel il était descendu s’effon- 
dra; le sultan n’en tira aucun présage, et le lendemain il se mit en marche vers 
Moüghftn. Au bout de cinq jours, les tètes de colonnes mongoles s’étant pré- 
sentées, le sultan abandonna ses bagages et se retira dans les montagnes de 
Kabân. Comme les Mongols ne rencontrèrent personne dans l’endroit où se 
trouvaient ses bagages, ils tournèrent bride. Le Khvârizmshâh resta durant 
tout l’hiver de l’année 628 en Arménie ; on dit au vizir Sharaf-al-Malik que le 
temps depuis lequel le sultan était disparu et le manque de nouvelles auto- 
risaient à choisir dans son harem et dans son trésor. Quand le sultan fut 
revenu à Glràn, le vizir saisi de la plus vive crainte, descendit de la forte- 
resse et demanda au sultan de lui faire grâce de la vie ; il lui envoya Kou- 
tarkhân pour l’implorer et pour lui demander de le laisser en liberté. Le 
Khvârizmshâh répondit qu’il avait élevé YoüldoüzdjI aux plus hautes dignités 
et que cet homme avait une singulière manière de le récompenser de ses 
bienfaits. Il le fit garder en prison par le commandant ( koutouval ) de la forte- 
resse et s’empara de tous ses bagages; le vizir mourut dans cette détention. 

Le sultan marcha ensuite vers le Diyâr-Bekr ; quand l’armée mongole revint 
auprès de Djoùrmâghoûn, ce général demanda aux officiers pourquoi ils 
avaient rétrogradé et pour quelle raison ils n’avaient pas fait tout ce qui 
était en leur pouvoir pour s’emparer du sultan. Il leur cita le proverbe qui dit : 
« Quand un ennemi est affaibli, comment un homme raisonnable lui laisse- 
rait-il du répit ? ». Il envoya plusieurs émirs avec une armée considérable 
pour poursuivre le sultan ; ce dernier avait fait partir Koûtar-khân par la route 
de Barak pour qu’il reconnût l’importance de l’armée mongole. Quand il arriva 
à Tabrlz, on lui apprit qu'on avait reçu de l’Irak la nouvelle que l’armée mon- 
gole s’était divisée et qu’on n’avait pas vu un seul Tatar dans le pays. Koûtar- 
khân, n’ayant pas pris de plus amples informations, s’en revint, et le sultan 
montra une grande joie de la retraite des Mongols. Le Khvârizmshâh et ses 
soldats se livrèrent au plaisir de la table et fêtèrent cette bonne nouvelle par 
des festins et de la musique; ils passèrent ainsi deux ou trois jours dans les 

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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


entendre et qu’il s’apprêtait à marcher sur Damas pour s’en 
emparer. « Tu sais, ajouta al-Ashraf, qu’al-K&mil est le chef de 
Foi. 7s »*. notre famille et notre suzerain ; il règne sur l’Égypte et personne 
ne peut aller contre ce qu’il a ordonné. Nous avons donc con- 
venu que tu livrerais la ville de Damas et qu’il te donnerait en 
échange dans les provinces de l'Orient telles villes que tu vou- 
dras ». Il lui exposa ainsi la convention qui avait été conclue 
avec alMalik-al-Kamil à son sujet; quand il eut fini de parler 
l’émir Aïbek se leva et dit : « 11 n’y a ni ruse, ni flatterie qui 
tiennent, nous ne livrerons pas une seule pierre de Damas ; nous 
sommes en état de repousser toutes les attaques que l'on viendra 
nous faire, car nous avons de nombreuses troupes ». 

Al-Malik-an-N&çir fit sonner le boute-selle, et le sultan et l’émir 


réjouissances. Au milieu d’une nuit, l’armée mongole tomba sur eux à i’impro- 
viste. Le sultan était tellement ivre qu’il était profondément endormi. Oür- 
Khân ayant appris l’arrivée des Mongols, se précipita sur les coussins où Dja- 
lâl-ad-Dïn était étendu, mais il eut beau crier à tue-tête, le sultan ne put se 
réveiller; on lui jeta de l’eau au visage de telle façon qu’il reprit ses esprits. 
Quand il eut considéré la situation, il se décida à fuir; il ordonna àOür-KMn de 
ne pas changer son étendard de place et de résister aux Mongols le plus long- 
temps qu’il le pourrait; puis il s’enfuit. Oür-Khàn tint ferme durant un certain 
temps, puis il prit la fuite à son tour; les Mongols s’imaginèrent qu’il était le 
sultan et se mirent à sa poursuite ; mais quand ils virent qu’ils s’étaient trom- 
pés, ils tournèrent bride, massacrant en route tous ceux qu’ils rencontraient. Le 
sultan s’enfuit tout seul, aussi vite qu’il le put. On donne plusieurs versions 
de la manière dont il termina sa vie ; quelques-uns disent qu’il s’endormit du- 
rant la nuit sous un arbre dans les montagnes et qu’une troupe de Kurdjes l’y 
ayant trouvé le tua pour s’emparer de son cheval et de ses vêtements; ils se 
revêtirent de ses habits et de ses armes et se rendirent ainsi accoutrés à la ville. 
Un des familiers deDjalâl-ad-Dln reconnut les armes de son maître; on arrêta 
les Kurdjes, et après une enquête, le prince d’Àmid les fit mettre à mort. Il fit 
transporter le corps du sultan dans cette ville et on l’y enterra ; puis il fit élever 
une coupole sur son tombeau. D’autres personnes racontent que le sultan donna 
lui-même, de bonne volonté, ses armes et ses vêtements aux Kurdjes, et qu’il 
prit les leurs en échange, puis, qu’il parcourut les pays sous l’habit d’un sofl. 
Dans les deux cas, il perdit toujours la couronne. 

Quant au sultan Ghyàs-ad-Dïn, en l’année 624, son frère lui avait confié le 
commandement de l'aile gauche de son armée, quand ils livrèrent bataille aux 
Mongols à la porte d’Isfahân ; il déserta de parti délibéré et se dirigea vers le 
Khouzistân en prenant la route du Louristàn. Le khalife al-Nâsir lui envoya 
un diplôme et un acte officiel par lequel il le reconnaissait comme sultan. 11 
partit de cette contrée, et quand le sultan Djalàl-ad-Dln se fut retiré en Armé- 
nie et dans le pays des Kurdjes (sic) il se rendit à Alâmout; le prince ismaï- 
lien *Alà-ad-Dîn le reçut avec les plus grands honneurs et lui témoigna toutes 
sortes de prévenances. Après quelque temps, il s’en retourna dans le Khou- 
zistân et envoya un ambassadeur, dans le Kirman, à Borâk-Ilâdjib, pour l’in- 
former de ce qui venait de se passer; un traité d’alliance fut conclu entre eux, 
et on décida que Boràk se rendrait au devant du sultan jusqu’à la plaine 
d’Eberkoüh. Le sultan se mit en marche vers le Kirman avec sa mère, et Boràk 
vint au devant de lui à l’endroit qui avait été désigné, avec 4,000 cavaliers. 

Pendant ce même laps de temps, le gouverneur mongol du Khorasàn était 
Djln-Tïmoür de la tribu de Karâ-Khitàl. 

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histoire d’égypte de makrizi 


525 


montèrent tous deux sur leurs chevaux ; les tentes furent repliées 
et les troupes se dirigèrent sur Damas. L'oncle d’al-Malik-an-N&sir, 
al-Malik-as-Sàlih, et son neveu al-Malik-al-Moughith ne voulurent 
pas le suivre. Quand al-Malik-an-Nâsir fut arrivé à Damas, il se 
prépara à soutenir un siège, et les habitants de la ville se décla- 
rèrent pour lui à cause de l’affection qu’ils avaient éprouvée pour 
son père. Al-Malik-al-Ashraf se mit en marche avec ses troupes et 
vint mettre le siège devant Damas ; il coupa le fleuve de Bàn&s 
ainsi que les canaux qui amenaient l’eau dans la ville. L’armée et 
la population de Damas firent des sorties contre lui et lui livrè- 
rent plusieurs combats. 

Sur ces entrefaites, al-Malik-al-Kàmil envoya à plusieurs re- 
prises l’émir Fakhr-ad-Din, fils du sheïkh des sheïkhs, et le shérif 
Shams-ad-Din-al-Armavï, kàdi de l'armée, à l’empereur Frédéric, 
souverain des Francs, et ils convinrent que les Musulmans céde- 
raient Jérusalem au souverain des Francs, ainsi que ce qui dépen- 
dait de cette ville, telle qu’elle était depuis qu’elle avait été ruinée, 
mais que l’empereur n'en rebâtirait point l’enceinte fortifiée. Tous 
les villages dépendants de Jérusalem devaient rester la propriété 
des Musulmans, et les Francs n’y auraient aucun droit, De plus, 
le Haram et ses dépendances, la Sakhra, la Masdjid-al-Aksi, 
resteraient aussi aux Musulmans et les Francs y pénétreraient 
seulement pour y aller faire leurs dévotions. Les Musulmans en 
resteraient les maîtres, et on continuerait à y observer comme 
auparavant les pratiques de l’Islam, telles que l’appel à la prière 
et les autres coutumes. Il fut encore convenu que les villages qui 
se trouvaient entre Akkà, Jaffa, Lydda et Jérusalem appar- 
tiendraient aux Francs, à l’exception toutefois de ceux qui dépen- 
daient de Jérusalem. Ce traité fut le résultat de la démarche 
inconsidérée d’al-Kâmil auprès du roi des Francs et de la crainte 
que l'embarras dans lequel il se trouvait plongé lui-même ne 
l’empéchât de résister aux attaques du souverain de Damas. C’est 
pourquoi il accéda à ces conditions ; il disait : « J.e n’ai rien cédé 
aux Francs que des églises et des maisons en ruines, tandis que 
la Mosquée reste dans son état et qu’on y observe toujours les pra- 
tiques de l’Islamisme; de plus, les Musulmans restent les maîtres 
de la province et des villages qui en dépendent ». 

Quand l’empereur, souverain des Francs, et le sultan furent 
tombés d'accord sur ces clauses, ils signèrent une trêve pour une 
durée de dix ans, cinq mois et quarante jours ; elle devait com- 
mencer le vingt-huitième jour du mois de Rabi' premier de cette 
même année. Le roi des Francs s’excusa auprès de l’émir Fakhr- 
ad-Din en lui disant que, s’il n’avait pas craint de porter atteinte 

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526 


REVUE DE L’ORIBNT LATIN 


Fol. 76 r*. 


à son propre honneur, il n’eût pas imposé un tel sacrifice au sul- 
tan ; il lui déclara qu’il n’avait jamais eu l’intention de prendre 
Jérusalem ou une autre ville, et qu’il ne l’avait fait que pour ne 
pas se déconsidérer aux yeux des Francs. 

Al-Malik-al-K&mil et le souverain des Francs se prêtèrent ser- 
ment d’observer ces clauses, et le sultan envoya des gens à Jéru- 
salem pour ordonner aux Musulmans de sortir de la ville et de la 
remettre aux Francs. Les habitants fondirent en larmes et pous- 
sèrent de grandes clameurs; les imams et les muexxins se ren- 
dirent à la tente d’al-Malik-al-K&mil, et ils firent l’appel à la prière 
à sa porte à contre-temps ; ce procédé blessa vivement le sultan, 
qui ordonna de leur enlever les rideaux d'étoffe, les candélabres 
et les autres instruments du culte qu’ils avaient avec eux, puis il 
les chassa en leur disant : « Allez vous en au diable 1 » 

Ce fut un grand malheur pour les Musulmans. Al-Malik-al- 
K&mil fut unanimement blâmé d’avoir agi ainsi, et sa conduite fut 
sévèrement jugée dans tous les pays. Après cela, l’empereur, roi 
des Francs, envoya demander la ville de Tibnîn avec le territoire 
qui en dépendait, et al-Malik-al-K&mil les lui donna. Il envoya 
ensuite prier le sultan de lui accorder la permission d’entrer à 
Jérusalem, et cette seconde demande fut également agréée d’al- 
K&mil. Le sultan envoya même le kâdï Shams-ad-Din, kàdfr de 
N&bolos, auprès de l’empereur, qui se rendit avec lui à la mosquée 
de Jérusalem et visita sous sa direction tout ce qu’il y avait à 
voir *. L’empereur admira la Masdjid-al-Aksà, le dôme de la 
Roche, et gravit les degrés du minber. 11 aperçut alors un prêtre 
chrétien tenant en main les Évangiles, qui se disposait à pénétrer 
dans la Masdjid-al-Aksà; il l’apostropha violemment et lui repro- 
cha d’être venu en cet endroit. Il jura que si un des Francs cher- 
chait à entrer dans ces lieux sans en avoir la permission, il le 
ferait mettre à mort et il ajouta : « Nous sommes ici les mamloüks * 
du sultan al-Malik-al-K&mil et ses serviteurs; c’est par pure bien- 
veillance qu’il nous a gratifiés, ainsi que vous, de ces églises; que 
pas un de vous ne dépasse les limites qui ont été fixées 1 » Le 
prêtre s’en alla, tout tremblant de peur. L’empereur se rendit 
ensuite dans le palais qui avait été préparé pour le recevoir, et le 
Icàtti de N&bolos défendit aux muezzins de faire l’appel à la 
prière durant cette nuit (de peur de le gêner); ainsi firent-ils. 

1. Makrizi a copié ce renseignement dans le Mofarradj-al-kouroüb,de Dja- 
mâl-ad-Dîn-ibn-Wâsil. Cet auteur raconte (ms. ar. 1702, fol. 120 v°) que cette 
histoire lui fut racontée par le kddl Shams-ad-Dln lui-même, qui accompagnait 
l’empereur dans sa visite des lieux saints. 

2. C’est-à-dire les « vassaux ». 

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■j *t._ 


histoire d’égypte de makrizi 


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Le lendemain, l’empereur dit au kàdi : « Pourquoi les muezzins 
n’ont-ils pas appelé les fidèles à la prière du haut des minbers ! » 
Le kàdi lui répondit : « Ton esclave leur a défendu de le faire, 
par respect pour l’empereur et pour l’honorer. » — « Tu as eu tort 
d’agir ainsi, lui répondit Frédéric, car mon principal but en venant 
à Jérusalem était d’entendre appeler les Musulmans à la prière 
et invoquer Allah durant la nuit ». 

L’empereur partit ensuite pour 'Akka. C’était un prince très 
savant en géométrie, en arithmétique et dans les sciences exactes *. 

k 

1. Djamâl-ad-Dln-ibn-Wâsil(ms. ar. 1702, folio 121 r°) dit que l’empereur Fré- 
déric resta en relations constantes avec le sultan al-Malik-al-Kamil jusqu’à 
sa mort. Quand le fils du sultan, al-Malik-al-'Adil-Salf-ad-Dln-Aboü-Bakr, fut 
monté sur le trône, l’empereur lui témoigna beaucoup d’affection et lui envoya 
une ambassade. Quand al-Malik-aKAdil eut été emprisonné et que son frère al- 
Malik-as-Sâlih-Nadjm-ad-Din-Ayyoùb se fut emparé de la couronne, les bonnes 
relations continuèrent entre l’empereur et le gouvernement égyptien. Le sul- 
tan al-Malik-as-Sâlih-Nadjm-ad-Dln-Ayyoüb envoya en ambassade à l’empereur 
le shéihh Sirâdj-ad-Dln-al-ArmavI qui, à l’époque où écrivait Djamàl-ad-Dln, 
était kàdi dans le pays de Roüm. Le sheikh Sirâdj-ad-Din resta quelque temps 
auprès de l’empereur qui le traita fort bien. Il composa pour lui un livre sur la 
logique (mantik). Quand le roi de France, l’un des plus grands souverains des 
Francs, voulut attaquer l’Égypte, en 647, l’empereur lui envoya quelqu’un pour 
, le détourner de ce dessein et lui montrer le danger qu’il courait; mais le roi de 
j France ne voulut rien entendre. « Sire Berd (?) qui était grand maréchal du 
palais ( mihmandâr ) de Manfred, fils de l’empereur, dit Djamàl-ad-Dïn (dans le 
Mofarradj: ms. ar. 1702, fol. 121 v°), m’a fait le récit suivant: « L’empereur m’en- 
voya en secret en ambassade au sultan al-Malik-as-Sâlih-Nadjm-ad-Din-Ayyoüb 
pour lui faire savoir que le roi de France avait l’intention d’attaquer l’Égypte. Il 
j le prévenait de cette éventualité pour qu’il se tint sur ses gardes. Je me rendis 
! au Caire et j’en revins habillé en marchand; j’eus mes entrevues avec le sultan 
! dans le secret le plus complet, de peur que les Francs ne vinssent à apprendre 
! que l’empereur avertissait les Musulmans de leurs desseins ». Quand saint Louis 
j fut revenu en France, l'empereur lui envoya un officier pour lui rappeler le 
conseil qu’il lui avait donné et pour lui montrer ce qu'il avait perdu à ne pas le 
i suivre. L’empereur, roi des Francs, mourut en 648, un an après al-Malik-as- 
Sàlih; son fils (ainé) étant mort, ce fut le cadet, Manfred, qui lui succéda, 
j Tous ces princes étaient haïs du pape, le khalife des Francs, à cause de leur 
I amitié pour les Musulmans. Il y eut entre Manfred et le pape une guerre qui 
j se termina par la victoire de Manfred. Le kàdi des kàdis de la ville de 
I Hamâh (Djamàl-ad-Dln), auteur de cette chronique (ms. ar. 1702, fol. 121 v°), 
* raconte ce qui suit : a Je fus envoyé en qualité d’ambassadeur à Manfred par 
! le sultan auguste, al-Malik-at-Thâhir-Rokn-ad-Dîn-Baïbars, au mois de Rama- 
dan 659. Je restai durant un certain temps auprès de ce souverain qui me 
I combla d’honneurs, dans une des villes de la Pouille, qui se trouve dans une 
j grande péninsule voisine de l’Espagne, qu’on appelle Barletta. Je demeurai 
| quelque temps à Barletta. Je trouvai que ce prince était un homme d’un es- 
f prit très distingué qui aimait les sciences exactes; il savait par cœur dix des 
; livres du traité d’Euclide sur la géométrie. Non loin de la ville où je résidais, 

' il y avait une autre ville nommée Lutchara [Lucera], dont la population était 
: tout entière musulmane et était originaire de l’ile de Sicile. On y observait 
! la fête du vendredi et les autres coutumes de l’Islamisme; il en était ainsi 
[ depuis l’époque du père de Manfred, l’empereur Frédéric. Ce souverain avait 
fait construire un collège dans cette ville, et l’on y enseignait les sciences 

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Il envoya au sultan al-Malik-al-Kàmil plusieurs questions trds 
ardues sur la géométrie, la théorie des nombres et les mathéma- 


astrologiques ; la plupart de ses courtisans, et de ceux qui s’occupaient des 
affaires de ses états étaient des Musulmans; on faisait dans son camp l'appel 
à la prière et la prière comme dans un pays musulman. Quand nous revîn- 
mes de ce pays, nous apprîmes que le souverain de Rome la Grande, le Pape, 
s’était décidé à lui faire la guerre, ainsi que le frère du roi de France. Entre 
Rome et la ville où nous nous trouvions alors, il y avait cinq jours de marche. 
Voici quelle était la cause de cette guerre : le pape avait excommunié Manfred 
à cause de son amitié pour les Musulmans et de la faveur qu’il témoignait 
à leur religion; il avait de môme excommunié son frère et leur père l’empe- 
reur. Les Francs disent que le Pape de Rome est le khalife du Messie Jésus- 
Christ (sur lui soit le salut I) et qu’il est son représentant sur cette terre ; c’est 
lui qui donne l’investiture à leurs rois, et ils ne peuvent rien décider sur leur 
religion; il n’y a que lui qui ait ce pouvoir. Le pape est un moine, et, quand 
il meurt, c’est également un moine qui lui succède. On m’a raconté, pendant 
que j’étais dans le pays des Francs une anecdote très curieuse. L’empire ap- 
partenait avant Frédéric à son père; quand celui-ci mourut, Frédéric était 
encore jeune et môme presque enfant; plusieurs des rois Francs aspiraient à 
la dignité impériale et chacun d’eux comptait que le Pape de Rome le désigne- 
rait pour l’Empire. Frédéric était un homme rusé et qui ne se faisait pas grand 
scrupule de violer un serment; il était Allemand; les Allemands sont l’une des 
races des Francs. Il alla trouver, l’un après l’autre, chacun des rois des 
Francs qui aspiraient à la dignité impériale et il leur dit ; « Moi, je ne prétends 
nullement à l’Empire, car je sais bien que je n’y ai aucun droit. Quand nous 
nous serons réunis autour du trône (du pape), dis lui ; J’ai décidé de voter 
pour Frédéric et je me réjouirai si la couronne lui échoit, car il est le fils de 
feu l’empereur. Quant à moi, je ne désire rien de plus que de te voir arriver à 
l’Empire et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour cela ». Frédéric tint 
ce langage à chacun d’eux sans que les autres en sussent rien ; aussi tous les 
princes francs le crurent et ils ajoutèrent une foi entière à ses paroles. Quand 
ils se furent réunis chez le Pape dans la ville de Rome la Grande, Frédéric 
se trouva avec eux; il était venu avec une troupe considérable de chevaliers 
allemands ; il arriva dans cet équipage près de la grande église dans laquelle 
devait se tenir la diète. Quand les rois eurent pris place, le pape leur demanda : 
< Qui voulez-vous comme empereur et quel est le plus digne parmi vous de 
porter la couronne ». En môme temps, il plaçait la couronne impériale devant 
eux. Tous répondirent : «Je juge que c’est Frédéric, et nous ne voulons pas le 
conseiller là-dessus, car il est le fils de l’empereur, et il est plus digne que la 
diète entende son avis sur cette question ! » Frédéric se leva et dit : « Je suis le 
fils de l’empereur, et c’est moi qui suis le plus digne de l’Empire et de la cou- 
ronne. La diète tout entière doit me choisir et se rallier à moi ; quant au pape, 
il ne doit pas choisir un autre candidat que celui dont la diète a fait choix. » 
En môme temps, il plaça la couronne sur sa tôte et les électeurs le revêtirent 
des vêtements et des insignes impériaux. Frédéric sortit immédiatement, la 

couronne en chef et monta à cheval, entouré de tous ses Allemands Quand 

le Pape et le frère du roi de France, dit Djamâl-ad-Dïn-ibn-Waçil (Mofar- 
radj-alrkouroüb-firakhbar’moloùh-bani-Ayyoùb (ms. ar. 1702, folio 123 v°), atta- 
quèrent Manfred, fils de l'empereur, ils le battirent et le firent prisonnier. 
Le Pape ordonna qu’on l’égorgeât, ce qui fut exécuté. Après lui régna son 
frère, cet évènement eut lieu en l’année 663. » 

Djamâl-ad-Dln raconte encore (t&id., fol. 122 v«) que l’empereur Frédéric, se 
trouvant à ’Akkâ, demanda à l’émir Fakhr-ad-Dïn des renseignements sur le 
khalife. L’émir lui répondit : « Le khalife est le fils de l’oncle de notre Pro- 
phète, Mohammad (qu’Allah prie sur lui et lui donne le salut!); il a reçu le 
Khalifat de son père, et son père l’a reçu de son père, de telle sorte que le 

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thiques. Le saltan les montra au sheïkh 'Alam-ad-Dïn, le Hanéfl, 
connu sous le nom de Ta'sîf, ainsi qu’à d’autres savants ; il en 
écrivit les réponses et les retourna à l’empereur. L’empereur 
partit d’ 'Akkft par mer pour regagner son pays à la fin du 
second Djoumada; al-Malik-al-Kàmil envoya Djamal-ad-Dm-al- 
Katib-al-Ashrafî dans les provinces de l’Orient et auprès du kha- 
life pour rassurer les esprits et en bannir les craintes qu’avait 
fait naître la prise de Jérusalem par les Francs. 

Cette même année, le cinquième jour du mois de Djoum&da 
premier qui était un dimanche, on cerna l’hôtel du kâ<ti al-Ashraf- 
Ahmad, fils du kàdï al-Fâ<Jil, et on transporta sa bibliothèque à la foi. 7« t«. 
Citadelle de la Montagne, le vingt-sixième jour de ce môme mois ; le 
nombre des volumes que l’on y transporta fut de soixante-huit mil- 
les; le troisième jour du mois de Djoumâda second, on transporta 
les planches de la bibliothèque : il y en eut en tout quarante-neuf 
charges ; il fallut cinquante-neuf chameaux pour transporter tous 
les livres, et ces animaux furent littéralement chargés de Corans. 

Le Samedi, vingt-deuxième jour du mois de Radjab de cette môme 
année, on transporta ces livres de la Citadelle de la Montagne à 
l’hôtel du kàdt al-Fàdil ainsi que tout ce qui composait sa bibliothè- 
que. On a dit qu’il y avait en tout onze mille huit cent huit volumes. 

Parmi tous les livres qui avaient été pris se trouvait le Kiiàb-al- 
aïk-wa-'l-ghosoün, écrit par Aboül-'Alâ-al-Mo'izzï, en 60 volumes*. 

Khalifat est resté sans aucune solution de continuité dans la famille du Pro- 
phète, sans en sortir un seul instant ». L’Empereur répliqua : « Voilà qui est très 
bien et très supérieur à ce qui existe chez ces imbéciles, j’entends les Francs, 
qui prennent comme chef spirituel un homme quelconque, qui n’a aucune 
parenté avec le Messie et qui en font un khalife pour le représenter; cet homme 
n’a aucun droit à occuper un pareil rang, tandis que votre khalife, fils de 
l’oncle de votre Prophète, y a tous les droits. » 

1. Le nom exact de ce personnage est Aboü-VAlâ-Ahmad-ibn-'Abd-Allah- 
ibn-Solalmàn-al-Ma'rrl-al-Tanoükhï ; il mourut en l’année 449 de l’hégire (1057- 
1058 J.-C). Makrizi donne à l’ouvrage qu’il lui attribue le titre inintelligible de 
Kitàb-al-Atàbek-wa-’l-Masoùd. Hadji-Khalifa nous apprend dans son Diction - 
naire bibliographique (tome V, p. 57, n* 9926) que cet ouvrage se composait de 
douze cent cahiers, ce qui, comme on le voit, coïncide bien avec ce que raconte 
Makrizi. Parmi ses autres ouvrages, Hadji-Khalifa cite le Adab-al- osfourain, 

(tome I, p. 219, n° 334), traité de philologie; le Is f àf-al-sadik ( ibid ., p. 284, 
n° 672); un traité intitulé Amàli qui comprenait cent cahiers et qui ne fut 
jamais terminé (ibid., p. 430, n* 1196); le Tàdj-al-horrat (ibid., tome II, p. 92, 
n° 2046), ouvrage ne comprenant que quatre cahiers et contenant un traité 
analogue au Castoiement des Dames ; le Djdmï-al-avzàn-al-khamsah , traité de 
métrologie qui comprenait soixante fascicules, chacun de dix feuillets (ibid., 
p. 507, n°3878); le al-hakir-aUnàfV , petit traité de grammaire (ibid., tome III, 
p. 4567); le hamâsat-ar-rdh , petit traité de cinq cahiers dans lequel cet auteur 
blâme sévèrement l’usage du vin (ibid., p. 116, n* 4640) ; le al-riyàsh-al-mostafâ , 
commentaire de cet ouvrage par l’auteur lui-mème (ibid.. n° 4640) ; le khûtab- 
al-hhail; dialogues entre des chevaux, de dix feuillets (ibid., p. 159, n* 4729); 

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la Khotbàt-al-fa&ïU qui comprenait dix cahiers, commentaire sur l'ouvrage 
intitulé al-fa&ih (ibid., p. 160, n° 4733); un Divan ou recueil de poésies (iftid., 
p. 256, n° 5248); la Risàlat-as-&ahil-Ma'l-sàdjih ( ibid ., p. 416, n* 6208) ; les Rasàil, 
ouvrage divisé en trois sections, la première comprenant les traités (risdîah) 
de grande étendue qui forment presque des livres, comme par exemple, la 
Risâlat-al-za'farân; la seconde, les risdlah moins étendues, comme la RisàlaU 
al-ighriàh; la troisième enfin, les lettres ordinaires. Cet ouvrage était consi- 
dérable, puisqu'au dire d’Hadji-Khalifa, il ne comprenait pas moins de huit 
cent cahiers. Le môme auteur publia sur le même sujet le Khàdimat-ar-rasdil 
(ibid., p. 459, n* 6135) : les Rasàil-al-mo' dwinat ; le Zadjr-al-nâih , qui compre- 
nait quarante cahiers, sur ce que doit connaître l'orateur (ibid., p. 540, n* 6845) ; 
les Sadja'at-al-ashar , rangées suivant l'ordre alphabétique (ibid., p. 581, u* 7012) ; 
le Sarij-al-fakih, comprenant trente cahiers de dix pages (ibid., p. 582, n® 7047) ; 
le Sikt-az-zand, qui est le même que le Divân de ce môme auteur et qui com- 
prenait plus de trois mille vers ; il en composa un commentaire auquel il donna 
le nom de Dhou-alrsikt. Cet ouvrage fut en outre commenté par le grammai- 
rien 'Abd-Allah-ibn-Mohammad-al-Bitlioûsi qui mourut en l’année 521 (1127- 
28 hég.); par Aboü-Zakariyâ-Yahya-ibn-'Ali-al-TabrïzI qui mourut en 502 hég. 
(1108-09 J. -C.); par le grammairien Kâsim-ibn-Hosain-al-Khv&rizmT, qui était 
connu sous le titre de Sadr-al-afddil,et qui fut assassiné en 617 (1220-21 J.-C.); 
par Aboü-Rishâd-Ahmàd-ibn-Mohammad-al-Akhsikati, qui mourut en 528 (1133- 
36 J.-C.) et qui donna à son commentaire le titre de al-Zawâid; par Vimàm 
Fakhr-ad-Din-Mohammad-ibn-'Omar-arRôdl qui mourut en 606 (1209-10 J.-C.); 
par le kddt Sharaf-adDïn-Hibat-AUah-ibn-'Abd-al-Rahim-Bârizi qui mourut 
en 738 (1137-38 J.-C.), et qui donna à son commentaire le titre de f Omdat-fi - 
sharh-al-Zand (ibid., p. 601, n* 7187). Les autres ouvrages de cet auteur pro- 
lixe sont le Saif-al-hhàtib, traité en quarante cahiers sur l’art oratoire (ibid., 
p. 641, n® 7317) ; le Sharaf-al-salaf, de vingt cahiers de dix feuillets (ibid., 
tome IY, p. 41, n® 7553); le Thahar-al-'adadi, traité de grammaire (ibid., 
p. 177); le al-Fosoül-\oa'-l-ghdyàt, dans lequel il indiquait le commencement et 
la fin des versets des sourates (ibid., p. 443, n° 9108) ; cet ouvrage se composait 
de cent cahiers. Parmi les ouvrages coraniques du môme auteur, Hadji-Khalifa 
indique lé Sddir et le Iklid-al-ghàyàt ; le Kâdi-al-hakk (ibid., p. 486, n* 9334); il 
cite enfin un commentaire de la célèbre grammaire de Sibouwayyih que al- 
Ma'rrl ne termina point et qui comptait malgré cela cinquante cahiers (ibid., 
p. 101, n* 10205); le Kitâb-al-iththat-ioa-l-Zohd qui comprenait cent vingt 
cahiers (ibid., p. 117, n® 10313); le Kitàb-al~kàif , ouvrage composé à l’imitation 
du Kalila et Dimna , qui ne fut jamais terminé et qui comprenait soixante 
cahiers (ibid., p. 132, n® 10381) ; le Lozoümmd là yalzam , en vers, composé de 
cent vingt cahiers, avec son commentaire, le Ràhat-al-lozoüm (ibid., p. 309, 
n* 11091); le Mabhadj-al-asràr (ibid., p. 366, n # 11338); le Molkî-al-sabil (ibid., 
tome VI, p. 115, n° 12888) ; le al-Mavà'ith-al-saniyya (ibid., p. 232, n® 13345); le 
Nathm-al-souvar, ou ordre des sourates du Coran (ibid., p. 360, n® 13873). 


(A suivre.) 


E. Blochet. 


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BIBLIOGRAPHIE 


I. — COMPTES RENDUS CRITIQUES 

Le Prétoire de Pilate et la forteresse Antonia, par le P. Bar- 
nabé d’Alsace, O. F. M., missionnaire apostolique. — Paris, 
Alph. Picard, 1902, in-8°, xxm-251 pp., avec 32 grav. 

L'auteur de cet ouvrage y fait preuve d’érudition, accumule des 
textes, les commente avec habileté, expose nettement sa manière 
de voir, et dit sa façon de penser sans beaucoup de ménagements 
pour ses adversaires. Souvent les conclusions dépassent les pré- 
misses, et l’ardeur du polémiste donne de temps à autre une 
entorse à la logique. Car, en réalité, c’est un ouvrage de polé- 
mique que le P. Barnabé a écrit, et, disons-le dès l’abord, de 
polémique plus religieuse que scientifique. 

Le livre pourtant mérite d’ôtre étudié de près, et nous en ferons 
ici une analyse suivie. 

Le plan est clairement exposé par l’auteur dans son introduc- 
tion : « Nous consacrerons, dit-il (p. xxn), la première partie de 
ce travail à ce qu’on peut appeler V étude du terrain, pour nous 
assurer tout d'abord que ni l’archéologie, ni l’histoire, ni l’Évan- 
gile, ne sont en opposition avec la tradition qui place le prétoire 
de Pilate dans la forteresse Antonia. Nous examinerons ensuite 
l’antiquité, l’unité, et la perpétuité de cette tradition Finale- 

ment, nous parlerons des divers sanctuaires qui, de haute anti- 
quité, furent construits à l’emplacement de la forteresse Antonia 
pour honorer les principaux mystères qui s’y sont passés durant 
le procès de Noire-Seigneur devant Ponce Pilate. » 

Pour exprimer de suite notre propre sentiment, nous dirons 
que si l’auteur s’était borné à établir que le prétoire se trouvait à 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


la forteresse Anlonia, nous n’aurions rien trouvé à redire à sa 
démonstration. Mais, en réalité, il'va plus loin, il cherche, comme 
on le verra par la suite, à localiser avec précision l'Antonia, et il 
s’appuie, pour en déterminer le site exact et l’étendue, sur des 
considérations qui ne sont pas toujours scientifiques, sur de pré- 
tendues traditions dépourvues de consistance. 

Première partie. Chap. I. La tour de Baria à V avènement 
d’Hérode I m ; la double piacine; la piacine du Stroution. — La 
Tour Antonia a remplacé la tour de Birah, ou Baris des Maccha- 
bées, qui protégeait l’enceinte du Temple du côté du Nord. Le 
rocher de Baris est celui sur lequel s’élève aujourd’hui la caserne 
turque. Ce rocher a une forme trapézoïde de 110 mètres de lon- 
gueur sur une largeur moyenne de 40 mètres; l’auteur en 
convient, mais comme ces dimensions ne peuvent se concilier 
avec l’opinion préconçue du P. Barnabé, et qu’il lui faut (d’après 
son plan) une Antonia de 180 mètres de long sur 80 de large, il 
cherche à démontrer d’après Josèphe, mais sans succès, selon 
nous, « que la citadelle Antonia demande à être reconstituée 
sur de nouvelles bases, puisque les faits prouvent (selon nous, 
ils ne prouvent rien) que le terrain sur lequel elle pouvait se 
développer est plus vaste qu’on ne voulait généralement l’ad- 
mettre ». 

Chap. II. La fortereaae Antonia ; le camp prétorien ; le 
Lithoatrotoa. — Bien que Josèphe, cité par l’auteur, déclarât en 
propres termes que l’Antonia était « à l’angle de jonction du por- 
tique septentrional et du portique occidental du Temple », l’auteur 
voudrait nous faire croire, d’après son plan de restitution, que 
l’Antonia longeait le côté nord du portique occidental dans toute 
sa longueur; celui-ci, d’ailleurs, toujours selon le plan, aurait été 
la prolongation directe, vers l’ouest, du portique septentrional 
avec lequel il ne formerait aucun angle. 

Chap. III. L'arc dit « Ecce Homo »; le portail de la fortereaae 
Antonia ; origine du nom « Arc Ecce Homo ». — Que l’arc dit 
Ecce Homo ait été une porte, l’auteur n’y contredit pas ; mais selon 
lui « nous sommes en présence d’une construction qui appartient 
à la forteresse Antonia, et cette construction n’était rien moins 
que le portail de l’œuvre pour laquelle Hérode a déployé toutes 
les ressources de son génie ». Cette hypothèse suscite bien des 
difficultés. La contre-escarpe du rocher qu’on voit encore dans 
l'intérieur de la chapelle des Dames de Sion, en supposant même 
qu’elle soit demeurée intacte, serait à quelques mètres de l’Antonia, 
et on ne s’expliquerait guère les grandes difficultés des Romains 
pendant le siège de Titus, pour approcher leurs machines de la 


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BIBLIOGRAPHIE 


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tour Antonia. De Saulcy qui avait d’abord cra pouvoir considérer 
l’arc comme appartenant au palais de Pilate, changea plus tard 
d’avis; M. de Vogué ne le croit pas non plus contemporain de 
Jésus-Christ; M. Schick l’attribuait a Adrien. Sepp partage le 
même avis. A l’avis de ces archéologues, l’auteur préfère celui de 
pieux romanciers, comme Chateaubriand, Mislin, le R. P. Ollivier, 
et de V. Guérin dont la critique est plus d’une fois en défaut. Cette 
opinion est manifestement démentie par la nature des caractères 
d’inscriptions grecques dont on voit encore les traces sur cer- 
taines pierres remployées dans la construction de l’arc. Le 
P. Barnabé se tire trop facilement d’affaire en disant que « le pied 
droit au-dessus duquel se trouve ces inscriptions était pendant des 
siècles enclavé dans une maison d’habitation d’où il était facile 
d’y faire des incisions » (I). L’inscription découverte par M. Gler- 
mont-Ganneau, il y a une trentaine d’années, sous Parc qui tra- 
verse la rue, aurait-elle été gravée par le même procédé? 

Chap. IV. Le deuxième mur d'enceinte au nord de la ville; la 
porte antique dite Porte judiciaire. — Ce chapitre est le plus 
important de l’ouvrage ; la question de la deuxième enceinte est 
intimement liée à la théorie de l’auteur. Et c’est aussi dans ce 
chapitre qu’on voit percer manifestement le but du livre et la rai- 
son d’ôtre de la théorie soutenue par le P. Barnabé. Le P. Vincent, 
dominicain, ayant publié dans la Revue Biblique, 1902, p. 31-57, 
une étude sur la deuxième enceinte, le P. Barnabé, franciscain, 
s’indigne de ce que la théorie soutenue par le P. Vincent boule- 
verse les traditions franciscaines. « Le professeur à l’École bibli- 
que ne s’est-il pas aperçu, dit-il (p. 66), que par là il déclare 
comme apocryphes : 1° l’unique sanctuaire que les Grecs catho- 
liques possèdent à Jérusalem, l'église de Sainte-Véronique ; 2° le 
seul sanctuaire des Arméniens catholiques, l’église de Notre- 
Dame du Spasme ; 3° le sanctuaire des Dames de Sion, et 4° les 
nombreux sanctuaires que les Frères Mineurs tiennent éche- 
lonnés sur lé chemin de la Croix depuis le Prétoire jusqu’au 
Golgotha ? Déjà le R. P. Zanecchia, professeur à la même école 
(biblique) a rangé ces sanctuaires parmi les Lieux saints absolu- 
ment faux, que font passer pour vrais, ceux-là seuls qui y trou- 
vent leur intérêt. » 

Quiconque a séjourné quelque temps à Jérusalem sera fort 
enclin à penser comme le P. Zanecchia. Quant au P. Vincent, il 
s’est fort bien aperçu des conséquences de sa théorie : cela ne l’a 
point empêché de la formuler, et il a eu raison. Je ne vois nulle- 
ment le besoin d’authentiquer un sanctuaire de Sainte-Véronique, 
pour rappeler une pieuse légende sans fondement, pastiche rela- 


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REVUE DE L'ORIENT LATIN 


tivement moderne de la légende d’ Abgar ; Je ne vois pas davan- 
tage le besoin de prouver que l’église de Notre-Dame du Spasme, 
que l’église des Dames de Sion, que les différents sanctuaires dis- 
séminés par l’imagination des pèlerins, selon la commodité des 
lieux, depuis le Prétoire jusqu’au Calvaire, se trouvaient compris 
dans la deuxième enceinte. On ne peut rien établir de certain snr 
la route suivie par Jésus du Prétoire au Calvaire. L’histoire même 
de la constitution de la Via Cruci* telle que nous la connaissons, 
montre avec quelle liberté les pèlerins du moyen âge ont laissé 
travailler leur pieuse imagination 1 . 

Pour notre anteur, la deuxième enceinte commençait à l’est à la 
porte qu’il appelle porte de Saint-Étienne (aujourd'hui : Bab Sitti- 
Mariam), faisait un coude vers le nord pour englober la piscine 
de Belhesda, et se dirigeait presque en ligne droite vers l'O.-S.-O. 
jusqu’au-delà de la rue actuelle Tarik Bab eWAmoud. Elle des- 
cendait ensuite vers le Sud, le long et à l’O. de cette rue, jusque 
vers l’entrée du Souq el-Lakhmin, d’où elle se dirigeait, selon un 
tracé bien établi par les fouilles, vers la porte de Jaffa. 

Je pense, au contraire, que du point où il quittait la direction 
parallèle au Tarik Bab el-'Amoud, le mur de celte enceinte 
rejoignait le Temple à un angle de la tour sud-ouest de l’Antonia, 
c’est-à-dire du rocher de Baris. La question d’authenticité des 

I. L’histoire de la création des différentes stations du Chemin de la Croix a 
été retracée avec érudition dans l’ouvrage du D r Paul Keppler, Die XIV 
Stationen des Kl. Kreuzweges (Herder, Fribourg, 1892). L’auteur place le 
point de départ à l'Antonia, et déclare nettement qu'historiquement parlant, 
on ne peut déterminer que le commencement et la fin de la voie Douloureuse. 
Pour les stations intermédiaires, telles que la Véronique, la triple chute de 
Jésus, la rencontre de la Sainte Vierge, elles n’ont pas de preuves dans l’his- 
toire. Le savant auteur montre encore comment les stations ont successi- 
vement atteint le nombre de quatorze. Jusqu’au xii® siècle, il n’est nulle 
part question de stations. On parle bien d’une Voie douloureuse allant du 
Prétoire au Calvaire, mais elle n’est pas marquée par des stations intermé- 
diaires. L'Estât de la cité de Jhèrusalem (en 1187) mentionne pour la pre- 
mière fois quatre stations; 1° le Prétoire; 2° l’église où Jésus s’est reposé; 
3° la rencontre de Simon le Cyrénéen; 4° la Porte douloureuse. Ricoldo (1294) 
connaît aussi quatre stations : le Prétoire, le Nolite flere, Notre-Dame du 
Spasme, Simon le Cyrénéen (c’est dans l’ordre inverse qu’on les a rangées 
depuis). Marino Sanuto (1310) n’en cite que deux: la maison de Pilate et N.-D. 
du Spasme. Pépin (1320) en mentionne trois : Nolite flere , Simon le Cyrénéen, 
la fuite de la Vierge Marie ; Frescobaldi (1384) en cite également trois : Simon, 
N.-D. du Spasme, le Prétoire. — Jean Poloner (1422) mentionne six stations : 
près du Golgotha, un lieu de repos de N.-S. ; la rencontre de Simon, le Nolite 
flere, la rencontre de la Vierge, Notre Dame du Spasme, YEcce Homo. On ne 
trouve jusqu’alors aucune tradition sur la triple chute. Georges de Nuremberg, 
(vers 1440) cite pour la première fois la légende de sainte Véronique. Adri- 
chomius (1584) est le premier qui mentionne les douze premières stations 
dans l’ordre où elles existent encore aujourd’hui. Quant à la xiii® et à la xiv®, 
on ignore à quelle époque elles ont été inventées. (Rev. Biblique , 1893 ; p. 157). 


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BIBLIOGRAPHIE 


535 


chapelles n’est pas un argument scientifique et ne peut ôtre intro- 
duite dans cette discussion. Que ces chapelles soient ou ne soient 
pas authentiques, cela n’a d’importance ni pour l’histoire, ni pour 
la religion, et l’archéologue n’a pas à se préoccuper si tel ou tel 
argument contriste ou réjouit les PP. Franciscains. 

Chap. VI. Le Prétoire de Pilate d’après Fhistoire. — - « Si l’his- 
toire, dit l’auteur, en manière de conclusion, ne fournit aucun 
argument péremptoire pour placer le prétoire de Pilate dans 
l’Antonia, on n’y trouve certes aucun indice qui tende à l’exclure 
de cette forteresse. Au contraire, toutes les circonstances militent 
en faveur de la tradition et lui donnent, au simple point de vue 
historique, une très grande probabilité. » C'est aussi notre avis ; 
mais cela ne justifie pas l’extension démesurée que l’auteur veut 
donner à l’Antonia. 

Chap. VI. Le Prétoire d'après le Nouveau Testament. — 
« Dans’le récit des évangélistes comme dans celui des historiens, 
ne se trouve quoi que ce soit qui contredise la tradition. » 

Chap. VII. Le palais du Sanhédrin d’après l’Évangile. — 
« L’emplacement du palais où siégeait le Sanhédrin, à Jérusalem, 
à l’époque de la Passion, ne nous a pas môme été transmis par la 
voie de la tradition. Pour le retrouver, nous devons avoir recours 
aux récits de Fl. Josèphe et aux œuvres talmudiques, qui fournis- 
sent des renseignements assez précis à ce sujet ». — Il est à croire 
toutefois que Maimonides (in 0 s.) n’en savait guère plus que nous 
sur ce point. 

Chap. VIII. Le palais du Sanhédrin d" après Josèphe et les 
talmudistes. — Quoiqu’on dise l’auteur, les renseignements sont 
loin d’être précis. Il conclut, avec M. Schiek, que l’endroit répon- 
dait à celui qui est occupé aujourd’hui par le Mehkéméh (le tribu- 
nal turc). Cela lui donne l’occasion de réfuter la théorie du P. Za- 
necchia, O. P., qui, dans son ouvrage La Palestine d’aujourd’hui, 
a voulu placer le Prétoire à ce même endroit. Je ne blâme point 
le P. Barnabé d’avoir réfuté le P. Zanecchia dont la théorie ne 
paraît guère justifiée; toutefois, ce que déplore le P. Barnabé, ce 
n’est pas tant la nouveauté de la théorie que ses conséquences. Et 
ici encore perce manifestement l'esprit qui a inspiré le présent 
ouvrage. « Le P. Dominicain (Zanecchia), dit-il (p. 132), n’a réussi 
qu’à faire du mal, principalement à certains pèlerins français 
auxquels, sans qu’il puisse se justifier ni être justifié par ses amis, 
il a enlevé la foi et la confiance dans les Lieux Saints, dans ceux 
de la Via Crueis en particulier, les empêchant, sans motif avoué, 
de goûter les consolations et de jouir des avantages spirituels 
attachés au pèlerinage fait avec esprit de foi. Et comme il arrive 


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à 



536 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


aux démolisseurs de profession, ne cherchant qu’à amonceler des 
ruines, il n’a pas même essayé de créer une nouvelle Via dolo- 
rosa, ni d’indiquer quel chemin Jésus a suivi du Prétoire au Cal- 
vaire ». — Est-il permis de faire intervenir sérieusement de 
pareilles raisons dans une discussion qui a la prétention d’étre 
scientifique? Si le P. Zanecchia a commis une hardiesse en plaçant 
le prétoire au Mehkéméh, il a agi en homme prudent en s’abste- 
nant de définir le site des différentes stations intermédiaires de la 
Via Crucis, que personne ne saurait déterminer avec quelque 
probabilité. Je parle, bien entendu, de celles dont il est question 
dans l'Évangile, telles que la rencontre des femmes ou de Simon, 
et non de celles qui, comme la légende de Véroniqne, ont été 
créées par l’imagination. 

Ce chapitre est le dernier de la première partie. L’auteur le 
termine par cette conclusion : « Nous croyons avoir bien claire- 
ment démontré que ni l’Écriture sainte, ni l’histoire, ni l’archéo- 
logie ou les découvertes modernes ne s’opposent d’aucune façon 
à l’existence du prétoire de Pilate dans la forteresse Antonia : 
bien au contraire. » Si le P. Barnabé n’avait eu que cela en vue, 
nous partagerions, avons-nous dit, son avis. Mais, en réalité, ce 
qu’il a voulu démontrer, et ce qu’il n’a pas démontré, c’est que 
l’Antonia s’étendait vers le nord bien au delà du rocher de Baris, 
de telle sorte que l’arc de YEcce Homo aurait occupé le centre 
de la façade occidentale de l’Antonia, et que la rue actuelle, Tarik 
Sitti Mariam, en traverserait le site, vers le milieu, dans la plus 
grande longueur ; tandis qu’à notre avis, cette rue occupe l'em- 
placement d’une partie du fossé qui défendait la façade nord de la 
fameuse tour. 

Deuxième partie. Chap. I. La tradition relative au Prétoire 
avant le vm® siècle. — « Le pèlerin bordelais (en 333), dit le 
P. Barnabé (p. 140), est le premier témoin de la tradition qui con- 
cerne l'emplacement du.prétoire de Pilate ». Et encore son témoi- 
gnage n’esl-il pas bien explicite et a besoin de commentaire. 
L’auteur cite et discute ensuite d’autres témoignages plus récents, 
et touche incidemment à de nombreuses questions topographiques 
qu’il nous est impossible de discuter par le détail. 

Chap. II. La description arménienne des Saints lieux, du 
commencement du v® siècle, à propos du Prétoire. — Dans ce cha- 
pitre, l’auteur veut établir que la description publiée dans le P. 
Expi. Fund, Quarterly St., en 1896, traduite de l’arménien en 
russe et du russe en anglais, appartient au v* siècle et non pas au 
vu*. L'auteur la traduit à son tour de l’anglais en français. On 
conçoit que nous ne voudrions pas formuler une opinion arrêtée 


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BIBLIOGRAPHIE 


537 


d’après cette série de traductions. Notre impression est pourtant 
que nous sommes en présence d’une rédaction plus moderne, 
compilée sur d’anciens itinéraires, et non point en face de la- 
relation d’un témoin oculaire. Au reste, il n’y a pas lieu de dis- 
cuter les textes allégués par le P. Barnabé, et nous lui avons déjà 
accordé que la tradition est en faveur de l’identification du Pré- 
toire avec l'Antonia ; mais encore une fois cela ne justifie point sa 
restitution de l’Antonia. 

Chap. III. L'opinion des Occidentaux sur le Prétoire. — L’au- 
teur explique comment, d’après certaines versions latines qui 
portaient (Jean, xxviii, 28) : « Adduxerunt Jesum ad Caipham in 
praetorium », au lieu de a Caipha, les Occidentaux ont été ame- 
nés à identifier le Prétoire avec la maison de Caïphe. 

Chap. IV. La tradition du Prétoire du vin* jusqu'au XII e siè- 
cle ; et Chap. V : le Prétoire au temps des Croisades. — L’auteur 
passe en revue les témoignages des Itinéraires et des historiens ; 
il termine par l’éloge des Franciscains et une nouvelle lamenta- 
tion sur les déplorables effets de l’étude scientifique des monu- 
ments et des traditions. Mais, il faut bien que le P. Barnabé en 
prenne son parti, ses récriminations n’empêcheront ni la critique 
biblique, ni la critique historique de progresser. Les Franciscains 
continueront, par une routine séculaire, à raconter aux pèlerins 
les pieuses légendes des siècles passés ; les Dominicains continue- 
ront, par une étude critique et consciencieuse des monuments et 
des traditions, à éclairer les origines de ces légendes, à en discu- 
ter les fondements, à distinguer, à l’aide d’une rigoureuse méthode 
de critique historique, ce qui repose sur des bases sérieuses de ce 
qui n’a d’autre origine que la piété mal éclairée ou le zèle peu 
érudit des pèlerins du moyen âge. 

Chap. VI. Les divers Lieux saints du Prétoire. — Tout le livre 
du P. Barnabé n’est que le prologue de ce chapitre. Les Francis- 
cains se trouvent avoir, tout près et au nord de la caserne turque, 
deux petits sanctuaires : la chapelle de la flagellation et celle de 
la condamnation. Il fallait les authentiquer à tout prix, et pour 
cela il était nécessaire de concevoir un plan de l’Antonia tel 
qu’on puisse loger ces sanctuaires à l’intérieur. Parmi les citations 
données par l’auteur nous trouvons les paroles, pleines d’une 
naïve franchise, d’un franciscain, le P. Anselme de Cracovie 
(xvi* s.) ; il parle de l’arc de l'Ecce Homo : « Avec la permission 
du sultan, dit-il, obtenue au prix d’une forte somme d’argent, un 
certain Père Gardien, aidé de ses Frères Mineurs, encastra dans 
ce mur deux grandes pierres : sur l’une d’elles, la blanche, se 
tint le Seigneur lorsqu’il fut condamné; sur l’autre, se tenait 

Riv. di l’Or. latin. T. IX. 35 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


debout ou était assis Pilate le juge ». Et le P. Barnabé n'admire 
point la sagacité de ces bons religieux qui ont su distinguer ces 
deux pierres avec tant d’assurance! A quels signes? ou par 
quelle intuition secrète ? Notre curiosité aurait été heureuse de 
l’apprendre. 

En résumé, si le P. Barnabé s’était borné à vouloir prouver que 
le prétoire de Pilate était dans la tour Antonia, nous serions tout à 
fait de son avis. En plaçant la tour Antonia au nord du Temple 
sur le rocher de Baris, il a encore raison ; mais en lui donnant 
des proportions démesurées et en l’étendant vers le nord, pour y 
englober les chapelles dites de la flagellation et de la condamna- 
tion, il a fait une œuvre de polémique intéressée et a avancé une 
théorie qui nous semble en contradiction avec l'histoire et l’étude 
du terrain. 

A part la localisation sur le rocher de Baris, de l’Antonia et par 
suite très vraisemblablement du Prétoire, et à part la localisation 
du Saint-Sépulcre, dont la possibilité à l’endroit traditionnel est 
une certitude absolue, et dont la réalité est, à notre avis, suffi- 
samment établie, on ne peut, pour aucun des sanctuaires compris 
dans l’enceinte actuelle de Jérusalem, démontrer qu’il occupe 
exactement la place où s’est passé l'événement dont il rappelle le 
souvenir. Il est même manifeste qu’il n’en peut être ainsi pour 
plusieurs d’entre eux. 

Au reste, nous pensons que les fondateurs des premiers sanc- 
tuaires n’étaient point aussi préoccupés que les pèlerins du moyen 
âge de la stricte localisation des édifices qu’ils construisaient; vou- 
lant rappeler à la piété des fidèles le souvenir des diverses scènes 
de la Passion, ils ont consacré des chapelles destinées à commé- 
morer ces mystères à l’endroit le plus propice, selon les circons- 
tances et selon leur propre conception de la topographie hiéroso- 
lymitaine, sans avoir jamais la prétention de distinguer jusqu’au 
pavé même où se tenait tel ou tel personnage : une telle saga- 
cité était réservée aux RR. PP. Franciscains. 

J. -B. Chabot. 


Chronica Minora (syriaca) pars prior edidil et interpretalus est 
Ign. Guidi. In-8 # ; pp. 40 -(-32. — Paris, 1903. Ch. Poussielgue, 
édit. (3 fr. 50; traduction seule : 1 fr.). 

Ce petit volume est le premier paru de la grande collection 
entreprise sous le titre général de Corpus scriptorum christiano- 


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BIBLIOGRAPHIE 


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mm orientalium dont la Revue a déjà parlé (cf. ci-dessas, p. 238). 
11 renferme deax documents historiques très importants, et 
d’ailleurs déjà connus : 1° la célèbre Chronique d'Édesse, écrite 
vers le milieu du vi* siècle; 2° une autre Chronique anonyme, rela- 
tant principalement les événements du règne des derniers rois 
sassanides (590-630). Ces deux documents, d’une précision histo- 
rique remarquable, sont difficiles à analyser à cause de leur 
extrême concision. Ils renferment quantité de données qu’on 
chercherait vainement ailleurs. La nouvelle édition a été faite par 
M. Guidi avec le plus grand soin, d’après un examen nouveau et 
minutieux des manuscrits. La traduction, aussi littérale que pos- 
sible, ne laisse rien à désirer au point de vue de l’exactitude. 
Quelques lecteurs se plaindront peut-être de la rareté et de la 
brièveté des notes. Il leur faut seulement prendre patience. Le 
plan du Corpus Script. Chr. Or., ne comporte pas de longues 
annotations. Toutes les notes historiques et géographiques seront 
réunies dans un volume spécial de Tables, qui terminera la série 
des ouvrages historiques, et s’appliquera simultanément à toutes 
les Chroniques. La seconde partie des Chronica minora paraîtra 
prochainement par les soins de M. E. W. Brooks. Elle comprendra 
plusieurs fragments inédits de diverses chroniques syriaques, 
aujourd'hui en grande partie perdues. 

Plusieurs autres volumes de la même collection sont sous presse 
et ne tarderont pas à voir le jour, notamment l’importante Histoire 
des Patriarches d’Alexandrie, de Sévère d’Eschmounaïn, dont 
un des meilleurs arabisants de noire époque, M. C. F. Seybold, a 
entrepris l’édition, et le Synaxaire arabe (alexandrin-jacobite), 
dont M. Forget a déjà achevé la préparation *. 

J. B. Ch. 


Neue Quellen zur Geschichte des lateinischen Erzbistums 
Patras, gesammelt und erlautert von D r Ernst Gerland ( Biblio - 
theca scriptomm latinorum Teubneriana : Scriptores sacri et 
profani, fasc. V). — Leipzig, B. G. Teubner, 1903, petit in-8°, 
vi-292 pp. et 1 carte. 

M. Gerland, auteur de travaux sur l’histoire de l’île de la Crète au 


1. Depuis la rédaction de cet article ont paru : Dionysius Bar Salibi Expo - 
sitio Liturgiae, éditée par J. Labourt (texte syriaque et traduction). — 
Annales regis Iohannis I, par I. Guidi (texte éthiopien et traduction). — 
Chronicon Orientale de Ibn Raheb, par L. Cheikho (texte arabe et trad.). 
Nous reviendrons sur ces ouvrages et spécialement sur le dernier dans le 
prochain numéro. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


moyen âge, a été amené par une découverte, dans les archives de 
Macerata, d'actes relatifs à l’État ecclésiastique de Patras, à étu- 
dier l’histoire très variée, mais nullement brillante, et même d’un 
intérêt subordonné, de ce fief latin en Grèce, ainsi que l’organisa- 
tion intérieure, la vie économique et sociale dans la ville et les 
domaines de l’archevêque. 11 en est résulté un assez gros ouvrage, 
d’une exécution typographique élégante, et, au point de vue scien- 
tifique, aussi important par les recherches de l’auteur, que par les 
documents qui terminent le volume. Ces documents, rédigés en 
latin, en grec, voire même en français, ne sont pas tirés unique- 
ment de Macerata, mais aussi des papiers de Hopf, dont M. Ger- 
land a tait une étude spéciale et qu’il a déposés dernièrement à la 
Bibliothèque Royale de Berlin. On a enfin un bon index et une 
carte géographique. Ce n’est que par des ouvrages de cette nature 
qu’on pourra se rendre bien compte de la vie générale des pos- 
sessions franques d’Orient, où se rencontrent, en se confondant 
même parfois, les coutumes et les mœurs, si différentes, de l'Occi- 
dent latin et du vieil Orient de Byzance. 

Patras dut son importance à son beau port et à la richesse des 
terrains environnants. L’empire d'Orient trouva dans cette ville 
bien fortifiée un boulevard contre les Slaves envahissants. Sous la 
domination byzantine, l’importance du rôle joué par l’archevêque, 
dont le siège était de fondation ancienne, s’accrut sans cesse. 

À l’époque du partage de l’Empire de Constantinople entre les 
Latins, il fut question de donner Patras aux Vénitiens, qui ne 
purent cependant s’y établir que deux siècles plus tard. Elle fit 
partie de la principauté française d’Achaïe et fut attribuée à un 
croisé de lignage obscur. Le nouvel archevêque latin la racheta 
d’un des héritiers de ce seigneur aventurier. Les quelques feuda- 
taires laïques qui se partageaient vignes et champs se trouvèrent 
sous la crosse du prélat et ne se résignèrent pas facilement à ce 
sort qu’ils jugeaient humiliant. Mais la décadence assez rapide de 
la principauté d’Achaïe rendit enfin, au commencement du 
xiv e siècle, l’archevêque maître dans son petit diocèse-état. Les 
papes aidèrent aussi, par une intervention efficace, à la délivrance 
du territoire ecclésiastique. En 1337, Benoît XII proclama solen- 
nellement que l’archevêché était un fief du Saint-Siège. Venise, à 
laquelle on s’était souvent adressé auparavant, dut renoncer à 
toute espérance de conquête ou de protectorat : il y eut même 
une certaine époque où les relations entre l’archevêque et le gou- 
vernement ducal prirent un caractère très aigre. Cependant le 
pouvoir archiépiscopal se trouva pendant quelque temps entre les 
mains de prélats vénitiens. 


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BIBLIOGRAPHIE 


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Un changement de domination devint nécessaire au commence- 
ment du XV e siècle. L’autorité du Saint-Siège fut amoindrie par le 
schisme d’Occident, et les papes rivaux donnèrent à Patras en môme 
temps des maîtres différents. La principauté d’Achaïe, qui avait 
voulu être un suzerain et pouvait être un appui, devint le point de 
mire des rêveurs en quête de pays lointains, des ambitieux turbu- 
lents et des pirates. Le droit de la gouverner, c’est-à-dire d’en pré- 
lever les revenus, fut réclamé par Hugues de Chypre, par Philippe 
de Tarente, par des princes de la maison de Savoie, qui portèrent 
quelque temps, comme un ornement oriental, ce titre brillant 
d’Achaïe : le Grand-Maître de l’Ordre de Saint-Jean voulut conqué- 
rir la région pour ses chevaliers; les Navarrais parurent sur les 
côtes et les clans des Albanais descendirent, comme jadis les 
troupes des Slaves, de la montagne des Balkans. Avant 1400 la 
force irrésistible des Turcs, les nouveaux Sarrasins, s’était fait 
sentir en Morée. Les petits états créés par la féodalité occidentale, 
faibles et presque sans organisation, ne pouvaient plus se main- 
tenir. Patras devait être turque ou bien recourir à la protection 
de Venise, qui, dans sa dernière phase d’expansion coloniale et 
continentale, dans sa lutte contre les grandes signorie qui se for- 
maient autour d’elle, annexait, avec une patience tenace, les ports 
de l’Albanie, les îles de la Mer Ionienne et ce qui venait s’offrir à 
elle dans la presqu’île du Péloponnèse. Cette dernière puissance, 
sachant bien maintenant qu’elle livrait au grand émir d’Andri- 
nople chaque îlot politique intermédiaire qu’elle aurait refusé 
d’accepter ou négligé d’occuper, ne s’en tint plus aux tergiversa- 
tions du passé qui lui avait souvent offert cette proie. 

En 1394, les défenseurs, mal soutenus par leur seigneur, de la 
place de Lépante, presqu’en face de Patras, se trouvant pressés 
par les Turcs du Pacha de Morée, se déclarèrent prêts à se sou- 
mettre à l’archevêque, qui n’était guère mieux partagé, dans ces 
temps dangereux. Le consul vénitien en résidence à Patras connut 
ces offres; il fut invité, après la réponse négative du gouverne- 
ment de Patras, à transmettre des propositions analogues à Venise, 
où on ne prit aucune résolution définitive. En 1402, il fut question 
encore de l’acquisition de Lépante par la République, mais un 
Vénitien de Patras, Fantin Zaccaria, détruisit ces espérances en 
annonçant que le despote albanais, Spatas, s’était enfin entendu 
avec les gens du Sultan. Venise ne prit que des mesures vaines 
pour empêcher le succès final des Turcs. En 1407, ce fut encore de 
Patras que le gouvernement ducal eut vent du projet de vendre 
Lépante au Pacha : de plus, un certain André da Lasmanini de 
Patras, vint en personne à Venise pour exposer la trahison de 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


P Albanais. Ce même André conduisit les Vénitiens à Lépante qui 
fat occupée par surprise en 1407 

L’année suivante, l’archevêque Étienne Zaccaria, Génois de 
nation, frère, mais mauvais frère de Centurione, le nouveau prince 
d’Achaïe au nom du roi de Naples *, héritier des droits de la 
Maison de Tarante, « louait pour cinq ans » à Venise la ville de 
Patras, ses huit châteaux, les casaux qui en dépendaient, ainsi 
que tous les revenus de l'archevêque et du chapitre co-régnant, à 
savoir la douane du port, la taxe des paysans grecs, la dîme des 
blés, de l’huile, de la soie, du coton et l’impôt spécial pour le 
tribut dû aux Turcs, que les nouveaux maîtres de Patras conti- 
nuèrent è payer, en le faisant cependant remettra, pour garder 
plus de dignité, par le prince d’Achaïe. 

On aurait cru que ce bail, toujours renouvelé, devait aboutir à 
une annexion durable. Mais Venise rencontra des difficultés, contre 
lesquelles dut se briser sa résolution de garder et de défendre 
l’importante ville. Elles lui vinrent des protestations du Saint- 
Siège, qui n’auraient pas cependant suffi à lui faire quitter Patras, 
et des intrigues du prince d’Achaïe qui, réconcilié avec son frère, 
lui fit réclamer la possession de l’archevéché. Étienne rentra à 
Patras comme seigneur et archevêque, en 1413. Mais quatre ans 
plus tard, les princes grecs de la Morée, qui paraissaient ne prévoir 
guère le sort prochain de leur État et de leur famille, jetèrent 
leurs Albanais et stratiotes contre les possessions de Centurione; 
et, afin d’empécher la chute de Patras, un commandant vénitien 
entrait pour la seconde fois dans la place; mais l’archevêque 
refusa, cette fois aussi, de vendre ses droits, et il reprit Patras, où 
il mourut en 1424. 

Son successeur ne fut pas même un Vénitien. Frère de la femme 
du despote grec Théodore Paléologue, Pandolphe Malatesta ne 
désarma pas pour cela l’hostilité des byzantins de Morée, ainsi 
que le pape l’avait sans doute espéré. Constantin, frère de Thomas, 
obtint des Tocco Clarentza comme dot * et se fit payer un tribut 
par son parant de Patras. Cependant, les deux frères et même le 
troisième, l’empereur de Constantinople, entreprirent la soumis- 
sion complète de la presqu’île : Venise n’intervint pas d’une 
manière assez énergique pour empêcher la fin de la domination 


1. Voy., sur tout cela, Vittorio Lazzarini, L'acquisto diLepanto ; Venise, 1898 
(extrait du Nuovo Archivio veneto , t. VI, 2® partie). 

2. On trouve Centurione et sa femme « in terra Patracensi » en 1402 (voy. 
mes Notes et extraits , I, p. 119). Mais c’était avant l’élection d’Étienne comme 
archevêque. 

3. Voy. mes Notes et extraits , t. I, p. 472, note 1, 


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BIBLIOGRAPHIE 


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latine qui durait dans la ville, les châteaux et la campagne depuis 
plus de deux cents ans. Quand, toujours en 1428, le pape lui offrit 
Patras comme citadelle, comme ville protégée, comme fief, en 
gage ou même en toute propriété, sauf les droits spirituels de l'ar- 
chevêque, le sénat tergiversa. On pensait aussi, du côté du Saint- 
Siège, à confier Patras au duc de Milan ou au roi d’Aragon. Cons- 
tantin Paléologue eut donc tout le temps nécessaire pour réduire 
la ville, qui se rendit le 5 juin 1429, tandis que le château put 
encore résister quelques mois. L'archevêque dépossédé fit attaquer 
Clarentza, le point de départ du vainqueur, et la prit même, en 
1430; mais les Catalans, ses soudoyers, la revendirent aux Grecs. 
Constantin établit à Patras sa capitale, et c’est de là qu’il se rendit 
à Constantinople, en 1437, comme vicaire de l’Empire, pendant 
l’absence de son frère. Quand il fut lui-même empereur, un autre 
de ses frères, Théodore, eut Patras à son tour : ce dernier des 
despotes grecs de Morée ne réussit pas à se défendre contre les 
Albanais pillards et surtout contre les Turcs, qui, en 1457-1460, 
l’obligèrent à abdiquer et à s'enfuir. 

Eu 1499, les Turcs ayant enlevé Lépante aux Vénitiens devinrent 
les maîtres exclusifs du golfe, qui perdit dorénavant son impor- 
tance commerciale : les vaisseaux de Raguse, tributaire du Sultan, 
furent presque les seuls à pouvoir visiter ces eaux mortes sans 
craindre les pirates. Il n’y a à mentionner ensuite que des bom- 
bardements espagnols au xvi» siècle et la courte domination véni- 
tienne du siècle suivant. Les Turcs reprirent Patras en 1715. Une 
chronique, écrite en roumain par un témoin oculaire de l’expédi- 
tion, reproduit les nouvelles arrivées au Grand-Vizir sous Modon, 
le 4 (15) août 1715, touchant l’occupation de la ville : le siège avait 
duré vingt-trois jours et avait coûté la vie à deux Pachas, bien que 
les défenseurs de Patras fussent à peine au nombre de six cents. 
Une retraite honorable leur fut proposée et le commandant turc 
consentit même à en garantir les clauses par sa signature; ce 
qui n’empêcha pas les Turcs d’attaquer les soldats désarmés 
qui quittaient la ville et de se saisir de leürs biens et de leurs 
personnes *. 

Telle est, dans ses grandes lignes, l’intéressante histoire que 
raconte M. Gerland. Nous n’y avons ajouté que quelques rensei- 
gnements et points de vue nouveaux. 

L’intérêt n’est pas moindre dans la partie assez étendue qui 


1. Chronique de la campagne de Morée , par le Vataf Constantin Dioikétès, 
publ. dans Y Archiva romàneascà , par Michel Kogâlnicean, 2 e éd., Jassy, 1862, 
pp. 119-121. 


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J J 


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regardel’administration, les conditions sociales et religieuses dans 
l’État archiépiscopal. 

Le suzerain était le prince d’Achaïe, qui avait le droit de distri- 
buer des fiefs et en usa jusqu’à la fin. L’archevôque et son chapitre 
faisaient cependant de même. Les feudalaires possédaient la terre, 
et les habitants, sauf les paysans libres, des xto^Tj-coùpai. Les autres 
s’appelaient parèques, et dans cette petite société franque établie 
sur des fondements byzantins, les conditions étaient évidemment 
les mêmes qu’en Crète, et surtout en Chypre, où il y avait aussi 
une « servitus pari chie » *, tandis qu’une partie des paysans étaient 
UeûOepoi ou francomati, et d’autres, payant la taxe pour les merce- 
naires, la stratia, devenaient des perperiarii, tout aussi libres. 

Après un chapitre sur le commerce (il aurait fallu mentionner 
aussi le commerce, très développé, avec Raguse, qui envoyait du 
bois et achetait surtout du blé), M. Gerland s’occupe des revenus 
de l’archevôque, du chapitre et des seigneurs, à savoir : la dîme, 
mentionnée aussi dans le traité de bail avec Venise, l’impôt, tout 
aussi byzantin, par conséquent romain, sur les ventes. — Le 
cadastre, adopté ensuite par les Turcs, est aussi de provenance 
romaine, et l’affermage des revenus continue également à Patras, 
comme chez les Slaves des Balkans, et chez les Romains, les tra- 
ditions financières de l’empire. 

Suivent des renseignements sur les tribunaux et l’administra- 
tion de l’Église. 

N. JORGA. 


Relation de Terre-Sainte (1533-1534), par Greffin Affagart, 
publiée, avec une introduction et des notes, par J. Chavanon, 
archiviste paléographe, correspondant du Ministère de l’ins- 
truction publique. — Paris, Victor Lecoffre, 1902, in-8°, xxvii- 
247 pp. 

M. Chavanon a fait œuvre excellente en nous donnant une 
édition de la Relation de Terre-Sainte de Greffln Affagart. Sou- 
vent citée, cette Relation était mal connue, et l'on savait peu de 
chose de l’auteur. De patientes recherches, intelligemment con- 
duites, ont permis au savant éditeur de reconstituer la généalogie 
du personnage, depuis le milieu du xv* siècle et lui ont fourni la 


1. Mas Latrie, Hist. de Chypre, III, p. 125. 


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BIBLIOGRAPHIE 545 

mention de quelques incidents de sa carrière, en dehors de ce 
que nous en savons par son récit de pèlerinage. 

L’édition de M. Chavanon reproduit le ms. 5642 (et non 5462, 
comme il est dit, p. viii, n. 1) de la Bibliothèque nationale de 
Paris 4 , copie du xvi e siècle, dont le texte est généralement correct, 
mais où se rencontrent quelques lacunes. D'autres copies qui, 
d’après La Croix du Maine, étaient conservées jadis dans le Maine 
et en Normandie ne se sont pas retrouvées ; et le ms. original, 
peut-être autographe, que l’on sait avoir été, au xvm e siêde, la 
propriété de l'intendant Caen Foucaud, semble avoir disparu. 

Greffin Affagart a accompli son voyage en 1533-1534. Parti de 
Chartres, il se rend à Paris, puis à Lyon, passe le Mont-Cenis et 
gagne Venise par Turin, Rome, Notre-Dame de Lorette, Ferrare 
et Padoue. A Venise, il s’embarque pour Alexandrie, vers la fin 
de juin probablement, ou le début de juillet. Après avoir remonté 
le Nil jusqu’au Caire, il part avec une caravane pour Jérusalem 2 , 
où il arrive le 15 octobre et dont il visite consciencieusement les 
sanctuaires et les alentours. Son itinéraire le conduit ensuite au 
Jourdain, à Bethléem et à Hébron, en Judée, à Emmaus, à Naza- 
reth, au Sinaï. Du Sinaï, il retourne en Égypte, va cette fois 
jusqu’aux Pyramides ; puis, après une seconde visite au Sinaï, il 
s’embarque à Damiette pour Tripoli, d’où il se rend à Beyrouth, 
et, de cette ville, à Damas. Il revient à Jérusalem, y séjourne envi- 
ron un mois, va de là reprendre la mer à Beyrouth, aborde en 
Chypre où il reste trois à quatre semaines ; et enfin rentre en 
Europe. 

Notre pèlerin n’est pas un lettré, assurément; son style est 
lourd et souvent incorrect ; de ci de là ses descriptions manquent 
de clarté. On n'aperçoit pas chez lui, à un degré notable, les dons 
de l’observateur ; et, comme il n'est ni très instruit, ni particuliè- 
rement intelligent, il prend pour argent comptant tout ce que lui 
racontent les ignorants et les hâbleurs qu’il trouve sur sa route. 
Gepéndant sa Relation se lit sans fatigue ; elle n’est dépourvue ni 
d’originalité ni d’imprévu, et, si elle n’est pas très instructive 
quant à la géographie et à la description des monuments, du 
moins elle nous fournit nombre de détails curieux sur la façon de 


1. M. Rôhricht, Biblioth. geogr. Palaestinae, indique deux mss., n #s 5642 et 
10265 de la Biblioth. nationale. Mais, en réalité, ces deux numéros se rap- 
portent au môme volume (5642 = olim 10265). 

2. Quatorze ans auparavant, il avait déjà fait le pèlerinage de Jérusalem, et 
il intercale, vers le début de sa Relation, un court récit de ce premier voyage, 
dans lequel, parti également de Venise, il avait gagné Jaffa en longeant la 
côte occidentale de la péninsule des Balkans, puis la côte septentrionale de la 
Crète, et avait fait escale en Chypre et à Rhodes. 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


voyager des pèlerins el sur les embarras auxquels étaient expo- 
sés, à chaque pas, ceux qui ne pouvaient se faire accompagner 
d'une bonne escorte. Affagart aime à faire causer les gens; si, 
la plupart du temps ses interlocuteurs l’induisent, volontairement 
ou non, en erreur, il en est aussi parfois qui le renseignent utile- 
ment. Tels sont, par exemple, ces Éthiopiens qu’il a rencontrés à 
Jérusalem et qui lui ont expliqué la cause des crues du Nil '. Les 
mômes Éthiopiens, d’ailleurs, lui en ont, eux aussi, fait accroire, 
lorsqu’ils lui ont affirmé que leur empereur s'appelait non pas le 
prêtre Jean, mais Prégent « qui preest gentibus, c’est-à-dire celui 
qui préside sur les gens *. » 

Quelques autres traits encore sont à noter dans son livre : 
ainsi, le récit de la réception des pèlerins à Jaffa, par le Père gar- 
dien du Mont-Sion, qui leur donne des instructions sur la façon 
de se comporter en pays musulman •; la description des piscines 
de Salomon, « les plus magnificques et de plus singulier ouvraige 
que j’aye veu en tout le voyage, car elles sont toutes faictes de 
tailles, si très artificiellement ordonnées et conjoinctes qu’il semble 
qu’il n’y ayt pas dix ans qu’elles sont faictes * » ; la description de 
la chambre du Cénacle, et la mention des tombeaux de David, de 
de Salomon et des autres rois d’Israël qui se trouveraient sous la 
voûte inférieure de l’édifice 8 ; la description du Caire et des Pyra- 
mides 8 ; quelques détails sur l’église N.-D. de Josaphat, alors 
comme enfouie dans les ruines amoncelées autour d’elle 1 ; sur le 
Templum Domini, devenu le Temple Notre-Dame *, et sur le lieu 
de la naissance de J.-C., à Bethléem 9 ; l’énumération des sectes 
chrétiennes habitant Jérusalem, de leurs rites et coutumes, de 
leurs chapelles el maisons î A Jérusalem, Greffin Affagart et son 
compagnon, Bonaventure Brochart, remarquent sur une muraille 
une carte peinte, malheureusement toute « pourrie et gâtée », 
représentant la Palestine au temps des 12 tribus ; ils la restaurent 
tant bien que mal et en prennent un croquis dans l'intention de 

1. Pp. 163-164. 

2. P. 83. 

3. Pp. 42-44. 

4. P. 142. 

5. Pp. 101-102. 

6. Pp. 166 et suiv. 

7. P. 105. 

8. P. 98. 

9. P. 132. 

10. P. 76 et suiv. — Parmi ces sectes, je ne sais si Ton trouve autre part la 
mention des « Chrestiens de la saincture, ainsi appeliez pour ce qu'ilz sou- 
tient avoir leur oratoire en l’eglise contre le mont Olivet, où la Vierge Marie 
laissa tomber sa saincture à S. Thomas » (p. 131). 


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BIBLIOGRAPHIE 


547 


la faire imprimer à leur retour en Europe *. Peut-être Greffln 
Affagarl l’avait-il reproduite dans la relation autographe de son 
voyage. 

Je note enfin au passage deux ou trois particularités que le 
voyageur nous signale : la coutume de jeter des pierres contre le 
tombeau d’Absalon « en détestation de son crime », coutume 
observée aussi bien par les Turcs et les Juifs que par les Chré- 
tiens*; le privilège des Abyssins d’entrer à Jérusalem et même 
dans l’église du Saint-Sépulcre sans payer tribut, à cause du fleuve 
qui arrose toute la terre d’Égypte, qui vient de leur pays 9 ; quel- 
ques informations sur l’histoire du saint Suaire de Chambéry * ; 
la mention d’une légende suivant laquelle, lorsque Jésus-Christ 
fut pris au jardin des Oliviers, ceux qui le conduisaient le préci- 
pitèrent dans le torrent du Cédron et firent « planche de son 
corps, pour ce qu’il n’y avoit poinct de pont », de telle sorte que 
l’empreinte de ses pieds se grava dans le lit de ce torrent, où on 
la voit encore '. 

De façon générale l'édition de M. Chavanon a été préparée avec 
soin. Toutefois, l’éditeur doit s’attendre à ce qu’on lui fasse un 
grief de ne pas l’avoir complétée par un Index des noms de lieux 
et de personnes. 

Quelques améliorations de détail auraient pu également y être 
apportées : P. 25, au lieu de « guerboult », il faut sans doute lire 
« guerdon ». — P. 32, je suppose que « un couvent de troys Cor- 
deliers », doit se lire « un couvent de. frères Cordeliers ». — P. 33, 
au lieu de « Fore, Maria, fort », il y avait probablement dans le 
manuscrit original, « Fore, Maria, fore ». — P. 54, « conseil » doit 
être corrigé en « consul ». — Pp. 23 , 24, 25, 35, 45, 52, 152, etc., 
pourquoi écrire « d’avant » au lieu de « davant », c’est-à-dire « de- 
vant »? — P. 87, ne doit-on pas corriger « commys du Pape » en 
« soumys au Pape »? — P. 71, « dessus ledict pertuys », est évi- 
demment une erreur pour « dessous ledict pertuys ». — P. 150, 
« Arron » est une mauvaise lecture pour « Accon ». — P. 140, la 
pbrase : « et en ce lieu mesme revint [Adam] et aussi maistre 
Pierre Comestor, l’histoire scolastique le dit.... », est ponctuée 
de telle façon que le sens en est faussé. — P. 160, on doit lire 


1. Pp. 226-227. 

2. Pp. 107-108. 

3. P. 80. 

4. P. 6. — A l’occasion de son passage à Chambéry, Affagart parle d’une 
ville voisine qui aurait été détruite par châtiment divin et dont il n’y a plus 
trace, « sinon buttes et fossés ». N’était-il pas possible de l’identifier? 

5. P. 108. 


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non pas « Judée la majeur « et « Judée la mineur », mais « Inde 
la majeur » et « Inde la mineur ». — P. 167, la phrase : « et 
fut en partie pour Cambises... » est incompréhensible, et devait 
être restituée '. Les erreurs de typographie sont fréquentes aussi, 
sans qu’au surplus l'auteur doive nécessairement en être tenu 
pour responsable *. 

Une annotation copieuse de la Relation d’Affagart était inutile 
assurément, la plupart des faits et des localités dont parle ce 
voyageur étant suffisamment connus. Il serait donc injuste de 
reprocher à H. Chavanon la discrétion dont il a fait preuve à cet 
égard. L’identification de certains noms de lieux, l’explication de 
certains termes rares eussent été de mise cependant, et cela 
d’autant plus que l’éditeur s’adresse à des lecteurs qu’il juge 
médiocrement instruits. Il prend la peine, en effet, de leur dire ce 
que c’est que Ebron, Baruth, la Traconitide, La Mecha, Verset 
(= Verceil), Eusèbe [de Césarée], Boesse, Solin. Mais d’autre part il 
ne cherche pas à identifier certains noms plus embarrassants : en 
Piémont, Cherrassy, Ligorne.Galasque 3 ; en Égypte, La Neathalye, 
La Hangue (ou La Hucque), Belgam, Roblum, Galhie Il explique 
des mots tels que paluds, paoure, certe, davantaige, soffreté, 
mesquite, ire, spélonque, etc. (pp. 8, 22, 25, 33, 45, 98, 116); mais 
n’explique pas feegs (p. 180), probablement faix; cassier (pp. 54, 
56), c’est-à-dire l’arbre à casse; enudres (p. 165), sans doute 
èvjSptc = loutre B ; le « Maistre des propriétés » (p. 161), soit Bar- 
thélemy l’Anglais ; etc. 

Tout cela, j’en conviens, n’est pas bien grave. Mais on regret- 


1. M. Chavanon, parlant de Burchard du Mont-Sion, dit (Introduction, p. vin) 
que la Description de la T. S. laissée par ce religieux est très courte. Elle est 
au contraire très détaillée, et l’une des plus longues et des plus substantielles 
que nous possédions pour le moyen âge. — M. Rôhricht n’a nullement, comme 
le dit M. Chavanon (iTn'd.), confondu Bonaventure Brochart, compagnon 
d’Affagart, avec ce Burchard du Mont-Sion. Il remarque, au contraire, que 
certaines éditions de Burchard du Mont-Sion ont été mises, et très probable- 
ment par erreur, au compte de Bonaventure Brochart. 

2. P. i, note 2 : Zeitschrift des deutschen Palestrina vereins. — Pp. x, 1. 6, 
et xii, l. 1 et note 2, les dates 1848, 1855 et 1858, attribuées à des pièces du 
xv* et du xvr siècle, surprendront sans doute beaucoup. — Inutile de multiplier 
les exemples. 

3. Chivasso, Livorno et Salasco (ou Garlasca?). Y 

4. Pp. 60 et 157-158. — Cathie est l’actuel Katieh (cf. Sanudo, Sécréta , 1. III, 
p. 14, ch. 2). La Neathalye, où Affagart. place le jardin du baume, serait peut- 
être Mandaleth dans les environs immédiats du Caire. « La Hucque » pourrait 
être « Hucar », cité par Sanudo ( ibid .). Belgam et Roblum, dont les noms sont 
peut-être corrompus, doivent être cherchés entre La Hucque et Catieh. Bol- 
gam ne serait-il pas une déformation de Balsam (= hortus Balsami) ou de 
Belbeïs ? 

5. P. 57, « un office qui se arente à grand argent » no signifie pas « qui 
produit de grosses rentes », mais « qui s’afferme à grand prix ». 


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BIBLIOGRAPHIE 


.549 


tera davantage de ne trouver, dans l'Introduction du livre, ni la 
solution, ni môme l'examen d’un problème qui s’imposait à 
l’attention de l’éditeur d’Affagart. Suivant l’opinion courante, il 
existe ou aurait existé une Relation de voyage dûe à l’un des 
compagnons de ce voyageur, à savoir le P. franciscain Bona- 
venture Brochart. Cette opinion se fonde, en somme, sur un 
passage des Scriptores ordinis Minorum de Wadding, suivant 
lequel ce Bonaventure Brochart, revenu de Terre-Sainte, se serait 
retiré dans un couvent de son ordre et y aurait écrit la rela- 
tion de son pèlerinage. Elle paraissait confirmée par ce fait que 
Bonaventure Brochart figure, en qualité d'auteur, dans le titre 
d’anciennes éditions d’une Description de la Terre-Sainte, citées 
par divers bibliographes. M. Chavanon me paraît l’avoir acceptée 
avec trop de complaisance. Il est infiniment probable, en effet, 
que le renseignement de Wadding repose uniquement sur l’attri- 
bution formulée dans le titre des éditions susdites. Or, cette attri- 
bution est presque certainement fausse ; car, celles d’entre ces 
éditions que l’on a pu retrouver contiennent non pas un écrit du 
xvi e siècle, mais une œuvre du xm e , dont l’auteur bien connu, n’est 
autre que Burchard du Mont-Sion. M. Chavanon eût accompli une 
besogne méritoire en s’attachant à résoudre définitivement la 
question . 

Ch. K. 


II. - PÉRIODIQUES SPÉCIAUX 
Revue de l’Orient chrétien. 

Tome VU (1902), n° 2. — H. Levantin, Le moulassarifat ou gou- 
vernement autonome du Liban. Organisation et situation actuelle 
(pp. 171-195). — M. A. Kugener, Récit de Mar Gyriaque, racontant 
comment le corps de Jacques Baradée fut enlevé du couvent de 
Gasion et transporté au couvent de Phesiltha (pp. 196-217) : texte 
syriaque, version française et commentaire. Le couvent de Phesil- 
tha était situé près de Telia, celui de Gasion, appelé aussi de 
Saint-Romanus, était près de la frontière nord de l’Égypte. La 
translation eut lieu en 622 de J. C. — P. Sophrone Petridès, 
Cassia (pp. 218-244) : élude sur la vie et les œuvres de cette 
femme poète qui vécut à Constantinople au ix* siècle. — Vie de 
sainte Marine. Texte arabe et traduction française publ. par 
lgnazio Guidi et E. Blochet (pp. 245-276). — H. F. Tournebize, 


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550 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Histoire politique et religieuse de l’Arménie (pp. 277-302) ; suite au 
n°4, pp. 509-542, et en 1903, n° 2, pp. 206-239. — V. Ermoni, Rituel 
copte du baptême et du mariage (pp. 303-318) ; texte et traduction. 
— Léon Clugnet, Histoire de saint Nicolas soldat et moine 
(pp. 319-330); l’auteur publie, d’après un manuscrit du monastère 
du Saint-Sépulcre de Jrlm, une vie grecque de ce personnage, qui 
était soldat dans l’armée de l’empereur Nicéphore I* r (début du 
ix* siècle). — H. Lammens, La question gréco-arabe en Égypte 
(pp. 331-332). — H. Lammens, Un nouveau diocèse grec-ortho- 
doxe en Syrie (pp. 332-333); il s’agit de la création du diocèse du 
Liban, dont le territoire faisait partie jusqu’ici du diocèse de 
Beyrouth. — H. Lammens, Le Sionisme et la Turquie (pp. 334-335). 

N° 3. — P. Ladeuze, L’eucharistie et les repas communs des fidèles 
dans la Didaché (pp. 339-359). — S. Vailhé, Sophrone le sophiste 
et Sophrone le patriarche (pp. 360-385); suite en 1903, n«“l, 3, 
pp. 32-69, 356-387 ; l’auteur étudie la question de savoir si Sophrone 
le sophiste, cité par Jean Moschus, et Sophrone patriarche de Jéru- 
salem (vu* siècle) sont une seule et même personne ; ssds conclure 
de façon tout à fait catégorique, il penche pour l’affirmative ; article 
très intéressant pour la biographie du patriarche Sophrone et 
pour l'histoire politique et religieuse de la Palestine au vu* siècle; 
l’auteur le termine par une bibliographie des œuvres de Sophrone, 
sophiste et patriarche. — S. Ronzevalle, L’inscription syriaque 
de Kradad-Dasiniya, dans l’Emésène (pp. 386-409) : texte bilingue 
(grec et syriaque) inscrit sur les restes d’un sarcophage que l'on 
suppose être celui de S. Thomas Salus (vi« siècle). — M. D. Girard, 
Les « Madag » ou sacrifices arméniens (pp. 410-422). — Cbaralampos 

ChÉNOSCOPOS, “H TiamxTj E-poxXioç XXL T t ’AO^vaîoc KaitittaXelo; xt)v, t,toc 
AtojxiJSi); Kupiaxà; xai XapaXijxuoc Xijvowiitoç (pp. 423-451). — H. LAM- 
MENS, Les Nosaïris dans le Liban. Notes d’ethnographie et d’his- 
toire libanaise au moyen âge (pp. 452-477). — Vie de sainte Marine, 

VI : texte haut-allemand, publié par Léon Clugnet (pp. 478-487); 
deux textes, l’un en prose, l’autre envers. — Vie de, sainte Marine, 

VII : texte bas-allemand, publié par Léon Clugnet (pp. 488-500) ; 
deux textes également, l’un en prose, l’autre en vers. — H. Lam- 
mens, Le couvent du mont Sinaï (pp. 501-504) : sur l’époque à 
laquelle les moines du Sinaï se sont séparés de l’église romaine ; 
l’union était certainement rompue dans la seconde moitié du 
xv* siècle. — H. Lammens, Le séminaire oriental de Beyrouth 
(pp. 504-505). 

N» 4. — Vie et office de saint Michel Maleinos, suivis d’un traité 
ascétique de Basile Maleinos. Texte grec publié par le R. P. Louis 
Petit (pp. 543-603). — Vies et récits d’anachorètes (iv*-vn* siècles). 


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BIBLIOGRAPHIE 


551 


I. Analyse du manuscrit grec de Paris, 1596, par l’abbé F. Nau. 
Textes grecs inédits extraits du même manuscrit et publiés par 
Léon Clugnet (pp. 604-617) ; suite en 1903, n° 1, pp. 91-100. — 
A. P., La rebaptisation des Latins chez les Grecs (pp. 618*646); 
suite en 1903, n° 1, pp. 111-132. — Vie de sainte Marine, VII : 
texte français publié par Léon Clugnet (pp. 647-667); suite en 
1903, n° 2, pp. 288-311; l’auteur publie plusieurs versions et abré- 
gés français de la vie de sainte Marine d’après les manuscrits 
de la Bibliothèque Nationale de Paris, franc. 1038, 422, 23117, 413, 
22911, 423, 1534; du Vatican, Reg. Christ. n° 1728; de Bruxelles, 
Biblioth. roy., n° 10295-10304. — H. Lammens, Les formules épigra- 
phiques : Christus hic est et Xpio-uô; èvôâSe xorcotxev (pp. 668-670). 

Tome VIII (1903), n° 1. — Vie de saint Auxence, texte grec publié 
par Léon Clugnet (pp. 1-14) : ce texte, assez différent de celui 
que renferment les manuscrits de la Biblioth. Nat., gr. 1451 et 
1452, et qui a été inséré dans la Patrologie grecque de Migne, 
est publié ici d’après un manuscrit grec de la Marciana, Cl. VU, 
n° 25 (xi* siècle). — Jules Pahgoire, Mont Saint-Auxence 
(pp. 15-31) ; suite au n° 3 (pp. 426-458), et eu 1903, n° 2 (pp. 240- 
279). Histoire de saint Auxentius, suivie de celle du Mont Saint- 
Auxence. Je rappelle 6 M. Pargoire que M. J. Gedeon a publié, en 
1896, dans l”Ap^aioloY(xôv aeXtIov du Syllogue hellénique de Constan- 
tinople (HapapTijjAX toü xS'-xc' xoptou), une IIep!Ai)i|n< ivexSürtov Bio-ypaptcdv 
toü ôcnou AùÇsvxtoo. — Émile Legrand, Nicéphore Mélissène, évêque 
de Naxos et de Cotrone(pp. 70-90) : l’auteur complète sur quelques 
points ce que l’on savait de Mélissène, et il décrit un manuscrit 
autographe de ce personnage que possède M. Ingram Bywater, 
professeur à Oxford. — H. Lammens, Relations officielles entre la 
cour romaine et les sultans mamlouks d’Égypte (pp. 101-110) : sur 
le protocole des lettres adressées par les sultans du Caire au pape. 
— P. Chebli, Le patriarcat maronite d'Antioche (pp. 133-143) — 
L. Petit, Déposition du patriarche Marc Xylocaravi, 15 janvier 
1467 (pp. 144-149). — H. Lammens, Russes et Nosaïris (p. 149) : 
addition au Voyage au pays des Nosaïris, du même auteur (cf. 
Rev. or. chrét., V, an. 1900). 

N° 2. — Vie et office de saint Euthyme le jeune ; texte grec 
publié par Louis Petit (pp. 155-205). S. Euthyme le jeune vivait 
au ix a siècle, dans la région de Thessalonique. Sa vie, que l'on 
ne connaissait jusqu’ici que par de brèves mentions, a été écrite 
par son disciple Basile, évêque de Thessalonique. M. Petit, la 
publie ici d’après deux manuscrits du Mont-Athos et un manus- 
crit de la Bibliothèque synodale de Moscou. — S. Vailhé, Le 
patriarcat maronite d’Antioche (pp. 280-287): réponse au P. Ché- 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


bli (cf. n° 1), touchant l’antiquité du patriarcat maronite et la 
date de l'union des Maronites à l'église catholique. — H. Lam- 
mens, Notes de géographie ecclésiastique syrienne. I : La ville 
épiscopale "Eppr, ou "Eppa; II: Thelsea=Thersea; III : L’évêché 
de Séleucie-Zahlé-Ma’loûla (pp. 312-319) : "Eppa au diocèse de 
Bostra, serait l’actuel 'Aira ou 'Iri, gros village sur le flanc sep- 
tentrional de la montagne des Oruses. Thersea ou ©eXeuïjc figure 
parmi les villes épiscopales représentées au concile de Nicée ; 
c’est probablement la Thelsea de l’Itinéraire d’Antonin, dans la 
Damascène, aujourd’hui Hân al-Ma'loulujé. L’évêque grec de 
Zahlé (Liban), dont relève le bourg de Ma’loûla (Damascène), por- 
tait le titre d’origine de Séleucie. Cette Séleucie pourrait être 
ou Seleucobelus ou Seleucia Pieria . 

N° 3. — H. Lammens, Un poète royal à la cour des Omiades de 
Damas (pp. 325-355): sur le poète arabe chrétien Ahtal. — L. Buf- 
fat, Lettre de Paul, évêque de Saïda, moine d’Antioche, à un 
musulman de ses amis demeurant à Saïda (pp. 388-425) : ce Paul, 
évéque grec melchite de Saïda, cité aussi sous les noms de ar-Râ- 
heb ou ibn-Râheb, vivait au im* siècle et non au xv°, comme on 
l’a dit; sa lettre, que le P. Buffat publie d’après un manuscrit de 
l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, avec une traduction fran- 
çaise, contient une apologie de la religion chrétienne, écrite après 
un voyage fait par l’auteur au pays des Grecs et des Latins. — 
Elie Batareikh, La forme consécratoire de l’eucharistie d’après 
quelques manuscrits grecs (pp. 459-470). — L. Petit, Une bagarre 
au Saint-Sépulcre, en 1698 (pp. 471-477) : l'auteur publie un petit 
poème grec anonyme, racontant une agression des Grecs contre 
les Franciscains du Saint-Sépulcre. — H. Lammens, L’antiquité de 
la formule « Omnia ad majorem Dei gloriam » (pp . 477-478) : le 
plus ancien exemple de cette formule paraît être celui que fournit 
une inscription grecque recueillie dans les ruines de « Qasr ibn 
Wardân », au nord de Hama, en Syrie. — H. Lammens, Anciens 
couvents de l’Auranitide (pp. 478-481) : sur l’emplacement des 
anciens couvents de Rasayâ, Motilla et Nemâra. 

Zeitschrift des deutschen P&læstina Vereins. 

Tome XXV (an. 1902), n 08 1-2. — D r Heinrich Hilderscheid, Die 
Niederschlagsverhâltnisse Palastinas in alter und neuer Zeit 
(pp. 1-105) : étude détaillée du régime des pluies en Palestine; les 
observations scientifiques pour la période moderne ne remontent 
guère qu’à une quarantaine d’années; pour la période ancienne 
l’auteur se sert des indications fournies par les livres bibliques et 
la Mischna; il conclut que ce régime ne s’est guère modifié depuis 


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BIBLIOGRAPHIE 


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l’époque biblique; que, d’une façon générale, les conditions cli- 
matériques du pays n’ont pas non plus varié, et que, si la Pales- 
tine ne parait plus être aujourd’hui le pays découlant de lait et 
de miel que nous dépeint la Bible, cela tient surtout à l’état d’aban- 
don dans lequel a été laissée la culture du sol pendant presque 
tout le moyen âge et la période moderne, surtout depuis l’époque 
de la domination turque. — D. C. F. Setbold, Haram esch-Scherif, 
nicht Harâm esch-Scherif (pp. 106-107) : Haram , forme adjective, 
mise pour al-mesdschid al haram, la mosquée sacro-sainte, doit 
s’orthographier haram et non harâm. 

N 08 3-4. — D r G. Schumacher., Dscherasch (pp. 111-177) : histoire 
de cette ville et description de ses ruines actuelles, avec de nom- 
breuses reproductions en photogravure, des plans et des coupes. 
— G. Gatt, Zur Topopraphie Jerusalems (pp. 178-194) : l’auteur 
montre de quelle façon doit être interprété le passage de Flavius 
Josôphe relatif à l’emplacement de Jérusalem, si l'on veut se ren- 
dre compte de la topographie de cette ville au moment du siège 
de Titus. — D r Immanuel BenZinger, Die Roinen von Amwas 
(pp. 195-203) : à propos du livre du P. Barnabé d’Alsace : Deux 
que»tion8 d? archéologie palestinienne (et. Rev. de l’Or, lat., IX, 
254), et plus spécialement sur ce fait que la basilique d’Amwas 
aurait été construite sur d’anciens thermes romains. 

Tome XXVI (1903), n 0 * 1-2. — Ferdinand Muehlau, Martin us Seu- 
senius’ Reise in das heilige Land, i. J. 1602-1603 (pp. 1-92). On ne 
sait rien de Seusenius, en dehors des quelques renseignements 
fournis par son récit de voyage en Terre-Sainte. Il était Hollan- 
dais et appartenait à la religion catholique. La relation qu’il nous 
a laissée de son pèlerinage, écrite en hollandais, dénote un esprit 
cultivé, croyant et pieux, mais point fanatique. L’auteur ne se 
borne pas à répéter ce qu’ont dit ses devanciers ; il nous fait part 
de ses impressions personnelles et de ses remarques, qui déno- 
tent un observateur intelligent. M. MUhlau publie la Relation 
d’après un manuscrit actuellement en sa possession. Ce manuscrit 
ne parait pas être autographe. 

N° 3. — Peter Thomsen, Palâstina nach dem Onomasticon des 
Eusebius (pp. 97-141); suite au n° 4 (pp. 145-188), avec une 
carte. 

Mittheilungen and Nachrichten des deutschen Palaestina 
Vereins. 

1901, n* 2. — Chr. Rohrer, Unsere Arbeiten im Ostjordanlande. 
IV : Bemerkungen zu den gefundenen Inschriften (pp. 17-19). — 
Enno Littmann, Unbeachtete Safâ-Inschriften (pp. 20-21). — 

Rsv. db l'Or, latin. T. IX. 36 


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554 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


George L. Robinson, Die Opferstâlte bei Petra (pp. 21-32); avec 
nombreuses photogravures. 

N* 3. — H. Lucas, Griechische loschriflen aus Gerasa, aus dem 
Nachlass H. Kiepert’s (pp. 33-47): ces inscriptions, de l’époque 
gréco-romaine, recueillies par H. Kiepert, en 1870, ont été 
publiées depuis dans divers recueils, à l’exception d’une seule, 
relative à la construction du temple de Jupiter Olympien à Gerasa, 
qui est inédite. 

N” 4-6. — H. Lucas, Repertorium der griechischen Inschriflen 
aus Gerasa (pp. 49). 

1902, n° 1. — E. Kautzsch, Zum Gedâchtniss des kôniglich Wür- 
tembergischen Bauralhs D r Conrad Schick, Milglied des grossen 
Ausschusses des deutschen Palâstina-Vereins seil der Begründung 
desselben, 1877, Ehrenmitglied des Vereins seit 1886 (pp. 1-12) : 
notice nécrologique et bibliographique. — D r Sellin, Kurzer 
Berichl über die Ausgrabung von Ta'annek (pp. 13-16); suite au 
n° 2 (pp. 17-19); au n° 3 (pp. 33-36), et an. 1903, n° 1 (pp. 1-4). 

N° 2. — G. Schumacher, Unsere Arbeiten im Ostjordanlande 
(pp. 20-31), relevé d’une partie de la région du Ghor, fait en 
février 1901. 

N» 3. — P. Palmer, Die Aufnahme der Mosaikkarte von Madeba 
(pp. 36-40). — H. Thibrsch et John P. Peters, Neu entdeckte 
Grilber in Bet Dschibrin (pp. 40-42) : tombeaux de l’époque des 
Séleucides (3* ou 2» siècle avant J.-C.). — D r Eb. Nestle, Das 
Land, da Milch und Honig fliesst (pp. 42-44) : l’auteur se demande 
s’il ne faudrait pas interpréter le terme « miel » par miel de rai- 
sin, c’est-à-dire vin ; il note, dans un texte arabe, l’expression 
pays de blé et de miel à propos de la Syrie. 

N° 4. — D r A. Nehring, Die geographische Verbreilung der 
Satigelhiere in Palüstina und Syrien (pp. 49-63). — D r G. Schuma- 
cher, Ein Eichhôrnchen aus dem Ostjordanlande (pp. 63-64) : 
habitat de l’écureuil en Syrie et en Palestine, à propos d’un de 
ces animaux tué dans la région d’outre Jourdain, où l’espèce est 
fort rare. 

N° 5. — D r M. Blanckenhorn, Die mineralschâtze Palilstinas 
(pp. 65-70). — D r M . Sobernheim, Samaritanische Inschriflen aus 
Damascus (pp. 70-80); avec reproductions en photogravure. 

N° 6. — D r H. Guthe, Das deutsche evangelische Institut fur 
Alterthumswissenschaft des heiligen Landes (pp. 81-85). 

1903, N° 1. — D r G. Schumacher, Die ligyptische Hauptslrasse 
von der Ebene Saron bis zur Ebene Jesreel (pp. 4-10). 

N° 2. — D r D. Dalman, Epigraphisches und Pseudepigraphisches 
(pp . 17-32) : à propos d’inscriptions grecques et araméennes qui 


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v BIBLIOGRAPHIE 5% 

se lisent snr divers objets authentiques ou faux conservés dans le 
Musée de l’Institut évangélique d'archéologie à Jérusalem. 

Palestine Exploration Fund. Quarterly Statement. 

1902, juillet. — R. A. Stewart Macalister, He hislory and site 
of Gezer (pp. 227-232). — Reports by R. A. Stewart Macalister. 

I : Biâr es-Seb'a. II : A Tomb near Edh-Dhftheriyeh. III : Rock-, 
eut Tomb near Bethlehem. IV : A greek Inscription from Nftblus. 
V : An old Hebrew Seal from Deir Abân. VI : A new greek 
Inscription from Jérusalem. VII : On a Tomb beside the Beth- 
lehem Road. VIII : 'Am el-Khanduk. IX : A peculiar Rock-cutting 
in the Kedron Valley. X : A Rock-cut Press near Jérusalem 
(pp. 232-249); figures, coupes et plans. — James Glaisher, Results 
of meleorological observations taken at Jérusalem in the year 
1901 (pp. 250-255). — James Glaisher, Results of meteorological 
observations taken at Tiberias in the year 1901 (pp. 255-260). — 
Prof r Clermont-Ganneau, Archaeological and epigraphic Notes 
on Palestine. 17 : The site of Mépha'ath. 18 : El-Khaf er Bakîm 
and the Cave of the Seven Sleepers. 19 : Discovery of Sykomazon 
(mentionnée par la mosaïque de Madaba, cette localité doit être 
identifiée avec Sûk Mâzen, près de Wâdy Ghazza). 20 : Three 
new archaic Israélite Seals. 21 : Greek inscriptions from Beer- 
sheba (pp. 260-282). — C. W. Wilson, Golgotha and the Holy 
Sepulchre (pp. 282-297); avec une carte de Jérusalem. Suite en. 
octobre 1902 (pp., 376-384); janvier, avril et juillet 1903 (pp. 51- 
65, 140-153, 242-249). — E. W. G. Masterman, 'Ain el-Feshkhah, 
el-Hajar, el-Asbah and Khurbet Kumrân (pp. 297-299); suite de 
l’article paru dans le fasc. d’avril 1902. — E. W. G. Masterman, 
Miscellaneous Notes made during a Journey east and west of 
Jordan (pp. 299-301). — G. Schumacher, Recent discoveries near 
Galilee(pp. 301-304). — C. M. W[atson], Mosquitoes and malarial 
Fever in Palestine (pp. 305-306). 

Octobre. — R. A. Stewart Macalister, First quarterly Report of 
the Excavation of Gezer (June 14 th to August 14°* 1902). I : Prelimi- 
nary Account of the Methods of Work and of the general Results. 

II : The Buildings. III : Stone Objecta. IV : Copper and bronze 
Objecta. V : Iron Objecta. VI : Bone Objecta. VU : Pottery. VIII : 
Communication and Trade. IX : Religion and Folklore. X : Mis- 
cellaneous Objects. XI : Rock-cutlings and Tomba. XII : The burial 
Cave. XIII : The surrounding District (pp. 317-364); avec figures et 
plans. — Prof. W. Flinders Petrie, Description of the scarabs and 
weighls [discovered at Gezer] (p. 365). — Prof. Clermont-Gan- 
neau, Supplementary Remarks upon the greek Inscription from 


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REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Bedrsheba (pp. 385-388) ; version anglaise d'une partie de l’article 
paru dans le Rec. d'archéol. orientale, du même auteur, t. V, § 27, 
pp. 143 et suiv. (cf. ci-dessous, p. 575). — J. E. Hanauer, Julian's 
attempl to restore the Temple, and other Notes (pp. 389-393). — 
John P. Peters and H. Thiersch, The NecropoÙs of Mareshah 
(pp. 393-397). — R. A. S. Macalister, A Rock-cut Press near 
Jérusalem (pp. 398-403); figure et plan. — Excavations at Jéru- 
salem (pp. 403-405); version d’un rapport du P. Dunkel, paru dans 
là revue Das Heilige Land, avril 1902, pp. 91-92, sur les fouilles 
entreprises à la place Saint-Paul, près de la porte de Damas. 
— ■ E. W. G. Masterman, Ded Sea observations (pp. 406-407). — 
G . M. Watson, The Construction of the great Pyramid of Gizeh 
(pp. 407-411). — William Libbey, Notes on the Jordan Valley and 
Petra (pp. 411-413). 

1903, janvier. — R. A. Stewart Macalister, Second quarterly 
Report on the excavation of Gezer (August 14 01 to november 
l 8t 1902). I : General Summary of the Résulta of the Quarter’s 
Work. IP: Stratification of the Mound. III : The second burial 
Cave. IV : The Troglodyte Dwellings. V : The Temple. VI : The 
Egyptian Stele. VII : Stone Objecta. VIII : Bronze Objects. IX : Pot- 
tery. X : Miscellaneous Objects. XI : Foreign Objects. XII : Conclu- 
ding Summary (pp. 7-50) ; figures et plans. — Alex. Macalister, 
The bodies in the second burial Cave [at Gezer] (pp. 50-51). — 
Philip. G. Baldensperger, The immovable East (pp. 65-77); suite 
en avril (pp. 162-170) et en octobre (pp. 336-344). L’auteur décrit 
les mœurs, coutumes, occupations, vêtements du menu peuple de 
la Terre-Sainte, en les comparant à ceux des anciens habitants du 
pays. — J. E. Hanauer, Sculptured figures from the Muristan, and 
other Notes (pp. 77-86) ; avec reproductions d’après des photogra- 
phies. — J. E. Hanauer, El-Edhemîyeh (Jeremiah's Grotto) 
(pp. 86-89). — Roland G. Stafford, The Samaritan Passover 
(pp. 90-92). — Prof. Hull, Notes on professor Libbey's account 
of the Jordan Valley and Petra (pp. 92-93) ; à propos de l’article 
de William Libbey publ. dans le n° d'octobre 1902 du Quarterly 
Statement. 

Avril. — Third quarterly Report of the excavation of Gezer 
(1 Nov.-28 Febr. 1902), by R. A. Stewart Macalister (avec plan 
et gravures). I : Preliminary. H : Buildings, ni : Stone objects. IV : 
Métal objects. V : Pottery. VI : Egyptian objects. VII : Corrections 
and observations on previous Reports (pp. 107-125). — Prof. 
Clermont-Ganneau, Archaeological and epigraphic Notes on 
Palestine. 22 : The « Gâte of Nicanor » in the Temple of Jérusa- 
lem. 23 : An inscribed Altar at Kedesh-Naphtali. 24 : Mount Her- 


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BIBLIOGRAPHIE 


557 


mon and itd God In an inedited greek Inscription (pp. 125-140). — 
D r Selah MerriL. Notes from Jérusalem. 1 : An immense charnel 
House (terrain donné par l’empereur Guillaume II aux catholiques 
allemands, à Jérusalem). 2 : An excavation north of the City 
wall. 3 : A bit of the ancient upper Gihon aqueduct. 4 : A section 
of Agrippa’s wall (pp. 153-159). — Herbert Rix, Notes taken on a 
tour in Palestine in the Spring of 1901. 1 : Bethlehem of Galilee. 
2 : A Spring near 'Ain el-Tâbigha. 3 : Bethabara (pp. 159-162). — 
Reports by R. A. Stewart Macalister. I : Additional Notes on 
Tombs in the Wfldy er-Rahâbi. II : Greek Inscriptions in the 
Muséum at Jérusalem. HI : The greek Inscription at Kuryet Sa'î- 
deh. IV : The illicit excavations at Beit Jibrîn (pp. 170-173). — 
R. A. Stewart Macalister, The Pachomîos Inscription in Wftdy 
er-Rahâbi (pp. 173-175). — C. W. Wilson, The « Buckler » of 
Hamza (pp. 175-177) ; à propos du bouclier d'Hamza, oncle de Maho- 
met, qui a disparu il y a environ dix-sept ans de la maison du 
patriarche arménien à Jérusalem, pour être envoyé probablement 
à Constantinople, et dont il subsiste une réplique en métal dans le 
couvent arménien de Jérusalem. — E. W. G. Masterhan, Dead Sea 
observations (pp. 177-178). — C. R. Conder, Burial and hurning 
(pp. 179-180). 

Juillet. — R. A. Stewart Macalister, Fourth quarterly Report 
of the excavation of Gezer (1 March-15 May 1903). I : General 
Summary of the Quarter’s Work. II : Stone objects. III : Bronze 
and iron objects. IV : Gold, silver and beads. V : Colours and 
cloth. VI : Pottery. VII : Human remains. VIII : Bone objects. 
IX : Foreign objects. X : Masonry. XI : A hislorical problem (pour- 
quoi les habitants de Gezer ont-ils abandonné la partie orientale 
de la colline non loin de laquelle coulait cependant une source 
abondante?). XII : The Temple. XHI : The 'Ashtaroth Karnaim. 
XIV : Retrospect of the year's work (pp. 195-231) : gravures et 
plans. — Clermont-Ganneau, Archaeological and epigraphic notes 
on Palestine. 24 : Mount Hermon and its God in an inedited greek 
Inscription, suite (pp. 231-242). — C. M. Watson, The site of the 
church of St Mary at Jérusalem, built by the emperor Justinian 
(pp. 250-257) : on a placé généralement cette église dans le voisi- 
nage du Haram, soit près de l’ancien Temple des Juifs, soit du 
côté sud-est en face la vallée du Cédron. M. Watson se propose 
de montrer qu’elle fut bâtie en réalité sur le mont Sion, à l’endroit 
où se trouvent les édifices désignés actuellement sous les noms 
de Coenaculum et de Tombeau de David. — J. E. Hanauer, The 
traditional a Harbour of Solomon » and the crusading Castle 
et Jaffa (pp. 258-264); spite on octobre (pp. 355-856) ; change- 


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REVUE DE L’ORIBNT LATIN 


mente, dans la configuration de la côte méditerranéenne ; la cita- 
delle franque de Jaffa, séparée de la ville môme, se trouvait sur 
une île aujourd’hui disparue ; l’auteur cite Yltinerarium Rieardi 
sous le nom de Vinisauf, cela n’est plus permis aujourd’hui. — E. 
W. G. Masterman, Notes on some ruins and a rock-cut Aqueduct 
in the Wâdy Kumrân (pp. 264-267). — R. A. Stewart Macalister, 
'Ain el-Kus'ah (pp. 268-270) : sur la roule d’el-Birêh à Beitiu. — 
Canon Hicks, Greek and latin Inscriptions (pp. 270-271) : épitaphes 
païennes trouvées à Râmallah et à Jérusalem. — J. E. Hanauer, 
Tombstone of John de Valence (p. 274) : la dalle sépulcrale por- 
tant l’inscription « Johannes de Valencinis », qui se voit parmi les 
antiquités réunies dans l’église Sain te- Anne à Jérusalem, pourrait 
être celle de Jean de Valenciennes, cité & deux reprises par Join- 
ville parmi les chevaliers qui accompagnèrent S. Louis en Orient. 

Octobre. — R. A. Stewart Macalister, Fith Quarterly Report 
on the excavation of Gezer. I : Summary of the Quarter’s Work. 
II : Stone and métal objecte. III : Pottery. IV : Lamp and bowl depo- 
sits. V : Egyptian objecte. VI : Inscribed stones. VII : Caves and cis- 
terns. VIII : The supposed rock-cut High-place (pp. 299-322) ; avec 
gravures et plans. — Prof. A. Macalister, Report on the human 
remains found at Gezer (pp. 322-326). — Miss Gladys Dickson, The 
lomb of Nicanor of Alexandrie (pp. 326-332) : groupe de tombes 
que l’on suppose ôtre celles de la famille d’un nommé Nicanor 
d’Alexandrie, découvertes à l’extrémité nord du mont des Oli- 
viers. — Rev. H. Porter, Another Phœnician inscription from 
the Temple of Esmun at Sidon (pp. 333-335). — Colonel C. M. Wat- 
son, The site of the church of St. Mary at Jérusalem, built by the 
emperor Justinian (pp. 344-353): il est probable que cette basi- 
lique se trouvait non pas dans le voisinage du Temple, mais sur 
le Mont-Sion ou à proximité des édifices communément appelés 
aujourd'hui le Cœnaculum et le tombeau de David. — Rev. 
W. F. Birch, The levelling of the Akra (pp. 353-355) : sur le 
passage de I Macchabées , xiii, 50, touchant l’expulsion des 
ennemis hors de l’Akra par Simon Macchabée, et sur le récit de 
Josèphe touchant la démolition de cette forteresse. — R. A. 
Stewart Macalister, Dajûn and Beth-Dagon and the transference 
of biblical place-names (pp. 356-358). 

Al-Maohriq S revue catholique orientale bimensuelle [parais- 
sant, à Beyrouth, le 1 er et le 15 de chaque mois]. Vol. VI, an. 1903. 


1. M. le baron Carra de Vaux a bien voulu se charger de rédiger pour la Revue 
‘ de l'Orient latin les sommaires de la revue Al-Maehriq , rédigée en arabe, sons 


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BIBLIOGRAPHIE 


559 


N°l. — P. Anastase, O. C., La salamandre chez les Arabes 
(pp. 9-15) : étude de philologie et d’histoire des sciences, sur les 
déformations du nom de la salamandre chez les Arabes : « saman- 
•dal, sandal, samandour, etc. », et sur les légendes relatives à cet 
animal. — Le P. L. Cheïkho, Mutalammis, ses poésies (pp. 28-35); 
suite au n° 11 (pp. 510-516). L’auteur publie ici la première et la 
seconde pièce du divan ou recueil de cet ancien poète, relative- 
ment peu connu, mais non dépourvu de valeur. La première pièce, 
qui rime en mâ , est fort louée par les critiques arabes pour sa 
philosophie et pour les sentences qu’elle renferme. La seconde fut 
composée par lui lors de sa fuite chez le roi de Gassan. 

N° 2. — Le P. Anastase, O. G., La secte des Davidiens (pp. 60- 
67). Les montagnes du Kurdistan ont conservé dans leurs retraites 
plusieurs petites sectes religieuses. Le P. Anastase, qui en avait 
déjà étudié d’autres dans des n 08 antérieurs du Machrtq, nous 
parle dans celui-ci des Davidiens, communauté religieuse fort 
ignorée qui s’autorise du roi prophète David . Les Davidiens sont 
en nombre dans le district montagneux de Kirnid ou Ikrint, à 
5 parasanges de Khâniqin, ainsi qu’à Mandata, à 17 heures au nord 
de Bagdad; ils parlent une langue voisine du Kurde. Ils ont un 
grand respect pour Jésus qu’ils placent pourtant après David ; ils 
croient à la métempsycose ; leurs enfants ne reçoivent l’initiation 
religieuse complète que lorsqu’ils parviennent à l’âge adulte. — 
P. A. Rabbath, Les documents orientaux dans les bibliothèques 
de Paris (pp. 85-91); suite au n° 11 (pp. 501-509). 

N° 3. — Le P. L. Cheïkho, Le curé Nicolas Sayegh : sa vie et 
ses œuvres (pp. 97-111). Le curé Nicolas Sayegh, l’un des meilleurs 
poètes arabes chrétiens de l’âge moderne, naquit en 1692 à Alep. 
Il embrassa la vie religieuse dans le couvent d’el-Chavîr. Il fit de 
grandes œuvres monastiques ; notamment il révisa la règle de 
son ordre en l’appuyant sur la règle de saint Basile, et il envoya 
en 1747 une députation à Rome pour en demander l’approbation. 
Sa mort arriva l'an 1756. Le divan du curé Nicolas fut édité 
pour la première fois en 1859; d'autres œuvres de lui furent 
détruites dans un incendie, en 1860. — Le P. L. Malouf, Traité de 
Deo Uno et Trino, d’Elie de Nisibe (pp. 111-116). Édition de cet 
opuscule rédigé en arabe, au xi» siècle, et d& à l’un des plus 
grands auteurs théologiques de la littérature syriaque. — L'abbé 
J. Harfouch, Les anciens couvents du Kesrouan (pp. 116-123); 


la direction du P. Cheïkho. Sa collaboration nous permettra de signaler, plus 
régulièrement que nous ne l’avons fait jusqu’ici, les articles parus dans cette 
revue. 


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560 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


fin au u° 10 (pp. 448*454). Nous avons lft une suite du Cata- 
logue du couvent de Mar Chalita. On ne saurait trop féliciter les 
membres du clergé oriental d’inventorier ainsi les richesses des 
anciens couvents, dont les savants occidentaux ne pourraient 
autrement connaître l’existence qu’au prix de voyages difficiles et 
coûteux. — P. H. Lammens, L’expansion de la nation Maronite au 
Liban (pp. 130-134); suite au n° 4 (pp. 167-172). Article fort érudit 
et très neuf sur l'établissement des Maronites dans le Liban. S’ap- 
puyant d’abord sur les historiens arabes, l’auteur étudie la répar- 
tition des populations dites Maronites à l’époque des origines de 
l’Islam ; il montre que les Maronites sont venus au vu* siècle au 
Liban, de la vallée de l’Oronte; il continue pour les siècles sui- 
vants, avec une .grande richesse de références tirées tant des 
auteurs orientaux que des auteurs occidentaux, à faire le relevé 
des communautés maronites, mentionnant à propos d’elles les 
personnages qui les ont illustrées, par exemple ce singulier 
Théophile qui fut chef des astronomes d’el-Mehdi et traducteur 
de l’Iliade. 

N° 4. — Le P. M. Jullien, Quelques anciens monastères 
d’Égypte (pp. 145-154); suite aux n°* 5 et 6 (pp. 222-231, 265- 
271). Ce sont là des récits de voyage d'une lecture fort agréable 
et remplis d’érudition. L’auteur nous conduit à travers plusieurs 
monastères anciens ; il nous en décrit les bâtiments, nous en 
raconte l’histoire autant qu’elle peut être connue, ainsi que celle 
des saints personnages qui les ont habités. Il est question, dans 
son récit, des couvents d’el-Behnesa, de Sainte-Damiânah, d’el- 
Fâkhouri, à l’est d’Esna ; d’el-Hamâm, où Flinders-Petrie trouva 
en 1889 de nombreux manuscrits; de Cheïkh-Châgoun et de Mar 
Djirdjis, près d’Ikhmîm. — Le P. Anastase, La dérivation du mot 
« sadjandjal » (pp. 155-157). L’auteur montre que ce mot transcrit 
le latin « sexangulum ». Le « sadjandjal », ainsi qu’une figure 
l’explique, est le miroir sexangulaire, c’est-à-dire un miroir dont 
le dos est orné d’un dessin du genre que nous appelons maures- 
que, à division hexagonale. D’autres mots de la langue arabe 
prêteraient à des études analogues. — P. L. Jalabert, Notes sur 
les dernières et principales découvertes archéologiques en Syrie 
(pp. 179-186); suite au n° 5 (pp. 208-212). Intéressant article 
écrit sur le ton de la vulgarisation, mais avec une information 
très sûre. L'auteur y mentionne : les récentes découvertes d’Omm 
el-Awâmid, du temple d’Echmoun, à Sidon; la découverte à 
Émesse, par le P. Lammens, d’un bas-relief grec expliqué par 
le P. Ronzevalle ; les découvertes d’inscriptions dans le désert de 
Syrie (missiOQ dp M. R. Dussaud), 


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BIBLIOGRAPHIE 


561 


N° 5. — Les sentences de Bouzourdjmihr, éditées par le P. L. 
Cheïkho (pp. 205-212), suite au n° 6 (pp. 250-254). Bouzourdjmihr 
est un des sages légendaires de la Perse. L'éditeur, donne d’après 
un manuscrit de la bibliothèque de l’Université de Beyrouth, des 
fragments attribués à ce sage, contenant soit des sentences, soit 
des discours prononcés à la cour de Chosroës. La conception de la 
sagesse exprimée dans ces morceaux est haute, mais médiocre- 
ment religieuse. — P. H. Lammens, Topographie de la vie de saint 
Maron (pp. 241-250); suite aux n°« 8 et 12 (pp. 347-356, 545-555). La 
vie de saint Maron qu’a laissée Théodoret, évéque de Khoros, est 
extraordinairement pauvre en renseignements géographiques. Le 
P. Lammens recherche où ce saint est né, où il a mené la vie 
monastique, où il est mort, et à ce propos il fait une étude très 
savante et très fouillée des conditions politiques, religieuses, lin- 
guistiques où se trouvaient la ville et la province de Khoros à 
l’époque de saint Maron. Il conclut que le patriarche était de race 
araméenne, qu’il ignorait le grec,, qu’il ne fut pas élevé à Antio- 
che, que sa vie se passa dans la Gyrrestique, que son couvent était 
situé dans la Syrie seconde entre Chaïzar et Apamée. 

N° 6. — P. L. Cheïkho, Aperçu historique sur la famille Abéla, 
(pp. 254-257). C’est une heureuse idée que d’écrire des monogra- 
phies sur les anciennes familles de Syrie; ce sujet ne manque ni 
d’attrait ni de nouveauté. Nous apprenons ici l’histoire de la 
famille Abéla qui, originaire de Catalogne, occupa des situations 
importantes à Catane en Sicile, au xiv e siècle, puis à Malte. L’au- 
teur cite des passages des oeuvres de plusieurs membres de cette 
famille qui furent poètes. 

N° 7. — Th. Kayyal, Les oranges de Saïda (pp. 289-301) : 
histoire et description de cette culture. — P. Anastase, O. C., Les 
Mardes ou Jaragima (pp. 301-309). Des articles ayant trait aux 
Mardes et aux Djérâdjim avaient paru antérieurement dans le 
Machriq (t. V, 1902, pp. 826 et suiv., 914 et suiv.). Le P. Anas- 
tase, tenant compte du premier de ces articles, qui était du 
P. Lammens, corrige l’opinion dans laquelle il dit avoir été élevé 
que les Mardes et les Maronites ne font qu’un. Il admet que 
Mardes était un nom employé par les Grecs pour désigner cer- 
taines populations d’origine mélée qui vinrent en Syrie à l’époque 
de la conquête arabe, y occupèrent le pays entre le mont Lokam 
et Jérusalem (en 675, 676), et qui comprenaient des Maronites. Le 
nom de Djérâdjim était le nom syrien désignant les mêmes 
groupes. — P. L. Cheïkho, Traité inédit attribué à Aristote sur « la 
conduite personnelle », traduction d’Ibn Zora'a (p. 316-318). Ibn 
Zora'a est un chrétien Jacobite né â Bagdad en 331 H., mort en 


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502 


REVUE DE 'f/OMENt LATIN 


398 H., fort connu comme traducteur. Le très court fragment que 
le P. Cheïkho édite d’après un manuscrit de la Bibliothèque natio- 
nale de Paris (n° 132), traite en termes concis des rapports géné- 
raux entre amis et voisins; rien ne prouve qu'il soit d’Aristote. 

N° 8. — P. H. Lammens, Notes sur quelques localités anciennes 
de la Syrie (pp. 356-359) . Ce sont des notes sur des localités du 
nom d’Andraïn, Chibdm, Wâdi-Djadar, el-Hoss, mentionnées dans 
d’anciens poètes arabes ; l’article est motivé par un travail d’Emin- 
Effendi. — Abbé G. Manache, Les Maronites à Alep (pp. 359-367). 
Controverse à propos de divers passages du travail de J. Harfouch 
sur les anciens couvents du Kesrouan (plus haut, pp. 116-123). 
Par exemple l’auteur conteste que les Maronites soient arrivés à 
Alep pour la première fois en 1489; il les y trouve déjà au 
xi e siècle; il nie l’existence à Alep d’une église maronite sous le 
vocable de la Vierge, etc. 

N° 9. — P. L. Cheïkho, Saint Georges, à propos de son xvi« cen- 
tenaire (pp. 385-395). Cet article contient un peu d’histoire sur le 
culte de ce saint si populaire en Orient, et l’édition d'un ancien 
hymne à sa louange. — D r P. Gigues, La guérison en une heure, 

. traité inédit de Razès (p. 396-402). Razès est le fameux médecin 
mort en 320 H. Ce petit traité, conservé dans un manuscrit de 
l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, renferme des recettes pour 
la guérison d’une trentaine de maladies. L’éditeur le fait suivre 
d’une petite table de termes botaniques. — Mgr J. Debs, Encore les 
Mardes et les Jaragima (pp. 404-414). Réponse au P. Anastase (cf. 
plus haut, pp. 301-309). Pour Mgr Debs, les Djéràdjim ne sont pas 
les Mardites. Il discute surtout un passage de Béladori invoqué 
- par le P. Lammens et un autre d’Ibn el-Atîr invoqué par le P. 
Anastase. 

N° 10. — P. A. Salhani, Un nouveau manuscrit du diwan 
d’Ahtal (pp. 433-439). La découverte d’un bon manuscrit d’Ahtal 
est un véritable événement pour la littérature arabe, Ahtal étant 
l’un des trois plus fameux poètes de la grande époque. Ce manus- 
crit trouvé à Bagdad va devenir la base d’une édition beaucoup 
plus satisfaisante que celle que le manuscrit unique de Saint- 
Pétersbourg avait permis d’établir. — D r N. Marini, Hit et ses 
sources minérales (pp. 440-448). L’article contient une partie his- 
torique. — P. Anastase, O. C., La ville d’Arach (pp. 454-458). 
C’est surtout une dissertation sur les variations du nom de ce 
site antique, situé en Chaldée, au nord de Babylone, et que 
l’auteur a visité. — P.-L. Cheïkho, Hilâl es-Sabi et ses œuvres 
(pp. 466-475). Hilâl est un sabéen célèbre, descendant d’une 
lignée de savants. Né en 359 H., il quitta, vers la fin de sa vie, la 


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BIBLIOGRAPHIE 


563 


religion sabéenne pour embrasser l'islam; il servit la dynastie 
bouyéide; ses ouvrages ont pour sujet l’histoire des' Sabéens, 
celle de Bagdad, etc. Le P. Cheïkho donne des extraits inté- 
ressant l’histoire des Chrétiens sous les Abbassides, d'après un 
manuscrit de Gotha (n° 1757). 

N° 11. — L’abbé L. Leroy, Excursion à Tanis et à Menzaleh 
(pp. 481-489); suite au n° 12 (pp. 555-563); quelques détails his- 
toriques. — P. Anastase, Les anciennes poésies chez les Arabes 
(pp. 489-493). Intéressantes remarques sur le remaniement qu'ont 
dû subir d’anciennes poésies composées en dialectes divers pour 
être adaptées à la langue des Koréïchites. — L’abbé P. Aziz, La 
nation chaldéenne et l’église romaine (pp. 493-500). Mention d’am- 
bassades envoyées par les Chaldéens au Pape en 1288, 1552, 1610, 
et de divers actes d'hommage accomplis par les Chaldéens envers 
l’église de Rome. 

N° 12. — P. Anastase, O. C., Les idiomes et les dialectes chez les 
tribus arabes (pp. 529-536). Étude sur différentes particularités de 
prononciation mentionnées par les grammairiens et les lexico- 
graphes arabes, et sur les tribus où elles se rencontraient. — P.-A. 
Mallon, Les livres liturgiques dans le rite copte (pp. 536-545) : 
étude d’ensemble. 


III. — LIVRES ET ARTICLES DIVERS 


A. P. [= Albertus Poncelet)..— Sanc- 
tae Catharinae virginis et marty- 
ris translatif) et miracula Rotoma - 
gensia , saec . xi. 

[Anal. Bolland ., t. XXII, fasc. 4 
(1903), pp. 423438.] 

Vers l’an 1025, S. Syméon, moine grec, 
.habitant Trêves, dont la vie a été écrite par 
son ami Eberwinus, fit le pèlerinage du Mont- 
SinaT, d’ou il rapporta des reliques de sainte 
Catherine. CJn récit de cette Translation et 
des Miracles opérés par les reliques à Rouen 
fut composé, peu après 1050, par un moine ano- 
nyme de l’abbaye de la Sainte-Trinité de Rouen, 
dans laquelle lcsdites reliques avaient été dépo- 
sées. Le P. Poncelet en publie le texte d’après 
le ms. U. 22 (auj. no 1410) de la Bibliothèque 
de Rouen. 

Abbott (G.-F.). — The Report and 
‘ deathof Püaté. 


[The Journal of théologie . Stu- 
diesy t. IV (1902), pp. 83-86.] 

Texte grec, dans lequel se trouve réunie 1a 
matière des deux écrits connus sous le titre de 
'Avoupopi et UapdSoatç üiXixou. 

Abel (M.). — Inscriptions grecques 
de Bersàbèe. 

[Rev. bibl. internat. 9 XII* an. 
(1903), n® 3, pp. 425430.] 

Accame (P.). — Notizie e documenti 
inediti sui Templari e Gerosolimi- 
tani in Liguria. — Finalborgo, tip. 
A. Rebbaglietti, 1902, in-8°, 146 pp. 

Actes du douzième congrès interna- 
tional des Orientaliste s y Rome, 1899. 
Tome III, partie II (Mythologie et 


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564 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


religions, linguistique, Grèce et 
Orient). — Firenze, Soc. tip. Fioren- 
tina, 1902, in-16, 263 pp. 

Adam (Paul). — Princesses byzan- 
tines : la très pieuse Irène . Anne 
Comnène. — Paris, Firmin-Didot, 
1893, in-16, 222 pp. 

Adler (Elkan N.) et Srugsohn (M.). 
— Une nouvelle chronique samari- 
taine. 

[Rev. des études juives , t. XLIV 
(1902), pp. 188-222; t. XLV (1902), 
pp. 70-98, 22S-254; t. XLVI (1903), 
pp. 123-146.] 

Texte et traduction d’une chronique allant 
d’Adam jusqu’à nos jours. C’est une compila- 
tion faite sans critique, d'après des chroniques 
plus anciennes. 

Affaire (V) du Saint-Sépulcre. Trente- 
un Grecs condamnés. 

[La Terre-Sainte, 28* an., n* 20 

: (15 oct. 1902), pp. 308-310.] 

Jugement des personnnes ecclésiastiques et 
laïques compromises dans l’échauffourée du 
4 novembre 1901. 

Allard (P.). — Julien V Apostat. 

Tome I — Cf. Rev. de VOr. lat. y 

VIII, 571; IX, 251. 

Comptes rendus : Bollettino di filologia cUu- 
sica , t. Vil (1900-1901), n* 3, pp. 56-60 (C. Ci- 
polla). — Bulletin bibliogr. et pédag. du Mu - , 
sée belge, t. V (1901), pp. 163-165 (G. Kurth). 
— Literar. ffandweiser , t. XL (1901-1902), 
n # H, col. 357-359 (A. Fsder). — Anal. Bol- 
land., t. XXI, fasc. 3-4 (1902), pp. 427-430. — 
Histor. Zeitschr., t. LUI (1902), n® 3, pp. 478- 
483 (Rudolf Abmos). — Historisch politische 
B lût ter, t. CXXIX (1902), pp. 140-150 (Grupp). 
— Bev. de» ét. anciennes, t. IV (1902), pp. 318- 
320 (G. Radkt). 

Allard (Paul). — Julien V Apostat. 
— Tomes II et III. — Paris, V. Le 
coffre, 1902-1903, in-8 # , 376 et 416 pp. 

Comptes rendus : U Université catholique, 
nouv. sér., t. XLI (1902), pp. 412-429 (Cl. 
Bouvier). — Bev. bénéd. de Maredsous, t. XIX 
(1902), p. 443. — Bev. des ét. anciennes , 
t. IV (1902), pp. 318-320. — Boll. di filol. clos - 
sica, t. IX (1902), pp. 132-135 (C. Cipolla). -- 
Literar. Bundschau f. d. kathol. Deutschl., 
t. XXIX (1903), col. 11 (F. X. Fumt). — Anal. 
Bolland ., t. XXII (1903), fqsc. 3, pp. 330-331, 


Allocution prononcée par Sévère 
après son élévation sur le trône pa- 
triarcal d’Antioche, publiée par 
M. A. Kugener. 

[Oriens christianus, t II (1902), 
n<» 2, pp. 265-282.] 

Le texte est publié d’après le ms. Addition. 
14533 du Musée britannique, avec une traduc- 
tion. 

Alte (Eine) Geschichte aus dem Osljor- 
danlande. 

[Der Bote aus Zion, XIX* an., 
n« 1 (févr. 1903), pp. 1-6.] 

Légende relative à la fondation du village et 
de l'abbaye de Rummenin. 

Alter ( Ein ) Weiheritus der morgen- 
l&ndischen Kirche. Nach dem ara- 
bischen Text übersetzt von Georg 
Graf. 

[Der Katholik , t. LXXXII (1902), 
pp. 272-281.] 

Traduction d'un texte publié par le P. Cheïkbo 
d>nn la revue AlrMachrik , en 1901. 

Amelli (Le R. P.). — Un trattato di 
S. Girolamo scoperto nei codici di 
Monte Cassino. 

[Studi religiosi , 1901, pp. 192 et 
suiv.] 

L’auteur propose l’identification de ce traité 
avec le traité sur la Vision d’Isaïe, que S . Jé- 
rôme dit avoir composé lors de son séjour.4 
Constantinople, vers 381. 

Andermatt (Bernard-Christen d*), 
général des Capucins. — Vie de 
S. François d* Assise; 2* éd., tra- 
duite par un tertiaire de Saint- 
François. — Paris, Ch. Poussielgue, 
1901, 2 vol. in-16, vin-324 et 332 pp. 

[Nouv. bibliothèque franciscaine , 
P* série, I et II.] 

Version française de l’ouvrage signalé dans 
Bev. Or. lat., VII, 619 ; cf. IX, 259. 

Comptes rendus : Bev. d. quest. histor., 
1 ,T juil. 1902, pp. 325-326 (Dom V. L). — 
Anal. Bolland., t. XXI, n« 3-4(1902), pp. 438- 
439. 

Angeuni (Gennaro). — Itibri di guide 


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BIBLIOGRAPHIE 


e viaggi per la Terra Santa , nel 
cinquecento. 

[Rassegna nationale, an. XX 
' (1* mal 1898).] 

Note sur un guide imprimé de Venise à Jéru- 
salem et au mont Sinal, dont la première édi- 
tion est de l’année 1500 (Bologne, I.deRubiera) 
et qui fut souvent réimprimé au xvi* siècle. 
L’auteur, peut-être un nommé Jean Cola, a fait 
de très larges emprunts au Libro d’Oltramar de 
Nicolô de Poggibonsi. 

Angeuni (Gennaro). — Le tombe dei 
re latini a Gerusalemme .— Pérouse, 
1902, in-8°, 82 pp. 

Détermination, d’après les documents médié- 
vaux, des emplacements occupés par les tom- 
beaux des huit rois latins de Jérusalem dans le 
vestibule du Saint-Sépulcre. 

Ângblini (Gennaro). — Lucema cris - 
tiana trovata in Palestina. — Avec 
une pl. 

[Nuovo bullet . di archeol. crist ., 
t.VI (1900), pp. 253-255.] 

Annali genovesi di Caffaro et de* suoi 
continuatori dal 1174 al 1214 , a 
cura di Luigi Tommaso Belgra.no e 
di Cesare Impériale di Sant’ An- 
gelo, vol. II. — Roma, nella sede 
dell 1 Istituto storico ital., 1901, lxx- 

208 pp. 

[ Istituto stor . ital. Ponti per la 
storia d’Italia.] 

Compte rendu : Archivio stor. ital , 5* sér., 
t. XXX (1902), n* 3, pp. 186-189 (Girolamo 
Rossi). 

Arnold (Sir Edwin). — Wandering 
Words , reprinted, by permission, 
frompapers published in the «Daily 
Telegraph » and foreign joumals 
and magazines. With illustrations 
Irom drawings. — London, Long- 
mans, 1894, in-8°, xn-372 pp., avec 
photograv. 

, Voyages en diverses régions de l’Asie, notam- 
ment dans la Palestine. 

àsgian (J.-B.). — La S . Sede e la na- 
zione armena . 1 punti dogmatici 
contestati nella chiesa armena . — 
Suite. 


565 

[Bessarione, 2® sér. (an. 1900- 

1901) , t. I, pp. 41-49, 342-363.] 

Sur le début de l’article, voy. Rev. Or. lot ., 
VII, 352; VIII, 236, 571 ; IX, 252. 

Au patriarcat grec melchite. 

[Échos d'Orient, t. V, n # 5 (juin 

1902) , pp. 290-302.] 

Histoire de ce patriarcal, de nov. 1901 à 
mars 1902. 

Azadian (Armenag). — Les Lusignans. 
— Le Caire, imprim. S. Tarpinian, 
1902, in-8°, 68 pp. 

Plaidoyer pour la reconstitution du royaume 
d’Arménie, en faveur du prince Guy de Lusi- 
gnan, descendant supposé des anciens rois. 
L’opuscule débute par un bref récit des der- 
niers temps du royaume d’Arménie sous le rè- 
gne de Léon VI. On trouve dans celte plaquette 
une reproduction, d’ailleurs mauvaise, du tom- 
beau de Léon VI, au couvent des Célestins de 
Paris, et des portraits gravés de feu l’arche- 
vêque Khorène Narbey et du prince Guy de 
Lusignan. 

Bacel (Paul). — La congrégation des 
Basiliens Chouérites. 

[Échos d'Orient, n°® 40 et 41, 
6 e an. (mai et juillet 19 03), pp. 174- 
183, 242-248.] 

Baedeker (K.). — Paldstina unti Sy- 
rien. Eandbuch fur Reisende , 5 l ° 
verbesserte und vermehrte Au- 

flage — Cf. Rev. Or. lat. t t. I, 

630; III, 144; IV, 455. 

Comptes rendus : Rev. crit. (T Met. et de litt ., 
t. LUI, n° 13 (31 mars 1902), pp. 281-283(Cum- 
uoivT-GâjmEAu). — Theol. Literatur Zeitg ., 
t. XXVI (1901), p. 410 (LtDZBARSKl). 

Balas£ev (G). — Nouvelles informa- 
tions sur la juridiction ecclésias- 
tique des héparchies de Widdin et 
de Sofia dans les premières an- 
nées de leur occupation par les 
Turcs. — En bulgare. 

[Sbornik na narodni umotvore- 
nija , naüka i hni\ina, t. XVIII 
(Sofia, 1901), pp. 132-170.] 

Bambus (W). — Lie jüdischen Dbrfer 
in Paldstina , ihre Entstehung und 


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566 : 


REVUE DE L’ORiENT LATIN 


Bntwickelung bis auf die Gegen- 
voart. — Berlin, S. Cronbach, 1896, 
in-16, 36 pp. et 3 grav. 

Barbnton(L 0 R. P. Hilaire de). — La 
France catholique en Orient durant 
les derniers siècles, d'après des do- 
cuments inédits. — Paris, Œuvre 
de S. François d’Assise; Pous- 
sielgue, libraire, 1902, in-8*, xxi- 
318 pp . et plusieurs cartes. 

Comptes rendu» : Rev. de F Or. chrétien ,' 
1902, no 3, pp. 506-507 (D. R.). — Rev. d. 
quest. histor., l* r juil. 1902, p. 360 (Dom Y. L.). 
— Échos d’Orient, 6* an., mai 1903, pp. 220- 
221 (S. Vailhé). 

Barhebraeus (Gregorius). — Yoy. No- 
mocanon. 

Barnabé d’Alsace (Le P.). — La mon- 
tagne de la Galilée — Cf. Rev. 

de VOr. lat., IX (1902), p. 253. 

Compte rendu : Zeitschr. d. deutschen Pal. 
Vereins , t. XXV (1902), pp. 205-206 (1. Bbn- 
zinger). 

Barnabe d’Alsace (Le P.), O. F. M. — 
Leux questions d* archéologie pa- 
lestinienne — Cf. Rev. de VOr. 

lat., IX, 254. 

Comptes rendus : Échos d’Orient, 5® an., 
no 6 (sept. 1902), pp. 407-409 (S. Vailhé). L’au- 
teur de ce compte rendu expose les raisons pour 
lesquelles l’BmmaQs évangélique ne peut 
être identifié avec Amwas. — Pal. Explor. 
Fund. Quarterly Statement, oct. 1902, pp.414- 
415 (C. W. Wilson). — Rev. biblique inter- 
nat ., XH* an. (1903), n* 3, pp. 457-467 (M.-J. 
Lagrange). 

Barnabe d’Alsace (Le P.), O. F. M. — 
Le Prétoire de Pilate et la forte- 
resse Antonia. Ouvrage honoré 
d’une lettre de son Exc. Mgr Ludo- 
vic Piavi, patriarche de Jérusalem, 
à l’auteur; avec 32 illustrations, en 
photogravure dans le texte et hors 
téxte. — Paris, A. Picard, et fils, 
1902, in-8®, xxui-251 pp. 

Comptes rendus : Rev. de V Orient latin , t. IX, 
n« 3-4 (1902), pp. 530-537 (J.-B. Chabot). — 
Échos d’Orient , 6« an., n* 41 (juill. 1903), 
pp. 280-281 (S. Vailhé). — Rev. de VOr. 
chrétieni 1902, n® 4, pp. 671-672 (J. de Layioh- 


nehik). — Rev. bibl* internat ., XII® an. (1903), 
n® 3, pp. 457-467 (M. J. Lagrange). 

Barnabe d’Alsace (Le P.), O. F. M. — 
Questions de topographie palesti- 
nienne : le lieu de la rencontre 
d Abraham et de Melchiçédech , avec 
un appendice sur le tombeau de 
sainte Anne à Jérusalem. Avec 
une carte et quatre plans. — Jéru- 
salem, imprim. des PP. Franciscains, 
1903, in-8», 154 pp. 

Comptes rendus : Rev. bibl. internat ., 
xii* an. (1903), n® 3, pp. 457-467 (M. J. La- 
grange).— Échos (T Orient, vi® an., n*42 (sept. 
1903), pp. 348-349 (S. Vailhé). 

Barth (J). — Zur Kritik und Erhla - 
rung des Ahtal Lîwâns. 

[Wiener Zeitschr. f. d. Kunde des . 
Morgenl., 1901, pp. 1-23.] 

Barthold (W). — Zur Geschichte 
des Christenthums in Mittel-Asien 
bis zur mongolischen Eroberung. 
Berichtigte undvermehrte deutsche 
Bearbeitung nach dem russischen 
Original, herausg. von Rudolf Stübe. 
— Tubingen, J. C. B. Mohr, 1901, 
in-8°, VII-74, pp. 

Compte rendu : Deutsche Litt . Zeitg., 
t. XXII (1901), col. 167* (N. Bonwetsch). 

La l r ® éd. russe avait paru en 1894 sous le 
titre : Le christianisme dans le Turkestan 
avant la période mongole. 

.Bauer (B.). — Der TempéVberg in Jé- 
rusalem und seine Heiligthümer. 
— Einsiedeln, Benziger, 1899, in-8*. 

Recension : Stimmen ans Maria Laach , 
t. LXIV (1903), p. 219. 

Bauer (L.). — Volksleben im Lande 
der Bibel. — Jérusalem, Imprim. 
du Bote aus Zion ; Leipzig, H. G. 
Wallmann, 1903, in-8°. 

Population, religion, caractère du peuple, 
construction et aménagement des maisons ; 
vêtements et parure ; naissance, noms ; jeux et 
travaux des enfants, écoles, métiers ; fiançailles 
et mariage; situation de la femme; travaux 
des fellahs, agriculture, vignobles, oliviers et 
figuiers, légumes et fruits ; élevage du bétail et 
des abeilles ; impôts ; achat et vente ; vie so- 


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BIBLIOGRAPHIE 


567 


ciale ; nourriture, mets nationaux , festins, hos- 
pitalité; fontaines; anciens lieux de culte; 
aliénés, superstitions; climat, maladies, hy- 
giène ; mort, cérémonies funèbres ; tombeaux ; 
proverbes, devinettes ; poésie et musique, ins- 
truments de musique ; chants, mélodies ; jour- 
nal de voyage de l'auteur ; Jérusalem au 
xix» s. 

Recension : Der Bote aus Z ion , 19» an., 
n® 3 (août 1903), pp. 47 et 48. — Un court 
fragment de l’ouvrage a été reproduit dans la 
même revue, xix< an., n* 4 (nov. 1903), pp. 51- 
55, sous le titre : PcUdstinische Gebrduche 
bei Geburt and Namengebung eines Kindes. 

Baümstark (Anton). — Die Petrus- 
und Paulusacten in der litterar- 
ischenUeberlieferung dersyrischen 
Kirche. Festgruss dem Priestercol- 
legium des deutschen Campo Santo 
zu Rom, zur Feier seines 25 jâhri- 
gen Bestehens (8 December 1901) 
gewidmet. — Leipzig, Harrasso- 
witz, 1902, gr. in-8 # , 80 pp. 

Sur ce travail, voy. une importante notice 
du P. Paul Peeters dans les Anal. Bolland ., 
t. XXI, fasc. 2 (1902), pp. 121-140. 

Baümstark (Anton). — Das syrisch - 
antiochenische Ferialbrevier. 

[Der Katholik , 82* an. (1902), 
3« sér., t. XXVI, pp. 401-427, 538- 
550.] 

A propos de l’édition publiée par Mgr Rah- 
mani. 

Baumtsark (Anton). — Eine syrische 
Liturgia S . Athanasii. 

[Oriens christianus , t. Il (1902) 
n° 1, pp. 90-129.] 

L’auteur publie, d’après le ms. du Vatican 
Syr. 25, déjà signalé par Assemani, le texte 
syriaque, avec version latine, d’un office de 
S. Athanase, patriarche d’Alexandrie. 

Baümstark (Anton). — Die Evange- 
lienexegese der syrischen Mono - 
physiten. 

[Oriens christianus, t. II (1902), 
n<>» 1 et 2, pp. 151-169, 358*389.] 

Baümstark (Anton). — De « Corpore 
liturgiarum Syriacarum » edendo. 

[Oriens christianus , t. II (1902), 
n® 2, pp. 434-436.] 

Projet d’un Corpus liturgiarum syriacarum. 


Bbauvois (Eng.). — Les Templiers de 
Vancien Mexique et leur origine 
européenne. 

[Le Muséon. Études philol. histor. 
et relig . t nouv. sér., III (1903), n° 2, 
pp. 185-234.] 

Les derniers des immigrants qui, dès avant le 
xiv* siècle, introduisirent dans le Mexique des 
notions du christianisme portaient le nom de 
Tecpantlacs, c’est-à-dire de Templiers. Ils for- 
mèrent sous ce nom une secte, dont les rites 
rappellent par beaucoup de points ceux en usage 
dans l'Ordre du Temple. L’auteur en conclut 
que les immigrants en question devaient être 
des membres de cet Ordre. Sans apporter la 
conviction, les rapprochements qu’il fait sont 
curieux. 

Bechtel (Edward A.). — Sanctae Sil- 
viae peregrinatio. The text, and a 
study of the latinity. — Chicago, The 
University of Chicago Press, 1902, 
gr. in-8o, 111-160 pp. 

[Tir. à part de University of 
Chicago Studios in classical philo - 
logy.] 

Becker (C.-H.). — Studien zur Omaj- 
jadengeschichte. 

[Zeitschr. f. Assyriol. und ver- 
wandte Gebiete , t. XV (1900-1901), 
n° 1, pp. 1-36.] 

Sur Omar II et son temps. De l’influence 
qu’eurent sur ce calife les pratiques et supers- 
titions religieuses. 

Becrmann (Gustave). — Der Kampf 
Kaiser Sigmunds gegen die wer- 
dende Weltmacht der Osmanen , 
1392-1437. — Gotha, F. -A Perthes, 
1902, xii-118 pp. 

Recension : Rev. histor ., t. LXXXU (1903), 
p. 441. 

Bedford (W. K.) et Holbecke (R.). — 
Order of the Hospital of St. John of 
Jérusalem , being a history.of the 
Engl. Hospitalers of St. John , 
their Rise and Progress , by the 
Genealogist and the Librarian of 
the Order. — London, F. -E. Robin- 
son, 1902, in-8°. 

Bedjàn (Paulus). — Voy. Liber supe- 

, riorum. 


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568 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Bkdjan (Paulus). — Voy. Nomoca- 
non. 

Bkdjan (Paulus). — Voy. Sàncti 
Martyrii. 

\ 

Bkgley (Rev. Walter). — Nova So- 
lyma , the idéal City ; or Jérusalem 
regained. An anonymous Romance, 
written in the lime of Charles I, 
1628-1648. Now flrst drawn from 
obscurity, and attributed by inter- 
nai evidence to the illustrious John 
Milton, author of « Paradise Lost ». 
With Introduction, Translation, Li- 
terary Essays and a Bibliography. 
— London, John Murray, 1902, 2 vol. 
in-16. 

Malgré son titre, ce livre n’a rien à voir avec 
la T.-S. Le Nova Solyma est une sorte de ro- 
man d’aventures à tendance philosophique, qui 
fait passer le lecteur d’une caverne de brigands 
dans une cité idéale la Nouvelle Jérusalem. 
M. Begley cherche à prouver que cette œuvre, 
parue en 1648 sous le voile de l’anonyme, serait 
de John Milton. 

Compte rendu : The english hiitor. Rev., 
n» 71, vol. XVIII (juil. 1903), pp. 580-583 
(C.-H. Firth). L’auteur de ce compte rendu 
tient l'attribution proposée par M. Begley pour 
inadmissible. 

Bégoüàn (Le comte). — Notes et do- 
cuments pour servir à une biblio- 
graphie de Thistoire de la Tunisie. 
Sièges de Tunis , 1535, et de Mahé- 
dia , 1550. — Paris, A. Picard, 1901, 
in-8°, 106 pp. ; gravures. 

Bellet (Charles-Félix). — Le saint 
Suaire de Turin. Son image posi- 
tive. — Paris, Alph. Picard et fils, 
1902, in-8®, 16 pp. 

Bbllbt (Ch.-F.). — Le saint Suaire de 
Turin. 

|Ret?. cfhist. ecclés. [de l’Univer- 
sité de Louvain], t. IV (1903), pp. 336- 
345.] 

Résumé des travaux du chanoine Ulysse Che- 
valier. 

Benoit (Le R. P.). — Vers Vunion des 
Églises . 


[Œuvre des écoles d’ Orient, 
n» 256, mai-juin 1903, pp. 77-83.] 

Extraits d’un article paru d»nw le Phare 
<f Alexandrie. 

Berg ( Der ) Zion. 

[Der Bote aus Zion, xviii* an., n°4 
(nov. 1902), pp. 49-54.] 

Sur quelques documents anciens relatifs à 
l’emplacement du Sion biblique. 

Berlière (Dom Ursmer). — Le céno- 
bitisme pakhômien. 

[Rev. bènèd. de V abbaye de Mared- 
sous , 15® an. (1898), no 9, pp. 385- 
399.] 

Bbrnardakjs (P.). — Les appels au 
pape dans V Église grecque, jusqu’à 
Photius. 

[Échos d’Orient, n°® 38, 39, 41, 
6* an. (janv., mars et juillet 1903), 
pp. 30-42, 118-125, 249-257.] 

Bertolotto (Gerolamo). — Voy. 
Nuova sérié di documenti. 

Besse (Dom J.). — Les moines d’Orient 
antérieurs au concile de Chalcé- 
doine .... — Cf. Rev. de l’Or . lat., 
VIII, 237, 573; IX, 255. 

Comptes rendus : Le canoniste contempo- 
rain, t. XXIV, p. 310 (Bocdinhok). — The ca- 
tholic üniversity Bulletin , t. VI, p. 219 
(Slxhx.it). 

Beth (Karl). — Die orientalische 
Christenheit der Mittelmeerlânder . 
Reisestudien zur Statistik und Sym - 
bolik der griechischen und hoptis - 
chen Rirche. — Berlin, C. A. Sch- 
wetschke u. Sohn, 1902, in -8% 
xvi-428 pp. 

Compte rendu : Theologische Revue (MSns- 
ter), t. U (1903), col. 92-96 (S. Vxilhé). 

Beylié (Général L. de). — L’habitation 
byzantine. Recherches sur l’archi- 
tecture civile des Byzantins et son 
influence en Europe. — Grenoble, 
Falque et F. Perrin; Paris, Ern. 
Leroux, 1902, 1 vol., in-4o, de xv- 


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BIBLIOGRAPHIE 


569 


218 pp., avec nombreuses pl. hors 
texte et grav. dans le texte. 

Ce très bel ouvrage doit être signalé ici en 
raison de l’importance que l’auteur attribue à 
l'influence de l'architecture syrienne dans la 
construction et l’aménagement de la maison 
byzantine jusqu’au vi* siècle. Ulustréd’un grand 
nombre de reproductions d’édifices, relevés sur 
place ou d’après des monuments figurés (minia- 
tures, mosaïques, fresques, objets sculptés), il 
constitue un véritable Corpus ichonographique 
de l’architecture civile byzantine depuis les pre- 
miers siècles de I’ère chrétienne jusqu’à la fin 
du moyen ftge. 

Comptes rendus : Byxant. Zeitichr., t. XII, 
(1903), pp. 337-339 (J. Strzygowski). — Échos 
d'Orient , 6* an., n* 42 (sept. 1903), pp. 341- 
342 (L. Petit). — Rev. crit. d’hiêt. et de litt., 
t. LV, n« 4 (26 janv. 1 903), pp. 70-71 (Ch. Diehl). 
— Rev. de l’Or, chrétien , 1903, n # 1, pp. 152- 
153 (J. de Layiornerie). 

Beylié (Général L. de). — Supplé- 
ment : L'habitation byzantine. Les 
anciennes maisons de Constanti- 
nople. — Grenoble, H. .Falque et 
F. Perrin ; Paris, Ern. Leroux, 1903, 
in-4®, x-26 pp. 

Appendice à l’ouvrage précédent, donnant, 
avec commentaire, des reproductions en photo- 
gravure de onze maisons de CPle. 

Bidez (J.). -— Sur diverses citations et 
notamment sur trois passages de 
Malalas retrouvés dans un texte 
biographique. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XI, n° 3-4 
(oct. 1902), pp. 388-394]. 

Citations et passages figurant dans une des 
Passions de sainte Catherine d’Alexandrie, 
publiée par M. Viteau en 1897. 

Biré (O.). — Étude de la commanderie 
de Bretteville-le-Rabet. — Caen, 
Delesques, 1903, in-8®, 35 pp. 

Blanchet (Adrien). — Sceau de Foul- 
que le Jeune. — Voy. ci-dessous : 
Mantryer (G. de). 

Bleser (D r ). — Zur Emmausfrage. 
[Tübing. theologische Quartal- 
schr.y LXXVIII Jahrg., 1896, pp. 193- 
223]. 

Bliss (F. -J.) et R. A. Stewart Maca- 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 


lister. — Excavations in Palestine 
during the years 1898-1900 , with a 
chapter by Prof. Wünsch. — Lon- 
don, Pal. Explor. Fund, 1902, gr. 
in-4*, xvi-275 pp., 102 pl. en noir, 
1 pl. en chromolith. et 96 flg. dans 
le texte. 

Compte rendu : Rev. bibl. internat., XII* an. 
(1903), n* 3, pp. 448-451 (H. VmcEirr). 

Blochet (E.). — Les relations diplo- 
matiques des Bohenstaufen avec 
les sultans d'Égypte. 

[Rev. histor. t t. LXXXI (1902), 
pp. 51-64]. 

L auteur traite spécialement des négociations 
qui ont précédé le traité de 1229 entre Frédé- 
ric Il et Melik Kamel, sultan d'Égypte, & la 
suite duquel Jérusalem fut rendu aux chrétiens. 
Les historiens arabes Makrizi et Djemal-ed-Dtn 
ibn Wasil, sur lesquels s'appuie son étude, rap- 
portent des faits curieux à ce sujet, et d’une 
façon générale sur les bonnes dispositions de 
Frédéric II à l’égard des Musulmans. Leurs ré- 
cits corroborent sur ce point, en l’accentuant, 
ce qu en disent les chroniqueurs occidentaux . 
M. Blochet aurait pu trouver chez ces derniers, 
ainsi que dans la correspondance de Frédéric II, 
un utile complément de son travail. Sur l'atti- 
tude de Frédéric II, lors de la première croi- 
sade de S. Louis, Djemal-ed-Dln, dont le témoi- 
gnage est appuyé d'un document d’une autorité 
réelle, affirme nettement que l’empereur fit 
prévenir le sultan d’Égypte des projets du roi 
de France et l’engagea & se tenir sur ses 
gardes. 

Blochet (E.). — Le Messianisme dans 
l'hétérodoxie musulmane. — Paris, 
J. Maisonneuve, 1903, in-8°, x-192 pp. 

Étude des origines et du développement du 
mahdisme ou messianisme dans les diverses 
sectes musulmanes. Le chapitre xiv est consa- 
cré aux Ismaïliens ou Assassins. 

Bludau (A). — Bas Verbleibder Gerâte 
des Tempels zu Jérusalem. 

[Der Katholik , 82 Jahrg. (1902) : 
3 U Folge, Bd. XXV, pp. 109-119]. 

Bonelli (Luigi). — Di una cronaca 
turca del 1500. 

[Rendiconti délia R. Accademia 
dei Lincei. Classe di scienze morali , 
storiche e filol., 5® sér., vol. IX (1900), 
fasc. 7-8, pp. 423-455]. 

37 


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570 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Publie le texte original de la Chronique tur- 
que bien connue, que Jérôme Beck rapporta de 
CPle., en 1551, et dont des traductions latine 
et allemande parurent entre 1588 et 1596, à 
Francfort-sur-le-Mein. 

Book {The) of Sir Marco Polo, con- 
cerning the kingdoms and marvels 
of the East. Translated and edited 
with notes by Col. Sir Henri Yule; 
3”* édition, rev. tliroughout in light 
of recent discoveries, by Henri Cor- 
dier of Paris. Memoir of Henry 
Yule, by hisdaughter, Amy Frances 
Yule. — London, Murray, 1093, in-8°, 
1250 pp . — Cartes et flg. 

Borelli iuniore (Salyatore). — Il me- 
galomartire S. Giorgio nella fausta 
ricorrenza del suo XVI centena- 
rio, ossia vita , martirio , trasla- 
zione del santo suo corpo , culto 
mondiale , miracoli , ordini cavalle- 
reschi e maniéré diverse di ono- 
rarlo. Studio critico. — - Napoli, 
tipogr. Fr. Giannini, 1902, gr. in-8°, 
XXXI-638 pp. - Grav. 

Recension : Anal. BoUand., t. XXII (1903), 
pp. 490-491 (Hipp. Delkhaye). 

Boudet (M.). — Thomas de la Mar- 
che — Cf. Rev. de VOr . lat. t VIII, 

574. 

Compte rendu : Annales du Midi , t. XIII 
(1901), pp. 539-545 (F. Chambok). 

Boutin (A.). — Anciennes relations 
commerciales et diplomatiques de la 
France avec la Barbarie, 1515- 
1830. Étude historique et juridique. 
— Paris, Pédone, 1902, xxv-623 pp. 

Bouvier (P.). — Le Suaire de Turin 
et V Évangile. 

[La Quinzaine , t. XLVII (juil.- 
aoùt 1902), pp. 20-32; t. XLIX (nov.- 
déc. 1902), pp. 175-189. — Tir. à 
part : La Chapelle-Montligeon, 1902, 
in-8% 28 pp.] 

Braun (Jos.), S. J. — Bas Turiner \ 
Grabtuch des Herm. 


[Stimmen aus Maria Laach , 
t. LXIII (1902), pp. 249-261, 398-410]. 

Contre le livre de Vignon. 

Bréhier (L.). — Le schisme oriental... 
— Cf. Rev. or. lat., IX, 256. 

Compte rendu : Rev. de Vkist des religions , 
t. XLV (1902), pp. 418426 (Alb. Rt ville). 

Bréhier (Louis). — Les colonies 
d'Orientaux en Occident , au com- 
mencement du moyen âge , F 0 - VIII e 
siècle. Mémoire présenté au XIII 9 
congrès des Orientalistes à Ham- 
bourg , 8 • section. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
n # » 1-2, pp. 1-39. — Tir. à part : 
Leipzig, B. G. Teubner, [1903], 
in-8°, 39 pp.]. 

L'auteur énumère tout d’abord les diverses 
localités occidentales dans lesquelles la pré- 
sence des «Orientaux et particulièrement des 
Syriens, des Grecs d’Asie-Mineure, des Armé- 
niens, des Égyptiens est signalée par Ira docu- 
ments. Fuis, il fait connaître les principaux 
objets d’importation d’Orient en Occident, et il 
étudie enfin l’influence des Orientaux sur l’Oc- 
cident en ce qui touche les idées et coutumes 
religieuses, les arts, la culture intellectuelle et 
morale. Le travail est très solidement docu- 
menté, surtout à l’égard des établissements des 
Orientaux dans les villes de l'Europe occiden- 
tale et centrale. Quant aux influences orien- 
tales, on conçoit qu'il fût impossible de traiter 
le sujet à fond dans un mémoire de 39 pages. 
Je me permets de signaler à M. Bréhier quel- 
ques menues omissions et deux ou trois erreurs 
vénielles. Parmi les Syriens établis en Italie, je 
ne vois pas qu’il cite un certain Cosmas men- 
tionné par S. Grégoire ( Epistolae , 1. IV, ep. 45). 
Sur le même point, il y avait quelques rensei- 
gnements à prendre dans le travail de Vincenzo 
Strazzula, Osservazioni ail' epigrafe di Chry~ 
siane in S. Giovanni di Siracusa e di alcuni 
rapporti tra la Sicilia et l'Asia anteriore (R6- 
mische Quartalschr. f. christl. Alterthums- 
kunde . t. VI, an. 1897, pp. 1-29). — P. 16, M. B. 
mentionne ■ un ms. de S. Andomar, des Bol- 
landistes ». Il s’agit évidemment d’un ms. de 
Saint-Omer (Sanctus Àudomarus). — P. 16, on 
lit : « Jean, abbé d'Elnon ». C’est Elnone qu'il 
fallait dire. — P. 9, à propos d’Étienne, que les 
Napolitains envoyèrent parlementer avec Béli- 
saire, M. B. dit que ce personnage était un 
marchand syrien. 11 me paraît avoir confondu 
avec un certain Antiochus, qui assista ledit 
Étienne dans cette affaire. — P. 6, note 6. Le 
voyage de Jean Moschus à Rome est non pas 
de la fin du vil* siècle, mais de l’année 613 
environ. Sur ce voyage, outre la Bibliotkeea 


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BIBLIOGRAPHIE 


de PhoUus, il eût convenu de eiter VElo- 
gium Johanniê Motchi. publ. dent U Patrol. 
lut., de Migne, t. LXX1V, col. 121. — P. 32, 
note 4. Le premier voyage de S. Jérôme en 
Orient doit être de quelques années antérieur 
à 377. — Pp. 17 et 34, il eût été prudent 
peut-être de ne pas se montrer aussi affirmatif 
en ce qui concerne les relations de sainte 
Geneviève et de saint Siméon le Stylite. — 
P. 3. Parmi les auteurs qui ont contribué à faire 
connaître le rôle important des marchands 
syriens dans les relations entre l’Orient et 
l'Occident, il eût été juste de citer Heyd, 
Eut. du commerce du Levant. 

Brockelmànn (Cari). — Geschichte 
der arabischen Litteratur. — Leip- 
zig, Amelung, 1901, in-8°, vi-265 pp. 

[Die Litteraturen des Ostens in 
Einseldarstellungen , VI, 2.] 

Comptes rendus : Rev. de l’Inttr. publ. en 
Belgique , t. XLV (1902), pp. 97-100 (M. A. 
Kugerer). — AUgemeines Litteraturblatt , 
t, X (1902), col. 110-112 (Rudolf Gîter). — 
Studien x. vergleickenden Literaturgeech ., 
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Literar. Rundschau f. da* kathol. Deuttch- 
land, t. XXVU1 (1902), col. 214-216 (H. Grume). 

Brondgbest (P. Q.) — Bijdragen tôt 
de geschiedenis van het gasthuis, 
het klooster en de balije van St. Ca- 
tharina der Johanniter-ridders , en 
van het driekoningengasthuis. — 
Hilvarsum, Nonhebel en C«, 1901, 
gr. in-8®, vi-128 pp. et4pl. 

Brooks (E. W.). — The dates of the 
Alexandrine patriarchs Dioskoros 
II, Timothy IV and Theodosius. 

[. Byzant . Zeitschr., t. XII (1903), 
pp. 494-497.] 

Ces dates, sur lesquelles les auteurs ne s’ac- 
cordent pas, seraient suivant M. Brooks : Dios- 
core de mai (?) 516 au 14 oct. 517 ; Timothée 
du 15 (?) oct. 517 au 7 févr. 545 ; Gaian, du 9 ou 
du 11 févr. au 23 ou 25 mai 535. Quant à Théo- 
dose, il fut ordonné du 9 au 11 févr. 535, mis 
en possession du siège entre juillet-août 535 
et nov.-déc. 536, et il mourut le 19 ou le 
22 juin 566. 

Brucker (Jos.). — L’image du Christ 
visible sur le saint Suaire de Turin. 

[Études publ. par des PP. de la 
Comp. de Jésus, t. XCI (1902), pp. 390- 
395.] 


571 

Brucker (Jos.). — Le saint Suaire et 
V exégèse. 

[Études publ. par des PP. de la 
Comp. de Jésus , t. XCI1 (juil.-sept. 
1902), pp. 458464.] 

Buechler (Ad.). — Relation dTsaac b. 
Dorbelo sur une consultation en- 
voyée par les Juifs du Rhin , en Van 
960 , aux communautés de Palestine. 

[Rev. des études juives, t. XLIV 
(1902), pp. 237-243.] 

Isaac b. Dorbelo, voyageur de la deuxième 
moitié du xii* siècle, rapporte avoir vu à Worms 
un écrit adressé par les Juifs aux communautés 
de Palestine en 960, à propos de la nouvelle de 
l’arrivée du Messie et d’une question de casuis- 
tique. Cet écrit, avec la réponse qui y fut faite, 
a été publié plusieurs fois déjà. Les éditeurs 
le croyaient apocryphe. M. BQchler pense que 
c’est un document authentique. 

Burke (P. T.), O. D. C. — A mediae- 
val Ber o of Carmel being an histo - 
rical sketch of the Life and Times 
of saint Peter Thomas, Carmélite , 
Bishop and Martyr , and Patriarch 
of Constantinople , 1305-1366. — Du- 
blin, Scaly, Bryers and Walker, s. 
d. [1901], in-12, xii- 263 pp. 

Burr (George Lincoln). — The year 
1000 and the antécédents of the crur 
sades. 

[The American histor. Rev., 
vol. VI (1900-1901), pp. 429-439.] 

Les terreurs de l’an 1000 sont une pure lé- 
gende, et la lettre de Gerbert n’a rien à voir 
avec la croisade. 

Butler (A. J.). — The Arab conquest 
of Egypt and the last thirty years 
of the Roman dominion. — Oxford, 
Clarendon Press, 1902, in-8°, xxxiv- 
564 pp. 

Comptes rendus : The Athenaeum , n* 3937 
(11 avril 1903), pp. 453-457. — The englith. 
hiitor. Rev ., vol. XVIII, n» 71 (juil. 1903), 
pp. 546-548 (G. Le Strarge). — Byxant. 
Zeiltchr ., t. XII (1903), pp. 604-608 (I. Gold- 
ziher). 

Butler (Howard Crosby). — Report 
of an American archaeological ex- 
pédition in Syria , 1899-1900. 


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572 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


[American Journal of Archaeo- 
logy, 2 • sér., t. IV (1900), n° 4, 
pp. 415-440.] 

C. J. — Lie Korrektur des Wadi Mis- 
tara bei Sarona. 

[DieWarte des Tempels , Jahrg. 58, 
n® 50 (11 déc. 1902), pp. 398-399.] 

Càpart (J.). — Le congrès interna- 
tional des Orientalistes à Ham- 
bourg. 

[Annales de la Soc. d’archéol. de 
Bruxelles, 1902, livr. 3-4, pp. 458-460.] 

Càro (O.). — Genua und die Mæchte 
am Mittelmeer , 1257-1311. T. II, .... 
— Cf. Rev. de l’Or, lat ., VIII, 576. 

Compte rendu : Historische Vierteljahr- 
sehrift, 5 l#r Jahrg. (1902), pp. 398-404 (K. 
Hampe). 

Cartulaire de Saint-Laud éC Angers, 
suivi de la Vie de saint Silvestre et 
de l’Invention de la sainte Croix , 
poème français du xn® siècle , publ. 
par A. Planchenàult. — Angers, 
Germain et Grassin, 1903, xxiv-201 pp. 

[Docum. histor. sur l’ Anjou, IV.] 

Sur le poème français racontant l'Invention 
de la Croix, voy. Rev. de l’Or, lat., VI (1898), 
p. 580. 

Catholicos (Le) de Sis. 

[La Terre-Sainte ,28* ann., t. XIX, 
n® 24 (15 déc. 1902), pp. 375-378.] 

A propos de l'élection de Mgr. Sahag Kha- 
bayan, évôque arménien de Jérusalem, au siège 
de Sis, vacant depuis cinq ans. 

Cerone (Francesco). — La politica 
orientale di Alfonso di Aragona. 

[Archivio stor.per leprov. Napo - 
letane, anno XXVII (1902), pp.3-93, 
380-456, 555-634, 774-852; an. XXVIII 
(1903), pp. 154-212.] 

Exposé très complet, fait en partie d’après 
des documents inédits, des relations d'Alphonse 
le Magnanime, roi de Naples, avec les différents 
états de l'Orient et de l'Afrique du nord, et en 
particulier de son rôle dans les tentatives des 
puissances orientales contre les Turcs, avant et 
après la chute de Constantinople. 


Chabot (J.-B.). — Voy. Chronique de 
Michel le Syrien. 

Chalandon (F.). — Essai sur le règne 
d’Alexis I er Comnène... — Cf. Rev. 
de l’Or, fa*., VIII, 239; IX, 258. 

Comptes rendus : Byxant. Zeitschr., t. XI, 
n« 3-4 (oct. 1904), pp. 524-526 (Ch. Dirai.). — 
Mittheil. d. Institut» f. Œsterr. Getch. Fors - 
ehung, t. XXIII (1902), pp. 519-521. — Rev. 
d‘kist. ecclés. [de l’Université de Louvain], 
t. IV (1903), pp. 512-515 (D. J. Simon). 

Chamard (Dom François). — Le lin- 
ceul du Christ. Étude critique et 
historique. — Paris, H. Oudin, s. 
d. [1902], in-8*, 104 pp. 

Recension : Rev. biblique internat., XI 1« 
an., n* 2 (avril 1903), p. 319. 

Pour concilier les divers systèmes, Dom Cha- 
mard propose la solution suivante, qu’il n'ap- 
puie d’ailleurs d’aucune preuve sérieuse : le 
saint Suaire de Lirey a été transporté de Jéru- 
salem à Constantinople; dérobé à Constanti- 
nople en 1204, il vint à Besançon en 1268, d’où 
il disparut en 1349 lors d’un incendie, pour se 
retrouver à Lirey en 1357. C’est celui qui est 
mentionné dans la relation d’Àdamannus. 

Chapot (Victor). — Antiquités de la 
Syrie du Nord. 

[Bullet. de corresp. hellén ., 
XXVI® an. (1902; paru en 1903), 

pp. 161-208.] 

Charmetant (Félix). — Le protectorat 
catholique de la France mis en dan- 
ger par le Sultan et par V Italie. 

[Œuvre des écoles d’Orient , n° 250, 
mai-juin 1902, pp. 665-668. - Repro- 
duit dans La Terre-Sainte , 28° an., 
t. XIX, n° 14 (15 juil. 1902), pp. 209- 
210 .] 

Charmetant (Félix). — Le retour des 
Nestoriens. 

[Œuvre des écoles d’Orient, n® 258 
(sept. -oct. 1903), pp. 133-144.] 

Sur la conversion au catholicisme de quel- 
ques tribus nestoriennes du Kurdistan. 

Charon (Cyrille). — L’église grecque 
melchite catholique. — Suite. 

[Échos d’Orient, n°» 38-40, 42,6® an., 


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BIBLIOGRAPHIE 


janv.-mars, mai, septembre 1903, 
pp. 16-24, 113-118, 191-207, 298-307.] 

Pour le début de l’article, voy. Rev. Or. 
lot ., IX, 258. 

Chàrtouni (Rachid al-Khoury al-). — 
Voy. Martin (Le P. P.). 

Chàvànon (J.). — Voy. Relation de 
Terre-Sainte . 

Cheikho (Le P. L.). — Voy. Histoire 
de Beyrouth. 

Créradame (André). — - La question 
d* Orient : la Macédoine ; le chemin 
de fer de Bagdad. — Paris, Plon, 
1903, in-16, xv-403, pp. et 6 cartes. 

Compte rendu : Builet. critique , 24* an., 
n° 25 (5 septembre 1903), pp. 461-468 (Gaston 
de Moxicault). 

Chbstrbt de Haneffe (Le baron de). 
— L’ordre du Temple dans Vancien 
diocèse de Liège ou la Belgique 
orientale... — Cf. Rev. de VOr. lat ., 
IX, 259. 

Tiré à part : Bruxelles, Kiessling, 1901, in-8®, 
51 pp. 

Chevalier (Le chan. Ulysse). — Le 
saint Suaire de Turin. Histoire 
d’une relique. 

[V Art et l’autel, t. II (1902), pp. 234- 
248. — Tir. à part : Paris, imprim. 
Dumoulin, s. d.. in-8°, 15 pp.] 

Chevalier (Ulysse). — Le linceul du 
Christ. 

[Petites Annales de S. Vincent de 
Paul , no 53, 15 9ept. 1902. — Tir. à 
part : Paris, Séminaire Saint-Vin- 
cent de Paul, 1902, in-8°, 8 pp.] 

Chevalier (Ulysse). — Le saint Suaire 
de Lirey-Chambéry-Turin et les 
défenseurs de son authenticité... — 
Cf. Rev. de VOr. lat., IX, 259. 

Comptes rendus : Écho s d’Orient, 6» an., 
mars 1903, p. 158. - Anal. BoUand., t. XXI 
(1902), fasc. 2, p. 213. — Rev. dhist. ecclés. 
[de l'Univ. de Louvain], t. IV (1903), n° 2, 


573 

pp. 336-345 (Ch. F. Bkllet). — Rev. bénéd. de 
l’abbaye de Maredeou », 1902, no 2. 

Chevalier (Ulysse). — Le saint Suaire 
de Turin et le Nouveau Testament . 

[Revue biblique internat Xl° an., 
n® 4 (1« oct. 1902), pp. 564-573. — 
Tir. à part : Paris, Picard, 1902, 

10 pp.] 

M . lo chanoine Ulysse Chevalier résume dans 
cet article les principaux arguments à opposer 
aux partisans de l’authenticité du Suaire, en 
insistant particulièrement sur ceux que l’on peut 
tirer des récits bibliques mêmes, et des écrits 
des anciens Pères. On doit lui savoir infiniment 
de gré de la persévérance qu’il déploie pour faire 
pénétrer la lumière dans l’esprit de ses adver- 
saires. Réussira-t-il ? Je l’espère, sans oser trop 
y compter. Car, pour croire aujourd’hui & l’au- 
thenticité de la prétenduo relique, il faut possé- 
der une de ces mentalités spéciales sur les- 
quelles les meilleures raisons n’ont aucune 
prise. — Le présent article a été traduit par le 
Rév. Jos. M. Flym dans le Pilot de Boston, 
no du 2 novembre 1902. 

Chevalier (Ulysse). — Le saint Suaire 
de Turin. Histoire d’une relique; 
avec une Introduction de M. l’abbé 
Martin. 

[Études histor. et relig. du dio- 
cèse de Bayonne, t. XI (1902), pp. 289- 
305. — Tir. à part : Paris, Picard, 

1902, in-8°, 19 pp.] 

Chevalier (Ulysse). — Autour des 
origines du suaire de Turin. 

[L’Université catholique , t. XLI 
(sept.-déc. 1902), pp. 430-437.] 

Chevalier (Ulysse). — Autour des ori- 
gines du Suaire de Lirey; avec do- 
cuments inédits . — Paris, A. Picard, 

1903, in-8°, 53 pp. 

[Bxblioth. liturgique , t. V, 4 e livr.] 

Compte rendu : Échos d’Orient , n® 41, 
6* an. (juil. 1903), pp. 281-282 (S. Vailhé). 

Chevalier (Ulysse). — La question 
du saint Suaire de Turin. Lettre 
à M. l’abbé Naudet. 

[La Justice sociale, 9 août 1902]. 

Chevalier (Ulysse). — Le saint Suaire 


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574 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


de Turin photographié à V envers. 
Lettre à M. Vabbè Naudet. 

[La Justice sociale, 16 août 1902.] 

Chevalier (Ulysse). — Encore le saint 
Suaire de Turin. 

[Vüniversité catholique , t. XLII, 
15 janvier 1903, pp. 127-134.] 

Chevalier (Ulysse). —Le saint Suaire 
de Turin . Fin probable de la con- 
troverse . 

[La Justice sociale , 17 janvier 
1903.] 

Chevalier (Ulysse). — Le saint Suaire 
de Turin . 

V intermédiaire des chercheurs et 
curieux, XLVII® vol., n® 993 (30 jan- 
vier 1903), pp . 118-125.] 

On trouvera dans cet article l’indication de 
nombreux mémoires et notices sur le même 
sujet. 

Choiera [Die) in Palâstina. 

[Die Warte des Tempels, Jahrg. 
58, R® 48 (27 nov. 1902), pp. 380- 
381.] 

Sur l'épidémie de choléra qui a éclaté en 
Palestine et particulièrement à Gaza et & Jaffa, 
en octobre 1902. Au sujet de cette épidémie, 
on trouvera encore quelques renseignements 
dans le n* 46 (13 nov. 1902), pp. 363-365, du 
même périodique. 

Chopin (Hippolyte). — Le saint Suaire 
de Turin photographié à Ven- 
vers. — Paris, Picard, 1902, in-8% 
13 pp. 

D’après M. Chopin, la photographie donnerait 
non pas l'image directe, mais cette image vue 
par transparence à travers l’étoffe. 

Christen d’Andermatt (Bernard). — 
Voy. Andermatt. 

Chronique de Michel le Syrien, éd 

par J. B. Chabot. T. I — 

Cf. Rev. Or. lat. t VIII, 240; IX, 
577. 

Comptes rendus : Rev. de Vinetr. publ. en 
Belgique , t. XUV (1901), pp. 326-330 (M. A. 
Kugcitka). — Voy. aussi ci-dessous, sub v. 


Fraxnkel (Siegmund). — Jour*. Aeiat. 
9* sér., t. XX (1902) pp. 326-334 (Rubens 
De val). 

Chronique de Michel le Syrien, éd 

par J.-B. Chabot. Tome II, fasc. 1. 

— Paris, E. Leroux, 1901, in-4®, 
pp. 1-152 (traduct.); pp. 161-256 
(texte). 

Comptes rendus : Rev. de Vinstruct. publ. 
en Belgique , t. XLV, n* 6 (1902), pp. 391-393 
(M.-A. KocErran). — Journ. aeiat., 9 # sér., 
t. XX (1902), pp. 326-334 (R. Duval). 

Clergé [Le) arménien et le jubilé pon- 
tifical. 

[La Terre-Sainte , 29® an., t. XX, 
n® 5(1®® mars 1903), pp. 69-70]. 

Clermont-Ganneaü (Ch.). — Recueil 

d' archéologie orientale, t. II — 

Cf. Rev. Or. lat., VII, 620. 

Quelques-uns des articles que contient ce 
volume n’ayant pas été signalés dans nos pré- 
cédentes bibliographies parmi ceux intéressant 
l’Orient latin qui avaient paru déjà dans d’autres 
recueils, j'en donne ici l’indication sommaire : 
§ 24 (pp. 52-55). La mosaïque de Medaba (sur 
l’inscription grecque qui se voit dans l'église 
de la Vierge & Madaba et qui fournit une date, 
malheureusement difficile à déchiffrer, pour 
l’exécution des mosaïques de cette église). — 
§ 25 (pp. 55-60). La géographie médiévale de 
la Palestine d’après les documents arabes : 
a) Villages érigés en ouagf par Mclik-el- 
Achrafdans le pays de Tyr et cT Acre ; b) Vil- 
lages de la principauté de Tyr mentionnés 
dans le traité conclu entre Qelâoûn et la 
princesse Marguerite. — § 35 (pp. 91-93). 
Beitligge et les casaux octroyés par Godefroy 
de Bouillon aux chanoines du Saint-Sépulcre 
(Beitligge, qu’on n’avait pu identifier jusqu’ici, 
serait l’ancien nom de Khirbet el-'Adèaè, ruine 
située à 3(1/2 kilom. de Cho'f&t.au nord de Jé- 
salem). — § 36 (pp. 93-94). Les jardins et les 
irrigations de Petra. — § 38 (pp. 95-98). MaJdd 
ed-deir et le casai de Mondisder (le casai 
de Mondisder, cité dans une charte de mai 
1236 pour l’Hôpital de S. Jean-de-Jérusa- 
lem, doit être identifié avec Madd-ed-Detr, 
sur la rive sud du Nahr el-ALbdar, qui se 
jette dans la mer entre Arsouf et Césarée). 

— §47 (pp. 137-160). La prise de Jérusalem 
par les Perses en 614 J.-C. (à propos de l’élé- 
gie de Sophronius et du récit arabe de la prise de 
Jérusalem, publiés parM. Couret; corrections à 
la traduction de ce dernier document). — § 48 
(pp. 161-175). La cartedela Palestine d’après 
la mosaïque de Màdeba. — § 50 (pp. t78-180). 
Localités arabes de l'époque des croisades (le 
château d’El-Oua’ira, que l’auteur propose d’iden- 


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BIBLIOGRAPHIE 


575 


tifier avec 'Airé, non loin de Pelra ; Tell-Halifah, 
ai tué probablement sur le Nahr el-Khalifé, l'un 
des affluents du Nahr el-Keblr. Commentant 
incidemment un passage d’ibn Moycsser, dans 
lequel est mentionné un « roi d'el- r Arich » 
l’auteur propose d'identifier ce roi avec Bau- 
douin III, et de mettre à l'actif de celui-ci la 
tentative d’invasion de l'Égypte dont il est ques- 
tion dans ledit passage). — § 52 (pp. 181-183). 
De Hesbàn à Keràk (identification de locali- 
tés citées par Khalil edh-Dh&hery, comme se 
trouvant entre Hesbàn et Keràk : Dibiân, Qà- 
tè'el-Modjeb, Safra, Qanbès). — § 55 (p. 219). 
Bacatha ville épiscopale d’Arabie (cette loca- 
lité, citée par S. Epiphane, pourrait être identi- 
fiée avec Al-Tabakah à 10 milles anglais à 
l’ouest de Amm&n). — § 56 (pp. 219-220). Les 
Samaritains à Yabneh (à propos de la colonie 
juive et samaritaine qui existait dans cette lo- 
calité, au v* siècle ap. J. -C.). — § 59 (pp. 234- 
239). Un reliquaire des croisades (petit mo- 
nument de verre cerclé de cuivre, retrouvé en 
1893 lors de fouilles exécutées à Jérusalem 
dans des terrains qui devaient dépendre de la 
maison de l’Hôpital à Jérusalem). — § 61 
(pp. 239-240). Les « cames « ou gîtes d’étape 
des sultans mamlouks pendant les croisades 
(l’arabe iqâmat doit être l’équivalent, peut- 
être même la traduction, du mot turc qonaq , 

- hôtellerie, auberge *»). — § 60 (pp. 240-247). 
Nouvelles observations sur les gouverneurs 
romains de la paroisse d’Arabie. — § 62 
(pp. 247-249). L’ancien dieu arabe Okaisir. 

— § 64 (pp. 250-251). Le plan de l’église du 
Saint-Sépulcre dessiné par Arculphe au 
vu" siècle (adopte l’opinion de Mommert, sui- 
vant lequel les trois cercles concentriques du 
plan doivent représenter non pas trois parois 
juxtaposées, mais trois parois superposées. — 
§ 69 (pp. 299-302). Gadara et la X" légion 
Fretensis. — § 70 (pp. 302-362, 406). La basi- 
lique de Constantin et la mosquée d’Omar d 
Jérusalem (à propos de l’inscription arabe en 
caractères coufiques, découverte non loin du 
Saint-Sépulcre). 

Clermont-Ganneàu (Ch.). — Recueil 
d* archéologie orientale y Tome V, 
livr. 6-23. — Paris, E. Leroux, 1902, 
in-8®. 

A signaler dans ces livraisons les articles sui- 
vants : § 21 (pp. 88-90). Sur un dicton arabe 
vulgaire (à propos du dicton : Avant que 
l’antidote soit venu de l’Irdq , l'homme mordu 
par le serpent serait mort , mal interprété par 
H. Christin dans son étude sur le dialecte arabe 
rustique de la Galilée centrale; cf. Zeitschr. 
d. d. Pal. Ver., t. XXIV, pp. 69-112). — 
§ 22 (pp. 90-105). Épigraphie gréco-romaine 
de Palmyre. — § 25 (pp. 115-120). Archéo- 
gie et topographie de Palestine (remarques 
sur divers points de l’article de M. Aloys Musil 
concernant le château de Uoûseir-'Amra [cf . 
ci-dessous] ; légende bédouine touchant la ca- 
verne des sept dormants; identification des 


villes de Mêpha'at et de Sykomazôn). — § 27 
(pp. 129-147). Inscriptions grecques de Bersa- 
bée (l’auteur commente entre autres un frag- 
ment d’inscription qui parait être un réécrit 
impérial de l'époque byzantine, concernant 
peut-être les prestations do l'annona et autres 
redevances en nature afférentes à diverses 
villes de Palestine, ou à leur remplacement par 
une taxe payable en numéraire : adaeratio. 

— § 31 (pp. 163-169). Deux nouvelles inscrip- 
tions grecques du mont des Oliviers (ce sont 
deux inscriptions funéraires chrétiennes, datant 
probablement l’une de l’époque byzantine, 
l’autre de l’époque intermédiaire entre la con- 
quête musulmane et la conquête franque). 

— § 32 (pp. 170-173). Inscriptions grecques 
de Afzérib Naoua , Salkhad (inscription con- 
tenan peut-être le nom Oôsi^avoç = Vip- 
sanus; dédicace à Hercule; inscription funé- 
raire). — § 35 (pp. 177-186). Fiches et notules: 

a) Inscription grecque en mosaïque du Mont 
des Oliviers (publiée déjà en 1895 dans la Rev. 
biblique., pp. 92, 437, par le P. Lagrange). 

b) Le monastère de Mélanie (la chapelle dési- 
gnée aujourd'hui sous ce nom, à Jérusalem, 
était peut-être le monastère d’hommes fondé 
par Mélanie, et non son monastère de femmes) . 

c) Le sanctuaire de l’apparition de l’Ange, 
(c’est à ce sanctuaire que doit être rapporté un 
passage de la description arménienne des Lieux- 
Saints de Nicolas, évêque d’Acquirmann, dans 
lequel il est question de la place où la sainte 
Vierge était en prière lorsque l’ange lui donna 
le signal de l’Annonciation, et peut-être aussi 
un passage de Moudjir-ed-Dtn, mentionnant, 
sur le sommet du Mont des Oliviers, un mesdjed 
appelé « Le Caroubier des Dix »). d) Le Palmier 
de la Vierge, e) Sur une stèle [avec inscription 
grecque] trouvée à Bàb el-Ouàd, entre Jérusa- 
lem et Jaffa (dressée peut-être par un groupe 
d’hommes ayant participé de leur bourse ou 
de leur personne à une construction d’intérêt 
collectif, peut-être une église). — § 37 (pp. 194- 
200). Le Centenarium [ Castellum ] dans le 
Talmud. — § 38 (pp. 201-206). Le lac- de 
Calorie, ce lac mentionné dans un acte de 
Balian d'ibelin, seigneur d'Arsur, de 1261, 
n’est ni le Birket Bamadhân, étang maréca- 
geux situé non loin de l’embouchure du 
Nahar el-Hakdhar, comme le pensait M. Rey, 
ni Birket Ata, étang situé près de Césarée, 
comme le supposait M. Rôhrickt, mais la Bah- 
ret Qâtoûriè, large nappe d’eau, tout près des 
ruines mêmes d'ArsouQ. — § 40 (pp. 212-217). 
Inscriptions grecques de Sidon et environs 
(observations sur quelques inscriptions publiées 
par Renan dans sa Mission de Phénicie). — 
§ 42 (pp. 267-280). Oïl était l’embouchure du 
Jourdain à l’époque de Josué (à 6 ou 7 kilo- 
mètres au nord de l’endroit actuel). — § 44 
(pp. 286-288). Inscription grecque de Dora (épi- 
taphe d’une femme nommée Zoila, trouvée près 
de Tantoura et datée de l’an 233, le 26 du mois 
d’Apellaeos, probablement de l’ère de Dora 
(169-170 deJ.-C.). — § 46 (pp. 288-290). Fiches 
et notules : l’ère de Tyr ; la date de la mosaïque 
de Nebi Yonnès, etc. — § 50 (pp. 307-313). 


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576 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Inter iption « grecques de Djerach .découvertes 
par Schumacher et feuKiepert. — § 53 (pp. 334- 
340). La « Porte de Nicanor » du Temple de 
Jérusalem — § 54 (pp. 341-346). L' autel de 
Kadèt (à propos d’un autel du ui* s. ap. J.-C., 
découvert en 1865 à Kadès, l’antique Kedecli de 
Naphlali, en Galilée, par Sir Ch. Wilson ; es- 
sai de restitution de l'inscription grecque muti- 
lée qu’il porte. — § 55 (pp. 346-366). Le mont 
Hermon et son dieu — § 56 (pp. 366-372, 383- 
390). Fiches et notules: Inscriptions grecques du 
Hauran (observations sur les inscriptions publ. 
par Dussaud et Maclcr, Missions dans les 
régions désertiques de la Syrie moyenne). 
Inscriptions grecques de Bersabée (à propos 
des inscriptions publiées par M. Abel, dans la 
Rev. biblique , 1903, pp. 425 et suiv.). — §58 
(pp. 378-380). Nouvelle inscription grecque 
du pays de Tyr : inscription datée de l'an- 
née 474« (de l’ère de Tyr = 349 de J.-C.) du 
mois de Peritios (la date y est formulée non 
en lettres numérales, mais avec l’énoncé com- 
plet des nombres sous leur forme ordinale). — 
§ 59 (pp. 380-391). Fiches et notules : à signa- 
ler l’identification de la localité désignée par 
les Gestes des Chyprois sous le nom de Hame- 
lielot et par Haython sous le nom de Haymaloth, 
avec 'Ain el-Djaloût, « la source de Goliath *, 
près de Beisân. Cette identification a d’ailleurs 
été proposée déjà par les éditeurs des Gestes 
des Chyprois et de la Fleur des histoires de 
la Terre tt Orient de Haython, dans le tome 11 
des Historiens arméniens des croisades. — 
§ 61 (pp. 391-395). Les Bohémonds , princes 
d'Antioche, successeurs de Renaud de Chdtil- 
lon d'après les sources arabes (à propos de la 
prise d’Antioche en 1268 par le sultan Beibars, 
le chroniqueur arabe r Aini, s'exprime ainsi : 
« Alméük-Annasir-Salah-eddyn-Yousof, fils 
« d’Ayyoub, ainsi que nous l’avons rapporté, 
« enleva cette ville au prince Arnath qui fut 
• tué. Elle fut ensuite possédée par le prince 
« connu sous le nom d'Alachyr, puis par son 
« fils Sedon, et enfin par Bohémond, fils de ce 
'« dernier ». Arnath est certainement Renaud 
de Châtillon. Alachyr doit probablement être 
corrigé en Al-Asir, c’est-à-dire « le captif • 
et désigner Bohémond III, ainsi surnommé & 
cause de sa captivité à Alep. Sedon n’est qu’une 
altération graphique du nom arabe de Bohé- 
mond et désigne par conséquent Bohémond IV. 

Clermont-Ganneau (Charles). — Ar- 
chaeological Researches in Pales- 
tine during the years 1873-1874. 
With numerons illustrations from 
drawings made on the spot by 
A. Lecomte de Nouy. Translated 
by Aubrey Stewart. — London, 
Pal. Explor. Fund, t. I (1899), t. II 
(1896), in-4°. 

Clugnet (Léon). — Voy. Vie et récits 
de l'abbé Daniel le Scétiote. 


Cogo (Gaetano). — La guerra di Ve- 
nezia contro i Turchi (1499-1501). — 
Venezia, Visentini, 1901, in-8*. 

Compte rendu : Rit. stor. ital ., t. XVII 
(nouv. sér., t. V), an. 1900, pp. 236-237 (A. 
Battistblla). 

Cogo (Gaetano). — L'ultima inva- 
sione dei Turchi in Italia in rela- 
zione alla politica europea delV es- 
tremo Quattrocento, 1499. — Genova, 
tip. R. Istituto Sordomuti, 1901, 
in-8\ 

Compte rendu : Nuovo archivio Veneto , 
nouv. sér., an. 2, t. III (1902, n® 5), pp. 191- 
193 (V. Marchesi). 

Combes (Louis de). — Enfouissement 
et découverte de la vraie croix , du 
Calvaire et du saint Sépulcre... — 
Cf. Rev. Or. lat., IX, 260. 

Tiré à part : Lyon, imprim. E. Vitte, 1901, 
in-80, 44 pp. 

Combes (Louis de). — Esquisse des 
Lieux- Saints [de Jérusalem] en 
l’an 33. 

[VVniversité catholique , nouv. 
sér., t. XXXVIII (sept.-déc. 1901), 
pp. 582-608.] 

Combes (Louis de). — La vraie Croix 
perdue et retrouvée. Recherches 
historiques. — Paris, Éditions de 
l'Art et V Autel (1, rue Christine), 
1902, in-8®, vi-294 pp. 

Ce livre, que je n’ai pas eu sous les yeux, 
réunit, je le suppose, les articles signalés dans 
la Rev. de l'Or, lat., IX (1902), p. 260. 

Comptes rendus : Échos d’Orient , n* 39, 
6* an., mars 1903, pp. 149-151 (J. Pargoihe). 
— Études publ. par des PP. de la Comp. de 
Jésus , t. XCUI (1902), pp. 425-426 ; cf. p. 858 
(Joseph de Cabtkllaw). — Rev. de l’art chrétien , 
XL.V* an. (1902), p. 310 (L. Cloquet). — Bul - 
let. critique , 24* an., n° 14 (15 mai 1903), 
pp. 245-246 (A. Roussel). 

Comment le corps de Jacques Bar a - 
dèe fut enlevé du couvent de Casion 
par les moines de Phesiltha , par 
Mar Cyriaque. Texte syriaque pu- 
blié et traduit par M. A. Kugener. 


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BIBLIOGRAPHIE 


[Biblioth. hagiogr. orientale (Pa- 
ris, Picard, t. III (1902), pp. 1-22. — 
Paru tout d’abord dans la Rev. de 
VOr. chrèt., t.VII, n°2, pp. 196-217.] 

Recensions : Écho» d’ Orient , 6* an., mars 
1903, pp. 157-158. — Anal. Bolland., t. XXII, 
fasc. 1 (1903), p. 97. — Voy. aussi ci-dessus, 
p. 549. 

Congrès (Le) international des Orien- 
talistes. Onzième session. Paris, 5- 
12 septembre 1897. 

[Rev. générale internat ., 2® an. 
(1897), pp. 423-446.] 

Conrat (Max). — Hieronymus und 
die « Collatio legum mosaicarum et 
romanarum ». 

[Hermes, t. XXXV (1900), n° 2, 
pp. 344-347.] 

S. Jérôme serait l’auteur de cette Collatio. 

Consultation (La) de Joachim III 
[patriarche de ConstantUiople ]. 

[La Terre-Sainte , 29 # an., t. XX, 
n* 12 (15 juin 1903), pp. 178-179.] 

Réponse négative des synodes de S. Péters- 
bourg et d’Athènes à une consultation du pa- 
triarche Joachim touchant la possibilité d’une 
union entre l'église orthodoxe et l’église angli- 
cane ou les Vieux catholiques. Sur cette même 
consultation, voy. encore La Terre-Sainte , 
t. XX, n« 13 (1” juil. 1903), pp. 207-208. 

Contkn80N (Ludovic de). — Chrétiens 

et musulmans — Cf. Rev. Or. 

lat., IX, 260. 

Compte rendu : Bullet. critique, 24* an., 
no 22 (5 août 1903), pp. 401-403 (L. de Lagger). 

Conti (Giuseppe). — Da galeotti iur - 
chi a marinai Medicei. 

[Il secolo XX, mars 1903.] 

Conversion (La) des Nestoriens. 

[Œuvre des écoles d* Orient, n° 255 
(mars -avril 1903), pp. 39-43. — Re- 
produit dans La Terre -Sainte, 
29® an., t. XX, n® 11 (l®* juin 1903), 
pp. 161-165.] 

Conybeare (F. C.). — The date of 


577 

Moses ofKhoren — Cf. Rev. Or. 

lat ., IX, 261. 

Compte rendu : Échos d’Orient, 5* an., 
n # 6 (sept. 1902), pp. 404-405 (S. PAtridès). 

Conybeare (F. C.). — The relation of 
the Paschal Chronicle to Malalas. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XI, n°* 3-4 
(oct. 1902), pp. 395-405.] 

Les passages communs de la Chronique de 
Malalas et de la Chronique paschale n’ont pas 
été empruntés par la seconde à la première; 
ils dérivent d’une source commune dont s’est 
servi également MoTse de Khoren. 

Cordier (Henri). — Voy. Book (The) 
of sir Marco Polo. 

Correspondance de Constantinople. 
Le patriarcat de Sis. Dangers cou- 
rus par le protectorat catholique de 
la France. 

[La Terre-Sainte, 29* an., t. XX, 
n® 3 [\** févr. 1903), pp. 33-35.] 

Couneau (E.).- Voy. Delmas (Émile). 

Couret (Le comte). — Notice histo- 
rique sur V ordre du Saint- Sépulcre 
de Jérusalem. Les premiers cheva- 
liers du Saint- Sépulcre. — Suite. 

[La Terre-Sainte , 28® an., n os 19- 
24 (l® r et 15 oct., 1 er et 15 nov., 
1®«* et 15 déc. 1902), pp. 294-299, 316- 
318, 330-332, 349-350,363-366, 382-384; 
29® an., t. XX, n°® 1, 7, 10-21 (l« r janv. 
1»* avril, 15 mai, l® r et 15 juin, 1 er et 
15 juillet, l ,r et 15 août, l®** et 15 sept., 
le® et. 15 oct., 1 er nov. 1903), pp. 14-15, 
110-112, 157-160, 172-174, 188-189, 206- 
207, 223-224, 237-239, 252-254, 269-271, 
285-286, 303-304, 317-319, 331-334.] 

L’auteur s'appuie sur un passage de la Chro- 
nique d’Ernoul pour affirmer la création à Jéru- 
salem d une confrérie de « Chevaliers du Saint- 
Sépulcre » dès le début du xu* siècle. Mais J’in- 
lerprétaliou qu’il donne de ce passage me pa- 
rait des plus douteuses, et, tant que l’existence 
de cette prétendue confrérie ne sera pas attes- 
tée par un texte moins discutable, il faudra se 
garder d’y croire. — Pour le début de l’ar- 
ticle, voy. Rev. Or. lat., VIH, 578-579; IX, 
261. 


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578 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Couret (Le comte A.). — - Registres 
de Varchiconfrèrie parisienne du 
Saint-Sépulcre de Jérusalem. 

[Bull, de la Soc. nation, des antiq. 
de France , 1901, pp. 319-320.] 

Ces registres ont été légués à la bibliothèque 
du grand séminaire d’Orléans par l’abbé Lau- 
rent de Saint-Aignan. L’un, commencé en 1557 
et terminé en 1783, comprend la liste des mem- 
bres do l’archiconrrérie, un petit guide de T.- 
S., l’office et les statuts de l'ordre du S.-Sé- 
pulcre, la transcription des lettres délivrées à 
Jérusalem aux confrères ayant fait le pèlerinage 
de T.-S. — Le second registre remonte au 
xvii* siècle seulement; il renferme les actes 
d’affiliation, k l’archiconfrérie, des rois et reines 
de France et des principaux personnages de la 
cour, de Louis XIV à Louis XVI, avec signatures 
autographes. 

Cuinet (Vital). — Syrie , Liban et Pa- 
lestine. Géographie administra- 
tive , statistique , descriptive et rai- 
sonnée. Fasc. IV et Index. — Paris, 
E. Leroux, 1901, gr. in-8°, 233 pp. 
(461-694 du vol.). 

CYRiAQUE(Mar). — Voy. Gomment le 
corps de Jacques Baradèe. 

Dalla Santa (Giuseppe). — Alcuni 
documenti per la storia délia chiesa 
di Limisso in Cypro , durante la se- 
conda metà del sec. XV. 

[Nuovo archivio veneto , t. XVI, 
parte 1» (1898), pp. 150-181. — Tir. à 
part : Venise, fratelli Visentini, 
1898, in-8 0 .] 

Compte rendu : Biv. stor. ital., t. XVII 
(nouv. sér., t. V), an. 1900, p. 235 (Amelia 
Zakblkr). 

Découverte dans la montagne d'Èphèse 
de la maison où la très sainte Vierge 
est morte , et fouilles à faire pour 
découvrir le tombeau d'où elle s'est 
élevée au ciel. — Paris, chez l’au- 
teur [non désigné], 7, rue Berthol- 
4et, 1898, in-8°, xx-408 pp. 

Compte rendu : Rev. d. quest. histor., t. LXV 
(1901, janv. -avril), pp. 329-330 (P. Pisani). 

Delàborde (H. -François). — A propos 
d'une rature dans un Registre de 


Philippe Auguste. Lettre à Mon- 
sieur Léopold Delisle. 

[Biblioth. de l'École, des chartes , 
t. LXIV,3°et4* livr. (mai-août 1903), 
pp. 306-313.] 

L’auteur restitue le texte complet d’une lettre 
de Philippe Auguste, coupée en deux par suite 
d'une transposition de cahiers dans le Registre 
publié en fac-similé par M. Léopold Delisle. 
Aux termes de celte lettre, datée de juin 1201, 
le roi déclare que, à la demande des croisés 
et du clergé, réunis lors de sOn entrevue avec 
le roi d’Angleterre, il consent à affecter aux be- 
soins de la Terre-Sainte la quarantième partie 
de ses revenus pendant un an, et fait connaître 
quelques autres mesures destinées à favoriser la 
croisade. On n’avait point songé jusqu’ici à rap- 
procher les deux fragments de la lettre, dont la 
première partie occupe le fol. 29 v* du Re- 
gistre, et dont la seconde, contenant la date, se 
trouve au haut du fol. 51 ro. 

Delà ville Le Roulx (J.). — Cartulaire 
général de l'ordre des Hospitaliers... 
Tome IV... — Cf. Rev. Or. lat ., VIII, 
580. 

Compte rendu : Literar. Centralbl. , 1901, 
no 31 (3 août), col. 1252-1254 (H. Hagenmeyer). 

Delehaye (Le P. Hipp.). — Voy. Pro- 
pylaeum. 

Delehaye (Le P. Hipp.). — Voy. 
Melaniae ( S.)junioris Acta graeca . 

Delehaye (Le P. Hipp.). — S. Bar- 
laam, martyr à Antioche. 

[Anal. Bolland.y t. XXII, fasc. 2 
(1903), pp. 129-145.] 

L’auteur publie, d’après trois mss., les Actes , 
d'ailleurs apocryphes, du martyre de S. Bar- 
laam, et fait précéder cette édition d’un com- 
mentaire critique, dans lequel il passe en revue 
les différents écrits anciens qui ont mentionné 
ce martyre, dont la date ne saurait être exac- 
tement établie. Ce que l’on peut dire, c’est que 
le lieu du martyre est bien Antioche et que l'an- 
niversaire se fêtait originairement le 31 mai et 
non le 16 ou le 18 novembre, comme le portent 
la plupart des Synaxaires. 

Delmas (Émile). — Égypte et Pales- 
tine. Ouvrage orné de 115 gravures, 
4 eaux fortes et 4 aquarelles par 
E. Couneau. — Paris, Libr. Fischba- 
cher, 1896, in-4°, 414 pp. 


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BIBLIOGRAPHIE 


579 


Delmas (P.). — Encore sainte Marie 
V Egyptienne.,. — Cf. Rev. Or. lat ., 
IX, 262. 

Compte rendu : Anal. Bolland ., t. XXII, 
n* i (1903), pp. 91-92. 

Derniers jours et funérailles de S . B. 
Pierre IV Géraïgiry. 

[La Terre-Sainte, 28 e an., t. XIX, 
n<» 15 (l«t août 1902), pp. 227-229.] 

Des Nilos Doxapatres. TcrÇtç tûv ica- 
Tptapxix&v Oodvuv, armenisch und 
griechisch herausg. von Franz Ni- 
kolaus Fjnck. — Walarschapat, Im- 
primerie du catholicat d’Etschmiad" 
zin, 1902, in-4°, 46 pp. 

Deutzer (B). -- Topographie der Feld- 
züge Robert Cfuiscards gegen das 
Byzantinische Reich. 

[Festschrift des geogr. Seminars 
der Univers. Breslau (Breslau, 1901), 

pp. 81-121.] 

Compte rendu : Archivio stor. per le prov. 
Napoletane, an. XXVII (1902), fasc. 1, p. 169. 

Deux versions grecques de la vie de 

Paul de Thèbes, publ par J. Bi- 

dez... — Cf. Rev. de VOr. lat., VIII, 
581. 

Comptes rendus : Rev. de l’instr. publ. en 
Belgique , t. XLIV (1901), pp. 339-341 (F. Co- 
moict). — Rev. d. ét. grecque a, t. XIV (1901), 
p. 309 (H. G.). — Berliner philol. Wo- 
chenschr ., t. XXII (1902), col. 135-139 (Aug. 
Heisenberg). — Rivista di filologia , t. XXX 
(1902), p. 376 (Dom. Bassi). — Deutsche Litté- 
ral. Zeitg ., XXIII Jahrg., n» 24(14 juin 1902), 
col. 1503-1504 (G. Gruetzmacher). 

Diamantopulos (Adamantios N.). — 

Mipxoç ô Eôysvixôç — Cf. Rev. de 

VOr. lat., VII, 621. 

Compte rendu : Byzant. Zeitschr ., t. XI, 
n** 3-4 (oct. 1902), pp. 531-533 (H. Gelzer). 

Diehl (Ch.). — En Méditerranée. Pro- 
menades d’histoire et d’art. — Paris, 
Arm. Colin, 1901, in-8°, 281 pp. 

Recension : Rev. crit. d’hist. et de litt., 
1902, n» 26 (30 juin 1902), p. 519. 

D 1 ER amp (F.). — Fine ungedruckte 


Abhandlung des heiligen Johannes 
von Damaskus gegen die Nestoria- 
ner. 

[Theolog.Quartalschr.,t. LXXXIII 
(1901), pp. 555-559.] 

Diekamp (F.). — Der MÔnch und 
Presbyter Georgios... — Cf. Rev. Or. 
lat., VII, 622. 

Compte rendu : Échos d’Orient, 5" an., n* 6 
(sept. 1902), pp. 403-404 (S. Vailhé). 

Dibtbrich (Karl). — Geschichte der 
byzantinischen und neugriechis- 
chen Litteratur. — Horn (Paul). 
Geschichte der türkischen Moderne. 
— Leipzig., C. F. Amelung, 1902, 
in-8°, x-242 et 74 pp. 

[Die Litteraturen des Ostens in 
Einseldarstellungen, IV.] 

Dietbrich (Karl). — Nachtrag zu den 
lateinisch - romanischen Lehnvoôr- 
tem im Neugriechischen. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XI, n os 3-4 
(oct. 1902), pp. 500-504.] 

Dîwân de Mgr. Germanos Farhat, 
archevêque maronite d’Alep (1670- 
1732); nouv. éd. collationnée sur 
plusieurs manuscrits et enrichie d*un 
commentaire philologique, avec un 
portrait de l’auteur, par Saïd al- 
Khoury al-Chartouni. — Beyrouth, 
Imprimerie catholique, 1894, in-8°, 
xxiv-517 pp. — En arabe. 

Nombre de poésies contenues dans ce 
Diwàn sont consacrées & des événements sur- 
venus en Palestine du temps de l’auteur. 

Dmitrijevsky (A). — Les plus anciens 
Typica patriarcaux, celui de Jéru- 
salem et celui de Constantinople, 
III : Le Typicon de Jérusalem (S. 
Sépulcre) et celui de V église de Cons- 
tantinople dans leurs rapports de 
dépendance respective. 

[Travaux de l’Acad. ecclésiast. de 
Kiev , sept. 1901, pp. 49-88]. 

Suite du travail noté dans Rev. Or. lat., 
IX, 263. 


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580 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Dobschuetz (E. von). — Eine Fasten - 
predigt über das Christusbild von 
Beryt. Ein Beitrag zur Characte- 
ristik byzantinischer FrÔmmigkeit. 

[Zeitschr. f. wissenschaftl. TheoL, 
t. XLV (1902), pp. 381-407]. 

Dom Belloni, f 9 août 1903. 

[La Terre-Sainte , 29° an., t. XX, 
n # 19 (1 er oct. 1903), pp. 289-292]. 

Article nécrologique. 

Donnadieu (A.-L.). — Les hypothèses 
scientifiques relatives au saint 
Suaire de Turin; leur discussion. 

[L* Université catholique y t. XLI, 
(sept.-déc. 1902), pp. 481-523: t. XLII 
(janv.-avril 1903), pp. 26-63, 184-223 
— Tir. à part : Lyon, imprim. 
E. Vitte, 1903, in-8% 126 pp.]. 

Réfutation du livre de F. Vignon. 

Dorez (Léon). — Voy. Itinéraire de 
Jérôme Maurand. 

Doutrepont (G.). — A la cour de Phi- 
lippe le Bon. Le banquet du faisan 
et la littérature de Bourgogne. 

[Rev. générale de Belgique, 35* an., 
t. LXX, déc. 1899, pp. 787-806; t. LXXI, 
janv. 1900, pp. 99-118.] 

Sur les projets de croisade de Philippe le 
Bon et les écrits auxquels ces projets ont 
donné lieu (recueil de Jean Mielot, etc.). 

Dubois (Abbé Joseph). — La ville 
sainte. Conférence donnée à la Soc. 
havraise d* Études diverses , le 15 déc. 
1899. — Plans et photographies. 

[Recueil des publications de la 
soc. havraise d 1 études diverses y 1899, 
2* trim., pp. 297-332]. 

Description de Jérusalem, accompagnée de 
plans et de photographies. 

Duchataux (V). — Eustache , arche- 
vêque de Thessalonique, sa nie, ses 
œuvres , son histoire du siège et de 
la prise de Thessalonique par les 
Normands (25 août 1185). 

[Travaux de U Acad, de Reims , 


vol. CVIII (an. 1899-1900, t. II, paru 
en 1902), pp. 143-174]. 

Dunkkl (P.). — Aufgraben in Jéru- 
salem. 

[Das Heilige Land, avril 1902, 
pp. 91-92 ; trad. en anglais dans : 
Palestine Explor. Fund. Quarterly 
Statementy oct. 1902, pp. 403-405]. 

Dussaud (R.) et Macler (Fréd.). — 

Voyage archéologique au Safâ 

— Cf. Rev. Or. lat ., IX, 264. 

Compte rendu : Le Muséon, nouv. sér., 
vol. IV, n" 1-2 (1903), pp. 161-165 (J.Forcet). 

Dussaud (René). — Histoire et reli- 
gion des Nosàiris — Cf. Rev. de 

VOr.lat.yVUly 582; IX, 264. 

Comptes rendus : The Athenaeum , n° 3819 
(5 janv. 1901), pp. 10-11. — Literar. Cen- 
trai., 1901, no 31 (3 août), col. 1255-1256 
(C. F. Seybold). — Rev. crit. d’hist. et de 
litt.y t. LU, n* 36 (9 sept. 1901), pp. 184-186 
(R. Düval). 

Dussaud (René). — BaXavfov. 

[Joum. asiat.y 9® sér., t. XIX 
(1902), pp. 372-375]. 

A propos du temple de marbre d’Héliopolis 
(Baalbek), que Théodose aurait, d’après la 
Chron. paschale (éd. de Bonn,I, 561), converti 
en église chrétienne. Le nom BaXavtov dérive 
peut-être de BaXaveiov, étant ddtiné que les 
fouilles récentes ont amené la découverte de 
deux grands bassins devant le Temple. 

Dussaud (René) et Macler (Frédéric). 
— Rapport sur une mission scien- 
tifique dans les régions désertiques 
de la Syriemoyenne. — Avec 1 carte, 
30 pl. et 5 flg. 

[Nouv. archives des missions 
scientif. et littér ., tome X (Paris, 
E. Leroux, 1903, in-8*, 744 pp.), 
pp. 411-744]. 

Düval (Rubens). — La littérature sy- 
riaque ; 2® éd. — Cf. Rev. Or. lat ., 
VIII, 582; IX, 264. 

Comptes rendus : Theologische Quartaltchr., 
t. LXXXIV (1902), p. 287 (Funk). — La Cioiltà 
cattolica, fasc. 1245 (1902), p. 320 (A. de San- 
tis). — Rev. d’hiet. ecclés. [dçl’Univ. de Lou- 
vain], t. I (1900), pp. 99-101 (P. Pskters). 


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BIBLIOGRAPHIE 


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meindeschule am Ostermontag , den 
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n° 20 (14 mai 1903), pp. 153-155]. 

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grius... ed. by J. Bidez and L. Par- 
mentier... — Cf. Rev. or. lat ., VI, 
317; VII, 354; VIII, 243. 

Compte rendu : BuÇavtivi ^povtxi, VIII 
(1901), pp. 587-590 (Ed. Kurtz). 

Ecthesis Chronica and Chronicon 
Atkenarum. Edited with critical 
notes and indices by Spyridon 
P. Lambros. — London, Methuen 
and C°, 1902, in-8°, x-112 pp. 

L’auteur publie : 1®, d’après un ms. du Mont 
Atbos, une nouvelle édition de la Chronique 
byzantine publiée par Martin Crusius dans sa 
Turco-Graecia sous le titre 'loxopia icoXi- 
•zvt\ KwvoTavTivouitdXzo»; ; 2° une nou- 
velle édition de la petite chronique de la ville 
d’Athènes, publiée déjà par lui-méme dans 
l’AWjvaiov, t. VI (1878), pp. *38-442. 

Recension : Byxant. Zeittchr ., t. XI, n®* 3- 
4 (oct. 1902), pp. 383-584 (K. Kkumbachir). 

Église ( L ’) grecque en Chypre. 

[La Terre-Sainte , 28 e an., t. XIX, 
n® 13 (1« juil. 1902), pp. 205-208]. 

Élection (. V ) du nouveau patriarche 
grec-melchite. 

[Échos d' Orient , 6 e an., janv. 
1903, pp. 83-86]. 

Sur l’élection de Mgr Cyrille VIII Géha, ar- 
chevêque d’Alep, comme successeur de Pierre IV 
GéraTgiry. 

Elisabethan (An) Traveller : Fynes 
Morison. 

[The Edinburgh Rev., t. CXCVI1, 
no 404 (avril 1903), pp. 373-394]. 

A propos du livre de Charles Hughes, SÀa- 
kespeare't-Europe (cf. ci-dessous). 

Enlart (C.). — Vart gothique et la 
Renaissance en Chypre .. . — Cf. Rev. 
Or. lat., VII, 355. 

Compte rendu : Rev. histor ., t. LXXXIII 
(1903), pp. 158-160 (K. Birtaux). 


581 

Ephrabm Syri (Sancti) Hymni.—V oy. 
Sancti Ephraem Syri Hymni. 

Ermoni (V.). — U orientalisme et le 
devoir apologétique des catholiques. 

[Annales de philosophie chré- 
tienne , 69 e an., nouv. sér.,t. XXXIX 
(1898-1899), pp. 490-511.] 

Eugen Boré , Forscher und Missionâr 
im Orient (1809-1877). 

[Bist orisch -politische Blâtter, 
t. CXXX (1902), pp. 405-418, 565-579.] 

Eusebius* Kirchengeschichte. Bucli VI 
und VII, aus dem Armeniscben 
übersetzt von Ervin Preuschen. — 
Leipzig, Hinrichs, 1902, in-8°, xxii- 
110 pp. 

[Texte und Untersuchungen , 
Neue Folge, VII, 3.J 

Traduction allemande d’après la version ar- 
ménienne, pour compléter la traduction des 
livres 1-V donnée par Nestle d’après la version 
syriaque, à laquelle manquent ces livres VI et 
VII. 

Comptes rendus : Rev. bibl. internat., 
XI® an., n* 4 (1" oct. 1902), pp. 614-615 (H. Vw- 
CEirr). — Anal. Rolland., t. XXII, n* 1 (1903), 
p. 88 (Hipp. Delbhayb). — Theol. Literaturbl., 
t. XXIII (1902), n» 37, col. 433 (Zécuum). — 
Rev. crit. d’hist. et de litt., n. s. t. L1V 
(27 oct. 1902), n* *3, pp. 324-325 (P. Lkjat). 
— Literar. Centralbl., t. LIV, n* 4 (24 janv. 
1903), coL 121-123 (Hw.). 

Eusebius' Werhe. I t#r Band..., herausg. 
von Ivar A. Heikel... — Cf. Rev. de 
VOr. lat., IX, 266. 

Comptes rendus : Byxant. Zeittchr., t. XI, 
n** 3-4 (1902), pp. 612-614 (C. Wiymaji). — 
Theol. Literaturseitung, t. XXVII (1902), col. 
167-170 (Ad. Jubuchir). — Rev. bénid. de l'ab- 
baye de Marcdtous, t. XIX (1902), pp. 215-217. 
— Berlin, philol. Wochentchr., I. XXII (1902). 
n* 8, col. 225-236 (Paul Wekdlaïto). — Literar. 
Centralbl., t. LUI (1902), n» 23, col. 766-767 
(G. K rugir). — La Civiltà cattolica , fasc. 1247 
(1902), pp. 577-580 (A. de Santis). — Theol. 
Revue, I (1902), n* 11, col. 340-342 (G. Raus- 
CHEtf). — Analec ta Rolland., t. XXI, fasc. 3-4 
(1902), pp. 424-425. — Rev. biblique internat., 
XI® an., n® 4(1 "oct. 1902), pp. 612-614 (H. Viw- 
cairr). — Rev. crit. (Thitt. et de litt., t. LV, 
n® 3 (19 janv. 1903), pp. *1-42 (P. Luat). 

Eusebius 1 Werhe. Il ler Band. Die 


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58 £ 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Kirchengeschichte bearbeitet von 
Eduard Schwartz. Die lateinische 
Uebersetzung des Rupinus, von Theo- 
dor Mommsen. — Leipzig, Hinrichs, 
1903,507 pp. 

[Die griechischen christl . Schrift- 
steller der ersten drei Jahrh. t IX, l.J 

Recensions : Anal. Bolland ., fuc. 2 (1903), 
pp. 210-211 (H. Delekaye). — Bev. bibl. inter- 
nai ., XII* an. (1903), n* 3, pp. 484-485. 

Évagre (Fr.). — Dom Belloni, fonda- 
teur et directeur de V orphelinat de 
Bethléem . 

[La Terre-Sainte , 29* an., t. XX, 
n* 18 (15 sept. 1903), pp. 283-284.] 

Article nécrologique. 

Excursion dans le désert de Juda et 
sur les bords de la Mer morte . 

[La Terre-Sainte , 28* an.,t. XIX, 
n°* 13 et 14 (1« et 15 juil. 1902), 
pp. 193-195, 210-213.] 

Reproduction d'un article de la Revue Sion- 
nienne, racontant l’excursion faite au sud de la 
Mer morte par les orphelins de l’Institution 
Saint-Pierre à Jérusalem. 

Fabriques (Charles). — Autour des 
églises unies : V Église copte; VÉglise 
maronite ; le Séminaire Saint- 
François-Xavier [à Ghazir près 
Beyrouth .] 

[Échos d’Orient , 6* an., n* 41 (juil. 
1903), pp. 270-274.] 

Fabri (Félix). — Voy . Jerusalem-und 
Sinaipilger. 

Faits {Les) du Chien insatiable du 
sang chrétien . Récit de l’invasion 
des Turcs en Hongrie après la ba- 
taille de Mohdcs. Réimprimé pour 
la première fois, avec une Introduc- 
tion et des notes par Alfred Cartier. 
— Genève, 1894, pet. in-4°,xiv-12 pp. 
Réimpression de l’édition de Genève, 1526. 

Farhat (Mgr. Germanos). — Voy. 
Dxwân. 

Fauvel (A.-A.). — Nos missionnaires | 


patriotes et savants . — Pari*, Vic- 
tor Lecoffre, 1900, in-12, 156 pp. 

Réédition (cf. Rev. de COr. lot ., IX, 266 ) aug- 
mentée d’articles parus sous le même titre 
Le Correspondant , t. CC (nour. sér., t. CLXIV), 
10 août, 10 et 25 sept. 1900, pp. 438-465, 918- 
935, 1148-1166. — Une partie de l’ouvrage est 
consacrée aux missions de Syrie et de Palestine. 

Favre (C.-B.). — Politique et diplo- 
matie de Jacques Cœur. 

[Rev. <Thist. diplom ., XVI* an. 
(1902) n° 3, pp. 438-466.] 

Rapports de la cour de France avec l’Orient 
musulman et les Tartares au xv* siècle. Traités 
de commerce entre Charles VI et Timour Leng. 
Pour comprendre ce qui fit la fortune et la puis- 
sance de Jacques Ccsur, il importait de faire en- 
trer en ligne de compte l’existence de ces rela- 
tions entre la France et l’Orient asiatique, car 
c’est en les rétablissant que l’Argentier faillit 
réaliser, par le commerce, l'hégémonie univer- 
selle des Francs. 

Féderlin (Le P. L.). — Recherches 
sur les laures et monastères de la 
plaine du Jourdain et du désert de 
Jérusalem. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n® 12 (15 juin 1902), pp. 181-184; 

29* an., t. XX, n®» 8-15, 17-21 (15 avril- 
1 er août, 1« sept.-l«r nov. 1903), 
pp. 117-120, 132-134, 148-150, 168- 

171, 180-182, 196-199, 215-218, 232- 

234, 263-266, 278-279, 299-301, 309- 

311, 328-331.] 

Suite de l’article signalé dans Rev. Or. lot., 
t. IX, p. 266. Le n* 8 contient une carte des 
laures et monastères de la plaine du Jourdain ; 
le n<> 9, une vue des ruines du cœnobium de 
Kalamon; le n* 11, une vue du couvent de 
Saint-Gérasime ; le n° 13, une vue de l'un des 
monastères de Saint-Elie; le n° 17, une vue de 
la montagne du Ktéîf et du pèlerinage musulman 
de Nebi Mouça; le n° 18, une vue de la vallée 
d’Achor; le no 19, une vue des ruines de 
Cellae. 

Férotin (Dom M.). — Le véritable au- 
teur delà « Peregrinatio Silviae » : 
La vierge espagnole Éthéria. 

[Rev. d. quest. histor ., XXXVIII* 
an., t. LXXIV (1« oct. 1903), pp. 367- 
397.] 

Dom Férotin a relevé dans plusieurs manus- 
crits conservés en Espagne une lettre adressée 
par un solitaire de ce pays, nommé Valerius, 


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BIBLIOGRAPHIE 


583 


aux moine* de Vierso (Bergidum) en Galice, 
dans laquelle il leur raconte un pèlerinage en 
T. -S., accompli par une espagnole, Etheria, 
Egeria ou Gereia, religieuse d'un courent de 
cette région. L'itinéraire de cette Etheria con- 
corde si exactement arec celui que rapporte la 
« Peregrinatio Siloiae » et les expressions 
mêmes de ce dernier texte se retrourent si 
fréquemment sous la plume de Valerius, que 
l’on ne peut guère douter que celui-ci n'ait ré- 
sumé dans sa lettre le texte de la Peregri- 
natio. L’auteur de la Peregrinatio serait alors 
non pas Silria, sœur de Rufin, comme on l'a 
supposé, mais la rierge espagnole Etheria, dont 
Valerius aurait trouré le nom dans le texte 
complet de la Peregrinatio qu’il arait sous les 
yeux. Suivant Dom Férotin, cette nourelle 
attribution s'accorderait parfaitement arec les 
quelques renseignements que l'auteur de la Pe- 
regrinatio fournit sur sa propre personnalité. 
Elle trouverait en outre sa confirmation dans 
certaines particularités linguistiques qui révé- 
leraient l'origine espagnole de ce dernier texte. 
Enfin un manuscrit, aujourd'hui disparu semble- 
t-il, qui se trouvait jadis à Saint-Martial de Li- 
moges, et dans lequel D. Férotin croit recon- 
naître la Peregrinatio même, était cité de la 
façon suivante dans les anciens catalogues de 
l’abbaye : Itinerarium Egerie ab bâtisse. 

Je dois dire que l'argumentatiun de Dom Fé- 
rotin, considérée par lui comme irréfutable- 
ment démonstrative, ne m'a point convaincu. 
J'hésite beaucoup à tenir la lettre de Valerius 
pour un document historique de toute sécurité. 
J'y verrais plutôt une fiction pieuse, peut-être 
même un simple exercice de rhétorique sur le 
thème fourni par la Peregrinatio; car on remar- 
quera que Valerius ne sait rien, absolument rien, 
de cette prétendue Etheria, en dehors des quel- 
ques renseignements qu’il a empruntés à la Pe- 
regrinatio pour les lui appliquer; et, d'autre 
part, certaine phrase de la Peregrinatio , dans 
laquelle la voyageuse compare l’Euphrate au 
Rhône, ne permet guère de chercher autre part 
que dans une région voisine de ce dernier fleuve 
le monastère auquel elle appartenait. Enfin, il y a, 
en faveur deSilvia, tant et de si fortes présomp- 
tions qu'avant de lui substituer une inconnue, 
même avec la caution d’un écrivain espagnol du 
vu* siècle, il serait prudent d’établir par de sé- 
rieuses raisons, que l’attribution généralement 
admise est mal fondée. — Je ne puis attacher 
une bien grande importance à la mention du ca- 
talogue de Saint-Martial ; car rien ne prouve 
quelle s’appliquât au texte môme de la Pere- 
grinatio , plutôt qu’à un exemplaire du résumé 
de Valerius. Aussi longtemps donc que l’exis- 
tence de la vierge Etheria, Egeria ou Gereia 
n'aura pas été confirmée par des témoignages 
certains et concordant avec ceux que la femme 
auteur de la Peregrinatio fournit sur elle- 
même, il sera prudent de ne pas faire trop 
grand accueil à cette nouvelle venue dans le 
cénacle littéraire du iv« siècle. 

La dissertation de Dom Férotin, accompagnée 
d'une édition de la lettre de Valerius, d'après le 
ms. de l’Escurial A, 11, 9, copié en 954, n'a pas 


moins le grand mérite d'attirer l’attention sur 
un texte qui touche de très près à la Peregri- 
natio, et qui, chose curieuse, bien que publié 
déjà deux fois, par Flores et par Migne, avait 
échappé jusqu’ici à tous les commentateurs de 
cette œuvre. Le résumé de Valerius est malheu- 
reusement des plus «uccincts — autant dire 
nul — pour le début, aujourd'hui perdu, du 
Pèlerinage, et ne devient un peu explicite que 
pour la partie qui en a été conservée par le 
manuscrit d'Arezzo ; il serait donc fort pos- 
sible que le solitaire espagnol, n'en ait pas eu, 
lui non plus, le texte intégral sous les yeux. 

Quant au nom de la religieuse « Etheria », 
il ne laisse pas d'élre insolite, et, en tout état 
de cause, on peut se demander s’il n’y faut pas 
voir une corruption graphique du nom plus con- 
nu d ’Euckeria, ou, ce qui serait plus étonnànt, 
quoique paléographiquement possible, une mau- 
vaise lecture du nom de Silvia. 

Fkrris (Eleanor). — The financial re- 
lations of the Knights Templars to 
the english Crown . 

[The Americ. histor. Rev., vol. 
VIII, n* 1 (oct. 1902), pp. 1-17.] 

Fin [La) d*un protectorat. Réflexions 
sur V avenir des missions latines 
d* Orient. — Paris, J. Dumoulin, 
1902, in-8°, 52 pp. 

Recensions : Rev. de l’Or, chrét., 190Î, 
n* 3, p. 508 (P. R.). — Écho* d’Orient , 8» an., 
n* 41 (juil. 1903), p. 280 (Fr. Delmas). 

Finck (Franz Nicolaus). — Des Epi- 
phanios von Ctpern *ExOeocç «puxo- 

xXvjotûv icorcpiacp^wv te xal (AVjTpoicoXi- 
tûv, armenisch und griechisch he- 
rausgegeben. — Marburg i. H., N. 
G. Elwert, 1902, in-12, 120 pp. 

Finck (Franz Nicolaus). — Voy. Klei- 
nere mittelarmenische Texte. 

Finck (Franz Nikolaus). — Voy. Des 
Nilos Doxapatres TiÇiç. 

Fità (Fidel). — Patrologia latina. 
Carta inédita de los reyes D. Al- 
fonso IX de Léon y D. Enrique 1 
de Castilla al papa Innocencio III. 
Rescriptos de Honorio III. Cortès 
de Toro en 1216. 

[. Boletin delà R. Acad, de la his - 
toria, t. XXXIX (1901), pp. 524-590.] 


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584 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


A propos de la trêve de quatre ans imposée, 
en 1215, par le concile de Latran, en vue du 
succès de la cinquième croisade. 

Flament (Pierre). — La France et la 
ligue contre le Turc , 1571-1573. 

[Rev. d’hist. diplom.,16 • an. (1902), 
n° 4, pp. 619-634.] 

Flament (Pierre). — Le journal d'un 
secrétaire d'ambassade à Constanti- 
nople en 1611 . 

[Rev. d'hist. diplom. , 17* an. (1903), 
n° 4, pp. 533-540.] 

Sur le Journal de Louis Denis, qui accom- 
pagna en 1605 à Constantinople Jean de tion- 
taut-Biron, baron de Salignac. Ce Journal no 
comprend que les derniers mois de l’année 1611, 
alors que le titulaire de l'ambassade était Achille 
de Harlay, baron de Sancy. 

Flamion (J.). — Les anciennes listes 
épiscopales des quatre grands sièges 
[Rome, Constantinople , Antioche, 
Jérusalem] . 

[Rev. d'hist. ecclés. [de l’Université 
de Louvain], t. I, 1900. pp. 645-678.] 

Flavius Josephus, Jüdischer Krieg... 
— Cf. Rev. Or. lat., IX, 267. 

Compte rendu : Zeitschr. d. deustchen Pal. 
Vereins, t. XXV (1902), p. 108 (J. Berziuger). 

Fonce (Le P. L.). — üeber Ephesus 
nach der Wohnung Marias auf 
dem Nachtigallenberge. 

[Stimmen aus Maria Laach, t. LI 
(18%), pp. 471-493.] 

Fonce (Le P. L.). — Bas Grab der 
Gottesmutter. 

[Stimmen aus Maria Laach, t. LII 
(1897), pp. 143-156.] 

Fonce (Le P. L.). — Zur neuen Auf- 
lage von Bædekers Palæstina. 

[Stimmen aus Maria Laach, t. LIV 
(1898), pp. 111-114.] 

Fonce (Le P. L.). — Die biblische Lilie. 

[Stimmen aus Maria Laach , 
t. LIV (1898), pp. 151-168. — Tir. à 
part : 1898, in-8% 18 pp.] 


Compte rendu : Écho» ét Orient, 2* an., n* 5 
(avril-mai 1899), p. 252. 

Fonce (Le P. L.). — Sociales aus dem 
heiligen Land. 

[Stimmen aus Maria Laach, t. LV 
(1898), pp. 260-275. - Tir. à part : 
1898, in-8®, 16 pp.] 

Compte rendu : Échos d’Orient , 2* an., n*5 
(avril-mai 1899), pp. 252-253. 

Fræneel (Siegmund). — Bemerkun- 
gen su syrischen Teosten. 

[Zeitschr. d. deutschen Morgenl. 
Qesellsch., t. LVI (1902), pp. 98-100.] 

Notes critiques sur divers testes, entre autres 
la Chronique de Michel le Syrien, éd. Chabot. 

Franche (Paul). — Sainte Hildegarde 
( 1098-1179 ). — Paris, Lecoffre, 1903, 
in-18 Jésus, 216 pp. 

[Fait partie de la collection : Les 
saints.] 

François (Le R. P.). — Les écoles 
d'Orient devant le congrès eucha- 
ristique de Namur. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n°» 23 et 24 (l* r et 15 déc. 1902), 
pp. 353359, 372-375 ; 29® an., t. XX, 
n° 1 (l«r janv. 1903), pp. 4-6.] 

Franeo (Ivan). — Beitrüge aus dem 
Kirchenslavischen su den Apokry- 
phen des Neuen Testamentes. 

[Zeitschr. f. die neutestament- 
liche Wissensch., t. III (1902), 
pp. 315-335.] 

Frères (Les) en Palestine et en Syrie. 
Rapport adressé à la Direction de 
l'Œuvre des Écoles d'Orient , par le 
frère Evagre, visiteur. 

[Œuvre des écoles d'Orient , n* 255 
(mars-avril 1903), pp. 39-43.] 

Frühregen und Spâtregen [in Palàs- 
tina] . 

[Der Bote aus Zion, XIX* an., n° 4 
(nov. 1903), pp. 49-51.] 

Funcre. — Reisebericht. 




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BIBLIOGRAPHIE 


585 


[Die Warte des Tempels, Jahrg. 

58, n® 51 (18 déc. 1908), p.405; Jahrg. 

59, n- 1 et 2 (1« et 8 janv. 1908), 
pp. 3-5, 9-11.] 

Relation d’une tournée de conférences sur la 
Société du Temple et le Sionisme, faites en 
Allemagne. 

Gàbotto (Ferdinando). — L’avveni- 
mento di Qiacomo di Acaia, ftno alla 
pace cogli Angioini (25 settembre 
1334-10 Bettembre 1335) secondo nuovi 
documenti. — Pinerolo, tip. So- 
ciale, 1901, in-8% 22 pp. 

Galants (Luigi). — Contributo allô 
studio delle epistole di Procopio di 
Gaza. 

[Studi italiani di ftlologia clos - 
sica, t. IX (1901), pp. 207-236.] 

Étude de stylistique et classification des 
mss. des lettres de ce sophiste chrétien. 

Galante (Aloysius). — De vitae 
SS. Xenophontis et sociorum in co- 
dicibm florentinis. 

[Anal. Bolland., t. XXII, fasc. 4 
(1903), pp. 377-394.] 

L'auteur décrit trois manuscrits grecs de 
Florence, dont deux (Laurent. XI, 2, et IX, 17) 
contiennent, mais avec de nombreuses et im- 
portantes variantes, le texte de la vie des SS. 
Xénophon et Marie, publiée dans la Patrologie 
latine de Migne, t. CX1V pp. 1014-1044, sous le 
nom de Siméon Métaphraste, et dont le troi- 
sième (Laurent. S. Marci, 6841® fournit un 
abrégé de ce texte, copié en 1385 par un moine 
nommé Barlaam, homme évidemment peu cul- 
tivé, à en juger par l’incorrection de son style. 
Le P. Galante publie cet abrégé en l'accompa- 
gnant d’un texte restitué par lui. — Sur d’au- 
tres écrits relatifs à ces mêmes saints, voy. 
notre ouvrage : Itinera kierosolymitana 
latina , t. Il, fasc. 1, pp. 179-180. 

Gauci (G.). — Délia presa di Malta 
dalla Repüblica francese e délia sus- 
se g uente ribellione dei contadini. — 
Malta, tip. Bussutil, 1899, in-8°. 

Compte rendu : Reo. etor. ital ., t. XVI 
(nouv. sér., t. V), an. 1900, pp. 127-131 (Tor- 
quato Cütüri). 

Gautier (Lucien). — Deux prome- 
nades dans Jérusalem. 

Hiv. di l’Or, latin. T. IX. 


[Au foyer chrétien , 1895, pp. 202- 
224. — Tir. à part : Genève, 1895, in- 
8% 24 pp.] 

Gautier (Lucien). — Un vieux cou- 
vent de Judée [Mar-Saba]. — Avec 
pl. 

[Annuaire des unions chré- 
tiennes de jeunes gens pour la 
Suisse romande , pour 1895 , pp. 22- 
27® — Tir. à part : Lausanne, 1898, 
in-8°, 8 pp.] 

Gautier (Lucien). — Le Carmel. 
Saint- Jean-d* Acre. Sur la côte sy- 
rienne. 

[Le chrétien évangélique , 39* an. 
(1896), pp. 194-209, 250-264, 306-322.] 

Gautier (Lucien). — Souvenirs de 
Terre-Sainte. — Lausanne, Bridel, 
1898, in-8°, 379 pp., illustr. d'après 
des photogr. 

Id® — 2* éd., Lausanne, Bridel, 1898, 
in-8°, 349 pp., flg. et carte. 

Gautier (Lucien). — Le voyage de 
V empereur d? Allemagne à Jérusa- 
lem. 

[Semaine littéraire [de Lausanne], 

1898, pp. 493-497.] 

Gautier (Lucien). — The Weels of 
Beer-Sheba. 

[The Expository Times , 10* an. 
(1998-1899), pp. 328-329.] 

Gautier (Lucien). — Lettres d* Orient : 

I . Impressions du premier jour. — 

II. De Haïfa à Jaffa. — III. Jéru- 
salem. — IV. Au pays d*Éphratm. 

[La liberté chrétienne , 2* an. 
(1899), pp. 122-128, 17&-187, 260-267, 
362-372.] 

Gautier (Lucien). — Carmel. — The 
DeadSea. 

[Encyclopaedia Biblica , a dictio - 
nary of the Bible ; ed. by T.-K. 
Cheyne and J. -S. Black. — Londres, 

1899, vol. I, pp. 704-706, 1042-1047.] 

88 


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586 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Une traduction de l’article The Dead Sea a 
paru dans Autour de la Mer Morte , du même 
auteur (cf. Rev. Or. lat ., VIII, 583). 

Gautier (Lucien). — Aux puits <T Abra- 
ham. 

[Revue chrétienne, 3* sér., t. XI 
(1900), pp. 179-192.] 

Récit d'une excursion à Beer-Sheba, en 
1899. 

Gautier (Lucien). — Le lac de Ti- 
bériade. 

[Le Globe [Genève], t. XLI (juin 
1902), pp. 128 et suiv.] 

Grbhardt (Oscar von). — Voy. Pas - 
sio S. Theclae. 

Gelzer (H.). — Geistliches und Welt- 

liches aus dem türhischen Orient 

- Cf. Rev. Or. lat., VIII, 584; IX, 
268. 

Compte rendu : Orientalitche Litt. Zeitung , 
t. IV, n* 9 (15 sept. 1901), pp. 360-364 (Mar- 
tin HARTMAMf). 

Gelzer (Heinrich). — Der Patriar - 
chat von Achrida . Geschichte und 
Urkunden. 

[Abhandl. der Kônigl. Süchs. Ge- 
sellsch. d. Wissench. Philolog .-his- 
tor. Classe., t. XX, n° v. — Tir. à 
part : Leipzig, B.-G. Teubner, 1902, 
gr. in-8 # , 232 pp.] 

Comptes rendus : Byxant. Zeitschr., t. XI 
(1902), pp. 650-651 (K. Krdmbacher). — Écho» 
£ Orient, 5* an., n* 6 (sept. 1902), pp. 409- 
412 (L. Petit). 

Gelzer (H.). — Geographische und 
onomatologische Bemerkungen zu 
der Liste der V Citer des Konsils von 
381. 

[Byzant. Zeitschr., t. XII (1903), 
pp. 126-130.] 

L’auteur cherche à établir les noms exacts et 
à identifier les sièges d’un certain nombre des 
Pères du concile, dont plusieurs syriens ou pa- 
lestiniens. A cet effet, il compare entre elles 
les leçons fournies par les deux relations la- 
tines du concile (Pritcaei Dionysiana ), et par 
celle qui se trouve dans la Chronique de Mi- 
chel le Syrien (éd. Chabot). 


Genuinae relationes inter sedem apos- 
tolicam et Assyriorum orientalium 
seu Chaldaeorum ecclesiam , nunc 
majori ex parte primum editae, his- 
toricisque adnotationibus illustra- 
tae cura et studio, Rev. abbatis Sa- 
rauelis Giamil, ecclesiae Babylo- 
niensis archidiaconi et patriarchae 
Chaldaeorum procuratoris genera- 
lis. — Romae, E. Loescher, 1902, 
in-8®, xlviii-648 pp. 

Comptes rendus : Rev. crit. fhitt. et de 
litt., 36* an, n* 49 (8 déc. 1902), pp. 441-442 
(J.-B. Chabot). — Revue de l’Orient chrét., 
1902, n* 3, p. 507 (J. Os Laviorherie). 

Géorgiens (Les) de Tiflis. 

[La Terre-Sainte, 28® an., t. XIX, 
n* 16 (15 août 1902), pp. 248-250 et 
1 grav.] 

Georgii Acropoutae opéra ; recensuit 
Aug. Heisenberg. Vol. I. — lieip- 
zig, Teubner, 1903, in-8*, xxiv- 
367 pp. 

Gbppert (Franz). — Die Quellen des 
Kirchenhistorikers Sokrates.... — 
Cf. Rev. Or. lat., VI, 582; VII, 356, 
624. 

Compte rendu : Theol. Literaturxeitung, 
t. XXVII (1902), col. 207-210 (E. Preosch* n). 

Gerland (Ernst). — Kreta . Ein Ueber- 
blick über dieneuerenwissenschaft- 
lichen Arbeiten auf der Insel. 

[N eue Jahrb. f. dasKlass. Alter- 
tum, Gesch. und deutsche Liter., 
I r ® partie, t. IX (1902), n* 10, pp. 726- 
737]. 

Fouilles entreprises par les expéditions an- 
glaise, italienne, vénitienne. Renseignements 
sur la Loggia de Candie, probablement cons- 
truite par Michel Sammicheli, qui habitait 171e 
en 1537-1542. 

Gerland (E.). — Noch einmal der lit - 
terarische Nachlass Cari Hopfs. 

[Byzant. Zeitschr., t. XI, n** 34- 
(oct. 1902), pp. 321-332]. 

Sur le classement des papiers de K. Hopf à 
la Bibliothèque royale de Berlin. 


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BIBLIOGRAPHIE 


587 


Gerland (E.). — Die wissenschaft - 
liche Expédition der Italiener auf 
Kreta. 

[Frankfurter Zeitung , 1902, n® 24 
(24 janv.) Erstes Morgenblatt . — 
Reproduit dans : Deutsche Littera - 
turzeitg ., 14 juin 1902, col. 1518 et 
suiv.] 

Programme d’une mission scientifique pré- 
parée récemment à Venise pour l'étude de l’his- 
toire de la Crète au moyen âge. 

Gerland (E.). — Voy. Neue Quellen. 

Germer-Durand (J.). — Topographie 
de Jérusalem. 

[Échos d’Oricnt, n°» 38-40, 6® an., 
(1903), pp. 5-17, 171-174, 229-230]. 

Indications sommaires sur la topographie de 
la Ville-Sainte dans les phases principales de son 
évolution. Les idées de l’auteur sont sur beau- 
coup de points nouvelles et appelleront sans 
doute la discussion : telle par exemple son opi- 
nion sur l’étendue de Jérusalem au temps de 
Salomon et sur les dimensions de la terrassedu 
Temple restauré par Hérode. 

Germer-Durand (J.). — Bethsoura . 
[Échos d* Orient, 6* an., n® 42, 
(1903), pp. 290-292]. 

L’auteur défend, contre le P. Lagrange, l’iden- 
tification qu’il a proposée de la Bethsoura des 
Macchabées avec la citadelle actuelle de Jéru- 
salem. 

Germer-Durand (J.). — La voie de Jé- 
rusalem à ffesban. Inscription iné- 
dite. 

[Revue augustinienne , t. II (mai 
1903), pp. 432-434]. 

Recension : Écho* «f Orient, 6* an., n* 42 
(sept. 1903), pp. 349-350 (S. Vaiuié). 

Gerola (Giuseppe). — Candia ail * 
epoca Veneziana . 

[La Rassegna intemazionale , 
an. II, vol. VII (1901), col. 329-343] . 

Compte rendu : Nuovo Archivio veneto , 
nouv. sér., an. 11, t. 111, (1902), p. 209 (Gius. 
Dblla Santa). 

Geter (Christian). — Die Pilgerfahrt 
Ludwigs des Jüngeren von Eyb 
nach dem heiligen Lande (1476). — 
Bayreuth, 1902, in-8®, 54 pp. 


Giamil (Samuel). — Documenta rela- 
tionum inter S. Sedem apostolicam 
et Assyriorum orientalium seu 
Chaldaeorum ecclesiam. 

[. Bessarione , t. IX (1900-1901), 
pp. 458-480; et 2* sér., t. I (1901), 
pp. 50-60, 203]. 

Publie des documents latins, parus du 31 oct 
1894 au 16 déc. 1900, et de plus la Relation 
d’un voyage à Rome ducatholicosSulaka(1552. 
1553) ; une lettre du catholicos Abd-lsô r à Pie IV, 
du 7 janv. 1565; une lettre du catholicos 
"h® 4 Grégoire XIII ; un mémoire sur l’état 

de l’église chaldéenne, présenté en 1607 au 
pape Paul V. 

Giamil (Samuel). — Voy. Genuinae 
relationes. 

Gillmann (Franz). — Dos Institut der 
ChorbischÔfe im Orient. Historisch - 
kanonistiche Studie. — München, 
J .-J. Lentner, 1903, in-8®, 136 pp. 

[ Verôffentlichungen aus dem Kir - 
chenhistorischen Seminar Mün- 
chen, IP® Reihe, n® 1], 

Gioacchimo III, patriarca ecumenico. 

[■ Bessarione , 2* sér., t. I (1901). 

pp. 118-121]. 

Girard (Le R. P.), S. J. — Les Nesto - 
riens et la Chine. 

[La Terre-Sainte , 28® an., t. XIX, 
n °* 14, 16, 17, 18 (15 juil., 15 août, 
1** et 15 sept. 1902), pp. 220-223, 252- 
255, 266-268,274-276]. 

Suite de l’article signalé dans laifee. Or. lut . 
Vffl, p. 585. 

Glbnk (Friedr.). — Bericht über dos 
Emte = und Herbstdanhfest in 
Sarona. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 58, 
n® 47 (1902, 20 nov.), pp. 369-371]. 

Glover (Terrot Reaveley). — Life and 
letters... — Cf. Rev. de VOr. lat ., 
IX, 268. 

Comptes rendus : Anal. Bolland ., t. XXI, 
fasc. 3-4 (1902), p. 430. — The American 
Journal of Theology , t. VI (1902), p. 791. 
(B. B. Hulbxrt). — Literar. Centralbl ., t. LUI 


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588 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


(1902), n» 48, col. 1610 (Cari Wsyman). — 
Wocheruchr. f. kl as». Philol., t. XIX (1902), 
n* 32, col. 873-877 (Joh. Toleixhn). — Berlin, 
philol. Wocheruchr ., t. XXII (1902), n» 27, 
col. 845-849 (W. Kroll). — The english hisior. 
Bev., no 67 (juil. 1902), p. 541 (G. Mc. N. 
Rushforth). 

Godefroy (Le Fr.). — Les écoles des 
Frères dans le Levant. 

[La Terre-Sainte , 29* an., t. XX, 
n* 10, pp. 140-143]. 

Gœrres (Franz). — Papst Gregor der 
Grosse und Kaiser Phohas. 

[ Zeitschr . f. t oissensch. Théologie , 
t. XLIV, pp. 592-602]. 

Gœttsberger (J.). — Barhebraeus .... 
— Cf. Rev. Or. lat., VIII, 585. 

Comptes rendus : Literar. Centralbl., t. LII, 
no 34 (24 août 1901), col. 1378-1379 (Ed. K6- 
nig). — Gôtt. Gel. Anxeigen, t. CLXIV (1902), 
pp. 161-168 (Fr.ScncLTHEss). — Rev. dhist. ec- 
dit. [de l’Université de Louvain], t. IV (1903), 
pp. 101-102 (A. Van Hoonackrr). 

Goldziher (I.). — Islamisme et par- 
sisme. 

[Rev. de Vhist. des religions , 
t. XLI1I (1901), n° 1 (janv.-févr.), 
pp. 1-29.] 

Golgatha und dos heilige Grab. 

[Der Bote au s Zion, 18° an., n« 1 
(févr. 1902), pp. 2-9.] 

Goltz (Ed. Freiherr von der). — Rei- 
sebilder aus dem grieschisch-tür- 
kischen Orient. — Halle, Strien, 
1902, in-8«, 156 pp. 

Compte rendu : Theolog. Literaturblatt, 
t. XXIII (1902), no 52, col. 621-623 (G. Wohlen- 
bkrg). 

Golubovich (Hieron.). — Voy. Ichno - 
graphiae ... 

Goodspeed (Edgar J.). — A martyro - 
logical fragment from Jérusalem. 

[The American Journal of Philo- 
logy, t. XXIII (1902), pp. 68-74.] 

Édition, d'après un ms. grec de Jérusalem, 
d’un fragment de martyrologe dans lequel il est 


question d’une persécution exercée par Dioclé 
tien dans la ville d'Aelia. Le morceau est d’ail- 
leurs sans valeur. 

Gottheil (R.). — A Christian Bahira 
legend. 

[Zeitschr. für Assyriol ., t. XIII 
(1898), pp. 189-242; t. XIV (1899), 
pp. 203-268; t. XV (1900), pp. 56-102; 
t. XVII (1903), pp. 125-166.] 

Légende de la rencontre du moine Bahira 
avec Mahomet. R. Gottheil ta publie le texte 
d'après plusieurs manuscrits. 

Goussen (Heinrich). — Martyrius- 
Sahdona*s Lében und Werke. Nach 
einer syrischen Handschrift in 
Strasburg i-E. Ein Beitrag sur Ges- 
chichte des Katholicismus unter den 
Nestorianem. — Leipzig, Harrasso- 
witz, 1897, gr. in-8°, xx-34 pp. 

Compte rendu : Litterar. Centralbl. , 1899, 
n* 35, col. 1187-1188. 

Gràf (G.). — Ein aller Weiheritus 
der morgenlândischen Kirche. 

[Der Katholik , 82 Jahrg. (1902), 
3* Folge, Bd. XXVI, pp. 272-281.] 

Rituel de la consécration de l’évèque, d'après 
un texte arabe publié par le P. CheïVho dans la 
Revue al-Machrik. 

Graeven (Hans). — Zweiundsechzig 
Jahre Byzantinischer Geschichte. 
— Avec gravures. 

[N eue Jahrb. f. das clos s. Alter - 
tum, Gesch . und deutsche Littérature 
Jahrg. III, n- 10 (1900), pp. 692-702.] 

Aperçu rapide des campagnes de Jean Tsimis- 
kès et de Basile II, d'après Y Épopée byzantine , 
tomes I et U, de M. Schlumberger. 

Grand idier. — Voy. Œuvres iné- 
dites. 

Greci uniati (/.). 

[Bessarione, 2® sér., t. II (1901), 
pp. 354-357.] 

Greffin Affagart. — Voy. Voyage 
en Terre Sainte. 

Gregg (A. -J.). — Moriah. — Jerusa- 


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153 pp. 

. Recension : Rev. biblique internat ., XI* an., 
n* 3 (t«* juil. 1902), pp. 485-486. 

Gressmann (Hugo). — Studien zu 
Euseb's Théophanie. — Leipzig, 
J.-C. Hinrichs, 1903, in-8°, xi-154- 
70* pp. 

[ Texte und Untersuchungen, 
N. F., VIII, 3.] 

Grisar (H.), S. J. — Die Palâstinareise 
des sog. Antoninus Martyr. 

[Zeitschr. f. hathol. Théologie , 
XXVI Jahrg. (1902), pp. 760-770. — 
Tir. à part : S. 1. n. d., in-8 # , 12 pp.] 

Notes historiques et philologiques sur divers 
passages de Y Itinéraire ditd’Antonin. La prin- 
cipale de ces notes est relative à l’interprétation 
de la première phrase de l’ouvrage : Praece- 
dente beato Antonino martyre , ex eo quod a 
civitate Placentina egressus sum, in quibue 
locis sum peregrinatu », id est loca sancta. Ce 
début un peu obscur avait été expliqué de di- 
verses manières par les éditeurs de l’Itinéraire : 
suivant Gildemeister, le beatu» Antoninus 
martyr était le principal personnage qui fit le 
pèlerinage avec l’auteur de la relation; sui- 
vant Tobler, Antoninus pouvait être sinon le 
personnage qui a tenu la plume, du moins celui 
qui a dicté le pèlerinage ; enfin Geyer, sans dis- 
cuter à fond la question, admettait qu’ Antoninus 
était bien un compagnon de l'auteur dans son 
voyage. Le P . Grisar rejette toutes ces explica- 
tions, et il pense que les mets praecedente 
beato Antonino martyre doivent s'entendre au 
figuré : Antoninus martyr est simplement le 
compagnon spirituel du voyageur, le protecteur 
sous la sauvegarde duquel celui-ci s’est mis en 
voyage, et on doit sans doute l'identifier avec 
le saint patron de Plaisance, Antonin le martyr, 
qui parait avoir vécu au ui* ou au iv* siècle. 
L’explication serait assez séduisante si, au ch. 34, 
nous ne trouvions de nouveau une mention ap- 
plicable très vraisemblablement à ce même per- 
sonnage, sans que cette fois il puisse y avoir 
de doute sur son existence matérielle : « Qui - 
bus per me centum solidos offerebat iUe chris- 
tianissimus cum quo fui, sed noluerunt acci- 
pere ». Certains mss. donnent même la leçon 
«... ille chistianissimus cum quo fui pater An- 
toninus. » 

Comptes rendus : Ephemerides liturgicae 
(Rome), 1903, pp. 338-348 (Pietro Piacenza). 
— Anal. BoUand ., t. XXII (1903), p. 498 (Jos. 
Van den Ghbtw). 

Guepin (Dom Alphonse). — Un apôtre 
de V union des églises au xvm # siècle. 


589 

... — Cf. Rev. de l’Or, lat ., VI, 583; 
VII, 356. 

; Comptes rendus : Polybiblion , t. XCI, n* 25 
! (mai 1901), pp. 445-446 (P. S. P.). — Stud. u. 
Mittheil. aus d. Bened. u. d. Cistere. Orden , 
XXle an. (1900), pp. 158-159 (D. J. M. Beme). 
— The Dowside Rev., juil. 1899. — Hist. 
Jahrb. d. Gôrres Gesellsch., t. XX (1900), 
p. 510 (P. G. M). 

Guerrieri (Giovanni).— GuaUieri VI 
, di Brienne t duca d’A tene e conte 
» di Lecce. Contrïbuto alla storia del 
feudalismo in Terra d*Otranto. — 
Napoli, Pierro, 1896, in-8°, 74 pp. 

Compte rendu : Riv. stor. ital ., t. XVI 
(nouv. sér., t. III), an. 1898, pp. 49-50 (Fran- 
sesco Caràballesx). 

Guerrieri (F. Feruccio). — Dell * an - 
tico culto di S. Nicola in Bari. 

[Rassegna Pugliese, t. XIX (1902), 
pp. 257-262.] 

M. Guerrieri a trouvé, dans les archives de 
l’abbaye de la Cava, deux diplômes de Nicolas, 
archevêque de Bari (1035-1062), datés de 1036 et 
de 1039, desquels on doit conclure que cet ar- 
chevêque fit construire sur un terrain lui appar- 
tenant et à ses frais deux églises consacrées 
au fameux évêque de Myre, dont les reliques 
devaient être transférées en 1087 à Bari, et qu’il 
introduisit ainsi le culte de S. Nicolas dans sa 
cité épiscopale. 

Guillaume (J.). — Le saint Suaire de 
Besançon. 

[La Révolution française , t. XLIII 
(1902), pp. 1-16.] 

Procès-verbal de l’enquête faite, le 27 ventôse 
an II, sur le prétendu suaire de J.-C. L'enquête 
ayant prouvé que le suaire était de fabrication 
récente, cette fausse relique fut détruite : il 
semble qu’elle ait servi à faire de la charpie. 

Gumplowicz (D p Max). — Lében und 
Schicksale Balduins, Bischofs von 
Kruschvritz.. .. — Cf. Rev. Or. lat. f 
IX, 269. 

Compte rendu : Biblioth. de VÊc. d. 
Chartes , t. LXIV, 3* et 4* livr. (mai-août 1903), 
pp. 405-406 (R. P.). 

Gumplowicz (D p Max). — Die Quellen 
des Balduin Qallus. Eine quellen- 
hritische Studie. 

[Mittheil. d. Instituts fur (Esterr. 


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590 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Oeteh. Fortchung, t. XXIII (1902), 
n* 4, pp. 568-597.] 

Il s’agit ici de la Chronique latine de ce Bau- 
douin que M. Gumplowicz identifie arec Bau- 
douin, oomte de Hainaut, parti avec Godefroi de 
Bouillon pour la croisade (cf. Rev. Or. lot.. 
IX, 169). 

Habib. — Le gouvernement du Liban. 

[La Terre-Sainte , 28® an., t. XIX, 
n*24 (15 déc. 1902), pp. 378-379.] 

Haokett (J.). — A History of the or- 
thodox Church of Cyprus. . . — Lon- 
don, Methuen and C*, 1901 (et non 
1900)... — Cf. Rev. Or. lat. f IX, 269. 

Comptes rendus : Anal. Rolland., t. XXII, 
fasc. 2 (1903), pp. 211-213 (H. Dilua yè). - 

— The American Journal of Thsology VI 
(1902). p. 356 (Hugh M. Scott). 

Hacrspill (L.). — Congrès des Orien- 
talistes. 

[Rev. biblique internat., XII® an., 
n* 1 (janv. 1903), pp. 153-157.] 

Sur les travaux du treizième Congrès des 
orientalistes, tenu à Hambourg en septembre 
1002 . 

Hagenmeybr (H.). — Epistulae et 
chartae... — Cf. Rev. Or. lat ., VIII, 
561. 

Comptes rendus : Bihlioth. de TÉc. des Char- 
tes, "i. LXIII (1902), p. 700 (J. Delà ville Lx 
Roolx). — Rev. crit. d’hist. et de litt., nouv. 
sér., t. LIII, n* 13 (31 mars 1902), pp. 285- 
286 (N. Jorga). — Historisches Jahrb. d. 
Gôrresgesellsch. , t. XXIII (1902), pp. 202- 
203 (G. Schnüaxr). — AUgemeine Litera- 
turbl ., XI (1902), col. 299 (B.). — Byzant. 
Zeitschr ., t. XI (1902), p. 524 (R. Réunion). 

— Rev. histor., t. LXXX11I (1903), pp. 148-150 
(Aug. Molotier). 


Hampe (K.). — Der Kaiser Friedrich 
II. 

[Historische Zeitschr ., N. F., 
t. XLVII, n- 1 (1899), pp. 1-42.] 

Étude du caractère de Frédéric II, sans rien 
de spécial — à part quelques allusions — sur 
son rôle en Orient. 

Hasbloff (Arthur). — Voy. Psalter. 

Hashagkn (Otto). — Otto t ton Frei- 


singen als Oeschichtsphilosoph und 
Kirchenpolitiher . — Leipzig, Teub- 
ner, 1900, in-8*. 

[Leipziger Studien , VI, 2.] 

Compte rendu : Rev. histor., t. f.IXII, n® 2 
(juil.-août 1902), p. 391 (A. Moumn). 

Hradham (A. C.).— The éditions and 
manuscripts of Eusebius , Part I . 

[The Joum. of theological Studies , 
t. IV (1902), pp. 93-102.] 

Heer (J. M.). — Eine übersehene 
Handschrift der Historia Lau- 
siaca. 

[Oriens christ., t. II (1902), n» 2, 
p.437.] 

Sur le nu. Vat. graec. 2081, »!»«■ Basilianus. 

Heilige Feuer (Ras) einst und jetzt. 

[Der Bote aus Zion , 19 Jahrg., 
n* 3 (août 1903), pp. 33-40.] 

Version allemande du récit de l'abbé Daniel, 
précédée et suivie de quelques notes sur la cé- 
rémonie actuelle du Feu sacré dans l'église du 
Saint-Sépulcre. 

Herbette (Maurice). — Une ambas- 
sade turque sous le Directoire. — 
Paris, Perrin, 1902, in-8°, 243 pp. 

Compte rendu : Rev. crit. d’hist. et de litt., 
nouv. sér., t. UV,n* 42 (20 oct. 1902), pp. 315- 
316 (G. PAaisrr). 

Un chapitre de cet ouvrage avait paru précé- 
demment dans la Rev. de Paris (cf. Rev. Or. 
lat., IX, 270). 

Héron de Villbfosse (Antoine). — 
Inscription grecque de Tyr. 

[Bull, de la Soc. nat. des antiq. de 
France , 1901, pp. 228*231.] 

Inscription mentionnant Titus Furius Victo- 
rinus, préfet du prétoire de Mare-Aurèle et de 
Lucius Verus, mort en 167, et un affranchi 
nommé Fortunatus, arc hi tabulaire d'Égypte et 
procurateur des revenus d’Alexandrie. 

Héron de Villbfosse (Antoine). — 
Patère en argent provenant de Sy- 
rie (photogr.). — Sceaux trouvés à 
Tripoli de Syrie (époque romaine]. 
— Candélabres en bronze provenant 
de Syrie. — Équerre en bronze pro- 


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BIBLIOGRAPHIE 


591 


venant de Tyr. — Plomb romain 
trouvé à Beyrouth . 

[Bull, de la Soc. nat. d. antiq . 
de France , 1902, pp. 150-152, 197, 
234, 328, 341.] 

Herbe (P.). — Europdische Politik im 
Cyprischen Krieg , 1570-1573. 1. Teil : 
Vorgeschichte und Vorverhandluw 
gen. — Leipzig, Dioterich, 1902, 
gr. in-8°, xi-165 pp. 

Comptes rendus : The American, histor. 
Rev., roi. VIII, n<> 2 (janvier 1903), pp. 346- 
347 (Sidney B. Fat). — Literar. Centralbl., 
t. LUI, n* 47 (22 dot. 1902), ool. 1559 (B. Ger- 
land). 

Herzl (Theodor). — The Zionist Con- 
gress. 

[The Contemporary Rev., octobre 
1897, pp. 587-600.] 

Hessbling (D. C.). — Byzantium . 
Haarlem, H. D. Tjeenk Willink, 
1902, in-8*, vni-404 pp. 

[Oeestelijke Vooronders, door A. 
Pierson.] 

Étude de la civilisation byzantinq de 325 à 
1453, surtout au point de vue de la littérature 
et de l'art. 

Recension : Byzant. Zeittchr., t. XI (1902), 
p. 646 (K. Krdmbaokr). 

Hessbling (D. C.). — Een protes- 
tantsche Patriarch. 

[Theologisch Tijdskrift , 1902, 
pp. 218-254.] 

A propos du patriarche Cyrille Lukaris (1572- 
1638) et des tentatives d’union entre l'église or- 
thodoxe et les églises réformées. 

Hesychius. — Voy. Scriptores rerum 
Constantinopolitanorum . 

Heurtebize (Dom B.). — Un pèlerin 
manceau en Palestine : Oreffln 
Affagart (1533-1534). 

[Revue histor. et archéol. du 
Maine , t. II (1902), 2 # livr., pp. 93- 
108.] 

Heymann (Richard). — Von Kdnigs- 


berg nach Kairo. Reisebilder. — 
Dresden, C. Reismer, 1897, in-16. 

Le voyageur a parcouru la Palestine. 

Hid (Evangelos). — Étude sur les ori- 
gines des Grecs melchites. Réponse 
au R. P. Lammens , S. J... — Cf. 
Rev. de VOr. lat ., IX, 270. 

Compte rendu : Échos (VOrient, t. V, n° 1 
(oct. 1901), p. 60 (S. Vailhé). A propos de ce 
compte rendu, le P. H. Lammens a adressé 
quelques éclaircissements au P. Vailhé. Ils ont 
paru dans la même revue, 3* an., n* 6 (sept. 
1902), pp. 406-407. 

Hieronymi Ghronicorum codicis Flo - 
riacensis fragmenta Leiden sia, P a - 
risina , Vaticana phototypice édita. 
Praefatus est Ludovicus Traube. 
— Lugduni Batavorum, A. W. Sijt- 
hoff, 1902, in-4°, xxnpp. et 44 pho- 
totypies. 

[Fait partie de la collection : Co - 
dices graeci et latini photographiée 
depicti, duce Scatone de Vries. 
Supplementum 1.] 

Hildegardis causae et curae . Ed. Paul 
Kaiser. — Leipzig, B.-G. Teubner, 
1903, in-8°, v-254 pp. 

[Bibliotheca Teubneriana.] 

Compterendu : Literar. Centralbl., 54 Jahrg., 
n» 40 (3 oct. 1903), col. 1341-1343. 

Les Causae et curae sont un ouvrage de 
médecine. P. Kaiser le publie d'après un ms. 
de Copenhague, du xm* siècle. 

Hilgbnfeld (Adolfus). — Voy. Igna- 
tii Antiocheni . 

Hirschmann (A.). — Gretsers Schrif - 
ten über dos Kreuz . 

[Zeitschr. f. kathol. Theol ., t. XX 
(1896), n<> 2, pp. 256-300.] 

Gretser manquait de critique ; mais les nom- 
breux matériaux réunis par lui sur la Croix, au 
point de vue historique et archéologique, pré- 
serveront son œuvre de l'oubli. 

Histoire de Beyrouth et des Bohtor , 
émirs d'Al-Gharb, par Salih ibn- 
Yahya, publiée et annotée par le 
P. L. Cheikho. S. J., d’après le 
ms. de Paris. — Beyrouth, Impri- 


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592 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


merie catholique, 1902, in-16, 6- 
316 pp. ; avec une carte. — En 
arabe. 

Salih ibn-Yahya vivait au début du xr • siè- 
cle. Son Histoire de Beyrouth , écrite pour les 
émirs d’Al-Gharb dont il descendait lui- même, 
est particulièrement intéressante pour la pé- 
riode médiévale. On y rencontre nombre de 
renseignements sur les croisades et les princi- 
pautés latines de Terre-Sainte. Le ms. arabe 
1670 delà Biblioth. Nationale que reproduit la 
présente édition est autographe. 

Histoire de saint Azasdil . Texte sy- 
riaque inédit avec introduction et 
traduction française , précédée des 
actes grecs de saint Pancrace , pu- 
bliés pour la première fois par Fré- 
déric Màclbr. — Paris, E. Bouil- 
lon, 1902, in-8 # , 38-64 pp. et 2 pho- 
tograv. 

[Biblioth. de l'École des Hautes- 
Études , fasc. 141.] 

A taxait, saint honoré par les monophysites 
syriens, rivait à la fin do m* et au début du 
rv* siècle. 

Compte rendu : Byxant. Zeitschr ., t. XII 
(1903), pp. 608-610 (Th. Nokluub). 

Historia dos martyres de Nagram, 
versao ethiopica , publicada por Fran- 
cisco Maria Esteves Pereira. — 
Lisboa, lmp rensa nacional, 1899, gr. 
in-8®, xviii-198 pp. 

Compte rendu : Litt. Centralbl ., 51 Jahrg. 
n* 34- (85 août 1900), col. 1402-1403. 

Hodgson (F. C.). — The early history 
of Venice , from the foundation to 
the conquest of Constantinople, a. 
D. 1204. — London, G. Allen, 1901, 
in-8®, xx-473 pp. — Carte et plan. 

Comptes rendus : Deutsche Litteraturseitg., 
t. XXIII, n* 21 (24 mai 1902), col. 1323-1325. — 
The Athenaeum , n* 3904 (23 août 1902), 
pp. 241-242. — The American histor. Rev., 
vol. VIII, n» 1 (oct. 1902), pp. 109-110 (Wil- 
liam Roscoa Tua tir). 

Hcbnnicke (Gus ta v). — Studien sur 
Geschichte des Hospitalordens im 
KÔnigreich Jérusalem (1099-1162). 
— * Halle, 1897, 39 pp. 

Hcbnnicke (Gustav). — Der Hospital - 


orden in der sweiten H ai f te des 
12 Jahrhunderts. Der Hospitaldr- 
den im KOnigreich Jérusalem. 

[Zeitschr. f. vois s. Theol., t. XLII 
(1899), pp. 59-106, 400-426.] 

Hoffmann (D.-J.). — Lichtbilder aus 
Palâstina. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
58, n®47 (1902, 20 nov.), pp. 372-374.] 

Sur les établissements des diverses commu- 
nautés chrétiennes en Palestine. 

Holder-Eggbr (O.). — Ueber die verlo- 
rene grôssere Chronik Sicards von 
Cremona. 

[Neues Archiv. d. Gesellsch. f . al- 
téré deutsche Gesch. Kunde , t. XXIX, 
n® l (1903), pp. 177-245.] 

Holtzmann (Oskar). — Neutestament- 
liche Zeitgeschichte. — Freiburg i. 
B. und Leipzig, P. Siebeck, 1895, 
in-8®, vm-260 pp. 

[Grundriss der theolog . Wissens- 
chaften , II*® Reihe, 2*«® Band.] 

Histoire de la Palestine au temps du Nou- 
veau Testament. 

Holzhby (Cari). — Ein altchristliches 
Hospital. 

[Theolog. -praktische Monatschrif 
t. XII (1902), pp. 525-527.] 

Fondation d’un hèpital à Édesse, par S. Rab- 
bulas, évêque de cette ville (412-435). 

Horn (Elzearius). — Voy. Ichnogra- 
phiae. 

Horn (Paul). — Voy. Dibtrich (Karl). 

Houtsma (Th.). — Voy. Recueil de 
textes. 

Huàrt (Cl.). — Épigraphie d'Asie Mi- 
neure. 

[Rev. sémitique , 2® an. (1894), 
pp. 61-75, 120-134, 235-241, 324-332; 
3® an. (1895), pp. 73-85, 174-182, 214- 
218, 334-371.] 

Intéressant pour l’histoire des Seldjoukides 
de Roum au un* siècle. 


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BIBLIOGRAPHIE 


593 


Compte rendu : Joum. asiat., 9* sér., t. VIII 
(1896), pp. 358-360 (E. Drouw). 

Hüeffer (G.)- — Die Schriften des 
heil. Bernard ïïber den Kreuzzug. 

[Akten des fünften Kongresses 
katholischer Gelehrten (Münich, 
Herder, 1901, in -8®, v-517 pp.) Sit- 
zungen.] 

Analyse de ce mémoire. 

Hughes (Ch.). — - Shakespeare'* Eu- 
rope : ünpublished chapters of 
Fynes Morison’s Itinerary, being 
a Survey of the condition of Eu- 
rope at the end of the X VI th . cen - 
tury . With an Introduction and an 
Account of Fynes Morison’s career. 
— London, Sherratt and Hughes, 
1903, in-8 # . 

Comptes rendus : The Athenaeum, n» 3944 
(30 mai 1903), pp. 681-682. — The englith 
histor. Rev., n* 72 (oct. 1903), vol. XVIII, 
pp. 792-793 (C. H. Firtr). — The Edinburgh 
Rev., t. CXCVII, n* 404 (avril 1903), pp. 373- 
394. 

Édition d'une partie des voyages de Mori- 
son restée inédite, avec une notice sur ce 
voyageur qui, vers la fin du xv* siècle, parcou- 
rut entre autres régions la Turquie et les pays 
du Levant. 

Humanitaire (L') projet de Léon XIII. 
Orthodoxes et catholiques. La réu- 
nion des deux églises. 

[La Terre-Sainte, 29® an., t. XX, 
n°* 15, 16, 17, 19, 20 (1 er et 15 août, 
l« p sept., l® r et 15 oct. 1903), pp. 229- 
232, 242-243, 257-260, 296-299, 305- 
309]. 

Reproduction d’articles parus dans Le Phare 
I Alexandrie. 

Humblot (Émile). — Étude sur le Sé- 
pulcre de Joinville (Haute- Marne). 
— Joinville, impr. Rosentiel, 1902, 
pet. in-8° carré, 49 pp.; grav. et 
planches. 

Hume (Martin). — Early Portuguese 
travels in Palestine, Egypt, India. 

[The Athenaeum., n® 3831 (23 mars 
1901), p. 373.] 

M. Hume a acquis un ms. contenant la rela- 


tion d'un voyage fait en 1553-1554 par un Por- 
tugais anonyme, relation intitulée : Brève tra- 
tado e regimento pera toda a pesoa q’ do 
reino de Portugal quiser ir ao sancto sepul- 
ero e terra sancta de JJierusallem. É ver 
tambem o reino do gram Cairo e asi paear a 
Indxa. Aqui achard vias direitas que o autor 
deste tratado pason e viô partindo de Lixboa 
pera o reino de Ingraterra, donde eomença este 
tratado , e pondolhe fim na India net cidade 
de Ormux. Le voyageur, parti de Lisbonne 
par mer, visite successivement Londres, Anvers, 
Bruxelles, Lyon, Marseille ; il s’embarque à 
Gènes, se rend à Venise, puis à Raguse, et de 
là, à travers la Bulgarie et laRoumélie, à Cons- 
tantinople qu'il décrit en grand détail. 11 passe 
ensuite en Asie-Mineure, Syrie, Palestine, vi- 
site Jérusalem et d’autres sanctuaires, séjourne 
six mois en Égypte, puis se rend par mer à 
Jaffa, gagne de là la Mésopotamie, descend le 
Tigre, puis l’Euphrate jusqu’à Bassorah, et ar- 
rive enfin à Ormuz, alors possession portu- 
gaise. — Le ms. possédé par M. Hume est 
presque contemporain du voyage : il porte la 
date 1561. 

Huxley (Henry Minor). — Voy. Sy- 
rian Songs. 

Ibn-Bibi. — Voyez Recueil de textes. 

Ichnographiae locorum et monu - 
mentorum veterum Terrae Sanc - 
tae, accurate delineatae et descrip- 
tae a P. Elzeario Horn, O. M. pro- 
vinciae Tliuringiae (1725-1744), e 
cod. Vaticano lat. n® 9233 excerpsit, 
adnotavit et edidit cum 75 figuris 
et appendice historico ex eodem 
codice P. Hieronymus Golubovich, 
O. M., missionarius apostolicus Ter- 
rae Sanctae. — Romae, typis Sal- 
lustianis, 1902, in-4*, lx-301 pp. 

Comptes rendus : Pal. Explor. Fund. Quar - 
terly statement, avril 1903, pp. 183-184. — 
Rev. bibl. internat ., xn* an. (1903), n* 3, 
pp. 451-453 (H. ViKCMrr). — Riblioth. de VÊc. 
des Chartes , t. LXIV, 3* et 4* livr. (mai-août 
1903), pp. 338-339 (André Lssort). — Anal. 
Rolland., t. XXII, n* 4 (1903), pp. 479-460. — 
Bysant. Zeitschr., t. XII (1903), pp. 425-426 
(J. Strzygowski). — Oriens christ., t. II (1902), 
n° 2, pp. 474-477 (Ant. Baumstark). — Mit- 
theilungen und Nachrichten des deutschen 
Paldstina Vereins , 1903, n # 1, pp. 10-11. — 
Nuovo archivio Veneto, N. S. an. Il, t. IV, 
2 e partie (1002), pp. 292-293 (G. Occiom 
Boiurrom). 

iGNATn Antiocheni et Polycarri 


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594 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


Smyrnaei Epistulae et Martyria, 
Edidit et adnotationibus instruzit 
Adolfus Hilgrnfeld. — Berlin, 
Schwetschke u. Sohn, 1902, in-8 e , 
xxiv-384 pp. 

Comptes rendus : Literarisches Centrant ., 
t. LUI (1902), col. 1257-1259 (G. KrÜger). — 
Deutsche Literaturxeitg . , t. XXIII (1902), 
n# 42, col. 2040-2642 (Ad. Jüucher). — Wo- 
cheneehr, f. Klass . Philol ., t. XIX (1902), 
n# 51, col. 1388-1396 (J. Orekii). — Zeitschr . 
f. wiss. Theol., I. XLV (1902), pp. 573-580 
(Ad- HiLCEifrtLD). — Byxant. Zeitschr., XII, 
(1903), p. 372 (C. Weymah). — Anal. Bolland., 
t. XXII (1903), fuc. 3, pp. 335-336. 

Illéssy (J.). — V ordre Teutonique 
en Hongrie. 

[Szdzadoc (Les Siècles ), mars 1902] . 

Impressions et souvenirs. Deux sœurs 
jumelles en voyage. M. M. P. V. — 
Lille et Paris, Soc. de saint Augus- 
tin, 1897, in-8°, 259 pp. ; avec 20 grav. 
Voyage en Terre Sainte, en 1895. 

Ingold (A.-M.). — Voy. Œuvres iné- 
dites de Grandidibr. 

Itinéraire de Jérôme Maurand d'An- 
tibes à Constantinople (1544), texte 
italien publié pour la première fois 
avec une introduction, une traduc- 
tion et des notes par Léon Dorez. 
— Paris, Ern. Leroux, 1901, lvii- 
378 pp. et 20 pi. 

Jérôme Maurand, désireux de voir Ste So- 
phie et les autres curiosités de Constantinople, 
se proposa comme aumônier au capitaine Polin, 
envoyé par François I", en 1514, auprès du 
sultan Soliman II, sur la flotte de Barberousse. 
La relation de Maurand donne de nombreux dé- 
tails touchant les dévastations de Barberousse 
sur les côtes italiennes. On y trouve des descrip- 
tions intéressantes des tles grecques et de 
Constantinople. 

Comptes rendus : Rev. des it. anciennes , 
t. IV (1902). pp. 160-164 (P. Perdrizet). - Cf. 
Acad, des Inscr. et B. Lettres. Comptes ren- 
dus des séances de Vannée , 1899, 6 avril, 
pp. 213-214. 

Jacob (B.). — Das hébrâische Sprach- 
gut im Christlich-Palâstinischen. 

[Zeitschr. f . d. altestam. Wis- 
sensch ., t. XXII (1902), pp. 83-113]. 


Jaôob (Eugen). — Johannes von Ca- 
pistrano. I Teil : Das Leben und 
Wirken Capistrans. — Breslau, 
M. Woywod, 1903, in-12, 214 pp. 

Jacobs (Emil). — Cristoforo Buondel- 
monti. Ein Beitrag zur Kenntnis 
seines Lébens und seiner Schriften. 

[Beitrâge zur Bücherkunde und 
Philologie August Wilmanns zum 
25 Mârz 1903 (Leipzig, O. Harras- 
sowitz, 1903, in-8*), pp. 313-340]. 

Jaques (John). — Voy. Schnkixer 
(L.-L.). 

Jaussen (Fr. Antonin). — Les tribus 
arabes à Vest du Jourdain (suite). 

[Rev. biblique internat ., XI» an., 
n° 3 (1« juil. 1902), pp. 419-425; 
XII e an., n* 1 (l» janv. 1903), pp. 93- 
99]. 

Sur le début de cet article, voy. Rev. Or. 
lat. t IX, 272. 

Jaussen (Fr. Ant.) et Savignac (P. 
Raph.). — Nouvelles inscriptions 
nabatèennes de Pétra. 

[Rev. biblique internat. , XI e an., 
n- 4 (1" oct. 1902), pp. 580-590]. 

Jaussen (Fr. Antonin). — Voyage au 
Sinaï. 

[Rev. biblique , XII* an., n° 1 
(l* p janv. 1903), pp. 100-114]. 

L’auteur décrit seulement une partie de I'iü- 
néraire suivi par lui au retour, soit la route 
d’Aqabah à Ma'ân. 

Jaussen (Fr. Antonin). — ChCàirah. 
[Rev. biblique internat ., XII e an., 
n° 1 (1 er janv. 1903), pp. 114-120]. 

On avait vainement jusqu'ici cherché le châ- 
teau d'Ou'aïrah, mentionnné par les historiens 
arabes comme ayant appartenu aux croisés. Le 
P. Jaussen l’a retrouvé non loin delà source 
de l'ouàdy Mousa, près de Petra. On doit sans 
doute l’identiGer avec le château désigné par 
Guillaume de Tyr sous l’appellation li Vaux 
Moïse. 

Jaussen (Le P. Ant.). — Coutumes 
arabes. 


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BIBLIOGRAPHIE 


595 


[Rev. bibl. internat., XII 9 an., 
n* 2 (avril 1903), pp. 244-266.] 

Suite de l’article signalé dans Rev. Or. lot ., 
t. IX (1902), p. 272 : Enfants. Remèdes. Mort. 
La Otfah et le Merkab (sortes de palanquins 
qui se placent sur le dos des chameaux). Quel- 
ques usages relatifs à la paix et à la justice. Du 
Rahil (changement de campement). Le Prin- 
temps. Propriété chez les Arabes. Jugements. 
Culte des ancêtres. 

Jbgkrlehnbr (J.). — Der Auf stand 
der Kandiotischen Ritterschaft , 
1363-1365. 

[. Byzant . Zeitschr., t. XII (1903),. 
pp. 78-125.1 

Décrit, d’après des documents des Archives 
de Venise, les causes et les principaux incidents 
de l'insurTection crétoise et les mesures prises 
par Venise pour en prévenir le retour. 

En appendice, sont publiées des pièces justifi- 
catives tirées des Quatemi bannorum et du 
Liber secretorum CoUegii. 

Jérusalem , ein rômischer Mosaihfuss- 
boden . 

[Lie Umschau , t. V (1901), pp. 996 
et suiv., et 1 pl.] 

Jérusalem et la Palestine.— Bruxelles, 
A. Vromant, s. d., 1899, grand in-4°, 
viii- 256 pp. et nombreuses photogr. 

[Les Voyages artistiques.] 

Jérusalem und Cüsarea. 

[Die Warte des Tempels, Jabrg. 58, 
n 91 27 et 28 (3 et 10 juillet 1902), 
pp. 214-215, 221-223.] 

Contrastes et rivalités entre Jérusalem et Cé- 
sarée dans leur histoire, leur situation géogra- 
phique, etc. 

Jérusalem undSindipilger aus Zurich 
im 15 Jahrhundert : Der Prediger - 
mônch Félix Schmid (FFF. Frater 
Félix Fabri). — Zurich, Buchdrucke- 
rei Berichthaus, 1899, in-4 9 , 61 pp. 

[Neuj dhrsblatt auf das Jahr 1899. 
Zum Besten des Waisenhauses in 
Zurich von einer Gesellschaft her- 
ausgegeben ; LXII 1 » Stück. Als 
Fortsetzung der Neujahrsblàtter der 
Chorherrenstube, n° 121.] 

Biographie de Félix Fabri et résumé de ses 
Pèlerinages. 


Joachim III (Mgr) et le nouveau 
métropolitain orthodoxe d* Athènes. 

[La Terre-Sainte , 29* an., t. XX, 
n* 2 (15 janv. 1903), pp. 17-19.] 

Joannis (Joseph de). — Le saint 
Suaire de Turin. 

[Études. Rev. fondée , en 1856, par 
des PP. de la Comp. de Jésus, 
t.XCII (juil.-sept. 1902), pp. 433*457).] 

Examen du livre de M. Vignon, plutôt favo- 
rable aux conclusions de ce Uvre. 

Joannis (Joseph de). — Observations 
sur la réponse deM.de Mély [tou- 
chant le S. Suaire de Turin]. 

[Études. Rev. fondée par des PP. 
de la Comp. de Jésus t. XCIII 
(oct.-déc. 1902), pp. 92-98.] 

Cf. ci-dessous sub v. Mély (F. de). 

Johnstonb (P. de Sacy). — Muham- 
mad and his Power. — New-York, 
Scribner, 1901, in-12, xvm-238 pp. 

[Fait partie de la collection : 
World* s epoch-makers.] 

Jorga (N.). — Notes et extraits pour 
servir à Vhistoire des croisades au 
xv 9 siècle. Troisième série [en réa- 
lité, t. I, deuxième série]. — Paris, 
E. Leroux, 1902, in-8®, 395 pp. in-8 9 . 

Réunion d'articles publiés dans les t. Vl-VIIl 
de la Revue de l’Orient latin , augmentée d’une 
Table de» noms et de » matière» contenus dans 
les deux séries du tome 1. — M. Jorga, dans une 
note de la p. 395, informe le lecteur que, posté- 
rieurement à la publication de ses Note» et ex- 
trait *, quelques-uns des actes qui y sont ana- 
lysés ont été publiés in exteneo dans le t. 11 
du Diplomatarium veneto levantinum de Pre- 
delli, et par M. Emilio Marengo, dans un mé- 
moire sur les relations de la République de 
Gènes avec Tuais (Atti délia Soc. ligure di 
storia patria, t. XXXII, an. 1901 ; cf. Rev. Or. 
lat ., IX, 278). 

Comptes rendus : Rev. hi»tor., t. LXXXI, 
n° 2 (mars-avril 1903), pp. 312-313 (A. Mou- 
jtier). — Écho» d’Orient , n* 41 (6« an . , juil. 
1903), pp. 284-285 (S. Vaiuit). 

Joumey (The) of William of Rubruck. 
in the eastem parts of the world, 
1253-1255, as narrated by himself ; 
translated by William Woodville 


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596 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Rockhill. — London, issued by the 
Hakluyt Soc., 1900, in-8% lyi- 304 pp. 

Version anglaise de la relation de voyage de 
Guillaume de Rubruk, d'après l'édition de Fran- 
cisque Michel et Wright, et de celle de Jean 
du Plan Carpin d'après l'édition d'Avexac ; 
accompagnée d’une introduction traitant des 
relations des Mongols avec l'Occident et de no- 
tices sur les auteurs du moyen âge qui four- 
nissent des renseignements à ce sujet. 

Compte rendu : Rev. crit. d’hist. et delitt ., 
nouv. sér., t. LIV, n* 2S (14 juil. t902), pp. 22- 
23 (L. Ftfcn). 

Jubilé (Le) de Léon XIII et l'Orient. 

[La Terre-Sainte, 29* an., t. XX, 
n» 7 (1« avril 1903), pp. 97-101.] 

Célébration du jubilé à Constantinople. 

Judeich (Walther). — Bericht über 
eine Reise im nordwestlichen Klein- 
asien . 

[Sitsungsber. d. K. Preuss. Akad. 
d. Wissensch. su Berlin , 1898, 
pp. 531-555.] 

Notes sur un voyage accompli, en 1891, de 
Tchanak-Kalessi à Pergame et à Brousse. 

Jüdischer ( Ein ) Bericht aus der 
Kreus fahrerzeit über Jérusalem . 

[Der Bote aus Zion , 19 Jahrg., 
n° 3 (août 1903), pp. 40-45.] 

Version allemande de la description de Jéru- 
salem par Benjamin de Tudèle. 

Kàfri. — Histoire du monastère de 
Qoshaja. 

[Al-Machriq, t. IV (1901), pp. 872- 
877.] 

Kaiser (Paul). — Voy. Hildeoardis 
Causas et Cureté . 

KANAHAÛPOE (T. X.). — *H Avifivi- 
t 9 d v a. — Athènes, 1897, in-8°, 96 pp. 

Histoire de celte petite localité, d'origine 
slave, située en Arcadie. 

Recensions : Byzant. Zeitschr., XI (1902), 
p. 648 (A. HfeisfeïTBÈRc). — Orient christianus, 
11 (1902), p. 487. 

KANAHAOPOX (T. X.). — *l<JTop(« 
rop tüv ( aç . — • Patras, 1899, in-8*, 
346 pp. 


Histoire de Gortynia (la Caritena médiévale), 
en Arcadie, depuis les temps mythiques jusqu'à 
l’époque actuelle. 

Recension : Byzant. Zeitschr ., t. XI (1902), 
pp. 647-648. 

Karàcson (J.). — Le passage de l'ar- 
mée turque à travers la Transylva- 
nie , en 1661 . 

[Szdzadok (les Siècles ), décembre 
1902.] 

Résumé fait d'après un ouvrage de l'historien 
turc Bvlia Cselebi (ivii« siècle), récemment dé- 
couvert. Une édition de cet ouvrage, très im- 
portant pour l’histoire des guerres des Turcs 
en Hongrie, vient d’être entreprise par Ahmed 
Osevdet, avec le concours de l'Académie hon- 
groise. 

Kateb (Alexis). — Petit livre d'or des 
membres de la congrégation des 
Basiliens chouérites , sacrés évêques 
et archevêques , ainsi que des prê- 
tres ou simples moines devenus 
saints et martyrs depuis 1697 jus- 
qu'à nos jours. Appel international 
à la charité chrétienne en faveur de 
l'œuvre humanitaire , civilisatrice 
et catholiqne des missions basi - 
tiennes chouérites. — S. 1. n. d. 
[Paris, 1900], in-8°, 64 pp. 

Compte rendu : Échos d'Orient , n* 38, 
6* an., janv. 1903, pp. 95-96. 

Kateb (Alexis). — S. B. Maximos IV 
Mazloum , patriarche d'Antioche , 
d'Alexandrie , de Jérusalem et de 
tout l'Orient. Sa vie , ses œuvres. — 
Rome, 1902, pet. in-12, 27 pp. 

Compte rendu : ibid. 

Krppler (D p Paul Wilhelm von), Bis- 
chof von Rottenburg. — Wander - 
fahrten und Wallfahrten im Orient. 
— 4 l ° Aufl. — Freiburg i. B., Herder, 
1902, gr. in-8®, vm-537 pp.; avec 
145 gravures dans le text e et 3 cartes. 

Compte rendu : Zeitschr. d. deutschen 
Paldst. Vereins , t. XXVI (1903), n“ 1-2, 
pp. 93-96 (Cari. Mommert). — La première édi- 
tion de l'ouvrage avait paru en 1894 (cf. Rev. 
de VOr. lat., IV, 449). 

Kifa. — Lettres de Syrie. Le gouver- 
neur du Liban . 


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BIBLIOGRAPHIE 


597 


[La Terre-Sainte , 29* an., t. XX, 
n° 5 (I er mars 1903), pp. 78-79.] 

Sur MouxalTer pacha et les premiers actes de 
son administration. 

Kleffnkr (Ant. Ign.). — Synesius von 
Cyrene , der Philosoph und Dichter , 
und sein angeblicher Vorbehalt bei 
seiner Wahl und Weihe zum Bis - 
chof von Ptolémaïs. — Paderborn, 
Bonifaciusdruckerei, 1901, in-8°, 

87 pp. 

Recension : Bysant. Zeitschr ., t. XI (1902), 
p. 621 (C. W b yuan). 

Kleinere mittelarmenische Texte. 
Herausg., mit Einleitung und Glos- 
sen versehen von Franz Nicolaus 
Finck. 

[Zeitschr. f. armenische Philolo- 
gie , 1. 1 (1901-1902), pp. 1-32, 97-120.] 

L’auteur publie, entre autres textes, d’après 
un ms. d'Etschmiadzin, une généalogie des rois 
de Jérusalem et de Chypre et des princes d’An- 
tioche, un extrait de la Chronique de Michel le 
Grand, et divers morceaux relatifs aux consti- 
tutions patriarcales et aux sept conciles œcu- 
méniques. 

Klostermann (Erich). — Eusebius" 

Schrift Ilcpl XWV XOXIXÛV ôvo (JLOtTtOV TÛV 

Iv t$ 0e ypa<p$. — Leipzig, Hin- 
richs, 1902, in-8 # , 28 pp. 

[Texte und üntersuchungen, 
Nouv. sér., VIII, 2*>.] 

Recension : Bysant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
pp. 378-379 (C. WtYMAw). 

Koch (P.). — Die byzantinischen 
Beamtentitel von 400 bis 700. — 
Iena, G. Neuenhahn, 1903, in-8°, 
127 pp. 

Compte rendu : Échos d’Orient, 6* an., n* 42 
(sept. 1903), pp. 343-344 (S. Vailhé). 

Kœrner (K.). — Die Templerregel aus 
dem Altfranzôsischen übersetzt 
und mit erlûutemden Anmerkun - 
gen versehen. — Iena, P. Doeberei- 
ner, 1902, in-8°, vn-198-xx pp. 

KoiKYLlDBS (Cléophas). — *H xaxà Tfy 
îptijxov xf,<; drylaç tou 0sou *f\|AÛv icoXtuç 


Xaupx 0io8oatou tou Koivo6iip£Ou . — 
Jérusalem, typogr. du Saint-Sé- 
pulcre, 1901, pet. in-8°, Xç-216 pp. 

Compte rendu : Échos d* Orient, fi« an., 
mars 1903, pp. 150-151 (S. Vailhé). 

KoirylidèS (Cléophas). — KaTâXoyoç 
dpa6ixûv ^eipoYpdocov t?[ç 'lepoooXupii- 
tix^ç pipXiottyxTy;. — Jérusalem, Im- 
prim. du Patriarcat grec, 1901, in-8 # , 

168 pp. 

Koikylidbs (Cléophas). — Ai icopà t6v 
7Qp8divr 1 v Aaupai KaXapûvoc xal tou 
&flo u repaotpLÔu * xal oc pioi tou iy(ou 
TepaoipLOu xal KupiaxouTOu iva^wp^TOu. 
— Jérusalem, typogr. du Saint-Sé- 
pulcre, 1902, pet. in-8 # , ji8'-108 pp. 

Compte rendu : Échos cC Orient, 6* an. 
(juil. 1903), p. 282 (S. Vailhé). 

Kolonisatorische [Die] Thùtigkeit der 
Tempelgesellschaft. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
58, n« 34 (21 August 1902), pp. 265- 
267.] 

Konstantinidès (Michel). — 'H v^aoç 

Exupoç, laxopcxôv Soxi'tuov dtotô tûv 
apyacoxixwv ypdvu>v pipyc tûv xa8’ 
•îlpLflt;. — Athènes, 1901, in-8°, 190 pp. 

Recension : Bysant. Zeitschr ., XI (1902), 
p. 648 (Aug. Hbibbitbbrg ). 

Konstantinopel unter Sultan Sulev- 
man dem Grossen, aufgenommen 
im Jahre 1559 durch Melchior Lo- 
richs aus Flensburg, nach der 
Handzeichnung des Künstlers in der 
Universitftts-Bibliothek zu Leiden 
mit anderen alten Pl&nen herausge- 
geben und erl&utert von Eugen 
Obbrhummer. — Munich et Berlin, 
R. Oldenburg, 1903,in-fol., x-24pp. 
de texte, avec 17 gravures dans le 
texte et 22 pl. en photogravure. 

Tiré à 300 exemplaires dont 50 avec planches 
coloriées & la main. 

Compte rendu : Bysant , Zeitschr., XII 
(1903), pp. 340-343 (Th. Prbcbr). 

Konstantopoulos (Ernest F.). — Bu- 


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598 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


ÇocvTiaxà ji.oXu6W6ouXAa fv rtvtxw 
vo{U9(i.aTixÿ jioufff £cj> ’ABtivûv. 

[Joum. internai . d'archêol. nu- 
mismate t. Y (1902), pp. 149-164.] 

Krascheninnikov (Michael). — Voy. 
Procopii CaesarienBis Anecdote. 

Krauss (S.). — Antioche. 

[Rev. des Études juives , t. XLV 
(1902), pp. 27-49.] 

Sur les traditions juives se rapportant à An- 
tioche depuis la fondation de la ville par Séleu- 
cus I» r Nicator jusqu'au xui» siècle ap. J.-C. 

Krumbachxr (K.). — Ein dialogischer 
Threnos auf dm Fall von Konstan- 
tinopel ... — Cf. Rev. Or. lat. 9 IX, 
274. 

Comptes rendus : Écho» eTOrient, t. V, n® 5 
(juin 1901), pp. 318-319 (S. PéthioIs). — 
Wochenschr. f. klau. Philol., t. XVIU(i901), 
n« 49-50, col. 1345 (0. Wàbtenbkrg). — 
Deutsche Litteratvrseitg . , t. XXIII (1902), 
n # 1, col. 21 (K. Præcbtzr). — Berl. philol. 
Wochenschr., t. XXII (1902), n* 11, col. 325- 
328 (Th.pRKGBR). —Neue philol. Rundschau , 
1902, n® 5, p. 104 (Ostsr). 

Kubitschbk (Wilh.). — Der Rück- 
gang des Lateinischen im Orient. 

[Wiener studien , t. XXIV (1902), 
pp. 572-581.] 

Sur les tentatives de latinisation de la par- 
tie orientale de l'Empire par les empereurs 
romains. 

Kubitschbk (W.). — Nochmals die 
Aéra von Eleutheropolis. 

[Jahreshefte des oesterreich. ar- 
chaeol. Instituts , t. VI, n* 1 (1903), 
P- 91.] 

Le P. Vincent, dans un article de la Rev. 
biblique (XI, 438), avait fait partir cette dre de 
l’an 200-201 avant J.-C. — KubiUchek combat 
cette opinion : selon lui le point de départ doit 
être placé quinze ans ou un multiple de quinze 
ans avant ou plutôt après l’an 4 de J.-C. 
Peut-être doit-il être précisément assigné à 
l’an 4. 

Kugknbr (M . A). — Saint Jérôme et la 
Vie de Paul de Thèbes . 

[Byzant. Zeitschr., t. XI, n #B 3-4 
(oct. 1902), pp. 512-517.] 


S. Jérôme qui, dans la Vie de Paul de Thèbes, 
a imité à maintes reprises la Vie de S. Antoine 
par S. Athanase, a eu entre les mains non le 
teste grec de cette vie, mais la version latine 
d’Evagrius. 

Kugknbr (M.-A . ). — Voy. Comment le 
corps de Jacques Baradée. 

Ktriakos (A. Diomedes). — Dos Sys- 
tem der autohephalen , selbstândigen 
orthodoxen Kirchen. 

[Rev. internat, de théol ., t. X 
(1908), pp. 99-115; 273-286.} 

Sur les églises autoeéphales orientales. 

Ktriakos (A. Diomedes). — Oeschichte 
der orientalischen Kirchen von 
1453 bis 1898. Autorisierte Ueberset- 
znng nebst einem Vorworte von 
Erwin Rausch. — Leipzig, A. Dei- 
chert Nachf. (Georg. Bôhme), 1902, 
in-8% x-280 pp. 

Traduction faite sur la 2« éd. de l'œuvre de 
Kyriakos, parue en 1898. 

Comptes rendus : Rev. internat, de théol., 
t. X (1902), pp. 748-750 (B. Mkjhato). — 
Deutsche Literaturseitg t. XXIll, n® 44 
(1®* nov. 1902), col. 2769-2771 (N. Boirwaiscn). 

Labourt (Jérôme). — Le christia- 
nisme dans V empire des Perses. 

[Rev. ffhist. et de litt. religieuses , 
t. VII (1902), pp. 97-120, 193-206.] 

Esquisse d’une histoire de l’Eglise orientale, 
jusqu’à la conquête musulmane. 

Lambros (Spyridon P.). — Voy. Ecthe - 
sis Çhronica. 

Lammens (Le P. H.), S. J. — Les ma- 
nuscrits syriaques du désert de 
Nitrie et la littérature chrétienne 
syriaque. 

[Études. Revue fondée par des 
PP. de la Comp. de Jésus , 32* an., 
t. LXIV (janv.-avril 1895), pp. 286- 
320.] 

Lammbn8 (H.). — Notes archéologiques 
sur le Liban. 

[Al-Machriq y t. IV (1901), pp. 645 
et suiv., 728 et suiv., 904 et auiv.] 


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BIBLIOGRAPHIE 


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Lammens (H.). — Le pays des Nosdi - 
ris. Itinéraire et notes archéolo- 
giques. — Avec planches. 

[Le Musée belge , t. IV (1900), 
pp. 278-310 -et 6 feuillets non pagi- 
nés, contenant des fac-similés.] 

Lammens (H.). — Notes épigraphiques 
et topographiques sur VEmèsène. 

[Le Musée belge , t. V (1901), n» 3, 
pp. 253-292 ; t. VI (1902), n® l,pp.30- 

57. — Tir. a part : Louvain, in-8°, 
72 pp.] 

A propos d’une inscription de Homs, relevée 
dans le travail du P. Lammens, voy. Séb. Ron- 
sevalle, Interprétation d’un bœ-relief de 
Borne (Rev. archéol ., t. XL. janv.-juin 1902, 
pp. 987-391). 

Lammens (Henri). — Le chemin de 
fer de Bagdad. La nouvelle route 
des Indes. — Avec 2 cartes. 

[Études. Rev. fondée par des PP. 
de la Comp. de Jésus , t. XCI (1902), 
pp. 577-597, 743-761.] 

Lamy (Th. J.). - Voy. Sancti 

Ephraem Syri. 

Lange (Fr.). — Ein Ausftug des Hai- 
faner Jünglingsvereins. 

[Die Warte des Tempels, Jahrg. 

58, n oa 29 et 30 (17 et 24 juil. 1902), 
pp. 227-228, 238-240.] 

Par Rama, Safed, le lac Merom, Tibériade, 
les plaines de Turan et de Battof, Bir el-Be- 
dauwe et Schefa-Amr. Détails géographiques, 
archéologiques, ethnographiques. 

La Roncière (Ch. de). — Le quatrième 
centenaire de l’expédition de Mity- 
lène. 

[Le Correspondant , 73* an. (25 nov. 
1901), pp. 711-717.] 

A propos de l’expédition récente de la flotte 
française contre Mityldne, l’auteur raconte une 
expédition faite de concert parles Vénitiens et 
les Français contre cette même lie, en 1501. 

Lauriotis (Alex.). — TicdiiwifAa ictpl 

Tftf «up€<jeo>; toû Tt filou araupou xal twv 
f,Xwv. 

[’ExxXviaioKmxlï ’AX^flita, t. XX 
(1900), pp. 479-482, 494-495.] 


Cette pièce, publiée d'après un ms. du Mont- 
Athos, contient un récit de la vision de Cons- 
tantin, un récit de l'invention de la Croix et un 
récit de l'invention des saints Clous par 
S“ Hélène. 

Lavoix (Henri). — Catalogue des mon- 
naies musulmanes de la Bibliothè- 
que nationale. Égypte et Syrie. — 
Paris, 1896, gr. in-8®, ix-562 pp. et 
X pi. 

Compte rendu : Rev. belge de numietnat., 
53* an. (1897), 3- livr., p. 376 (A. de Wïtt«.) 

Lebedbv (A.). — Esquisse de l’histoire 
intérieure de V église byzantine 
orientale aux ix«, x® et xi® siècles. — 
2 e éd. — Moscou, 1901, in-8®, 381 pp. 
— En russe. 

Lebedev (A.). — Esquisse historique 
de la situation de V église byzantine 
orientale , de la fin duxi* siècle jus- 
qu’au milieu du xv e . — 2* édition. 
— Moscou, 1902, in-8°, 489 pp. — 
En russe. 

Le Camus (L’abbé). — Noyage aux 
sept églises de l’Apocalypse.... — 
Cf. Rev. de l’Or, lat., V, 275. 

L'ouvrage signalé sous ce titre avait été pu- 
blié en partie dans le Tour du Monde , nouv. 
sér., 1" an. (1895), pp. 249-252, 261-264, 273- 
276, 285-288, 321-324, 333-336, 345-348, 356- 
360, 369-372, 380-384, 392-404. 

Lecomte du Nouy (O.). —Voy. Clbr- 
mont-G anneau (Ch.), Archaeological 
Researches. 

Leeper (J.). — The upper Jordan. — 
Avec des photogravures. 

[The Biblical World , févr. 1901.] 

Lbfaivrb (Albert). — Les Magyars 
pendant la domination ottomane en 
Hongrie (1526-1722). — Paris, Li- 
brairie académ. Perrin et C l ®, 1902, 
2 vol. in-8% 443 et 460 pp. 

Comptes rendus : Rev. histor ., t. LXXX1I 
(1903), pp. 369-375 (I.Koirr). — Rev. de» que»t. 
hittor., nouv. sér. t. XXVIU (oct. 1902), 
pp. 680-681 (A. d’Avril). — BuU. critique, 
2« sér., t. VUl (5 déc. 1902), pp. 667-670 


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600 


REVUB DE L’ORIENT LATIN 


(R. Gütot). — Sxdsadok (Les Siècle»), sept. 
1902. — Rev. crit. d’hi»t. et de htt ., n. série, 
t. UV, n* 45 (10 nov. 1902), pp. 377-380 
(N. Jorca). 

Lb Grand (Léon). — Voy. Statuts. 

Lkmann (Le chanoine Augustin). — 
L'avenir de Jérusalem . Espérances 
et chimères . Réponse aux congrès 
sionistes. — Paris, Ch. Poussielgne ; 
Tours, imprim. Marne, 1901, in-16, 
vm-356 pp. 

Compte rendu : L'Université catholique , 
t. XXXVII (mai-août 1901), pp. 479-480. 

Lenail (Pierre). — Silhouettes d'outre- 
mer. — Lyon, E. Vitte, 1898, in-8°, 
133 pp. ; avec photogr. 

Voyage en Sicile, Palestine, Égypte, Malte. 

Léon XIII et VOrient. 

[La Terre-Sainte, 29* an., t. XX, 
n- 15, 18, 19 (l" août, 15 sept., 
1« oct. 1903), pp. 226-229, 273-277, 
292-296.] 

Analyses et extraits de bulles et lettres de 
Léon XIII relatifs à l'Orient et en particulier à 
la question de l'union des Églises. 

Lb Strange (Guy). — Baghdad during 
the Abbassid caliphate... — Oxford, 
Clarendon Press (London, Henry 
Frowde), 1900, in-8% xxxi-38Lpp. 
et 8 pl. — Cf. Rev. Or. lat., IX, 276. 

Compte rendu : Deutsche Litt. Zeitg ., 
22* an., n # 12(23 mars 1902), col. 746-748 (I. 
Goldzihkr). 

Lettre de Constantinople. Démission 
de Mgr Ephrem Rahmani. Encore 
V encyclique du Phanar. La Russie 
panslaviste et le Phanar grec. 

[La Terre- Sainte, 28 e an., t. XIX, 
n 08 22 et 23 (15 nov. et l tr déc. 1902), 
pp. 337-338, 356-359.] 

Lettres de Melelius Pbgas — Cf. 

Rev. de l'Or, lat., t. IX (1902), p.276. 

Compte rendu : Échos dOrient , 6* an., 
mars 1903, pp. 153-134 (L. Prirr). 

Lettres sur la réunion des églises. — 


Athènes, Ch. Beck ; Paris, E. Flan- 
dre, 1901, in-8°, 42 pp. 

Recension : Échos dürient , 6* an., juil. 1903, 
p. 280 (Pr. Delmas). L'auteur de cette recen- 
sion s’élève avec véhémence contre les idées 
exprimées dans la brochure ci-dessus ; les con- 
cessions qu’on y demande aux catholiques 
pour la réunion des Églises seraient inadmis- 
sibles. 

Levantin (Henri). — Quarante ans . 
d'autonomie au Liban. 

[Études. Rev. fondée par des 
PP. de la Comp. de Jésus , t. XC1I, 5 
et 20 juil. 1902, pp. 31-52, 157-169.] 

Liber superiorum seu Historia mo- 
nastica , auctore Thoma, episcopo 
Margensi. Liber fundatorum mo- 
nasteriorum in regno Persarum et 
Arabum. Homiliae Mar Narsetis 
in Joseph. Documenta patrum de 
quibusdam verae fidei dogmati - 
bus ; ed. Paulus Bedjan. — Paris, 
95 r. de Sèvres; Leipzig, Harras- 
sowitz, 1901, in-8°, xvi-712 pp. 

Recension : Byxant. Zeitschr., t. XI (1902), 
pp. 627-628 (C. Wetman). 

Compte rendu : Journ. asiatique , 9* sér., 
t. XVIII (1901), pp. 566-568 (R. Duval). 

Libro de la Orden de Caballeria del b. 
Rai mu n do Luuo, traducido en len- 
gua castellana ; publicado por la 
Real Academia de Buenas Letras de 
Barcelona. — ■ Barcelona, tip « La 
Academica a de Serra hermanos y 
Russell, 1901, in fol. vii-vi-78 pp. 

Libro ( El) de Marco Polo, aus dem 
Vermâchtniss des D r Hermann 
Knust nach der Madrider Hand- 
schrift herausgegeben von D r R. 
Struebe. — Leipzig, D. Seele et C i0 , 
1902, gr. in-8*, xxvi-114 pp. 

Lidczbarski (Mark). — Griechische 
Inschriften aus Syrien. 

[Ephemeris fur semit. Epigra - 
phik y I (1901), pp. 216-221.] 

Liebermann (ProP). — Lon/Vanc and 
the Antipope Wibert [Clément III]. 


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BIBLIOGRAPHIE 


601 


[ The english . histor. Rev. 
vol. XVI (1901), pp. 328-332.] 

Publie trois lettres de l'antipape Guibert, 
invitant Lanfranc de Canterbury à venir à Rome. 

Lisco (D r H.). — Roma peregrina. Ein 
Rückblick über die Entwickelung 
des Christentums in den ersten 
J ahrhunderten. — Berlin, F. Schnei- 
der, 1901, gr. in-8 # , vn-565 pp. et 
une carte. 

Touchant l'existence, très hypothétique 
d'ailleurs, d'une localité de la côte d’Asie Mi- 
neure, qui servait de port à Éphèse et portait 
le nom de Rome, parce que de nombreux Ro- 
mains y habitaient. Sur cette première hypo- 
thèse, l’auteur en greffe d’autres relatives à 
l’histoire du christianisme primitif dans cette 
région. 

Compte rendu : Rômische Quartalschr. f. 
christ. Alterthumskunde, t. XV (1901), pp. 253 - 
357 (A. Badmstark). 

Linsenmayer (D r A.). — Der heilige 
Bemhard nach der Darstellung 
seines neuesten Biographen. 

[Theol. prakt. Monatschrift , 1899, 
n" 4, 5.] 

A propos du livre de l'abbé Vacandard. 

Literaturen (Die) des Orients in 
Baumgartners 3 und 4 Auflage der 
Weltliteratur. 

[HistoiHsch = politische BUtter 
t. CXXX (1902), pp. 186-191.] 

Littmann (Enno). — Die âthiopis* 
chen Handschriften im griechischen 
Kloster su Jérusalem. 

[Zeitschr. f. Assyriologie , t. XV 
(1900-1901), n« 2-4, pp. 133-161.] 

Littmann (E.). — Aus den abessinis - 
chen Klôstem in Jérusalem. 

[Zeitschr. f. Assyriologie , t. XVI, 
n" 1 et 2-4 (1901-1902), pp. 102-124, 
363-388.] 

Description de manuscrits conservés dans 
les monastères abyssins de Jérusalem. 

Lehmann (Ernst). — Im Kloster zu 
Sis. Ein Beitrag zu der Geschichte 
der Beziéhungen zwischen dem 
Deutschen Reiche und Arménien 
Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 


im Mittelalter . — Striegau i. Schie 
sien, Urban, s. d. [1902], in-4®, 33 pp. 

Cotnptos rendus : Literar. Centralbl., 
t. LUI, n« 28 (12 juil. 1902), col. 933-934. — 
Deutsche Literaturseitg ., t. XXIII, n° 33 
(16 août 1902), col. 2089-2090 (N. Bokwitsch). 

Recensions : Byxant. Zeitschr.. t,XI (1902), 
p. 660 (J. Strzycowsii). — Oriens christia- 
nus, t. II (1902), p. 513. 

Loparbv (C.). - De S. Theodoro mo- 
nacho , hegumeno CTioretm.— Saint- 
Pétersbourg, 1903, in-4°, xm-18 pp. 

L’auteur publie d'après un manuscrit de 
Gènes, du x* siècle, une vie, d'ailleurs tout à 
fait légendaire, de ce Théodore, oncle mater- 
nel de l’impératrice Théodore, lequel aurait 
vécu à la fin du v* siècle et dans U première 
moitié du vi*. Parmi les plus audacieuses inven- 
tions du biographe est celle qui fait de ce Théo- 
dore le chef de l'armée envoyée contre les 
Perses en 528. 

Lorch (D r ). — Verzeichniss der in 
Jaffa im Jahre 1902 vom 16 Oktober 
bis 27 Dezember an Choiera asiatica 
erkrankten und gestorbenen Perso - 
nen, nach amtlicher Aufzeichnung 
zusammengestellt. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
59, n° 5 (29 janv. 1903), p. 35.] 

Lorichs (Melchior). — Voy. Konstan- 
tinopél. 

Loth (Arthur). — Le vrai portrait de 
N.-S. Jésus-Christ , d’après le saint 
Suaire de Turin ; avec reproduc- 
tions photographiques. — Paris, H. 
Oudin, s. d. [1900], in-8 0 ., vi-63 pp. 

Loth (J.). — Le texte original de la lé- 
gende de la translation des reliques 
de saint Mathieu en Bretagne. 

[Annales de Bretagne , t. XVIII, 
n® 4 (juil. 1903), pp. 603-606.] 

L'original de cette légende a été retrouvé 
dans les archives de l'ordre de saint Philippe 
de Néri. On ne peut lui accorder aucune valeur. 
Elle rapporte que le corps de S. Mathieu enterré 
au Caire aurait été enlevé par des marins bre- 
tons, au x* siècle, et transporté en Bretagne, 
sur l'ordre même du saint. 

Lukbeck (Konrad). — Reichseintei- 

39 


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602 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


lung und kirchliche Hiérarchie des 
Orients bis zum Ausgange des Vier- 
ten Jahrhunderts. Ein Beitrag zur 
Rechts-und Verfassungsgeschichte 
der Kirche. — Munster, H. Scliü- 
ningh, 1901, in-8°, vm-240 pp. 

[Kirchengeschitliche Studien , 1. V , 
n° 4.] 

Comptes rendus : Stimmen aus Marin Laach , 
t. LX1I (1902), pp. 84-88 (C. A. Kkeller). — 
Rev. bénéd. de l'abbaye de Maredsous, t. XVII 
(1901), p. 443. — Theolog. Literalurbl ., 
t. XXIII (1902), col. 2-4 (Zûckler). — Deutsche 
Zeitschr f. Kirchenrecht , XII (1902), p. 85 
(B. Friedberc). — Literar. Rundschau f. d. 
kqthol. Deutschland., t. XXIX (1903), n» 2, 
col. 50 (Bruno Albers). — Bistor. Vierteljahr- 
schrift , nouv. sér., t. III (1902), pp. 392-395 
(Victor Scholtze). 

Lugochianu (O.). — Un aventurier du 
xvii* siècle : Michel Cigala ou Mo - 
hammed-bey. — En roumain. 

[Prinos lui D. A. Sturdsa la îm- 
plinirea celor séptezeci de ani 
[ Hommage à D. A. Sturdza pour 
son 70 mt anniversaire] (Bucarest, 
Institutul de arte grafice Carol 
Goebl, 1903, 446 pp. in-8°), pp. 279- 
300.] 

Luigi Piccerdo (Mons.), vescovo tito- 
lore di Cafarnao ausiliare di sua 
Ecc. Mons . patriarca di Qerusa - 
lemme. 

[Gerusalemme, an. XXVI (1902), 
8 juin, pp. 115-117.] 

Lulio (Raimundo), — Voy. Libro de 
la Orden de Caballeria . 

Mac Coun (Townsend). — The Boly 
Land in geography and in history. 
— New-York, T. Mac Coun, 1897, 
2 tomes en 1 vol., in-16, vm-96, et 
v-133 pp. ; avec 145 cartes et vues. 

Màcler(F.). — Moïse de Khoren et 
les travaux d* Auguste Carrière. 

[Rev. archèol ., 3 e sér., t. XLI (juil.- 
déc. 1902), pp. 293-304. — Tir. à 
part : Paris, E. Leroux, 1902, in-8°, 

12 pp.] 


Avec une notice biographique et une biblio- 
graphie des travaux de Carrière. 

Màcler (Frédéric). — Voy. Dussaud 
(R ené). 

Macler (Frédéric). — Voy. Histoire 
de saint Azazàil. 

Magnocavallo (Arturo). — Marino 
Sanudo... — Cf. Rev. Or. lat., IX, 
277. 

Compte rendu : Rev. histor ., t. LXXIX, 
n® 2 (juil.-août 1902), pp. 392-393 (A. Molïi«xr). 

Mali ja y (Noguier de). — Le saint 
Suaire de Turin . — Paris, H. Ou- 
din, s. d. [1903], in-8°. 

Maltzev (Alexios von). — Menologion 
der orthodox-hatholischen Kirche 
des Morgenlandes... I.Theil... — Cf. 
Rev. de VOr. lat., VLII, 591. 

Compte rendu : L'Université catholique , 
t. XXXVI (mai-août 1901), pp. 636-638 (A. L.). 

Maltzev (Alexios von). — Menologion 
der orthodox-hatholischen Kirche 
des Morgenlandes... II. Theil (Mârz- 
August)... 1901, in-8®, Lxxx-896pp... 
— Cf. Rev. Or. lat., IX, 277. 

Comptes rendus : Anal. Rolland ., t. XXI, 
fasc. 2 (1902), pp. 208-209. — Échos <f Orient, 
6« an., mars 1903, p. 156 (S. Vailhé). — Theol. 
Literaturseitg., t. XXVll (1902), col. 174-177 
(F. Kattknbosch). — L'Université catholique , 
nouv. sér., t. XXXIX (1902), pp. 609-611 
(J. -B. Martw). — Bistorisch politische BlAt- 
ter , CXXIX (1902), pp. 314-316 (F. Lauchert). 

Maltzev (Alexios von). — Liturgihon. 
Die Liturgien der orthodox-hatho- 
lischen Kirche des Morgenlandes... 
- Cf. Rev. de VOr. lat., IX, 277. 

Compte rendu : Anal. Boüand ., t. XXI, 
fasc. 2 (1902), pp. 208-209. 

Manche. — Notice historique sur le 
curé Joseph Caldâni (1806-1882). 

[Al-Machriq, t. IV (1901), pp. 731- 
737]. 

Intéressant pour l’histoire de l’église maro- 
nite. 


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BIBLIOGRAPHIE 


603 


Manpredi (Joseph). — Callirhoé et Baa - 
ron dans la mosaïque géographi- 
que de Madaba. 

[Rev. bibl. internat ., XII e an.,r 
n e 2 (avril 1903), pp. 266-271]. 

Callirhoé est le moderne Sàra, et Baaron est 
l’actuel HamraAm ez-Zerqâ. 

Manfredi (Don Giuseppe). — Voy. 
Nuova carta. 

Mànfroni (Camillo). — Le rélazioni 
fra Genova, Vimpero Bizantino ed 

i Turchi — Ci. Rev. Or. lat ., IX, 

278. 

Compterendu : Arehivio stor. itcd ., 5*sér., 
t. XXV (1900), pp. 137-145 (Guido Bicom). 

Màngold (K.). — Legionen des Orients 
auf Grund der Notifia dignitatum. 

[Rheinisches Muséum fur Philol., 
N. F., t. LVII, n° 2 (1902), pp. 258- 
264]. 

Manteyer (G. de) et Blanchet 
(Adrien). — Sceaux de Foulque le 
Jeune , comte d'Anjou et roi de Jé- 
rusalem. 

[Bull, delà Soc. nat. d. antiq. de 
France, 1901, pp. 96, 104, 114-115]. 

Marco Polo. — Voy. Book [The) of 
sir Marco Polo. 

Marco Polo. — Voy. Libro [El) de 
Marco Polo. 

Markel-Mosrssohn (Mirjam). — 
Voy. Rispart (Eugen). 

Marmier (G.). — Contributions à la 
géographie de la Palestine et des 
pays voisins. 

[Rev. des études juives , t. XLIV 
(1902), pp. 29-44.] 

Mar-Narsrs. — Voy. Liber superio- 
rum. 

Ma rq U art (D r J.). — Êrânshahr nach 
der Géographie des Ps. Moses Xo- 
renac'i; mit historisch-kritischem 


Kommentar und historichen und 
topographischen Excursen. — Ber- 
lin, Weidmansche Buchhandl., 1901, 
in-4 e , 358 pp.]. 

[Abhandlungen der K. Gesellsch. 
d. Wiss. zu Gôttingen. Philol. hist. 
Klass\ neue F., t. III, n°2]. 

Comptes rendus : Rev. crit. dfhitt. et de 
litt . , nouv. sér., t. L1V, n* 43 (27 oct. 1902), 
pp. 321-322 (Sylvain Ltvi); n* 45 (10 nov. 
1902), pp. 363-364 (J.-B. Chabot). 

Martin (Le P. P.), S. J. — Histoire du 
Liban. Trad. [en arabe] parM. Ra- 
chid al-Khoury al-Chartouni. — 
Livraisons I à IV. — Beyrouth, 
Imprimerie catholique, 1890-1895, 
in-12, 724 pp. 

Martyrii (Sancti)... quae supersunt 
omnia. — Voy. Sancti Martyrii. 

Mathews (Shailer). — A History of 
New-Testament times in Palestine 
175 B. C.-70 A. D. - New-York et 
Londres, Macmillan, 1899, in-16, xi- 
218 pp. et 1 carte de la Palestine au 
temps de J.-C. 

Maurand (Jérôme). — Voy. Itinéraire. 

Meester (Dom Placide de). — Quel- 
ques opinions récentes sur l'union 
des églises. 

[La Terre-Sainte , 29* an., t. XX, 
n°* 20, 21 (15 oct. et 1 er nov. 1903), 
pp. 314-316, 325-327]. 

Melaniae [S.) iunioris Acta graeca. 

[Anal. Rolland ., t. XXII, fasc. 1 
(1903), pp. 5-50. — Tir. à part : 
Bruxellis, typis Polleunis et Ceu- 
terick, 1903, in-8°, 49 pp.]. 

Édition, par le P. Hippolyte Delehaye, du 
texte grec ancien de la Vie de Mdlanie la jeune, 
d’après le ms. Barberini, III, 37, du xn«-xiu* 
siècle. Ce ms. n’étant pas toujours très correct, 
le savant éditeur l'a amendé soit par conjec- 
ture, soit à l’aide de la Vie latine, soit encore 
d'après la Vie grecque remaniée, publiée sous le 
nom de Siméon Métaphraste. Il est & peine be- 
soin de dire que l’édition est faite avec tout le 
soin qui caractérise les publications des PP. 
Bollandistes. L'éditeur ne donne ici aucun 


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604 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


éclaircissement nouveau sur les rapports de cette 
recension grecque ancienne avec la recension 
latine ; il ne dit rien non plus de l’auteur pré- 
sumé. Je pense donc qu’il s’on tient sur ces 
deux points aux conjectures qu’il a formulées 
en tête do l’édiüon de la Vie Latine (Anal. 
Boüand., VIII, 16-17). En ce qui concerne les 
rapports du texte latin et du texte grec, il in- 
clinait à considérer celui-ci comme 1 original, 
et le latin comme traduit du grec. Mais les con- 
sidérations tout extrinsèques qu’il formulait à 
l’appui de celle hypothèse ne sont point corro- 
borées à mon avis par la comparaison littéraire 
des deux textes, laquelle est plutôt favorable à 
l'antériorité du latin. — En ce qui concerne 
l’auteur, le P. Delehaye invoquait divers passa- 
ges de la Vie pour montrer que ce personnage 
avait suivi Mélanie d'Italie en Afrique, puis en 
Terre-Sainte. 11 proposait d’autre part de l’iden- 
tifier avec un nommé Gérontius, cité par Cy- 
rille de Scythopolis, dans la Vie de S. Euthyme, 
comme ayant dirigé, après la mort de Mélanie, 
les monastères fondés à Jérusalem par cette 
dame. Je dois faire remarquer que ces deux pro- 
positions ne s'accordent pas très ai sèment entre 
elles, car Mélanie ayant quitté Rome avant 405 
et Gérontius étant mort après 485, il faudrait 
supposer ou bien que celui-ci était tout jeune 
enfant lors de son départ d’Europe ou bien qu’il 
atteignit l'âge d'au moins cent ans. Seulement, je 
crois que cette apparente difficulté à Pidentifi- 
cation proposée n’existe pas en réalité. Il me 
parait, en effet, que le P. Delehaye fait erreur 
en admettant que l'auteur de la Vie était venu 
d’Italie enT.-S. avec Mélanie. J’incline à croire 
au contraire que ce personnage ne connut pas 
Mélanie avant l’arrivée de celle-ci à Jérusalem. 
L'éditeur a été trompé probablement par un 
passage assez ambigu qui occupe les ch. il et 
12 du livre I et qui est relatif a l’entrevue de 
Méhnie avec l'impératrice Serena. A première 
lecture on pourrait croire, d’après les termes 
dont il se sert, qu’il assistait à l'entrevue. Mais 
si l’on y regarde de près, on verra que les 
phrases, dans lesquelles il semble parler de lui, 
s’appliquent en réalité à la seule Mélanie : il a 
reproduit le récit que celle-ci lui avait fait de 
l’incident en y conservant de ci de là l’emploi 
de la première personne, mais cette personne 
est Mélanie, non pas lui. El, lorsque, dans la 
dernière phrase du chap. xu, il exprime son ad- 
miration de la déférence témoignée par Serena 
à Mélanie, cela doit s’entendre d'une admiration 
rétrospective. Au surplus, à propos de ce même 
épisode il s’exprime ainsi : * Sicut [Melania] pos- 
teareferebat », « sicut [Melania] dicebal », qui 
montrent bien qu’il ne le connaissait que par 
ouï-dire. Dans le texte grec, tout le récit, gram- 
maticalement plus correct, est à la troisième 
personne. 11 y a là, soit dit en passant, un argu- 
ment sérieux en faveur de l’antériorité du latin. 

Mélioransky (B. M.). — Georges de 

Chypre et Jean de Jérusalem 

— Cf. Rev. de VOr. lat. f IX, 279. 


Compte rendu : Byswni. Z eitschr., t. XI, 
n M 3-4 (oct. 1902), pp. 538-543 (Ed. Kcaix). 

Mély (F. de). — L'histoire d^un suaire. 
Le saint Suaire cCEnœobregas. 

[Rev. archéol.y 3* sér., t. XL (janv.- 
juin 1902), pp. 55-61. — Tir. à part : 
Paris, E. Leroux, 1902, in-8 # , 7 pp.]* 

Sur une reproduction du saint Suaire de Tu- 
rin conservé dans le couvent de La Madré de 
Detu, à Xabregas, faubourg de Lisbonne. 

Mély (F. de). — Le saint Suaire de 
Turin. Réponse à M. de Joannis. 

[Études. Revue fondée par des PP. 
de la Comp. de Jésus, t. XCIII, 
oct. -déc. 1902, pp. 85-92. j 

M. de Joannis a répliqué à M. de Mély, dans 
le même n® des Études , pp. 92-88. 

Mély (F. de). — Le saint Suaire de 
Turin est-il authentique ? [1] Les 
représentations du Christ à travers 
les Ages. [II] Le saint Suaire et 
Valèotine. — Paris, Poussielgue, s. d. 
[1902], in-8®, 103 pp. et nombreuses 
gravures. 

Comptes rendus : Anal. Bolland., t. XXII, 
fasc. 1 (1903), pp. 83-84. — Rev. historique , 
t. LXXXI (1903), pp. 324-325 (Aug. Moliwier). 

Menadros [Simon). — f H 'Pt^ « iva. 
[AeXtîov t/jî loTop . xal IBvoXoy . «xat- 
piaç xfi? *EXXaSoç, t. VI (1903), pp. 117- 
148.] 

La 'Pf.yaiva des légendes et traditions chy- 
priotes est Eléonore d’Aragon, femme de Pierre. I 
de Lusignan, roi de Chypre (1356-1369); mais 
cette princesse n’a fait que se substituer dans 
ces légendes et traditions à l’antique Aphrodite. 

Mendel (Gustave). — Le Musée de 
Konia. 

[Bull, de corresp. hellén ., 
XXVI* an. (1902; paru en 1903), 
pp. 209-246.] 

Élude des inscriptions latines et grecques et 
des monuments figurés appartenant à ce mu- 
sée, antérieurs à l’époque byzantine. 

Mercati (G. B.). — üna lettera di Ni - 
colo , arcivesco latinodi Atene , e due 
vescovi sconosciuti di Carmina. 


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BIBLIOGRAPHIE 


605 


[Oriens christ ., t. II (1902), n° 1, 
pp. 196-201.] 

La lettre de l'archevêque Nicolas, se trouve 
reproduite dans un acte par lequel Aschirano 
de Pavie, chanoine de Thèbes, informe ledit 
archevêque que l'élection faite par lui du carme 
Albert « de Nogerio », comme évêque de Car- 
mina, a été régulièrement publiée à Thèbes. La 
date de cette lettre, adressée par Nicolas A 
l’archevêque de Thèbes pour lui faire connaître 
ladite élection, manque, le document étant mu- 
tilé à la fin ; mais l’avis d’Aschirano est du 
25 sept. t346, donc l'élection d’Albert de Noge- 
rio doit être de peu antérieure. L'évêché de 
Carmina n’était connu que par un seul titulaire, 
Jean, résidant à Avignon en 1356. 

Meurville (Louis de). — Le saint 
Suaire de Turin . 

[Le Correspondant , t. CCVII 
(avril-juin 1902), pp. 546-562.] 

Contre Paul Vignon, qui a répondu à cette 
réfutation dans la même Revue, t. CCVII, 
pp. 776-781. 

Mever (Paul). — Notice d’un manus- 
crit de Trinity College ( Cambridge ) 
contenant les vies en vers français , 
de saint Jean V Aumônier et de saint 
Clément , pape. 

[Notices et extr. des mss. de la 
Bibliothèque nationale et autres bi- 
bliothèques , t. XXXVIII (1903), 
pp. 293-339. — Tir. à part : Paris, 
C. Klincksieck, 1903, in-4°, 51 pp.] 

Michon (E.). — Inscription grecque 
chrétienne de Chypre. 

[Bull, de la Soc. nat. d. antiq. 
de France , 1901, pp. 185-192.] 

Inscription gravée sur une plaque de marbre 
et reproduisant le teste du psaume XV. 

Michon (E.). — Inscriptions de Pales- 
tine. 

[Bull, de la Soc. nat. des antiq. de 
Fr ., 1902, pp. 124-127.] 

A propos des inscriptions relevées par le 
P. Germer-Durand entre Naplouse, Beisan et 
la vallée du Jourdain, et publiées par lui dans 
les Échos cTOrient{ cf. Rev . Or. lat ., IX, 268). 

Miednikoff (N. A.). — La Palestine , 
de la conquête arabe jusqu'aux 
croisades , Üaprès les sources ara- 


bes. I : Recherches sur les sources. 
— Pétersbourg, 1902, in-8®, iii- 

935 pp. — En russe. 

Compte rendu : Oriens christianus , t. 11 
(1902), no 2, p. 469 (I. Guidi). 

MiliaràKI (A.). — f IffTopta tou paoiXetou 

ttk Nixa(«ç — Cf. Rev. de l’Or. 

lat., VI, 586; VII, 360, 633; VIII, 
592. 

Compte rendu : Rev. critique d’hist. et de 
litt., nouv. sér., t. LV, n« 4 (26 janv. 1903), 
pp. 66-67 (Ch. Dimu.). 

Miller (William). — The Ionian Is- 
lande under Venetian Rule. 

[The English histor. Rev., n° 70, 
vol. XVIII (avril 1903), pp. 209-239.] 

Millet (G.). — Note sur une inscrip- 
tion byzantine de Saint-Marc de 
Venise. 

[Bull, de corresp. hellèn., t. XXII 
(1898), p. 598.] 

A propos du nom 'lcodcvvou Ko|m;voù 
inscrit sur une des plaques de marbre servant 
de parement à la paroi de Saint-Marc. 

Mirbach (Ernst Freiherr von). — Die 
Reise des Kaisers und der Kaiserin 
nach PalAstina. Drei Vortruge. — 
Berlin, E. S. Mittler, 1899, in-8°, 
108 pp. ; plan de Jérusalem et pho- 
togr. 

Miret y Sans (Joaquin). — Noticia 
historica del monestir d’Alguayre 
de la orde sagrada y militar del 
Hospital de sant Joan de Jérusa- 
lem. — Barcelona, tip. « L’avenç », 
1899, in-8°, 64 pp. 

Missack-Effendi (H.). — Le Père Ot- 
tomanj 1644-1676. 

[jRet?. d’hist. diplomatique , 17 e an. 
(1903), n* 3, pp. 350-378.] 

Ce personnage était fils d'une des femmes 
de l'cx-grand eunuque Sumbul Agha, laquelle 
avait été nourrice d'un fils du sultan Ibrahim. 
Étant encore enfant, il fut pris par les galères 
de Malte sur un vaisseau turc. Scs ravisseurs 
crurent qu'il était le propre fils du sultan, et le 
gardèrent comme otage dans l'espoir de 
l'échanger contre l’ile de Rhodes. Élevé dans 


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606 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


un couvent de Malte, il se convertit au chris- 
tianisme en 1656 et fit profession dans l'ordre 
de S. Dominique. Il prit alors le nom de Domi- 
nique de Saint-Thomas, et on l’appela aussi le 
Père Ottoman. Il mourut à Malle en 1676, & 
l ige de 34 ans. L’auteur du présent article 
raconte ses voyages et les tentatives qu’il fit 
pour jouer un rôle politique. 

Missions archéologiques françaises 
en Orient aux xvn® et xvur siècles . 
Documents publiés par Henri 
Omont. I™ et 2 e parties. — Paris, 
Imprimerie Nationale, 1902, in-4% 
xvi-1237 pp. 

[Coll, de documents inédits sur 
Vhist. de France .] 

Le nombre des livres imprimés et manus- 
crits, des médailles et des antiquités diverses 
qui, du début du xvn* siècle au milieu du 
xvm«, furent apportés d’Orient en France, est 
considérable. A côté des savants, auxquels des 
missions furent confiées à cet effet, plusieurs 
ambassadeurs accrédités par les rois de France 
auprès de la Porte Ottomane, des consuls et 
des agents français dans le Levant, s’em- 
ployèrent à la recherche des documents histo- 
riques et littéraires et des objets précieux de 
toutes sortes, avec autant de zèle et d’habileté 
diplomatique qu’ils en mettaient à fortifier les 
bonnes relations politiques ou commerciales de 
leur gouvernement avec les états dans lesquels 
ils exerçaient leurs fonctions. La Grèce, la 
Turquie d’Europe, l’Asie occidentale, l’Égypte, 
la régence de Tripoli et, plus loin encore, 
l’Inde et la Chine furent explorées par eux. Il 
n’était localité signalée par l’importance de ses 
monuments, particulier possédant une biblio- 
thèque, communauté connue pour conserver 
des livres, négociant faisant commerce d’anti- 
quités qui ne reçût la visite de ces infatigables 
pourvoyeurs des « Cabinets » du Roi. Aussi, 
la moisson, poursuivie presque sans inter- 
ruption durant un siècle et demi, fut-elle 
fructueuse. 

L’ouvrage de M. Omont, que nous annon- 
çons ici, fait revivre, avec une grande richesse 
d’information, l’histoire de ces explorations. 
Les archives du Ministère des affaires étran- 
gères et du Ministère de la marine, la collection 
Godefroy, à l’Institut, les dossiers de la Biblio- 
thèque nationale lui ont fourni sur la matière 
un ensemble imposant de documents : instruc- 
tions, correspondances des agents français avec 
leurs commettants, relations de voyages, cata- 
logues, rapports de toutes sortes. Ces docu- 
ments publiés, tantôt par extraits, tantôt inté- 
gralement, et reliés entre eux par quelques 
éclaircissements nécessaires, forment la trame 
mémo du livre. Ils nous renseignent de la 
façon la plus sure et la plus vivante sur cette 
recherche méthodique des œuvres de l’antiquité 
et du moyen-âge oriental, qui transportées en 
Franco vinrent enrichir les collections royales. 


Après quelques préliminaires sur les pre- 
mières tentatives faites en France, dans la 
première moitié du xvi* siècle, pour recueillir 
des manuscrits grecs et orientaux (voyages de 
Guillaume Pellicier, à Venise et de Guillaume 
Postel, en Orient; collections formées par 
Hurault de Boistaillé, Savary de Brèves et 
Harlay de Sancy, ambassadeurs de France à 
Constantinople ; négociations entamées par 
Jacques de Thou, par l’intermédiaire de ce 
dernier ambassadeur), le volume débute par 
l’histoire des missions du P. Athanase (1643- 
1663), prêtre grec, que Mazarin et Séguier 
dépouillèrent assez peu honnêtement. 

Viennent ensuite les voyages de Laisné et de 
Monceaux, trésorier de France à Caen (1667- 
1675); ceux du célèbre numismate Jean Foy 
Vaillant (1666-1674) ; du P. Jean-Michel Wans- 
leben (1671-1676), dominicain allemand, dont 
M. Omont publie de nombreuses lettres fort 
intéressantes ; les explorations du marquis de 
Nointel, ambassadeur à Constantinople, qui, 
aidé de l’orientaliste Antoine Galland (1670- 
1673), s’occupa de recueillir les professions 
de foi des diverses églises grecques et armé- 
niennes et nous a laissé des lettres et notes 
extrêmement curieuses sur les antiquités de 
la Grèce, en particulier d'Athènes ; puis les 
voyages de Galland seul (1673-1669) dans 
l’Asie Mineure et les Iles de l’Archipel, voyages 
au cours desquels il recueillit de nombreux 
manuscrits grecs. A la même époque (1672- 
1686), et en vertu d'instructions données par 
Colbert, le P. Besson, Jean-François Pétis de 
la Croix, Dupont et d’Arvieux consuls à Alep 
s’occupent de l'exploration de l’Asie Mineure 
et de la Syrie du nord. D’autre part, Pierre 
Girardin, ambassadeur du Roi à Constanti- 
nople, et le P. Besnier, jésuite, obtiennent 
l’accès de la Bibliothèque du sérail et y 
achètent quelques livres (1685-1688). Antoine 
Chastanier, consul de France à Athènes, 
réunit une belle collection de médailles grec- 
ques. Benoit de Maillet, consul au Caire (1687), 
fait divers envois d’antiquités égyptiennes et 
projette de transporter en France la colonne 
de Pompée (1692-1699). Le Maire, consul à 
Tripoli de Barbarie, et l’abbé Dusault, exécu- 
tent des fouilles dans la Tripoli taine, d’où ils 
envoient en France des statues et des colonnes 
de marbre. Paul Lucas, le protégé de l’abbé 
Bignon, visite l’Égypte et une grande partie 
de l’Asie occidentale (1699-1725), et il en rap- 
porte des bijoux en grand nombre, des médailles, 
des manuscrits grecs et orientaux, des copies 
d’inscriptions, entre autres celle d’Auguste à 
Ancyre. Le marquis de Bonnac, ambassadeur à 
Constantinople, achète lui-même et fait recher- 
cher par ses agents des manuscrits, qu’il 
envoie à l’abbé Bignon (1719-1728) ; tandis 
qu’en France, les Bénédictins songent à orga- 
niser pour l’Orient des voyages littéraires sem- 
blables à ceux qu’ils ont fait exécuter en 
Italie, en France et en Allemagne. De 1728 à 
1730, les abbés François Sevin et Michel 
Fourmont sont envoyés en Orient et en Grèce, 
avec mission de rechercher des manuscrits 


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BIBLIOGRAPHIE 


pour la Bibliothèque du Roi. Activement 
secondés dans leur besogne par l'ambassadeur 
marquis de Villeneuve, n'épargnant eux-roémes 
ni leurs fatigues ni l’argent, ils achètent en 
grand nombre les manuscrits précieux, ainsi 
qu'en fait foi leur correspondance, publiée 
intégralement par M. Omont, et dont la lecture 
est des plus instructives. Signalons encore, 
en terminant les envois de livres, médailles, 
et copies d'inscriptions que fit à Bignon 
un antiquaire français établi à Smyrne, Jean 
Guérin (1724-1739) ; les explorations du P. J.- 
B. Souciet, jésuite, en résidence à Salonique 
puis à Smyrne (1726-1738); les recherches de 
Charles de Peyssonnel, chancelier de l'ambas- 
sade de France à Constantinople (1739-1746) ; la 
mission en Égypte (1722-1726), puis à Cons- 
tantinople (1747-1749), de M. Armain, d’abord 
premier drogman à Alexandrie, puis interprète 
de la Bibliothèque du Roi pour les langues 
turque et persane; les voyages de M. Otter 
en Perse (1739-1744), des abbés d’Orvalle et 
Cl.-L. Fourmont en Égypte (1747-1751); les 
envois à Paris de statues antiques découvertes 
en Égypte, par le sieur Roboly, second drog- 
man à Alexandrie ; enfin les importantes acqui- 
sitions de livres faites en Chine et dans les 
Indes par des agents français et surtout par 
les missionnaires Jésuites (1684 à 1737). 

Les documents que ces missions successives 
firent entrer en France consistent surtout en 
œuvres historiques et géographiques, théolo- 
giques ou liturgiques, littéraires, grammaticales, 
grecques, arabes, syriaques, arméniennes et 
persanes. La recherche des documents occi- 
dentaux ou provenant des colonies franques 
établies en Orient pendant le moyen-âge semble 
avoir été négligée par les explorateurs ; mais 
il va sans dire que parmi les textes orientaux 
recueillis (chroniques et descriptions géogra- 
phiques ou relations de voyages), un grand 
nombre intéressent au plus haut point l'his- 
toire des croisades et des établissements latins 
en Orient. 

Dans un Appendice qui occupe presque toute 
la seconde partie de l'ouvrage, M. Omont 
publie des listes ou catalogues des manuscrits 
rapportés d'Orient par les agents français et 
les savants chargés de missions scientifiques ; 
diverses relations de leurs voyages; les comptes 
de leurs dépenses, etc. 11 y faut noter en par- 
ticulier une description des monastères du 
mont Athos par le P. Braconnier, jésuite 
(1706), des rapports de Paul Lucas, de l'abbé 
Sevin, sur son séjour à Constantinople ; des 
abbés Michel et Claude-Louis Fourmont sur 
leurs voyages en Grèce et dans le Le vaut ; de 
Le Maire sur la régence de Tripoli. 

Comptes rendus : Rev. crit. d'hist. et de 
litt., 37* an., n° 29 (20 juil. 1903), pp. 49-51 
(Aug. Molinier). — Byzant. Zeitschr ., t. XII 
(1903), pp. 612-614 (V. Gardtmauskît). — Voy. 
aussi ci-dessous sub v. Pargoire (J.). 

Mollat (L’abbé G.). — Clément VII 
et le saint Suaire de Lirey . 


607 

[Le Correspondant , 25 janv. 1903, 
pp. 254-259.] 

L'auteur fait conualtre, & propos du Suaire, 
de nouvelles pièces tirées des Archives du Vati- 
can confirmant les conclusions de M. Ulysse 
Chevalier. 

Mommert (Karl.). — Die heilige Gra- 

beskirche — Cf. Rev. Or. îaf., 

VII, 360. 

Compte rendu : The American Journal of 
Theology , t. VI (1902), pp. 349-353. — Theol. 
Literaturzeitung , t. XXVII (1902), col. 36-39 
(K. Führkr). 

Mommert (Karl.). — Golgotha und das 
heilige Grab zu Jérusalem. — Leip- 
zig, Haberland, 1900, in-8% vm- 
280 pp. — Cf. Rev. Or. latin , VIII, 
592 ; IX, 280. 

Recension : Stimmen au» Maria Laach, 
t. LX (1901), p. 100. 

Compte rendu : Theol. Literaturzeitg., 
t. XXVII (1902), col. 36-39 (K. Forrér). 

Mommert (Karl). — Die Dormi tio 

und das deutsche Grundstück — 

Cf. Rev. Or. lat. t VIII, 252 ; IX, 280. 

Comptes rendus : Theol. Literaturzeitg.. 
t. XXVII (1902), col. 36-39 (K. Furrrr). — 
Literar. Rundschau f. das kathol. Deutsch— 
land , t. XXVI (1900), n* 12 (Danneckkr). 
— Allgemeines Litteraturbl. t. IX, (1900), 
col. 747 (Rieder). — Deutsche Litt. Zeitg., 
t. XXII, col. 2437 (Bekzingrr). 

Mommert (Karl.). — Topographie des 
alten Jérusalem. Erster Teil : Z ion 
und Akra , die Hügel der Altstadt 
— Leipzig, E. Haberland, [1902 j, 
in-4°, x-393 pp. 

Compte rendu : Byzant. Zeitschr ., t. XII 
(1903), pp. 424-425 (J. Strztgowski). 

Mommsen (Th . ). — Die Heimath des 
Gregorianus . 

[Zeitschr. der Savigny Stiftung f. 
Rechtsgesch. Romanistische Abthei- 
lung , t. XXII (1901), pp. 139-144.] 

Le juriste Gregorius était de Beyroul, et son 
recueil de rescrits impériaux a été composé 
dans cette ville sous Dioclétien. 

Mommsen (Th.). — Die Pilatus- 
Akten . 


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608 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


l Zeitschr . f. die neutestamentliche 
Wissensch ., t. III (1902), pp. 198- 
205.] 

Mommsen (Th.). — Zozimus. 

[Byzant. Zeitschr t. XII (1908), 
p. 533.) 

M. Mendeluohn, dans ton éd. de Zozirae, 
plaçait la rédaction de la Chronique avant 502. 
11 aérait préférable de dire qu'elle est posté- 
rieure à 501.Zozime mourut certainement dans 
le cours du n* siècle et non au y*. 

Mommsen (Th.). — Voy. Eusebiüs 
Werhc. 

Monastère (Le) de la Visitation près 
d'Antoura. 

[ Al-Machriq , t. IV, (1901), 
pp. 704-710.] 

Monceau (Paul). — L'épopée byzan- 
tine d'après M. Schlumberger. 

[Rev. polit, et littér . (Rev. 
bleue), 13 févr. 1897, pp. 212-245]. 

Monchàmp (Mgr). — Liège et Rome , à 
propos de l'authenticité du saint 
Suaire de Turin. — Liège, 1908, in- 

8*, 12 pp. 

Monticolo (G.). — Due documenti ve- 
neziani del secolo dodicesimo . 

[Nuovo archivio Veneto , an. X, 
t. XIX (1900), pp. 56-75. — Tir. à 
part : Venezia, Visentini, 1900, 

20 pp.] 

Un de ces documents (oct. 1124) est relatif 
aux salines de Chioggia, l’autre (févr. 1119) est 
une reconnaissance de dette touchant un con- 
trat de nolis pour un voyage de Constantinople 
à Damiette. 

Muelinkn (D r Graf von). — Die latei- 
nische Kirche im Türhischen Rei- 
che. — Berlin, 1901, in-8*, 53 pp. 

Compte rendu : Orientali*che Litt. Zeitung, 
t. IV, n» 9 (15 sept. 1901), pp. 300-304 (Martin 
Hartmaiuv). 

Mun (Gabriel de). — Un point d'his- 
toire commerciale : les premières 
relations entre les Pays-Bas et la 
Porte (1610-1613). 


[Rev. d'hist. diplomatique , 17* an. 
(1903), n<> 3, pp. 393-404.] 

Musil (Aloïs). — Kuseir * Amra und 
andere Schlôsser Ôstlich von Modb. 
Topographischer Reisebericht. 

[Sitzungsber. der h. Akad. d. Wis- 
senschaften (Wien). Philos, histor. 
Classe , t. CXLIV, n* 7 (1901 ; paru 
en 1902), 51 pp. avec 2 plans et 
20 gravures. — Tir. à part : 
Vienne, Gerold's Sohn, 1901,51 pp.] 

Sur cet article, voy. Clermont-Canneau , Rec. 
dmrchéol. orient., t. V, pp. 115-120 (cf. ci- 
dessus, p. 575). 

Nagl (Erasmus). — Die < Dormition 
de la Vierge. » 

[Die Kultur , t. III (1901), pp. 96- 
45.] 

Touchant la tradition qui fait mourir la S u 
Vierge sur le mont Sion. 

N asm et Abrahina. — Quelques célé- 
brités littéraires des Chaldéens ca- 
tholiques. 

[Al-Machriq, t. IV (1901), pp. 847- 
855.] 

Nau (F.). — Les récits inédits du 
moine Anastase. Contribution à 
l'histoire du Sinai au vu 8 siècle 
(traduction française). Avec un ré- 
sumé des récits édifiants d? Anastase 
le Sindite. 

[Revue de l'Institut catholique de 
Paris , 1902, n 08 1 et 2. — Tir. à 
part : Paris, A. Picard, 1902, in-8°, 
7* PP-] 

Traduction française de quarante récits sur 
les Pères du Sinai, extraits des mss. grecs 
914 et 917 de la Biblioth. nationale de Paris ; 
d’un récit anonyme de l’occupation du Sinai 
par les Arabes, extrait du ms. gr. 1596 ; et de 
quatorze narrations édifiantes tirées également 
de ce dernier ms. Les récits sur les PP. du 
Sinai et les narrations édifiantes sont mises, 
dans les mss., sous le nom d’un moine Anas- 
tase. M. Nau pense que les premiers sont d’un 
Anastase, moine du Sinai vers 650, peut-être 
Anastase le Sinalte, dont les œuvres principa- 
les furent écrites au vin* siècle, et que les 
Narrations ont pour auteur un autre moine 
Anastase vivant également du vu* au viii* siè- 
cle. Tout cela aurait besoin d’un complément 


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BIBLIOGRAPHIE 


de preuves. A propos d'un article précédent du 
même auteur touchant la date de la mort de 
Jean Climaque, dont les conclusions s’ap- 
puyaient sur cos mêmes récits concernant les 
PP. du Sinaf, j'avais indiqué déjà (Rev. Or. 
lat., IX, 821), le point faible de l’argumenta- 
tion. 

Nau (P.). — Voy. Texte (Le) grec des 
récits du moine Anastase. 

Nau (F.). — Voy. Vie et récits de 
l'abbé Daniel le Scétiote. 

Nau (F.). — Voy. Vie de Jean Bar 
Aphtonia. 

N kgri (Gaétan o). — LHmperatore Giu- 
liano VApostata... — Cf. Rev. de 
VOr. lat., IX, 281. 

On trouvera dans la Bysant. Zeitschr t. XI 
(1902), pp. 576-577, et Xll (1903), p. 352, une 
liste des comptes rendus de cet ouvrage, parus 
jusqu’à ce jour. 

Nkstlr (Eberhard). — Die Kirchen - 
geschichte des Eusebitts... — Cf. Rev. 
Or. lat., VIII, 593; IX, 281. 

Comptes rendus : La Civiltà cattolica , fasc. 
1247(1902), p. 581. — Gôtt. gel. Anzeigen, 
t. CLXIV (190z), pp. 249-268 (B. Prküscheii). 
-- Theol. Literaturbl., t. XXII (1901), n® 38, 
col. 451 (Z6cKL.au). — Berlin, philol. Wo- 
chenschr., t. XXII (1902), n®* 33-34, col. 1018- 
1020 (U. Hilgkktkld). 

Nestle (Eberhard). — Zur syrischen 
Uebersetzung derKirchengeschichte 
des Eusebius. 

[Zeitschr. d. deutschen Morgenl. 
Gesellsch ., t. LVI (1902), pp. 559- 
564.] 

N eue Quellen zur Geschichte des la- 
teinischen Erzbistums Patras , ge- 
sammelt und erl&utert von D r Ernst 
Gerland. — Leipzig, B. G. Teubner, 
1903, in-16, vi-291 et une carte. 

[Bibliotheca scriptor. graecor. et 
romanor . Teubneriana : Scriptor es 
sacri et profani , auspiciis et mu- 
niflcentia serenissimor. nutritor. 
almae matris Ienensis ediderunt 
Seminarii philologor. Ienensis ma- 


609 

gistri et qui olim sodales fuere; 
fasc. V.] 

Comptes rendus : Échos d* Orient , 6® an., 
n® 42 (septembre 1903), p. 346 (J. Pahgoirk). 
— Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), p. 610 
(J. Jegbrlehnkr). — Rev. de l’Or, lat., t. IX 
(1902), pp. 539-541 (N. Jorga). 

Neue (Eine) [Tempel] Kolonie. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
58, n» 40 (2 oct. 1902), pp. 313-314.] 

Sur l’acquisition, par la Société du Temple, 
d’un terrain voisin de Jaffa, pour l’établissement 
d'une nouvelle colonie. 

Nilos Doxapatres. — Voy. Des Nilos 
Doxapatres. 

Nitti di Vito (Francesco). — La leg- 
genda délia traslazione di S. Nicolô 
di Bari. I Marinai. 

[Rassegna Pugliese , t. XIX (1902), 
pp. 33-49. — Tir. à part : Trani, V. 
Vecchi, 1902, in-4°, 19 pp.] 

Recension : Anal. BoUand ., t. XXII (1903), 
fasc. 3, p. 352. 

Nomocanon Gregorii Barhebraei, ed. 
P. Bedjàn. — Leipzig, Otto Harras- 
sowitz, 1898, in-8°, xm-551 pp. 

Compte rendu : Deutsche Literaturzeitung., 
t. XXI, n* 2 (6 janvier 1900), col. 187-189 (Sieg- 
raund Fraknkel). 

Norden (D r Walter). — Das Papsttum 
und Byzanz. Die Trennung der 
beiden Mdchte und das Problem 
ihrer Wiedervereinigung bis zum 
Untergange des byzantinischen 
Reichs (1453). — Berlin, B. Behr’s 
Verlag, 1903, in-8°, xix-764 pp. 

Nouveau (Le) gouverneur général du 
Liban . 

[La Terre-Sainte, 28* an., t. XIX, 
n® 22 (15 nov. 1902), pp. 342-343.] 

A propos de la nomination de Mouzaffer 
pacha, comme gouverneur du Liban. 

Nuova carta geografica délia regione 
ad oriente del Mar Morto, del P. 
don Giuseppe Manfredi, missiona- 


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à 



610 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


rio del Patriarcato latino di Geru- 
salemme. 

[Bolletino délia Soc. geogr. ita - 
liana, sérié III, vol. XII, n° 2 (févr. 
1899), pp. 62-63.1 

La carte annexée à cet article a été dessinée 
par les PP. Manfrodi et Barberis. 

Nuova sérié di documenti sulle re- 
lazioni di Genova colC imperio 
bizantino. Raccolti dal Can. Angelo 
Sanguineti e pubblicati con moite 
aggiunte dal Prof. Gerolamo Bbrto- 

LOTTO. 

[Atti délia Soc. ligure di Storia 
patria , vol. XXVIII, fasc. 2 (1897), 
pp. 339-573.] 

Oberhummer (Eugen). — Die Insel Cy - 
pem. Gekrônte Preisschrift. Erster 
Teil : Qaellenkunde und Natur- 
beschreibung . Mit drei Karten und 
cinem geologischen Profil in Far- 
bendruck, sowie acht Kârtchen im 
Text. — Munich, Th. Ackermann, 
1903, in-8®, xvi-488 pp. 

Oberhummer (Eugen). — Voy. Kons- 
tantinopel. 

Obrador y Bennasar (Mateo). — Bi- 
bliografia Luliana. Reseha de cô- 
dices y libros de Ramôn Lull. Con 
fac-similé de un autôgrafo.— Palma 
de Mallorca, 1900, in-4°. 

[Extrait du Boletin de la Socie- 
dad Arqueologica Luliana.] 

Œuvres nouvelles inédites de Gran- 
didier, publ. sous les auspices de 
la Soc. industr. de Mulhouse, par 
A.-M. Ingold. TomeV: Ordres mili- 
taires et mélanges historiques. — 
Colmar, H. HüfTel, 1900, grand in-8°, 
ix-446 pp. 

Recension : Bist. Jahrb. d. Gôrres Gesellsch ., 
1900, n«* 2-3, pp. 520-521. 

Olchvary (O.). — La bataille de Mu - 
thi. — En hongrois. 

[Szûzadok (les Siècles ), avril-juin 
1902.] 


Étude stratégique sur cette bataille, livrée 
en 1241 entre les Mongols et les Hongrois qui 
furent écrasés. Elle est aussi désignée parfois 
sous le nom de bataille du Sajô. 

Oliver (Bienvenido). — El obispo de 
Nicastro (Innocencio IX) y la 
alianza perpétua del papa , del rey 
de Espaûa y de la Republica vene- 
ciana contra los Turcos. 

[Boletin de la R. Acad, de la his- 
toria , t. XXXIX (1901), pp. 293-296.] 

A propos du livre de Valensise (cf. ci-des- 
sous). 

Omont (Henri). — Notice du ms. Nouv. 
acq . franç. 10050 de la Biblio - 
thèqtie nationale contenant un nou- 
veau texte de la « Fleur des his- 
toires de la Terre d’Orient » de 
Hayton. 

[Notices et extr. des mss. de la 
Biblioth. Nat. et autres bibliothè- 
ques, t. XXXVIII (1903), pp. 237-292. 
— Tir. à part : Paris, Imprim. Nat., 
Libr. C. Klincksieck, 1903, in-4°, 
60 pp.] 

L'auteur publie un nouveau texte de la Fleur 
dos histoires de la terre d’Orient, que contient 
le ms. Nouv. acq. fr. 10050 de la Biblioth. 
Nat. (ci-devant Ashburnham-Barrois, n* cccxl). 
11 est assez difficile de déterminer l'origine de 
ce texte qui se rapproche tantôt de la recension 
latine et tantôt de la recension française four- 
nie par le plus grand nombre des manuscrits. 
M. Omont, sans so prononcer de façon catégo- 
rique, semble disposé à y voir un exemplaire 
du texte primitif dicté par Hayton à Nicolas 
Falcon, puis traduit par celui-ci en latin. La 
recension française contenue dans la plupart 
des autres manuscrits français, et que l’on re- 
gardait jusqu’ici comme originale, ne serait 
alors qu'une rédaction remaniée . — Dans une 
notice sur Hayton et sur son œuvre, que j’es- 
père publier prochainement, j’essaierai de 
montrer que l’exemplaire publié par M. Omont 
est au contraire postérieur à la rédaction latine 
et à la recension française déjà connue, qu’il a 
été traduit du latin, et que le traducteur avait 
en même temps sous les yeux, cette recension 
française. 

Omont (Henri). — Voy. Missions ar- 
chéologiques. 

Orientpost. Jérusalem, den 20 Juli 

1903. 


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BIBLIOGRAPHIE 


611 


[Die Warte des Tempels, Jahrg. 
59, n« 32 (6 août 1903), pp. 253*254.] 

Sur le développement de la colonie du 
Temple de Hamidijè-Wilhelma, près de Lydda. 

Orientpost. Jérusalem, den 28 August 
1903. 

[Die Warte des Tempels, Jahrg. 59, 
n* 38 (17 septembre 1903), pp. 301- 
308.] 

Sur la quarantaine contre le choléra et ses 
conséquences pour le commerce en Palestine. 

Orientpost. Jérusalem, 25 Oktober 
1903. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
59, n® 46 (12 nov. 1903), pp. 361-366. J 

Compte rendu do la cérémonie d'inaugura- 
tion de la nouvelle colonie du Temple « Hami- 
dijè-Wilhelma ». 

Ortensio (Cesidio d’). — I Norman - 
ni e la fondazione del regno délié 
due Sicilie: le Crociate. — Lanciano, 
tip. R. Carabba, 1901, in-8°, 29 pp. 

Ouadi-Farah (£,’). — Avec une vue. 

[La Terre-Sainte } 29* an., t. XX, 
n<> 13 (W juil. 1903), p. 202.] 

Oüssani (Rev. Gabriel). — Uie modem 
Chaldeans and Nestorians and the 
study of Syriac among them. 

[Joum. of the American oriental 
Soc., t. XXII (1901), pp. 79-96.] 

Oüssani (Rev. Gabriel). — The arabic 
dialect of Baghdâd. 

[Ibid., pp. 97-114.] 

Overbeck. (Franz ).—DieBischofslisten 
und die apostolische Nachfolge in 
der Kirchengeschichte desEusebius. 
Program znm Rektoratsfeier . — 
Basel, 1898, in-4°, 44 pp. 

Comptes rendus : Rev. d'hist. ecclén. [de 
l'Université de Louvain], t. 1 (1900), pp. 101- 
102 (J. Flamion). — Theol. Literaturxeitung , 
1898, n* 25, col. 657-660. 

Paldstina und Syrien. 3° Auflage. 
Mit 8 Karten und 13 Pl&nen u . 


Grundrissen. — Leipzig u. Wien, 
Bibliographisches Institut, 1895, in- 
16, viii-x- 253-60 pp. 

[Meyer s Reisebücher.] 

Panislamisme [Le) et le chemin de 
fer de la Mecque. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n* 13 (1« juil. 1902), pp. 202-204.] 

Elirait du Sémaphore. 

Palmieri (P. Aur.). — ■ La chiesa Geor- 
giana e le sue origini . 

[Bessarione, t. IX (1900), pp. 433- 
457 ; et 2* sér., an. VI (1901-1902), 
t. I, pp. 218-228, 397-403; t. II, 
pp. 188-204.] 

Palmieri (P. Aur.). - Il cattolicismo 
nel Levante. 

[Bessarione, 2* sér., t. I (1901), 
pp. 107-117.] 

Palmieri (P. Aur.). — La chiesa orto- 
dossa autocefala di Cipro. 

[Bessarione, 2« sér., t. II (1901), 
pp. 95 et suiv.] 

Palmieri (P. Aur.;. — La conver- 
sione ufficiale degV Iberi al cristia - 
nesimo. Saggio stprico. 

[Oriens christianus , t. II (1902), 
no 1, pp. 130-150.] 

Étude critique et historique des récits relatifs 
à la conversion des Géorgiens par sainte Nina. 

Palmieri (P. Aur.). — Il patriarcato 
greco dissidente di Gerusalemme. 

[ Bessarione , 2® sér., t. III (1902), 
pp. 119 et suiv.] 

Palmieri (P. Aur.). — I nuovi statuti 
délia confraternita greca del S. Se- 
polcro. 

[Bessarione, 2« sér., t. 111 (1902), 
pp. 228 et suiv.] 

Panslavism in the Near East. 

[ TheEdinburghRev ., vol. CXCVII, 
no 403 (janv. 1903), pp. 86-116.] 

Inquiétants progrès de la Russie dans ses 
tentatives de russification de l'église grecque 


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612 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


orthodoxe en Syrie et en Palestine, de môme 
que dami la Turquie d’Europe. Extension de 
l’influence russe dans ces contrées : & propos 
du livre de H. Sutherland Edwards. Sir Wil- 
liam White , K. C. B., K. C. M. G ., for six 
years Ambassador ai Constantinople : Bis 
life and correspondance (London, John Mur- 
ray, 1902, in-8*). 

Papadopoli (N.). — Les plus anciens 
deniers ou carzie , frappés par les 
Vénitiens pour Chypre , 1515-1518. 

[Rev. belge de numism., 56® an. 
(1900), 3® livr., pp. 297-302, avec fac- 
similé.] 

Papadopoulos-Kbrameus (A.) — f Upo- 
aoVjjJUTixii Bt6Xio8-f|xvi. t. III et 

IV —Cf. Rev. Or. lat., VII, 635; 

VIII, 254. 

Comptes rendus : BuÇovtivA Xpovtxi, 
t. VIII (1901), pp. 546-564 (Ed. Kürtz et S. 
Sestajlov). 

Pàpàdopoulos-Keràmeus (A.). — Nix*l- 
©dpoç Moa^dicouXo;. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
pp. 214-223.] 

Nicéphore Moschopoulos, métropolite de 
Crète et proèdre de Lacédémone, était l’oncle 
du fameux Manuel Moschopoulos (xm*-xtv* s.). 
Ce fut un collectionneur de mss. grecs. Trois 
de ces mss. sont aujourd'hui dans la Biblioth. 
du patriarcat grec de Jérusalem (S. Sabas, 
no* 41, 33, 207). 

Papadopoulos-Kerameus (A.). — 0p*?i- 

vo; TT,; Kc*)VOT3VTlVOV1t<ftlC*K. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
pp. 267-272.] 

L’auteur publie, d’après le ms. n* 160 de la 
Biblioth. du patriarcat grec de Jérusalem, une 
lamentation versifiée sur la prise de Constan- 
tinople par les Turcs, dont il avait déjà publié 
quelques vers dans sa 'lipoaoXup.. B 16 X 10 - 
{tfptV}. L’œuvre est anonyme. M. P. donne & 
cette occasion une liste des œuvres similaires 
connues jusqu’ici. 

PAPARRÈGOPOULOS (K.). — 'loxopla to 0 
f EXXv;vixoû 28 vou;. 'ExSoaiç TetipTq, 
ou|AitXt\pu) 8 etox ônà IlatfXou KAPOAI- 
AOT. — ’Ev A 8 ^vat;, 'ExSot ixô; oîxo; 
T. A. 1903, in- 8 °. 

Très important pour la période franque. 
Compte rendu : The english histor. Rev., 


n» 72, vol. XVIII, oct. 1903, pp. 754-755 
(W. Miller). 

Pargoire (J.). — Les Almug avares en 
Orient . 

[Échos d’Orient, 5* an., n° 6 (sept. 
1902), pp. 387-390]. 

A propos du livre de M. G. Schlumberger. 

Pargoire (J.). — Saint Méthode de 
Constantinople avant 821. Saint 
Méthode et la persécution. 

[Échos d* Orient, n°® 39 et 40, 6® an., 
(mars et mai 1903), pp. 126-131, 183- 
191]. 

Pargoire (J.). — Missions archéolo- 
giques françaises en Orient aux 
xvii* et xviii® siècles. 

[Échos Orient, 6* an., n® 42 
(septembre 1903), pp. 339-340]. 

A propos de la publication de M. Omont 
(cf. ci-dessus). 

Paris (Gaston). — La vie de saint 
Alexis , poème du xi® siècle. Texte 
critique accompagné d'un lexique 
complet et d'une table des asso- 
nances. — Nouv. éd. — Paris, 
E. Bouillon, 1903, in-18, 63 pp. 

Parisot (Dom J.). — Rapport sur 
une mission scientifique en Turquie 
et en Syrie. 

[Nouv. archives d. missions scien - 
tif. et littér., t. X (Paris, E. Leroux, 
1903, in-8®, 744 pp.), pp. 167-244]. 

L’auteur a recueilli et il publie ici des mélo- 
dies ecclésiastiques des Syriens, afin d’établir 
le système modal en usage parmi les chrétiens 
de ce rite; des chants israélites orientaux, des 
airs de mosquée, quelques chants arabes et enfin 
de nouveaux textes en syriaque vulgaire. 

Parkas (Nicolaos P.) — De arbore 
beatae Mariae Virginis. Tô icapA 
t>iv 'HXtouicoXiv (MaTapiov) SévSpov 
DavaYia;. Msaaiumxôç axipupo;. — 
’Ev ’AXcÇavôpel^, tôxoi; TaxuSpdjiou, 
1903, in-8®, 71 pp. 

L’arbre en question, qui aurait i>oussé mira- 
culeusement pour fournir de 1 ombre et des 
fruits & la sainte Vierge et à l’enfant Jésus lors 


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BIBLIOGRAPHIE 


613 


de 1a fuite en Égypte, est mentionné par la plu- 
part des relations des voyageurs occidentaux 
qui ont visité l’Égypte au moyen Age. 

Partridgr (Mildred). — Voy. Puech 
(Aimé). 

Pascal (Le chanoine), vicaire hono- 
raire d’Antioche. — Histoire de la 
maison royale de Lusignan . — Pa- 
ris, Vanier, 1896, in-8* carré, v-204 pp. 

Passio S. Theclae virginis. Die latei - 
nischen Uebersetsungen der Acta 
Pauli et Theclae nebst Fragmenten, 
Auszügen und Beilagen; herausg. 
von Oscar von Gbbhardt. — Leip- 
zig, Hinrichs, 1902, in-8°, cxvin- 

188 pp. 

[Texte und Untersuchungen , 

nouv. sér., VII, 2]. 

Paton (Lewis-Bayles). — The early 
history of Syria and Palestine. — 
New-York, Charles Scribner’s sons, 
1901, in-8°, xxxvi-302 pp. 

Compte rendu : The American historical 
Review y vol. VII, n* 3 (1902, avril), pp. 534- 
536 (J. F. Mc Curdy). 

Patriarcat (Le) grec et les congré- 
gations françaises. 

[La Terre-Sainte , 28* an., t. XIX, 
n® 20 (15 oct. 1902), pp. 305-308] . 

Paulot (Lucien). — Un pape français. 
Urbain II. Préface de Georges 
Goyau. — Paris, V. Lecoffre, 1903, 
in-8 # , xxxvi-263 pp. 

Comptes rendus : Rev. histor., t. LXXXII 
(1903), pp. 363-369 (Bernard Monod). — Rev. 
bénéd. de V abbaye de JUaredsous , 1903, no 2. 

Pears (Edwin) . — The destruction of 
the Greek empire and the story of 
the capture of Constantinople by 
the Turks. — London, Longmans et 
C*, 1903, in-8®. 

Compte rendu : The Athenaeum, no 3956 
(22 août 1903), pp. 242-243. 

Prbters (Le P. Paul). — Notes sur la 


légende des apôtres S. Pierre et 
S. Paul dans la littérature syrienne . 

[Anal. Bolland., t. XXI, fasc. 2 
(1902), pp. 121-140]. 

A propos du travail de Ant. Baumstark, si- 
gnalé ci-dessus. 

Perdrizet (Paul). — Note relative à 
la douane de Beyrouth sous V em- 
pire romain. 

[Bull, de la Soc . nat. d. antiq. 
de Fr., 1901, pp. 109-112]. 

Prreira (Francisco Maria Esteves). 
— O santo martyr Barlaam. Estudo 
de critica historica. — Coimbra, 
1901, in-4®, 33 pp. 

[Extrait du 48® vol. de Ylstituto 
de Coimbre]. 

Comptes rendus : Rev. crit. dthiit. et de litt. 
n. s. t. LUI, n* 14 (7 avril 1902), pp. 261-262 
(R. Düval). — Bysant. Zeitechr ., t. XI (1902), 
p. 239 (K. Kruxbacker). 

Pereira (Francisco Maria Esteves). — 
Vida de Santa Maria Egypcia.Ver- 
sâo ethiopica segundo o ms. orien- 
tal 686 do Museo Britannico. — Lis- 
boa, typogr. do Commercio, 1903, 
in-8®, xii-43 pp. 

Pereira (Francisco Maria Esteves 
— Voy. Historia dos martyres . 

Perry (Frederick). — Heroes of the 
Nations : Saint Louis... — Cf. Rev. 
de VOr. ta*., IX, 284. 

Compte rendu : The Athenaeum , n® 3839 
(25 mai 1901), p. 657. 

Petit (L.). — Deux mots sur Pierre 
Gilles. 

[Échos d* Orient, 5* an., n # 6 (sept. 
1902), pp. 375-377.] 

Donne un texte correct de l’épitaphe de ce 
voyageur érudit, conservée dans l’église Saint- 
Marcel à Rome. 

Pétridés (S.). — Saint Siméon le 
nouveau Stylite , mèlode (521-596). 

[Échos d'Orient, 5® an., n° 5 (juin 
1902), pp. 270-274.] 


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614 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


A propos de la Vie de S. Siméon le Stylite, 
publ. par Th. Semenov (cf. Rev. Or. lut., VI, 
593), l'auteur s'occupe des origines de l'office 
qui se célébrait dans l'église de Constantinople 
en mémoire du tremblement de terre de 557. 
Ce tremblement de terre, ainsi que celui d'An- 
tioche, de 551, sont mentionnés dans la dite 
Vie. 

Pflugk-Harttung (J. von). — Der 
Johanniter und der Deutsche Orden 

in Kampfe Ludwigs — Cf. Rev. 

Or. lat.y VIII, 595. 

Compte rendu : Rev. d'hist. ecclés. [de 
l’Univ. de Louvain], t. IV, n<> 2 (1903), pp. 286- 
289 (C. Callkwakrt). 

Piàvi (Mgr. Ludovic). — Voy. Bar- 
nabe d’Alsace (Le P.). 

Pierpoint (Robert). — Archbishops of 
Cyprus. 

[Notes and Queries, 7 juin 1902.] 

Privilèges de l’archevêché de Chypre en ce 
qui concerne l'élection et les fonctions des titu- 
laires. 

Pillaut (Julien). — Les consulats du 
Levant. — Tome I : Smyme , 1610- 
1900; Satalie de Caramanie, 1607- 
1814. — Tome II : Lamaca (1673- 
1900). Notes rédigées à l’aide de ren- 
seignements extraits des archives 
du Ministère des affaires étrangères 
et des documents communiqués par 
M. Hippeaü, consul de France à 
Larnaca. — Tome III : Alep; Séide; 
Tripoli de Syrie (1548-1900). — 
Nancy, Berge r-Levrault, 1902, in-8°, 
36, 23 et 65 pp. avec grav. 

Planchbnault (A.). — Voy. Cartu- 
. laire de Saint-Laud. 

Poletto (Mons. G.). — Il beato car- 
dinale Gregorio Barbarigo , vescovo 
di Padova , e la riunione delle chiese 
Orientali alla Romana. 

[. Bessarione , 2 e sér., t. I (1901- 
1902), pp. 14-31, 176-196, 305-333. — 
Tir à part : Roma, V. Salviucci, 
1902, in-8°, 68 pp.] 

Nombreux documents relatifs à l’activité de 


Barbarigo pour le développement des missions 
orientales. 

Poncelet (Albertus). — Voy. A. P. 

Sanctae Catharinae virginis 

translatio. 

Poole (Stanley Lane-). — The story 
of Cairo. — London, Dent, 1902, 
in-8°, 360 pp. 

[Fait partie de la collection : Me- 
diaeval Towns .] 

Prbger (Th.). — Voy. Scriptores 
rerum Constantinopolitanarum. 

Prentice (William Kelly). —A mosa'ïc 
Pavement and Inscription from the 
Bath at Serdjilla ( Central Syria). 

[Rev. archéol., 3 e sér., t. XXXIX 
(juil.-déc. 1901), pp. 62-76.] 

Preuschen (Erwin). — Voy. Eusebius * 
Kirchengeschichte . 

Procopii Caesariensis Anecdota quae 
dicuntur, ed. Michael Kraschenin- 
nikov. — Jurievi, typis Mattiesenia- 
nis, 1899, in-8*, lxxiv-205 pp. 

Comptes rendus : Bysant. Zeitschr., t. IX, 
n« 4 (1900), pp. 672-674 (J. Haürt). — BuÇocv- 
Ttvàxpovixa, t. VII (1900), pp. 696-706 
(S. Sestakov). — Berl. philolog. Wochenschr. % 
t. XXI (1902), n* 48, col. 1481-1482 (Th. 
Prxgkr). 

Propylaeum ad Acta Sanctorum No- 
vembres Synaxarium ecclesiae 

Constantinopolitanae e codice Sir- 
mondiano, nunc Berolinensi , adiec- 
tis synaxariis selectis , opéra et stu- 
dio Hippolyti Delbhaye. — Bruxel- 
lis, apud Socios Bollandianos, 1902, 
in-fol., 4 pp. et lxxvi-1180 col. 

Compte rendu : Échos £ Orient, n* 41 
(6« an. : 1903), p. 286 (J. Pargoirb). 

Protectorat [Lé) catholique de la 
France en Orient. 

[La Terre Sainte , 28* an., t. XIX, 
no 22 (15 nov. 1902), pp. 339^342.] 


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BIBLIOGRAPHIE 


Prun (Athanase). — U orphelinat de 
Jésus adolescent à Nazareth. 

[La Terre Sainte , 28 e an., t. XIX, 
n® 21 (l® r nov. 1902), pp. 321-324.] 

Arec des vues de l'Orphelinat et de la ville de 
Nazareth. 

Prutz (Hans). — Uéber des Gautier 
von Compiègne « Otia de Macho- 
rnete ». Ein Beitrag zur Geschichte 
der Mohammedf abeln im Mittelal- 
ter und zur Kultur geschichte der 
Kreuzzüge. 

[Sitzungsber. der K. Bayer. Akad. 
d. Wissensch., 1903, n # 1, pp. 65-115. 
— Tir. à part : Münich, G. Franz, 
1903, in-8°, 51 pp.] 

Édition du poème de Gautier de Compiègne, 
d'après le ms. latin 11332 de la Éiblioth. Natio- 
nale de Paris, précédée d’une notice sur l’auteur 
et ses œuvres, et de considérations générales 
touchant les légendes répandues en Occident au 
moyen &ge sur Mahomet et sa doctrine. — Il 
est regrettable queM. Prutz n'ait pas connu un 
autre ms. des « Otia de Machomete », contenu 
dans le ms. lat. 8501 A de la Bibliothèque 
Nationale de Paris. 

Psalter (Der) Erzbischof Egberts von 
Trier. Codex Gertrudianus, in Civi- 
dale. Historisch-Kritische Untersu- 
chung von Heinrich Volbert Sauer- 
land. Kunstgescliichtliche Untersu- 
chung von Arthur Haseloff. — Im 
selbstverlage der Gesellschaft für 
nützliche Forschungen erschienen 
und durch die Stadtbibliothek in 
Trier zu beziehen, 1902, 2 vol., in-4°. 
Texte : vm-215 pp.; planches 108. 

D’après M. Haseloff, les peintures de ce célèbre 
manuscrit dériveraient de l'art syriaque des 
premiers siècles de l’ère chrétienne. 

Compte rendu : Bycant. Zeitschr ., t. XI, 
n** 3-4 (1902), pp. 565-568 (J. Strzygowbu). 

Püaux (Frank). — A propos du saint 
Suaire de Turin. 

[Rev. chrétienne , 49® an., 3 e sér., 
vol. XV, n° 6 (1 er juin 1902), pp. 456- 
464.] 

Contre le livre de Paul Vignou. — Voy. encore 
une réplique de F. Puaux, à la suite d’un arti- 
cle deVignon, ci-dessous sub v. Vigkoh (Paul). 

Puaux (Frank). — A propos du saint 


615 

Suaire de Turin. — Paris, Fiscli- 
bacher, 1902, in -8®, 16 pp. 

Puech (A.). — S. Jean Chrysostome... 
- Ci. Rev. Or. ta*., VIII, 256, IX, 286. 

Compte rendu : Theol. Literaturzeitg., 
t. XXVll (1902), col. 212 (E. Pkeobchew). 

Puech (Aimé). — Saint John Chrysos- 
tom. Translated by Mildred Par- 
tridge. — London, Duckworth 
and C°, 1902, in-8°. 

Version anglaise du livre ci-dessus. 

Compte rendu : The Athenaeum , n® 3903 
(16 août 1902), p. 219. 

Question {La) du gouverneur du Li- 
ban. Lettre d'un missionnaire. 

[La Terre-Sainte , 28® an., n* 20 
(15 oct. 1902), pp. 314-316.] 

Raboisson (L'abbé). — Les construc- 
tions de sainte Hélène en Palestine 
et en Bithynie. 

[La Terre-Sainte , 28® an., t. XIX, 
n 0B 16, 17, 18, 19, 24 (15 août, 1" et 
15 sept., 1 er octobre, 15 déc. 1902), 
pp. 244-247, 268-270, 284-286, 299-302, 
379-381; 29® an., t. XX, n®» 1, 2, 3 
(l* r et 15 janvier, 1 er février 1903), 
pp. 10-13, 27-28, 44-46.] 

Ramsat (Ja. H.). — The Angevin Em- 
pire; or the three reigns of Henry 
II , Richard I and John (A. D. 1154- 
1216). — New-York, Macmillan, 
1903, in-8®, xxi-556 pp . 

Ramsay (W. M.). — What to do in the 
East. 

[ The Contemporary Review , 

n® 398 (août 1897), pp. 234-241.] 

Sur la possibilité de rendre à Chypre et à 
l'Asie Mineure leur ancienne prospérité. 

Ramsat (W.-M.). — Exploration in 
Tarsus and the vicinity. 

[The Athenaeum , n® 3919 (6 déc. 
1902), pp. 764-766.] 

Rausch (Erwin). — Voy. Kyriakos 
(A. Diomedes). 


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616 


RBVUE DE L ORIENT LATIN 


Rb (Can. O.)* “ ^ ro santissima Sin- 
done. — S. I. n. d. [Torino, 1902], 
in-8 # , 23 pp. 

Reber (Franz von). — Die byzanti- 
nische Frage in der Architektur- 
geschichte . 

[Sitzungsber. der K. Bayer . Ahad. 
d. Wiss., Jahrg. 1902, pp. 463-503. 
— Tir. à part : Münich, G. Franz, 
1903, in-8°, 41 pp.] 

Recueil de textes relatifs à l'his- 
toire des Seldjoucides, publ. par Th. 
Houtsma. T. IV : Histoire des Seld- 
joucides d'Asie- Mineure, d'après 
Vabrégé du Seldjouk-Nameh, d’ÏBN 
Bibi. — Leyde, Libr. et imprim. ci- 
devant E. J. Brill, 1902, xvm-358 pp. 

Compta rendu : Rev. erit. d'hist. et de 
lût., 1903, n* 27 (6 juillet), pp. 3-5 (Cl. Huart). 

Une version turque du Seldjouk-Nameh, 
d’Ibn-Bibt avait été publiée déjà par M. Houts- 
ma, dans le tome III de ce même Recueil. Ici, 
nous en avons un abrégé persan, dont le ms. 
appartenait à Ch. Schefer et se trouve aujour- 
d’hui à la Bibliothèque nationale de Paris. Ibn 
Bibl a écrit entre 1282 et 1285, et son livre est 
du plus haut intérêt pour l’histoire des rela- 
tions des petites dynasties syriennes et des rois 
d’Arménie avec les Seldjoucides d’Iconium. Il 
serait grandement & désirer qu’une version en 
une langue occidentale en fût donnée. 

Reinhardt (E.). — Die gegenwdrtige 
Verfassung der griechisch-ortho- 
doxen Kirche in der Türkei. 

[Zeitschr. f. wissenschaftl. Théo- 
logie , ju.il. 1901, pp. 418-466.] 

Compte rendu : Échût d Orient, 6* an., 
mars 1903, pp. 159-100 (J. Pargoire). 

Reiszig (E.). — Le roi Bêla IV et 
l'ordre des chevaliers de Saint-Jean 
en Hongrie. — En hongrois. 

[Szdzadok [Les Siècles), juin 1901.] 

Cet ordre, fondé par Geyza II (1141-1 161), se 
distingua dans les luttes des Hongrois contre 
les invasions orientales, en particulier lors de 
l'invasion des Mongols, sous Bêla IV (1235- 
1270). 

Relation de Terre- Sainte, 1533-1534 
par Greffin Affàgàrt, publiée avec 
une Introduction et des notes par 


J. Chavanon. — Paris, V. Lecoffre, 
1902, in-8®, xxvn-247 pp. — Vues en 
phototypie. 

Comptes rendus : Rev. critique , nouv. sér., 
t. UV, no 40 (17 nov. 1902), pp. 383-384 (J.-B. 
Chabot). — Rev. historique, t. LXXX, nov.-déc. 
1902, pp. 332-333 (H. Haoscr). —Rev. biblique , 
XI* an., n* 4 (1» oct. 1902), pp. 617-620 (Dom 
Léon Goillorkao). — Reo. Or. lut., IX (1902), 
pp. 544-549 (Ch. K.). — Voy. aussi ci-dessus, 
sub v. Hbortkbize. 

Rietsch. — Die Nachevangelischen 
Geschicke der Bethanischen Ge- 
schwister und die Lazarusreliquien 
zu Andlau . — Strasbourg, F. X. Le 
Roux et C°, 1902, in-8 # , 59 pp. 

Comptes rendus : Orient christianu», II 
(1902), n* 2, pp. 471-473 (A. Baumstark). — 
Anal. BoUand., t. XXII (1903), pp. 485-486 
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Rigault (Abel). — Savary de Lan - 
cosme. Un épisode de la Ligue à 
Constantinople , 1589-1593. 

[Rev. d'hist . diplom ., 16* an., 
n # 4 (1902), pp. 522-578.] 

Rivalité de Savary de Lancosme, ambassadeur 
de France à Constantinople, et de Savary de 
Brèves, son cousin, le premier ligueur passionné 
et partisan des Espagnols, le second du parti 
des catholiques royaux. 

Rispart (Eugen). — Die Iuden und 
die Rreuzfahrer in England unter 
Richard LÔwenherz. Uebertragen 
in’s Hebr&ische von Mirjam Mar- 
kel - Mosessohn (Geb. Wierzbo- 

lowska). — Warschau, Druck von 
Halter und Eilenstadt, 1895, 2 vol. 
in-16, [vil-244 et vi-248 pp. 

Rockhill (William Woodville). — 
Voy. Journey (The) of William of 
Rubruck. 

Rœéricht (R.). — Geschichte des ers - 
ten Kreuzzuges... — Cl.Rev. de T Or . 
lai., VIII, 597; IX, 287. 

Comptes rendus : Joum. des tavants, 1901, 
p. 380 (G. Paris). — Rev. biblique internat ., 
Xl« an., n* 3 (l* r juillet 1902), pp. 483-484. — 
Hist. Jahrb. d. Gôrret Getelltch., t. XXIII 
(1902), n° 1, pp. 201-202 (G. Schhür«r). — 


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BIBLIOGRAPHIE 


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pp. 122-127 (Guido Bigoni). — Rev. histor ., 
t. LXXXIII (1903), pp. 150-158 (Ch. Kohler). 

— Archivio stor. lombardo, 3« sér., an. XXIX, 
(1902), pp. 415-419 (Art. Magnocavallo). 

— Orientalische Literaturzeitg ., t. V (1902), 
n # 11, col. 445-449 (Hugo Wucckler). — The 
American histor. Rev., t.VIII,n* 1 (oct. 1902), 
pp. 163-164 (Dana Carleton Munro). 

Rœhricht (R. ). — Deutsche Pilgerrei- 
sen nach dem heiligen Lande . . . — 
Cf. Rev. Or. la*., VIII, 257. 

Compte rendu : Rev. (Thist. ecclés. (de 
l’Université de Louvain], t. IV, n® l(15janv. 
1903), pp. 96-97 (J.Màhieo). 

Rogeron (Gabriel). — Souvenirs d'un 
voyage en Orient. Avec dessins à la 
plume de l’auteur. — Paris, A. Pi- 
card, 1900, in-8% 2 vol., 355 et 395 pp. 

Voici ritinéraire de l’auteur, dont le voyage 
remonte à l’année 1864. De Paris & CPle par 
l'Autriche, le Danube et la Mer Noire. De CPle 
& Brousse. Excursion à Saint-Vincent d'Asie. 
De CPle à Smyrne. L’Archipel, Rhodes, Bey- 
routh. Do Jaffa à Jérusalem. Environs de Jéru- 
salem, Béthanie, Bethléem. De Jaffa à Alexan- 
drie. La Basse-Egypte. Retour d’Alexandrie à 
Marseille. M. Rogeron a voyagé en touriste et 
nous fait part de ses impressions sur les lieux 
les hommes et les choses, sans y mettre de pré- 
tention d'aucune sorte. Il ne fait ni le savant, 
ni le diplomate, et il n’est pas revenu en Eu- 
rope avec une solution de la question d’Orient. 
C’est un mérite pour un voyageur de 1864. 
Quelques renseignements sur des personnages 
rencontrés par lui (M. Eug. Boré, M. de Bar- 
rèrc, consul de France & Jérusalem) seront 
utiles à recueillir. 

Romàno (S.). — üna santa Palermi - 
tana venerata dai Maometani a 
Tunisi. 

[Archivio stor. siciliano , N. S., 
an. XXVI (1901), pp. 11-21]. 

Cette sainte est sainte Olive. Les Mahomé- 
tans la vénèrent et croient qu’en blasphémant 
son nom on s’expose à de grands malheurs. Ils 
disent aussi que l'invention du corps de sainte 
Olive coïncidera avec la fin de l’islamisme. La 
grande mosquée de Tunis porte le nom deGêma- 
ez-Zituna, c’est-à-dire mosquée d’Olive. 

Romano (Salvatore). — I Siciliani nel 
blocco e nella impresa di Malt a dell* 
anno 1800. 

[Archivio stor. siciliano , N. S., 
an. XXVII (1902), pp. 1-37J. 

Rev. de l’Or, latin. T. IX. 


617 

Round (J . Horace). — Some English 
Crusaders of Richard I. 

[The english. histor. Rev., n # 71, 
vol. XVIII (ju.il. 1903), pp. 475-481]. 

Notices biographiques sur divers croisés 
mentionnés dans le poème d’Ambroise. M. Round 
en identifie quelques-uns dont M. G. Paris 
n avait point reconnu l’origine, et cos identifi- 
cations corroborent l’opinion de M. Paris, sui- 
vant lequel, l’auteur du poème était un Normand 
de la région d’Évreux. 

Rousseau (François). — L'ambassade 
du comte de Castellane à Constan- 
tinople , 1741-1747. 

[Rev. des quest. hist ., t. LXX 
(nouv. sér., t. XXVI), 1901, pp. 410- 
437J. 

Rubruck (William of). — Voy. Jour - 
ney (The) of William of Rubruck. 

Rundschreiben des Ôkumenischen 
Patriarchen [Anthimos] und der 
heiligen Synode des Patriarchats 
Ronstantinopel an die Metropoliten 
und Bischôfe , den Klerus und das 
ganze Volk des Patriarchats , als 
Antwort auf die Encyklika des 
Papstes Léo XIII über die Wieder - 
vereinigung der Kirchen. 

[Rev. internat, de théol., IV* an. 
(1896), pp. 1-13]. 

Version partielle de l’encyclique du patriar- 
che Anthimos, du mois d’août 1895. 

Russen (Die) in Palâstina. 

[Stimmen aus Maria Laach , t. LU 
(1897), pp. 594-596]. 

R[yssel] (V.). — Der Anteil der Syrer 
an der Weltlittetatur . 

[2)a$ freie Wort , 2 tor Jahrg., n° 6 
(20 Juni 1902), pp. 170-178]. 

Recensions : Byzant. Zeitschr., t. XI, n M 3-4 
(oct. 1902), pp. 584-585 (K. Krombaghbr). — 
Oriens christianus , t. II (1902), p. 498. 

Sachau (Ed.). — Am Euphrat und Ti- 
gris. Reisenotizen aus dem W inter 
1897-1898. — Leipzig, J. C. Hin- 
richs, 1900, in-8°, 160 pp., avec grav. 
et 5 cartes. 

40 


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618 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Sachau (Ed.). — Studie zur syrischen 
Kirchenlitteratur der Damascene. 

[Sitzungsber. derK.Preuss. Akad . 
d. Wissensch. zu Berlin, 1899, n° 27, 
pp. 502-528, avec 2 pl.]. 

Sachau (Ed.). — üeber den zwei- 
ten Califen Omar [f nov. 644]. Ein 
Charakterbild ans der âltesten Ge- 
schichte des Islams. 

[Sitzungsber. d. k. Preuss. Akad. 
d. Wissensch . zu Berlin, 1902, n os 13- 
15, pp. 292-323]. 

Étude faite surtout d'après les écrits d’Ibn 
Sa*d. 

Sachau (Ed.). — Der erste Chalife 
Abu Bekr. Eine Charakterstudie. 

[Sitzungsber. d. K. Preuss. Akad. 
d. Wissensch. zu Berlin, 1903, n° 3, 
pp. 16-37]. 

Rapports d'Abou Bekr avoc Mahomet et 
Omar ; son rôle dans l’insurrection qui éclata 
après la mort de Mahomet. 

Saïd al Khoury al-Chabtouni. — Voy. 
Diwân de Mgr Germanos Farhat. 

Salih ibn Yahya. — Voy. Histoire de 
Beyrouth. 

Salvemini (Gaetano). — Uabolizione 
del ordine dei Templari ... — Cf. 
Rev. de VOr. lat., VII, 637. 

L’auteur a réimprimé cette étude, avec trois 
autres de sujets différents dans ses Studi sto- 
rici (Florence, typ. Galileiana, in-8°, 169 pp.), 
dont on trouvera un compte rendu, par L.-G. 
P ft lissier, dans la Rev. critique d'hist. et de 
litt ., n. s., t. UV, n # 39 (29 sept. 1902), 
pp. 240-251. 

Sancti Ephraem Syri Hymni et Ser- 
mones , quos e codicibus Londinen- 
sibus, Parisien9ibus, Romanis, Mau- 
silienis, Sinaiticis, Dubliniensibus 
et Oxoniensibus descriptos edidit, 
latinitate donavit, variis lectionibus 
instruxit, notis et prolegomenis il- 
lustravit Thomas Josephus Lamy. 
Tomus IV. — Malines, H. Dessain, 
1902, in-4°, xlviii pp. et 856 col. 

Dernier volume de l’éd. des œuvres de 
S. Éphrem, dont le l* r vol. a paru en 1882. 


Sancti Martyrii, qui et Sahdona, quae 
supersunt omnia , edidit Paulus 
Bedjan. — Leipzig, Harrassowitz, 
1902, in-8°, xxi-874 pp. 

Sanders (D. Léon), O. S. B. — Études 
sur saint Jérôme. La doctrine tou- 
chant Vinspiration des Livres 
saints et leur véracité , Vautoritè 
des livres deutèrocanoniques , la 
distinction entre Vépiscopat et le 
presbytérat , Vorigénisme. — Bru- 
xelles, Becquart-Arien ; Paris, V. Le- 
coffre, 1903, in-8°, vi-395 pp. 

La partie de l’ouvrage consacrée à l’examen 
de la doctrine de S. Jérôme est précédée d’une 
introduction sur sa vio et d’un tableau chrono- 
logique de ses œuvres. 

Sanguineti (Angelo). — Voy. Nuova 
sérié di documenti. 

Sanminiatelli Zabarella (Carlo). — 
Voy. Zabarella. 

Sauerland (Heinrich Volbert). — 
Voy. Psalter (Der). 

Savatzki (H.). — Reise und üeber- 
siedlungs-Erlebnisse. 

[Die Warte des Tempels , Jahrg. 
59, n° 13 (26 mars 1903), pp. 99-100.] 

Relation de l’émigration de l’auteur et de sa 
famille, de Russie en Palestine (octobre 1902). 

Savignac (Fr. M. Raph.). — Fouilles 
anglaises. 

[jRct. biblique internat., XII* an. 
n os 1 et 2 (janv. et avril 1903), 
pp. 120-122, 288-291.] 

Sur les fouilles entreprises à Tell Djézer par 
M. Macalistcr. 

Savignac (Fr. M.-R.). — Un tombeau 
romain à Beit-Netlif. Une église 
byzantine à Yadoudeh. Fouilles 
anglaises de M. Macalister. 

[Rev. bibl. internat., XII # an., 
n» 3 (juillet 1903), pp. 431-437.] 

Savignac (Fr. M.-R.). — Le haut- 
lieu de Petra. — Vues et plan. 


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BIBLIOGRAPHIE 


619 


[Re v. biblique internat ., XII» an., 
n<> 2 (avril 1903), pp. 280-288.] 

Soheil (V .). — La mort de Mar Mar- 
cos, ou la dernière entrevue de 
Mar Marcos et de Mar Sérapion. 

[Zeitschr. f. Assyriol . und ver- 
wandte Gebiete , t. XII (1897), 2- 

3, pp. 162-170.] 

Récit, d’après un ms. de Moscou, du voyage 
de Mar Sérapion à la montagne de Tarmaka, 
où il reçut le dernier soupir de Mar Marcos. 

Schiwietz (Stephan). — Geschichte 
und Organisation der Pachomia - 
nischen Klôster im vierten Jahrhun - 
dert . 

[Archiv f. kathol. Kirchenrecht , 
t. LXXXI (1901), pp. 630-649.] 

Suite de l’article signalé dans Rev. Or. lat.. 
IX, 288. 

Schlumberger (G.). — Expédition des 
Almug avares. . . — Cf. Rev. Or. lat. t 
IX (1902), 288. 

Comptes rendus : Revista de archtvos , biblio- 
teca* y museot, tercera epoca ano VI, n°“ 4-5 
(avril et mai 1902), pp. 392-394 (A. Pi v Mar- 
gall). — Rev. hist., t. LXXXI, n« 2 (mars-avril 
1903), pp. 321-323 (Aug. Molinier). — 'ApfiO- 
v(«, 3* an. (1902), pp. 267-269 (Ad. J. Adamaij- 
tiü). — Bibliotk. de l’école d. chartes , t. LX1V, 
3« et 4° livr. (mai-août 1003), pp. 396-400 
(F. Chai-ahdoi»). — Rev. de l’Or., chrét., 1903, 
n # 2, pp. 321-322 (Léon Clüghet). — Journ. 
Asiat., 9* sér., t. XX (1902), pp. 167-168 (Bar- 
bier de Meykard). — Bullet. critique , 
XXllPan., 2« sér., t. VIII, n*33 (25 nov. 1902), 
pp. 642-646 (A. de Barthélémy). — Rev. criti- 
que d’hist. et de litt., t. LV, n<> 4 (26 janv. 
1903), p. 67 (Ch. Diehi.). — La Cultura , nouv. 
sér., an. XXI, n° 22 (C. Placci). — Voy. aussi 
ci-dessus, sub v. Pargoire (J.). 

Schlumberger (G.). — Un reliquaire 
byzantin portant le nom de Marie 
Comnène, fille de V empereur Alexis 
Comnène. 

[Acad, des Inscr. et Belles- 
Lettres. Comptes rendus des séan- 
ces , janv.-févr. 1902, pp. 67-71. — Tir. 
à part : Paris, A. Picard, 1902, in- 
8°, 5 pp.] 

Description d'un reliquaire en forme de croix 
que possède l’église d’Eyne, près d’Audenarde, 
et sur lequel est inscrite une dédicace à la 


Vierge par une porphyrogénète du nom de 
Marie. Cette Marie pourrait être la seconde des 
cinq filles d Alexis I Comnène. Suivant lg tra- 
dition, ce reliquaire aurait été donné à l’église 
d'Byne par le croisé Gérard de Landas, qui 
fonda cette église en 1171, ou par son fils Ar- 
nold de Landas, et elle aurait été conquise sur 
les Musulmans ou plutôt acquise à Byzance. 

ScHLUMBERGER(Gust.). — Le tombeau 
d'une impératrice byzantine à Va- 
lence en Espagne. 

[Rev. des Deux-Mondes , LXXII» 
an., 5» période, t. VIII, 15 mars 
1902, pp. 395-407.] 

Réimprimé en brochure séparée, avec addi- 
tions. Voy. l’article suivant. 

Schlumberger (Gust.). — Le tombeau 
d'une impératrice byzantine à Va- 
lence, en Espagne. — Paris, Plon, 
1902, in-8®, 35 pp., 1 pl. hors texte et 
grav. dans le texte. 

Il s’agit d’une petite châsse que possède 
l’église de Saint-Jean-de-l’Hôpital, à Valence, 
et qui renferme les ossements de Constance, 
fille naturelle reconnue de l’empereur Frédé- 
ric II et femme de Jean III Dukas Vatatzès, 
le fameux « Vatace », second basileus byzan- 
tin de Nicée (1222-1258). M. Schlumberger 
retrace l’hisloire curieuse de cette princesse, 
d’abord durant la vie de son époux qui lui 
préféra une favorite, puis sous les successeurs 
de Vatace, Théodore Lascaris et Michel Pa- 
léologue. Ce dernier, ayant tenté vainement de 
la séduire, voulut, mais ne put l’épouser. 
Rentrée en Italie, en 1263, elle en fut bientôt 
chassée par l'invasion de Charles d’Anjou. 
Elle se réfugia alors dans le royaume de Va- 
lence, auprès de sa nièce, dona Constance, 
sœur de Manfred, mariée i l’infant don Pedro 
d’Aragon, plus tard roi sous le nom de 
Pierre III. Elle y mourut en 1313 et fut enter- 
rée dans l’église des Chevaliers de l’Hôpital de 
S. Jean de Jérusalem, à Valence. 

Comptes rendus : Échos d’Orient , 6* an., 
mars 1903, p. 151 (J. Pargoire). — Rev. de 
VOr. chrét., 1903, n* 2, pp. 322-323 (Léon 
Clugnet.) — Atittheil. aus d. histor. Literat., 
t. XXXI (1903), p. 62 (F. Hirsch). 

Schmid. — Die Nestorianer. 

[Theologisch-praktische Monat- 
schrift , t. XII (1902), pp. 443-448.] 

Résumé de l’histoire des Nestoriens, depuis 
la naissance de leur secte, â Antioche, jusqu’à 
nos jours. 

Schmidt (Josef). — Des Basilius von 


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620 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


Achrida unedierte Dialoge — 

Cf. Reo. Or. lat., IX, 288. 

On trouvera dans la Byzant. Zeittchr., XI 
(1902), pp. 625-626, une liste de comptes ren- 
dus de cet ouvrage. 

Schneller (Ludwig). — L'apôtre 
Paul et le monde ancien ; traduc- 
tion libre par J. Gindraux. — Paris, 
Fischbacher, 1899, in-8°, 512 pp. ; 
avec grav. et 2 cartes. 

L’original allemand porte le titre : Apottelr 
fahrten. Wanderungen durch das heüige 
Land (cf. Rev. Or. lat., IV, 458). 

Compte rendu : Bull, critique , 1899, n® 7 
(5 mars), pp. 121-122 (D. La Hm). 

Schneller (L.-L.). — La Palestine et 
la Bible , traduit par John Jaques. 
— Genève, Ch. Eggimann, 1903, 
in-8°. 

Version française de l’ouvrage de Schneller, 
intitulé : Kenntt du das Land (cf. Rev. Or. 
lat., III, 147). 

Compte rendu : Journ. de Genève , 15 août 
1903. 

SCHNÜRER (Gustav). — Lie Kümmer- 
nisbilder als Kopieen des Volto 
santo von Lucca. 

[GÔrres Gesellschaft. Jahresbe - 
richt fur Î901 , pp. 43-50.] 

Les images de la sainte, absolument légen- 
daire, qui, suivant les pays, porte le nom de 
Kummernis, Komina, Cornera, Cumerana, 
Hülfe, Wilgeforlis, Ontcommene, Ontcommer, 
Reginfledis, Dignefortis, Eutropria, Liberata, la 
représentent avec une barbe. En réalité, ces ima- 
ges sont des dérivés de crucifii sur lesquels le 
Christ est représenté en tunique, cruciüi qui, 
eux-mémes, sont pour la plupart des copies du 
Volto santo de Lucques. Toute la légende de la 
sainte vient de ce que l’on a cru voir sur ces 
crucifix la représentation d’une femme en croix. 
— 11 n’est point question, dans le travail de 
G. Schnürer, de la translation du Volto santo. 
Ce travail ne nous intéresse donc que très in- 
directement. 

Recension : Anal. Bolland., t. XXII (1903), 
pp. 482-483. 

Schnürer (Gustav). — Ber Kultus des 
Volto santo und der heiligen Wil- 
gefortis in Freiburg . 

[Freiburger Gesch. Blütter, t. IX 
(1902), pp. 74-105.] 

Sur le sujet de cet article, voy. l’article pré- 
cédent. 


Recension : Anal. Bolland., t. XXII (1903), 
pp. 482-483. 

Schœne (A.). — Die Weltchronik 

des Eusébius — Cf. Rev. Or. 

lof., VII, 638; IX, 289. 

Comptes rendus : The english hiitor. Rev., 
t.XVl (1901), pp. 538-539 (J. K. Fotherwgham). 

— Rivista di filologia, XXIX (1901), pp. 149- 
151.— Rev. crit. (Chitt. et de litt., nouv. 
sér., t. LII, n® 51 (9 déc. 1901), pp. 486-487 
(Paul Lejay). — C’est par erreur qu’un compte 
rendu de cette édition de la Chronique d’Bu- 
sèbe a été indiqué (Rev. Or. lat., IX, 289) 
comme figurant dans la Rev. crit., 1901, 
n® 50, pp. 475-476. II se trouve seulement en 
cet endroit une recension d’un travail de 
M. de Mély, Relique» de Conttantinople. 

Schulten (A.). — Die Mosaihkarte 

von Madaba — Cf. Rev. de l'Or. 

lat., VIII, 598; IX, 289. 

Comptes rendus : Litt. Centralbl., t. LUI, 
n®» 14-15 (12 ayril 1902), col. 472-473 (J. Ber- 
zmGKR). — The American Journal of Théo - 
logy, t. VI (1902), p. 151 (Edgar J. Gooos- 
psbd). 

Schulthess (Friedrich). — Christlich 
palüstinische Fragmente. 

[Zeitschr. d. deutschen morgenl. 
Gesellschaft ., t. LVI (1902), pp. 249- 
261.] 

Fragments de lectionnaires. Fragment de la 
Vie d’Abraham Qidunaja, faussement attribuée 
à S. Ephrem, etc. 

Schwartz (Eduard). — Voy. Eusébius 
Werke. 

Scriptores rerum Constantinopolita- 
narum , recensuit Th. Preger : Fas- 
ciculusprior: Hesychii Illustrii Ori- 
gines Constantinopolitanae. Ano- 
nymi Enarrationes chronographi - 
cae. Anonymi Narratio de aedifica- 
tione templi S. Sophiae. — Leipzig, 
Teubner, 1901, in-8°, xx-134pp. 

[. Biblioth . Teubneriana.] 

Comptes rendus: Byzant. Zeitschrift , t. XII 
(1903), pp. 333-335 (J. Pàrgoire). — Reo. d’hist. 
ecclés. [de l’Université de Louvain], t. IV 
(1903), pp. 715-716 (E. Remy). 

Scuole (Le) cattoliche in Oriente e le 


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BIBLIOGRAPHIE 


circolari del patriarca Gioac- 
chino III al clero ortodosso. 

[. Bessarione , 2® sér., II (1901), 
pp. 216-225.] 

Séminaire (Le) oriental de Saint- 
François Xavier , à Beyrouth. 

[La Terre-Sainte , 28° an., n M 19, 
20, 21 (l* 1 * et 15 oct., 15 nov. 1902), 
pp. 292-294, 310-314, 326-328.] 

Semnoz (V.) . — Les dernières années 
du patriarche [de Constantinople ] 
Cyrille Lucar . 

[Échos d* Orient, 6 e an., n° 39 
(mars 1903), pp. 97-107.] 

La mort tragique de Cyrille Lucar n’est pas 
imputable aux Jésuites ; elle est l’œuvre d’un 
papas grec du nom de Lamerno, du grand vizir 
Bayram pacha, et de Cyrille de Berrhée, qui le 
firent étrangler. 

Serruys (Daniel). — La chronique de 
Van 1570. 

[Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
pp. 276-277.] 

L’auteur signale, dans la bibliothèque d'un 
couvent du Monl-Athos, un nouveau ms. des 
chroniques de Dorothée de Monembasie et de 
Manuel Malaxos. 

Seybold (D r Clir.). — Die Drusen- 
schrift « Kitàb alnoqat waldawâir » : 
das Buch der Ptmkte und Kreise. 
Nach dem Tübinger und Münche- 
ner Codex herausg., mit Einleitung, 
Facsimile und Anh&ngen versehen. 
— Tübinger Universitâtsschrift, 
1902, in-8°, xvi-96 pp. 

Compte rendu : Zeitschr. d. deutschen Pal. 
Vereins , t. XXV (1902), p. 204 (J. Bbkziïtger). 

Seymour (Rev. William Wood). — The 
Cross in tradition , history and art. 
— With illustrations. — New-York 
and London, G. P. Putnam’s Sons 
(the Knickerbocker Press), 1898, 
in-4°, xxx-489 pp. 

Les chap. iv et v de l’ouvrage, consacrés 
aux légendes de la vraie Croix et à son histoire 
depuis l’invention par S u Hélène, sont seuls à 
noter ici. Les autres traitent des représenta- 
tions figurées de la croix, avant et après 
J.-C., sur des monuments (édifices, monnaies, 
etc.) ou & l’état isolé. 


621 

Sion (Sœur Vincent). — Gaiffa. — 
Avec une vue. 

(La Terre Sainte, 28® an., t. XIX, 
n° 18 (15 sept. 1902), pp. 277-280.] 

Sirbu (J.). — Les princes roumains et 
un projet de ligue chrétienne en 
1593-1594. — En roumain. 

[Prinos lui D. A. Sturdza la t m- 
plinirea celor sêptezeci de ani 
<Mommage à D. A. Sturdza pour 
son 70 ® anniversaire> (Bucarest, 
Institutul de arte graflce, Carol 
Goebl, 1903, in-8®, 446 pp.), pp. 399- 
410.] 

Siro-Giacobiti (I). 

[Bessarione, 2* sér., II (1901), 
pp. 350-354.] 

Shizzen und Bilder aus Palâstina 
kurz vor und nach unserer Zeit- 
rechnung und aus der Geschichte 
des Christentums. Von Frauenhand. 
— Emden und Borkum,W. Haynel, 
1895, in-8°, vi-444 pp. 

Soden (H. von). — Reisebriefe aus 
Palâstina. — Berlin, J. Springer, 
1898, in-16, vm-216 pp. 

Soden (D. H. Freiherr von). — Bericht 
über die in der Kubbet in Damas - 
kus gefundenen Handschriften - 
fragmente. 

[Sitztmgsberichte derK.preussis - 
chen Akad. d. Wissenschaften, Phi • 
los.-histor. Klasse , 1903, n® XXXIX, 
pp. 825-830. — - Tir. à part, 6 pp.] 

Énumération sommaire de documents dé- 
couverts dans la grande mosquée de Damas, 
dont nous avons parlé dans un précédent numéro 
(Beu. Or. lat., IX, p. 310). En fait de docu- 
ments latins et français, l’auteur signale plu- 
sieurs livres ou fragments de livres liturgiques, 
dont un du x« siècle, une lettre du roi Bau- 
douin IV en faveur d’un marchand syrien, 
Bohali ibn-Ebenisten, dont il publie le texte, 
un fragment d'un poème rimé français sur 
S u Marie rEgypticnne, un fragment de la 
chanson de Fierabras, un fragment de poème 
sur la naissance de J.-C. — Il est probable 
que toutes ces pièces proviennent du butin 
fait par les Infidèles sur les chrétiens établis 
en Palestine et en Syrie. 


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622 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Son, (E.-J.). — Constantinople — 

Cf. Rev. Or . lat ., VI II, 598-599. 

Compte rendu : Rev. de rart chrétien » 
t. XL1V [1901), pp. 527-528 (L. Cloqoet.) 

Sokolov (J.). — La vie ecclésiastique 
et religieuse dans V église grecque 
orthodoxe au xix® siècle. — En russe. 

[Lectures chrétiennes (S 4 Péters- 
bourg), 1902, pp. 601-636.] 

Soler (el D r D. Mariano), arzobispo 
de Montevideo. — Viage por los 
paises biblicos : excursiôn al tra- 
vés de la peninsula sinaitica , de 
la Aràbia petrea y desierta, de la 
Filistea y del pais de Moab. Con 
mapas y grabados. — Montevideo, 
tip. de Marcos Martinez, 1897, in-8®, 
321 pp. 

Spiegelberg (Wilhelm). — Koptische 
Kreuzlegenden. Ein neues Bruch- 
stück der hoptischen Volkslittera- 
tur. 

[Rec. de travaux relatifs à la 
philologie et à Varchéalogie égyp- 
tiennes et assyriennes , t. XXIII 
(1901), pp. 206-211.] 

Légendes populaires copies de l’apparition 
de la croix sous Constantin et de l’invention 
de la croix par sainte Hélène, transcrites sur un 
papyrus de la Bibliothèque de Strasbourg. 

Statuts d f Hôtels-Dieu et de léprose- 
ries. Recueil de textes du xn e au 
xiv° siècle , publié par Léon Le Grand. 
— Paris, A. Picard et fils, 1901, in- 
8°, xxix-286 pp. 

[Fait partie de la Collection de 
textes pour servir à V étude et à ren- 
seignement de Vhistoire.] 

L’auteur publie, en tète, des extraits de deux 
teztes des statuts de l’ordre de S. Jean de Jé- 
rusalem, l'un promulgué par Raimond du Puy 
(1125-1153), l’autre par Roger de Uolins, 15 
mars 1181 . Ces statuts araient été publiés déjà 
par M. Delaville Le Roulx dans le t. I de son 
Cartulaire. M. Le Grand a pu améliorer l'édi- 
tion du premier de ces statuts, à l’aide d’un 
ms. de la fin du xm* siècle (Paris, Arch. nat., 
L 453), non connu du précédent éditeur. 

Compte rendu : Rev. crit. dthiet. et de litt., 
nouv. sér., t. L1V, n* 45 (10 nov. 1902), 
pp. 370-371 (H. Labaitos). 


StegenSek (Augustin). — Eine syr- 
ische Miniaturhandsehrift des Mu- 
seo Borgiano. — Avec une pl. et 
3 grav. dans le texte. 

[Oriens christianus , t. I (1901), 
pp. 343-455.] 

Recensions : Rev. Or. lat., IX (1902), p. 238 
— Byzant. Zeitechr., XI (1902), p. 668. 

Stegenôek (Augustin). — üeber an- 
gebliche Georgsbilder auf den 
aegyptischen Textüien in Muséum 
des Campo Santo. 

[Oriens christianus , t. II (1902), 
n® 1, pp. 170-178.] 

Stewart (Aubrey). — Voy. Clermont- 
Gannrau. — Archaeological Re- 
searches. 

Strzygowski (Josef). — Orient oder 
Rom... — Cf. Rev. de VOr. lat., IX, 
291. 

Comptes rendus : Byzant. Zeitechr ., t. XI, 
n M 3-4 (1902), pp. 562-564 (J. Paul Richtbk). 
— Rev. biblique internat., XI* an. (1902), 
n* 4, pp. 616-617 (H. Vmcasrr). — Theolog. 
Revue, I (1902), col. 49-51 (St. Baissai.). — 
Deuteche Litteraturseitg., t. XXIII (1902), col. 
756 (F. Noack). — Gûttingieche gel. Ansei- 
gen, t. CLXIV (1902), n* 9, pp. 693-711 (Max 
Dvorak). — Rev. crit. d’hist. et de litt., t. LV, 
n* 4 (26 janv. 1903), pp. 68-69. — Rev. 
archiol., 4« sér., 1. 1 (1903), pp. 99-106 (Sey- 
mour de Rica). 

Strzygowski (Josef). — Der Schmuck 
der âlteren el-Hadrakirche im sy- 
rischen Kloster der sketischen 
Wüste. 

[Oriens christianus , t. I (1901), 
pp. 356-372.] 

Strzygowski (Josef). — Antioche- 
nische Kunst. 

[Oriens cristianus , t. II (1902), 
n® 2, pp. 421-433.] 

Sur les deux pilastres de marbre de la Ptat- 
xetta de Venise (façade sud de Saint-Marc). Ces 
pilastres, qui se trouvaient au xm* siècle à la 
porte du château des Génois (Monzoia) à Acre 
et proviennent probablement d’Antioche, ont 
été apportés à Venise en 1258 par LorenzoTie- 
polo. 


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BIBLIOGRAPHIE 


623 


Strzygowski (Josef). — Christus in 
hellenistischer und orientalischer 
Auffassung. 

[Beilage zur ( Münchener ) Algem. 
Zeitg. y 1903, n* 14, pp. 105-107.] 

Le Christ sans barbe est d'origine hellénique, 
le Christ barbu d’origine orientale. 

Stuebe (R.). — Voy. Libro {El) de 
Marco Polo. 

Stumme (Hans). — Arabisch, Persisch 
und Türkisch in den Grundzügen 
der Laut-und Formenlehre, fur das 
Privatstudium sowohl als für aka- 
demische Vorlesungen, in denen 
Wôrter und Namen der islamis - 
chen Welt zu erklüren sind , ohne 
Anwendung der arabischen Schrift 
dargeslellt. — Leipzig, J. C. Hin- 
richs, 1902, in-8% 64 pp. 

Recension : Bysant. Zeitschr., t. XI, n* 1 3- 
4 (1902), p. 605 (K. Krumbachbr) . 

Syrian Songs, Proverbe and Sto - 
ries y collected, translated and anno- 
tated by. Henry Minor Huxley. 

[Journ. of the American Orient. 
Soc., t. XXIII, 2° partie (1902), 
pp. 175-288.] 

Teil (baron Joseph du). — Autour du 
saint Suaire de Lirey. Documents 
inédits, remarques juridiques et 
esquisse généalogique. 

\. Mèm . de la Soc. nat. des antiq. 
de Fr. , t. LXI (1900), pp. 191-218.] 

Teil (baron Joseph du) et Arbois de 
Jubainville (Henry d’). — Observa- 
tions et documents sur le saint 
Suaire de Turin. 

[Bull, de la Soc. nat. des antiq . 
de France, 1902, pp. 214, 356.] 

Tentative d'assassinat contre le pa- 
triarche arménien. 

[La Terre-Sainte , 29® an., t. XX, 
n* 5 (l #r mars 1903), pp. 76-78.] 

Sur la tentative dont fut victime Mgr. Orma- 
nian, en janvier 1903, dans l'église du patriar- 
cat arménien à Stamboul. 


Texte [Le) grec des récits du moine 
Anastase sur les saints Pères du 
Sinaï, publié par F. Nau. 

[Oriens christianus , t. II (1902), 
n» 1, pp. 58-89. — Tir. à part : 
Rome, 1902, in-8°, 32 pp.] 

Édition du texte grec des traités signalés ci- 
dessus (sub v. Nau), d’après les mss. cités et 
d’après les mss. grecs, 1093, 1598, 1629, suppl. 
147, Coislin 257 et 283, de la Bibl. nation, de 
Paris. Aucun de ces manuscrits ne contient la 
totalité des récits. 

Théarvic (M.). — Pour le siège ar- 
chiépiscopal de Chypre. 

[Échos d* Orient , 5* an., n # 6 (sept. 
1902), pp. 396-403.] 

A propos des difficultés qui se sont élevées, 
lorsqu’il s'est agi de pourvoir au siège de Chy- 
pre, laissé vacant en 1900 par la mort de Mgr 
Sophrone. 

Théarvic (M.). — A la tète de la 
Grande église. 

f Échos d’ Orient t n® 40, 6® an. 
(mai 1903), pp. 213-216.] 

Mouvement de la haute hiérarchie dans la 
patriarcat grec de Constantinople, de septembre 
1901 à décembre 1902, et rapports de ce pa- 
triarcat avec les diocèses qui en dépendent. 

Thomas (Margaret). — Two years in 
Palestine and Syria. With 16 illus- 
trations reproduced in colours, in 
facsimile of the original paintings 
by the Author. — London, J. C. 
Nimmo, 1900, in-8°, xiv-343 pp. 

Thomas, ep. Margensis. — Voy. Li- 
ber superiorum. 

Tinti (Luigi). — Vita e missioni nell* 
Indo-Cina del beato Odorico da Por - 
denone , dei Frati Minori (1285-1331). 
-- Rome, Desclée, 1901, in-8°, 179 pp. 
Illustrations. 

Rien de nouveau, mais bon travail de vulga- 
risation d'après les meilleures études sur la 
matière. 

Touraïeffa (K. A.). — Voy. Wright 

(W.). 

Trattato {II) di Terra Santa... di frate 


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624 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


Fr. Suriano... — Cf. Rev. de l’Or, 
lat., VIII, 259-260. 

Compte rendu : Nuovo archivio veneto, 
nouv. sér., t. I, n* 2 (1901), pp. 377-388 (G. 
Occioni-Bonavfons) . 

Traube (Ludovicus). — Voy. Hiero- 
nymi Chronicortim codicis Floria - 
censis fragmenta. 

Triol (L.). — Au pays de Moab. — 
Fin. 

[Échos d'Qrient, 6* an., n*42 (sep- 
tembre 1903), pp. 320-328.] 

Sur le début de l'article, voy. Rev. Or. lat., 
IX, 294. 

Ubaldi (P.). — La lettera CCXXXIII 
npôç t ôv ’Avtioxetaç, del Episto- 
lario di S. Giovanni Ctisostomo. 

[Bessarione, 2* sér., t. I (1901), 
pp. 69-79.] 

Cette épitre doit être attribuée au prêtre 
Constance plutôt qu’à S. Jean Clirysoatome. 

Ugolini (Mons. M.). — Il ms. Vat. 
Sir. 5 et la recensione del Vecchio 
Testamento di Giacomo d'Edessa. 

[Oriens christianus, t. II (1902), 
n° 2, pp. 409-420.] 

Usener (Herm.). — Milch undHonig. 
[Rheinisches Muséum , nouv. sér., 
t. LVII (1902), pp. 177-192.] 

Sur l’usage, en particulier dans l’église orien- 
tale, de donner aux nouveaux baptisés un mé- 
lange de lait et de miel. 

Uspensky (J. T.). — Arkheologièeskie 
pamjatniki Sirii { Monuments ar- 
chéologiques de Syrie). 

[Izvèstija russkavo arkheologi- 
Ôeskavo Instituta v. Konstantino- 
polè [Nouvelles de V Institut ar- 
chéol. russe de CPle), t. VII, n°*’2- 
3 (1902), pp. 94-212; avec nom- 
breuses pl. etgrav. dans le texte.] 

Description du monastère de S. Siméon le Sty- 
lite, en Syrie, d’après des relevés faits par l’au- 
teur lors d'une récente excursion dans ce pays. 

V, (M»* Th.) — En Terre-Sainte. — 


Paris, Plon-Nourrit, 1903, in-16, 
281 pp. — Phototypies. 

Description pittoresque et impressions pieu- 
ses. Rien de nouveau. 

Vàilhé (Siméon).— Jean le Khozïbite 
et Jean de Césarée. 

[Échos d'Orient, 6* an., n* 39 
(mars 1903), pp. 107-113.] 

Jean le Khozibite, évêque de Césarée, ne doit 
pas être confondu avec Jean de Césarée, dit le 
grammairien, contre lequel le patriarche Sévère 
écrivit son Philaléthe. Selon le P. Vailhé, Jean 
le Khozibile serait venu d’Égypte en Palestine 
dans sa première jeunesse. Je note cependant 
que, d'après Évagrius, il était déjà d'âge mAr 
lorsqu'il flt ce voyage. Quant à la date que 
l’on doit assigner à son installation à Choziba, 
elle est bien, comme le pense l’auteur, voisine 
de l'an 500. Le P. Vailhé dit : entre 486 et 499. 

Vailhé (Siméon). — Melhites et Ma- 
ronites. 

[Échos d'Orient , 6 e an., n # 39 
(mars 1903), pp. 142-147.] 

L’auteur développe & nouveau les arguments 
fournis par lui dans de précédents articles sur 
les origines de l'église melkite et contre le pré- 
tendu patriarcal de Jean Maron à Antioche, au 
vil* siècle. 11 publie à cette occasion une nou- 
velle lettre do Mgr Joseph Debs (cf. Rev. Or. 
lat., IX, 293-294), qui maintient ses propres 
conclusions favorables au patriarcat de Jean 
Maron. 

Vailhé (Siméon). — L'ère d'Éleuthé- 
ropolis et les inscriptions de Ber- 
sabêe . 

[Échos d'Orient , 6* an., n* 26, 
(septembre 1903), pp. 310-314.] 

Vàlbnsise (Mgr. Domingo-Maria). — 
Il vescovo di Nicastro, poi papa In- 
nocenzo IX, e la lega contro il 
Turco (1566-1573). — Nicastro, Stab. 
tip. V. Nicotera, 1898, in-8°, 187 pp. 

Comptes rendus : Nuovo archivio veneto, 
nouv. sér., an. I,n* 2(1901), pp. 374-377 (Gius. 
Dalla Santa). — Boletin de la real Acad, de 
la Historia , t. XXXIX (1901), pp. 293-297 
(B. Oliver). 

Valle (Luigi). — Le reliquie di S. 
Giorgio soldato e martire custodite 
fino al 1792 a Pavia e ora nella 
chiesa arcipretale di Borgo Vico in 


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BIBLIOGRAPHIE 


Gomo. — Pavia, tipografla Artigia- 
nelli, 1903, in-8°, 49 pp. 

Recension : Anal. Bolland ., t. XXII (1903), 
pp. 490-491 (Hipp. Delehàye). 

Van Berchem (Max). — Inscription 
arabe de Baniâs. 

[Rev. biblique internat ., t. XII 
(1903), n<> 3, pp. 421-424.] 

Inscription relative à des constructions éle- 
vées, en 1132 ou 1134, par un émir syrien nom- 
mé Abû Ishaq Ibrahim, fils de Malâ'ib. Elle est 
encastrée dans une construction sise à Banias. 
Abû Ishaq Ibrahim, dont le nom ne parait pas 
ailleurs, fut peut-être seigneur ou châtelain de 
Baniâs, que l’atâbek de Damas avait repris aux 
Francs en 1132 précisément. Quant à son père 
Malâ'ib, peut-être doit-on l’identifier avec Kha- 
laf ibn Malâ'ib, émir arabe, qui posséda quelque 
temps le fief de Homs. 

Van Berchem (Max). — Matériaux 
pour un « Corpus inscriptionum 
arabicarum » : Égypte. Fasc. 1-3 : 
Le Caire. 

[Mêm. publ. par les membres de 
la Mission archèol. franç. au Caire 
(Paris, in-4°), t. XIX (1894-1900), 
pp. 1-599 et pl.]. 

La suite contiendra de nombreuses inscrip- 
tions historiques concernant les croisades. 

Van Berchem (Max). — Notes sur les 
croisades : I. Le royaume de Jéru- 
salem et le livre de M. Rôhricht. 

[Journal asiatique, mai-juin 1902, 
pp. 385-456. — Tir. à part : Paris, E. 
Leroux, 1902, in-8°, 76 pp.] 

Après un juste tribut d’éloges à Y Histoire du 
royaume de, Jérusalem , do M. Rôhricht, l’auteur 
de ces Notes donne une énumération rapide 
des sources et particulièrement des diverses 
catégories de sources orientales qui resteraient 
à publier pour compléter le dossier de l’histoire 
des croisades. Il termine par une série de dis- 
sertations des plus instructives touchant di- 
vers points d'histoire et de topographie, sur 
lesquelles les renseignements fournis par M. 
Rôhricht peuvent être complétés ou rectifiés. 
La rare compétence de M. Van Berchem en ma- 
tière de topographie syrienne et palestinienne 
font vivement désirer la prochaine publication 
de son Voyage en Syrie et en Palestine, annon- 
cée dans le présent article. 

Vandàl (A.). — L'odyssée d'un am- 
bassadeur — Cf. Rev. Or. lat ., 

VI, 329. 


625 

Compte rendu : Hist. Zeitsehr., nouv. sér., 
t. LIV (1903), pp. 500-501 (G. Meittz). 

Van den Gheyn (J.). — Une lettre de 
Grégoire III, patriarche de Cons- 
tantinople, à Philippe le Bon, duc 
de Bourgogne. — Avec reproduction 
en phototypie. 

[Annales de VAcad. royale d'ar- 
chéologie de Belgique, t. LV (nouv. 
sér. t. V), an. 1903, pp. 69-92. — Tir. 
à part : Anvers, Imprim. Vve De 
Backer, 1903, 26 pp. et 1 pl.] 

Texte et commentaire d’une bulle sans date, 
trouvée par M. Eug. Poswick dans les archives 
de l’ancienne seigneurie de Carloo, à saint Job 
sous Uccle. Cette bulle, que des synchronismes 
permettent de dater des années 1445 ou 1446, a 
pour objet d’authentiquer une relique de la 
vraie Croix envoyée par Théodore Paléologue 
à Philippe le Bon. A chacune des extrémités du 
reliquaire en forme de croix qui contenait 
cette relique, était enchâssée une autre relique 
de la Passion, à savoir un fragment du roseau 
dont J.-C. fut frappé, un fragment de la sainte 
éponge, un fragment du saint suaire et un 
fragment du vêtement rouge que Hérode (sic) 
fit par moquerie endosser à J.-C. Jusqu’en 1524, 
ces insignes reliques restèrent dans la descen- 
dance du duc de Bourgogne. A cette époque, 
Charles-Quint on fit présent à Thierry van den 
Heetvclde, garde des joyaux de sa cour, à la 
condition qu’il les déposerait dans quelque 
église ou chapelle. En vertu de cette donation, 
le nouveau possesseur les confia à l’église de 
saint Job sous Uccle, ainsi qu’il ressort d’un 
procès-verbal de reconnaissance dressé en 1524 
par Robert de Croy, administrateur du diocèse 
de Cambrai, et qui est conservé également 
dans les archives de Carloo. Ni les reliques, 
ni le reliquaire n’existent plus. 

Van den Ven (P.). — S. Jérôme et la 

vie du moine Malchus le captif 

— Cf. Rev. de VOr. lat., IX, 294. 

Comptes rendus : Bul. de la classe des lettres 
et des sc. mor. de VAcad. royale de Belgique , 
1902, n° 2, pp. 66-67. — Theol. Qnartalschr., 
t. LXXX1V (1902), pp. 456-457 (F. X. Foxa). — 
BuUetin critique, XX III (1902), p. 155 (G. M.). 
— Historisches Jahrbuch d. Gôrres Gesellsch ., 
t. XXUI (1902), pp. 141-142 iC. Weyman). — 
Deutsche Litt. Zeitg ., t. XXUI (25 janv. 1902), 
col. 225 (G. Grüktzmàchkr). — Theolog. Revue, 
l,n # 8(14 mai 1902), col. 242-244 (11. Plenkkrs). 
— Theol. Quartalschrift , t. LXXX1V (1902), 
p. 456 (Fuira). — Rev. bénéd. de l’abbaye de 
Afaredsous, t. XIX (1902), p. 76 (Ursracr 
BERLikac). — Rev. de l'instr. publ. en Bel- 
gique , t. XLV, n* 1 (1902), pp. 28-30 (J. Bm*z). 
— Theol. Literaturbl . , t. XXIII (1902), 


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626 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


col. 299 (Zôckler). — Oriens chris tianus , t. Il 
(1902), n<> 1, pp. 201-204 (M. A. Kugener). 

Yan Millingen (A). — Byzantine 

Constantinople — Cf. Rev. Or. 

lat.j VIII. 260, 600; IX, 294. 

Comptes rendus : BuÇavrtvà Xpovixal, 
t. VUI (1901), pp. 568-572 (A. Vasiliev). — 
Berlin, philol. Wochetischr., t. XXI (1901), 
col. 1491-1495 (E. Oberhummkr). 

Van Vebber (L’abbé). — Der Teich 
Belhesda und der Teich Siloe. 

[ Theol . Quartalschr . , 1903, pp. 161 
et suiv., 369 et suiv.]. 

L'auteur essaie de prouver, sans d’ailleurs y 
réussir, l’identité de ces deux piscines. 

Recension : Rev. bibl. internat. , XII* an. 
(1903), n* 3, pp. 491-492. 

Vasiliev (A.-A). — Byzance et les 

Arabes — Cf. Rev. de VOr. lat. y 

IX, 294-295. 

Comptes rendus : Joum. (russe) du ministère 
de l’Instr. publ. , t. CCCXXXVIII (1902), 
pp. 185-195. — Archiv für slav. Philol., 
t. XXIV (1902), p. 296 (C. Jirkcek). 

Vasiliev (A. -A.). — Byzance et les 
Arabes. Relations politiques entre 
les Byzantins et les Arabes au temps 
de la dynastie macédonienne. — 
S. Pétersbourg, 1902, in-8°, xn-320- 
220 pp. — En russe. 

Suite de l’ouvrage signalé dans la notice pré- 
cédente. 

Compte rendu : Échos Orient, 6® an., mai 
1903, pp. 221-222 (J. Bois). 

Vergikr (Lucien). — Établissements 
protestants de Jérusalem. 

[La Terre-Sainte , 29® an., t. XX, 
n°.4 (15 févr. 1903), pp. 49-50]. 

Vergier (Lucien). — Étude sur le 
monastère de S. . Théodose fondé 
par saint Théodose le Cénobiarq ue, 
entre Bethléem et Saint-Sabas, vers 
465. 

[La Terre-Sainte , 29* an., t. XX, 
n® 14 (15 juil. 1903). pp. 218-222]. 

Verhelst (J.), — Le saint Suaire de 
Turin. 


[Écho religieux de Belgique , 
16 juin 1902. — Tir. à part : Bruxelles, 
Oscar Schepens et C ie , 1902, in-8°, 
14 pp.]. 

Vesblovsky (N.-L). — Le commen- 
taire de V archimandrite Kafarov 
sur le voyage de Marco Polo en 
Chine.— Saint-Pétersbourg, imprim. 
de l’Académie, 1902, in-8°, 47 pp. — 
En russe. 

Vetter (Paul). — Die armenische 
Dormitio Mariae. 

[Theolog. Quartalschr., t. LXXXIV 
(1902), pp. 321-349]. 

Recension : Anal. Bolland., t. XXII (1903), 
p. 483. 

Version allemande du texte arménien de la 
Dormitio publié en 1898 & Venise par le Mô- 
khi taris te P. E. Dayethsi, dans son recueil de 
Textes apocryphes du Nouveau Testament. 

Viaggio (Del) in Terra Santa fatto e 
descritto da ser Mariano da Siena 
nel secolo XV. 

[Gerusalemme, an. XXVI (1902), 
8 mai, 8 juil., 8 août, pp. 107-108, 
132, 142]. 

Suite de l’article signalé dans Rev. de T Or. 
ta*., VUI, 253,593 ; IX, 282. 

Vie de Jean Bar Aphtonia , texte sy- 
riaque publié et traduit par F. Nau. 
— Paris, A. Picard, 1902,in-8°,39 pp. 

[Bibliot h. hagiogr. orientale, publ. 
sous la direction de Léon Clugnet, 
t. II. — Tirage à part d’un article 
publ. dans la Rev. de VOr. chrétien , 
VII, 97-135]. 

Comptes rendus : Échos d’Orient, 6® an., 
mars 1903, p. 157 (S. VailhA). — Anal. Bol- 
land. , t. XXII, fasc. 1 (1903), p. 97. 

Vie et récits de l’abbé Daniel le Scé- 
tiote (vi* siècle). I . Texte grec pu- 
blié par L. Clugnet. — II. Texte 

syriaque publié par F. Nau — Cf. 

Rev. Or. lat., IX, 295. 

[Tirage à part d’une série d’ar- 
ticles parus dans la Rev. de VOrient 
chrétien , t. V et VI]. 


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BIBLIOGRAPHIE 


627 


Compte rendu : Anal. Bolland ., t. XXII, 
fasc. 1 (1903), pp. 95-97 : Critique assez justi- 
fiée des conclusions de M. Ciugnet et de la fa- 
çon dont sont édités les textes qu'il publie. 
Au sujet d'Andronic et d’Athanasia, M. Ciugnet 
croit interpolé le passage de la Vie latine de 
ces personnages qui les fait vivre sous Théo- 
doso le Grand, À la fin du iv a siècle, et il les 
transporte au vi* siècle. En signalant précédem- 
ment la chose (Rev. Or. lat., VIII, pp. 231-232, 
368), à propos des articles de M . Ciugnet pu- 
bliés dans la Rev. de l’Or, chrétien , j’avais 
émis des doutes sur le bien fondé de ce trans- 
port. L’auteur du compte rendu noté ici n’est 
pas convaincu lui non plus, et il signale à 
M. Ciugnet des mss. de la Vie grecque où, 
comme dans la Vie latine, l’existence des 
SS. Andronic et Athanasia est placée à l'époque 
de Théodose l ar . 

Vignon (Paul). — Le linceul du 
Christ. Étude scientifique , 2 e éd. re- 
vue et augmentée de notes. — Paris, 
Masson et 0, 1902, in-4«,xii-215pp., 
9 pl. hors texte, 38 figures dans le 
texte. 

Vignon (P.). — Le saint Suaire de 
Turin. 

[Le Correspondant , t. CCVI1 (avril- 
juin 1902), pp. 776-781]. 

Réponse à M. de Meurville (cf. ci-dessus). 

Vignon (P.). — A propos du saint 
Suaire de Turin. Réponse à M. Don- 
nadieu. 

[L’Université catholique, t. XL 
(mai-août 1902), pp. 362-383. — Tir. 
à part : Lyon, imprim. Vitte, 1902, 
in-8°, 24 pp.] 

Vignon (P.). — A propos du saint 
Suaire de Turin. 

[Rev. chrétienne , 49° an., 3 e sér., 
vol. XVI, no 1 (juil. 1902), pp. 26-34. 
— Tir. à part : Dole, imprim. Girardi 
et Audebert, 1902, in-8°, 11 pp.J. 

L’article est suivi d’une réplique de F. Püàux 
et d’une lettre de Ch. STimitn. 

Vignon (P.). — Le saint Suaire de 
Turin. — Angers, imprim. Burdin 
et O, s. d. [1903], in-8°, 4 pp. 

Villari (P.). — Voy. Bernhardy 

(Amy A). 


Vincent ( Le P. H.) — Notes d’épi- 
graphie palestinienne. Un nouveau 
milliaire arabe [celui de Khân el- 
Hathrourah]. Encore l’ère d’Eleur 
thèropolis. Le rescrit impérial de 
Bersabée. Inscription d’er-Rum- 
saniyeh. 

[Rev. biblique internat ., XII» an., 
n<> 2 (avril 1903), pp. 271-279]. 

Vincent (Le P. Hugues). — Les ruines 
d’Amwâs. — Vues et plans. 

[Rev. biblique internat ., XII® an., 
n° 4 (l® r oct. 1903), pp. 571-599.] 

A propos d'une thèse soutenue par le P. Bar- 
nabé d'Alsace [Deux questions d’archéol. pa- 
lestinienne; cf. Rev. Or. lat., IX, 254), sui- 
vant laquelle les ruines de l’édifice sis à Em- 
maüs-Nicopoüs, où l’on voyait jusqu’ici une 
basilique chrétienne, datant du m*- iv* siècle, 
ne seraient autre chose que des thermes ro- 
mains remontant au i ar siècle ap. J.-C. Le 
P. Vincent décrit avec grand détail ces ruines 
et conclut d’une nouvelle étude, qu’il en a faite 
sur place, à l’impossibibitité d’y voir autre 
chose qu’une église. 

Vincent (Le P. Hugues). — Notes 
d'èpigraphie palestinienne . 

[Rev. biblique internat,, XII® an., 
n° 4 (W oct. 1903), pp. 605-612.] 

Reproduction et description de petits monu- 
ments palestiniens (sceaux, bulles, poids, amu- 
lettes, tessères) de diverses époques (juive, by- 
zantine, médiévale) faisant partie de la collec- 
tion du baron d'Astinov. Une des bulles décrites, 
portant l'inscription Sanctus Marcus Venec., 
parait provenir d’une église ou communauté 
vénitienne du Levant; quelques-uns des sceaux 
datent de l’époque byzantine. 

Vincent (Le P. Hugues). — Les ruines 
de Beit Cha r ar. 

[Rev. biblique internat ., XII® an., 
n® 4 (l® r oct. 1903), pp. 612-614.] 

Ces ruines se voient à 2 kilom. S. S. E. de 
Beit Zak&rya, sur une colline dominant le point 
où la route moderne de Jérusalem à Hébron 
franchit l’ouadi 'Arroub. On y a mis au jour 
récemment les ruines d’une église d’assez basse 
époque byzantine, pavée d’une mosaïque en un 
endroit de laquelle se lit une inscription grecque 
malheureusement mutilée. On a voulu voir dans 
Beit-Cha f ar le Saint-Zacharie de la carte de Ma- 
d&ba. Rien n'est moins prouvé. 

Vincent (Le P. Hugues). — Fouilles 
diverses en Palestine. 


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628 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


[Rev. biblique internat ., XII* an., 
n° 4 (1 er oct. 1903), pp. 615-617.] 

Sur le» fouilles de M. Macalister i Geser, du 
Prof. Sellin à Ta'anak, et de la mission al- 
lemande à Ba'albek. 

Visite [Une) au couvent de Saint - 
Saba. 

[La Terre-Sainte, 29 e an., t. XX, 
n- 14 (15 juil. 1903), pp. 222-223.] 

Von Versailles nach Damaskus. Ge- 
danken eines Laien. Mit einem Vor- 
wort von C. Meyer von Knonàu 
und A. Rittrr. — Zurich, Schult- 
hess, 1903, in-8°, 135 pp. 

Je n’ai pas vu cet ouvrage, et je me demande 
si ce ne serait pas un écrit ou pamphlet poli- 
tique ou religieux, plutôt qu'une relation de 
voyage. 

Wæchter (Albert). — Der Ver f ail 
des Griechentums in Kleinasien im 
XIV Jahrhundert. — Leipzig, 
Teubner, 1903, in-8°, 70 pp. 

L’hellénisme s’est maintenu très vivace dans 
l’Asie Mineure jusqu'au milieu du xm* siècle. 
Depuis lors, il va sans cesse en décroissant, et 
au xiv* siècle il disparait presque complètement. 
Les historiens byzantins ne nous renseignent 
ni sur les causes de cette disparition, ni sur 
la façon dont elle s’accomplit. Pour en savoir 
quelque chose c’est surtout aux documents 
ecclésiastiques qu’il faut s’adresser. Malheureu- 
sement ces documents sont eux-mêmes peu 
nombreux et assez mal connus. 

Comptes rendus : Berliner philol. Wo- 
chenschr., 23 Jahrg., n* 45 (7 nov. 1903), 
col. 1428-1430 (E. Gerland). — Échos iï Orient, 
6* an., n» 41 (juil. 1903), pp. 279-280. — 
B y z an t. Zeitschr., I. XII (1903), p. 411 
(K. Krumbacher). 

Wanner (Ernst). — Robert de Clari 
ein altfransôsischer Chronist des 
IV Kreuzzuges. Inaugural-Disser- 
tation zur Erlangung der philoso- 
phischen Doctorwürde der Univ. 
Zurich. — Schaffhausen, Paul 
Schoch, 1901, in-8°, 101 pp. 

Étude philologique et critique, accompagnée 
d’une biographie de Robert de Clan. Travail 
fait consciencieusement mais n’apportant rien 
de nouveau. 

Wàeesquiel (Marguerite de). — Le 


bienheureux Humbert de Romans , 
cinquième général de VOrdre des 
frères Prêcheurs. — Paris, Œuvres 
dominicaines (222, Faubourg St-Ho- 
noré), 1901, in-12, iv-212 pp. ; gra- 
vures. 

Compilation faite en grande partie d'après 
les écrits des historiens modernes de l’Ordre, 
et ne contenant (p. 198) que quelques lignes 
sans intérêt sur le De praedicatione crucis de 
Humbert de Romans. 

Recension : Anal. Bolland. , t. XXII, fasc. 1 
(1903), pp. 115-116 (Franc. Van Ortrot). 

Weber (Simon). — Die katholische 
Kirche in Arménien. Ihre Begrün - 
dung und Entwickelung vor der 
Trewnung . Ein Beitrag sur christ- 
lichen Kirchen - und Kulturge - 
schichte. — Freiburg im B., Herder, 
1903, in-8°, xx-532 pp. 

Sur les origines et le développement de 
l’Église arménienne, jusqu’à l’époque où elle 
se sépare de l’Église catholique, c’est-à-dire au 
commencement du vi* siècle. 

Compte rendu : Rev. de l'Or, chrét., 1903, 
n* 2, pp. 320-321 (Franç. Toornebize). 

Weiss (D r Johann). — Reise nach Jéru- 
salem und Wanderungen im heili- 
gen Lande, dem katholischenVolhe 
ersahlt von D r J. W. — ErsterTheil. 
Mit zahlreichen Bildern, einem 
Plane, und einem Panorama von 
Jérusalem. — Graz, Verlag des 
katholischen Pressvereins, 1902, 
in-8% 162 pp. 

Weis-Liebersdorf (J.-E.). — Christus 
und Apostelbilder. Einfluss der 
Apocryphen auf die ültesten Kunst- 

. typen. — Freiburg i. B., Herder, 
1902, in-8 # , xii-124 pp. et 54 grav. 

Recension : Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
p. 429 (J. Strzygowsri). 

Wellhaüsen (J.). — Die Kiimpfe der 
Araber mil den Romüem in der 
Zeit der Umaijiden. 

[Nachrichten der K. Gesellsch. 
d. Wiss. su Gôttingen. Philol. -hist. 
Klasse , 1901, n° 4, pp. i-34.] 

Compte rendu : Byzant. Zeitschr., t. XI 
(1902), pp. 643-644. 


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BIBLIOGRAPHIE 


629 


Weselovsky (N.-I.). — Voy. Vese- 

LOVSKY. 

Wbsselovsky (A.-N.). — Zur Fr âge 
uber die Heimath der legende vont 
heîligen Gral. 

[Archiv. f. slav. Philol ., t. XXIII 
(1901), pp. 321-385.] 

La légende est d'origine syrienne (judéo- 
chrétienne ou nestorienne) ; elle a pris nais- 
sance Hana la région d’Édesse et a été transpor- 
tée en Occident, au xu* siècle, par les croisés. 

W[byman] (Cari). — Eusébius von 
Caesarea tmd sein Leben Gonstan- 
tins. 

[Historisch-politische Blütter f. 
d . kathol . Deutschland, t. CCXXIX 
(1902), pp. 873-892.] 

William of Rubruck. — Voy. Joumey 
(The) of William of Rubruck. 

Wimmer (J.). — Palüstinas Boden 
mit seiner Pflanzen-und Tiemoelt 
vom Beginn der biblischen Zeiten 
bis zur Gegenwart. Historisch-geo - 
graphische Skizzen. — Cologne, 
Bachem, 1902, in-8°, 128 pp. 

[Vereinsschrift d. GÔrresgesell- 
schaft fur 1902.] 

Wright (W.). — Breve schizzo délia 
storia délia letteratura siriaca. Tra- 
duzione dall’inglesse di K. A. Tou- 
raïeffa, sotto la redazione e con 
aggiunte del Prof. K. Kokowzoff. 
— Pietroburgo, 1902, gr. in-8°, xiii- 
294 pp. 

Traduction de l'ouvrage dè Wright, Short 
history of Syriac Littérature. 

Compte rendu : Oriens christianus., t. II 
(1902), no 2, pp. 467-468 (I. Guidi). 

Wuensch (Richard). —Bas Frühlings- 
fest der Insel Malta. — Leipzig, 
B. G. Teubner, 1902, in-8°, 70 pp. 

A propos du texte arabe publié par BrockeU 
mann (cf. Rev. Or. lat ., IX, 237). L’auteur 
cherche à montrer que cette fête de S. Jean- 
Baptiste aurait pour origine une fête païenne 
d 'Adonis. 

Yacoub Artin pacha. — Contribu- 


tion à V étude du blason en Orient. 
— Londres, 1902, in-8°, 244 pp. avec 
nombr. pl. etgrav. 

Compte rendu : Bulle t. critique , 24* an., 
no 28 (5 octobre 1903), pp. 527-528 (A. de 
Barthélémy). 

Yule (Amy Frances). — Voy. Book 
(The) of Sir Marco Polo. 

Yule (Henry). — Voy. Book (The) of 
Sir Marco Polo. 

Yver (Georges). — Le commerce et les 
marchands dans VItalie méridio- 
nale au xm* et au xrv« siècle. — 
Paris, Fontemoing, 1903, in-8°, viii- 
447 pp. 

[Biblioth. des Écoies françaises 
d'A thènes et de Rome , fasc. 88.] 

L'ouvrage contient nombre de renseignements 
nouveaux et du plus grand intérêt sur les rela- 
tions commerciales de l’Italie méridionale et, 
en particulier, des princes angevins de Naples 
avec les états musulmans du Levant et avec les 
Khans tartares. 

Comptes rendus : Rev. hietor ., t. LXXXllI 
(1903), pp. 101-102 (Aug. Molimer). — Bal- 
let. critique , 24* an., n° 16 (5 juin 1903), 
pp. 287-291 (L. Madelin). 

Zabarella (Conte Carlo Sanminia- 
telli). — Lo assedio di Malta, 
18 maggio-8 settembre 1565. — To- 
rino, Tipogr. Salesiana, 1902, in- 
8% 694 pp. 

Compte rendu : Stimmen au s Maria Laach , 
t. LXIV (1903), pp. 203-205 (Joseph Hilgers). 

Zerlentès (Périclès G.). — NoÇCot vV 
oo<; xal irôXiç. 

[. Byzant . Zeitschr ., t. XI, n 08 3-4 
(oct. 1902), pp. 491-499.] 

Sur les différentes formes du nom de Naxos 
dans les documents grecs et occidentaux du 
moycn-Age (NiÇoç, NaÇÉa, NaÇii, ’AÇta, 
’Aijii, 'A^oc) et sur quelques localités (châ- 
teaux ou villages) signalées dans l'ile par les 
textes médiévaux. La ville actuelle, appelée 
Xu>pa par les indigènes, date de l’époque 
franque. 

Zerlentès (Périclès G.). — BessaXovi- 
Ttioiv pL'qTpo'iroXÎTat àirô 0ewvi tou iicô 
•flfou pivtov \Upy i ’lwdtea® ’ApyupoitoûXou 
(1520-1578). 


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630 


REVUE DE L ORIENT LATIN 


[Byzant. Zeitschr ., t. XII (1903), 
pp. 131-152.] 

Zibbarth (E.). — Cyriacus von An - 
cona als Begründer der Inschrif - 
tenforschung . 

[N eue Jahrbürcher f. das klass. 
Altertum , t. IX (1902), pp. 214-226.] 

Sur Cyriaque d'Ancone, voy. Rev. Or. lat ., 
V, 266; VI, 588; IX, 298. 

Zimmert (K.). — Der Friede zuAdria - 
nopel (Februar 1190). 

[Byzant Zeitschr ., t. XI, n°» 34 
(oct. 1902), pp. 303-320, 689-691]. 

L'auteur cherche à reconstituer le texte du 
traité conclu à Andrinople, le U février 1190, 
entre Frédéric I et lsaac l'Ange, à l'aide des 
trois documents qui en relatent partiellement 
les clauses, soit VHistoriade exped. Fri der ici, 
attribuée à Ansbert, YHietoria Peregrinorum 
et la lettre des notables italiens, publiée récem- 
ment par Hampe (cf. Rev. Or. lat., V, 582), 
confrontés entre eux et avec d’autres sources 
qui relatent les incidents du séjour de Frédéric 
sur le territoire de l'Empire grec. L’article 
se termine par un exposé sommaire des événe- 
ments qui se déroulèrent pendant la négocia- 
tion du traité. 

Zimmert (K.). — Der deutschbyzanti - 
tinische Konflikt vom Juli 1189 bis 
Februar 1190. 

[Byzant. Zeitschr. , t. XII (1903), 
pp. 42-77.] 

Jusqu'en juillet 1 1 89, lsaac l'Ange fut proba- 
blement désireux d’observer la convention con- 
clue à Nuremberg au début de l'année. Mais 
sa défiance à l’égard des intentions de Fré- 
déric I l'amène à prendre des mesures qui 


devaient inévitablement engendrer un conflit, 
et, parmi ces mesures, il faut placer en pre- 
mière ligne l'arrestation des ambassadeurs 
envoyés par l'empereur allemand à Constanti- 
nople pour annoncer son arrivée. Le xèle 
intempestif de fonctionnaires subalternes, qui 
entravèrent la marche des croisés, contribua 
également A tendre la situation. M. Zimmert 
expose avec détail les divers incidents de la 
querelle jusqu'au traité du 14 février 1190, ou 
plutôt jusqu’à la fin de décembre 1189, époque 
où les bases de ce traité furent arrêtées. 11 in- 
siste particulièrement sur les projets de con- 
quête de Constantinople par Frédéric 1 et sur 
les causes qui en empêchèrent la réalisation. 

Zimmert (Karl). — Tageno und der 
Brief Dietpolds. Gymnasial pro- 
gramm. — Nikolsburg, 1902, in4 # . 

Zimmert (K.). — Zu Ansbert : I. Die 
Historia Peregrinorum und die 
ursprtmgliche Fassung Ansberts . 

[Mittheil. d. Instituts f. oesterr. 
Gesch . Forschung , t. XXIV (1903), 
n° 1, pp. 115-121.] 

Zwemer (Rev. S. M.). — Arabia f the 
bradle of Islam. — Londres, Oli- 
phant, Anderson et Ferrier, 1900, 
in-8°. 

Compte rendu : The Athenaeum t n° 3808 
(20 oct. 1900), p. 505. 

Description de l’Arabie, avec des renseigne- 
ments sur son histoire, son gouvernement, ses 
habitants. 

Zwemer (S. M.). — Raymond Lull y 
first missionary to the Moslems . — 
New-York et Londres, Funk et Wag- 
nalls C*, 1903, in-12, xxii-172 pp. 


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CHRONIQUE 


— La mort de notre éminent collaborateur Gaston Paris, a été 
annoncée dans le dernier fascicule de la Revue de VOrient latin. 
En loi, les études de philologie romane ont perdu un maître dont 
l’autorité était universellement reconnue et dont l’œuvre restera, 
dans le domaine scientifique, une des plus belles et des plus 
fécondes qu’ait produites la seconde moitié du xix* siècle. Il serait 
hors de propos de rappeler ici ce que fut cette œuvre; mais nous 
devons nous souvenir qu’en explorant la littérature française du 
moyen âge, G. Paris s’attacha toujours avec une sorte de prédilec- 
tion à l'histoire littéraire des croisades, et que là, comme partout 
ailleurs, il n’est point de sujet qu’il ait touché sans que sa puissante 
intelligence l’ait marqué d’une empreinte ineffaçable. De bonne 
heure, il y fut initié dans l’intimité du savant éditeur de la Chan- 
son d’Antioche et de l'Histoire de Guillaume de Tyr. Une de ses 
premières œuvres, son Histoire poétique de Charlemagne, qui 
lui St, à 25 ans, une réputation européenne, contenait un impor- 
tant chapitre sur la Chanson du pèlerinage du grand empereur. 
Il devait plus tard reprendre, en le développant, ce même sujet 
{Romani a, t. IV et IX; Bibl. de l’Ec. des Chartes , t. XXV), fixer 
de façon à peu près indubitable la date du poème (vers 1075) et 
marquer de façon plus précise la distance qu’il croyait apercevoir 
entre l'inspiration de l’œuvre et l'idée génératrice des croisades. 
Peut-être, sur ce dernier point, son jugement ne doit-il pas être 
adopté sans réserve et la connaissance plus exacte des origines de 
la première guerre sainte fera-t-elle apparaître des points de 
contact où il avait cru voir des oppositions de tendance. Il n'en 
reste pas moins qu’en déterminant la date de composition de la 
Chanson, il avait établi une base solide pour l’étude de cet écrit 
et fait la part entre les questions qui s’y rattachent et celles avec 
lesquelles il n’a rien à voir. 


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632 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


La publication par Riant de la fameuse lettre d’Alexis au comte 
de Flandre et les conclusions formulées par cet érudit sur la 
valeur et l'époque de la rédaction du document devaient attirer 
G. Paris dans un débat auquel rien ne semblait l’avoir expressé- 
ment préparé. Mais telles étaient l’ampleur de ses facultés com- 
préhensives, la diversité de son savoir, la sûreté de sa méthode, 
que, d’emblée, il s’emparait du problème, en établissait nettement 
les données et montrait la véritable signification de chacune 
d’elles avec une rigueur si persuasive qu’il ralliait, ou peu s’en 
faut, à son système, le savant même qu’un long travail avait 
mis en pleine possession du sujet. Faut-il rappeler encore ses 
magistrales éludes sur Joinville (Romania, t. XXIII, et Hist. litt. 
de la Fr ., t. XXXII) ; sur Philippe de Novare [Romania, t. XIX, et 
Rev. de VOr. lat ., IX) ; sur Jaufré Rudel et la princesse de Tibé- 
riade (Rev. hist., t. LUI); ses mémoires, d’une érudition si sûre et 
d’une ordonnance si parfaite, sur la Chanson d'Antioche proven- 
çale et la Gran Conquista de Ultramar ( Romania , t. XVII, XIX et 
XXII), sur le roman de Richard Cœur-de-Lion ( Romania , t. XXVI), 
sur la chanson composée à Acre en 1250 ( ibid t. XXII); sur les 
traditions occidentales relatives à Saladin (Joum. des Sav ., 1893); 
ses notices sur Robert Gourteheuze (Acad, des Inscr. et B. L. y 
Comptes rendus , 1890) et sur Hugues de Berzé ( Romania , 1899); 
sur les chroniques d’Amadi et de Bustrone; enfin l’édition du 
poème d’Ambroise dont nul mieux que lui n’était en situation de 
préparer le texte et le commentaire. 

Je me fais presque scrupule d’énumérer ici ces travaux, dont 
aucun, certainement, n’est ignoré de nos lecteurs; il suffira en 
tout cas d’en avoir énoncé les titres pour en faire revivre le con- 
tenu dans leur mémoire. Et ce ne fut pas seulement par là que 
se manifesta, chez Gaston Paris, l’attrait qu’il ressentait pour tout 
ce qui touchait l’Orient latin. Il n’est guère d’ouvrage sur la 
matière, spécialement parmi ceux publiés à l’étranger, dont il 
n’ait rendu compte dans la Revue critique , la Romania ou le 
Journal des Savants. Nul plus que lui ne déplora que l’Académie 
de 3 Inscriptions ne se fût pas mise en situation de poursuivre le 
Recueil des historiens des Croisades , et nul non plus ne témoigna 
avec autant de force et de sincérité de l’intérêt qu’il attachait à la 
publication de notre Revue. Il nous a donné plusieurs articles, et 
il projetait encore de nous en donner d’autres, sur la Chronique 
dite du Templier de Tyr, sur les continuateurs de Guillaume de 
Tyr. La mort l’a surpris au moment même oû il achevait la cor- 
rection des épreuves du travail paru dans notre précédent fasci- 
cule. Celui qui écrit ces lignes ne revoit pas sans émotion la page 


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CHRONIQUE 633 

où sa main défaillante traçait encore quelques dernières instruc- 
tions. 

Mais je dois m'arrêter: Gaston Paris n'était pas l’homme d'une 
spécialité. Si l’étude de notre ancienne littérature et de la forma- 
tion de notre langue fut comme l'axe de son activité scientifique, 
jamais elle ne lui masqua les horizons infiois et divers de la pensée 
humaine. Les facultés les plus hautes et les plus rares s'unissant 
chez lui en un harmonieux équilibre le mettaient à même de les 
explorer tous, et, dans la grande république des lettres, il n'était 
pas de groupement d'individus associés pour une même tâche qui 
ne pût, au même titre presque, le revendiquer comme un des 
siens. Il est permis d'aller plus loin. A notre époque où l'univer- 
salité des connaissances n’est guère réalisable, on peut dire qu’il 
fut universel, non pas à la façon de ceux qui, touchant à tout, 
croient tout savoir, mais par l’exacte et profonde intelligence qu'il 
avait du progrès des sciences, de leurs affinités, de leurs méthodes, 
du rôle dévolu à chacune d'elles dans le développement de l’esprit 
humain. Il y a mieux à dire encore : Gaston Paris ne fut pas seu- 
lement le savant à l'esprit merveilleusement orné, le linguiste de 
race, l'érudit frayant vers l'inconnu des voies nouvelles, le philo- 
sophe dont le cerveau combine et coordonne l'œuvre d'autrui. Il 
fut aussi le poète; non celui dont l'imagination engendre des chi- 
mères; mais le noires, la puissance qui crée et qui façonne 
l'idée ; l'énergie détentrice de cette seule chose immuable et par- 
faite, la vérité. 

— Le 2/15 août 1901, est mort, à Saint-Pétersbourg, Ivan Jego- 
rovic Troicky, professeur émérite de l'Académie ecclésiastique 
de cette ville. On lui doit entre autres travaux une dissertation 
sur 1’ « Exposition de la foi de l'église arménienne envoyée à 
l’empereur Manuel par le patriarche Nersôs » (parue en 1875), et 
une nouvelle édition, avec traduction russe, de la Description de 
la Palestine et de la Syrie de Jean Phocas (parue en 1889). 

— M. Jules Doinel, archiviste du département de l'Aube, décédé 
au printemps de 1902, avait présenté comme thèse à l’École des 
Chartes un Essai sur la vie et les principales œuvres de Pierre 
de la Palu y patriarche de Jérusalem , 1275 ou 1280 à 1342 . Ce 
travail n’a pas été publié . 

— M . James Glaisher, président du comité du Palestine Explo- 
ration Fund, est mort à Croydon le 7 février 1903. Astronome et 
météorologiste éminent, il publiait depuis nombre d'années, dans 

Rbv. db l’Or, latin. T. IX. 41 


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634 


REVUE DE L'ORIENT LATIN 


le Quarterly Staiement, le résultat des observations météorolo- 
giques prises à Jérusalem et à Tibériade. 

— Dom Belloni, fondateur des orphelinats de Bethléem, Kré- 
mizan et Nazareth, est mort à Jérusalem le 9 août 1903 ; il était 
né le 20 août 1831 au Borgo Sa ni’ Agata, diocèse d’Albenga 
(Ligurie). 

— Le 5/18 mai 1903, est mort Basile Nicolaievitch Khitrowo, 
conseiller d’État de S. M. l’empereur de Russie. Il avait édité, 
dans la Collection de la Société de l’Orient latin, le l ar volume 
d’un recueil À’ Itinéraires russes en Palestine, traduits en fran- 
çais, dont la suite n’a jamais été imprimée, je crois. Il a écrit en 
outre Une semaine en T.-S. (S.-Pétersb., 1879); des Conférences 
sur Vétat des orthodoxes en T.-S. (S.-Pétersb., 1880); un volume 
sur L'orthodoxie en T.-S. (S.-Pélersb., 1880); une traduction 
russe de l’ Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem (S.-Pélersb., 
1882); et il a publié une édition de l’ouvrage de A. S. de Norow, 
Jérusalem et le Sinaï : souvenirs d’un second voyage en Orient 
(S.-Pétersb., 1878). 

— Du 27 avril au 2 mai 1903, s'est vendu à Londres par le mi- 
nistère de MM. Sotheby, Wilkinson et Hodge, libraires, un lot 
important de manuscrits faisant partie de la collection de Sir 
Thomas Philipps à Middle Hill. Dans le Catalogue de vente dressé 
à cette occasion ( Bibliotheca Philippica. Catalogue of a further 
portion of the classical, historical, topographical, genealogical 
and other Manuscripts and autograph Letters of the late Sir 
Thomas Phillipps; Londres, 1903, in-8°), je relève les articles 
suivants : 

N° 36. — Histoire des Arabes et la Vie de Mahomet par M. le 
C. D. B. — Fin de l’ouvrage : « J’en finyt cet ouvrage, qui a été 
interrompu par la mort de l’autheur, arrivée le vendredy 23 de 
janvier 1722 ». — Ms. in-folio sur papier, du xviii” siècle. — 
Acquis par le libraire Dôbell. 

N° 183. — « Discours du Voiage d’Alexandrie, d’Egipte en Bar- 
barie, ensemble la négociation que fait Monsieur François Savary 
de Brèves aux Royaumes de Thunis et Algés. » — Ms. in-fol-, sur 
papier, du xvn e siècle. 

N° 185. — S to Brigitta, Tractatus, Epistolae et sermones varii. 
— Vita S. Brigillae, cum carminibus. — Ms. in-fol., du xv e siècle, 
écrit en Allemagne. — Acquis par le libraire Ouseley. 

N° 286. — A Description of the ancient Cathédral Church of 


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CHRONIQUE 


635 


S 1 Sophie, now the Royal Mohammed an Mosque. Avec plaus et 
dessins. — Ms. in-4°, de 73 pp., xvm« siècle. — Acquis par le 
libraire Cocherell. 

N° 590. — « Vita et obilus gloriosi Hieronymi presbyteri. » — 
Ms. sur velin, du xv» siècle, pet. in-fol., provenant du couvent des 
Chanoines réguliers de Rebdorfif près d’Eystat. — Acquis par le 
libraire Reader. 

N» 725. — « Enseignemens que le bons roys saint Loys fist et 
escript de sa main et les envoya de Carthage à la Royne. » — 
Ms. sur velin, du xiv® siècle, in-fol. — Acquis par le libraire Quar- 
ritch. 

N° 751. — Recueil sur l’île de Malle, contenant : « Remarques 
sur l’isle et siégé de Malthe, en 1565 ». — « Reflexions sur 
l’Isle ». — « Reflexions sur le secours qu’on peut tirer des habi- 
tants ». — « Mémoire des munitions de guerre et de bouches que 
l’on croit necessaire pour la deffense de Malthe pour un siégé 
de six mois et 30,000 hommes, présenté à ce qu’on croit par 
M. Detigné ». — « Remarques sur la deffense de l’isle et les appro- 
visionnements necessaires; description de l’isle ». — « Mémoires 
sur les fortifications de Malte, présenté au grand-maitre par 
M. Detigné, 25 sept. 1715 ». — « Journal des délibérations prises 
à Malte, en 1714 ». — « Traitté sur la deffense des marines de 
Malte, suivant l’arrangement proposé par le grand prieur de Ven- 
dôme ». — Liste chronologique des maîtres de l’ordre de Saint- 
Jean. — Ms. du xviii' siècle, in-fol., 602 pp. — Acquis par le 
libraire Dobell. 

N° 752. — Ordre de Malte. État des dignités et commanderies 
du grand prieuré de France. — Ms. sur velin, du xvii'-xviii» siè- 
cle, in-fol., 268 pp. — Acquis par le libraire Reader. 

N° 802. — Leonlius, ep. Neapoleos insulae Cypri, Vita S. Johan- 
nis Eleemosynarii. — Ms. du xi e siècle, sur velin, in-fol. — Acquis 
par le libraire Quarritch. 

N° 843. — « La lignée du roy Karlemaigne qui aporta les saintes 
reliques de la sainte Cité de Jherusalem. » — Ms. du xiv» s., sur 
parchemin, in-4», avec enluminures. — Acquis par le libraire 
Poole. 

N° 905. — Epistolae cardinalis Bessarionis. — Ms. du xv» s., 
in-4°. — Acquis par le libraire Quarritch. 

N° 942. — « Provinciale omnium ecclesiarum christianarum. 
Taxae ecclesiarum orbis. » — Ms. du xv e siècle, sur parchemin, 
avec lettres ornées, pet. in-8°. 

N° 1128. — « Opusculum composilum a Fratre Brocardo Iheolo- 
nico de descriptione T. S. » — Ms. du xiv» siècle, sur parchemiu ; 


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d 



636 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


initiales en couleur; pet. in-fol. — Provient de l’abbaye de S. 
Benoît de Padolirone, dioc. de Mantoue. — Acquis par le libraire 
Quarritch pour la Biblioth. nationale de Paris. — Sur ce vol., voy. 
une notice ci-dessous, p. 636. 

N° 1129. — Ludolphus de Sudheim, Itinerarium ad T. S. — Ms. 
du xv e siècle ; initiales en couleur, in-12. — Provient de l’abbaye 
de Sainte-Croix de Ruremonde. — Acquis par le libraire Craw- 
shaw. 

N° 1141. — Journal d’un voyage de Constantinople en Pologne, 
fait à la suite de S. £. M. Jacques Porter, ambassadeur d’Angle- 
terre, par le P. Boscowich, S. J., 1762. — Ms. du xvm e s., sur 
papier, in-fol. — Acquis par le libraire Hiersman . 

— Le D r Schumacher a obtenu du gouvernement turc un firman 
en date du 7/20 janvier 1903, l’autorisant à pratiquer des fouilles 
sur le Tell el-Mutesellim et dans le Chirbet el-Leddschun . L’ini- 
tiative de ces fouilles est due au Deutscher Verein fur Erfor- 
schung Palâstinas , qui a réuni les fonds nécessaires à cette explo- 
ration. — Sur d’autres points encore de la Palestine, des fouilles 
archéologiques sont actuellement entreprises : à Baalbek, à Nîkâ, 
dans le Liban, à Palmyre, Ierash et Ammân, sous la direction du 
professeur Puchstein ; à Sidon, sous la direction du professeur 
Torrey, directeur de Y Ecole américaine de recherches orien- 
tales; à Taanech, l’ancien Taanach biblique, sous la direction du 
professeur Sellin, de Vienne ; à Palmyre, par une mission russe ; 
sur l’emplacement du temple d’Eshmun, près de Sidon, sous la 
direction de Macridy-bey ; à Geser, par M. Macalister, délégué par 
le Palestine Explor. Fund . 

— Le ms. de la Biblioth. Nat. de Paris, nouv. acq. lat., 781, 
(i olim Cheltenham, n° 7498), du xiv® siècle, récemment acquis à 
l’une des ventes de la collection de sir Thomas Philiipps (cf. la 
notice ci-dessus), contient un texte de la Descriptio T . S., de 
Burchard du Mont-Sion dont la dernière partie est consacrée è 
une description de l’Égypte. Ce morceau qui, vers le début surtout, 
offre de grandes analogies avec la description de l’Égypte conte- 
nue dans la lettre du même Burchard qu’a publiée Canisius 
(Lectiones antiq., éd. Basnage, IV, 25-26), me paraît avoir été 
une des sources de Marino Sanudo, pour ce qu’il dit de l’Égypte, 
au liv. III, partie XIV, ch. xn, de ses Sécréta fidelium Crucis . 
M. Henri Omont l’a publié dans la Biblioth. de V Ecole des Chartes , 
t. LXIV (1903), pp. 498-503, et tir. à part (Paris, 1903, in-8°), 
pp. 14-19. 


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CHRONIQUE 


637 


— Les abbés R. Graffln et F. Nau, professeurs à l'Institut catho- 
lique de Paris, annoncent la publication d'une Patrologia orien- 
tal t8 (Paris, Firmin-Didot), dans laquelle ils se proposent de 
réunir des textes inédits, arabes, arméniens, éthiopiens, coptes, 
grecs et syriaques non vocalisés, ayant trait à la littérature chré- 
tienne, avec traduction en latin, français, allemand, anglais ou 
italien. Parmi les premiers documents qui seront publiés, figurent 
des Textes syriaques relatifs à Sévère , patriarche d'Antioche , 
par M. Kugener, r Histoire des patriarches d'Alexandrie, dont 
l’éditeur sera M. Evetts, et une Collection de Synaxaires orien- 
taux. — Cette Patrologie est conçue à peu près d'après le môme 
plan que le Corpus scriptorum christianorum orientalium , de 
MM. Chabot, Guidi, Hyvernat et Carra de Vaux (cf. Rev. de l'Or, 
latin , IX (1902), p. 311), et il eût été à désirer que les deux publi- 
cations se fondissent en une seule, au lieu de se faire plus ou 
moins concurrence. 

— Notre collaborateur M. Enlart a présenté à la Société natio- 
nale des Antiquaires de France, dans la séance du 6 novembre 
1901, des fragments de trois livres de chœur des xni 6 et xiv e siè- 
cles, provenant de la cathédrale de Sainte-Sophie de Nicosie, et 
retrouvés par lui dans une cachette de cette ancienne église 
devenue aujourd’hui une mosquée (cf. Bull . de la Soc. des antiq. 
de France, 1901, pp. 260-261). 

— Un article de M. J.-L. Bazin, touchant La Bourgogne 
sous les ducs de la maison de Valois, publié dans les Mémoires 
de la Soc. Éduenne (t. XXX, 1902), contient un chapitre sur la 
croisade de Nicopolis. 

— Dans le livre de M. le professeur Lannelongue, Histoire de 
la maison d' Estoute ville en Normandie (Paris, Delagrave, 1903, 
in-4°), on trouvera des notices sur plusieurs Estouteville qui 
prirent part aux croisades. 

— Dans la nuit du 29 au 30 mars 1903, un tremblement de terre 
assez violent a été ressenti à Jérusalem. Le mouvement s'est 
produit de l’ouest à l’est. Il y a eu trois secousses, à quelques 
heures de distance. La seconde, qui a eu lieu vers 1 heure du 
matin, a été la plus forte. Il n'y a pas eu d’accidents de personnes 
et les dégâts matériels se bornent à quelques lézardes dans les 
édifices. Les oscillations ont été ressenties aussi, quoique moins 
violemment, à Beyrouth et à Gaza. 


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TABLE DES MATIERES 


DU TOME IX 


ARTICLES DE FOND 

Pages. 

La rose d’or du roi d’Arménie Léon V, par A. Carrière 1 

Histoire d'Égypte de Makrizi, traduction française d’après le texte 

arabe, par E. Blochet 6 , 465 

Les Mémoires de Philippe de Novare, par Gaston Paris 164 

Le donazioni del conte Enrico di Patemô al monastero di S. Maria 

di Valle Giosafat, par C. A. Garufi 206 

Lettre de Grégoire IX concernant l’empire latin de Constantinople 
(Pérouse, 13 décembre 1229), publiée par J. Van den Gheyn, S. J. 230 

Le Libellus de loris ultramarinis , de Pierre « de Pennis », 

O. S. D , publié par Ch. Kohler 313 

Chronologie de l’histoire du royaume de Jérusalem. Règne de 
Baudouin 1 (1101-1118), par H. Hagenmeyer 384 


BIBLIOGRAPHIE 
Comptes rendus critiques : 

Oriens christianus. Rômische Halbjalirhefte fur die 

Kunde des christlichen Orients; herausg unter der 

Schriftleitung von D r Anton Baumstark. Erster 


Jahrgang, 1901 (J.-B. Chabot) 235 

Arturo Magnocavallo, Marin Sanudo il vecchio e il suo 

progetto di Crociata (Ch. K.) ■. 239 

Le P . Barnabé d’Alsace, Le prétoire de Pilate et la for- 
teresse Antonia (J.-B. Chabot). . .. 531 

Chronica minora ( syriaca ), pars prior; edidit et interpre- 

tatus est Ign. Guidi (J.-B. Chabot) 538 

Ernst Gerland, Neue Quellen des lateinischen Ersbistums 

Patras (N. Jorga) 539 

Relation de Terre-Sainte , 1533-1534. par Gretiin Afifagai t, 
publiée. . . par J. Chavanon (Ch. K.) 544 


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TABLE DES MATIÈRES 


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PÉRIODIQUES SPÉCIAUX : 

Al-Machriq 558 

Der Bote aus Zion 246 

Mittheilungen und Nachrichten des deuischen Palâstina 

Vcreins 247,553 

Palestine Exploration Fund. Quarterly Statement 249,555 

Revue de C Orient chrétien 245, 549 

Zeitschrift des deuischen Palâstina Vereins 248,552 

Livres et articles divers 251,563 


CHRONIQUE 

Notices nécrologiques, sur : Gaston Paris (pp. 299, 631); Le P. François 
Balme (p. 299); Le P. Léonce Alishan (p. 299); Georges Salles (pp. 299- 
300); Cesare Paoli (p. 300); Louis Blancard (p. 300); Conrad Schick 
(pp. 300-301); Ivan Jegorovic Troicky (p. 633); Jules Doinel (p. 633); 
James Glaisher (p. 633); Dom Belloni (p. 634); Basile Nicolaievitch 
Khitrowo (p. 634). — Mgr. Kevork Yeretzian, élu catholicos d'Arménie 
(p. 301). — Mgr. Cyrille Géha, élu patriarche grec-catholique d’An- 
tioche (p. 301). — M. Auzépy, transféré du consulat de France en Pales- 
tine, au consulat de France à Amsterdam (p. 301). — Édition de la 
Conquête de Constantinople de VilJehardouin, par E. Bouchet (pp. 301- 
302). — Texte de VInventio SS. patriarcharum Abraham, Iscuic et 
Jacob , dans le ms. 851 de Douai (pp. 302-303). — Lettres de l’antipape 
Guibert (Clément III) à Lanfranc de Canterbury (p. 303). — Vente d’une 
partie de la collection Ashburnham (mss. Barrois), à Londres le 10 juin 
1901 (pp. 303-307). — Enquête sur la condition des croisés du menu peuple 
dans le comté de Lincoln, 1197 (pp. 307-309). — Liste des commanderies 
du Temple, de l’Hôpital et des Teutoniques, dans le diocèse de Cambrai 
(pp. 309). — Notice de M. Porvicke sur Pierre Dubois (p. 309). — 
Mémoires publiés par la revue Szdzadok à l’occasion du 9° centenaire 
du couronnement de saint Étienne, roi de Hongrie (pp. 309-310). — Trans- 
fert à Berlin de documents découverts dans la grande mosquée de Damas 
(p. 310). — Deuxième centenaire de la fondation de la congrégation des 
Mékhitaristes (p. 310). — Projet de construction d’une ligne de chemin 
de fer de Damas à la Mecque (p. 310). — Exploration de la région de 
Gezer par M. Macalister (p. 310). — Reconnaissance légale, par le gou- 
vernement ottoman, de 83 écoles russes en Palestine (p. 310). — Projet 
de publication des Registres de la Custodie de T.-S. à Jérusalem (p. 310). 
— Origines de la bibliothèque de Moukden (p. 310). — Corpus scriptorum 
christianorum orientalium, publ. par J. -B. Chabot, H. Hyvernat, 
I. Guidi et B. Carra de Vaux (p. 311). — Notices consacrées aux historiens 
des croisades dans l'ouvrage de M. Aug. Molinier, Les sources de V histoire 
de France (pp. 311-312). — Mémoires touchant les croisades dans V Album 
du roi Mathias , publié par la ville de Kolozsvâr (p. 312). — Ouverture 
de l’Institut archéologique allemand pour l’exploration de la Palestine 


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640 


REVUE DE L’ORIENT LATIN 


(p. 312). — 29 e fasc. de YHistorical atlas of modem Europe (p. 312). — 
Manuscrits de la collectiou de sir Thos. Phillipps, vendus à Londres le 
2 mai 1903 (p. 634). — Fouilles entreprises en Palestine par le D r Schu- 
macher, le professeur Puchstein, le professeur Torrey, le professeur 
Sellin, et M. Macalister (p. 636). — La Dcscriptio T. -S., de Burchard du 
Mont-Sion, contenue dans le ms. Paris, Bibl. nat., nouv. acq. lat. 781 
[olim : Cheltenham 7498] (p. 636). — Patrologia Orientalis i publiée 
sous la direction de R. Graffln et F. Nau (p. 637). — Fragments de livres 
de chœur provenant de Sainte-Sophie de Nicosie (p. 637). — La croisade 
de Nicopolis, dans le livre de L. Bazin, La Bourgogne sous les ducs de 
la maison de Valois (p. 637). — Les Estouteville aux croisades (p. 637). 
— Tremblement de terre à Jérusalem, 29-30 mars 1903 (p. 637) . 


Le propriétaire-gérant : E. LEROUX. 


Le Puy. — Imprimerie R. Marchbssou, boulevard Carnot, 23. 


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AN INITIAL FINE OF 25 CENTS 

WILL BE ASSESSED FOR FAILURE TO RETURN 
TH 18 BOOK ON THE DATE DUE. THE PENALTY 
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DAY AND TO $1.00 ON THE SEVENTH DAY 
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I JAN 30 194 

RECEIVED 



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